Numero 11 Hiver 2009-2010

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Numéro 11 Hiver 2009-2010

Provençaux ou Occitans ?.. ISSN 1958-7813


Tradicioun Association loi 1901 http://www.tradicioun.org/ Maison des associations 13430 Eyguières Directeur de la Publication Magali Blanc Rédacteur en Chef Eric Blanc

Sommaire

Coordinatrice Patricia Tari Rédacteurs Eric Blanc Magali Blanc Nicole Niel Pierre Madec

Marseille

Fête des Olives Vertes 2009 Fête de la Saint Michel 2009 Treizième trophée Terre de Sel à Salin de Giraud

Beaucaire

27-09-2009

Crédits photos Eric Blanc Pierre Madec Christian Peter

Sian e Saren 20000 à Carcassonne «Per la lenga Occitana» Pèlerinage d’Octobre aux Saintes Pèlerinage d’Automne

03-10-2009

Conception graphique Eric Blanc Les Saintes

Acoso Y Derribo Festival d’Abrivado Séance d’habillage pour Caroline Le Blé

11-11-2009

Arles

Tradicioun

Revue Trimestrielle Numéro 11 Hiver 2009-2010 ISSN 1958-7813 Prix de Vente 5€ Dépôt légal: A parution

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Tradicioun la Revue

Frédéric Mistral, Un écrivain de son temps dins li piado de Mirèio La WebTV de Tradicioun

22-11-2009


Editorial Nous y étions Plusieurs associations se battent pour la défense de leur langue. C’est ainsi que deux manifestations ont été organisées en Provence et Languedoc. La première prône la diversité des langues d’oc et l’existence des langues provençale, béarnaise ou gasconne, la seconde l’unité de l’occitan recouvrant différents dialectes. Bizarrement, malgré une différence fondamentale, tous se réclament de la mouvance mistralienne. Nous avons écouté les protagonistes à Tarascon et à Carcassonne, mais ne chercherons pas à exprimer plus avant les idées de chacun, vous devrez pour cela écouter les discours des responsables, nous les avons mis en ligne. Les choses sont embrouillées, les discours pas très clairs. Et je dois reconnaître que dans cette lutte fratricide, j’ai perdu mon impartialité sous les remparts de Carcassonne. Le contraste entre la bonhomie des participants et la rage contenue des dirigeants des Felco, de l’IEO ou du Félibrige m’a laissé perplexe. Dans la rue pourtant, l’ambiance était bon enfant, les gens venus en famille, heureux ne témoignaient nulle colère, simplement une demande de reconnaissance pour une langue... Laquelle est plus difficile à cerner. L’occitan certainement, la langue d’Oc probablement, Que sont l’un et l’autre, mystère... Selon le président de l’IEO ce sont une seule et même langue : l’Occitan, malheur à qui ne le reconnaîtrait pas. Dans ce haut lieu historique, ces dirigeants se sont laissés aller à des menaces dissimulées... «Nous représentons une force», «nous avons été suffisamment patients», ou «nous avons été bien patients»... Allons messieurs, montrez nous donc ce dont vous êtes capables, agissez donc... Vous envisagez quoi ? Une révolte, une révolution ?... Ne confondons pas culture et politique, engagement et menaces. L’engagement force le respect, les menaces obligent à agir.

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Mouriès

Fête des Olives Vertes 2009 Pierre Madec

Mouriès à l’honneur sert de thème au cortège provençal, point d’orgue de cette 37e fête des olives vertes. Le village a su, au fil des années et sous la patte d’André Blanc, créer là une fête remportant un franc succès. A sa suite, Patrice Blanc en a fait un spectacle à part entière, un spectacle ayant pour gradins les trottoirs et pour scène la rue principale. Les tableaux vivants s’enchaînent racontant une histoire muette au son des fifres et galoubets. Il appartient à Julia, la petite fille d’André, de faire perdurer cet héritage. Présidente du comité des fêtes, elle a, avec son équipe, su maintenir l’esprit de famille de ce défilé. Les groupes aiment visiblement venir à Mouriès, participer à ce défilé. Le plaisir qu’ils ressentent est communicatif et donne à l’ensemble du village un air de gaieté bien agréable. Même le ciel est généralement clément et cette année encore et le soleil offre sa lumière à la réussite de la fête. La sortie de l’église est comme chaque année un grand moment de grâce. Les demoiselles d’honneur de la reine du pays d’Arles Elodie, Laure et Magali rejoignent Marion qui sort de l’église accompagnée des reines du ruban et de tant d’autres arlésiennes.

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Le défilé se met en place à la suite de Marius Combat et des tambourinaires de la vallée des baux. Le cortège s’ancre dans sa propre tradition. Bon nombre des groupes qui sont venus reviennent d’année en année pour la plus grande joie des mouriésens. Il est une chose de voir des formations, c’en est une autre de les voir faire le choix de revenir. On trouve ainsi la Capouliero de Martigues, fidèle depuis la première heure, la Poulido de Gemo de Gémenos, L’escolo de la Mar de Marseille, l’escandihado de Cavaillon, Le reveil tarasconnais, lou trelus d’Istres, lou Roundelet di moulin de Fontvieille, li cacharello d’Eygalières, les arlésiennes de Mouriès, la peña la Gardounenque, les attelages Dupuy, les attelages du Pays d’Arles et les cavaliers de Mouriès et de la Nacioun Gardiano.

Un long cortège qui reçoit une ovation méritée. Mouriès vibre ainsi toute la journée sur cet air de fête. Le matin n’est finalement qu’un prélude à cette journée qui se poursuit dans la ville avec des animations des groupes à tous les coins de rue pour un public guère moins nombreux et dans les arènes pour le spectacle offert par la Capou et la poulido en ouverture de la finale du trophée des olives vertes. Les arènes sont pleines à bloc pour profiter de cette capelado et participer au vino griego entonné par la gardounenque... Le trophée est riche en émotions, où le meilleur cotoie le pire. Picasso montre toute l’étendue de son talent de barricadier faisant entendre une dizaine de fois carmen pour ses actions aux planches. Le pire arrive à deux reprises. Carlos de Lautier cul aux planches demande à être cherché. Clarion ose trop et prend un sérieux coup de corne à la cuisse. La course est interrompue plus d’une heure. Le pire est encore sur la sortie de Racanel de Cuillé, qui prend un coup de crochet à l’oeil et rentre prématurément. Une course camarguaise... Pour ne pas oublier que ce sport comporte des dangers inconnus dans d’autres disciplines. La course du jour est dominée par Alexandre Gleize, qui sur l’ensemble du trophée finit troisième derrière Marquier et Sabatier. Une grande journée de tradition à Mouriès, une année de plus.

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Marseille

Fête de la Saint Michel 2009

Après Mazargues l’an dernier La Fête Provençale de La Saint Michel à Marseille, la fête de la Saint Michel anime le quartier Saint Loup.

La fête créée il y a 26 ans de cela par Mr le Député Maire du 5e Secteur de Marseille Guy Teissier oscille ainsi d’année en année entre ces deux quartiers, les centres des 9 et 10e arrondissements. Cette année, les organisateurs respirent au petit matin, la journée promet d’être belle. Certaines années, le petit déjeuner offert aux participants du défilé s’est passé dans le vacarme d’une pluie diluvienne tombant sur la passerelle sous laquelle tout le monde s’était regroupé. Des moments pas des plus agréables. Rien de tout cela n’est à craindre, et les formations arrivent dès potron-minet pour le regroupement avant le défilé.

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Les Frisons sont les premiers attelages à arriver. Et pour cause, avec son semi remorque transportant ces 6 magnifiques étalons, le débarquement et le harnachement sont des tâches quelque peu consommatrices de temps. Mais pour quel résultat... La calèche huit ressorts blanches attelée aux frisons noirs et emmenant la grâce d’Anais Marquis, demoiselle d’honneur de la XXe Reine du pays d’Arles est tout simplement extraordinaire... Ils ne sont pas les seuls attelages à être venus aujourd’hui. Le défilé proposé à l’animation du boulevard Saint Loup regroupe des formations de Marseille et d’ailleurs, le groupe ’local’ La Ribambello du Roudelet de San Ro accueillant ainsi : L’Oulivarello de Marsiho, l’escolo de la Ribo de La Ciotat, L’escolo Mistralenco d’Arles, L’estello Aubanenco d’Aubagne, la peña les Authentiques d’Arles, les attelages Barin de Beaucaire, l’âne bleu de Roquevaire. Mr le maire ouvre le défilé à cheval avec les gardians de la manade Agu, qu’Eric le Berger de la ferme du Pyré clôture. Cette animation haute en couleurs est plus qu’un simple défilé folklorique. La fête de la Saint Michel a une vraie portée culturelle voire éducative. Faisant entrer à Marseille gens en costumes traditionnels, chevaux et bédigues, il a pour vo-

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et troisième couplet... Il reste du travail... Du travail pour tous les groupes qui tentent avec toute leur force de faire vivre la tradition, parce qu’elle fait partie de nous et de notre terroir, elle est notre terroir. De petits riens laissent à penser que cette journée est probablement une des plus importantes animations organisées dans notre ville. Importante parce qu’elle permet de maintenir ce lien avec les générations passées, et celles à venir. On a besoin du passé pour construire l’avenir.

cation de rappeler que Marseille est une ville moderne certes, mais qui s’appuie sur des bases solides. Le temps n’est pas si loin où les ’quartiers d’aujourd’hui étaient les villages d’hier et où les boulevards étaient encore des champs, des territoires de chasse. Aujourd’hui sur le pavé, les dames portent les coiffes à courduro, à la couqueto, le ruban ou la cravate comme au début du siècle dernier. Un tout petit siècle durant lequel nous avons plus oublié que durant les cinq siècles précédents. La culture commence avec le travail de la terre, le chant des oiseaux, le cri du chien dans la cour et le hennissement des chevaux dans le champ, pas avec les strass et les paillettes.

Dans le quartier, le Roudelet de San Ro veille, et oeuvre. Son président René Pagano y travaille depuis 1985... Une abnégation et une implication qui lui ont valu une récompense inattendu grâce au député maire Guy Teissier. Dans la cour de Maison Blanche, devant une foule rehaussée par la présence du Sénateur Maire Mr Jean Claude Gaudin, Mr Teissier remet à René les Palmes Académiques, en soulignant toute l’implication d’une telle récompense adressée à un félibre.

Une grande journée est organisée chaque année à Marseille. La voto d’un saint, la fête d’un secteur de Marseille, de deux arrondissements, deux villages Saint Loup et MaNombre des citadins présents n’ont jamais eu de contact zargues. avec les animaux, enfants des villes d’aujourd’hui. Le défilé est ainsi leur appel à venir au parc de Maison blanche. Passez à Mazargues l’an prochain... Là dans la pelouse des jardins, ils verront une ferme, les attelages faire des démonstrations, et les gardians s’amuser. Ils verront aussi une course camarguaise. Les jeunes de l’école taurine venant se confronter à quelques bêtes emboulées... Toute une vie hors la ville, dans la ville. Ce dimanche matin, la coupo santo a été applaudie entre les deuxième 8

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Né en 1955 à Mazargues René Pagano y a grandi. En 1985, il a fait renaitre le roudelet de san Ro créé en 1942 par J. Chabaud. Avec plusieurs anciens du groupe et avec l’apport des membres des pastorialiers de la timonerie du Prado, il redonne vie et âme à ce groupe, ce qui représentait à l’époque une quarantaine de personnes. A travers ce groupe, il a pris la route de la Provence qu’il sillonne régulièrement avec ces amis. Il va même au-delà en France et à l’étranger : Allemagne, Danemark, Italie, Espagne, ou encore Suisse pour porter très hautes les traditions de la Provence. Depuis 1985 il est le président inamovible de l’association. A Mazargues les membres du roudelet ont beaucoup œuvré pour faire connaître la tradition et la culture Provençale et René a été, lui et tous ses amis qui l’entourent aujourd’hui, un des premiers à participer à cette fête de la Saint Michel que j’ai créée il y a maintenant 26ans. René écrit des textes en Provençal et en Français sur le temps de Noel, des Noels provençaux évidemment, et sur toutes les fêtes qui marquent la tradition Provençale. Aujourd’hui, le groupe compte 60 membres et l’histoire de notre patrimoine est raconté à nos enfants par eux dans notre belle maison de quartier de Mazargues. Le Roudelet adapte et modernise les traditions avec des instruments, avec des textes en les élargissant à la culture et d’autres groupes de traditions principalement issus de la langue D’oc. C’est pour tous ces mérites que j’ai proposé notre ami René Paganau à cette distinction des Palmes académiques et le ministre de l’éducation nationale a accepté cette proposition. Donc mon Cher René au nom du ministre de l’éducation nationale je te remet les Palmes académiques.

Guy Teissier

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Salin de Giraud

Treizième trophée Terre de Sel à Salin de Giraud

Dans le cadre de la journée des Parcs Naturels Régionaux, des animations étaient proposées au PNR de Camargue, comme dans les 4 autres parcs de la Région Provence-Alpes Cote d’Azur. Entre autres, Une course à l’avenir était organisée par le Club taurin local Prouvènço Aficioun. La course comptant pour le trophée de l’avenir Espoirs avait lieu à Salin de Giraud, village choisi par le PNRC comme camp de base. Un écrin tout en nature pour cette course dont l’entrée était offerte par le Parc. Et quelle bonne idée, les arènes étaient pleines à bloc pour vibrer le long d’une course des plus plaisantes, lors de laquelle Romain Gros s’est adjugé cette 13e édition du trophée terre de sel, qui a également vu primé le biòu de Lautier : Baryton. Mais les autres biòu n’ont pour autant pas démérité.

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Premier à sortir, et parfaitement à sa place, Balzac de la Galère ouvre les hostilités. C’est un bon premier, ne refusant rien que ce soit à droite comme à gauche. S’il ne tape pas aux planches il finit cependant ses actions. Romain Gros le cite à merveille durant ce premier quart d’heure. Il perd ses attributs mais rentre avec les honneurs. (Coupe cocarde Romain Gros, Cocarde Leopold Galibert, Premier Gland Geoffrey Ferriol, Deuxième Gland puis première ficelle Romain Gros et deuxième ficelle Geoffrey Ferriol) A la suite de Balzac, Baigneur de Cavallini sort avec de méchantes disposition. Taureau avec lequel il ne faut pas s’attarder à la planche, il le rappelle à Gros puis Maurel et Galibert qu’il pousse sur des actions. Ses actions vont au bout, mais il s’étiole au fil des minutes, prenant le milieu et refusant tous les rasets. Tanqué au centre, il garde ainsi ses ficelles jusqu’aux clarines. (Coupe Cocarde puis cocarde Gros, Premier Gland Maurel, deuxième gland Galibert)

Lou Saunié de JC Blanc est un peu vert. Il est explosif, mais ses courses trop franches exposent ses attributs. Il perd rapidement Cocarde et gland. Il a du placement, est volontaire ne refuse rien et entend ainsi le disque sur deux séries fort plaisantes. 7 petites minutes bien éclatantes pour ce biòu. (Coupe Cocarde Gros, Cocarde Ferriol, Premier Gland Gros, Deuxième Gland Ferriol, Première ficelle Hicham Fadli, Deuxième ficelle Gros)

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Après la pause, Baryton de Lautier sort. Un taureau vraiment à suivre, avec un placement sérieux. Ses actions vont au bout, ses courses sont explosives et il ne refuse pas les séries. Il entend ainsi plusieurs fois le disque, une ou deux fois généreusement, ce qui n’enlève rien à la qualité de ce biòu qui rentre ses ficelles avec les honneurs. (Coupe Cocarde Gros, Cocarde et premier gland Gros, Deuxième gland Ferriol). Lebrau de Plo fait ensuite sa dernière sortie. Le manadier a choisi Salin pour la despedida de son taureau au palmarès bien rempli. Et on croirait que le taureau a compris qu’il allait prendre sa retraite, finissant sa carrière en prince. Il démarre fort, effectuant deux splendides coups de barrière en début de course. Le cercle s’élargit, il a fait de la place. Les hommes le connaissent, le craignent. Lui semble les inciter à venir à lui de ses mouvements de tête. Il est plus délaissé aux ficelles qu’aux glands. Mais il montre après Gros qu’il ne faut pas commettre d’erreurs. Montant aux planches après Romain Gros, il l’accroche sans gravité à la cuisse, lui déchirant le fond du pantalon. Il rentre sa première ficelle à 177 € sur le disque. (Coupe Cocarde Ferriol, Cocarde Gros, Premier Gland Damien Martinez, deuxième Gland Galibert) Bouffareu de Guillierme perd ses principaux attributs dans les premières minutes. Il prend ensuite un peu d’assurance et se réserve plus aux ficelles. Une de ses anticipations sur Galibert oblige le raseteur à lâcher le raset le mettant quand même en danger aux planches. A la première ficelle, le taureau répond à toutes les sollicitations. Il rentre sous le disque. (Coupe Cocarde Fadli, Cocarde Martinez, Premier Gland Fadli, deuxième Gland Ferriol, Première ficelle Ferriol, deuxième ficelle Galibert)

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Mafate de Lagarde sort dernier. A sa sortie, 4 points séparent Romain Gros (21 points) de Geoffrey Ferriol (17 points). Rien n’est encore joué. Geoffrey se lance ainsi à l’assaut des points. Il fait la coupe cocarde, et dans la foulée Galibert fait la cocarde et Romain le Premier Gland. Quand il enlève le second Gland, Romain empoche le trophée. Il n’y a plus de compétition, ni sur ce trophée ni sur celui de l’avenir. Le taureau est craint par les hommes qui font beaucoup de rasets à blanc. Emile Lieballe s’amuse avec lui, le tirant à la planche et lui fait faire deux splendides coups de barrière.

Un tourneur aux Tubes dans la situation d’un jeunot, une bien belle façon de finir l’après midi. Le palmarès de cette 13e Edition du Trophée du Sel est donc * Premier Romain Gros * Deuxième Geoffrey Ferriol * Meilleur animateur Leopold Galibert * Meilleur Taureau Baryton de Lautier. La remise des prix se fait en piste en présence notamment de Caroline Serre, Reine du Pays d’Arles et de ses demoiselles d’honneur Pauline, Elodie et Laure, d’Hervé Schiavetti, Président du PNRC, Vice président du Conseil Général et maire d’Arles et de Michel Vauzelle, le président de la Région Provence Alpes Cote d’Azur et de Jean-Louis Joseph le président de la fédération des Parcs Naturels Régionaux. Les présidents ont insisté sur l’importance de ce parc, des parcs naturels régionaux et sur les symboles forts et traditions de la Camargue et de la Région. Une bien belle journée dans le plus vieux PNR de France.

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Beaucaire & Tarascon Ce 3 octobre avait lieu entre Beaucaire et Tarascon, une manifestation pour défendre les spécificités des Langues d’Oc.

Sian e Saren

Manifestation pour la diversité des Langues d’Oc

Le point de rendez vous est fixé sur le Champ de Foire de Beaucaire. A cet endroit, se tenait il y a plus d’un siècle de cela une foire qui permettaient aux locaux d’acquérir des étoffes venues des échelles du levant, ou des épices, des soieries, des animaux... Une foire gigantesque pleine de symboles.

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Le collectif et l’union des langues d’O refusent de voir classer le provençal et les autres langues d’oc "comme des sous dialectes d’une langue occitane qui regrouperait toutes les langues du Midi". Les trente deux départements du Sud de la France seraient ainsi réunis dans un Supra régionalisme dont le pouvoir pourrait redistribuer à sa guise subventions et autorisations. La crainte du président du collectif Provence est lié à la constitution récente d’un pseudo gouvernement d’Occitanie, séparatiste. Loin de cette langue unique standardisée, Le collectif prône pour un Capes de Langues d’Oc avec option régionale. Un moyen de conserver et respecter la spécificité de chacun. Le collectif rappelle aussi qu’il a déjà proposé "la création d’un observatoire de la langue et de la culture provençales, véritable pépinière de mémoire et de création De symbole il en sera question toute la journée. Le collec- pour notre langue." Une volonté et un projet restés lettre tif Provence a appelé à manifester. Les Langues régionales morte, quand les occitans ou les bretons se voient offrir les sont inscrites dans la constitution, mais un projet de loi moyens de leurs ambitions... est en préparation listant ces langues régionales. Ce jour le collectif a rassemblé les provençaux pour franLes langues d’Oc y sont toutes regroupées sous le terme chir le Rhône, jusqu’au pied du château du Roy René. d’Occitan, et Provençal, Béarnais, Gascon, nissart, ceve- Tous ne sont pas venus. nol relégués aux rangs de dialectes, d’idiomes locaux. Le Félibrige ira à Carcassone pour défendre l’Occitan derLes gens qui sont venus aujourd’hui trouvent insuppor- rière celles et ceux qui appellent à y manifester. Il a ensuite tables l’idée d’abandonner leur provençal au profit d’un fait claquer son fouet pour rappeler à l’ordre des associaoccitan qu’il ne reconnaissent pas, ils sont venus le dire. tions qui avaient annoncé leur venue à Beaucaire. Avec des banderoles claironnant "Gardarèn lou Prou- Nombreux sont là, malgré les discours antinomiques d’asvencàu", "Occitanie Non merci" ou "Lou Prouvençau es sociations provençales. nosto lengo" leur message se veut clair. Les élus les ont suivi, les soutiennent. Mr Fabre, maire de Tarascon, Mr Bourbousson, Maire de Beaucaire, Mr Leur langue est le provençal, cette langue codifiée par Fré- Vulpian représentant le président de la Région Provence déric Mistral et une poignée de ses amis, il y a de cela un Alpes Cote d’Azur et le président du conseil Général des siècle et demi. Ils étaient peu nombreux et ont porté le Bouches du Rhône, Monsieur Martinez Conseiller du renouveau d’une langue qui disparaissait jusqu’au Nobel. Canton de Beaucaire, Mr Lachaud Député de Nîmes, et Un dictionnaire, une grammaire, une littérature... Une Reynes Député des Bouches du Rhône témoignent pour langue menacée par un état français qui tendait à vouloir ’notre’ langue, et nos traditions. faire disparaître les spécificités locales. Cette menace a disparu, et la France a même reconnu La manifestation est passée de Beaucaire à Tarascon, du l’existence des langues régionales. Et pourtant, les pro- Gard aux Bouches du Rhône, du Languedoc Roussillon à vençaux venus considèrent la menace comme tout aussi la Provence Alpes Cote d’Azur, de l’occitan au provençal. grave. Aujourd’hui la langue en passe d’être reconnue n’est pas le provençal mais l’occitan. L’action du collectif se poursuit au delà pour la reconnaissance de la langue.

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Carcassonne

20000 à Carcassonne «Per la lenga Occitana»

Près de 25000 personnes (chiffre officiel des organisateurs, 12000 chiffre officiel de la police) se sont retrouvées à Carcassonne pour la défense de l’occitan, et l’obtention d’une loi dans la veine de ce qui avait été promis par les représentants des gouvernements qui se sont succédés depuis 2005.

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Ils sont tous là, sous la croix de Toulouse, symbole de la région Midi-Pyrénées, du Languedoc et de l’Occitanie. Ils sont venus pour défendre l’occitan, installer son enseignement, diffuser sa culture via une télévision et une radio publique en langue occitane. Pour la langue occitane comme le rappellent tour à tour le président de la Felco qui manifestait déjà en 2005 pour la "Langue d’Oc, au singulier" et le président de l’IEO : "Il n’y a qu’une seule langue occitane, qu’une seule langue d’Oc"

La foule se masse dans les murs de la Cité pour écouter tour à tour Le président de la Felco, celui des calendretos, de l’IEO, et du Félibrige. Les discours sont enflammés. Tous insistent sur la patience qui les a animés jusqu’alors. Pour Jean-Louis Blenet, le président des calendreto : "Nous représentons une force avec laquelle il faut compter". Pour David Grosclaude, président de l’institut d’estudis occitans : "Les actions futures seront plus énergiques", tandis que le capoulié rappelle "Que l’état prenne ses responsabilités, nous prendrons nos responsabilités".

Les Organisateurs demandent ainsi dans un texte la reconnaissance des langues régionales telles que le Corse, Une manifestation en ouverture d’actions à venir... le breton, l’alsacien, le basque et l’occitan. Ils demandent aussi un soutien à la création en langue occitane, et la l’omniprésence de l’occitan dans la vie publique. Une vraie réussite pour cette région qui a su se mobiliser pour sa langue. Les croix occitanes sont légion ce jour à Carcassonne, et le défilé ressemble au déferlement d’une armée pacifique qui monte à l’assaut du bastion des Trencavel au cri de "Anem Oc per la lenga occitana". Au coeur du cortège, on peut voir les fanions des appelants à manifester maillant tout le parcours. Et çà et là les élus qui se sentent concernés par ce combat. En effet, si l’ambiance est festive et musicale tout au long du parcours, le final rappelle la phrase de d’Arbaud... "La Provence qui chante et le Languedoc qui combat".

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Les Saintes

Pèlerinage d’Octobre aux Saintes

Deux Femmes s’approchent de la lourde pierre qui barre le tombeau. Il s’agit de Marie-Salomé mère des apôtres Jacques le Majeur et Jean et de Marie-Jacobé mère de Jacques le Mineur et des apôtres Jude et Simon le Zélote. Comment vont elles rouler la pierre pour laver le corps qui gît à l’intérieur ?... Elles n’auront pas à le faire. Le tombeau est ouvert, le corps n’est plus là. Un jeune homme les attend... Le Christ est mort, il est ressuscité. Marie-Jacobé et Marie-Salomé en seront les premiers témoins. Ces Premiers témoins sont finalement jetés dans une nef sans voile ni rame par les juifs. Un ancien cantique français veut que cette embarcation ait emmené outre les Saintes femmes, Lazare, sa soeur Marthe et leur servante Marcelle, Sidoine, Trophime, Maximin, Lazare, Saturnin et Marie Madeleine. La question de Sara reste en suspens. Selon la tradition catholique, Sara est la servante de Salomé et Jacobé, alors que pour les Gitans, elle est une princesse Rom qui vivait sur place et a accueilli les occupants de la nef.

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De ces premiers chrétiens, seules Salomé et Jacobé restent sur place. Trophime va en Arles, Marthe ira à Tarascon, Marie-Madeleine pleurera sur les coteaux de la Sainte Baume, Maximin gagne Aix, Saturnin Toulouse et Lazare Marseille. Les Saintes décédèrent là où elles avaient débarqué. Selon la tradition, afin de les protéger des pirates, les Santens les ensevelirent sous le maitre Autel. Leur souvenir s’estompe.

de Provence, les Seigneurs de Monfaucon, de Clermont, de Grimaud et d’Aigues-Mortes. Pierre de Foix vient lui accompagné d’une suite tout aussi importante 13 évêques, 4 abbés mitrés, 17 dignitaires, docteur en droit et en théologie. Le 2 Décembre, le légat déclare que les deux corps exhumés sont ceux de Sainte Marie Jacobé et Sainte Marie Salomé.

En 1447, en neuvaine à la Sainte Baume, René d’Anjou comte de Provence rencontre Adhémar Fidelis prieur de Saint Maximin. Ensemble ils évoquent l’arrivée à la Sainte Baume de Sainte Marie Madeleine et de ses compagnons d’infortune. Selon les documents du dominicains, les Saintes ont été ensevelis au point où elles ont débarqué. Le Roi René tout dévoué à l’image des Saintes part vérifier la concordance entre les documents remis et les témoignages sur place. Ainsi convaincu, le roi décide de creuser le sol de l’église de Notre Dame de la Mer. Nous sommes en 1448, et les travaux commencent après que le Pape Nicolas V ait accepté de rechercher et glorifier les restes des Saintes. La bulle d’autorisation est datée du 3 Août 1448. Le pape désigne comme commissaires apostoliques Robert Damiani, Archevêque d’Aix et Nicolas de Brancas Evèque de Marseille. Le Seigneur d’Arlatan, seigneur de L’élévation est faite le lendemain, le 3 Châteauneuf et chambellan du roi décembre 1448. La messe pontificale dans l’église voit les reliques des SainRené dirige les fouilles. tes enfermées dans des châsses jumelLes travaux sont effectués par 14 San- les et placées dans la chapelle haute, ten jurant de témoigner fidèlement dédiée à Saint Michel. de ce qu’ils trouveront. Après deux Les Châsses subissent les foudres de semaines de labeur, le chevalier d’Ar- la Révolution. Les révolutionnaires latan clot les fouilles. Deux corps ont les sortent et les brûlent. Fort heuété trouvés. Un émissaire est envoyé reusement, un prêtre avait pris soin au pape afin qu’il délègue sur place de mettre les ossements à l’abri. Les son Légat Pierre de Foix. Le cardinal troubles passés, deux nouvelles châsdoit attester des restes, et doit égale- ses jumelles sont créées en 1794. ment attester des oeuvres passées de Elles sont toujours là. ces femmes. Le 21 Novembre 1448 le Roi René rejoint le Légat accom- Elles descendent trois fois l’an les 24 pagné par une importante suite de Mai pour commémorer la mort de seigneurs Isabelle de Lorraine et Jacobé, 22 Octobre pour celle de SaFrédéric son beau fils, le Sénéchal lomé et le 3 décembre en mémoire de

l’élévation en 1448. Ce dimanche avait lieu aux Saintes le Pèlerinage en l’honneur et à la mémoire de Salomé. Les châsses descendent le Samedi après midi pour être exposées. Le Dimanche, une messe solennelle en lengo nostro donnée par Mgr Reidt Archevêque d’Aix et d’Arles et le père Michel Desplanches précède la procession à la mer. Une représentation des Saintes dans la barque qui les a amené est portée jusqu’à la plage par la confrérie des Saintes Maries de la Mer pour une bénédiction. La procession est silencieuse, recueillie. Les gardians ouvrent la voie portant les étendards de la Nacioun Gardiano, de l’antico counfrarié di gardian de San George, et de la confrérie des Saintes Maries de la Mer. A leur suite, les bannières des pèlerins identifient l’ordre de Malte, le lien de Saint-Jacques de Saint Gilles ou Sainte Marie Madeleine. Le Dimanche après midi, les Saintes regagnent la Chapelle haute dans une église tout aussi pleine que le matin. Un bien étrange dimanche, pétri des meilleures intentions. L’église est pleine de pèlerins le matin pour la messe, et tout aussi pleine une bonne heure avant la cérémonie de remontée des châsses. Les gens venus prient. Le père Desplanches est fidèle à lui même, d’un charisme inouï. Nous sommes ici pour prier, dit il d’un ton ferme. Il montre la voie, explique. Il raconte l’histoire de l’arrivée des Saintes, celle des fouilles, et de la découverte des reliques. Il explique aussi la chapelle primitive, celle dans laquelle nous sommes, qui l’a supplantée. Il parle de la légende, mais est elle bien une légende... De récentes études sur les ossements des Saintes tend à démontrer qu’il s’agit là des restes de deux femmes, originaire d’Asie, et dont la datation renvoie aux premiers temps de la chrétienté, alors... Alors...

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Les Saintes Pèlerinage d’Automne

Le Territoire des Saintes Maries de la Mer est une terre bénite. Trois pèlerinages ont lieu chaque année. Les 24 et 25 mai sont en l’honneur de Marie Jacobé et Sara, le 22 octobre (avant dernier dimanche d’octobre) en l’honneur de Marie Salomé et le 2 décembre (premier dimanche de décembre) en souvenir de la proclamation des Saintes reliques en 1448.

Nous sommes réunis par une fraîche matinée d’automne devant l’entrée de l’église des Saintes Maries de la Mer. Ce lieu est chargé d’histoire depuis 2000ans. La croyance dit que c’est sur ce rivage qu’une nef a accosté avec à son bord les premiers chrétiens. Maximin, Marthe, Marie-Madeleine, Marie Salomé, Marie Jacobé, Lazare, Joseph d’Arimathie, Trophime, Saturnin, Sara , Marcelle, Eutrope, Martial et Sidoine furent chassés de Palestine après la mort du Christ. La

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nef dériva et accosta miraculeusement aux Saintes. Les chrétiens construisirent un autel en terre pour y célébrer leurs offices. Ils se dispersèrent ensuite pour évangéliser cette terre accueillante. Marie Jacobé et Marie Salomé ainsi que Sara restèrent sur place. Après une vie austère elles moururent et furent enterrées en ces lieux. Le roi René d’Anjou fit faire des fouilles en 1448 et retrouva ainsi les saint ossements. Il se dit que lors de la découverte une odeur merveilleuse s’exhala des corps. Depuis, une châsse contient les reliques des Saintes. C’est ainsi que le pèlerinage commença. La châsse descend trois fois par an : pour le 25 mai en l’honneur de Jacobé, le 22 octobre pour Salomé et le 2 décembre car c’est le 2 décembre 1448 que le roi René, son épouse Isabelle de Lorraine, et la cour vinrent aux Saintes encore nommées Notre Dame de la Mer. Le cardinal légat du Pape authentifia les ossements et déclara que les corps des Saintes reposaient bien dans l’église. Les reliques furent déposées dans la châsse qui se trouve dans la chapelle haute consacrée à Saint Michel. Durant la révolution française, l’église subit des dommages mais grâce à la vigilance des paroissiens les reliques furent secrètement gardées. La châsse première fut brûlée. A la fin de cette période trouble, une nouvelle châsse fut construite et les saint ossements purent retrouver leur place.

ple de Camargue et d’ailleurs. La procession s’élance dans la prière jusqu’à la plage. Les Gardians escortent l’effigie. Sur la plage le monde est là, qui attend l’entrée des Saintes dans l’eau. Moment qui rappelle l’arrivée de la barque. Puis après la bénédiction nous raccompagnons les statues jusqu’à l’église. L’après midi la cérémonie est émouvante, pleine de ferveur, de prières, d’espoir. Les croyants peuvent s’approcher des châsses, les toucher, se prosterner devant elles. Lorsque le moment de la remontée arrivent, munie d’un cierge, les croyants prient et lèvent leurs bras vers elles. Pour certains c’est un déchirement, une séparation, pour d’autre une espérance, un renouveau. Les Saintes reliques reprennent leur place dans la chapelle haute. La cérémonie se termine par une prière et c’est en chantant prouvençau e catouli que nous nous séparons.

Ce matin nous sommes donc présents pour ce rendezvous. La châsse descendue la veille est l’objet de toutes les prières. Au sortir de la messe l’effigie de Marie Jacobé et Marie Salomé dans leur barque est portée jusqu’à la mer. Les confréries sont là, la Nacioun Gardiano, l’antique confrérie des gardians de St Georges, l’ordre de Malte, le diocèse d’Aix et d’Arles, la Confrérie de Sainte Marie Madeleine, confrérie d’Aigues-Mortes, Le Lien de St Jacques de Saint-Gilles et la confrérie des Saintes Maries de la Mer, notre Reine d’Arles Caroline Serre en compagnie de Pauline Faget une de ses demoiselles d’honneur, le peuNumero 11 Hiver 2009-2010

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Les Saintes

Acoso Y Derribo Festival d’Abrivado

La saison tauromachique se termine habituellement par deux manifestations emblématiques aux Saintes Maries de la Mer. Première au calendrier, l’Acoso y Derribo voit affluer une foule dense sur la plage Est pour assister à cette manifestation de tradition taurine ibérique. A l’origine, ’Acoso y Derribo’,

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en français harcèlement et destruction, était une activité réservée au Campo quand il fallait trier des bêtes pour les tester. Depuis une trentaine d’années, c’est devenu un sport sous tutelle de la fédération équestre internationale. Aux Saintes, il s’agit encore d’une démonstration dans laquelle la Garrocha est manié sans la pression de la compétition. Canaveral ou El Juli s’adonnent à ce plaisir, El Juli tientant ensuite un novillo devant un public déjà acquis à sa cause. Le Sable est leur arène : Mathias Trejela, Davila Miura ou Thomas Joubert les accompagnant pour quelques instants fugaces entre terre et mer. Le 11 Novembre est plus Camarguais. Le festival d’abrivado n’est plus à présenter. En conséquence, il faut arriver tôt aux Saintes sous peine de ne pouvoir se garer à moins de 3 km de l’arrivée, une douzaine du spot de départ. Si l’on pouvait croire qu’il y avait du monde pour l’Acoso y Derribo, rien ne préparait

à l’engouement que suscite cette manifestation en Camargue. Du monde sur l’ensemble du parcours pour voir passer les 11 manades qui participent cette année. Les anciens râlent, encore... "De mon temps ce n’était pas comme ça, ça échappait de partout" ... Cette année, les jeunes ont joué le jeu d’une manifestation responsable. Il y a beaucoup de monde sur le parcours, et beaucoup de gamins courent ici et là. Le paysage a changé, les gens ne sont pas forcément habitués à cette activité, et il vaudrait mieux que les taureaux n’échappent pas. Il reste quelques imprécisions... Les roumegaìres trouveront toujours à redire, et ils n’ont pas toujours tort. Ainsi pour l’acoso y Derribo, nombre d’appels ont été lancés pour que la foule qui s’était massé au point d’arrivée s’écarte. Les gens présents en nombre formaient un véritable mur qui décourageait les bêtes. Ils ont gaché une partie de l’acoso... Mais n’en ont cure. Pour le festival d’abrivado, une dame s’était réfugiée hors du parcours, sur une butte. Mais deux cavaliers ont décidé d’écourter ou de couper le parcours en passant sur cette butte... La seconde cavalière a vu son cheval être surpris au sommet de la butte et entamer un 360° marchant au passage sur la cheville de cette dame qui s’était pourtant écartée. La cavalière a continué son chemin... Quelle importance... Il reste des progrès à faire. Des attitudes, des deux cotés laissent à désirer.

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Arles

Séance d’habillage pour Caroline

Nicole Niel

A l’occasion de la remise du « RUBAN de la REINE » par Mr Vivier Merle, la séance de maquillage et d’habillage ont été confiées à Lydie et Nicole Niel. Avant l’intervention de Nicole, Lydie nous a offert un cours de maquillage. Un maquillage dont le seul but est de se faire oublier pour mettre en valeur les yeux malicieux, l’éclat de la peau et les volumes harmonieux du visage. Les couleurs choisies sont discrètes, toutes en douceur pour cette jeune beauté. Un camaïeu de beige, brun et rose, qui évite l’agressivité et la vulgarité. Puis, Nicole Niel finit d’apprêter Caroline Serre.

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Plaisir partagé entre ces deux représentantes de la tradition. Une complicité qui nous donne ici l’occasion de revenir sur un moment important pour beaucoup de femmes qui portent le costume : « La pose de la chapelle »... ou « comment être au mieux de sa personne et à l’aise en costume ». Nicole insiste sur ce qui, au-delà de la technique, lui semble encore plus important : Tout le monde n’a pas la chance d’être comme notre Reine d’Arles, un petit bijou bien proportionné. Le corps humain n’est pas parfaitement symétrique et malgré tout le costume d’Arles tend vers la perfection dans son agencement. Il faut savoir utiliser les éléments textiles qui se superposent afin de compenser les asymétries de ce corps et retrouver les canons de la tanagra grecque. La structure même du costume d’Arles, superposition d’étoffes et de dentelles, autorisent et induit le modelage des différentes pièces, permettant ainsi d’atteindre la perfection recherchée. La pose du devant d’estomac est importante, elle permet de rectifier un aplomb, d’affirmer l’horizontale qui ferme le décolleté. Elle est aussi l’étape la plus simple. Il suffit pour le trapèze du plastron que la ligne supérieure soit horizontale. Sa base doit arriver au milieu de la taille. Une fois les cotés repliés, le triangle qui en résulte doit être visuellement d’aplomb.

Comme un écrin, la guimpe doit mettre en valeur la tête et ne doit ni remonter sur le cou, ni être posée trop loin sur les épaules. La dentelle ou la broderie affleure la naissance du cou. Sa pose est avant tout conditionnée par la coupe juste de l’eso. Si cette dernière est trop échancrée sur les épaules, elle ne permet pas la pose correcte des épingles. La guimpe est épinglée en 6 endroits. Dans le dos, deux épingles la maintiennent à la bonne hauteur (la ligne horizontale des épaules) [3] ni trop en arrière, ni trop près du double bandeau. La guimpe est la base sur laquelle se construit le bénitier, et c’est la bonne position du bénitier qui donne à l’arlésienne son port de tête royal légendaire. En avant, les deux pans de la guimpe se rejoignent juste au dessus de la pelote. Voilà le premier moyen utilisable pour parfaire les proportions. Encadrant le devant d’estomac, sa

terminaison à la taille décide de la proportion du buste par rapport au reste du corps. Placée au dessous ou en dessus de la taille elle allonge ou réduit la hauteur du buste. Ne pas oublier que la pelote viendra ajouter ses 7 ou 8 cm.

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Le fichu de dessous, carré de tarlatane amidonnée plié sur la diagonale, est savamment drapé, avec rigueur mais sans violence. Les plis sont rigoureusement parallèles les uns aux autres, espacés de 3 mm sans être jamais écrasés, ni meurtris [4]. La crête du pli doit rester arrondie et souple, nerveuse mais sans cassure, sensuelle en somme ! Les plis formés sont maintenus sur un carton par deux épingles. Ils forment de part et d’autre deux grandes ailes déployées qu’il va falloir apprivoiser. La gaze, se positionne par dessus la guimpe laissant la dentelle visible. Elle verrouille la position du bénitier. Les plis s’organisant de part et d’autre de la guimpe doivent être plus ou moins décalés afin d’élargir le buste, si nécessaire. La gaze est le second outil de sculpture. Les pointes du fichu de dessous sont repliées pour combler l’espace sous la poitrine, formant ainsi "Li estomac".

Posé sur le bénitier, juste en dessous du fichu de gaze, le fichu (de dessus) est fixé par trois épingles nacrées dans le dos. A l’arrière, la dentelle ou l’ornementation vient mordre sur la taille, mais point trop. A l’avant, les plis bien parallèles du fichu, légèrement décalés les uns par rapport aux autres, comme précédemment, renforcent la volonté de modifier si nécessaire la largeur du buste, et parfaire l’équilibre des proportions du corps .

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La pelote, discrète et raffinée comme un petit coquillage, vient terminer le triangle que forme la chapelle. Elle s’intègre aux lignes descendantes des fichus qu’elle termine avec bonheur. Elle ne doit jamais donner l’impression d’être dissociée du reste, comme une pièce rapportée. Le fichu posé, doit conserver de la souplesse de part et d’autre de la pelote. L’arlésienne doit pouvoir lever les bras, ne seraitce que pour vérifier "li trau" ou contrôler une épingle d’épaule sans pour autant mettre en péril l’ensemble de sa chapelle.

Les bijoux sont à l’Arlésienne ce que la rosée est à la nature. Le costume est nu sans ces atours. Ce jour là Caroline avait choisi dans "Les BIJOUX de la REINE" offerts par Mr Colcombet, la rivière, les pendants, le coulas... Caroline est prête à se rendre à la Mairie où le ruban précédemment posé sera remplacé pendant la cérémonie par le ruban vierginen de la Reine.

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Valensole

Le Blé

A Sainte Barbe, les provençaux plantent du blé dans des coupelles. La raison en est simple Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn

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Le blé tient une place à part ici. Il est à la source de toute une symbolique. La plus splendide d’entre elles est peut être celle liée au blad de luno. Faire blad de luno, c’est moissonner le blé d’autrui à la lueur de la lune. De larcin domestique, il est devenu rendez-vous amoureux. Rencontrer sa belle dans la campagne c’est faire du blé de lune... Ernest Roussel écrivait dans l’armana prouvencau de 1881 Blad de luno Dans tes sentiers, Belle Provence, Quand la lune est propice aux couples amoureux, On moissonne ce blé tout doré, savoureux. Pain béni de l’amour, beau pain de la Jouvence ! Joue à joue ils vont tous les deux, Tressaillant de bonheur, de crainte, d’espérance ; Ils cheminent plan-plan, sous les hêtres ombreux, Et le bel épi blond germe avec complaisance. Or, voici ce qu’Ambroise, le berger, Pauvre vieux, toujours vert, guilleret et léger, Un soir, nous raconta, - car il en sait plus d’une : "Point n’est besoin d’être faucheur savant ; Il suffit d’être jeune et d’être heureux amant, Pour récolter le blé de lune." En 1989, Maguy Roubaud fonde l’association Le blé de l’espérance. Le but de cette association est d’aider l’enfant ainsi que les résidents de centres pour handicapés à mieux vivre leur hospitalisation. Les bénéfices de la vente des sachets estampillés Le Blé de l’Espérance sont reversés à cette oeuvre. Alors... Pour Sainte Barbe, plantez du blé...

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Saint Gilles Frédéric Mistral, Un écrivain de son temps

Dans le cadre de cette année Mirèio, les Saint Gillois nous ont offert une exposition intitulée Frédéric Mistral, un écrivain de son temps.

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L’exposition s’appuie sur des panneaux prêtés par la BDP des Bouches du Rhône, et est rehaussée de documents, cadres et explications tant sur l’auteur que ses oeuvres. On y trouve notamment des documents prêtés par Michel Fournier, félibre de Manduel, des livres anciens du fonds Emile Cazelles de collections privées et des documents concernant la Statue de Mirèio aux Saintes. L’expo s’est ouverte le 5 novembre, par la projection d’un reportage «Sur les traces de Frédéric Mistral» dirigé par Philippe Reig, Félibre fondateur de Télé Mistral. Lors de ce vernissage, Philippe Reig a comblé l’auditoire avec une conférence sur Mistral, sa vie et l’intrication de celle ci avec les épisodes de son oeuvre Majeure : Mirèio. Une conférence tantôt édifiante, amusante ou tragique à la dimension des différents chants du poème. Absent, vous aurez également manqué la lecture de passage de l’oeuvre en Lengo Nostro par une jeune fille, démontrant s’il le fallait encore la modernité de ce thème, et quelques danses... En marge de cette conférence, l’exposition soulève un coin du voile. On y apprend le destin tragique qui a bien failli être celui de la Statue du sculpteur Mercier. Reprenant un texte de P. Aubanel paru dans l’Espero 6, on y lit qu’un ferrailleur devait démonter la statue pour fournir du métal durant la seconde guerre. Il cacha celle ci, remplaçant le poids de cuivre par une folle épopée d’une nuit. Monsieur Durand venait de sauver l’emblème des Saintes. Entre anecdotes et histoires, l’exposition a touché juste... Une bien belle expo...

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Arles

dins li piado de Mirèio

"Dins li piado de Mirèio" est la nouvelle exposition ouverte fin novembre au public dans la chapelle Sainte Anne en Arles. Nous sommes toujours dans l’année Mirèio et les expositions et autres hommages au Maître et à son poème en 12 chants continuent avec la même intensité. La semaine dernière, se terminait à la médiathèque de Saint Gilles une exposition "Frédéric Mistral, un écrivain de son temps", qui avait débuté une semaine plus tôt par une conférence donnée par Philippe Reig, le fondateur de Tele Mistral. Cette semaine la scène intemporelle se déplace... Elle est à Rognonas, entre les mains de la troupe Nouvelle Energie qui joue Mirèio sur scène, et elle est en Arles.

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mes, les Reines d’Arles elle-même ont prêté des objets qui leur sont chers, elles sont venues en nombre ce soir pour le vernissage. Un peu plus loin, enfin, le Museon a prêté des rubans... Le décor est planté, il reste à structurer le coeur de la chapelle. La scénographe Agnès Courrault imagine le décor qui va recevoir les mannequins habillés par Mme Pascal. Magali Pascal collectionne depuis des années étoffes, tissus et pièces diverses. Elle aura mis du temps, mais elle a enfin pu réunir les pièces lui permettant de composer les costumes de Mirèio de cette période autour de 1850. Des costumes extraordinaires, non pas recomposés, mais recréés, issus de l’Histoire.

La ville d’Arles a confié au comité des fêtes et à la chambre de commerce le soin de concocter l’exposition présentée. Les alcôves de la chapelle sont occupées par une série de symboles issus de la culture locale. Un facteur de tambourin côtoie un vannier de Vallabrègues. L’alcôve suivante est un intérieur meublé par la maison Mélanie. Le tisserand Vivier Merle a fait le déplacement depuis Roziers en Donzy, accompagné par Mme Faure la sabreuse des rubans. La Chambre de Commerce et le Comité des fêtes ont produit des affiches et program- Mirèio part du mas des Falabreguiers et va aux Saintes.

Une exposition extraordinaire, une de plus? Non, une nouvelle exposition sur Mirèio. Cette exposition a été ouverte en grandes pompes le samedi 21 novembre en présence du Maire de la ville Hervé Schiavetti, du président du comité des fêtes Jean Jacques Jonin, de la représentante de la chambre de commerce et de nos ambassadrices de charme : Marine Rozière l’ambassadrice du Riz et Caroline Serre XXe Reine du pays d’Arles et ses six demoiselles d’Honneur.

La semaine suivante, c’est au tour de la bibliothèque de Mollégès d’offrir leur tribut à cette année. Ils le feront au travers d’une exposition par le Regreu de photographies de Gabriel Clavel. Pour l’heure, d’un événement à l’autre, le comité des fêtes et Mr le maire présentait aussi ce samedi dans la salle d’honneur de la Mairie le Calendrier de la Reine. L’occasion d’un discours de Mr le Maire, louant ces sept jeunes filles et les remerciant pour leur engagement. A son tour, Jean-Jacques Jonin remercie les demoiselles, et leur cède la parole. Un petit discours, arrivant à presque mi-mandat pour ce XXe règne. Caroline prend le micro, et le passe à ses demoiselles d’honneur. Tour à tour Laure Novelli, Marion Pitras, Elodie Bretagne, Pauline Faget, Magali Nouveau et Anais Marquis s’adressent au parterre. Elles ne sont ni des potiches, ni des dauphines. Elles le disent fort et clair, elles ont été choisies pour incarner la culture du pays d’Arles. Elles le font avec grâce et charme certes, mais aussi avec leurs connaissances, et leur intelligence. Elles le démontrent ce soir, en lengo nostro ou en franchimand, avec le rire ou les larmes de l’émotion, avec une envie et une motivation indéfectibles, elles sont là. Ce soir pourtant elles ne sont pas les ambassadrices, mais les stars de la soirée. Le calendrier présenté est le leur. Les photos sont de Gilles Martin Raget, qui a déjà signé l’essentiel des calendriers précédents. Ce soir, Caroline et ses demoiselles d’honneur se sont livrées de bonne grâce à une séance de dédicaces plus que réussie. Le calendrier est splendide, les filles sont splendides...

L’exposition ne du- Pensez y... rera que deux petites semaines, c’est aussi court qu’intense. Numero 11 Hiver 2009-2010

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Partout et Ailleurs

La WebTV de Tradicioun

Si nombre de manifestations s’accommodent de photos et de quelques lignes, il nous a semblé important d’en compléter certaines en apportant un autre type de témoignage, plus vivant. Lire le verbatim d’un discours est une chose, entendre l’orateur prononcer ce discours a une autre dimension. Voici donc les video de Tradicioun : http://webtv.tradicioun.org. Déambulez avec nous parmi les quelques événements de l’année 2009 que nous avons enregistré. Nous vous proposons plus de 80 séquences entre reportages, discours, courses camarguaises et défilé pour un total de plus de 10heures de films. Bonne visite...

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Bistournage chez Agu par Eric ~ 10 janvier 2010

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Travaux d’hiver dans les élevages, la sélection des reproducteurs et la castration de ceux qui ne sont pas destinés à cela

décembre 2009 (4) novembre 2009 (2) octobre 2009 (4)

Un jour d’hiver froid et sec... Continuer à lire >>

* Février, Les Saintes o Journée de la Maintenance * Mars, Aimargues o Journée Fanfonne Discours de Mr Georges Frèche, Président de Région Discours de Mlle Caroline Serre, XXe Reine du Pays d’Arles * Avril, Beaucaire o Hommage à Manuel Gonçalves * Mai, Mollégès o Vingt ans du monument du cheval * Mai, Eyguières o Ferrade des Farfadets * Mai, Salon de Provence o Discours de la Sainte Estelle * Juin, Marseille o Journée Provençale au Palais Longchamp * Juin, Mollégès o Carreto Ramado de Mollégès * Juillet, Arles o Cocarde d’Argent o Fête du costume 2009 : Hommage à Mr Hubert Yonnet Discours de Melle Caroline Serre * Juillet, Eyguières o Olympiades Camarguaises * Juillet, Maillane o La Carreto Ramado

* Juillet, Beaucaire o la Capelado de la Finale des Masters * Juillet, Les Saintes o Festo Vierginenco : Discours du Capoulié o Hommages à Hermann Paul et Ivan Pranishnikoff * Septembre, Fourques o 36e Foire aux Chevaux * Octobre, Beaucaire et Tarascon o Manifestation Sian e Saren de Beaucaire à Tarascon * Octobre, Arles o Finale du Trophée des As 2009 * Octobre, Carcassonne o Manifestation Anem O * Novembre, Arles o Présentation du Calendrier de la Reine o Madame Faure, découpeuse de velours au Sabre * Novembre, Marseille o La Crèche de Magali * Décembre, Aix en Provence o La Bravade Calendale * Décembre, Mollégès o Crèche Vivante * Décembre, Meyreuil o Veillée Calendale

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