
6 minute read
ENTREVUE
from URBA - Novembre/décembre 2020
by UMQ
Les municipalités au cœur de la relance
Advertisement
La COVID-19 a entraîné des impacts économiques dans toutes les régions. Alors que chacune d’elle se prépare pour participer à la relance, URBA s’est entretenu avec la ministre déléguée au Développement économique régional, madame Marie-Eve Proulx, afin de faire le point sur les questions économiques de l’heure et sur l’apport des municipalités à cet égard.
Q
Comment les régions sont-elles impactées par la crise actuelle ? Quels sont les défis qu'elles doivent surmonter à brève échéance?
RC’est une crise qui est mondiale alors évidemment, toutes les régions sont impactées. Il n’y a pas de défis, je pense, particuliers aux régions ou en fonction de leur spécificité. Chacun a dû s’ajuster au niveau municipal et les acteurs des différents ministères dans chacune des régions aussi.
Évidemment, il y a un grand défi au niveau de l’économie. Tant les villes que les municipalités sont touchées directement parce que plusieurs citoyens se sont retrouvés et y impliquer les différents acteurs.
sans emplois du jour au lendemain dans les derniers mois. Elles sont également touchées pour la collecte des taxes municipales, bien que la situation était plus préoccupante au début de la crise que maintenant.
L’autre élément qui me préoccupe aussi, comme ministre déléguée au Développement économique régional, c’est le manque de liquidités des entreprises. Des entreprises qui ont dû fermer et mettre fin à leurs activités, cela me préoccupe énormément. Le gouvernement a mis en place beaucoup de programmes pour les soutenir, dont les flux d’urgence. On a injecté 250 millions dans les MRC du Québec pour soutenir les entreprises et leur offrir de la liquidité. On a reçu jusqu’à maintenant plus de 5 000 demandes. On a financé 3 000 projets pour une moyenne de 35 000 $ par projet, par entreprise. On voit donc qu’il y avait une nécessité de le faire. Nos mesures ont été complémentaires à celle du gouvernement fédéral.
Donc, pour nous, c’était important aussi d’agir de manière responsable pour soutenir les entreprises et pour gérer les fonds ne connaît pas la durée. On va ajuster au fur et à mesure et le défi pour les régions c’est aussi de s’ajuster aux différentes mesures, aux changements quasi-quotidiens, aux mesures qu’on n’a pas le choix d’imposer pour préserver des vies humaines. Plusieurs secteurs d'activité d'importance pour les régions subissent en ce moment des impacts jamais vu liés au ralentissement de l'économie. Comment prévoyez-vous l'avenir?
Je pense en ce moment que c’est ce qui nous permet de garder espoir : se projeter dans l’avenir pour espérer que cette crise finisse un jour. Il faut évidemment planifier la relance économique et la gestion de la crise des finances publiques qui surviendra d’une manière ou d’une autre parce qu’on aura beaucoup aidé tant les citoyens que les entreprises et plusieurs acteurs de la société. Bref, je trouve que c’est ce qui donne de l’espoir : planifier cette relance économique publics, dans le contexte d’une crise dont on
Au cours des derniers mois, j’avais une préoccupation importante quant à l’implication des régions dans cette relance économique. On a consulté les différents acteurs de toutes les régions pour que la relance économique s’effectue en fonction des spécificités de chacune d’elles. Ça ne doit donc pas se faire seulement avec un programme, mais en fonction des réalités de chaque région.
Tous les acteurs se sont mobilisés dans chacune des régions pour déterminer trois priorités de relance pour revenir à un niveau de croissance économique comparable à celui de 2019. Le ministre des Finances prévoit que la situation sera peut-être rétablie en 2022-2023, on veut s’assurer que ce niveau de croissance soit intéressant pour toutes les régions. C’est en passant par les priorités de relance que chacune d’entre elles auront déterminé qu’on y arrivera. Vous déposerez prochainement la Stratégie en matière de développement économique local et régional. Est-ce que la crise actuelle a eu un impact sur votre plan de travail?
Oui, le contexte a ralenti et repoussé à l’an prochain le dévoilement de la stratégie qui devait sortir cet automne. On devra tenir compte des stratégies de relances économiques pour donner le ton.
Au Québec, cela fait plus de 20 ans qu’on ne s’est pas dotés d’une vision du développement des régions. C’est donc un mandat important pour moi. Je ne voulais pas le faire seule dans mon bureau. Je voulais le faire avec les acteurs concernés, ce que l’on s’apprête à faire. On a mis sur pied un comité-conseil, dont fait partie l’UMQ. On va les reconsulter.
Mentionnons aussi le projet de loi 66 sur les infrastructures, présentement à l’étude à l’Assemblée nationale, qui impactera directement le milieu municipal. C’est un projet de loi très attendu pour pouvoir accélérer des projets et il nous tient énormément à cœur. On souhaite établir une véritable vision du développement territorial et du développement économique tel qu’on le conçoit.
Selon vous, quel est le rôle des villes-centres en matière de développement économique local et régional, et quelle sera leur place dans la future stratégie?
Pour moi les villes-centres sont nécessaires, importantes et névralgiques dans le développement économique du territoire. Elles sont des pôles d’attraction et d’attractivité, elles sont les lieux de regroupement de services pour les plus petites municipalités autour. Je crois beaucoup que les petites municipalités, les municipalités plus rurales, doivent continuer d’exister et être dynamiques, mais on doit aussi renforcer les pôles autour, les lieux commerciaux, industriels, les lieux manufacturiers. C’est souvent dans les parcs industriels des villes-centres qu’on retrouve ce dynamisme économique. Je crois donc beaucoup à l’harmonie entre ces deux milieux-là, au principe selon lequel l’un ne va pas sans l’autre.
Les municipalités rurales autour des villescentres sont importantes pour préserver, habiter et occuper notre territoire, mais les villes-centres sont les lieux où on fait du développement économique, où on innove, où on amène des emplois pour les gens afin qu’ils y habitent. C’est donc vraiment l’harmonie qui doit être là. La complémentarité des milieux, j’y crois beaucoup, pour le Québec, donc reconnaître le rôle économique des villes-centres, pour moi, c’est important. Détenant des parcs industriels, des incubateurs, des accélérateurs, des équipements supra-locaux, tout en étant le cœur économique d'une région, comment les villes-centres doivent jouer leur rôle dans le cadre de la relance?
Leur rôle sera névralgique parce que souvent, les lieux commerciaux et industriels sont situés dans ces endroits. Les villescentres devront donc faire preuve de beaucoup d’agilité pour préserver les entreprises et les soutenir. Pour permettre leur relance, elles devront aussi être facilitantes. Comme le gouvernement, les villes ont ce rôle à jouer pour soutenir leur milieu entrepreneurial, parce que les entreprises ne peuvent se développer dans un désert social, et les municipalités ont besoin de leurs entreprises pour continuer d’exister. C’est donc une complémentarité obligatoire, il faut que tout le monde collabore ensemble. Ces deux mondes ne peuvent pas évoluer en parallèle, une va pas sans l’autre. Comment évolue le dossier de l’accès à Internet haute vitesse en région? Le gouvernement avait pris des engagements au début de son mandat à ce chapitre est-ce que ça progresse? Êtes-vous satisfaite des progrès, que reste-t-il encore à accomplir?
Évidemment, notre engagement est clair et ferme, il nous reste deux ans pour le réaliser. Dans cette perspective, ça demeure notre priorité, le premier ministre en a fait son cheval de bataille personnel, et comme ministre déléguée au Développement économique régional, c’est évidemment aussi mon cheval de bataille puisque c’est fondamental. La crise et les périodes de confinement viennent illustrer toute cette notion d’importance de l’accès à Internet à partir de chez soi. On l’avait déjà identifiée comme une priorité avant la crise, cette dernière a simplement mis encore plus en évidence cette réalité. Nous sommes déçus que les gens ne soient pas branchés maintenant, mais on travaille d’arrache-pied pour corriger la situation. On a mis à la même table toutes les entreprises de télécommunication – du jamais vu – pour travailler ensemble et faire avancer le dossier, parce que pour les branchements qu’il reste à compléter, c’est plus difficile, personne ne veut s’en occuper. On travaille cependant très fort pour que le dossier avance, que toutes les maisons soient branchées.
| dhcavocats.ca |