INSIGHTS N°3

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INSIGHTS

DOSSIER MATHéMATIQUES

LUmière sur les académies d’excellence

PortraiT : Anne VUILLEMIN

Tous les projets présentés dans ce magazine ont bénéficié d’une aide du gouvernement français, gérée par l’Agence Nationale de la Recherche, au titre du Plan d’Investissement France 2030, dans le cadre de l’Initiative d’Excellence d’Université Côte d’Azur portant la référence ANR-15-IDEX-01 Initiative d'Excellence

Université Côte d’Azur Initiative d' Excellence

eDITO

Avec ce nouveau numéro, nous vous invitons à découvrir un autre grand champ d’excellence en formation et en recherche d’Université Côte d’Azur : les mathématiques. Avec au cœur un laboratoire qui porte le nom d’un illustre mathématicien français, Professeur au sein de notre Université à partir de sa création et jusqu’en 1970. Si Jean Alexandre Dieudonné n’était pas niçois de naissance, c’était bien le cas de son directeur de thèse, Paul Montel, dont un des boulevards de la Ville porte le nom. Ainsi le LJAD est au cœur d’un dense réseau de recherche impliquant d’autres laboratoires du site, mais aussi le Centre INRIA d’Université Côte d’Azur ou l’Institut Neuromod (voir Insight#2).

Il y a des mathématiques en toute chose et de nombreux phénomènes physiques, chimiques, biologiques mais aussi économiques ou humains peuvent être mieux appréhendés avec leur aide dans les démarches de modélisation. En cela, la Maison de la Simulation et des Interactions de l’IdEx (MSI), proche du LJAD depuis sa création, accompagne de nombreux projets de recherche.

Vous retrouverez également vos rubriques habituelles sur les actualités des académies d’excellence, les projets à la Une, les portraits et pitchs, ainsi que notre rubrique « Out of the box » dédiée aux startups que l’IdEx soutient plus que jamais avec la reconfiguration en cours du Programme Innovation pour toujours apporter le meilleur accompagnement aux porteurs de projets.

Bonne lecture et n’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires à insights@univ-cotedazur.fr

Sylvain ANTONIOTTI, Vice-Président Initiative d’Excellence (IdEx)

SOMMAIRE

PITCH CHALLENGE

PROJETS

LUMière sur les ACADémies d’excellence

Editeur : Université Côte d’Azur – 28 av. de Valrose 06000 Nice

Anne VUILLEMIN

Représentant Légal : Jeanick BRISSWALTER, Président d’Université Côte d’Azur

Comité de Rédaction :

Diana SEBBAR, Directrice Exécutive IdEx

Saranne COMEL, Directrice Opérationnelle Programme Europe et International

Aurélie DELORT, Directrice Opérationnelle Programme Formation

Directeur de la publication : Sylvain ANTONIOTTI, Vice-Président d’Université Côte d’Azur en charge de l’Initiative d’Excellence (IdEx)

Sébastien BIEHLER, Directeur Opérationnel Programme Innovation

MATHéMATIQUES

Yasser MAGHRBI, Directeur Opérationnel Programme Recherche

Contributeurs : Académies d’Excellence, Communauté scientifique d’Université Côte d’Azur, Vincent Dusastre, Directeur de la Cellule Visibilité Scientifique Internationale (OISV) de l’Initiative d’Excellence

Coordination : Céline PACCOUD, Responsable Communication Grands Projets, Direction Communication et Marque

Maquette : Jeremiah TURRINI, Graphiste, Direction Communication et Marque

Impression : Centre de Production Numérique Universitaire

Date de parution : Juin 2025

ISSN en cours

PITCH CHALLENGE

Le Pitch Challenge, une rubrique dynamique pour découvrir le parcours et/ou le projet de personnalités inspirantes appartenant ou ayant appartenu à la communauté Université Côte d’Azur.

De la biophysique à la biotech : un voyage inattendu

Depuis toujours, j’ai été fasciné par la manière dont les formes prennent vie. Comment, à partir de quelques cellules, un être complexe émerge, avec des organes, des tissus, des fonctions. Cette curiosité m’a naturellement mené vers un doctorat en biophysique, où j’ai exploré comment les forces physiques et la machinerie moléculaire interagissent pour façonner les structures tridimensionnelles du vivant. Mon projet portait sur la régulation des formes durant le développement embryonnaire. Un sujet passionnant, presque poétique, fait de microscopie à haute résolution et d’expérimentations en temps réel pour observer les tissus qui se transforment, qui vivent.

J’aimais profondément ce travail. Il stimulait mon esprit, me permettait d’innover, de créer de nouvelles techniques d’observation. Mais une question revenait avec insistance : que faire après ? La voie académique est souvent un couloir étroit mais très balisé : la thèse appelle

un postdoc, puis un autre, peut-être un poste permanent... un jour. Et si l’on veut sortir de ce couloir ? Quelles sont les options ? Très peu d’informations, très peu de visibilité.

C’est dans ce moment de flottement qu’un programme a changé ma trajectoire : Nucleate, né aux US, et tout juste lancé au sein d’Université Côte d’Azur. Ce réseau mondial de bioentrepreneurs proposait une série de séminaires, d’ateliers, de rencontres. J’y ai participé spontanément, sans attendre grand-chose au départ… et j’y ai découvert un écosystème que je ne soupçonnais pas. Chercheurs devenus entrepreneurs, investisseurs passionnés de science, projets de biotechnologies portés par des équipes jeunes et ambitieuses. Je me suis pris au jeu, et, en parallèle, j’ai commencé à me former sérieusement sur ces nouvelles thématiques : stratégie réglementaire, développement clinique, levée de fonds, business models.

Fondateur de la société YborBio Consulting
Nicolas ROBY

Très vite, j’ai eu envie d’aller plus loin. J’ai alors participé au Nucleate Global Activator, un accélérateur virtuel de biotech de HarvardMIT qui rassemble des profils du monde entier. Pendant quatre mois, j’ai intégré une équipe : DUB Therapeutics, une start-up développant des thérapies génétiques contre des pathologies fibrotiques, notamment en ophtalmologie. Workshops intensifs, travail d’équipe, présentations… Le programme s’est terminé par un pitch devant un panel d’investisseurs internationaux. Notre équipe a remporté le concours. Une fierté collective.

Mais au-delà du concours, une conviction était née. Je voulais continuer. J’ai donc poursuivi, bénévolement, mon travail avec DUB Therapeutics pendant un an, en tant que stratège business et réglementaire. J’ai même pu rencontrer l’équipe (basée à New York) lors du sommet annuel Nucleate à San Francisco, sponsorisé par Université Côte d’Azur. Une expérience marquante.

Peu après, je soutenais ma thèse. Et dans la foulée, DUB Therapeutics me proposait un contrat de collaboration à temps plein. J’ai donc fondé ma propre société, YborBio Consulting, pour accompagner le développement clinique

du projet, avec l’ambition d’agir comme antenne européenne auprès des agences réglementaires.

Aujourd’hui, des étapes clés ont été franchies : un meeting INTERACT avec la US FDA, des jalons de financement atteints. Et je suis heureux de pouvoir contribuer, à mon échelle, à la mise sur le marché d’une innovation qui pourrait répondre à un besoin médical non couvert. Si je partage ce parcours, c’est pour m’adresser à celles et ceux qui, comme moi à une époque, se demandent ce que peut devenir un doctorant en dehors du monde académique. Ce que je croyais être une impasse s’est révélé être un formidable point de départ. Université Côte d’Azur, avec son écosystème d’excellence et des initiatives comme Nucleate France UniCA, offre un terrain fertile pour explorer, innover et bâtir des trajectoires professionnelles à fort impact.

Aujourd’hui, je continue de m’investir activement dans le développement du programme en France, pour accompagner de nombreux chercheurs et chercheuses qui souhaitent transformer leurs résultats scientifiques en innovations concrètes. Les prochaines années s’annoncent riches en opportunités pour une nouvelle génération de scientifiques entrepreneurs.

Image microscopique d’un tissu embryonnaire de Drosophila. Les contours des cellules sont marqués en magenta, et les noyaux en cyan, permettant de visualiser leur organisation au sein du tissu

Chercheur Postdoctorant IdEx au LP2M, lauréat du 1er prix de «l’IdEx Young Researcher Award 2025»

Passionné de Biologie depuis mon plus jeune âge, j’ai suivi le parcours Sciences de la Vie d’Université Côte d’Azur dans le but de faire de la recherche, sans a priori de préférence vis-àvis des différents thèmes du cursus. C’est en fin de licence que j’ai développé un intérêt particulier pour l’étude du système immunitaire, fasciné par la régulation spatio-temporelle minutieuse des réponses immunes. J’ai donc naturellement opté pour le Master Sciences du Vivant option « Génétique, Immunité & Développement », avec l’idée de pouvoir à terme développer un projet intégrant ces trois spécialités. J’ai pu découvrir le domaine de l’étude des macrophages au cours de mes stages et, ayant trouvé cela fascinant, j’ai ensuite choisi cette thématique comme sujet de recherche pour ma carrière à venir. C’est ainsi que j’ai démarré ma thèse sur la diversité et les fonctions des macrophages, encadrée par Stoyan Ivanov initialement au Centre Méditerranéen de Médecine Moléculaire (C3M) puis au Laboratoire de PhysioMédecine Moléculaire (LP2M).

Les macrophages sont des cellules du système immunitaire inné dont les capacités de phagocytose (leur capacité à ingérer des particules, cellulaires ou inertes) jouent un rôle essentiel à l’élimination des pathogènes. Ces macrophages régulent également l’homéostasie tissulaire, ce qui en fait des acteurs importants dans les maladies cardiovasculaires et en cas de cancer, par exemple. C’est précisément dans ces conditions non-infectieuses que j’étudie ces cellules, à la fois

d’un point de vue développemental et fonctionnel. Bien que les macrophages se développent initialement durant l’embryogénèse, de nouveaux macrophages sont générés tout au long de la vie à partir des monocytes circulants.

La coexistence de ces deux voies de développement cellulaire soulève bien des questions – notamment, pourquoi des macrophages sont-ils générés à partir des monocytes alors que les macrophages embryonnaires peuvent se maintenir en l’absence de ces progéniteurs ? Quels sont les mécanismes régulant la différentiation des monocytes en macrophages ? L’origine des macrophages dicte-telle leurs fonctions ? La relevance de ces questions larges est dorénavant assurée par le fait que la majorité des macrophages dérive des monocytes

Remise de prix lors de «l’IdEx Young Researcher Award 2025 » Alexandre Gallerand et Sylvain Antoniotti

chez l’Homme, et en particulier en conditions physiopathologiques.

Au cours de ma thèse, j’ai pu étudier l’origine et les fonctions des macrophages dans deux tissus jusqu’alors peu caractérisés d’un point de vue immunitaire : le tissu adipeux brun et les glandes surrénales. J’ai ensuite décidé de rejoindre le prestigieux « Department of Pathology & Immunology » de Washington University in SaintLouis (USA), et plus particulièrement le laboratoire de Gwendalyn Randolph, afin de continuer à étudier les monocytes et les macrophages. J’ai alors eu la chance d’avoir accès à des échantillons humains de fluide péritonéal de patients sains, que nous avons analysés par séquençage ARN sur cellules uniques. Contrairement à nos attentes (basées sur des études murines antérieures), nous avons pu observer que la quasi-totalité des cellules présentes dans ce fluide dérivent des monocytes et non de progéniteurs embryonnaires. J’ai alors focalisé mes recherches sur les mécanismes régulant l’axe monocyte-macrophage dans la cavité péritonéale et identifié une trajectoire de différentiation majeure conservée chez l’Homme. En particulier, j’ai pu observer que cette trajectoire de différentiation est accentuée chez les patientes souffrant de cancer de l’ovaire, ainsi que dans un modèle murin tumoral de cancer de l’ovaire. Cependant, les études actuelles sur le sujet ne permettent pas de déterminer si cette voie de différentiation est bénéfique ou délétère dans le développement tumoral.

J’ai alors défini l’objectif de déterminer le rôle des macrophages dérivant des monocytes dans la cavité péritonéale, et j’ai aujourd’hui la chance de pouvoir développer ce projet de retour au sein de l’équipe de Stoyan Ivanov grâce à l’obtention d’un contrat Jeunes Chercheurs IdEx d’Université Côte d’Azur. Afin de répondre à la question posée, nous avons généré plusieurs modèles génétiques dont nous avons dorénavant validé la spécificité. Dans les années à venir, ces modèles permettront de déterminer la fonction des macrophages dérivant des monocytes au cours du développement du cancer de l’ovaire, mais également dans d’autres pathologies étudiées au laboratoire telles que l’athérosclérose et l’obésité.

De gauche à droite : Sylvain Antoniotti, Harrison Agrusa, Alexandre Gallerand, Laurent Counillon, Diana Sebbar, Yasser Maghrbi, Guillaume Sandoz, Hervé Delingette

Nuttanun “Jung” SIRIAPORN

Jeune docteur, diplômée d’Université Côte d’Azur en 2025 - Bénéficiaire du programme COFUND MSCA BoostUrCareer au sein du LAHMESS

Je m’appelle Nuttanun “Jung” Siriaporn. J’ai été une doctorante internationale originaire de Thaïlande, rattachée au Laboratoire Motricité Humaine Expertise Sport Santé (LAMHESS, UPR 6312) sur le campus Plaine du Var, au sein de l’EUR Healthy d’Université Côte d’Azur.

Le 28 avril 2025, j’ai soutenu avec succès ma thèse de doctorat intitulée : Active transportation, health, and environment (ASTHAIR): A multidisciplinary approach to behavior change, community engagement, and systems thinking to promote active transportation.»

Ma thèse s’inscrivait dans le programme BoostUrCAreer, relevant des Actions Marie Skłodowska-Curie (MSCA), dans le cadre du dispositif COFUND cofinancé par la Commission européenne, la Région Sud - Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Initiative d’Excellence d’Université Côte d’Azur. Cette opportunité a joué un rôle déterminant dans mon parcours académique et professionnel, me permettant de poursuivre un doctorat en France tout en apportant une perspective internationale au laboratoire. L’orientation internationale du programme a largement contribué à créer un environnement de recherche plus diversifié et inclusif, ouvrant de nouvelles perspectives tant pour mes collègues que pour moi-même.

Grâce à BoostUrCAreer, j’ai bénéficié d’une formation académique rigoureuse, incluant des cours spécialisés ainsi que la possibilité de participer à plusieurs conférences internationales à travers l’Europe. Un des moments forts de mon doctorat a été une mobilité de six mois au Centre for Environmental Policy de l’Imperial College

London. Vivre et travailler à Londres m’a permis de collaborer avec l’une des meilleures universités au monde et d’enrichir considérablement la dimension interdisciplinaire de ma recherche, en y intégrant des perspectives en politiques environnementales.

J’ai également eu le privilège de participer à de nombreuses conférences internationales, notamment grâce à l’Alliance d’Universités Européennes Ulysseus, en Autriche, en Espagne, en Slovénie, en Allemagne, en Belgique, ainsi qu’à Nice. Ces événements ont élargi mes connaissances dans les domaines de la santé publique, de l’aménagement urbain et des mobilités durables, tout en me permettant de tisser des liens avec des chercheurs et acteurs de premier plan, tant publics que privés — des échanges qui ont directement nourri et renforcé ma thèse.

Au-delà de la formation à la recherche, le programme BoostUrCAreer nous a également offert des ateliers sur l’employabilité et l’entrepreneuriat, nous préparant à des carrières tant académiques que non-académiques. Ce soutien m’a encouragée à explorer des opportunités en dehors du monde académique, aboutissant à une collaboration avec le bureau Europe de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au cours des deux dernières années de mon doctorat.

À l’avenir, je suis motivée à renforcer les liens entre la recherche académique de haut niveau, les organisations internationales et les initiatives de développement à l’échelle mondiale, dans l’objectif de faire progresser à la fois la santé des populations et celle de la planète.

PROJETS A LA UNE

Le Programme Recherche de l’Initiative d’Excellence d’Université Côte d’Azur déploie tout un panel d’actions et de dispositifs visant à soutenir la recherche. Découvrez ici des projets de recherche finalisés ou en cours qui participent à la renommée mondiale et à l’attractivité d’Université Côte d’Azur.

CARTOGRAPHIER

LA COMPLEXITÉ ALGORITHMIQUE DU CALCUL QUANTIQUE TOPOLOGIQUE

L’informatique quantique est un domaine des sciences qui étudie la puissance de calcul d’une machine basée sur des phénomènes de mécanique quantique, comme la superposition et l’intrication quantique. Au cœur de ce modèle de calcul aux capacités nouvelles se trouve le qubit, une unité d’information qui, contrairement au bit de nos ordinateurs classiques, n’est ni totalement un 1 ni totalement un 0, mais une superposition des deux.

La construction d’un ordinateur quantique, capable en laboratoire d’exploiter la mécanique quantique pour réaliser des calculs, est un enjeu technologique majeur de notre temps, et une des directions principales pour contourner les limitations physiques atteintes dans la miniaturisation de nos processeurs classiques.

La plupart des technologies actuelles cherchent naturellement à construire, maintenir, et transformer des collections de qubits représentés par des particules physiques, où chacune de ces particules

porte une unité d’information. Cependant, de par la localité de cette approche, ces technologies sont très sensibles au bruit, ce qui limite à l’heure actuelle leur puissance de calcul.

L’ORDINATEUR QUANTIQUE TOPOLOGIQUE

L’ordinateur quantique topologique constitue un paradigme de calcul radicalement différent des approches précédentes. Au lieu de stocker l’information dans des particules, l’information est stockée dans la manière dont les particules interagissent physiquement entre elles. Plus concrètement, certaines particules quantiques gagnent une phase quand on échange leurs positions respectives ; certaines particules plus «exotiques», appelées des anyons, gagnent des phases différentes selon la manière dont on les échange. Ainsi, en jouant sur les trajectoires des particules, on «tricote» un état quantique superposé qui porte l’information du calcul.

Cette technologie émergeante promet la construction d’une machine quantique beaucoup plus résistante au bruit, car même avec des particules instables, leurs trajectoires les unes par rapport aux autres demeurent beaucoup plus robustes. En termes plus imagés, le motif du tricot est préservé, même quand les aiguilles tremblent.

Bien qu’à son balbutiement, les industriels investissent fortement dans cette technologie prometteuse, avec en tête Microsoft, mais aussi Google et Quantinuum.

DU CALCUL QUANTIQUE À LA THÉORIE DES NŒUDS

D’un point de vue mathématique, ces trajectoires qui s’entrelacent dans l’espace forment un nœud topologique, et les quantités physiques mesurables sont modélisées par des outils algébriques de la théorie quantique des champs topologiques (TQFT). Notre ordinateur quantique topologique se retrouve donc à l’intersection de deux champs très actifs de la recherche : la théorie des nœuds en topologie, et la topologie quantique en algèbre !

ARRIVE L’INFORMATIQUE...

Plus récemment, les scientifiques se sont emparés de questions purement calculatoires sur ces objets : étant donné un nœud et une donnée algébrique, quelle est la complexité algorithmique de l’évaluation de

(Gauche) Deux paires d’anyons sont créées dans le plan, leurs positions sont échangées au cours du temps (représenté verticalement) soit dans le sens des aiguilles d’une montre, soit l’inverse, puis les paires sont fusionnées. Au cours de l’expérience, les trajectoires des anyons dans l’espace-temps s’entrelacent pour former un nœud, topologiquement équivalent au nœud de Hopf (Droite). L’état physique du système ne dépend que de la topologie du nœud, c’est à dire qu’il est invariant par déformation du nœud dans l’espace.

la TQFT associée ? Peut-on réaliser ce calcul en pratique ?

Ces questions sont fondamentales dans la construction d’un ordinateur quantique, car tous les nœuds et toutes les TQFT ne se valent pas : certaines configurations n’ont pas la capacité de simuler un ordinateur quantique.

À l’INRIA, nous cherchons à établir une cartographie systématique de la complexité algorithmique de ces problèmes, à développer des collections d’algorithmes efficaces et à implémenter du logiciel performant pour évaluer les TQFT en pratique. Les enjeux consistent à exploiter à la fois la structure topologique du nœud et la structure algébrique de la TQFT pour prouver la difficulté des problèmes, ou au contraire trouver des stratégies pour un calcul efficace.

Ce travail multidisciplinaire se fait en collaboration avec un réseau international de collègues mathématiciens et physiciens, à Montpellier (topologie quantique), en Australie (topologie combinatoire et algorithmique), et aux États-Unis (physique mathématique).

Clément MARIA

Chargé de recherche au centre Inria d’Université Côte d’Azur

LES CANAUX IONIQUES DANS LES PROCESSUS DE CALCIFICATION

Les canaux ioniques sont des protéines qui permettent le passage sélectif d’ions ou de molécules à travers les membranes cellulaires.

Historiquement associés à la régulation de l’activité électrique des cellules excitables telles que les neurones et les muscles, les canaux ioniques sont également reconnus pour jouer un rôle essentiel dans les cellules non excitables, en contribuant au maintien de l’homéostasie ionique.

Au sein du Laboratoire de PhysioMédecine

Moléculaire (LP2M), notre équipe «canaux ioniques et biominéralisation» s’intéresse à la structure, la fonction et la régulation de divers canaux et transporteurs dans la régulation des processus de minéralisation.

La minéralisation, résultat du dépôt de cristaux d’hydroxyapatite constitués de phosphate de calcium dans la matrice extracellulaire, est un processus physiologique essentiel dans le tissu squelettique. En revanche, la calcification ectopique (minéralisation des tissus mous) est associée à plusieurs maladies génétiques rares, à des maladies chroniques acquises ou encore au vieillissement, impactant un grand nombre de personnes. Ainsi, les calcifications vasculaires représentent un facteur de risque

de mortalité cardiovasculaire important et un problème majeur de santé publique. À ce jour, il n’existe aucun traitement efficace pour prévenir ou inverser la calcification vasculaire chez l’Homme, ce qui souligne le besoin urgent de recherche fondamentale et translationnelle sur sa pathogenèse.

L’apparition des calcifications est multifactorielle, résultat de processus biologiques actifs complexes dépendants, entre autres, d’un équilibre finement régulé entre les facteurs pro et anti calcifiants, parmi lesquels le rôle clé du pyrophosphate (PPi) a été récemment mis en évidence, facteur anticalcifiant circulant et tissulaire capable d’inhiber la formation, la croissance et l’agrégation des cristaux d’hydroxyapatite. Un axe de recherche de notre équipe explore le rôle de protéines membranaires, canaux et transporteurs, impliqués dans l’homéostasie du PPi, comme le transporteur ABCC6 dont les mutations sont responsables de la maladie rare calcifiante pseudoxanthome élastique (PXE, OMIM 264800).

Nous avons mis au point et breveté un dosage du PPi standardisé (WO2023036949A1 2023-0316) dans différents fluides biologiques (plasma, urine, salive, liquide articulaire) qui est en cours de

valorisation avec la SATT Sud-Est. Grâce à ce dosage, nous avons décrit une baisse du PPi circulant dans plusieurs maladies calcifiantes acquises comme la maladie rénale chronique ou l’insuffisance hépatique (Laurain et al. 2022; 2020). Récemment, nous avons publié une étude qui définit, pour la première fois, une valeur seuil de PPi plasmatique pour diagnostiquer le PXE avec une sensibilité et une spécificité élevées (Rubera et al. 2024). Une stratégie thérapeutique potentielle consiste à restaurer les niveaux de PPi circulants. Il est intéressant de noter que le PPi est un additif alimentaire largement présent dans nos assiettes et utilisé en tant qu’émulsifiant ou épaississant (E450i). Avec le Professeur Lefthériotis (PU-PH, médecin vasculaire au CHU de Nice), membre associé de notre équipe et initiateur du premier essai clinique contrôlé randomisé de phase II (PROPHECI-NCT04868578, (Clotaire et al. 2025)), nous analysons actuellement l’efficacité d’une administration orale quotidienne de sels de pyrophosphate pour prévenir et/ou stabiliser les calcifications vasculaires chez les patients PXE. En utilisant des modèles cellulaires originaux, des techniques d’électrophysiologie novatrices pour étudier la fonction des canaux ioniques, des approches translationnelles dans des cohortes humaines et de nouveaux tests biologiques fiables, l’objectif de notre recherche est de mieux comprendre la pathophysiologie des calcifications vasculaires et de développer de nouvelles approches pré-thérapeutiques des pathologies calcifiantes.

Notre équipe est membre de deux initiatives internationales nouvellement créées, le consortium européen International Network on Ectopic Calcification (INTEC) et la société savante internationale dédiée aux calcifications ectopiques (ISSEC) rassemblant scientifiques et médecins avec diverses expertises, des outils spécialisés et des modèles expérimentaux. En plus de former de jeunes chercheurs, nous sommes impliqués dans des initiatives visant à promouvoir la science

auprès des non-scientifiques (initiatives régionales « Conférence scientifique des Alpes Maritimes »). Pour les étudiants et les scientifiques, nous avons été organisateurs du premier symposium international sur la calcification cardiovasculaire (ISCCa, Nice, 10-11 octobre 2024) et co-organisateur d’une session “ Canaux ioniques dans les cellules non excitables” lors du congrès annuel de l’Association des Canaux Ioniques (32th Ion Channel Meeting, 17-20 septembre 2023, Sète, (Brette et al. 2024)).

De gauche à droite: Quentin Lelievre, Saïd Bendahhou, Fatima Nachit, Christophe Duranton, Dion Saurat, Laëtitia Clotaire, Mete Kayatekin, Isabelle Rubera, Georges Leftheriotis.

ISABELLE RUBERA

Chargée de Recherche CNRS au Laboratoire de PhysioMédecine Moléculaire (LP2M)

Brette, Fabien, Anna Rita Cantelmo, Valérie Coronas, Marie Demion, Ines El Bini, Alban Girault, Cécile Hilaire, et al. 2024. « The 32nd Ion Channels Meeting, 17th–20th September 2023, Sète, France ». Bioelectricity 6 (2): 136-42. https://doi. org/10.1089/bioe.2024.0010.

Clotaire, Laetitia, Isabelle Rubera, Christophe Duranton, Jocelyn Gal, Emmanuel Chamorey, Hélène Humeau, Samir Yamani, et al. 2025. « The PROPHECI Trial: A Phase II, Double-Blind, Placebo-Controlled, Randomized Clinical Trial for the Treatment of Pseudoxanthoma Elasticum with Oral Pyrophosphate ». Trials 26 (1): 30. https://doi.org/10.1186/s13063-024-08666-w.

Laurain, Audrey, Isabelle Rubera, Christophe Duranton, Frank Rutsch, Yvonne Nitschke, Elodie Ray, Sandor Vido, Antoine Sicard, Georges Lefthériotis, et Guillaume Favre. 2020. « Alkaline Phosphatases Account for Low Plasma Levels of Inorganic Pyrophosphate in Chronic Kidney Disease ». Frontiers in Cell and Developmental Biology 8 (décembre):586831. https://doi.org/10.3389/fcell.2020.586831.

Laurain, Audrey, Isabelle Rubera, Micheline Razzouk-Cadet, Stéphanie Bonnafous, Miguel Albuquerque, Valérie Paradis, Stéphanie Patouraux, et al. 2022. « Arterial Calcifications in Patients with Liver Cirrhosis Are Linked to Hepatic Deficiency of Pyrophosphate Production Restored by Liver Transplantation ». Biomedicines 10 (7): 1496. https://doi.org/10.3390/biomedicines10071496.

Rubera, Isabelle, Laetitia Clotaire, Audrey Laurain, Alexandre Destere, Ludovic Martin, Christophe Duranton, et Georges Leftheriotis. 2024. « A Plasma Pyrophosphate Cutoff Value for Diagnosing Pseudoxanthoma Elasticum ». International Journal of Molecular Sciences 25 (12): 6502. https://doi.org/10.3390/ijms25126502.

ÉTUDIER LA DYNAMIQUE DE L’EMBOLIE GAZEUSE DANS LES PLANTES À L’AIDE DE RÉSEAUX FLUIDIQUES ARTIFICIELS

La circulation de l’eau dans les plantes se fait sous tension, ce qui rend leur système vasculaire particulièrement vulnérable à l’apparition et à la propagation de bulles : c’est le phénomène d’embolie gazeuse. Lorsqu’une embolie se forme, elle bloque localement le transport de la sève, avec des conséquences potentiellement graves pour la plante. Ce phénomène, fortement aggravé en période de sécheresse, est une cause majeure de surmortalité des arbres, et est exacerbé par le réchauffement climatique.

La dynamique de propagation de ces embolies dans le réseau de sève reste aujourd’hui mal comprise, en partie en raison de la complexité des structures internes des plantes, de l’opacité des tissus, et de la rapidité des phénomènes impliqués. Pour contourner ces limitations, nous développons au laboratoire INPHYNI des modèles biomimétiques de réseaux vasculaires à l’aide de dispositifs microfluidiques en polymères. Ces systèmes artificiels permettent de contrôler finement les conditions physiques (pression, perméabilité, géométrie) et l’architecture des réseaux dans lesquels se produit la propagation de l’embolie.

Nous utilisons des caméras ultra-rapides pour enregistrer en temps réel l’évolution des interfaces

air-eau au sein de ces réseaux. Ces données expérimentales, difficiles à obtenir dans les tissus végétaux, ouvrent la voie à la définition de nouvelles métriques, comme la distribution de vitesses d’embolie, qui pourraient un jour compléter les approches classiques de mesure de vulnérabilité hydraulique.

Ce travail expérimental s’accompagne d’un effort de modélisation physique, basé sur des descriptions discrètes ou continues des réseaux. Ces recherches, portées au sein d’INPHYNI par l’équipe MIMIC, sont menées en étroite collaboration avec des biologistes de l’INRAE Clermont-Ferrand, spécialistes du fonctionnement hydraulique des plantes.

De gauche à droite: François-Xavier Gauci (doctorant Université Côte d’Azur), Céline Cohen (MCF UniCA), Xavier Noblin (DR CNRS) et Ludovic Keiser (CR CNRS).

A gauche : embolie gazeuse dans une feuille biologique de fougère (Adiantum). La couleur représente le moment auquel s’est propagée l’embolie, du plus précoce (bleu) au plus tardif (6h plus tard pour le rouge). La barre d’échelle représente 5 mm.

A droite : propagation d’une embolie gazeuse dans un réseau artificiel. Les parties claires représentent les régions embolisées. La largeur des plus gros canaux est de 500 micromètres.

32 000 ÉTUDIANTS + DE 50 LABORATOIRES DE RECHERCHE + DE 100 PARTENAIRES INTERNATIONAUX 350 000 ALUMNI

univ-cotedazur.fr

CHANGER L’AVENIR

Alexandre Doctorant en Biologie
Ornelle Étudiante en Droit
Virginia D’AURIA Enseignante-chercheuse en Physique quantique

LE GOUVERNEMENT DES MIGRATIONS AU-DELÀ DES FRONTIÈRES.

DIPLOMATIE, COOPÉRATION ET EXTERNALISATION

À l’ère de la compression spatio-temporelle et de la circulation inédite d’idées, d’images, de capitaux, de biens et de services, la centralité du contrôle des mouvements transfrontaliers des personnes apparaît paradoxale. L’éloge de la mondialisation et d’un monde sans frontières s’accompagne en effet de phénomènes de replis identitaires, de montée des nationalismes, et de la redéfinition de l’ouverture comme un risque et une menace pour la société. Ainsi, les frontières continuent à avoir une importance centrale dans un monde de plus en plus interconnecté.

Bien qu’emblématique de la souveraineté des États, le contrôle des frontières et des migrations est de plus en plus adressé dans des enceintes internationales et fait l’objet d’échanges et d’interactions entre une pluralité d’acteurs (fonctionnaires étatiques, d’organisations internationales, employés de compagnies privées) dans une pluralité d’arènes (réseaux, plateformes, processus consultatifs etc.). Les stratégies dites du contrôle à distance, les formes d’externalisation du contrôle frontalier vers d’autres pays et de sous-traitance vers des acteurs non-étatiques, ainsi que le rôle des organisations supranationales représentent des enjeux incontournables. A l’instar du changement climatique, la migration est un phénomène global qui est abordé à la fois localement et internationalement,

Francis Alÿs, The Loop, inSITE97 : https://insiteart.org/people/francis-allÿs

déclenchant ainsi des interactions sociales, des constructions de savoirs et de la diffusion de pratiques. Le gouvernement des migrations se réalise, en tant que discours et pratique, au-delà des frontières des États et des organisations.

Ce projet scientifique vise à étudier un aspect souvent délaissé : comment, pourquoi et avec quels effets des processus sociaux dans des arènes transnationales façonnent le contrôle des migrations. Le projet se concentre sur processus régionaux consultatifs, réseaux et plateformes, stratégie de gestion intégrée des frontières, coopérations formelles et informelles entre l’Union Européenne, le Maroc et l’Afrique de l’Ouest.

Federica INFANTINO

Junior professor - chaire de professeure junior (URMIS) ; Institut de Recherche pour le Développement - Université Côte d’Azur ; Director of the Master Migration Studies

DOSSIER MATHéMATIQUES

MATHéMATIQUES

Sans que l’on s’en rende vraiment compte, les mathématiques font partie intégrante de notre société moderne. Bien plus qu’une simple discipline académique, les maths sont en effet essentielles à l’ingénierie, à l’architecture, à l’informatique et aux technologies de la communication mais aussi à la médecine, à la finance ou encore à l’évaluation des risques pour ne citer que quelques exemples. La recherche dans le domaine des mathématiques, qu’elle soit fondamentale ou appliquée, est donc foisonnante. À Université Côte d’Azur, le Laboratoire Jean Alexandre Dieudonné (LJAD), reflète bien cette diversité scientifique. Venez découvrir dans ce dossier un aperçu des travaux des chercheurs et chercheuses de ce temple niçois des mathématiques.

Géométrie, algèbre, topologie, probabilités et statistiques, équations et analyse numérique, mécanique des fluides, algorithmique et modélisation numérique, systèmes dynamiques… toutes les composantes des mathématiques sont représentées au Laboratoire Jean Alexandre Dieudonné (LJAD). Et pour certaines d’entre elles, il suffit d’une craie et d’un tableau noir pour commencer à faire de la recherche. C’est par exemple le cas de la géométrie, la spécialité de Jérémy Toulisse, maître de conférences dans l’équipe Géométrie, dynamique et topologie du LJAD. L’enseignant-chercheur s’intéresse tout particulièrement à un problème mathématique très étudié depuis le XVIIIe siècle : les surfaces minimales. « Une expérience classique permet de se représenter ce qu’est une surface minimale : les films de savon. Si on plonge un fil de fer auquel on a donné une forme géométrique dans de l’eau savonneuse, lorsqu’on le ressort, un film de savon s’appuyant sur les bords formés par le fil apparait. Ce film présente une géométrie particulière : il s’agit d’une surface minimale. Elle

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correspond à la surface qui a la plus petite aire possible parmi toutes les surfaces ayant le même bord », explique Jérémy Toulisse. Le mathématicien étudie en particulier les symétries que présentent ces surfaces minimales et leur relation avec celles des bords. « L’ensemble de ces symétries forme ce que l’on nomme un “groupe de symétrie”, une notion issue de l’algèbre. Or, il est possible d’étudier les propriétés algébriques de ce groupe en raisonnant sur les propriétés géométriques des surfaces minimales et vice versa », ajoute le mathématicien.

Mais Jérémy Toulisse n’étudie pas de simples objets tridimensionnels, il travaille dans des espaces dits “pseudo-riemanniens”. « Ces géométries exotiques sont issues de la physique. L’espace-temps décrit par Albert Einstein dans le cadre de la relativité générale est par exemple un espace pseudoriemannien », explique l’enseignant-chercheur qui travaille notamment à la classification de surfaces minimales dans ces espaces. Ces recherches ont d’ailleurs permis au mathématicien d’être nommé membre junior de l’Institut universitaire de France (IUF). Il bénéficie ainsi d’une modulation de son service d’enseignement pendant cinq ans pour se consacrer à ces objets géométriques particuliers.

Andreas Höring, professeur des universités dans la même équipe du LJAD a été lauréat du programme Collegium of advanced studies de l’IdEx en 2024. L’enseignant-chercheur d’origine allemande peut ainsi se concentrer pendant quatre ans sur son thème de prédilection : la géométrie algébrique complexe. « Cette discipline a pour but de comprendre les ensembles de solution d’équations polynomiales », précise le mathématicien. Ces équations peuvent présenter plusieurs variables, telles que x, y et z, à différents degrés comme par exemple x2, y3 ou z4 « À partir du second degré, on ouvre la boîte de Pandore du point de vue géométrique », se réjouit

Andreas Höring. Tandis que les solutions d’une

équation du premier degré sont représentées par des objets simples comme des droites ou des plans, celles du second degré dessinent en effet des formes géométriques intéressantes. « La géométrie des cheminées des centrales nucléaires par exemple correspond à un ensemble de solutions d’une équation du second degré avec trois variables », ajoute le mathématicien qui étudie des équations de degré encore plus élevé. « Les ensembles de solutions de ces équations, que l’on appelle des variétés algébriques, sont représentés par des objets géométriques complexes de plusieurs dimensions que j’essaie de décrire avec des objets de moindre dimension comme des droites ou des hypersurfaces. »

Pour son projet du Collegium of advanced studies, le mathématicien étudie notamment des variétés de Calabi-Yau qui trouvent des applications en physique théorique, comme par exemple dans la théorie des cordes qui tente d’unifier la relativité générale et la mécanique quantique. En plus de ses travaux personnels, Andreas Höring participe à plusieurs programmes de recherche comme le projet POK0. Financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et son équivalent allemand, la Deutsche Forschungsgemeinschaft, cette initiative regroupe depuis plus d’un an neuf porteurs de

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Christophe
Gissinger

projets de sept universités françaises et allemandes. Leur but : étudier la géométrie de certaines variétés algébriques particulières dites K-triviales auxquelles appartiennent notamment celles de Calabi-Yau. Le mathématicien est aussi un membre du projet GAG financé par l’ANR depuis la fin d’année dernière. « C’est une collaboration avec des chercheurs issus de plusieurs universités et instituts français avec des points de vue mathématiques différents pour créer une dynamique de groupe et faire avancer la recherche sur la géométrie algébrique complexe. L’idée est notamment de favoriser les interactions avec d’autres domaines mathématiques comme la topologie. » À travers ces différents projets, Andreas Höring a une aspiration : « d’un point de vue philosophique, les mathématiques représentent la langue des sciences. Mon travail consiste à inventer de nouveaux mots en espérant qu’ils soient utilisés. »

JEAN ALEXANDRE (EUGÈNE) DIEUDONNÉ

Mathématicien français renommé, spécialiste de topologie, d’algèbre et d’analyse fonctionnelle, Jean Dieudonné est un des membres fondateurs du célèbre groupe Bourbaki. Constituée dans les années 1930 par des mathématiciens francophones, cette société secrète a exercé une influence importante sur les mathématiques du XXe siècle et leur enseignement. Avec Laurent Schwartz, un autre mathématicien du groupe Bourbaki, Jean Dieudonné a aussi co-dirigé dans les années 1950 la thèse d’Alexandre Grothendieck, le mathématicien phénomène du XXe siècle. Au milieu des années 1960, Jean Dieudonné intègre la toute nouvelle université de Nice pour y fonder le département de mathématiques avant de devenir le premier doyen de la faculté des sciences. C’est donc tout naturellement que l’université de Nice, devenue en 2020 Université Côte d’Azur, donna en 1972 le nom de cet illustre mathématicien au laboratoire qui abrite sa communauté mathématicienne.

DÉCRYPTER LES

PHÉNOMÈNES NATURELS

Les mathématiques représentent en effet le langage universel que la science utilise pour comprendre notre monde, notamment pour décrire les phénomènes naturels et les processus dynamiques. À ce titre, les équations aux dérivées partielles ou EDP sont des outils très puissants. « Les EDP sont utilisées partout : en physique, en chimie, en biologie, en ingénierie ou encore dans les sciences humaines et sociales. Ces outils permettent en effet de décrire de façon mathématique les phénomènes où il y a des variations spatiales et/ou temporelles d’une certaine quantité. C’est le cas par exemple de la météo, de la dynamique des vagues en mer ou encore du comportement d’oiseaux dans une nuée », précise Thomas Rey, professeur des universités et responsable de l’équipe “Équations aux dérivées partielles et analyse numérique” du LJAD. Si ces équations peuvent décrire ces phénomènes et processus, leur résolution doit permettre de prédire leur évolution. Pour autant, les EDP peuvent très vite se révéler compliquées à résoudre. Et c’est là que réside le cœur de l’activité de Thomas Rey : « mon travail se trouve à l’interface entre la théorie et l’analyse numérique. D’une part, j’écris des équations et j’établis leur comportement qualitatif pour déterminer certaines de leurs propriétés, et d’autre part, je développe des méthodes mathématiques pour calculer numériquement des solutions approchées à ces équations complexes. »

Le mathématicien s’intéresse tout particulièrement à une famille d’EDP dites cinétiques. La plus connue est l’équation de Boltzmann : elle décrit au sein d’un système l’évolution de la distribution de particules en fonction des collisions entre celles-ci. Ces équations cinétiques ont de nombreuses applications : elles permettent de déterminer les propriétés macroscopiques des gaz et de certains matériaux, de modéliser le comportement des plasmas – ces gaz ionisés où toute matière est dissociée en ions et électrons libres – ou encore le transport de charge

DE LA RECHERCHE ACADÉMIQUE AUX APPLICATIONS INDUSTRIELLES

À l’image de la collaboration de Thomas Rey avec l’entreprise Cenaero, plusieurs chercheurs et chercheuses du LJAD tissent des liens avec des partenaires industriels. C’est notamment le cas d’Elena Di Bernardino, titulaire d’une chaire de l’institut 3IA Côte d’Azur. « Les entreprises proposent des questions intéressantes car elles font face à des problématiques réelles. De plus, les données dont elles disposent sont pertinentes et me permettent d’améliorer les prédictions », déclare la statisticienne qui développe des modèles de prévision des risques socio-environnementaux. Elle collabore ainsi avec la start-up Hydroclimat basée à Aubagne et qui propose des outils pour évaluer et anticiper les risques associés au climat, et plus particulièrement les inondations. De son côté, Patricia Reynaud-Bouret collabore avec la start-up suisse FinalS-park. Cette entreprise cherche à créer des bioprocesseurs à base de neurones cultivés en laboratoire à partir de cellules souches humaines. L’objectif : développer des systèmes d’intelligence artificielle moins énergivores. Pour la chercheuse qui tente de percer les secrets du cerveau et de l’apprentissage, c’est un fabuleux outil pour comprendre le fonctionnement des cellules nerveuses. « Les réseaux de neurones qui constituent ces bioprocesseurs sont plus petits et donc plus faciles à manipuler que le cerveau des modèles expérimentaux sur lesquels nous travaillons habituellement. De plus, il est possible d’enregistrer leur activité en continu pendant des semaines », s’enthousiasme Patricia Reynaud-Bouret. Ces partenariats qui permettent aux entreprises d’accéder à l’expertise académique contribuent donc aussi à faire avancer la recherche.

Bioprocesseur cultivé en laboratoire par la start-up FinalSpark. Il est constitué d’environ 10 000 cellules : des neurones et des cellules gliales qui les soutiennent. Son activité électrique peut être enregistrée et il est possible de le stimuler électriquement pour lui faire “apprendre”. À terme, ce type de bioprocesseurs pourrait remplacer les processeurs en silicium qui consomment beaucoup d’énergie.

dans les semi-conducteurs. Thomas Rey étudie en particulier la dynamique des gaz raréfiés, c’està-dire sous une très faible pression comme dans la haute atmosphère, en collaboration avec des industriels de l’aérospatiale. « Avec l’entreprise d’aéronautique belge Cenaero, nous avons notamment développé des méthodes numériques pour calculer la température du bord d’attaque de sondes qui rentrent dans l’atmosphère », indique l’enseignant-chercheur. Favoriser les liens entre la recherche académique et les partenaires industriels est aussi une des raisons d’être du réseau doctoral Datahyking auquel participe Thomas Rey : « Datahyking réunit treize doctorants autour de sept porteurs de projets dans quatre pays européens en collaboration avec onze partenaires industriels. Son objectif est de former la nouvelle génération d’experts de ce type d’EDP afin qu’ils puissent collaborer dans le futur, que ce soit dans le monde académique ou dans l’industrie. » À travers ce programme des Actions Marie Sklodowska-Curie financé par la Commission Européenne, Thomas Rey co-encadre ainsi trois thèses doctorales sur les EDP cinétiques dont deux en partenariat avec Cenaero. Les EDP sont aussi la spécialité de Simona Rota Nodari, professeure des universités au sein de l’équipe EDP et analyse numérique du LJAD. Depuis son doctorat, l’enseignante-chercheuse s’intéresse en particulier à l’équation de Schrödinger qui est fondamentale en mécanique quantique non relativiste. « Cette EDP permet de décrire la dynamique de particules quantiques comme les électrons et les protons qui ne peut être correctement reproduite par la mécanique newtonienne. Les solutions indiquent la probabilité de trouver une particule en point de l’espace mais ces équations peuvent être très complexes à résoudre, tout particulièrement lorsque le nombre de particules en interaction augmente. De nombreux modèles mathématiques simplifiés ont donc été développés pour décrire de façon cohérente ces interactions», explique la mathématicienne. Pour autant, aucun de ces modèles n’est parfait. Simona Rota Nodari étudie ces équations et analyse les modèles existants pour en créer de nouveaux, tous aussi

pertinents pour décrire de façon mathématique ces phénomènes physiques.

L’intérêt de ce travail n’a pas échappé à l’IUF qui lui a octroyé l’année dernière une chaire de membre junior pour que la mathématicienne d’origine italienne puisse consacrer plus de temps à ses recherches. « Le but de ce projet est d’étudier une famille d’EDP quasi-linéaires issues de la physique quantique afin de développer des méthodes générales pour analyser ce type d’équations », ajoute Simona Rota Nodari. À terme, ces méthodes pourraient non seulement améliorer la compréhension théorique des systèmes quantiques complexes mais aussi être appliquées à d’autres EDP non-linéaires comme celles qui décrivent la propagation de la lumière dans les fibres optiques. Ces travaux pourraient intéresser l’Institut de Physique de Nice, l’InPhyNi et l’enseignantechercheuse a d’ailleurs une volonté de créer des passerelles entre mathématiciens et physiciens. Simona Rota Nodari a ainsi récemment reçu un financement de l’ANR pour un projet de recherche mono-équipe (PRME) appelé Madynos : « l’idée est de constituer une équipe pluridisciplinaire au sein du LJAD autour d’une thématique commune en physique mathématique. » Cette équipe, qui comporte sept chercheurs – de fins connaisseurs des EDP et de l’analyse numérique comme Thomas Rey mais aussi des experts en probabilités ou encore en physique théorique – s’attachera à étudier dans un premier temps la dynamique d’un

Instabilité de Richtmeyer, simulation par R. Bailo et T. Rey.

système de plusieurs particules qui interagissent dans un environnement complexe. Avec là encore l’idée de développer de nouveaux modèles et outils d’analyse mathématique pour décrire ces phénomènes physiques.

Outre l’infiniment petit, les mathématiques peuvent aussi décrire l’infiniment grand. Florence Marcotte, chargée de recherche au centre Inria d’Université Côte d’Azur au sein de l’équipe “Castor” et membre de l’équipe “Modélisation numérique et dynamique des fluides” du LJAD, s’intéresse ainsi aux phénomènes magnétiques à l’œuvre à l’échelle des planètes et des étoiles. « La Terre, par exemple, est protégée du vent solaire par un champ magnétique engendré par effet dynamo », rappelle Florence Marcotte. À l’image des dynamos de vélo où la rotation de la roue donne naissance à un courant électrique, « le champ magnétique terrestre est engendré par les mouvements turbulents du fer liquide en convection dans le noyau externe de la Terre qui entrainent une conversion d’énergie mécanique en énergie électromagnétique. » Dans les étoiles, en revanche, la nature des turbulences à l’origine des champs magnétiques n’est pas toujours bien comprise. Pourtant « l’existence d’un tel champ peut grandement influencer leur évolution », ajoute Florence Marcotte qui étudie ces phénomènes à l’aide de la magnétohydrodynamique (MHD), une discipline de la mécanique des fluides qui s’intéresse à la dynamique couplée des champs magnétiques et des fluides conducteurs d’électricité.

La MHD a notamment permis à la chercheuse et à ses collaborateurs de l’université Paris Sciences et Lettres de confirmer numériquement une hypothèse émise il y a 25 ans pour expliquer pourquoi le cœur radiatif des étoiles en fin de vie tourne moins vite que prévu par la théorie. « Un champ magnétique intense peut exercer une force de freinage sur le plasma stellaire qui est conducteur d’électricité et ainsi ralentir le cœur de l’étoile, mais encore fautil qu’un tel champ existe ! Or, dans un intérieur stellaire radiatif, la source de turbulence nécessaire pour entretenir le magnétisme par effet dynamo

DEVENIR INGÉNIEUR EN MATHÉMATIQUES À

UNIVERSITÉ CÔTE D’AZUR

En plus des masters dédiés à l’enseignement et à la poursuite d’une carrière académique, Spectrum, une des 8 Écoles Universitaires de Recherche d’Université Côte d’Azur, propose un master intitulé Ingénierie mathématique. Comme son nom l’indique, il est destiné à la formation des ingénieurs pour répondre aux besoins d’entreprises dans divers domaines tels que l’informatique, la santé, l’aéronautique, l’environnement ou encore la finance. « Cette formation propose plusieurs parcours en fonction des projets professionnels des étudiants, par exemple en probabilités et statistiques pour former à l’analyse de données, en calcul scientifique pour l’ingénierie numérique ou encore en modélisation du vivant. Ce master qui monte en puissance présente une excellente insertion professionnelle », déclare Thomas Rey, responsable des spécialisations de cette formation. Outre un lien étroit avec le monde de l’entreprise, ce master, ouvert à l’alternance, entretient aussi des relations privilégiées avec d’autres pôles de formation comme l’école d’ingénieurs Polytech Nice Sophia d’Université Côte d’Azur, l’école de commerce Edhec et l’Université des Lagunes, située à Abidjan en Côte d’Ivoire. Autant de spécificités qui contribuent à l’attractivité de ce master auprès des étudiants.

n’est pas évidente », explique Florence Marcotte. Ces chercheurs ont pourtant montré à l’aide d’un modèle simplifié de zone radiative d’étoile qu’une dynamo était effectivement possible mais qu’elle nécessitait des conditions initiales favorables pour se déclencher. Dans ce scénario, « c’est le couplage non-linéaire entre le champ magnétique et les turbulences, dans les EDP qui les décrivent, qui est crucial pour déclencher un effet dynamo. Un champ magnétique relativement faible mais favorable suffit ici pour déstabiliser l’écoulement du plasma, et les turbulences qu’il engendre viennent à leur tour amplifier le champ magnétique, qui in fine impacte la rotation du cœur de l’étoile. »

Depuis ces travaux marquants, la chercheuse a obtenu un financement d’un million d’euros sur cinq ans par le Conseil Européen de la Recherche (ERC) pour en savoir plus sur les transitions des champs magnétiques des étoiles. Pour ces recherches, Florence Marcotte compte utiliser la théorie mathématique du contrôle optimal. « L’idée est de trouver les conditions initiales qui maximisent l’énergie magnétique à long terme avant de vérifier par simulation numérique si ces conditions conduisent ou non le système vers une solution d’équilibre dynamo avec un champ magnétique auto-entretenu. » Ce projet ERC appelé “Circe” et réalisé avec la collaboration d’astrophysiciens de l’Observatoire de la Côte d’Azur s’intéressera aussi aux transitions vers la turbulence MHD des disques protoplanétaires, ces amas de gaz et de poussières qui donnent naissance aux planètes.

PROMOUVOIR LA RECHERCHE EN MATHÉMATIQUES AVEC

LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

« Cette belle idée est née à Nice il y a 50 ans et a conduit à la constitution en 1978 d’une association qui partage les outils habituels de la formation à la recherche en mathématiques (cours, bourses, écoles de recherche) avec les pays en voie de développement. Le génie des mathématiques est en effet équidistribué sur la planète mais les opportunités pour accéder à la formation et au savoir ne le sont pas », souligne Christophe Ritzenthaler, directeur exécutif du Cimpa, le Centre international de mathématiques pures et appliquées, hébergé par Université Côte d’Azur. Ainsi, tous les ans, le Cimpa - soutenu par l’Unesco et financé notamment par la France, l’Allemagne, l’Espagne, la Norvège et la Suisse - organise une vingtaine d’écoles de recherche en Afrique, en Amérique latine et en Asie. Pendant deux semaines, des mathématiciens bénévoles du monde entier – enseignants et chercheurs – se rendent sur place pour donner des cours à des étudiants et jeunes chercheurs de la région. « L’accueil est incroyable, il y a une réelle effervescence autour de ces évènements qui représentent une occasion unique pour certains participants locaux », se réjouit le mathématicien qui prend régulièrement part à ces écoles Cimpa. Par ailleurs, l’association finance aussi de façon ponctuelle des cours pour des étudiants de masters et des bourses afin que des doctorants puissent venir effectuer des séjours thématiques de plusieurs semaines chez des partenaires de l’association comme l’Institut Henri Poincaré de Paris. Au-delà du partage du savoir, « cette volonté de rayonnement vers les pays en développement renforce la visibilité d’Université Côte d’Azur », conclut Christophe Ritzenthaler.

https://www.cimpa.info/

Simulation montrant le champs magnétique intense (lignes blanches) généré à l’intérieur de la couche radiative d’une étoile

CARACTÉRISER LES PROCESSUS ALÉATOIRES

Au-delà des EDP et de la mécanique des fluides, d’autres disciplines des mathématiques sont exploitées par les scientifiques pour appréhender la complexité de notre monde. La théorie des probabilités et les statistiques, en aidant à caractériser les phénomènes aléatoires, sont devenues omniprésentes en sciences mais aussi en économie, en sociologie, dans la finance ou encore pour le management. Ces disciplines représentent aussi une composante essentielle de la gestion du risque et de la prise de décision via l’analyse de données. Elena Di Bernardino, professeure des universités au sein de l’équipe Probabilités et statistique et présidente du Comité scientifique du LJAD, utilise ainsi des méthodes statistiques pour construire des modèles de prévision de risques. « Je travaille en particulier sur les risques associés à l’environnement et au climat comme les vagues de chaleur, les inondations, les vents violents, les feux de forêt… L’objectif est de déterminer à partir de modèles mathématiques les aléas associés à ces risques et leur impact sur les territoires », explique l’enseignante-chercheuse franco-italienne. Mais par nature, ces évènements extrêmes sont rares et donc très complexes à modéliser faute de données.

Face à cet écueil, Elena Di Bernardino utilise la théorie des valeurs extrêmes, une branche des statistiques qui s’intéresse aux évènements très rares, voire jamais observés, qu’elle associe à des outils géométriques pour construire des cartes de prédiction du risque. Pour sa chaire financée par l’institut 3IA Côte d’Azur, un des quatre Instituts interdisciplinaire d’intelligence artificielle (3IA) créés en France en 2019 et un des neuf IA Cluster labellisés en 2024, la statisticienne et ses collaborateurs ont par exemple étudié les vagues de chaleur en métropole. « Les statistiques géométriques nous ont permis de décrire l’étendue spatiale de ces phénomènes extrêmes et de mieux

comprendre leur persistance géographique », ajoute l’enseignante-chercheuse. Les résultats obtenus sont cruciaux pour améliorer la prédiction du risque et le cartographier. Dans la même lignée, Elena Di Bernardino collabore aujourd’hui au programme de recherche Risques (IRiMa), un des Programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) financé par le plan France 2030. Dans ce projet qui vise à intégrer les risques naturels et technologiques pour rendre nos sociétés plus résilientes, la statisticienne co-dirige avec Isabelle Manighetti, sismo-tectonicienne du laboratoire Geoazur, le volet qui s’intéresse plus particulièrement à l’Intelligence mapping. « Son but est de développer des algorithmes d’intelligence artificielle pour établir automatiquement, à partir de données satellitaires, des cartographies des dangers et risques naturels ou socio-environnementaux. » En parallèle, Elena Di Bernardino co-coordonne aussi la chaire Données, modèles et décision en science des risques du projet ANR Cochairs au sein du PEPR IRiMa qui finance notamment des thèses doctorales sur le développement de nouveaux modèles mathématiques d’analyse des risques environnementaux.

Les statistiques peuvent aussi être exploitées pour comprendre comment notre cerveau fonctionne. Patricia Reynaud-Bouret, responsable de l’équipe Probabilités et statistique du LJAD et directrice de recherche au CNRS, est une spécialiste des processus ponctuels, un modèle statistique qui décrit l’apparition aléatoire d’événements dans le temps. « Ce modèle, qui a d’abord été développé pour évaluer l’occurrence de répliques à la suite d’un tremblement de terre, peut permettre de modéliser et d’interpréter les potentiels d’action, ces signaux électriques émis par les neurones pour communiquer, explique la statisticienne. À partir des données d’émissions de potentiels d’action de

(a)June1st,1992

(b)June1st,1993

(c)June1st,1994

(d)June1st,1995

Figure5.2:Realizationsofnestedexcursionsets EX (up )for p 2 {0.85, 0.86,..., 0.98},foreachof thefourindicateddatesintheSAFRANreanalysis.

neurones, il est possible de reconstruire sous forme de graphes la connectivité des différents réseaux neuronaux. » Ce travail, qui a valu à la chercheuse la médaille d’argent du CNRS en 2021, ouvre la porte à l’interprétation de ces données. Par exemple, dans une étude chez le rat récemment publiée, Patricia Reynaud-Bouret et ses collaborateurs ont enregistré à l’aide d’électrodes profondes l’activité de neurones individuels dans le striatum, une aire cérébrale notamment impliquée dans la prise de décision et la constitution d’habitude. « À partir de ces données, nous avons pu déduire le chemin emprunté par ces animaux dans un labyrinthe », se réjouit la chercheuse.

Outre ces travaux chez l’animal, Patricia Reynaud-Bouret s’intéresse aussi au phénomène

d’apprentissage chez l’humain : « avec des psychologues, nous tentons de comprendre nos comportements face à des tâches d’apprentissage. »

C’est dans ce but que la statisticienne a monté le projet Modélisation et estimation de l’apprentissage qui a été financé par l’Institut 3IA Côte d’Azur. À travers un jeu sur ordinateur de classification d’objets – l’idée est de déterminer si une fusée est capable d’atteindre la Lune – les chercheurs ont notamment pu analyser le nombre et le type d’erreurs commises par les volontaires, ou encore leurs temps de réaction, afin de déterminer leurs stratégies de raisonnement. « Nous avons pu en distinguer deux types : la première s’appuie sur la similarité, lorsque l’objet a déjà été manipulé dans le passé, tandis que la deuxième se base sur des règles associées à l’objet, sa couleur par exemple. »

À terme, Patricia Reynaud-Bouret espère pouvoir faire un pont entre ces deux axes de recherche pour trouver un modèle mathématique qui puisse décrire comment les réseaux de neurones sont capables d’apprendre. Afin de stimuler ce type de recherche interdisciplinaire, la statisticienne a d’ailleurs participé à la création en 2020 de l’Institut “Neuromod” dont le but est de promouvoir la modélisation comme approche d’intégration des mécanismes cérébraux et des fonctions cognitives. Aujourd’hui, cet institut né à la suite d’un programme structurant de l’IdEx, regroupe plus de 250 chercheurs et cliniciens de seize laboratoires d’Université Côte d’Azur qui travaillent dans le domaine des sciences numériques et des neurosciences mais aussi des sciences humaines, des mathématiques ou encore de la physique et de la chimie.

Qu’elle soit fondamentale, à la craie sur tableau noir, ou appliquée à partir de simulations numériques réalisées par des supercalculateurs, la richesse et la diversité de la recherche réalisée au LJAD par environ 125 chercheurs et chercheuses ainsi que plus de 80 doctorants et post-doctorants, font de ce laboratoire un des meilleurs centres de recherche internationaux en mathématiques et un bel atout pour la visibilité d’Université Côte d’Azur.

Simon PIERREFIXE

Journaliste scientifique

M. Villet, P. Reynaud-Bouret, J. Poitreau, J. Baldi, S. Jaffard, A. James, A. Muzy, E. Kartsaki, G. Scarella, F. Sargolini, I. Bethus. Coding Dynamics of the Striatal Networks During Learning, eNeuro 30 September 2024, 11 (10) ENEURO.0436-23.2024; DOI: 10.1523/ENEURO.0436-23.2024.

PORTRAIT Anne VUILLEMIN

Le mois d’avril a marqué le clap de fin pour le projet européen Marie Skłodowska-Curie Actions COFUND «BoostUrCareer». Cofinancé par l’Union européenne, l’Initiative d’Excellence (IdEx) d’Université Côte d’Azur et la Région Sud pour un montant de 2 847 600 €, ce programme, novateur, visait à expérimenter un nouveau parcours pour préparer la nouvelle génération de chercheurs à être compétents en recherche interdisciplinaire tout en étant dotés de solides compétences transférables, adaptées aussi bien au milieu académique qu’au secteur non-universitaire. Développé à Université Côte d’Azur, le programme a permis à chacun des 15 doctorants de mener leurs recherches au sein de deux laboratoires de l’université, en étroite collaboration avec un partenaire académique international et un partenaire non académique. Chaque doctorant a ainsi été encadré par une équipe structurée composée de deux superviseurs de laboratoire, d’un tuteur académique et d’un mentor issu du monde non académique. Cette organisation a offert un accompagnement sur

mesure, tant pour la conduite de la thèse que pour la préparation à l’insertion professionnelle. Un séjour de six mois dans un laboratoire étranger a également été prévu pour chaque participant, enrichissant leur parcours de formation et élargissant leurs opportunités de carrière à l’échelle internationale.

Au-delà du succès du projet BoostUrCareer, l’obtention d’un programme européen de cette envergure représentait une première pour le site azuréen. Ce projet a véritablement constitué un point de départ dans l’ancrage du site dans une dynamique européenne, en posant les bases d’une stratégie plus structurée de participation aux appels européens. Cette avancée a été rendue possible grâce à l’accompagnement de la Cellule Europe Mutualisée, pilotée par l’IdEx d’Université Côte d’Azur.

Cet entretien conduit auprès d’une des directrices de thèses BoostUrCareer, le Professeure Anne Vuillemin est à lire de façon croisée avec le retour d’expérience de sa doctorante Nuttanun Siriaporn (dit : Jung), présenté par ailleurs dans ce numéro d’Insights

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours et de votre rôle en tant que directrice de thèse dans le cadre du programme BoostUrCareer ?

Je suis professeure en STAPS à Université Côte d’Azur, avec une spécialisation en santé publique. Depuis 20 ans maintenant, j’encadre des doctorants dans le cadre de projets de recherche collaboratifs. Dans le programme BoostUrCareer, j’ai eu l’opportunité de superviser une doctorante sur le projet ASTHAIR pour Transport actif, santé et environnement : Une approche multidisciplinaire du changement de comportement, de l’engagement communautaire et de la pensée systémique pour promouvoir le transport actif. Mon rôle a consisté à assurer un encadrement scientifique rigoureux, tout en facilitant l’intégration de Jung dans un environnement de recherche international et interdisciplinaire.

Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager dans l’initiative BoostUrCareer, et

en quoi cela correspond-il à votre vision de l’encadrement doctoral ?

Ce qui m’a attirée dans BoostUrCareer, c’est la volonté de renforcer la formation et l’employabilité des jeunes chercheurs et chercheuses en leur offrant une expérience de recherche appliquée et tournée vers l’international. Cela rejoint ma vision de l’encadrement doctoral : je pense qu’il ne suffit plus de former uniquement des experts scientifiques, mais aussi des professionnels capables de s’adapter à différents contextes, de travailler en équipe, et de valoriser leurs compétences en dehors du monde académique.

Le parcours de formation : “Create your future pathway” avait clairement été pensé pour améliorer la formation et l’employabilité des doctorants, afin de préparer les jeunes chercheurs à relever les grands défis de la recherche et de l’innovation de demain. Il a notamment permis à Jung :

• D’élaborer un plan de carrière personnalisé dès son arrivée.

• De profiter d’une formation individualisée mêlant scientifique, employabilité et développement de carrière.

• D’effectuer une mobilité internationale de 6 mois dans un laboratoire partenaire à Londres.

• De participer à des événements scientifiques et de vulgarisation, y compris grâce à notre Alliance Européenne Ulysseus

Naturellement, la mise en place de ce parcours structuré — combinant formation, mobilité internationale et valorisation des travaux — a été rendue possible grâce à l’environnement de la thèse, qui prévoit des moyens financiers dédiés en complément du salaire, conformément aux prérogatives du programme MSCA COFUND.

De votre point de vue, qu’est-ce qui rend le cadre de BoostUrCareer unique ou particulièrement efficace pour les jeunes chercheurs ?

Le programme offre un environnement structurant, avec des formations complémentaires en soft

skills, des opportunités de mobilité, et une forte implication des acteurs socio-économiques. Ce triptyque – excellence scientifique, ouverture internationale, et employabilité – fait vraiment la différence. Les doctorants en sortent plus confiants, plus autonomes, et mieux préparés à la diversité des carrières qui s’ouvrent à eux.

Par ailleurs s’agissant d’un programme européen nous avons pu bénéficier d’un soutien financier conséquent, y compris en matière d’environnement de la recherche, de suivi des dépenses et des activités ; ce qui est précieux. Enfin, grâce au label européen, les doctorants « MSCA » sont très identifiés et sont de facto souvent solliciter pour participer à des événements de valorisation scientifique, science et société

Pourriez-vous partager un exemple de réussite ou un moment marquant impliquant votre doctorant encadré dans le cadre de ce programme ?

Oui, un moment marquant a été la sélection de Jung pour le WHO/Europe Early Career Professional’s Development Programme en 2023.1 Ce programme lui a permis de renforcer ses compétences en santé publique, de collaborer avec d’autres jeunes professionnels européens et de bénéficier d’un appui technique pour ses projets. Grâce aux formations, aux échanges réguliers avec des experts et à son intégration dans la communauté HEPA Europe,2 elle a élargi son réseau professionnel et approfondi sa connaissance des initiatives de WHO/Europe. Sa participation a également inclus une immersion au siège régional de l’OMS à Copenhague et la participation active à la conférence HEPA à Dublin, avec l’opportunité de présenter ses travaux.

L’OMS a même sollicité Jung pour rédiger un policy brief basé sur son travail de thèse, témoignant de l’intérêt réel de l’organisation pour le transfert de connaissances. Elle a également eu l’opportunité

de présenter ses résultats lors d’une conférence internationale, rendue possible grâce au soutien du programme. Ces expériences sont à la fois très motivantes et illustrent parfaitement le potentiel que BoostUrCareer permet de développer chez ses bénéficiaires.

Selon vous, quels effets à long terme de tels programmes peuvent-ils avoir sur l’avenir académique et professionnel du doctorant que vous avez encadré ?

Je suis convaincue que ce type de programme façonne des profils plus complets et compétitifs, quel que soit le domaine dans lequel le doctorant souhaite s’insérer.

Pour moi, l’encadrement doctoral consiste à former des chercheurs autonomes, capables de s’adapter à des environnements variés. Il ne s’agit pas seulement de développer une expertise scientifique, mais aussi de cultiver des compétences transférables comme la gestion de projet, la communication ou l’esprit critique. Il s’agit avant tout de former des chercheurs autonomes capables d’interagir avec des environnements variés — académiques, industriels ou institutionnels.

À long terme, cela favorise une meilleure insertion professionnelle, une plus grande ouverture à l’international, et une capacité à naviguer dans des environnements complexes.

C’est une vraie plus-value sur un CV, mais aussi dans le développement personnel et professionnel.

L’un des enjeux majeurs aujourd’hui est de sortir d’une vision purement académique du doctorat pour reconnaître et valoriser les compétences transférables que les doctorants acquièrent : gestion de projet, communication, esprit d’analyse, résilience, capacité d’adaptation…

1. WHO : World Health Organisation, ou Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

2. European network for the promotion of health-enhancing physical activity

LUMière sur les ACADémies d’excellence LUMière ACADémies d’excellence

Sous l’impulsion de l’IdEx, les Académies d’Excellence alimentent la créativité et le renouvellement de la recherche d’Université Côte d’Azur.

Cette rubrique met en lumière de nouveaux concepts et projets de recherche innovants menés au sein des académies d’excellence, lieux d’échange inter- et transdiciplinaires.

« GÉNIAL, ENCORE UNE RÉUNION QUI VA DURER TROIS HEURES ! »

Analyse linguistique de haut niveau pour une meilleure compréhension du langage naturel

Converser avec un chatbot nous est devenu familier. Derrière cette apparente simplicité se cachent des modèles de langue pré-entraînés, largement plébiscités ces dernières années, qui ont joué un rôle clé dans les avancées en matière de traitement et de compréhension automatique du langage naturel. Toutefois, ces modèles ne parviennent pas toujours à saisir l’ensemble des connaissances nécessaires à une compréhension contextuelle fine.

Dans ce contexte, l’automatisation de l’analyse pragmatique des énoncés vise à combler cette lacune, en permettant de déduire des informations induites par le contexte au sens large : le sens immédiat du message, mais aussi les inférences possibles lorsque le sens littéral est confronté à la situation (qui parle, à qui, avec quelle intention, dans quel cadre, etc.).

La mise en œuvre automatique d’une telle analyse constitue un véritable défi, cette dimension

linguistique mobilisant des connaissances multimodales — circonstancielles, épistémiques, linguistiques et sociales — complexes à formaliser et à opérationnaliser. Elle implique en effet la modélisation de processus de construction du sens comparables à ceux mobilisés par les humains.

Anaïs Ollagnier (laboratoire i3S) travaille sur cette question dans le cadre du projet CIIAM (Contextual Information Inference for Argument Mining) soutenu par l’Académie d’Excellence “Réseaux, Information et Société numérique”. Ses travaux portent sur l’apprentissage automatique et le traitement du langage naturel, avec un intérêt particulier pour la détection et la prévention du cyberharcèlement, l’analyse linguistique avancée et la modélisation des dialogues.

C’est en s’appuyant sur les techniques de pointe en génération de texte et en prompting — consistant à formuler des instructions ou des exemples en langage

naturel pour orienter les modèles de langage comme ChatGPT — que son projet vise à dépasser les limites des méthodes existantes, notamment en adressant la variabilité culturelle et l’implicite. Face à une phrase comme «Génial, encore une réunion qui va durer trois heures !», un modèle de langage pourrait naïvement interpréter cela comme un enthousiasme sincère, alors qu’un humain comprendrait immédiatement l’ironie.

Cela implique d’élargir la gamme des stimuli afin d’enseigner aux modèles de langue comment raisonner, en intégrant à la fois les savoirs nécessaires à la construction globale du sens et les processus impliqués dans sa création. Un exemple concret serait la transcription d’indices encodés grammaticalement, d’indices sociaux, ainsi que d’éléments liés aux croyances, désirs et intentions, tels que décrits dans les théories des actes de langage.

Ce besoin de contextualisation est particulièrement crucial dans les tâches de traitement automatique

du langage sensibles à la subjectivité, telles que l’analyse des sentiments ou la détection des discours haineux. En effet, la manière dont un contenu agressif est perçu — qu’il soit implicite, subtil ou apparemment neutre — peut varier fortement selon le contexte.

L’enjeu est donc de capitaliser sur ces informations abstraites pour construire un cadre contextuel explicite autour de chaque énoncé, permettant ainsi aux modèles de langage d’accéder à une compréhension plus fine et nuancée des interactions. En somme, la véritable avancée réside dans la capacité à comprendre le langage au-delà de sa forme, en tenant compte de la richesse contextuelle et des nuances humaines. Anaïs OLLAGNIER, Assistant

i3S

POPULATE SEMESTRE THÉMATIQUE SUR LES DYNAMIQUES DE POPULATION

Qu’est-ce que la dynamique des populations ?

La dynamique des populations s’intéresse à l’évolution dans le temps des caractéristiques des individus d’une population donnée. La population peut être constituée d’êtres vivants (poissons, oiseaux, insectes, humains ou virus) ou d’objets inorganiques (cendres, poussières, gouttelettes).

Diverses caractéristiques sont étudiées par les différentes communautés scientifiques, comme la taille de la population, l’âge des individus, leur poids, leur composition.

Quelles sont les applications concernées par la dynamique des populations ?

La dynamique des populations est un sujet de recherche avec des applications variées comme :

a) l’invasion d’espèces non indigènes dans le contexte de la protection des cultures et de la lutte contre les parasites (comme les plantes, les insectes ou les oiseaux) ;

b) la propagation des populations écologiques dans les zones marines (comme les poissons, les algues ou les micro-

organismes) ;

c) la dynamique des populations humaines (par exemple, la dynamique des foules, les flux de circulation) ;

d) la propagation d’organismes biologiques dans des contextes médicaux et/ou épidémiologiques (comme les bactéries, les virus ou les cellules tumorales) ;

e) l’évolution de la distribution de la taille des aérosols dans les sciences atmosphériques (comme la formation de gouttelettes dans les nuages) ;

f) la dynamique des disques protoplanétaires (avec la croissance des embryons planétaires par accrétion de poussières, les collisions entre de grands planétoïdes/planètes) ;

g) la croissance de particules indésirables dans les systèmes industriels (comme les particules de suie dans les moteurs à combustion).

Quels sont les objectifs attendus de ce semestre thématique ?

i. Créer une dynamique structurante entre les différents acteurs du site d’Université Côte d’Azur ; ii. Contribuer à l’attractivité et à la visibilité internationale d’Université Côte d’Azur.

Quels sont les moyens mis en œuvre ?

Grâce au financement de l’Académie d’Excellence “Systèmes Complexes”, trois événements de portée internationale sont prévus entre mars et octobre 2025.

1) Une conférence de printemps s’est déroulée du lundi 10 mars au vendredi 14 mars 2025, au Centre Inria d’Université Côte d’Azur à Sophia Antipolis sur le thème « Dynamique de population : des données aux modèles ».

2) Une école d’été se tiendra du lundi 16 juin au vendredi 27 juin au centre AEC Les Cèdres à Grasse sur le thème « Dynamique de population : des sciences fondamentales aux sciences appliquées ».

3) Une conférence d’automne aura lieu du lundi 13 octobre au vendredi 17 octobre

2025, au sein du laboratoire J.A. Dieudonné à Nice sur le thème « Dynamique de population : design, contrôle & optimisation ». Quelles sont les personnes impliquées ?

Le projet est animé par Christophe Henry, chercheur à l’Inria. Ses travaux portent sur la modélisation de la dynamique de particules solides en suspension dans des écoulements turbulents (comme le sable dans l’air, les sédiments dans les rivières ou le calcaire dans les tuyaux).

Le projet implique environ 15 laboratoires de recherche répartis dans 9 instituts d’Université Côte d’Azur.

Plus de détails sur la page web du projet : https:// project.inria.fr/populate2025/

Christophe HENRY, chercheur au centre Inria d’Université Côte d’Azur

MATINÉE « EN ROUTE POUR LA COP » :

DÉCRYPTAGE DES ENJEUX DU CHANGEMENT CLIMATIQUE EN PRÉSENCE D’HEÏDI SEVESTRE, GLACIOLOGUE

Nous le savons tous, la cryosphère est particulièrement impactée par le réchauffement climatique. Il apparait ainsi selon WWF que 13% de la glace arctique est perdue chaque année. En Antarctique, selon l’Organisation météorologique mondiale, durant les 50 dernières années, la côte ouest de la péninsule a été l’une des parties de la planète qui s’est le plus réchauffée, avec une hausse de 3 °C en moyenne.1,2 Mais les glaciers tempérés ne sont pas épargnés. Par exemple pour les glaciers alpins, sur les 5 glaciers suivis en France (dont la mer de glace), 36 mètres d’équivalent eau en moyenne ont été perdus.3 Ces quelques exemples montrent combien le suivi de l’évolution de la cryosphère est un critère clé et un point de vigilance dans la compréhension du réchauffement climatique global.

C’est en accueillant Heïdi Sevestre4, glaciologue originaire de Haute Savoie, qu’Université Côte d’Azur via son Académie d’Excellence “Espace,

Environnement Risque et Résilience” a clôturé son programme d’action “En route pour la COP 2024”. H. Sevestre est membre de The Explorers Club,5 et

Intervention de la glaciologue Heïdi Sevestre lors de la matinée Événement “En route pour la COP Climat. De Nice à Bakou, en passant par l’Arctique : décryptage scientifique et éclairages artistiques des enjeux climatiques”

Olivier Anrigo

travaille à l’AMAP, le programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique, l’un des groupes de travail du Conseil de l’Arctique.6

Avec une conférence passionnante mais alarmante, la glaciologue a présenté l’étendue de ses recherches sur les glaciers et leur vulnérabilité au changement climatique. Chiffres à l’appui, elle a fait état de la situation préoccupante actuelle et présenté une projection à plusieurs décennies. Elle a insisté sur l’urgence d’agir face à ce changement et à ses conséquences à toutes les échelles de nos sociétés (villes, régions …).

La centaine de participants de la matinée a pu échanger avec elle à l’issue de sa conférence mais également au cours de la table ronde qui a suivi sur la thématique “Enjeux climatiques & diplomatie scientifique”. Le débat a eu lieu en présence des membres de la délégation d’Université Côte d’Azur à la COP29, Saranne Comel (Directrice opérationnelle Europe et international de l’IdEx), Jean-Christophe Martin (Directeur de l’Institut de la Paix et du Développement et Titulaire de la chaire UNESCO «Paix et développement par le

droit») et Erwin Franquet (Vice-Président en charge des transitions environnementales et sociétales), et de 2 doctorantes d’Université Côte d’Azur, Nawel Belkessa, doctorante en radiochimie environnementale à l’Institut de Chimie de Nice et Abir Khribich, doctorante en sciences économiques au GREDEG. Les discussions ont donné lieu à des échanges passionnants entre H. Sevestre, chercheurs et étudiants sur le rôle d’une COP, son pouvoir d’action ou encore sur la place qu’occupe les scientifiques dans cette organisation mondiale.

1 Site web de WWF; https://www.wwf.fr/dossiers/les-causes-etconsequences-de-la-fonte-des-glaces, Avril 2025

2 T.A. Moon, M. L. Druckenmiller, R. L. Thoman, Eds, Arctic Report Card 2024, NOAA 2024

3 Ministère de la Tansition Ecologique, Fr; https://www.ecologie. gouv.fr/politiques-publiques/impacts-du-changement-climatiquemontagne-glaciers, Avril 2025

4 https://www.heidisevestre.com/fr

5 https://www.explorers.org

6 AMAP, Conseil de l’Arctique; https://www.amap.no

Christophe DEN AUWER

Responsable de Académie d’Excellence «Espace, Environnement, Risques et Résilience»

Olivier
Anrigo

MÉ TABOLOMIQUE AVANCÉE & MICROBIOME

Louis-Félix NOTHIAS a réalisé sa thèse de doctorat en codirection entre l’Université de Corse et l’Institut de Chimie des Substances Naturelles du CNRS à GIF-SUR-YVETTE. Il a découvert de nouvelles molécules antivirales isolées d’extraits d’Euphorbia de Corse, ouvrant ainsi la voie à l’exploration des applications de ces métabolites dans le domaine de la santé. Il a ensuite effectué un post-doctorat de six ans à l’Université de Californie à San Diego, dans le laboratoire du Professeur Pieter DORRESTEIN, pionnier de la métabolomique par spectrométrie de masse. Il a ainsi acquis une expertise approfondie en métabolomique, chimio-bio-informatique et intégration multi-omique, tout en collaborant avec des chercheurs issus de diverses disciplines. Ses travaux ont conduit au développement d’outils informatiques avancés pour l’analyse des métabolites, ces petites molécules essentielles aux processus biologiques des organismes vivants. Puis, pendant deux ans, en qualité de chercheur associé

à l’Université de Genève, il a étudié une collection de plus de 14 000 extraits de plantes grâce à la métabolomique.

En 2023, Louis-Félix NOTHIAS a pris un nouveau tournant en devenant titulaire d’une Chaire de Professeur Junior CNRS à Université Côte d’Azur, chaire associé à l’Institut Interdisciplinaire d’Intelligence Artificielle (3IA) de la Côte d’Azur. Au sein de son laboratoire d’accueil, l’Institut de Chimie de Nice, il s’intéresse à la métabolomique expérimentale et computationnelle, avec pour objectif d’améliorer la détection des métabolites produits par le microbiome. Ce dernier joue un rôle essentiel dans la régulation des fonctions biologiques, telles que l’immunité et le métabolisme et peut influencer l’apparition de maladies chez les plantes, les animaux et les humains. Comprendre ces interactions pourrait avoir des répercussions majeures dans des domaines variés comme la santé, l’agriculture ou la restauration écologique.

Cependant, l’étude des microbiomes présente de nombreux défis. Les méthodes traditionnelles d’isolement et d’étude des microbes sont coûteuses en temps et en ressources, et ne capturent qu’une fraction limitée de la diversité microbienne. De plus, l’identification des métabolites produits par ces micro-organismes est extrêmement complexe.

Le projet METABIOMICS,1 soutenu par l’Académie d’Excellence «Complexité et Diversité du Vivant», propose une approche multi-technologique innovante pour surmonter ces obstacles. En combinant l’isolement de cellules uniques et la métabolomique avancée, le projet vise à créer des bibliothèques microbiennes et à améliorer la détection des métabolites d’origine microbienne. En collaboration avec la Professeure Anne-Kristin KASTER de l’Institut de technologie de Karlsruhe, il développe des méthodologies alliant robotique pour l’isolement automatisé de micro-organismes à l’échelle de la cellule unique et spectrométrie de masse de pointe, afin d’augmenter la sensibilité et la spécificité dans la caractérisation des métabolites

microbiens dans des matrices biologiques complexes. L’intégration des données génétiques obtenues par le séquençage des micro-organismes permet d’améliorer la précision des identifications de métabolites effectuées à partir de la spectrométrie de masse.

En somme, via le projet METABIOMICS, LouisFélix NOTHIAS vise à transformer notre capacité à accéder aux microbiomes grâce à une approche multi-technologique novatrice, permise par le cadre interdisciplinaire exceptionnel d’Université Côte d’Azur. À terme, ces développements offriront aux chercheurs de nouveaux outils d’étude du potentiel métabolique des microbiomes et permettront d’évaluer leurs impacts sur la santé et l’environnement.

Carole BARON Chargée de missions de l’Académie d’Excellence «Complexité et Diversité du Vivant»

https://holobiomicslab.eu

FORMATION

RECHERCHE INNOVATION

DES LIEUX D’EXCEPTION

Campus Carlone - Établissement d’Université Côte d’Azur

LUMIÈRE SUR LES ACADÉMIES

HISTOIRE DES SAVOIRS ET DES IDÉES ET PRATIQUES DU NUMÉRIQUE (HISINUM)

La transformation numérique affecte profondément les pratiques des chercheurs dans le domaine des sciences humaines et sociales (SHS) et contribue à remettre en jeu, voire gommer les frontières des disciplines. Le partage d’outils numériques peut agir comme un catalyseur méthodologique entre disciplines suggérant une interdisciplinarité renouvelée, que ce soit au sein même des SHS ou entre les SHS et les sciences dites «dures». Les nouvelles pratiques induites par ces outils peuvent par exemple créer des ponts entre des processus de production et d’analyse des données qui peuvent être à l’origine très différents selon la discipline et l’objet de recherche. Ces pratiques requièrent l’acquisition de nouvelles compétences par les chercheurs, et conduisent à privilégier, par souci d’efficacité et de cohésion, l’usage d’outils partagés ou similaires, de bases de données communes et de méthodologies réplicables.

Le projet de consortium pluridisciplinaire « Histoire des savoirs et des idées et pratiques du numérique » (HISINUM), soutenu par l’Académie d’Excellence «Homme, Idées et Milieux » depuis 2023, a permis la fédération de trois équipes de recherche, quatre laboratoires et de partenaires institutionnels (BNF) et internationaux (chercheur.e.s d’universités en Italie, Allemagne et Suisse). Il s’agit dans une démarche structurante et ouverte de mutualiser des outils liés, interopérables et généralisables visant le renouvellement des pratiques de la recherche et de la gestion des données en sciences humaines et sociales.

La première équipe de chercheur.e.s en histoire de la pensée économique, coordonnée par Muriel Dal Pont Legrand (GREDEG), travaille sur la préservation et l’exploitation de l’héritage d’une science économique européenne. Il s’agit à la fois de développer l’usage

d’outils tels que la bibliométrie pour améliorer l’identification et la mise en réseau des fonds d’archives. L’équipe de chercheur.e.s en philosophie sociale et politique coordonnée par Mélanie Plouviez (CRHI), est engagée dans la création de nouveaux outils de navigation et d’exploration des bases de données des pensées « oubliées » sur la question de l’héritage au XIXe siècle dans une démarche de science ouverte. La troisième équipe est coordonnée par Arnaud Zucker (CEPAM) et Catherine Faron (I3S) dans le cadre du programme d’histoire des sciences sur la zoologie antique et médiévale, et se focalise sur l’analyse d’archives textuelles, iconographiques et matérielles, pour de nouvelles méthodes et de nouveaux services intelligents génériques d’analyse et d’annotation de données.

Ces programmes de recherches mettent en commun compétences, outils et réflexions méthodologiques et exploitent ces synergies pour permettre une montée en compétence, une diffusion et une cristallisation de ces savoirs. Pour engager une dynamique de site durable, le consortium organise des séminaires ouverts de mise en commun des problématiques et des résultats et des formations.

Muriel Dal Pont Legrand

Professeure des universités en sciences économiques, Vice-Présidente Europe, GREDEG

Mélanie Plouviez

Maîtresse de conférences HDR en philosophie sociale et politique, CRHI

Arnaud Zucker

Professeur de langue et littérature grecques, Responsable de l’Académie 5, CEPAM

Catherine Faron

Professeure des universités en sciences informatiques, I3S

OUT OF THE BOX

Le Programme Innovation de l’Initiative d’Excellence d’Université Côte d’Azur a pour objectif de soutenir et de promouvoir l’innovation et de financer des partenariats public-privé. Découvrez dans cette rubrique les projets soutenus par l’IdEx qui participent à la valorisation d’innovations majeures ou radicales issues de la recherche azuréenne.

Roca Therapeutics

Fondée en 2021 à Nice, Roca Therapeutics est une start-up de biotechnologie issue des travaux de quatre chercheurs de l’Institut de Recherche sur le Cancer et le Vieillissement de Nice (IRCAN) et de l’Institut de Chimie de Nice (ICN).

Depuis plus de 10 ans, les recherches menées par les Dr. Maeva Dufies, Rachid Benhida, Gilles Pagès et Cyril Ronco se sont concentrées sur la compréhension des mécanismes de résistance aux traitements dans les cancers et les pathologies oculaires, en particulier le mélanome uvéal. Ces efforts ont abouti au développement de deux inhibiteurs pharmacologiques, RCT001 puis RCT002, ouvrant ainsi la voie à la création de Roca Therapeutics.

Le mélanome uvéal est une maladie rare et agressive pour laquelle les options thérapeutiques sont limitées. Actuellement, le traitement de la tumeur oculaire repose principalement sur une radiothérapie spécifique par proton. Bien que cette approche présente des effets thérapeutiques indéniables, 30 à 50% des patients développent une maladie métastatique, avec une dissémination des cellules tumorales dans le foie, souvent létale en moins de deux ans. De plus, le développement par les patients d’une maculopathie radique, caractérisée par la formation de vaisseaux sanguins dans l’œil, est un effet secondaire de la proton thérapie. Il peut entrainer une diminution de la vision, voire la cécité et l’énucléation dans 30% des cas.

Roca Therapeutics ambitionne de positionner son programme RCT001 comme une solution thérapeutique innovante pour le mélanome uvéal métastatique. La nouvelle molécule phare de la StartUp, RCT002, cible le traitement des complications angiogéniques et inflammatoires, associées à la

protonthérapie du mélanome uvéal. Cette approche repose sur le développement d’inhibiteurs capables de neutraliser les mécanismes responsables de la maculopathie radique. Afin d’optimiser son administration, l’équipe a mis au point une formulation spécifique permettant une application topique oculaire sous forme de collyre. Ce médicament révolutionnerait la prise en charge des patients traités actuellement par des injections intravitréennes d’antiVEGF partiellement efficace et traumatisantes.

Actuellement, Roca Therapeutics réalise les études de toxicité réglementaires et prépare une demande de consultation scientifique auprès de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) afin de pouvoir initier prochainement les essais cliniques concernant le traitement de la maculopathie radique, dont le lancement est un des principaux objectifs à l’horizon 2026-2027. Cette technologie pourrait s’avérer être également une solution thérapeutique contre les pathologies oculaires néoangiogéniques telles que l’œdème maculaire diabétique.

Dans sa phase de création, Roca Therapeutics a bénéficié du soutien d’Université Côte d’Azur à travers

MAEVA DUFIES
ZAKI SELLAM
GILLES PAGES
RACHID BENHIDA
CYRIL RONCO

concurrentiel

le Programme Innovation de l’Initiative d’Excellence en tant que lauréate des Appels à Projets « Startup Deeptech » puis « Partenariat Innovation ». Par ailleurs, l’intérêt du travail mené par l’équipe de Roca Therapeutics est reconnu par l’écosystème azuréen de l’innovation notamment le Cancéropôle PACA, la SATT Sud-Est, l’Incubateur PACA, le Pôle de Compétitivité Eurobiomed, la Région Sud et la Métropole de Nice. Ainsi, Roca Therapeutics est lauréate du concours i-Lab, organisé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, en partenariat avec Bpifrance. Ces reconnaissances ont permis à Roca Therapeutics la réalisation d’une partie de son programme de R&D et de renforcer la conviction de ses investisseurs.

Elle a d’ailleurs su attirer d’importants financements d’investisseurs internationaux, comme 3B Future. Roca Therapeutics accélère encore son développement, en travaillant sur une levée de fonds

en Série A, comprise entre 6 - 10 millions d’euros, permettant notamment de concrétiser la réalisation des essais cliniques.

Cette belle Start-Up, constituée autour d’une équipe interdisciplinaire, complémentaire et dynamique, ambitionne de révolutionner les thérapies oculaires avec un traitement innovant non invasif. Elle offrirait de réels espoirs pour les patients atteints le mélanome uvéal.

Maeva Dufies & Sébastien BIEHLER

A voir le site de ROCA THERAPEUTICS : http://www.roca-therapeutics.org/

Positionnement
visé de la molécule RCT002

Innofenso

l’espoir naturel contre les ravageurs agricoles

En 2022, pas moins de 230 000 tonnes de produits phytosanitaires ont été épandues en Europe pour protéger les cultures des insectes ravageurs. Ce chiffre vertigineux illustre la dépendance encore massive de l’agriculture européenne aux solutions chimiques. Pourtant, la nature sait se défendre. Des alternatives existent : durables, précises, et respectueuses des écosystèmes.

C’est précisément sur ce créneau que s’est positionnée Innofenso, jeune pousse française fondée en 2024 à Nice et hébergée dans les locaux de l’Institut Sophia Agrobiotech, au cœur de l’écosystème scientifique azuréen. Issue de dix années de recherche collaborative, la start-up est née de la rencontre entre biotechnologie de pointe et agroécologie appliquée. Lauréate de l’appel à projets « Start-Up Deeptech », Innofenso s’appuie sur les expertises de l’Institut Sophia Agrobiotech (ISA) et du laboratoire GREDEG d’Université Côte d’Azur, alliant sciences du vivant et innovation économique.

La technologie développée par Innofenso est unique. Brevetée, elle repose sur l’exploitation de la diversité génétique naturelle des insectes et l’assemblage raisonné de plusieurs espèces

d’auxiliaires indigènes, soigneusement sélectionnées pour leur complémentarité. Résultat : des solutions de biocontrôle sur mesure, adaptées à chaque culture, chaque terroir, chaque ravageur — sans impact sur les plantes, le sol ou la santé humaine. Un biocontrôle “innofensif”, comme le nom de la société aime le souligner.

Alors que le marché mondial du biocontrôle croît de 16 % par an et devrait atteindre 13,7 milliards d’euros d’ici 2027, la demande pour des solutions naturelles explose. Innofenso entend y répondre avec une technologie déjà mature, qui présente un avantage de taille : elle ne nécessite pas d’autorisation de mise sur le marché selon la réglementation européenne en vigueur, ce qui en fait une alternative immédiatement opérationnelle.

Après une étude de marché approfondie, la start-up a choisi de concentrer ses premiers déploiements sur les filières les plus affectées par le retrait des substances actives chimiques. Dès 2025, ses solutions seront ainsi utilisées en conditions réelles sur le terrain, dans sept filières agricoles – des plantes à parfum aux fruits et légumes, en passant par les prairies – réparties sur six départements des régions Provence-AlpesCôte d’Azur, Nouvelle-Aquitaine et Bretagne.

Derrière ce projet ambitieux, deux cofondateurs aux parcours complémentaires : Christophe Vasseur, entrepreneur aguerri en biotechnologie, et Nicolas Ris, ingénieur-chercheur à l’INRAE, fort

CHRISTOPHE VASSEUR
NICOLAS RIS

de vingt années d’expérience dans le domaine du biocontrôle. Entourés aujourd’hui d’une équipe de cinq personnes, ils ont su fédérer un large réseau d’acteurs autour d’eux : Bpifrance, HECTAR, les incubateurs Provence Côte d’Azur et HEC Paris, ou encore le pôle de compétitivité Innov’Alliance.

Depuis sa création, la start-up a déjà été récompensée par sept prix d’innovation, dont le prestigieux concours national i-Lab en 2023, et le Prix de l’Entreprise Innovante décerné par la Métropole Nice Côte d’Azur en 2024.

FORMATION RECHERCHE INNOVATION

En 2025, Innofenso prépare sa première levée de fonds pour accélérer son développement commercial et étendre ses recherches à de nouveaux marchés agricoles, en France comme à l’international. L’objectif est clair : faire de la biodiversité un levier technologique et économique au service d’une agriculture résiliente.

Soutenir Innofenso, c’est croire en une autre manière durable de nourrir le monde.

DES LIEUX D’EXCEPTION

Campus Saint Jean d’Angély - Établissement d’Université Côte d’Azur

Agenda IdEx 2e semestre 2025

10 juillet 2025

Ateliers Elsevier Visibilité et Impact de la Recherche

15 juillet 2025

Inauguration

du Centre OMS Jacques Sinard

Septembre 2025

Journée des Jeunes Chercheurs

Octobre 2025

IdEx Tour (Recherche, Innovation et International/Europe)

Novembre 2025

COP Miroir

L’IdEx moteur d’excellence et de développement L’IdEx moteur d’excellence et de développement

Plongez au cœur de l’Initiative d’Excellence d’Université Côte d’Azur

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