La Lettre du CAGI n°20, Novembre-Décembre 2013

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SOMMAIRE 1 - PREMIÈRES LETTRES

Les limites de la diplomatie territorialisée F. Reno, Professeur, directeur du CAGI

C Numéro20 Novembre-Décembre 2013

Coopération et Intégration Régionale Directeur de publication Corinne MENCE-CASTER Rédacteur en chef Fred RÉNO Mise en page Adrien SORIN Contact Rond Point Miquel - 0 590 83 48 47

e numéro 20 de notre Cepalc en témoigne : lettre est consacré à la “La Martinique et la Guadeloupe ouvrent aujourd’hui, coopération régionale. une ère nouvelle, l’ère d’une Nous remercions les deux diplomatie territorialisée et ambassadeurs et le conseiller au-delà, l’ère d’une nouvelle économique… à la coopération et à l’action diplomatie culturelle de l’ambassade de Mais si votre institution acFrance à Sainte Lucie de nous cepte notre adhésion, au delà avoir accordé un entretien sur de l’affection partagée, c’est ces questions importantes au aussi un champ élargi et noumoment où l’UAG se fissure et veau, de coopération sud sud qui s’ouvre à nous” . 1 implose. Les régions de Guadeloupe, Guyane et Martinique Les demandes d’adhésion des s’apprêtent à adhérer à l’AEC régions d’outre mer aux or(Association des Etats de la ganisations régionales de la Caraïbe) au Caricom (marché Caraïbe et la nomination de commun des Caraïbes), à la chargés de mission dans les Cepalc (Commission économ- ambassades françaises illusique pour l’Amérique latine trent bien la volonté des auet les caraïbes), et à l’OECS torités locales décentralisées (Organisation des Etats de la d’occuper l’espace caraïbe Caraïbe orientale) Le temps dans des créneaux jusque là ocoù l’exercice de compétenc- cupés par l’Etat. L’intervention es internationales relevait locale sur des questions instrictement de prérogatives ternationales est limitée au régaliennes semble révolu. champ de compétences des Le discours de l’insertion qui autorités décentralisées et consistait à manifester son ex- reste largement tributaire istence, fait désormais place d’une autorisation de l’Etat. à une intention bien réelle de Les textes sont sans équiparticipation à une dynamique voque. “Les régions d’Outre mer peuvent, avec l’accord des caribéenne. L’extrait ci-dessous du discours autorités étatiques, être memdu président du conseil région- bre associé ou observateur des al de la Martinique à l’occasion organismes régionaux avec de sa demande d’adhésion à la lesquels ils ont la possibilité de

- Édito - Sommaire

2 - L’ACTU

- La France et la coopération régionale - Entretien avec J-Y. Lacascade - Facteurs et obstacles à l’adhésion aux organisations régionales

signer des engagements inter5 - HUMEURS ET ACTUS nationaux”.2 Des tensions pourraient surgir de cette nouvelle configuration qui autorise les Régions à développer des stratégies autonomes parfois dans les mêmes espaces, sans que l’Etat ait renoncé à contrôler ces actions décentralisées. Lors de la dernière conférence de coopération régionale organisée par les services de l’Etat, le ministre des outremer a clairement manifesté sa volonté de replacer les ambassadeurs au centre de la diplomatie territorialisée. Il a proposé que ces diplomates soient destinataires des informations collectées par les chargés de mission.des régions. L’objectif étant que ces informations soient ensuite envoyées dans l’ensemble des régions d’outre-mer. De ce point de vue, le cas de l’ambassade de France à Sainte Lucie et auprès des pays de l’OECS sera un test intéressant. Deux chargés de missions installés dans l’ambassade représentent distinctement la Guadeloupe et la Martinique. Ces régions accepteront-elles cette interprétation étatique de la diplomatie territorialisée ?

1 -Discours de Serge Letchimy 34ème session de la Cepalc San Salvador 31 août 2012 2 - article L4433-4-5 du CGCT Voir aussi circulaire http://circulaires.legifrance.gouv.fr/pdf/2012/03/cir_34914.pd

- Larry Frébo - On peut rire de tout, avec le WWW

7 - ESPACE

- Effectuer un stage en ambassade - Inégalité et territoires (Pt.2)

9 PAGE CARAÏBE

- Quelle 2de langue pour le Caricom ? - sociétés civiles et coopération - Intégration régionale des DFAs - Coopération extra universitaire - L’adhésion des collectivités françaises aux organisations régionales

12 - LE MOIS DU CAGI

- Soutenance de thèse : P. Obertan - Conférence de coopération régionale

AGENDA

- 22 novembre : rencontre de relance du projet Caribbean Heritage Connections à Sainte Lucie - Journée d’étude sur la crise économique le 28 novembre, animée par Christian Saad, Jean-Michel Cusset et Pierre-Yves Chicot sur le campus de Fouillole - 6 décembre : séminaire en Jamaïque à l’institut de Salisses sur le thème “économie politique et politiques publiques dans la caraïbe”


ACTU

Entretiens autour du thème : le dispositif français de coopération régionale en caraïbe

Q

uel est le dispositif français actuel de coopération dans la zone des petites Antilles ?

Michel Prom, ambassadeur de France auprès des Etats membres de l’OECO Fred Constant, ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone Antilles – Guyane Îles Vierges COOPÉRATION DANS LES ÉTATS DE LA CARAÏBE ORIENTALE (ROYAUME-UNI) Jean-Luc Mure, conseiller régional de coopération – zone Caraïbes, ambassade de France à Castries, Sainte-Lucie ANTIGUA-ET-BARBUDA : Population : 87 000 habitants

Revenu par habitant : 16 567 US$ ainsi àÎlesl’objectif d’intégration Taux de croissance : – 4,1 % (FRANCE) Vierges Taux d'alphabétisation : 99 % à l’environnement régional (PAYS-BAS) (ÉTATS-UNIS) Taux de pauvreté : 18,3 % de ces dernières. On peut (FRANCE) FED : 3,43 M€ ajouter que ce dispositif comen cours de réouverture prend également la délégaBarbuda (PAYS-BAS) tion de l’AFD en Martinique ANTIGUApour ce qui concerne les acBASSETERRE ET-BARBUDA tions menées par SAINT-CHRISTOPHEl’agence SAINT JOHN'S Antigua avec les pays ou organisations ET-NIÉVÈS relevant deSAINT-CHRISTOPHE-ET-NIÉVÈS la compétence : Population : 56 000 habitants des ambassades concernées. Revenu par habitant : 12 977 US$ Montserrat

À noter que ce dispositif s’appuie dorénavant à plus de 90% sur les ressources culturelles, éducatives, universitaires, d’expertise et de recherche présentes dans les DFA (services de l’Etat, collectivités, associations et autres structures), concourant

Ce dispositif concourt à 408 l’intégration régionale des collectivités françaises

(R.-U.)

A T L A N

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Saint-Barthélemy

Taux de croissance : – 1,5 % Taux d'alphabétisation : 97,8 % Taux de pauvreté : 21,1 %

O C É A N

cohérence d’actions menées en matière de coopération régionale à l’échelon déconcentré de l’Etat – ambassades et préfectures – comme au niveau des collectivités d’outre-mer. C’est le rôle complémentaire joué par l’ambassadeur délégué à la coopération DONNÉES AGRÉGÉES : régionale dans la habitants zone AnPopulation : 601 000 par habitant : 11 (DCRAG), 903 US$ tilles Revenu – Guyane de croissance : – 0,3 % placéTaux sous la double tutelle Taux d'alphabétisation : 93,9 % Taux de pauvreté : 27,5 des ministères des% affaires Coopération : étrangères et universitaire des outre-mer.

Golfe

Saint-Martin

Saba

Deux postes diplomatiques, les ambassades de Castries et de Port d’Espagne, placés sous la responsabilité respective de l’Ambassadeur de France accrédité auprès des Etats membres de l’OECO et de l’organisation elle-même, et l’Ambassadeur de France accrédité auprès de Trinidad et Tobago et de la Barbade, et de l’AEC. Ce dispositif diplomatique est complété d’un dispositif consulaire, sous son autorité, composé de consuls honoraires présents dans les Etats et territoires où il n’y a pas d’ambassade. Un Service de coopération et d’action culturelle, à Castries, à double vocation OECO et régionale (zone Caraïbes). 7 Alliances Françaises : Dominique, Grenade, Saint-Christophe et Niévès, Sainte Lucie et SaintVincent et les Grenadines pour l’OECO, Barbade, Trinidad, et l’implantation à l’AF Castries de la délégation de la Fondation Alliance Française pour les Petites Antilles.

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PANAMA

COLOMBIE

VENEZUELA 0 500 km GUYANA

une liaison permanente avec les organisations régionales (ici l’OECO) dans les domaines de compétence du conseil régional. Ils pourront apporter leur concours au travail de la mission diplomatique auprès de laquelle ils seront affectés, avec qui ils coordonneront leurs actions, complémentaires, ou spécifiques.

Quel est le rôle de l’ambassade dans le processus d’adhésion 6 étudiants en France (Ste-Lucie, Dominique, des collectivités françaises Grenade) ; 5 bourses de stage en France Guadeloupe aux organisations internaComment concevez vous AFD : Fonds CRIF (5 M€) ; fonds FFEM (FRANCE) tionales ? l’activité (1,4 M€)des chargés de misde coopération régionale sion àFonds la coopération régionau titre de 2011 (Martinique : 450 000 €, ale, Guadeloupe nommés à l’ambassade L’adhésion des collectivités : 500 000 €) de France à Saint Lucie par françaises comme membres asDOMINIQUE : Sources : FMI, Banque mondiale, UNESCO, CDB Population : 73 000 habitants les Régions de Martinique et sociés d’organisations régionQuelle est l’articulation entre Revenu par habitant : 10 456 US$ 280 Taux de croissance : 1,4 % DOMINIQUE ales et en particulier l’OECO de Guadeloupe ? les fonctions d’ambassadeur Taux d'alphabétisation : 88 % ROSEAU Taux de pauvreté : 28,8 % est une possibilité ouverte à la coopération et celles des Production d'électricité Conformément aux dispo- par la loi et a reçu l’appui de ambassadeurs en poste FED : 10,7dans M€ géothermique (4 M€) ; Réhabilitation d'une route sitions pertinentes du code l’Etat. Le processus de négola Caraïbe ? (16 M€) général des collectivités ter- ciation pour cette adhésion Siège de l'AFD ritoriales, les DFA peuvent, relève des régions en coordiLes ambassadeurs chefs de Martinique (FRANCE) dans les conditions détermi- nation avec l’Etat. Les ambaspostes, implantés dans les amnées par une convention con- sadeurs, chef de poste diplobassades de la sous-région, clue avec l’Etat, désigner des matique comme délégué à la sont accrédités auprès des SAINTE-LUCIE : Coopération décentralisée agents publics de la collec- coopération régionale AntilEtats tiers où avec ils lareprésentent Martinique Population : 175 000 habitants CASTRIES Revenu par habitant : 10 277 US$ de jumelages) accompagnent tivité territoriale chargés de la les-Guyane, la France pour (accords toutes les quesTaux de croissance : 1,1 % Accords de coopération avec SAINTE-LUCIE Taux d'alphabétisation : 94,8 % CHU de Fort-de-Franceex- Taux de pauvreté : 28,8 % les démarches des régions Gpe représenter au sein des mistions relatives àle(formation la politique de personnel hospitalier) et Mque auprès des organisasions diplomatiques et consutérieure. FED : 8,1 M€ SCAC (1 expatrié , 1 VI et laires de la France implantés tions régionales et facilitent les Dans un environnement com- 473 F 2 recrutés locaux) BARBADE dans leur environnement ré- contacts et le dialogue entre plexe et spécifique comme gional. Deux agents, nommés les autorités des Etats tiers, les celui de la Caraïbe, où sont “chargés de coopération ré- secrétariats généraux de ces géographiquement, culturelSAINT-VINCENT-ET-LES-GRENADINES : KINGSTOWN Population : 107 000 habitants SAINT-VINCENT-ETgionale” pour la Région de Gpe organisations, les services de lement et historiquement Revenu par habitant : 10in261 US$ LES-GRENADINES de croissance : 0,5 % et de la Mque seront ainsi dé- l’Etat et les collectivités dans tégrés les DFA,Taux la France Taux d'alphabétisation : est 88,1 % : 30,2 % ployés, avant la fin de l’année les DFA. L’objectif est commun aussi présenteTauxàde pauvreté travers de : 7,8 M€ 2013, au sein du poste de Cas- et partagé, dans le cadre de nombreux services deFEDl’Etat, 224d’organismes tries. Ils seront plus particu- la mise en place d’une diplodes collectivités, GRENADE : GRENADE Population : lièrement 103 000 habitants chargés du suivi des matie économique et territode recherche… Ceci rend Revenu par habitant : 10 881 US$ 200 Taux de croissance : 0,8 % bilatérales de coopérariale dans la zone des Petites actions nécessaire une impulsion, une Taux d'alphabétisation : 96 % FEDde : 11 M€ SAINT-GEORGES Taux de pauvreté : 37,8 % tion régionale et maintenir Antilles. coordination et une mise en FED : 4,5 M€

0

50

100 km

Ministère des Affaires étrangères et européennes, direction des Archives (division géographique) © 10 mai 2011

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Entretien avec Jean-Yves Lacascade Propos reccueillis le 3 août 2013 par Fred Réno

Jean-Yves Lacascade, Chef du service coopération et affaires européennes Region Martinique Les régions françaises des - Un Fond de coopération récaraïbes ont souhaité adhé- gional permet de financer ces rer aux organisations région- actions ales de la zone, pourriez vous nous rappeler les compétencPour l’OECS et es de la collectivité régionale le Caricom : une en matière de coopération ? Il convient tout d’abord de rappeler le contexte dans lequel s’inscrit cette démarche. L’Etat dans le cade de la diplomatie territoriale encourage une politique d’internationalisation de l’action des collectivités, soiit une externalisation de leurs compétences locales. Par exemple le domaine de l’énergie se prête tout à fait à cette évolution. La politique étatique encourage également les relations de voisinage. Celle-ci vise à renforcer la coopération avec les collectivités et les pays voisins. - Au plan national la loi prévoit la possibilité pour le président de la Région de représenter l’Etat dans les pays voisins sur des questions relatives aux régions d’outre-mer. - Dans le cadre de leurs compétences propres, les collectivités peuvent mener des actions internationales moyennant l’autorisation de l’Etat. Il faut par conséquent s’assurer que les projets soient conformes au principe de respect mutuel des compétences. - Les collectivités peuvent adhérer aux organisations régionales de la zone. - Les agents des collectivités locales peuvent être placés dans des postes consulaires de l’Etat.

négociation approfondie s’impose

Où en est le processus d’adhésion de la Région Martinique à ces organisations régionales de la Caraïbe ? Comment se mettent en œuvre ces orientations ? Le Président de la Région Martinique, suite à une plénière du 19 janvier 2012 a reçu mandat pour négocier le processus d’adhésion de la collectivité en qualité de membre associé à la CEPALC (ECLAC en anglais). - Concernant la CEPALC, après accord préalable du ministre des affaires étrangères, la Martinique y a fait son entrée officielle en août 2012 comme membre associé. La directrice de la CEPALC est attendue à la Martinique. Nous avons fait une visite à la CEPALC en juin 2013. Plusieurs actions sont annoncées, notamment un projet de base de données statistiques sur l’économie de la Martinique. Et plus globalement la prise en compte des collectivités d’outre-mer dans les travaux de la CEPALC dont la principale activité est de réaliser des études sur l’’Amérique latine et les Caraïbes.

- À l’AEC, nous avons adressé une demande formelle d’adhésion comme membre associé. Il faut rappeler que c’est la France qui détient cestatut au titre de ces départements et régions d’outre-mer. La demande a été examiné par les chefs d’états de la Caraïbe réunis en Haïti. L’AEC est donc favorable à une modification de l’accord qu’elle a signé avec la France pour tenir compte de la demande de la Martinique et de la Guadeloupe.. Il n’ya pas eu de demande formulée par la Guyane. L’adhésion devrait être formalisée en février 2014 au Mexique. - En juin 2013 le secrétaire général du CARICOM a accepté le principe d’une adhésion comme membre associé. La question sera réexaminée lors d’un prochain sommet à Saint Vincent en février 2014. - Quant à l’OECS, nous avons suivi la même démarche. La demande a été soumise à la Haute Autorité qui est l’instance supérieure composée de chefs d’Etats et de gouvernements. La demande doit faire l’objet d’examens techniques qui ne se posent pas pour l’adhésion à la CEPALC et à l’AEC où la France siège déjà. Concernant l’OECS et le CARICOM il s’agit d’une adhésion directe qui suppose une négociation approfondie sur des questions techniques et juridiques pour une adhésion fondée sur les compétences internes de la Région Martinique.

Quelle perception l’Etat a de ce processus ? La perception est positive car il s’agit d’un processus innovant dans le cadre de la politique extérieure de la France. L’insertion régionale est perçue comme un élément important cette politique extérieure. Il est en effet nécessaire de participer à la gouvernance des organisations qui déterminent les stratégies de développement de la Zone. Notre présence dans ces organisations peut permettre d’accroitre l’influence de nos pays et de prendre en compte leurs réalités, ceci se faisant dans le cadre des compétences de chacun. Désormais une synergie peut être plus facilement établie entre des organismes comme l’AFD (agence française de développement, la BIRD (Banque Interaméricaine de développement. L’articulation peut être également plus aisée avec le dispositif diplomatique de la France dans la zone.

Il s’agit d’un processus innovant dans le cadre de la politique extérieure de la France

La Région Martinique a nommer des chargés de mission qui seront en poste dans certaine ambassades de France dans la Caraïbe. Pourquoi une telle initiative ? Quelles seront les missions de ces agents de la Région ? Notre objectifs est précisément de mettre en place les outils de cette nouvelle politique de coopération Le nouveau dispositif permet d’avoir des représentants des collectivités dans les pays tiers. Le fait de pouvoir installer des agents de la Région permet de travailler dans un contexte de protection diplomatique, de proximité, de valoriser nos atouts dans le domaine de la diplomatie économique. Il s’agira pour ces agents de répertorier les opportunités de promotions e nos exportations, d’assurer un suivi sur le terrain des actions de la Région. Chaque agent aura une mission clairement définie, une feuille de route dont on attendra des résultats concrets. Ces actions pourront bénéficier de la mobilisation d’un fond de coopération qui leur sera dédié.

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Facteurs et obstacles à l’adhésion de la Martinique et de la Guadeloupe aux organisations régionales de la Caraïbe

Salammbô Guibert-Soutade, étudiante en science politique

L

a zone des Caraïbes comprend une multiplicité d’organisations internationales. Celles-ci illustrent le régionalisme comme réponse aux difficultés de la mondialisation. Cependant la diversité des perspectives intentionnelles n’empêche pas de traduire une certaine cohésion dans cet espace. En effet, toute volonté de structuration collective suppose une certaine unité. La question qui se pose alors est de savoir si les DFA, intégrés géographiquement à cet environnement, sont légitimes à demander leur adhésion à des organisations régionales telles que l’AEC ou l’OECO ? Tout d’abord, la Caraïbe pourrait apparaitre comme un espace unifié si l’on considère certains facteurs culturels. La langue avec le créole ou encore la religion catholique peuvent jouer comme des points communs. D’un point de vue géographique, cette mer en partage, mais aussi les facteurs climatiques (exposition aux risques de catastrophes naturelles, patrimoine environnemental) semblent contredire l’opposition entre la Caraïbe insulaire et continentale revendiquée par Eric Williams. Cependant la géographique humaine met en avant des différences. En effet, les îles affichent des densités de populations bien supérieures à celles des Etats continentaux, alors que la superficie des territoires qui

composent la région varie fortement. Ainsi, quel serait le poids décisionnel de la Martinique et de la Guadeloupe dans l’AEC face à la Colombie ?

Quel serait leur poids décisionnel dans l’AEC face à la Colombie, vu leur démographie ?

faveur de l’adhésion : la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane ont un PIB/ habitants compris entre 15 000 et 20 000$, ce qui représente 10% de la richesse produite par l’espace insulaire des Caraïbes. Cette variable ne permet-elle pas d’affirmer que ces régions ont une place justifiée dans l’organisation de la zone Caraïbe ? Néanmoins les écarts de richesses économiques ainsi que majoritairement, le faible niveau de vie, font penser que cette zone appartient au monde en développement. Quel est alors l’intérêt d’ouvrir son commerce avec des pays qui disposent d’un faible potentiel de pouvoir d’achat ? De plus, le tourisme, principale activité de la Caraïbe, témoigne des liens qu’entretiennent toujours ces territoires avec leur ancienne ou actuelle métropole1. Au niveau européen, on constate une diversité des statuts juridiques. Les DFA sont considérés comme des RUP ou alors des PTOM et reçoivent donc plus de subventions de la part de l’UE alors que les autres pays font partie du CARIFORUM et sont donc soumis aux APE Cette différence de classification au niveau du droit européen n’est-elle pas un obstacle à l’adhésion ?

Une approche historique permet d’isoler un espace caractérisé par la colonisation. Malgré des modèles politiques et institutionnels opposés (anglophone et français), le bassin caribéen reste marqué par un processus de peuplement influencé par cet héritage et qui se traduit encore aujourd’hui par des sociétés fragmentées, en quête identitaire parfois jouant ainsi comme frein à la construction régionale. De plus, cette histoire a instauré des statuts juridiques très divers (Etats indépendants, départements français d’outremer, colonies de la Couronne britannique, pays d’outre-mer néerlandais et territoires souverains des USA). Mais cette diversité n’est pas un obstacle pour l’AEC qui veut construire la grande Caraïbe et donc ne s’oppose pas à l’entrée d’acteurs sociaux et même d’autres organisations en son On peut se demander aussi si cette volonté de coopérasein. tion régionale mise en avant Le facteur économique ap- notamment par le concept de parait comme un élément en diplomatie territoriale2, ne

reflète pas des intérêts et des tions sont essentiellement orijustifications plus concrets ou entées sur des secteurs qui ne correspondent pas aux champs réels ? de compétences de ces réD’un point de vue politique, le gions ? La question du financeprincipe de subsidiarité sous- ment devient alors sensible : à tendu par une vision libérale quelle hauteur devraient consemble un argument dans tribuer les DFA au fonctionnele sens de l’adhésion. Il est ment de l’organisation, alors préférable que les conseils ré- qu’ils n’auront sûrement pas gionaux des DFA disposent le même poids et les mêmes de la responsabilité de cet- avantages que les autres te politique de coopération ré- membres ? Comment financer gionale car c’est l’entité la plus ? Qui devra siéger (incompaticapable de l’organiser. Cela bilité des traités…) ? pourrait aussi permettre un rayonnement encore plus im- La stratégie énergétique portant de la francophonie et devient aussi un enjeu primorun soutient au poids décision- dial. L’exemple de Pétro caribe reflète les avancés qui peuvent nel de la France à l’ONU. avoir lieux dans le secteur de la coopération énergétique. Il Quel est leur alors évident que les intérêt à adhérer semble DFA auraient intérêt à établir coopération dans ce dosi les interventions une maine. diffèrent de leurs

compétences ?

Enfin, des arguments géopolitiques permettent de dire que l’adhésion semble animée principalement par ambition d’instaurer un contrepoids à la puissance américaine. Les échanges économiques traduisent cette hégémonie3. Il faut aussi noter que la répartition des compétences entre l’Etat et les conseils régionaux des DFA, n’offre qu’une faible opportunité d’action pour les collectivités d’outre-mer. Quel est alors l’intérêt pour les DFA d’adhérer à une organisation régionale dont les interven-

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1 - La part des échanges réalisés au sein du CARICOM ne représente que 5% du commerce extérieur de chacun des Etats membres. 64% pour la Guadeloupe et 21% pour la Martinique des exportations vont vers la Métropole. 2 - Ensemble des actions de coopération internationale menées par convention par des collectivités territoriales. Ces actions prennent des formes diverses comme le jumelage, les programmes ou projets de développement, les échanges techniques… 3 - Le marché européen ne représente que 20% du marché extérieur caribéen alors que le marché nord-américain absorbe plus de 50% des échanges.


HUMEURS & ACTUS

Because Toujours, tu m’intéresses…

Larry Frébo

L

a question est de savoir si comme le croient certains les choses ont une cause dontoquelle ou si comme l’avancent d’autres, elles arrivent parceque. Voilà l’interrogation métaphysique, qui a surgi hier soir dans ma salle de bain sous la forme d’un type qui me regardait dans la glace, me menaçant d’une brosse à dents. Certes la journée avait été rude. Mais je voyais bien que la nuit de sommeil que mon oreiller m’invitait à partager n’aurait pas raison de cet hurluberlu.

Et alors la phrase de Rimbaud “je est un autre” surgit à mon esprit esbaudi. Etalant ma pastille de Colgate rituelle, j’étalai dans un même mouvement réflexif l’aphorisme rimbaldien qui fait de la création artistique une force qui s’impose à l’artiste. Le poète, pas d’avantage que le musicien ne maîtrise ce qui s’exprime en lui. L’œuvre s’auto-engendre. On l’entend clairement dans les musiques vociférantes et gesticulatoires postmodernes dans lesquelles nos contrées excellent, et qui évoquent les splendides éructations néantderthales de nos pourtant lointains cousins cavernoïdes. Preuve que nou ka touné en won an won an won pour dire comme mon ami Soft… Et donc de la même manière que mes pensées me pensent, mon corps me contraint, me contrit, me contrarie. Il s’impose à moi dans la dic-

tature de ses orifices et le ricanement de sa tuyauterie intime. Il échappe à ma maîtrise comme la maîtresse mal blasée échappe à l’amant dont elle a tantôt dressé le cadastre. Ce n’est pas mon œuvre qui façonne mon visage, c’est l’œuvre du temps qui y creuse ses pensées.

Le poète, pas d’avantage que le musicien ne maîtrise ce qui s’exprime en lui Il me vient alors le philosophe Lévinas dont je crois me souvenir qu’il a fait du visage une figure clé de son œuvre. Je ne sais plus ce qu’il en dit ; quelque chose de la rencontre avec l’autre étranger dont le visage serait place forte ou plas a Man Réau, reconduite à la frontière ou reconduction du Rom-citron, procès-verbal ou mot frais pour parcourir le désert d’une journée… Mais quid de cet étranger dans le miroir ? Celui dont je ne verrai jamais le visage que dans la glace, ou dont je croirai le visage révélé lorsqu’au hasard d’’une rencontre la glace se brisera dans la violence de la foudre et qu’alors je me découvrirai à la flamme de tes yeux… Mais pardon, ladies and gens de bien je fais déjà une erreur d’ordre méthodologique.

Revenons donc aux prémisses. Les humains, ai-je supputé en préambule se répartissent en deux catégories, (allez trois puisque tu insistes), au regard du problème qui nous regarde aujourd’hui. Il y a les téléologiques, les hasardeux et les analysants.

Il y a trois catégories d’humains : les théologistes, les hasardeux et les analisants Les premiers croient à une fin du monde. Pas à LA fin du monde car attention ce ne sont pas forcément des croyants. Ils croient que le monde a une fin, non pas un moment où Dieu va se lasser de nous,

ou que nous allons nous lasser de nous-mêmes et nous envoyer en l’air avec un méga feu d’artifesse : Nous maîtrisons depuis tantôt la technologie du miracle, et la multiplication des pains de plastic et le changement de l’air en gaz sarin n’ont plus de secret pour nous. Nous sommes capables de nous vitrifier tous seuls, comme des glands ; l’arche de Noé ça fait un peu bonne nuit les petits, à côté du cartoon 3D qu’on a dans not’ besace… Non, ils croient que le monde a une fin, c’est-à-dire un but, une intention, un endroit où il va. Les hasardeux pour leur part ne s’embarrassent pas de ces encombrants. Ils voyagent légers. Chez nous on les appelle des pannsékistes. Ils tiennent cette dénomination de

l’expression créole “la i pann i sek”. Ils croient (et chez eux c’est déjà un gros mot), que les choses sont ainsi parceque et que dèmen sé on kouyon.

Quant aux analysants, c’est des agnostiques. Ils ne savent pas s’ils croient et ils croient bien qu’ils ne savent pas. Alors ils cherchent à savoir et plus ils cherchent moins ils savent. On les appelle parfois enseignants chercheurs car non contents de ne pas savoir, ils cherchent à le faire savoir autour d’eux, non pas de manière prosélyte, car pour répandre la bonne nouvelle il faut en avoir une qui tient la route, mais de manière douteuse et méthodique, dans l’espoir mâle papaye de rencontrer un croyant ou un hasardeux qui les libère du poids du doute…


>>> Pour illustrer ces trois postures prenons un exemple rapide car le temps qui nous est imparti est quasiment parti. Voyons voir…tiens, l’implosion annoncée de l’Université dite des Antilles et de la Guyane.

Certains croient à la fin du monde, d’autres voyagent léger ou ne savent pas s’ils croient Les téléologiques diront que si on observe le sens de l’histoire, on verra que nous étions à l’origine un appendice de l’université de Bordeaux. Ensuite nous devînmes Centre Universitaire Antilles Guyane; puis nous volâmes de nos propres ailes tripolaires sous l’acronyme UAG. L’étape suivante dont nous semblons avoir rompu les eaux avec le hoquet Damasien est celle de la séparation des triplés, chak bougo halan son prop zékal. Les hasardeux diront mon chè a pa mwen ki marenn ay, la i pann i sek, dèmen sé on kouyon. Quant aux analysants ils diront, certes c’est peut-être le

mouvement de l’histoire, et la concomitance du changement statutaire et de l’agitation guyanaise n’est sans doute pas fortuite, mais il faut se garder de confondre le théorème de Pythagore et la tangente de Montauban et se dépêcher de jeter se faisant l’UAG avec l’eau du Maroni. Le courroux guyanais ne doit pas forcément conduire au démantèlement de tous les étages de la fusée, chacun explorant sa propre galaxie Régionale en tre l’ilet karèt et tèt a Langlé. Certes, charbonnier est maître chez soi et ce n’est pas forcément gwo boutey losion ki ka santi bon. Mais lorsque Big Ben se défit de ses colonies caraïbes (un 74 sec sans amortisseur) dans les années 62 et que le Centre Universitaire des West-Indies devint dans le même balan l’UWI que nous connaissons aujourd’hui, il ne vint à l’idée de personne sauf c’est vrai du Guyana de Cheddi Jagan de faire cavalier seul. Il semble au contraire qu’ils aient estimé that they had better hang together or else they would hang separately. UWI semble réussir relativement bien au plan international et si on ne peut pas tirer de conclusion hâtive sur la visibilité régionale de l’Université du Guyana, on peut se demander ce qu’aurait donné un autre choix de Cheddi Jagan pour le Guyana comme pour UWI. Certes la fronde menée naguère par les Guyanais a mené à l’éclatement du rectorat Antilles Guyane et à l’érection de trois rectorats à la satisfaction de tout le monde. Mais ce qui vaut pour le zwa rectoral vautil nécessairement pou le kanna universitaire? Les enjeux sontils les mêmes ?…

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On peut rire de tout, avec le WWW A. Sorin, doctorant en Science Politique

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Très tôt, on nous a mis en garde contre l’internet, cette source non professionnelle, peu fiable, à grands renforts d’articles et autres débats partisans. Mais après l’avoir voué aux gémonies, les chiens de garde (au premier rang les journalistes) ont commencé à piocher, plus ou moins aveuglément, dans la manne d’idées, hypothèses, rumeurs et autres données disponibles sur la toile pour alimenter leurs émissions. De plus, les différents scandales autour de l’information qui ont rythmé ces dernières années (Wikileaks, Anonymous, révolutions arabes, etc.) ont quand même permis de repositionner le net comme une source incontournable de l’information alternative. La part grimpante des pages internet dans les bibliographies d’ouvrage universitaires y contribue tout autant. Ayant assis l’internet au rang de pilier de la démocratie, ces processus ne permettent pas encore pour autant de le rendre plus légitime que les médias traditionnels, dont le fonctionnement a déjà beaucoup été décrié (Bougnoux, Chomsky - qui a autant mis en garde contre les travers des médias traditionnels que ceux de l’internet), avec plus ou moins de tact ou de preuves. L’actualité qui se veut de plus en plus instantanée mêle désormais rumeurs, études, information, détournements

et vocabulaire dans une course à l’information la plus inédite. Jouant de cet empressement et de l’absence de garde fous, des sites bourrés d’humour, respectant néanmoins les codes des sites classiques d’information, sèment aujourd’hui la pagaille sur la toile…

l’actualité qui se veut de plus en plus instantanée mêle [tout] dans une course à l’inédit Loin de la bienséance et comblant la disparition des clowns intellectuels comme Desproges ou Guillon dans les médias, ou le boycott des humoristes politiques comme Dieudonné, les pionniers de l’information truquée alternative continuent l’oeuvre de critique d’un système médiatique monotone, conventionné et formaté qui n’est pas sans rappeler la formule Groland ou les Guignols… C’est le site de la Désencyclopédie qui a ouvert le bal en 2005. Cette parodie de Wikipédia, alors très critiqué pour son manque de véracité et l’absence de validation scientifique des articles, a connu un succès retentissant avec ses articles parodiques des entrées les plus consultées de l’encyclopédie interactive. Parsemés de références imaginaires ou hors de propos et d’amalgames hu-

moristiques, ces articles ont ouvert la voie à une culture internet du détournement. Plus récemment, des sites d’actualité détournée comme le Gorafi, le Courrier des Échos, AFPresque ou Bilboquet Magazine, exploitent à un autre niveau à la fois le besoin des internautes d’une information parodique sortant de l’amertume des sujets au cœur de l’actualité, mais également la tendance à se “jeter” sur la moindre pièce dite d’information, sans chercher à la vérifier : ils proposent des “titres-chocs” parodiques, brodés autour de personnages fictifs et d’amalgames, anachronismes ou autres fantaisies. Ils ont été la source de nombreux buzz, relayés par les journalistes amateurs que sont devenus certains utilisateurs des réseaux sociaux.

exploiter le besoin d’une information parodique […] autour de personnages fictifs Le contrepied d’une actu qui tente de se légitimer en s’adjoignant l’avis systématique d’experts qui ne voient rien venir (l’exemple de la crise économique est flagrant) a été pris avec ces sites au contenu inventé qui s’inscrivent dans le divertissement de l’info. Ils ont le mérite d’avouer raconter des sottises…

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Entretien avec Guibert Soutadé Salammbô,

Stage à l’Ambassade de France auprès des Etats de l’OECS, mai-juillet 2013

ESPACE

S. Guibert-Soutade

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Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce stage ?

L’intérêt pour les relations internationales ainsi que les enjeux de la coopération ont été mes premières motivations pour effectuer ce stage. De plus, je désirais mettre à profit mes vacances afin d’avoir une expérience professionnelle, le cursus universitaire classique n’offrant qu’une seule opportunité de stage obligatoire lors du Master 2. Comment avez-vous obtenu le stage ? C’est Monsieur Reno qui m’a informé de ce stage à Sainte Lucie. La procédure est un peu longue et complexe. J’ai déposé ma candidature sur le site du Ministère des Affaires Etrangères, puis, après une réponse positive de l’Ambassade, j’ai pu signer les conventions. L’UAG a pris en charge les billets d’avion, et mon maître de stage m’a offert un accueil très chaleureux puisqu’il s’est occupé de me trouver un logement sur place. Comment le stage s’est déroulé ? Quelles ont été vos missions ? Lors de ce stage, j’ai pu observer le travail quotidien et

concret des agents mais aussi acquérir une vision globale du travail diplomatique. Ainsi, malgré sa petite structure, l’Ambassade, située à Castries est compétente pour les six pays membres de l’OECS, c’est-à-dire Sainte-Lucie, la Dominique, Grenade, Saint-Vincent et les Grenadines, Saint-Christophe et Nevis, et Antigua et Barbuda. Mais, elle a aussi compétence consulaire pour Montserrat, Tortola et Anguilla. Cette Ambassade se compose de trois services.

Profiter d’une expérience pour compléter un cursus universitaire classique Tout d’abord, le consulat a pour mission la gestion des français à l’étranger. En effet, le personnel du consulat s’occupe d’apporter un soutien aux expatriés ou aux touristes français en cas de difficultés (accident grave, maladie, décès, rapatriement de corps). Il peut apporter une assistance juridique, exercer les fonctions d’Etat civil d’une mairie en célébrant les mariages ou encore de notaire, organiser des élections. Il prend aussi en charge les demandes de passeport et

de carte nationale d’identité. Il existe, de plus, un service des visas qui occupe une partie importante du travail des agents. Ensuite, la section chancellerie politique exerce des missions diplomatiques. Elles ont pour but de renforcer les relations entre la France et les pays de l’Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale. Cela consiste à suivre l’évolution politique et économique ainsi que la politique extérieure des six Etats de l’O.E.C.O. et d’en informer le gouvernement français, mais aussi de préparer et d’effectuer les démarches et négociations officielles entre le gouvernement français et les autorités de ces pays. Exerçant un rôle de représentation de la France à l’étranger, l’Ambassade tient place d’intermédiaire dans les relations internationales. Seule instance sur le terrain, elle peut faciliter la préparation des éventuels accords ou traités. Enfin, le dernier service, celui de coopération et d’actions culturelles, est celui où j’ai effectué mon stage. Deux missions m’ont été confiées. La première avait pour objectif la réalisation d’un rapport pour identifier les facteurs sociologiques et politiques d’intégration des Départements français d’Amérique

(DFA) dans leur environnement régional. La première étape consistait donc à définir la répartition et la délimitation des compétences entre l’Etat et les Conseils Régionaux des DFA. Puis, la seconde consistait à la relance d’un projet de mise en valeur du patrimoine caribéen, le projet STRABON-CARAIBES, initié en 2006 puis tombé à l’eau en 2010. Celui-ci a pour ambition de construire un portail web permettant la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel de la zone mais aussi du tourisme durable. Quelles sont vos conclusions ou appréciations pour ce stage ? Ce stage m’a bien évidement permis de développer certaines compétences, comme la pratique de l’anglais (J’ai pu me rendre compte des progrès que je dois faire!) ou encore le travail de recherche mais aussi d’améliorer mes qualités rédactionnelles. J’ai pu aussi tester mes facultés de travail en groupe qui sont parfois mises à l’épreuve par les personnalités de chacun. J’ai appris le travail dans l’urgence et touché du doigt à la gestion de projet.

Développer certaines compétenc-

es […] et tester mes facultés de travail en groupe

De plus, ce stage m’a permis de noter que, dans cette institution, le sens du relationnel et de la communication est primordial. Le respect du protocole et des formalités est donc de rigueur. De manière globale, un certain patriotisme me semble faire partie des éléments indispensables à tout agent diplomatique. La valorisation et la défense de l’image mais aussi de l’influence de la France, sont des composantes essentielles de ce métier. Enfin, l’apport majeur de ce stage a été de confirmer mon choix professionnel. Le travail de COCAC (conseiller de coopération et d’action culturelle) pourrait fortement correspondre à mes attentes. De plus, s’agissant de la position hiérarchique de ce poste, celle-ci me conviendrait car je peux parfois présenter quelques réticences à me soumettre à l’autorité et elle permet de disposer d’une large autonomie et d’une capacité d’impulsion. Ce stage m’a donc offert la possibilité de me projeter dans un avenir professionnel et de visualiser concrètement les choix de carrière.

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Politique publique : Inégalité et Territoires Partie 2 : Un coût du transport exorbitant

J-M. Cusset, Enseignant, Docteur en Science Politique

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pour se rendre à PàP, centre urbain le plus proche, lieu de travail, lieu de résidence, et lieu de vie. Une étude réalisée par l’ADEME, laisse entendre que la desserte des îles du sud concerne environ 1 000 000 de personnes, dont plus de 600 000 pour MGte ; 72% des passagers voyagent au moins une fois par semaine, 16% quasi quotidiennement. La lourde Ouvert à la concurrence depu- facture, acquittée par le citois 1992 par une réglementation yen, s’avère insupportable. européenne, aucun transporteur n’a réussi jusqu’à ce jour En Corse, c’est pourtant bien la à s’insérer durablement dans solution de Délégation de Serle trafic maritime entre Marie- vices Publics (DSP) qui a été Galante et Pointe-à-Pitre. Le retenue pour le cabotage. La coût du transport maritime Collectivité Territoriale définit, expose la double probléma- et gère l’enveloppe “continuité tique de la double insularité et territoriale”, soit 187 millions des coûts fixes supportés par d’euros en 2009 destinés à les entreprises de transport, compenser le surcoût des obce surcoût étant abusivement ligations de service public lié répercuté sur les prix prati- aux départs quotidiens, toute qués par les entreprises qui l’année, sur les 6 ports et 4 dépendent de la Guadeloupe aéroports corses. L’État verse pour leur approvisionnement. ainsi à la Collectivité un concours individualisé au sein de la Dot. Gale de décentralisaLe principe de (Dot. de continuité territosolidarité nationale tion riale), dont le montant évolue la Dot. glob. de foncaurait du prévaloir comme tionnement. La loi du 22 janà cette desserte vier 2002 permet d’affecter les monopolistique reliquats disponibles à la réalisation d’équipements destinés Le principe de solidarité na- au transport et à l’accueil de tionale aurait du prévaloir par voyageurs et de marchandises. la nationalisation de cette compagnie. Lorsqu’il suffit Rappelons encore que les de 1,50 € pour traverser Paris monopoles sont interdits par ou toute autre ville de la Ré- le droit européen de la concurpublique d’un bout à l’autre, rence, et s’il en demeure un il faut, à MGte, 25€ au mieux, naturel (étroitesse du marché,

C’est encore dans le domaine des infrastructures et du transport inter-îles que les inégalités territoriales révèlent les injustices les plus palpables. Seul moyen de desserte de l’île, le transport maritime assuré par une seule compagnie représente un coût exorbitant pour les citoyens.

importance des investisse- d’économie d’agglomération, ments et des coûts fixes), il nous fournit quelques pistes. doit être nationalisé. L’économie d’agglomération traduit bien l’idée du partage Une autre solution alterna- d’un ensemble de bénéfices tive, si elle est synonyme de engendrés par la proximité baisse effective du prix, est de géographique au sens large. facturer au coût marginal. Ac- Ces bénéfices sont tirés de la compagnée d’autres mesures, taille du marché local du trala baisse du coût du cabotage, vail, de l’offre de logements, et emporte un certain nombre des équipements collectifs, de d’enchaînements économ- sport, de loisirs et d’éducation. iques et sociaux positifs : une amélioration directe et im- La loi n° 99-586 du 12 juillet médiate du pouvoir d’achat, 1999, relative à la coopéraun coût du fret moins élevé tion intercommunale méritpour les commerçants, donc erait à cet égard d’être réindes prix moins élevés pour les terprétée. Le deuxième alinéa ménages, un renforcement de de l’article 52 précise en efla cohésion familiale (les mi- fet “qu’un ensemble de plus grants pouvant plus aisément de 50 000 habitants, d’un seul rendre visite à leurs familles), tenant et sans entrave, peut le redéploiement du dispositif constituer une communauté de santé, l’expansion du tour- d’agglomération”. Mais vu à isme… l’échelle de la région archipel Guadeloupe, et particulièrement de l’agglomération PàPEmporter un Abymes-Baie-Mahaut-MGte, certain nombre nous sommes bien obligés la présence d’une d’enchainements d’admettre même communauté de vie, économiques et et ce malgré les discontinuées liées à la géographie, à la mer. sociaux positifs Les économies de cette aggloPour une Economie mération, proviennent en effet d’un vaste et même bassin d’agglomération d’emploi et de résidence, où Existe-t- il d’autres solutions s’emploient les résidents et mipour rétablir durablement grants Marie-Galantais. l’égalité entre les territoires de la République, entre MGte, les Les entreprises et administraîles du sud et autres territoires tions puisent dans ce vivier de travailleurs les qualifications de l’archipel Guadeloupe ? dont ils ont besoin et les savoirIssu du domaine de l’économie faire indispensables au dévelgéographique, le concept oppement de leur activité. Ces

mêmes travailleurs sont également des consommateurs et participent ainsi à la constitution des bénéfices. L’économie d’agglomération profite en outre aux communes de résidence de ces migrants dans la mesure où ils y acquittent leurs impôts (65% des migrants des îles du sud habitent PàP, les Abymes ou Baie Mahaut). Le cas des îles du Sud, appelle à dépasser les ambiguïtés du contexte national prévalant à la loi, ainsi une meilleure rationalisation des moyens financiers que la loi met à disposition des communautés d’agglomération.

L’économie d’agglomération profite aux entreprises, communes et citoyens Dans cette perspective, seule une intégration des EPCI permettrait d’atteindre cet objectif de développement solidaire, et la prise en compte des inégalités territoriales. Il n’y aurait alors pas superposition, d’EPCI, mais bien fusion, entre la communauté des communes de MGte, notamment, et la communauté d’agglomération Cap excellence. Exclusion faite de Baie-Mahault, cette agglomération constitue déjà, en grande partie, une circonscription électorale.

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PAGE CARAIBE

Français VS Créole : quelle seconde langue pour le Caricom ?

B. Phipps, membre du CAGI

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Vous trouverez dans cette page caraïbe des contributions des membres du CAGI au colloque de Salises (Sir Arthur Lewis Institute of social and economic studies) à la Jamaïque en octobre 2013 sur les 40 ans du Caricom. http://sta.uwi.edu/salises/

e dernier sommet des chefs de gouvernement du CARICOM qui s’est tenu à Trinidad en juillet dernier est le premier qui s’est tenu avec le français comme seconde langue officielle de cette institution qui fête ses 40 ans cette année. Si à la fois l’histoire du Caricom et l’hégémonie de l’anglais comme langue de communication internationale expliquent le monolinguisme anglophone qui a régné toutes ces années sur l’institution, l’entrée de pays comme le Suriname néerlandophone, la demande d’adhésion de le République Dominicaine et surtout l’accession d’Haiti en 2002 au statut de membre de la communauté pouvaient difficilement s’accommoder plus longtemps de la non prise en compte de la diversité linguistique de la zone.

À son premier sommet caricomien en 2011 à Sainte-Lucie, le président haïtien Michel Martelly fait valoir le poids démographique de son pays qui compte la moitié de la population du Caricom, pour demander que le français soit la seconde langue officielle de l’institution. Il réitère la demande en Février 2013 lors du sommet de la réunion intersessionnelle du Caricom en Haïti, pour obtenir satisfaction à compter de juillet dernier. Cette initiative du président haïtien a été sévèrement critiquée à Port-au Prince. Des voix autorisées notamment celles de l’Académie du Créole se sont élevées considérant cela au bas mot comme une aberration au regard de la réalité linguistique du pays où 90% de la population est créolophone monolingue. Il s’agit disent certains d’une double trahison, celle de la Constitution de 1987 qui consacre la co-officialité du créole à côté du français, avec tout un tra vail dans l’appareil d’Etat, les institutions et la presse pourmettre le pays aucœur de sa langue. Celle aussi de ces héros du quotidien qui ont pétri cette langue de la sueur et du sang de leur quête d’humanité.

Le poids démographique est utilisé comme argument à l’usage d’une langue

Et il est certain que si on s’en tient aux objectifs de la communauté qui sont de développer les échanges et la communication des peuples de la zone, et si on considère que les échanges et la communication par le bas (certes souvent violents et conflictuels) sont une réalité qui n’a pas attendu le caricom, on comprend mal dès lors comment le français, marginal dans la zone peut contribuer à la réalisation de ces objectifs. Des deux millions d’haïtiens qui vivent dans la diaspora, un grand nombre est installé dans les pays de l’espace caricom. A titre d’exemple, 80000 haïtiens vivent aux Bahamas, soit 20% de la population de ce pays.

L’adoption du créole par la communauté semblait donc frappée au coin du bon sens. De surcroît, sans aller jusqu’à dire comme un ministre kényan en réponse à la demande du Burundi et de la Tanzanie que le français devienne langue officielle de CAE (Communauté de l’Afrique de l’Est) à côté de l’anglais, “qu’on n’a pas besoin d’ajouter une seconde langue coloniale à la liste des langues officielles de la région”, une telle adoption aurait constitué un acte d’une portée symbolique majeure. On peut s’étonner d’ailleurs que le président haïtien qui est avant tout un entertainer plutôt festif et qui par ailleurs répond au nom savann de tet kalé (fada en créole guadeloupéen et yul en martiniquais), n’ait pas penché pour le créole. Mais c’est peut-

être précisément (en dehors des arrières pensées de francophonie qu’on lui prête) ce statut qui le pousse à se méfier du créole dès lors qu’il s’agit d’affaires sérieuses et formelles.

On se méfie du créole dès lors qu’il s’agit d’affaires sérieuses et formelles Cette position ne serait pas très éloignée de celle que l’on peut rencontrer dans les Doms où les gens du peu ple sont souvent hostiles à l’introduction du créole à l’école qu’ils considèrent au mieux comme une perte de temps, au pire comme une régression sociale. En tout état de cause, et comme l’a fait remarquer l’ancien secrétaire général de l’AEC dans son discours inaugural à la conférence SALISES sur le campus de Mona en Jamaïque en octobre dernier, le caricom doit reconnaître et accueillir toutes les langues de la région.

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Insertion régionale des DFAs et diplomatie française dans la Caraïbe

A. Petit, doctorante en science politique

Les sociétés civiles dans la coopération et l’intégration régionales Julien Mérion, membre du CAGI

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a réflexion sur la coopération dans la Caraïbe a souvent porté presqu’exclusivement sur la coopération institutionnelle. Celle-ci n’est cependant pas exclusive. En effet, outre la coopération informelle et spontanée qui a toujours existé, se sont développés, indépendamment des avancées de la coopération institutionnelle, des liens, des structures et des pratiques qui se nouent et se construisent hors du champ juridico-politique. Le traité de la Chaguaramas, instituant la CARICOM en 1973, prévoyait déjà une participation active de la société civile dans le processus d’intégration régionale qu’il mettait en place. De nombreux domaines sont concernés par ce type de relation. Les églises (C.C.C), les Ligues sportives (CONCACAF), la recherche scientifique ont été le terrain privilégié de cette coopération par le bas comme elle est souvent appelée. C’est souvent par ce biais que les pays non-souverains, qui ont un accès limité aux institutions de coopération et

d’intégration régionales, font leurs premiers pas dans la coopération. De nombreuses associations, à l’instar du CO.RE.CA, ont investi cet espace de coopération.

Les pays non souverains ont un accès limité aux institutions de coopération Il s’agit de s’interroger sur ces acteurs incontournables de la coopération en s’appuyant sur l’exemple des Territoires Français de la Caraïbe. Quels sont les domaines privilégiés de cette coopération ? Quelle place occupe-t-elle et quelles en sont les limites ? Comment peuvent-elles contribuer à redynamiser les processus d’intégration régionale ? Comment s’articule l’action de la société civile et celle des institutions ? La société civile ouvre la porte de la pluralité et de la diversité des identités caraïbes en même temps qu’elle interroge sur le modèle démocratique qui gouverne les processus de coopération et d’intégration régionales.

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Depuis 2009 la nécessité de repenser les termes de son action publique a conduit la France à rationaliser l’ensemble de son éventail diplomatique et les zones prioritaires de son action extérieure. Historiquement, les relations diplomatiques entre la France et la zone Amérique latine-Caraïbe se sont construites sur des échanges culturels, scientifiques et sur un soutient politique qui a permis la pérennisation de liens d’amitiés. Aujourd’hui, touchées par cette redistribution stratégique des ressources françaises, la zone Amérique latine-Caraïbe ne bénéficie plus de la part des autorités françaises d’une politique globale comme cela était le cas. La France s’engage ainsi dans la mise en place de ce qu’elle qualifie de diplomatie “démultipliée” qui engage ses collectivités infra-étatiques dans l’effort de construction de ses relations extérieures.

Les relations France-Zone Amérique LatineCaraïbe favorisent des liens d’amitiés Dans la zone Caraïbe, cette “diplomatie des villes” va prendre forme à travers les nouvelles compétences internationales des collectivités territoriales d’outre mer.

Les collectivités de Guadeloupe et de Martinique se sont engagées dans un processus d’insertion régionale qui a réellement pris forme en 2012 après les demandes d’intégration des organisations régionales de la Caricom et de l’OECS. Les discussions en cours sur ces demandes ont depuis fait apparaître les difficultés à concilier les engagements diplomatiques nationaux et la mise en place d’une diplomatie “territorialisée” qui reste dans tout les cas soumise à la première. En ce sens et malgré les difficultés pratiques, l’engagement des collectivités territoriales ne peut qu’enrichir le dispositif français. La nomination d’un ambassadeur délégué à la coopération pour assister l’insertion régionale des départements dans la zone témoigne de la difficulté de faire “de deux pierres un seul coup…” L’imbrication de la diplomatie nationale et d’une diplomatie territorialisée révèle la réelle marge de manœuvre des départements pour intervenir dans un domaine jusqu’ici réservé à l’autorité étatique. Finalement si les départements d’outre mer peinent à trouver leur place dans l’éventail réduit des possibilités qui leurs sont offertes où le principe de répartition des compétences ne rassure pas, le dispositif diplomatique et l’action extérieure de la France se trouveront dans tout les cas supplé-

menté. Dans le cadre de l’Etat unitaire et indivisible, ce que gagneront les collectivités bénéficiera d’abord à l’Etat. Pour les départements français d’outre mer il semble que le chemin menant à une utilisation effective et efficiente de la diplomatie locale est encore long … Pour l’Etat français le dispositif diplomatique dans la zone Amérique Latine-Caraïbe révèle une présence sur tous les fronts. En effet celui ci bénéficie premièrement d’une dynamique régionale via l’union européenne où la France s’assure de jouer un rôle important au coté de l’Espagne et du Portugal et de participer à des politiques de grande ampleur qu’elle n’aurait pas pu implémenter seule, deuxièmement elle profite d’une dynamique bilatérale avec les nouveaux pays émergents tel que le Brésil ou le Mexique. Dans ces pays elle assure une présence diplomatique riche et finalement alimente une dynamique sous régionale avec les organisations régionales à travers l’insertion de ses départements qui participent ainsi à son rayonnement dans la zone. Somme toute, cette triple stratégie permet à la France de réduire le coût de son action diplomatiques sans prendre le risque de perdre l’influence qu’elle possède encore dans la zone stratégique de l’Amérique latine et des Caraïbes.

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La coopération extra-universitaire au service de la coopéra- Extraits d’un rapport : l’adhésion des collectivités françaises aux organisations tion universitaire régionales de la Caraïbe F. Reno

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a présence de l’Europe dans l’espace caraïbe prend notamment la forme d’un programme de coopération dit Interreg Caraïbe. Découlant de la politique de cohésion de l’Union européenne ce programme vise notamment à développer et renforcer la coopération interrégionale et l’échange d’expérience entre les territoires voisins des régions européennes que sont la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Saint Martin, Saint Barthélémy).

C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet de formation des diplomates et acteurs de la coopération caraïbe (Formadip) porté par le CAGI pour l’université des Antilles et de la Guyane et qui à mon avis illustre la place que peut jouer l’institution universitaire dans une coopération caraïbe ouverte et efficiente. Ce programme a mis l’UAG en relation avec les institutions universitaires suivantes : l’université de la Havane, l’université des West indies, l’institut diplomatique de République dominicaine.

Cependant, Formadip n’est pas un simple projet interuniversitaire mais un programme intégré de coopération entre l’université et des institutions de coopération de la Caraïbe. Les premiers partenaires du projet ont été les Régions de Guadeloupe, Guyane , Martinique , l’Union européenne et la préfecture de Guadeloupe à travers le FCR (Fonds de coopération régionale). Ces institutions sont intervenues par des financements importants. Des partenariats ont été noués avec des organisations caribéennes extra-universitaires.

Un programme intégré de coopération au delà d’un simple projet interuniversitaire Notre premier partenaire extra européen et extra-universitaire a été l’Association des Etats de la Caraïbe(AEC). C’est elle qui a permis de valider le programme Interreg qui impose la condition d’un partenaire caribéen. Nous avons également établi un partenariat avec la Fondation pour le développement et la démocratie (Funglode) dont le siège est en République dominicaine. Sa contribution a été décisive dans la réussite du projet dans son volet dominicain. La logistique et une partie des intervenants experts et diplomates

ont été proposé par Funglode. Nous avons amené l’UAG à signer une convention avec l’Organisation des Etats de la Caraïbe orientale (OECS). Cette convention cadre a permis à l’OECS de faire la sélection des diplomates et acteurs de la coopération qui relèvent de son ressort géographique. Un des enseignements de cette expérience est qu’il faut éviter de réduire la coopération universitaire à sa dimension interuniversitaire. Mieux, il faut renforcer des coopérations avec des structures extra-universitaires. J’y vois plusieurs avantages. D’abord l’ouverture sur d’autres horizons bénéfiques à nos étudiants et aux enseignants-chercheurs qui peuvent ainsi enrichir leur expérience d’une connaissance et de pratiques complémentaires. C’est aussi par ces temps de disette financière l’opportunité de rechercher des financements dans un contexte de désengagement de nos gouvernements au motif de baisse des budgets et de crise économique.

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es travaux d’un atelier de la 37ème conférence de l’Association des Etudes Caribéennes, consacré à l’adhésion des territoires français et singulièrement de la Martinique aux organisations régionales de la Caraïbe, ont fait l’objet d’un rapport financé par la Région Martinique. Ces discussions d’acteurs et experts locaux et internationaux, révèlent que : - Cette adhésion répond d’abord à une volonté politique locale dans un contexte d’opportunités étatiques favorables - Le statut de membre associé renvoie à des critères définis par le droit international et contenu dans les documents instituant le CARICOM, l’OECO et l’AEC - La condition de membre associé confère des avantages, implique des contraintes et révèle des ambiguïtés quant à l’adhésion des collectivités françaises qui devront partager ce statut avec l’État. Dr Carlyle G. CORBIN, Conseiller international sur la gouvernance et la diplomatie multilatérale De nombreuses organisations internationales et régionales, y compris les organismes des Nations Unies, utilisent toute une gamme d’adhésions pour faciliter une large participation aux travaux de l’institution concernée. La catégorie de membre associé (et le statut inférieur d’observateur) est

rapporté par F. Réno destiné à faciliter le travail de l’institution pour des raisons telles que les liens historiques, la proximité géographique, l’élargissement de la base de ressources ou d’un marché, et la promotion de la coopération Sud-Sud entre autres facteurs. Jérome ROBERTS, membre du Parlement d’Anguilla Après avoir adopté les principes du CARICOM, le statut de membre associé ne peut pas être vu de manière négative comme une forme de marginalisation mais plutôt comme un statut intermédiaire pouvant ou non déboucher sur une pleine adhésion. Le membre associé est potentiellement un Etat membre à part entière. C’est l’approche d’Anguilla dont les préoccupations sont moins conceptuelles que pratiques. Être membre associé de la CARICOM présente de nombreux avantages dont Anguilla tire des bénéfices au fil des ans.

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Jessica BYRON, Professeure de relations internationale, Université des West indies Sur un plan plus abstrait, cette nouvelle tendance à la coopération est prometteuse pour l’intégration des Caraïbes qui a été chancelante à bien des égards. L’élargissement aux territoires non indépendants apporte de nouveaux acteurs, de nouvelles idées et des ressources nouvelles. Cela est très prometteur pour les sociétés de la région.

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Soutenance de Thèse

MOIS DU CAGI

“Les stratégies de contestation des pays en voie de développement face à l’universalisation du brevet sur le vivant” A. Sorin

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u terme d’un doctorat loin de de tout repos, Pamela Obertan a été élevée au rang de Docteur en Droit et Docteur en science politique. En effet, c’est une thèse en co-tutelle, à l’UAG pour la partie science politique et l’UQAM pour la partie juridique, avec donc deux directeurs. Elle fait sur ce point figure de pionnière à l’UFR SJE de Guadeloupe. La soutenance a tenu toutes ses promesses. Pamela a exposé son travail et répondu le plus sereinement au monde aux remarques pointues d’un jury international, aussi intrigué qu’exigeant : présidé par Emmanuel Jos, il n’a pas manqué de souligner l’originalité et la pertinence du travail. Il a été dit d’emblée qu’il représentait un intérêt très concret : le brevet sur le vivant pose la question de l’alimentation sur la panète. Il ne fallait pas en attendre moins d’une chercheure en-

gagée, aux côtés du Docteur Henri Joseph notamment. On peut noter l’accent mis sur le paradoxe que le Droit, dans un certain contexte, appelle la contestation, là où il est censé faire justice. Cette relecture efficace de Gramsci aux lumières des TWAIL est un point de départ à un plus large travail sur les rapports de contestation et de domination au sein des organisations internationales. En effet, compte tenu de la masse de sources disponibles, il a fallu faire des choix. S’orientant vers la plus pratique et facile d’accès, c’est à dire les compte rendus de séance, il reste donc tout un pan du sujet non analysé, qui inclut des entretiens, des observations sur place voire l’intégration de groupes de contestation pour analyser leur fonctionnement de l’intérieur. Parmi les pistes dégagées, figurent également de possibles recherches sur “l’universalité” du Droit,

l’impact des accords bilatéraux ou le fonctionnement des forums. Le jury n’a également pas manqué de relever l’intérêt que cette thèse a dans le rapprochement des deux disciplines qu’elle représente, et de la pertinence de leur association pour le sujet traité.

Analysant les conséquences de l’APIC sur 15 ans à travers le prisme des PEDs, la recherche démontre les moyens de lutte contre les nouvelles formes d’hégémonie. Elle met en lumières les techniques fragiles de groupes de contestation (rhétorique, coalitions, etc.) pour attaquer le Droit, dans des contextes aléatoires, avec plus ou moins de soutien. Élevée au grade de Docteure dans les deux disciplines, avec la mention très honorable et les félicitations du Jury à l’unanimité, Pamela Obertan est appelée à une brillante carrière universitaire.

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De gauche à droite: Konstantia Koutouki Professeure Droit international à Montréal, Daniel Compagnon, professeur de science politique, IEP de Bordeaux, René Côté, Vice recteur de l’UQAM, professeur de droit et co-directeur de la thèse, Pamela Obertan, Docteure, Fred Reno, Professeur de science politique et co-directeur de la thèse, Emmanuel Jos Professeur émérite de droit public UAG, François Roch, professeur de droit international

La conférence de coopération régionale Antilles-Guyane

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Les 7 et 8 novembre, le Ministère des Outremer et le Ministère des Affaires étrangères organisaient l’édition 2013 du rendez-vous désormais annuel des acteurs publics et privés, nationaux et locaux de l’insertion régionale des cinq collectivités françaises des Amériques. Dans le prolongement de l’édition 2012 à Cayenne, cette conférence s’est inscrite autour de trois piliers : - la volonté de renforcer la dimension économique de l’insertion régionale des DFA par la promotion d’une diplomatie économique efficiente - l’affirmation de la dimension internationale des collectivités françaises des Amériques par une coordination étroite avec le réseau diplomatique de l’Etat – la volonté commune du gouvernement et des collectivités territoriales de privilégier des projets de coopération opérationnels répondant aux intérêts des populations des DFA . De ces trois piliers ont émergés trois thématiques d’échanges : - Renforcer l’attractivité régionale des DFA et des collectivités de Saint Barthélemy et Saint Martin ; destiné à prospecter de la capacité des

A. Petit territoires à attirer les flux d’activités (étudiants-touristes-entrepreneurs) et de capitaux au sein de leur espace géographique, Promouvoir l’insertion économique régionale des DFA et collectivités de St Barth et St Martin, enjeu essentiel du redressement et de la modernisation économique, - Réussir l’insertion institutionnelle régionale des DFA et des deux collectivités, qui était l’occasion de revenir sur la candidature des DFA auprès de plusieurs organisations régionales et sous régionales (AEC, CARICOM, OECO) et l’implantation de chargés de missions à la coopération régionale dans une dizaine de missions diplomatiques et consulaires. De l’épilogue de ces deux journées nous retiendrons la richesse des débats qui se sont tenus entre personnels diplomatiques et politiques mais également représentants de la société civile. Ils ont fait de ce rendez-vous une occasion de dépasser le cadre de la simple représentation médiatique. Nous retiendrons également le discours surprennant du ministre des outre-mer…

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