Resume de l'analyse de situation des enfants a Sao Tome et Principe

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Résumé Analyse de la situation d es enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe

en

2015

Analyse basée sur les droits humains selon une approche fondée sur l’équité

Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015

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Cette étude a été commissionnée par l’UNICEF en collaboration avec le Gouvernement de São Tomé-etPrincipe. UNICEF remercie le travail des consultants Aitana Valverde et Luis Fernandez ainsi comme les contributions des Membres du Comité de Pilotage de l’étude : Ladislau D’ Almeida, Manuel Filipe Moniz et Katia d’Alva Carvalho (Ministère de l’Economie et la Coopération Internationale), Ainhoa Jaureguibeitia (UNICEF), Herminia das Neves (Communication Sociale), Fernando Freitas Ramos (Ministère de l’Education, Culture et Sciences), Gilmar Ramos et Dudene Vaz Lima (Ministère des Infrastructures, Ressources Naturelles et Environnement), Nelma Silva (Ministère des Finances et Administration Publique), Ivete Correia (Ministère de Justice et Droits Humains), Carlos d’Almeida (Ministère de la Santé), Heng dos Santos (Institut National de Statistique). La reproduction d’extraits ou la totalité de cette publication n’exige pas une autorisation, sauf si l’objectif est commercial. Il est cependant nécessaire d’identifier la source. Cette publication, ainsi que d’autres publications et rapports de UNICEF São Tomé-et-Principe, est disponible sur la plateforme ISSUU : http://issuu.com/unicefstp Photographe : Ines Gonçalves Désign : Design [+], www.designplus.hr

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance Av. das Nações Unidas P.O Box 404 São Tome São Tomé-et-Principe email : saotome@unicef.org © UNICEF, 2016

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Analyse de la situation des

enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe

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Analyse basée sur les droits humains selon une approche fondée sur l’équité


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ão Tomé-et-Principe a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant le 14 mai 1991. Au cours de cette période, le pays s’est doté de divers mécanismes juridiques et de programmes dont le but était de protéger et de promouvoir la défense des droits des enfants. Mais la plus grande avancée demeure la disponibilité de données. Grâce à plusieurs études et enquêtes menées de 2001 à ce jour, y compris les enquête à indicateurs multiples, MICS (2001, 2006 et 2014); l’Enquête démographique et de santé, IDS (2008/2009), les recensements généraux de la population et du logement, RGPH (2001, 2012) et les analyses de la situation des femmes et des enfants à São Toméet-Principe, SITAN (2004, 2009 et 2015), pour ne citer que les plus significatives, nous avons maintenant une meilleure connaissance sur la situation des enfants et des femmes. Cela a permis au pays d’élaborer un ensemble de politiques, de programmes et de projets concrets qui ont contribué non seulement à atténuer les effets négatifs de la pauvreté sur les plus vulnérables, mais surtout de relancer les conditions nécessaires pour le développement socio-économique du pays.

Préface

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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015

Ce rapport d’analyse de la situation des enfants et des femmes à Sao Tomé-et-Principe vient ainsi confirmer les efforts et les gains indéniables en matière de santé, d’éducation, de protection et de promotion des droits. Dans une perspective d’équité, de genre et de cycle de vie, la SITAN analyse la pauvreté monétaire et de privations qui affectent 66,2 % de la population et identifie les domaines d’actions publiques prioritaires qui peuvent avoir un impact plus important dans l’accélération de la réalisation des droits des enfants. L’analyse menée entre Juin et Octobre 2015, résultat d’un partenariat entre le Ministère de l’Economie et la Coopération internationale et l’UNICEF. Elle souligne d’autre part les nombreux défis auxquels le pays doit encore faire face pour éliminer les nombreuses disparités qui entravent la pleine réalisation des droits des enfants. 48% des enfants de moins de 5 ans continuent de mourir de maladies évitables et traitables. La pneumonie et la diarrhée (22 % chacun) et le paludisme (13 %) sont les maladies qui tuent les enfants de ce groupe d’âge. Le rapport souligne d’autre part le rôle et l’importance de l’implication et la participation de la famille, et en particulier les parents. Plus le niveau d’éducation de la mère et le père est élevé plus il est possible de garantir le bien-être des enfants. Ce facteur, comme la SITAN le souligne, est souvent lié à des impératifs économiques. Les connaissances et les compétences des parents acquises au cours de

la scolarité sont décisives et les motivent à suivre les consultations prénatales, et à amener leurs enfants dans un établissement de santé pour recevoir des soins médicaux de qualité. De plus, ces connaissances les aideront aussi à faire un bon choix sur la nutrition et les pratiques d’hygiène. Reconnaissant que l’enfant est vulnérable, le document souligne d’autre part, la responsabilité des entités publiques et privées pour protéger les garçons et les filles contre la violence, l’abandon, l’abus, l’exploitation et la négligence, y compris la séparation du milieu familial. Le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), a pour mandat de promouvoir, garantir et contribuer à la réalisation des droits del ‘enfant. Plus spécifiquement, l’UNICEF soutient les pays et notamment Sao Tome et Principe, dans leur engagement à l’inclusion de tous les enfants dans les politiques publiques et les stratégies visant la réalisation de leurs droits inaliénables à la survie, la santé, l’éducation, la nutrition, l’accès à l’eau potable, l’hygiène, à un logement décent, à la protection, aux loisirs, à l’information et à la participation. Le rapport produit par l’UNICEF et le Gouvernement de Sao Tome-etPrincipe est donc un document d’appui pour guider les actions qui favorisent la survie, le développement, la protection et la participation des enfants. En conséquence, nous invitons ses lecteurs à utiliser l’information et les évidences qu’il contient pour un plaidoyer auprès des décideurs, une sensibilisation de la société civile et des actions concrètes pour les populations, et plus particulièrement les plus vulnérables, pour une réalisation des droits et le bien-être des enfants de São Tomé-et-Principe.

Au nom du Gouvernement de Sao Tome-et-Principe Carlos Gomes Ministre de l’Emploi et les Affaires Sociales

Jacques Boyer Representant de l’UNICEF

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Préface 4 Résumé exécutif 1. Le droit à des niveaux de vie adéquats

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2. Le droit des enfants à la survie et au développement, de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services de santé

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3. Droit à l’éducation primaire gratuite et universelle. Obligation des États à promouvoir l’accès universel à l’éducation secondaire et supérieure

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4. Le droit à la protection 5. Participation et information 6. Recommandations

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Table des matières

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Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015

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1. Le droit à des niveaux de vie adéquats Faits en Bref 22,9 % des enfants vivent dans le D'après l'approche multidimension- La pauvreté multidimensionnelle est quintile le plus pauvre contre 14,8 % nelle, 70,4 % des enfants sont pauvres plus étendue pour les enfants de 0 à 4 des adultes ans (80,9 % sont pauvres) Les sous-districts les moins équi- Les sous-districts les plus équitables Les enfants souffrent le plus de privatables du pays sont Santa Catarina (à du pays sont la capitale São Tomé et tions au niveau de la protection et de Lembá) et Malanza (à Caué). Condé (Lobata) l'assainissement Source : Calculs des consultants à partir de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et RGPH (INS, 2012)

LA PAUVRETÉ MONÉTAIRE DES ENFANTS Les données du IV RGPH (INS, 2012) confirment que les enfants sont surreprésentés dans le quintile le plus pauvre et sous représentés dans le quintile le plus riche (22,9 % des enfants vivent dans le quintile le plus pauvre, contre 14,8 % des adultes, alors que dans le quintile le plus riche on retrouve 14,8 % des enfants et 24,2 % des adultes). Le niveau de scolarité des chefs de ménage est le déterminant le plus important, suivi par la langue maternelle, le milieu et la région de résidence. Le sexe du chef du ménage et le nombre de membres du ménage sont des déterminants importants mais de moindre mesure. Il n’y a aucune différence attribuable au sexe de l’enfant. Les données sont claires : l’éducation est un secteur clé de grand impact pour le niveau de richesse du pays.

Résumé Executif

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ão Tomé-et-Principe a ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant le 14 Mai 1991. Depuis, le pays a réalisé des progrès considérables dans l’adaptation de sa législation et de ses politiques nationales.

EN 2012, la population était estimée à 178 739 habitants, dont 44,9 % d’enfants, soit 80 426 en valeur absolue (INS, 2012). La petite enfance (enfants de 0 à 6 ans au plus) représente 34 % de la population, les enfants d’âge scolaire (de 6 à 11 ans) représentent 36 % de la population, et les adolescents (de 12 à 17 ans) 30 %. On compte 204 garçons de plus que les filles. 35,1 % des enfants (28 238) habitent dans la capitale São Tomé. Trindade est le deuxième sous-district le plus peuplé par les enfants avec 8 800 enfants (10,9 %) (INS, 2012). Les sous-districts de Neves, Santana et Bombom regroupent 7 % des enfants âgés de moins de 6 ans, 6,3 % par des enfants d’âge scolaire et par 5,4 % d’adolescents. Chacun des 13 autres sous-districts regroupe environ 5 % d’enfants.

LA PAUVRETÉ MULTIDIMENSIONNELLE DES ENFANTS L’approche multidimensionnelle de la pauvreté se concentre sur la situation individuelle de chaque enfant, au contraire des approches monétaires de la pauvreté ou des analyses sectorielles. L’enfant devient le centre de l’analyse, où l’on va essayer de déterminer dans quelle mesure il est privé de ses droits. Les résultats révèlent qu’à São Tomé-et-Principe, un pourcentage élevé d’enfants peut être considéré comme pauvre (70,4 %). Résultats pour les enfants âgés de 0 à 4 ans. Il s’agit du groupe d’âge le plus démuni : 80,9 % sont pauvres. Les dimensions où l’on retrouve plus d’enfants souffrant de privations sont la protection (71,9 %), l’assainissement (62,7 %) et la nutrition (49,2 %). 22,6 % des enfants souffrent de privations dans les trois dimensions simultanément. 22,6 % sont privés de protection et d’assainissement, et 13,6 % de protection seulement. Le déterminant socio-économique le plus important dans la pauvreté multidimensionnelle

de ce groupe d’âge est le niveau de richesse (99 % des enfants du quintile le plus pauvre sont également pauvres selon l’approche des privations) et le niveau de scolarité de la mère (95 %). Résider en milieu rural (90,4 %), et dans les régions Sud-Est (86,5 %) et Nord-Ouest (87,3 %), sont également des déterminants importants. Résultats pour les enfants âgés de 5 à 11 ans. Le taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle est de 67,8 %. C’est la tranche d’âge des enfants où le taux d’intensité de la pauvreté est le plus bas (31,2 %), avec un taux d’incidence ajusté à 21,1 %. Les chevauchements entre les privations : les plus fréquentes sont la protection (81,9 %), l’assainissement (60 %) et l’éducation (39,6 %). 25,6 % des enfants souffrent de privations dans les trois dimensions simultanément, 24,4 % seulement en protection. 24,1 % souffrent de privations simultanément en protection et en assainissement. Le déterminant socio-économique le plus important pour la pauvreté multidimensionnelle de ce groupe d’âge est le niveau de richesse (96 % des enfants du quintile le plus pauvre sont également pauvres selon l’approche des privations) et le niveau de scolarité de la mère (79,6 % des enfants dont la mère n’a aucune éducation sont pauvres). Résider dans la région Nord-Ouest (78,6 %) et Sud-Est (78,4 %), et en milieu rural (77,7 %), sont également des déterminants importants. Résultats pour les enfants âgés de 12 à 17 ans. Le taux d’incidence de la pauvreté multidimensionnelle est de 69,6 %. Le taux d’intensité de la pauvreté est de 34,6 % et le taux d’incidence ajusté de 24,1 %. Les privations les plus fréquentes sont la protection (74,9 %), l’assainissement (58 %) et l’éducation (36,1 %). 26,7 % des enfants souffrent simultanément de privations en protection et assainissement. 20,9 % souffrent seulement de privations en protection, et 17,8 % simultanément dans les trois dimensions. Le déterminant socio-économique le plus important dans la pauvreté multidimensionnelle de ce groupe d’âge est le niveau de richesse (96,4 % des enfants du quintile le plus pauvre sont également pauvres Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015

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selon l’approche de privations), niveau de scolarité de la mère (80,3 % des enfants dont la mère n’a aucune éducation sont pauvres), Résider dans la région Nord-Ouest (78,6 %) et Sud-Est (78,4 %), et en milieu rural (77,7 %), sont également des déterminants importants.

L’ÉQUITÉ ENTRE LES SOUS DISTRICTS DE SÃO TOMÉ-ET-PRINCIPE D’après l’UNICEF (2012), « l’équité implique l’égalité dans l’accès aux chances de survivre, de se nourrir, d’apprendre et de se développer dans un environnement favorable et sur. L’équité implique d’assurer tous les droits à toutes les personnes et en tout lieu (…)». Dans cette étude, la dimension spatiale a été choisie comme l’axe structurel de comparaison. En effet, l’étude de l’équité axée sur le territoire permet de mieux représenter la réalité quotidienne des personnes car les privations qui ont lieu dans un territoire spécifique se produisent généralement en combinaison avec d’autres carences. L’analyse axée sur la dimension territoriale a alors cette capacité de refléter l’ensemble des disparités. D’après les résultats obtenus, le sous-district le moins équitable est Santa Catarina (avec une valeur de 18,1 %) dans le district de Lembá. Malanza (32,6 %) est le suivant qui se situe à Caué. A l’opposé, le plus équitable est la capitale de São Tomé (81,6 %), à Agua Grande, puis Condé (76,3 %) à Lobata. Au niveau des indicateurs les plus équitables, on trouve : le taux net de scolarisation primaire, les matériaux de construction des murs du domicile (et d’un point de vue négatif, la maternité précoce et le chômage). Les grandes disparités entre les sous-districts se présentent au niveau du revenu par habitant, de l’accès à l’eau et à l’assainissement, et des accouchements assistés.

LA PROTECTION SOCIALE D’après l’UNICEF (2012), la protection sociale est un “ensemble de politiques et de programmes publics et privés visant à prévenir, à réduire et à éliminer les vulnérabilités économiques et sociales face à la pauvreté et aux privations”. L’approche « sensible aux enfants » implique le besoin d’intégrer une perspective de cycle de vie dans la définition des politiques de protection. La loi de protection sociale (7/2004)

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conçoit une division en trois niveaux d’attention : protection sociale pour les citoyens (non contributive), obligatoire (travailleurs salariés et indépendants), et complémentaire (pensions privées non obligatoires). L’analyse de l’intervention publique en matière de protection sociale non contributive pour les enfants à São Tomé-et-Principe reflète un éventail d’initiatives pertinentes, mais avec des lacunes en ce qui concerne la couverture (Selvester, 2011) et sans articulation (à l’exception du Programme des 1000 premiers jours critiques). Cette approche de programmes plutôt dispersés ne réussit pas à créer un socle de protection minimale pour les enfants. L’UNICEF (2012) promeut activement le développement de systèmes intégrés de protection sociale pour l’enfance, avec une approche universelle, inclusive et contextuelle (spécifique pour chaque pays), et est favorable aux interventions non conditionnées même si les décisions ultimes sur la pertinence ou non de la conditionnalité doivent se faire au niveau de chaque pays. La direction de la protection sociale du MSAS (maintenant MEAS), le comité de PS1, avec l’appui de l’UNICEF et de la Banque mondiale ont développé une politique et une stratégie nationale de protection sociale, qui a été approuvée par le pouvoir exécutif en septembre 2015. Le développement de cette politique est aligné avec l’axe 3 « Création d’opportunités d’augmentation et diversification des revenus » de la 2ème stratégie de lutte contre la pauvreté (2012-2016). La mise en œuvre de la stratégie de protection sociale va développer des outils fondamentaux pour la gestion multisectorielle. La direction de la protection sociale travaille en ce moment au développement d’un système d’information qui va inclure un registre unique des bénéficiaires, un système de suivi et d’évaluation et un système de réclamations, (qui est fondamental pour éviter les problèmes d’irrégularités dans les paiements qui sont très courants dans les programmes de transferts monétaires). Au niveau programmatique, la nouvelle politique va supposer l’augmentation des bénéfices des transferts monétaires et le développement d’un fonds de travaux publics et civiques. Le développement des capacités du personnel technique de la direction est un autre axe de travail important. De plus, cela aura un effet positif dans la mise en œuvre de la politique de protection des enfants, que la direction doit également coordonner.

Comité intersectoriel ad hoc créé pour superviser le processus d’élaboration de la politique de protection sociale

2. Le droit des enfants à la survie et au développement, de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de services de santé Faits en Bref

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La mortalité dans le premier mois de vie représente 41,8 % de l'ensemble des cas de mortalité de la petite enfance en 2014

Le taux d'accouchement assisté est La malnutrition chronique a baissé de inférieur à 60 % à Santana, Almas et 41 % depuis 2009. 17 % des enfants Ribeira Afonso2. sont malnutris, dont 25,5 % dans le quintile le plus pauvre

Dans le quintile le plus riche, 93,6 % des personnes ont accès à des installations améliorées d'assainissement, contre 11,7 % du quintile le plus pauvre

*Depuis 2000 Sources (INS, 2009 et 2015), Direction des soins de santé et IVème RGPH (INS, 2012)

Les succès évidents de São Tomé-et-Principe dans la réduction de la mortalité maternelle et dans la petite enfance depuis 1995 n’ont pas encore réussi à effacer les disparités en fonction du revenu (le taux de mortalité infanto juvénile parmi les 60 % de la population la plus pauvre est de 50/1000, tandis que chez les 40 % les plus riches elle est de 30/1000). La région Nord-Ouest est celle qui a les taux de mortalité des enfants les plus élevés (29/1000 néonatale, 42/1000 infantile et 56/1000 infanto-juvénile). Au niveau de la mortalité néonatale, mis à part l’âge de la mère, des naissances trop peu espacées (2 ans) ou nombreuses (4 ou plus) sont également des déterminants importants de mortalité. L’enjeu principal dans la réalisation du droit des enfants à la survie est la réduction de la mortalité des enfants dans le premier mois de vie, qui représente 41,9 % des cas de mortalité de l’ensemble de la petite enfance. Elle peut être réduite en garantissant un paquet universel de soins aux femmes enceintes et aux enfants pendant la période prénatale, pendant l’accouchement et pendant la période postnatale. À São Tomé-etPrincipe, la couverture des soins prénatals est très élevée, sauf au niveau de la région Sud-Est. Le IV RGPH (INS, 2012) révèle des disparités importantes au niveau de l’attention qualifiée : le taux d’accouchement assisté est inférieur à 60 % à Santana, Almas et Ribeira Afonso3. Les défis principaux pour la réduction de la mortalité néonatale à São Tomé-et-Principe sont les disparités dans l’accès aux soins prénatals et les accouchements en centre de santé, ainsi que la qualité de l’attention. La disponibilité des médicaments et des équipements essentiels dans les maternités est 2 3

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Réduction substantielle depuis 1995 La mortalité néonatale semble stagner de la mortalité maternelle (de 189,3 à depuis 2009 avec un taux de 18/1000 78,4 pour cent mille*), infantile (de 86 naissances vivantes à 32 pour mille) et infanto-juvénile (de 138 à 43 pour mille)

également un aspect important des soins qui n’est pas toujours garanti. Il existe également certaines difficultés dans la mise en œuvre des politiques nationale de santé reproductive (par exemple, le personnel de la maternité de l’hôpital affirme que les mères ne restent que 24 heures, alors qu’elles doivent rester 72 heures). Les ressources humaines qualifiées sont inégalement distribuées. Il existe également des freins et des aprioris. Par exemple, bon nombre de mères de famille pensent que certains professionnels infirmiers à la maternité de l’hôpital Ayres de Menezes sont négligents. Au niveau de l’immunisation, la couverture vaccinale à São Tomé-et-Principe est supérieure à 90 % pour tous les antigènes du Programme élargi de vaccination recommandés par l’OMS et l’UNICEF (à la seule exception du Tetanus Toxoid). Par rapport au paludisme, les succès du Programme national contre le paludisme, dans la mise en œuvre du Plan national pour faire reculer le paludisme, ont fait chuter la prévalence du paludisme entre 2006 et 2013 (de 200 cas à 50). Au niveau du VIH/SIDA, il n’y a pas de cas de transmission verticale depuis 2011 grâce au test des femmes enceintes et la provision d’antirétroviraux. D’après le Programme national de lutte contre le VIH/SIDA (2015), le taux de contamination chez les femmes enceintes baisse de façon continue depuis 2005. En 2014, le taux était de 0 % (INS, 2016). Pendant les entretiens, la plupart des gestionnaires des programmes verticaux (et l’UNICEF) ont mentionné une préoccupation commune : la continuité du financement dans un contexte de réduction progressive du financement extérieur.

Les sources proviennent de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et du IV RGPH (2012) Les sources proviennent de l’enquête MICS 5 (INS, 2016) et du IV RGPH (2012) Analyse de la situation des enfants et des femmes à São Tomé-et-Principe en 2015

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NUTRITION São Tomé-et-Principe a fait des progrès importants dans la période 2009-2014 au niveau des trois indicateurs de malnutrition classiques. Ainsi, la proportion d’enfants en insuffisance pondérale (en dessous de -2 écart-type) a baissé de plus de 33 %, la malnutrition chronique de 41 % et la malnutrition aiguë de 62 % (INS, 2009 et 2014). 17 % des enfants de moins de cinq ans sont malnutris, et 25,5 % des enfants proviennent du quintile le plus pauvre. Les régions présentant les taux de malnutrition chronique les plus élevés sont le Nord-Ouest (20 %) et le SudEst (23,3 %). Les enfants de 18 à 35 mois sont les plus touchés (plus de 24 %). Il n’y a pas d’enfants malnutris dans les foyers ou les mères ont un niveau de scolarité supérieur (INS, 2016). Les causes directes de la malnutrition sont un apport alimentaire inadéquat et les maladies. 84 % des produits alimentaires sont achetés, ce qui peut impliquer des barrières d’accès pour la couche la plus pauvre de la population. Le régime alimentaire moyen du pays contribue à un apport énergétique similaire à la moyenne de la région, mais avec une composition faible en protéines. Le taux d’enfants allaités exclusivement augmente rapidement, 73,8 % des enfants de 0 à 5 mois sont allaités exclusivement, par rapport à 51 % en 2009. Toutefois, dans le quintile le plus riche, il y a encore 6,8 % des enfants malnutris, ce qui pourrait indiquer qu’une partie du problème de

L’EAU ET L’ASSAINISSEMENT la malnutrition n’est pas liée à la possibilité d’accès à la nourriture, mais à d’autres facteurs tels que le régime alimentaire. Moins de la moitié (46,8 %) des enfants âgés de 6 à 23 mois bénéficient d’une diversité alimentaire minimale et 58,2 % d’une fréquence minimale d’alimentation (INS, 2016). Dans le pays, il y a plusieurs initiatives importantes : le Programme de santé reproductive offre des micronutriments aux mères et aux enfants et donne des conseils sur les pratiques d’allaitement, etc. Le PNASE (Programme national de l’alimentation et de la santé scolaire) est responsable de l’approvisionnement des repas scolaires et de la formation de sensibilisation de la communauté éducative. La PNA (Politique de nutrition et d’alimentation) récemment approuvée est un outil essentiel dans la lutte contre la malnutrition car elle suppose de passer d’une approche de programmes et de projets isolés à une approche intégrée. Cette politique vise à atteindre une plus grande durabilité et une meilleure coordination intersectorielle. C’est aussi une avancée stratégique pour attirer le soutien des différents bailleurs de fonds. La politique se heurte à quelques obstacles : la dépendance de l’aide extérieure, le manque de priorité politique, les difficultés pour la coordination interinstitutionnelle, et les faiblesses institutionnelles et financières au niveau des districts.

Le manque d’accès à l’eau potable, et en particulier à l’assainissement, est une des problématiques très ressenties par la population. La mesure de la pauvreté multidimensionnelle a révélé que le manque d’assainissement est une de deux privations principales des enfants à São Tomé-et-Principe. Le manque d’eau et d’assainissement est une cause sous-jacente des maladies diarrhéiques, qui constituent la deuxième cause de mortalité des enfants de 0 à 5 ans. 93,9 % de la population saotoméenne a accès à des sources d’eau améliorées, mais cela ne veut pas dire que l’eau soit potable : d’après les responsables de la direction générale des ressources naturelles et de l’énergie (DRNE), la grande majorité de l’eau est contaminée par des coliformes fécaux. Plus de la moitié des foyers (52,9 %) s’approvisionnent auprès des fontaines publiques. 22,9 % de la population vit dans des foyers qui doivent investir plus d’une demiheure de leur temps pour obtenir de l’eau (INS, 2016). En matière d’assainissement, l’accès à des installations améliorées montre des disparités graves en fonction du revenu. Dans le quintile le plus riche, 93,6 % des personnes ont accès à des installations améliorées, contre 11,7 % du quintile le plus pauvre (INS, 2016). Au niveau des régions, dans le sous-district de Micoló, 93,5 % des foyers n’ont pas d’installation sanitaire. Dans la région Sud-Est, les sous-districts de Ribeira-Afonso (78,5 %) et Santana (77,2 %), présentent les lacunes les plus importantes (INS, 2012). La société d’eau et d’électricité (EMAE) gère 16 systèmes d’eau qui couvrent environ 100 000 habitants. Seulement huit d’entre eux ont un système de traitement d’eau. Il existe aussi de nombreux petits systèmes ruraux construits à l’époque coloniale qui se sont fortement dégradés. La maintenance de ces systèmes ruraux revient à l’administration des districts qui manquent souvent de fonds. L’EMAE présente des lacunes de capacités techniques et

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financières qui font obstacle à la gestion et à l’entretien adéquat des infrastructures. Les principales causes de la mauvaise qualité de l’eau sont (en plus des systèmes inadéquats) le manque de soutien du gouvernement du fait du manque de ressources, les investissements insuffisants, la dégradation volontaire des installations de la part de certains usagers, et le manque de sensibilisation. Il y a aussi des problèmes de pénurie (les sources publiques ne fonctionnent parfois que quelques heures par jour), en raison des insuffisances du système d’alimentation et du manque d’entretien. Sur le plan de l’assainissement, la situation est encore plus difficile. Les compétences politiques ne sont pas claires : les textes légaux sur la DRNE ne définissent pas ses attributions en la matière. La direction des soins de santé est responsable de la promotion de l’assainissement basique, mais elle ne dispose pas de ressources et doit compter sur la coopération internationale. Au niveau des districts, les mairiesn’ont pas de responsabilités légales et se limitent à surveiller les activités des ONG. Dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, on observe une délégation implicite des travaux d’installation et d’amélioration (en particulier de l’assainissement, des latrines, des salles de bain publiques...) à la coopération internationale, ce qui entrave tout travail systématique, coordonné et durable, principalement dans les zones rurales. L’une des principales faiblesses du secteur est qu’il n’y a pas encore une politique nationale d’eau et d’assainissement. En conséquence, il n’y a pas de définition claire des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués. En outre, les institutions nationales impliquées (direction des ressources naturelles et de l’énergie, direction des soins de santé) présentent des faiblesses importantes en termes de dotation de ressources : elles manquent de cadres ayant des spécialisations techniques dans le domaine et de financement.

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3. Droit à l’éducation primaire gratuite et universelle. Obligation des États à promouvoir l’accès universel à l’éducation secondaire et supérieure Faits en Bref Taux net de scolarisation préscolaire : 53,7 % des enfants qui terminent 91,6 % des enfants qui commencent le 36,4 % l’école primaire entrent dans le pre- cycle primaire arrivent en 6ème classe mier cycle du secondaire (taux de survie). Taux net de scolarisation primaire : 94,1 % Taux net de scolarisation secondaire : 60,4 %: En 2012, 26 464 enfants de 5 à 17 ans (soit 45,3 %) étaient en situation d’exclusion scolaire réelle (non scolarisés) ou potentielle (2 ans ou plus de retard).

44,9 % des enfants d’âge préscolaire L’indice de parité de genre est égal à 1 ne sont pas scolarisés, de même que dans l’enseignement primaire, contre 5 % des 6 à 11 ans, et 10,4 % des 12 1,18 dans l’enseignement secondaire à 17 ans.

Sources : enquête MICS 5 (INS, 2016), et IVème RGPH (INS, 2012)

Le taux net de scolarisation dans les trois niveaux de scolarité (préscolaire, primaire et secondaire) montre une augmentation continue de 2000 à 2015. Malgré les progrès, en 2014, à peine un enfant sur trois (36,4 %) en âge préscolaire et deux enfants sur trois (60,4 %) en âge d’être en cycle secondaire fréquentaient ces niveaux (INS, 2016). La parité de genre se réduit vers l’âge de 16 à 17 ans, principalement à cause des limitations de l’offre formative publique qui oblige les élèves à se déplacer loin de leur famille. Ce contexte affecte plus négativement les filles (UNICEF et Institut du genre, 2009), ainsi que les grossesses précoces à Principe (INS, 2010). L’influence de la situation économique des familles sur les indicateurs éducatifs présente en général une évolution positive dans le temps. Malgré cela, en 2015 les disparités en raison du revenu sont clairement visibles au niveau de la scolarisation préscolaire et secondaire, niveaux scolaires que l’État n’a pas encore réussi à universaliser. Outre les difficultés de l’accès physique, ces deux niveaux impliquent des frais plus élevés que le primaire. Le préscolaire est même plus coûteux que le secondaire (MECS et Pole de Dakar, 2012) et on assiste depuis 2006 à une augmentation des disparités (INS, 2006 et 2015). Au niveau de l’exclusion éducative (les enfants non scolarisés), trois grands segments de scolarisation (Kitt, 2011) ressortent dans le cas de São Tomé-etPrincipe :

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Le premier segment, de « scolarisation imminente » (ou en attente) », est lié au processus d’incorporation du système éducatif : pour les enfants de 5 à 7 ans, l’exclusion est supérieure à 20 % dans la plupart des sous-districts. Dans le sous-district de Micoló l’exclusion atteint presque la moitié des enfants (43 %). Le deuxième segment est le « niveau maximal de scolarisation » : pour les enfants de 8 à 11 ans, le système éducatif réussit à incorporer la plupart des enfants. L’exclusion scolaire se concentre surtout dans quatre sous-districts de Caué et de Cantagalo et un sous-district à Lembá. Le troisième segment, de « déscolarisation » : le processus d’abandon scolaire proprement dit. Il commence vers l’âge de 12 ans et s’accroît graduellement jusqu’à l’âge de 17 ans, où 40 % des enfants sont exclus du système scolaire.

Développement de la petite enfance : 54,5 % des petits enfants saotoméens sont sur la bonne voie de développement (INS, 2016). La plupart sont sur la bonne voie au niveau du développement physique (94 %), socio-émotionnel (62,4 %), et des capacités d’apprentissage (79,1 %), mais il y a des lacunes au niveau des capacités de lecture et de calcul (16,5 %) (INS, 2016). Au niveau des indicateurs de soins et de stimulation des petits enfants (éducation préscolaire, activités domestiques d’appui à l’apprentissage, cohabitation avec le père, garde adéquate, disponibilité de livres et de jouets), São Tomé-et-Principe obtient avec le Ghana les meilleurs résultats. Néanmoins, l’assistance au préscolaire, la cohabitation avec le père et les activités de stimulation et d’accompagnement à l’apprentissage réalisées avec le père, sont les points négatifs de ces indicateurs. L’enjeu principal est l’accès insuffisant à une éducation de qualité dans les niveaux préscolaire et secondaire ainsi que les enfants non scolarisés au niveau du primaire. Les causes directes sont les coûts de l’éducation préscolaire et secondaire, le redoublement et le retard (avoir atteint la limite d’âge de 14 ans dans le niveau primaire et redoubler plus de deux fois en secondaire), les grossesses et les maternités précoces, et les coûts d’opportunité du travail des enfants (INS, 2010). Les barrières concernant l’accès physique pour les enfants ayant des difficultés motrices et autres limitations de l’éducation inclusive. Les causes sous-jacentes sont l’entrée tardive en primaire (en 2012, seulement 48 % des enfants de 6 ans fréquentaient la première classe), combinée avec l’existence de limites d’âge au niveau primaire (14 ans). L’existence de limites au nombre de redoublements dans le secondaire est également une barrière d’accès à l’éducation dans un système qui

surexploite le redoublement comme outil pédagogique. D’après le MECS et Pôle de Dakar (2012), São Tomé-et-Principe est le huitième pays d’Afrique avec le taux de redoublement le plus élevé. Le système fait également face à des difficultés au niveau de la qualité de l’enseignement, influencée par l’insuffisance en ressources humaines qualifiées et de salles de classe aux niveaux préscolaire et secondaire (plus particulièrement pour le 2ème cycle), et par les approches rigides du processus d’enseignement et d’évaluation. Le système est également en manque de systèmes de récupération des enfants qui abandonnent l’école. La cause structurelle principale est la mise en œuvre insuffisante des politiques concernant l’âge d’entrée (6 ans pour le primaire). En effet, la loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif (2/2003) n’est plus adaptée aux nouveaux âges théoriques d’entrée au primaire : l’âge auquel l’entrée à l’école devrait être autorisée et celui auquel elle devrait être obligatoire, mais la réforme est en cours. Au niveau du MECS, les mécanismes de gestion des ressources humaines sont en développement. Une importante difficulté structurelle est la distribution peu équitable des ressources publiques provocant le sous-financement d’une partie des niveaux préscolaire, primaire et secondaire. Le statut faible et les salaires insuffisants du corps enseignant sont aussi deux autres facteurs qui affectent négativement la qualité de l’enseignement. Enfin, l’insuffisance de mécanismes de protection sociale pour appuyer la scolarité des enfants des familles nombreuses est aussi un autre facteur négatif. Le pays dispose bien d’une stratégie d’éducation inclusive (2010) mais ses limitations en ressources ont ralenti sa mise en œuvre.

Les enfants à besoins spécifiques, en particulier ceux ayant des difficultés motrices ou auditives, sont très vulnérables à l’exclusion (71,4 % des enfants ayant des difficultés motrices sévères ne sont pas scolarisés en période de scolarisation maximale). Les filles enceintes et les jeunes mères ont abandonné leur scolarité dans 87,5 % des cas (INS, 2012), conséquence de la discrimination à laquelle elles doivent faire face. Depuis 2006, le règlement disciplinaire pour le 2ème cycle de l’enseignement de base, l’enseignement secondaire et professionnel (art. 36) interdit la présence, de jour, des filles enceintes de plus de trois mois.

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4. Le droit à la protection Faits en Bref En 2014, 95,2 % des enfants de moins 26 % des enfants travaillent dont 16 % 43,2 % des enfants de Principe travaillent dans des conditions dangede un an sont enregistrés à l’état civil dans des conditions dangereuses reuses (INS, 2016). (MICS, 2014), 12,5 % des enfants issus des familles les plus pauvres n’ont pas encore réalisé leur droit d’être enregistrés. Dans 79,6 % des cas, les adultes uti- 1 fille sur 3 de 15 à 19 ans du quintile lisent la violence psychologique ou le plus pauvre (39,6 %) est en union physique comme méthode discipli- ou mariée. naire. Dans 10 % des cas, ils utilisent la punition physique sévère (INS, 2016).

Dans 18,5 % des foyers, les adultes connaissent un cas d'abus sexuels. 97,2 % des victimes de violence sexuelle sont des filles

Sources : enquête MICS 5 (INS, 2016) et IVème RGPH (INS, 2012)

L’enregistrement des naissances peut être considéré comme un autre succès des politiques sociales saotoméennes, avec certaines réserves : 12,5 % des enfants issus des familles les plus pauvres n’ont pas encore réalisé leur droit d’être enregistrés. Les données du IVe RGPH (INS, 2012) confirment une corrélation positive entre les accouchements assistés et l’enregistrement des naissances. La politique de coordination depuis 2010 entre le ministère de la Justice et le ministère de la Santé (avec le soutien de l’UNICEF et de l’UNFPA) pour introduire des services d’enregistrement dans les maternités du pays, ainsi que la gratuité et la possibilité d’enregistrer l’enfant sans la présence du père4 se sont révélées très efficaces. Le travail des enfants est une violation de leurs droits répandue à São Tomé-et-Principe. 26 % des enfants travaillent (et dépassent les limites horaires définies par l’UNICEF), dont 16 % dans des conditions dangereuses (INS, 2016). 40 % des enfants réalisent des petites activités économiques et 80 % prennent part aux tâches ménagères (INS, 2016). Le déterminant le plus important est la région de résidence : à Principe, 48,3 % des enfants travaillent, contre 21,3 % dans la région Centre-Est (INS, 2016). Les causes directes du travail des enfants sont la nécessité économique de la main d’œuvre infantile et l’acceptation sociale du travail des enfants. Comme causes sous-jacentes, on retrouve la déstructuration familiale car, seulement 46,2 % des enfants habitent avec leurs deux parents et il est probable que les familles monoparentales demandent plus de main d’œuvre aux enfants. La difficulté est d’articuler l’action multisectorielle du fait de la multiplicité des acteurs qui travaillent dans le domaine de

la protection de l’enfant et le besoin d’une réponse institutionnelle intégrée dans le domaine social, juridique, éducatif, etc. Il manque à ce jour un organe qui assume efficacement les tâches de coordination dans certains domaines importants comme le travail des enfants. L’action publique, autre cause structurelle, est encore dans ses prémices en ce qui concerne les pires formes de travail interdites aux enfants et les actions concrètes contre le travail des enfants. En effet, même si des textes législatifs existent dans ces domaines (en 2013), ils n’ont toujours pas été approuvés. La violence domestique contre les enfants est une violation de leurs droits à la protection contre toute forme de violence (article 19 de la CDE) qui provient justement du socle de protection le plus fondamental de l’enfant. A São Tomé-et-Principe, seuls 9,7 % des foyers ont recours à des méthodes disciplinaires non violentes (INS, 2016). Dans 79,6 % des cas, ils utilisent la violence psychologique (crier ou insulter) ou physique. Dans 10 % des cas, ils choisissent des méthodes sévères de punition physique (INS, 2016). La petite enfance (3 à 4 ans) est plus vulnérable à la violence physique (75,4 % des enfants en souffrent). La punition physique sévère est plus fréquente chez les enfants âgés de 5 à 9 ans. Presque aucun enfant, qui habite dans un ménage dont le chef possède un niveau d’enseignement supérieur, n’est puni de façon sévère (0,9 %). La violence intrafamiliale est une méthode disciplinaire, mais aussi une forme de comportement socialement acceptée et transmise de génération en génération. La violence de genre est considérée comme une des causes directes de la violence contre les enfants (Galeano, 2015).

Les unions des enfants : São Tomé-et-Principe n’est pas étranger à cette problématique : le profil des disparités révèle que l’union précoce ou le mariage concerne principalement les filles nées dans les familles les plus pauvres du pays (39,6 %) et celles dont la mère de la famille n’a pas pu étudier ou a seulement un niveau scolaire primaire (44,2 %) (INS, 2016). Les discussions de groupe avec les mères de famille et les adolescentes (à Malanza) ont révélé que l’interruption du parcours scolaire (par manque d’accès au deuxième cycle du secondaire) est un fort catalyseur des unions précoces.

La lutte contre les grossesses précoces, à São Tomé-et-Principe, n’est pas encore abordée de façon efficace par l’État. Les programmes contre les grossesses précoces ont abordé uniquement la dimension de la sensibilisation et de l’accès aux moyens de contraception. Il est nécessaire d’aborder les normes sociales et le manque d’opportunités dans les milieux vulnérables (sur le plan socio-économique) qui incitent les mères de familles à considérer que le mariage et les unions précoces, qui sont des formes d’abus contre les enfants, sont de bonnes options pour leurs filles.

L’État saotoméen n’a pas encore développé de politiques contre le mariage ou les unions des enfants. La Politique nationale de protection des enfants (2015) n’intègre pas d’interventions à cet égard. Néanmoins, l’expansion du réseau secondaire et la mise en œuvre de la Politique de protection sociale (2013) va certainement avoir des effets positifs sur ces phénomènes ancrés dans la pauvreté et sur le manque d’opportunités. De même, la loi de la famille nº2/77 interdit le mariage des enfants mais autorise, comme exception, celui des garçons de plus de 16 ans et des filles de plus de 14 ans lorsqu’il y a consentement des parents (art. 3). La loi nº2/77 est en cours de réforme pour limiter ces exceptions (Mondlane, 2015).

La mise en œuvre de la Politique de protection des enfants (qui n’est pas encore approuvée par le pouvoir exécutif) offre un grand espace à la promotion du changement des normes sociales, spécialement son premier axe stratégique qui vise à promouvoir des changements dans la conceptualisation de l’enfance. L’extension du réseau d’éducation secondaire et de la protection sociale pourrait probablement avoir des effets positifs sur le phénomène.

Les grossesses précoces : à São Tomé-et-Principe, comme dans la région, le taux de fécondité des adolescentes (92/1000) (INS, 2016) montre une résilience liée à la persistance des modèles de genre et de pratiques d’unions précoces liées à la pauvreté et au manque d’éducation. D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), la vulnérabilité socio-économique des filles a une influence considérable sur leur exposition au risque de devenir des mères précoces. D’après le IVème RGPH, il y avait en 2012, à São Tomé-etPrincipe, 502 filles de moins de 18 ans (de 12 à 17 ans) qui ont eu des enfants vivants au moins une fois. À São Tomé-et-Principe (de même qu’au niveau international), la plupart des cas de grossesses précoces sont liés à des situations de « concubinage » ou d’unions précoces à des partenaires plus âgés et souvent majeurs (INS, 2016), 85,7 % des filles mères âgées de 12 à 17 ans ont quitté l’école. En 2012, les grossesses étaient la première cause d’abandon scolaire au niveau du lycée de la capitale (ANGOP, 2012). D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2016), l’usage de méthodes de contraception est plus limité parmi les adolescentes (30 % en 2014) que parmi le total des femmes mariées ou en union de 15 à 49 ans (40,6 %).

Les abus sexuels contre les enfants : d’après les statistiques du ministère public, les crimes sexuels contre les enfants sont la forme de criminalité la plus importante du pays après les crimes contre la propriété (Galeano, 2014). L’étude sur les abus sexuels contre les enfants, réalisée par le ministère de l’Emploi et les Affaires Sociales et par l’UNICEF, en 2010, révèle que 18,5 % des foyers connaissent au moins un cas d’abus sexuels. Les principaux auteurs des abus sont des voisins (ou des personnes extérieures au foyer, 63 %). Par rapport à la réponse institutionnelle aux violences sexuelles contre les enfants, le nouveau code pénal (loi nº6/2012) renforce le cadre pénal contre les abus sexuels en introduisant de nouveaux types pénaux et en élargissant la typologie des délits sexuels contre les enfants et les adolescents. Cependant, en 2010, presque la moitié des cas n’étaient pas dénoncés, et cette réalité demande la mise en œuvre de mesures de sensibilisation et de services d’attention et juridiques de proximité. Jones et Trotman (2009), dans leur étude sur les abus sexuels contre les enfants aux Caraïbes, réalisée pour l’UNICEF, ont utilisé l’expression « sexe transactionnel » pour décrire les situations d’abus sexuels dans lesquels il existe un échange de relations intimes contre des biens, des faveurs ou de l’argent. Ampleur et caractéristiques du problème à São Toméet-Principe : en l’absence de données quantitatives

À São Tomé-et-Principe, les entretiens et les groupes de discussion ont relevé que beaucoup de pères mettent en doute leur paternité tant qu’ils n’ont pas vu les traits physiques de l’enfant.

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et d’études spécifiques, il est difficile de cerner l’ampleur exacte de ce phénomène. Les perceptions des personnes interrogées décrivent un problème social sérieux ayant les traits suivants : L’existence de ce type d’abus est pleinement reconnue, sous la forme du phénomène des “catorzinhas”, “papoite”5. Problème grandissant dans les établissements du secondaire de la ville de São Tomé (Lycée national, Instituto Diocesano de Formação João Paolo II- IDF) Commis par des adultes extérieurs aux établissements scolaires, mais également de l’intérieur, en échange de meilleurs résultats scolaires. Pourrait être lié à la problématique des grossesses précoces parmi les élèves du secondaire. Ce type d’abus ne soulève pas de sentiments particuliers d’indignation collective, contrairement à d’autres, comme le viol. À São Tomé-et-Principe, la perception du véritable abus sexuel semble se limiter au viol (UNICEF, 2010). Les dispositions du chapitre V du nouveau code pénal (loi nº6/2012), qui traite des crimes contre la liberté et l’autodétermination sexuelle, sont valables pour la sanction pénale des adultes qui abusent des enfants dans les circonstances suivantes : Relations sexuelles avec des enfants de moins de 14 ans (art.175). Relations sexuelles avec des enfants de 14 à 16 ans (art. 177) Relations sexuelles avec des enfants de 14 à 18 ans par des adultes dont l’éducation ou l’assistance leur a été confiée (art. 176 a et b) Pour pouvoir appliquer la loi pénale de manière effective, il est nécessaire de développer la culture de la dénonciation et de rendre les processus judiciaires plus rapides, simples et adaptés à la sensibilité particulière des enfants (child friendly).

La politique de protection des enfants (qui n’a pas encore été approuvée par le pouvoir exécutif) vise à prévenir et à réduire toutes les manifestations de violence envers les enfants en développant notamment une action intersectorielle en matière de protection de l’enfant pour créer un « système national de protection de l’enfant ». Le développement des trois piliers du système est : a) La prévention de la violence avec l’amélioration de la position des enfants dans la société, le renforcement des capacités de protection des familles et d’autoprotection des enfants, et la prévention de la violence dans les milieux scolaires b) Améliorer l’attention aux victimes c) Le renforcement de la protection judiciaire des enfants qui contribuera fortement à la réduction de la vulnérabilité des filles aux abus sexuels. Les enfants en situation de rue : dans la ville de São Tomé, il y a une trentaine d’enfants qui passent la plupart de leur temps dans la rue sans supervision parentale, mais qui en général, maintiennent la relation avec leur famille et rentrent dormir chez eux, donc la qualification jugée plus adéquate est “enfants en situation de rue” et non “enfants de la rue” (Bandeira, 2010). Ces enfants sont très vulnérables à la malnutrition, à l’abandon scolaire, à l’usage de drogues et aux abus. Plusieurs institutions de la société civile s’occupent des enfants dans la rue ou en situation de risque, en régime d’internat ou d’externat (Fundaçao Novo Futuro, Associação de Reinserção das Crianças Abandonadas and em Situações de Risco ARCAR, congrégations religieuses...). Le ministère de la Justice et les droits humains, en collaboration avec l’ONG portugaise Meninos do Mundo, vient de développer un paquet de propositions de lois pour la protection de l’enfant et de l’adolescent en situation de risque. L’objectif est de développer une réglementation spécifique pour l’accueil de ces enfants, et de jeter les bases pour garantir la prise en charge par l’administration publique de services adéquats aux enfants en situation de risque.

5. Participation et information Faits en Bref La télévision est le moyen de communication qui atteint la majorité de la population (85,3 % des femmes et 90,2 % des hommes), suivie de près par la radio.

Aucune des personnes sans instruc- La fracture numérique de genre pour tion n'utilise internet, contre 89,3 % l’usage d’internet est de 28,7 % (43 % des personnes avec un niveau de sco- en Afrique de l’Ouest et centrale) larité supérieur

Sources : enquête MICS 5 (INS, 2016)

La participation à l’école : la loi régissant les principes fondamentaux du système éducatif (2/2003) reconnaît l’importance de la participation des enfants dans la gestion des écoles et dans la définition des politiques éducatives, et reconnaît le système comme jouant un rôle important dans le développement de l’esprit démocratique des élèves (art. 3. Principes d’organisation). L’évaluation du modèle des Écoles amies des enfants (UNICEF, 2013) a révélé que même dans ce modèle, la participation des enfants n’était ni claire ni correctement régulée, ce qui indique que la situation dans les écoles du pays n’est pas idéale. La participation dans la communauté : les ONG jouent un rôle important dans le développement social des enfants. La Fundaçao da Criança, Fundaçao Novo Futuro, la Croix Rouge, Alisei, organisent des activités formatives ou de loisirs, des cours de vacances, des compétitions sportives, etc. Les espaces publics de divertissement, de loisirs ou de sport sont en général limités dans la capitale du pays.

LE DROIT À L’INFORMATION L’accès à l’information est une préoccupation croissante de la société civile saotoméenne, qui conçoit l’information comme un outil fondamental pour le contrôle de l’action du pouvoir exécutif. À São Tomé-et-Principe la liberté de la presse est un droit constitutionnel et l’État garantit le financement de la télévision nationale (TVS), de l’agence de presse nationale (STP Press), de la radio nationale (ainsi que la radio régionale de Principe) et de deux journaux de la presse écrite. Il existe plusieurs radios communautaires dans le pays, à Neves, à Porto Alegre et à Lembá, et des initiatives similaires dans d’autres districts comme Guadalupe ou Lobata (Da Costa, 2015). D’après l’enquête MICS 5 (INS, 2012), la télévision est le moyen de communication qui atteint la majorité de la population (85,3 % des femmes et 90,2 % des hommes), suivie de près par la radio. L’accès à l’information montre des disparités de genre substantielles : c’est ce que l’on appelle «la fracture numérique » de genre. L’accès aux médias s’étend : la population des 15-19 ans accède plus à internet (25,4 %) que celle des 20-24 ans (22,7 %). L’accès des enfants à internet est encore limité : seul un enfant sur quatre a utilisé internet dans la semaine précédant l’enquête MICS 5. Les disparités dans l’accès à internet en fonction du niveau éducatif et du niveau de richesse sont considérables (aucune des personnes sans instruction n’a utilisé internet, contre 89,3 % des personnes avec un niveau supérieur, et 6,2 % du quintile le plus pauvre contre 47,7 % du quintile le plus riche) ce qui révèle le manque de politiques effectives de promotion de l’accès aux nouvelles technologies.

Dans les pays de l’Afrique lusophone, on appelle «catorzinhas» (traduction littérale : filles de quatorze ans) les filles qui sont victimes d’abus sexuels transactionnels. Le terme « papoite » fait allusion aux hommes adultes qui commettent ces abus.

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6. Recommandations Les vulnérabilités socio-économiques des enfants doivent être abordées selon une approche multisectorielle. São Tomé-et-Principe manque d’une politique pour une considération intégrale à l’enfance, articulée selon les vulnérabilités potentielles, permettant de garantir des socles minimaux de bien-être à tous les enfants. Les données statistiques démontrent qu’à São Toméet-Principe les politiques sociales mises en œuvre selon une approche universelle (non focalisées) et de suppression des frais d’utilisation sont les plus efficaces pour augmenter l’utilisation des services, mais aussi pour réduire les disparités de genre et socio-économiques (en fonction du niveau de richesse, de la scolarité du chef du ménage, etc.). De 2006 à 2012, les disparités en fonction du revenu se sont aggravées pour ce qui est de l’accès à l’éducation préscolaire et à l’eau potable, de la malnutrition chronique et des unions précoces, des domaines où l’action publique est embryonnaire ou peu efficace. Il est vivement recommandé d’impulser un processus de réflexion autour de la nécessité de progresser dans le développement institutionnel en matière d’enfance. Il serait souhaitable de créer un institut ou une direction spécialisée en politiques publiques pour l’enfance, ayant le mandat de coordonner la production de politiques sociales spécifiques pour les enfants, d’analyser les impacts sur les enfants des politiques sociales, économiques et fiscales, de faire le suivi des budgets publics, d’assurer l’intégration de l’approche de cycle de vie dans le politiques sociales et de relever les défis existants au niveau des politiques, de la législation et des budgets. Il est vivement recommandé que le gouvernement et le parlement travaillent avec l’UNICEF et d’autres organisations impliquées dans la défense des droits des enfants pour la signature et la ratification des trois protocoles facultatifs de la Convention relative aux droits de l’enfant : Le protocole relatif à la vente d’enfants, la prostitution infantile et l’utilisation des enfants pour la pornographie (25 Mai 2000), Le protocole relatif à la participation des enfants dans des conflits armés (25 Mai 2000), Le protocole relatif à la procédure de communications (14 Avril 2014). Les politiques sociales dans la réduction de la pauvreté doivent être cohérentes avec les politiques

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économiques et fiscales pour être effectives. Il est nécessaire de garantir que les sources de financement de l’État soient en concordance avec les objectifs de réduction de la pauvreté et les servent directement. Les prévisions du gouvernement d’introduire une nouvelle taxe en 2017 (taxe sur la valeur ajoutée) suscite quelques questions en relation aux possibles effets régressifs sur la population pauvre et sur les enfants. Il est vivement recommandé que les considérations sur l’introduction de nouvelles taxes indirectes comprennent une analyse rigoureuse de leurs effets régressifs potentiels sur la population pauvre et en particulier sur l’enfance, qui est la plus atteinte par la pauvreté. À São Tomé-et-Principe, l’irresponsabilité parentale est généralisée et culturellement acceptée et elle est très souvent causée par l’homme. Les relations de couple et familiales sont superficielles et constituent le premier facteur de vulnérabilité socio-économique des enfants. Il est nécessaire de combiner des mesures à long terme pour promouvoir la parentalité responsable avec des mesures légales pour s’assurer que les pensions soient payées régulièrement et le cas échéant faciliter les condamnations pour les payer. Le ministère de la Justice travaille sur une réforme de la loi n°2/77 de la famille qui va renforcer la protection des femmes et des enfants qui appartiennent à des cellules familiales issues d´unions non maritales.. A São Tomé-et-Principe, les femmes sont les premiers agents de protection sociale et de développement au niveau micro : elles gèrent seules les ressources et prennent les décisions sur les mesures à adopter en cas de chocs économiques (insuffisance de ressources), sociaux (violence, abus) ou sanitaires (maladie) dans la famille. Il existe un contraste très marqué entre le rôle indispensable des femmes dans la société santoméenne et leur statut social. En effet, leur image est encore très liée au contexte domestique, elles sont victimes de discrimination sur le marché du travail, et réalisent les travaux les moins bien rémunérés. Il est essentiel que le travail des décideurs politiques parte de la connaissance de cette réalité de genre dans le pays et s’oriente à promouvoir les capacités et les ressources (financières, en capital humain, éducatives) des femmes, et à éradiquer la discrimination des femmes sur le marché du travail et dans l’accès aux postes à responsabilité dans le secteur public et privé. Il est également important de renforcer les mécanismes de protection sociale orientés vers les femmes chefs de famille.

Au niveau du droit à l’éducation, il est recommandé de développer des politiques actives pour la réduction du redoublement et l’entrée tardive. Cela supposera une libération de ressources qui peuvent être dédiées à l’extension de l’offre préscolaire ou secondaire ou à la réduction des barrières financières. Dans ce sens, il est suggéré de considérer la réintroduction des passages automatiques en 2ème et en 4ème classe du niveau primaire pour réduire l’encombrement et le retard. Il est indispensable de redistribuer les allocations financières du secteur envers une plus grande équité entre les niveaux préscolaire, primaire et secondaire et le niveau supérieur. Il est recommandé également de travailler dans l’amélioration de la situation professionnelle et salariale des enseignants. Au niveau des mesures pour l’équité verticale, il est nécessaire d’autoriser les filles enceintes de plus de 3 mois d’assister à l’école de jour, et d’investir dans la mise en œuvre de la Stratégie d’éducation inclusive. Au niveau du droit à la survie, il est recommandé de renforcer la formation de ressources humaines qualifiées dans l’attention à accorder aux patients en matière de santé maternelle et infantile et de garantir la distribution géographique proportionnelle à la population cible mise en œuvre de la politique nationale de santé (2012)). Pour mettre fin rapidement aux aprioris et autres freins concernant la maternité de l’Hôpital Ayres de Menezes, il est recommandé de développer des systèmes de dénonciation simples et efficaces ainsi que des protocoles de réponse pour mettre fin aux mauvais traitements ou aux négligences obstétriques. Il est nécessaire de continuer la mise en œuvre de la stratégie d’attention intégrale aux enfants jusqu’à l’âge de trois ans (Programme des 1000 premiers jours critiques). Le système de santé doit promouvoir l’allaitement dans l’heure qui suit l’accouchement, dans les maternités et par les matrones (sages-femmes traditionnelles). Au niveau des mesures d’équité verticale ébauchées dans le Plan national de développement sanitaire, il est recommandé de travailler à l’élimination des barrières financières d’accès aux médicaments en développant un système progressif de récupération des coûts qui inclut des exonérations pour les patients en situation de pauvreté. Il pourrait exister des barrières financières d’accès aux analyses prénatales (qui peuvent conduire à un espacement des visites des femmes les plus pauvres), il est donc nécessaire d’approfondir la connaissance de ces pratiques et d’approfondir l’analyse commencée par la carte sanitaire (2012) pour assurer l’intégration des patients qui habitent dans les communautés éloignées des services.

Au niveau du droit à l’eau potable et à l’assainissement, il est recommandé de promouvoir la discussion nationale autour de la priorité politique qui doit être accordée à ce secteur, qui devrait être parallèle à celle accordée par les communautés et à son impact sur la pauvreté et sur la mortalité infantile. Il est nécessaire d’appuyer le développement du cadre politique du secteur (en cours) pour intégrer une approche sensible aux enfants dans la planification du secteur et d’assurer des définitions claires des pouvoirs et des compétences des acteurs impliqués. Au niveau du droit à la protection : pour réduire les disparités en matière d’enregistrement des naissances il est recommandé de viser les sous districts présentant les plus faibles taux d’accouchement en centre de santé à travers des campagnes périodiques d’enregistrement. La recommandation clé dans le domaine de la protection est l’approbation et la mise en œuvre de la Politique de protection de l’enfant. L’étape de développement des plans opérationnels intersectoriels doit intégrer des interventions spécifiques pour prévenir les unions précoces (dans l’axe stratégique de prévention), pour prévenir et pour réduire le problème du sexe transactionnel, dans chacun des trois axes stratégiques (prévention, attention aux victimes et protection judiciaire). Il est nécessaire également de mettre en œuvre les politiques de lutte contre le travail des enfants : approbation, budgétisation et mise en œuvre du Plan national contre le travail des enfants et intégration des dix pires formes de travail des enfants dans le code du travail ; actualisation de la loi n°2/77 de la famille (en cours) pour limiter les exceptions à l’interdiction du mariage des enfants. Il existe une lacune politique au niveau du combat des grossesses précoces, il est nécessaire de promouvoir la réflexion nationale autour des causes structurelles des grossesses précoces et de développer une stratégie spécifique qui identifie l’approche la plus adéquate de la problématique par les politiques publiques. Par rapport au droit à la participation et à l’accès à l’information, il est nécessaire de développer le cadre normatif pour promouvoir la participation des enfants dans le milieu scolaire, et spécialement là où entendre leur voix est le plus nécessaire, et pour définir les politiques de réponse aux risques sociaux menaçant les enfants. La réforme de la loi n°2/77 de la famille en cours doit intégrer clairement le droit des enfants d’être écoutés dans les décisions qui les concernent : garde parentale, adoption, tutelle etc. Il est de même important d’investir dans le développement des radios communautaires, dans les programmes éducatifs et dans les valeurs démocratiques pour les enfants.

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PROFILS DES ENFANTS EN SITUATION DE VULNÉRABILITÉ SOCIO-ÉCONOMIQUE Concernant les filles enceintes et les jeunes mères, la plupart des filles dans cette situation sont des filles « en union » ou « mariées » (données du IVème RGPH, 2012). Le règlement disciplinaire interdit leur accès à l’enseignement de jour, ce qui renforce leur vulnérabilité socio-économique et celle de leurs enfants. La majorité des grossesses précoces sont un problème touchant les filles pauvres et les mères sans instruction (INS, 2016). Pour la prévention effective des grossesses précoces, les actions doivent s’articuler autour des axes stratégiques suivants : 1) combattre les unions précoces et le sexe transactionnel 2) L’expansion de l’offre éducative au niveau du secondaire est également importante pour offrir aux filles des alternatives à la vie domestique. 3) L’éducation et l’auto-valorisation des filles.

LES FILLES Concernant les enfants à besoins spécifiques, d’après le recensement spécifique fait par le MECS et par l’UNICEF (2014), à São Tomé-et-Principe, il y a 709 enfants de 0 à 11 ans à besoins spécifiques de diffèrent type et d’intensité. Étant donné leur nature intrinsèquement dépendante, il est important de leur garantir un niveau d’éducation minimale, pour réaliser leur droit, pour réduire au maximum le ratio de dépendance de la famille et pour faciliter leur intégration sociale. Il est également important d’étendre les mécanismes de protection sociale existants orientés vers les enfants à besoins spécifiques. São Tomé-etPrincipe dispose d’une stratégie d’éducation inclusive depuis 2010. Sa mise en œuvre est lente du fait des restrictions budgétaires et des ressources humaines dans la direction. Il serait nécessaire d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre de cette stratégie. Concernant les enfants victimes de violence domestique, les victimes souffrent de problèmes psychologiques ou même physiques, et ils recommandent ou reproduisent ces abus dans leur vie future. Ils ont tendance à s’isoler socialement et à développer une faible estime de soi. La violence intra-domestique est une des causes les plus importantes de l’abandon du foyer et de l’intégration au groupe des enfants dans la rue. La violence intrafamiliale est très présente à São Tomé-et-Principe. Il est fondamental de développer des protocoles de détection et de réponse dans les centres éducatifs et de santé. L’approbation et la mise en œuvre de la Politique de protection de l’enfant va certainement contribuer à réduire la violence. Concernant les enfants de familles nombreuses, le ratio de dépendance dans les foyers est un facteur d’appauvrissement économique, et plus encore dans des situations d’irresponsabilité parentale. Les politiques publiques de santé reproductive et la mise à disposition de moyens de contraception jouent un rôle fondamental.

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