Sport-Bikes n°109

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GAGNEZ UN CASQUE SHOEI NXR DÉDICACÉ PAR MARC MARQUEZ !

NUMÉRO SPÉCIAL CHAMPIONS 2017

MARQUEZ TOUJOURS PLUS

MARC MARQUEZ FRANCO MORBIDELLI JOAN MIR JOHNNY REA LUCAS MAHIAS LE GMT 94 KENNY FORAY...

FORT

DOUBLE POSTER A3 L. MAHIAS GMT 94

UN PORTRAIT 100 % INÉDIT Les hommes du champion MotoGP nous racontent qui il est vraiment

JOHANN

ZARCO

Notre interview exclusive avec le phénomène 2017

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Bienvenue chez

DEC. 2017 - JANV. 2018 - N°109

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PROCHAIN NUMÉRO

Tommy Marin RÉDACTEUR EN CHEF

En vente à partir du 26 janvier

EN TOUTE HUMILIATION

SPORT-BIKES N°109 Décembre 2017 - Janvier 2018 - Bimestriel ADRESSE DDS Presse - 253, avenue d'Aix 13610 Le Puy Ste Réparade - FRANCE E-MAIL redac@sport-bikes-mag.fr TEL 06 64 91 13 94 DIRECTRICE DE PUBLICATION Diane de Salve RÉDACTEUR EN CHEF Tommy Marin JOURNALISTES Maxime Pontreau - Mat Oxley Jacques Hutteau - Lilian Guignard Neil Spalding - Alan Cathcart PHOTOS PSP Lukasz Swiderek et Mateusz Jagielski CRÉATION GRAPHIQUE Laurent Alberola MAQUETTE commeunjeudi.fr Mélanie Ambert - Laurent Haoua PUBLICITÉ Thierry Capela - 06 20 61 96 19 kapmedia@orange.fr ABONNEMENTS Abomarque Tel : 05 34 56 35 60 (10h-12h/14h-17h) 6 numéros (1 an) = 28 € Prix au numéro = 5,50 € DISTRIBUTION Presstalis Service diffuseurs : Tél. 06 43 73 16 37 ou contact@cadpresse.fr IMPRIMERIE Corelio Printing 30, allée de la Recherche 1070 Bruxelles - BELGIQUE

ÉDITO

ette saison MotoGP m'a fait un bien fou. Pas seulement pour le grand spectacle qu'elle nous a offert, son imprévisibilité, son adversité. La Dorna a très largement réussi son pari de faire du MotoGP l'un des (le ?) sports spectacles les plus aboutis au monde. Du règlement technique à la qualité de la production télévisuelle, tout a été pensé pour transformer ces motos qui tournent en rond sur un circuit en un authentique show, avec ses machines ultra-performantes et bruyantes, ses équilibristes intrépides, durs au mal, hauts en couleurs. Ce superbe spectacle plaît ainsi logiquement à un public toujours plus large, pas forcément averti, qui s'intéresse davantage à la "surface", aux "on-dit", aux petits potins du paddock relayés avec gourmandise par des médias qui ont bien compris le phénomène, puis montés en épingle sur les réseaux sociaux. Starisation des pilotes, rivalités, suspicions de complots : tout est fait pour alimenter les conversations et l'envie, voire le besoin de se reprendre une petite dose de MotoGP. Ce qui m'a fait du bien, donc, cette année, c'est de voir que deux pilotes que l'on a souvent laissé sur la touche, pas franchement médiatiques, trop lisses pour en faire des personnages intéressants à vendre, ont plus que largement animé les débats en piste, donnant la fessée à des pilotes bien mieux payés, suivis partout par une armée de sbires et dotés de motorhomes rutilants. Andrea Dovizioso et Johann Zarco, deux garçons plus tout à fait jeunes selon les standards de 2017, absolument pas "bling bling", qui ne cherchent pas à plaire, ont enfin éclaté au grand jour à force de travail, et rien d'autre. Dans une époque où la forme – ou plutôt la capacité à occuper l'espace avec du vide bien mis en forme – a pris le pas sur le fond, où l'image que nous dégageons semble davantage importer aux yeux du monde que nos actions, cette mise au point fait du bien. Une sorte d'humiliation pour les plus arrogants de leurs adversaires. Mais en toute humilité. ■

C

Sport-Bikes est une publication bimestrielle éditée par la société DDS Presse, EURL au capital de 10 000 euros. Gérante : Diane de Salve - RCS : Aix 503 730 566 N° de commission paritaire : 1120 K 80228 N°ISSN : 1620-3151 - Dépôt légal : à parution Droits de reproduction réservés pour tous pays. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes ou photos qui lui sont adressés.

Si vous ne trouvez pas Sport-Bikes en kiosque, rendez-vous sur le site

www.trouverlapresse.com

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Suivez-nous sur :

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Crédit photos : Olombel, Muguet, Reygondau

ET ÇA CONTINUE … VICTOIRE BOL D’OR 2017… Après son titre de Champion du Monde, l’équipage GMT94 composé de David Checa, Mike Di Meglio et Niccolò Canepa remporte le 81e Bol d’Or sur le circuit Paul Ricard pour l’ouverture de la saison 2018. Sur la Yamaha YZF-R1, toute l’équipe a fait preuve d’une maitrise totale pour aller décrocher la victoire au bout des 24 heures de course.

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SOMMAIRE

SPORT-BIKES #109

RUBRIQUES 8 14 17 18 19 20 75 96 97 98

✪ ARRÊT SUR IMAGE ✪ LES NEWS DE LA PLANÈTE RACING

SPÉCIAL CHAMPIONS 2017

✪ LA REVUE DE PRESSE ✪ LU ET ENTENDU DANS LE PADDOCK ✪ JEU SHOEI : GAGNEZ UN CASQUE DÉDICACÉ ✪ LE SHOPPING DE NOËL100 % RACING ✪ LA CHRONIQUE MÉDICALE DE LILIAN ✪ CHRONIQUE : C’EST JAKUTO QUI LE DIT ✪ LA BOUTIQUE SPORT-BIKES ✪ OFFREZ(-VOUS) POUR NOËL UN ABO AU MAG RACING N°1 + LE NOUVEAU T-SHIRT SB !

22 46 52 56 66 76 84 92

✪ MOTOGP : MARQUEZ VU PAR SES HOMMES DE MAIN ✪ MOTO2 : LE PORTRAIT (D)ÉTONNANT DE MORBIDELLI ✪ MOTO3 : L'INTERVIEW DU "MIRACLEMIR" ✪ SUPERBIKE : UNE JOURNÉE AVEC REA SUR L'ILE DE MAN ✪ SUPERSPORT : LUCAS MAHIAS, DU RÊVE À LA RÉALITÉ ✪ ENDURANCE : VISITE DANS L'ANTRE DU GMT 94 ✪ FSBK SBK : L'INTERVIEW DE "KING" KENNY FORAY ✪ FSBK SSP : CÉDRIC TANGRE REMET LE COUVERT

DANS LA COURSE

DOUBLE POSTER GÉANT ❱❱ LUCAS MAHIAS & GMT 94

30 50 54 62 70 82 88

✪ MOTO2 : LA VAGUE ORANGE ✪ MOTO3 : MIR TRANCHE, LA RELÈVE S'AFFÛTE ✪ WORLDSBK : REA GRAVE SON NOM DANS L'HISTOIRE ✪ WORLDSSP : MAHIAS CONQUIERT SON GRAAL ✪ ENDURANCE : LE GMT OUVRE LE BAL AU BOL D'OR ✪ FSBK : UNE FIN DE SAISON MOUVEMENTÉE

ET AUSSI 36 42

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✪ MOTOGP : UNE SAISON MÉMORABLE !

✪ JOHANN ZARCO : L'INTERVIEW DE LA RÉVÉLATION 2017 ✪ LE BILAN DES PREMIERS ESSAIS HIVERNAUX À VALENCE

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Marc Marquez voit rouge. Mais cette fois, c'est pour célébrer son sixième titre de champion du monde !

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1 Un peu trop d'angle pour Iannone ! 2 Oh les belles vertes… 3 A l'année prochaine mesdemoiselles ! 4 Une supportrice courageuse ! 5 Dovi, ce héros.

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6 Sam Lowes à la limite de la 32e… 7 Quand le boss triche… 8 Une fessée ? Non, quand même pas ? 9 Leon Camier fait-il de l'huile ? 10 Ça tombe devant, ça tombe derrière.

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1 Ah non, ça ne passe pas… 2 Bib bip ! 3 Attendu au tournant… 4 Rangée ! 5 La parité, c'est bien aussi !

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6 Peinture à la Mahindra. 7 Du Marquez typique : râpé mais dans le parc fermé. 8 Jorge Lorenzo en mode toboggan XXL. 9 Paré pour le GP du Japon ! 10 Takumi Takahashi exagère un poil le mouvement.

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FSBK

MOTOGP

NEWS

PAR MAXIME PONTREAU /// PHOTOS : DR

ENDURANCE

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SBK

DUCATI PANIGALE V4 DIVA !!! Nous vous parlions dans le dernier Sport-Bikes (n°108) du nouveau moteur Ducati Desmosedici Stradale, en voici sa première interprétation. La nouvelle Ducati Panigale, sobrement intitulée "V4", a été présentée lors du dernier Eicma à Milan. 214 ch, 12,6 mkg, 195 kg tous pleins faits... la nouvelle arme de Bologne, dont la mécanique est issue du MotoGP, est impressionnante. Elle est en plus, et logiquement, dotée d'équipements faisant référence en termes de suspensions, de freinage et d'électronique. Présente d'ici peu sur nos routes, il faudra en revanche attendre avant de l'apercevoir en compétition. Sa cylindrée de 1103cc lui interdit de participer au championnat du monde Superbike, les 4-cylindres étant limités à 1000cc par le règlement. Ducati est donc en train de spécifiquement développer une version R, au cubage réduit, pour la course. Si nous devrions l'observer en 2018 en championnat d'Europe Superstock 1000, peut-être pas sur l'intégralité de la saison, elle fera sans aucun doute son entrée en WorldSBK l'année suivante.

GP DE FRANCE 2018 OVERBOOKÉ Entre une lutte pour le titre haletante et un Johann Zarco époustouflant, la saison MotoGP qui vient de s'achever a été passionnante. Et 2018 s'annonce tout aussi palpitant. Les amateurs ne s'y trompent apparemment pas vu le succès déjà remporté par le prochain Grand Prix de France. Deux mois à peine après l'ouverture de la billetterie, seules deux tribunes restent disponibles à la vente, soit un peu moins de 200 places. Pas de panique toutefois, les billets "Enceinte Générale" ne manqueront pas, d'autant que le circuit Bugatti offre l'opportunité de se balader autour du tracé et de multiplier les points de vue. La manche française se déroulera au Mans les 18,19 et 20 mai 2018.

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FIM CEV

DENNIS FOGGIA GAGNE POUR VALENTINO ROSSI La Sky VR46, structure de l'idole italienne, peut se targuer d'avoir fait une bonne opération en s'investissant cette année dans le championnat du monde Moto3 Junior FIM CEV. L'un de ses protégés, Dennis Foggia, 16 ans, y a d'ores et déjà remporté le titre. C'est à la mi-saison que le jeune Italien s'est confortablement installé en tête du provisoire en remportant trois courses consécutives. Il profitait en même temps de l'irrégularité de ses rivaux cette année. Finalement, une deuxième position lors de l'avant-dernier week-end de course lui assurait le sacre. En Moto2, il reste une course au moment où nous bouclons ces lignes pour départager Eric Granado et Ricky Cardus. Le Français Corentin Perolari s'est illustré avec la Transfiormers en Aragon. Il termine les courses septième puis quatrième.

JEU CONCOURS #108

FÉLICITATIONS À CHRISTOPHE PONS QUI EST LE VAINQUEUR D'UN KIT POSTE DE PILOTAGE LIGHTECH POUR LA MACHINE DE SON CHOIX. ———

LES RÉPONSES ÉTAIENT : QUESTION N°1 : 13 /// QUESTION N°2 : 1975 ///

BRITISH SUPERBIKE 7E SACRE POUR BYRNE, VICTOIRE POUR GUINTOLI

Le champion en titre du British Superbike, Shane Byrne, a conservé sa couronne au terme du Showdown. Rien n'était pourtant fait avant la dernière course de la saison. Tout indiquait que Leon Haslam allait lui soustraire le titre, fort d'une trentaine de points d'avance. Mais le pilote Kawasaki vivait une finale catastrophique à Brands Hatch. Compétitif en première course (4e), le fils de Ron subissait un problème technique en deuxième manche (10e) avant de devoir, lors de l'ultime épreuve, se jeter de sa machine à plus de 270 km/h à cause d'un problème de freins. Souffrant de multiples fractures, il félicitait tout de même en personne Shane Byrne pour son septième titre en BSB. Si Sylvain Guintoli n'a pas connu une finale idéale, le Français avait pu démontrer peu avant à Assen les efforts accomplis sur la Suzuki Bennets en s'imposant en seconde manche. A noter que Sylvain Barrier roulera dans le championnat anglais en 2018 sur la BMW Smiths Racing aux côtés de Peter Hickman, nouvelle référence des courses sur route.

QUESTION N°3 : 51

EN BREF ❱❱ Pour la deuxième année consécutive, la finale du Challenge Protwin se déroulait sur le circuit du Mugello en Italie. Franck-Olivier Fontaine s'est imposé lors des deux courses au guidon de sa Ducati. Michael Brillault avait lui déjà été titré au Vigeant. ❱❱ En Superbike MotoAmerica, Roger Hayden et Josh Hayes ont fini la saison en beauté en remportant chacun l'une des manches du dernier rendez-vous. Garett Gerlof a quant à lui été sacré en Supersport. Le Français Valentin Debise termine la saison sur le podium, 2e puis 3e. ❱❱ Après onze années de partenariat avec Dunlop, les Coupes de France Promosport seront désormais marquées du sceau Pirelli. Le manufacturier italien en devient le fournisseur exclusif de pneumatiques pour les trois prochaines saisons. De son côté, la catégorie 125cc pourra désormais accueillir des Suzuki GSX-R 125. ❱❱ Metzeler propose à qui le veut un camping de luxe pour assister au prochain Tourist Trophy. Les inscriptions sont d'ores et déjà ouvertes pour obtenir un hébergement. Plus d'infos et réservations sur le site www.metzelervillage.com.

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MOTOGP

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Hommage

MAXIME BERGER Cette saison 2017 fut décidément étrange. Si intense sur le plan sportif, si tragique sur le plan humain. Les hommages s'enchaînent dans nos pages et, croyez-nous, cela n'a rien d'agréable. Cette fois, c'est l'ancien pilote Superbike Maxime Berger qui nous a quittés. Nous avons beaucoup côtoyé Maxime. Nous l'avions rencontré pour la première fois lors de la manche WorldSBK de Magny-Cours 2005, lorsqu'il faisait ses débuts dans le nouveau championnat d'Europe Superstock 600 sur une Honda CBR600RR "full black". Nous lui avons donné la parole à plusieurs reprises dans notre mag (notamment via un billet dans le SB33, une interview croisée avec Yoann Tiberio dans le SB36, une autre avec Sylvain Barrier dans le SB47). Nous avons fêté avec lui son titre STK600 en 2007 ; nous avons suivi sa belle progression en Mondial Superbike ; nous avons assisté, impuissants, à l'élément déclencheur de sa fin de carrière, quand les bandits de l'équipe Effenbert se sont évanouis dans la nature, en 2012. S'il ne rigolait pas sur la piste, Maxime nous a souvent fait marrer par ses regards rieurs, ses plaisanteries "douteuses", son goût pour le supercross en scooter dans les bois de Brands Hatch, son coup de cœur irrépressible pour Diane, notre éditrice. Il transpirait la bonne humeur et la gentillesse – dont il a par exemple fait preuve à notre égard en s'improvisant modèle lors du shooting photo de notre collection de vêtements au salon de la moto 2011, en compagnie de notre superbe hôtesse Alessandra (aujourd'hui Madame Dovizioso). Sa disparition nous a beaucoup émus et nous souhaitons ici adresser nos condoléances les plus sincères à sa famille et à ses proches. Et nous espérons, vraiment, que cette mauvaise série a pris fin.

Tom

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CHALLENGE DUCATI 959 LA COMPET' EN MODE DUCATI Un challenge 100 % Ducati, voilà qui ravira les amoureux de la firme de Bologne. La Coupe de France European Bikes et Ducati France lancent pour 2018 une compétition exclusivement réservée à la Panigale 959. A l'image du Challenge 848 créé en 2010, il se calquera sur le calendrier du championnat de France Superbike, soit 14 courses en sept week-ends. Et afin de pimenter la compétition, les participants seront intégrés à la grille European Bikes existante tout en ayant un classement interne. Le vainqueur du Challenge 959 se verra prêter une Panigale V4 pour courir en European Bikes l'année suivante. Unique condition pour y participer, l'obligation de rouler sur chaque épreuve. Sont acceptées les Panigale 959 standards et versions Corse ainsi que toutes les modifications présentes au catalogue Ducati Corse. Les inscriptions ouvriront d'ici peu sur www.european-bikes.com.

GREAT BOOKS EN ATTENDANT 2018

Vous lisez l'anglais et vous êtes passionné(e) par les GP ? Ces deux livres pourraient bien vous plaire… MotoGP Technology, signé Neil Spalding (que vous avez l'habitude de lire dans nos colonnes), explore et décortique les entrailles des machines du MotoGP. Racing Together 1949-2016, édité par la voix du MotoGP, alias Nick Harris, revient quant à lui sur l'histoire des GP, sous la plume de nombreux journalistes réputés dont Julian Ryder, Matt Birt, Michael Scott... Ces deux livres seront disponibles fin novembre. Infos et précommandes : motogptechnology.com evropublishing.com

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REVUE DE

REVUE DE PRESSE PRESSE PAR MARIA GUIDOTTI

14 SEPTEMBRE GAZZETTA DELLO SPORT ANDREA DOVIZIOSO RÉPOND AUX FANS

Le pilote Ducati est la véritable surprise de la saison 2017. Personne ne l'a donné favori et il est le premier à admettre cette révolution : "Voir Ducati en tête est une nouvelle situation en MotoGP. J'ai toujours concouru pour remporter le titre, mais on dirait que j'ai toujours fini vingtième ces dix dernières années : j'étais invisible pour tout le monde, fans, médias, télé… C'est peut-être mon style de vie qui voulait ça." L'Italien de 31 ans est satisfait de la saison 2017 et à l'occasion du GP de Misano – quand il est arrivé en tant que leader du championnat, tandis que Valentino était absent à cause de sa blessure à la jambe – il a expérimenté ce qu'une star pouvait ressentir lorsque tous les fans étaient pour elle. "A Misano, j'avais tous les yeux des gens braqués sur moi, ils te cherchent à chaque instant. Je suis très loin de ce que vit Rossi chaque week-end de course, mais je comprends combien il est difficile d'être Valentino dans tout ce qu'il fait. Vous avez besoin de votre espace et de votre temps pour rester concentré et faire tout ce qu'il faut pour être compétitif sur la piste." Le rapport a également changé avec la direction de Ducati : "La relation s'est beaucoup améliorée : il y a plus de conscience et de respect de leur côté. (…) Avec Lorenzo ? Il fait son boulot, je fais le mien."

17 OCTOBRE SOLO MOTO INTERVIEW DE LIN JARVIS, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE YAMAHA RACING

"C'était une saison étrange, a déclaré Lin Jarvis en faisant un bilan de l'année. Nous avons commencé très fort avec Maverick, tandis que Vale souffrait plus au début, surtout en hiver et lors des premières courses. Ensuite, je ne pense pas que notre niveau a diminué alors que nos concurrents se sont améliorés. Le problème est que nous avons rencontré des difficultés à Jerez et Barcelone, deux pistes où Rossi a dominé l'année précédente. C'était quelque chose d'inattendu car non seulement nous n'avons pas gagné mais nous avons terminé huitième. Nous avons lutté avec les pneus." Comment pouvez-vous résoudre ce problème ? "Nous avons une idée mais nous ne savons pas si cela fonctionne. Considérant aussi la bonne performance de Tech 3 avec la machine 2016, nous essayons de développer quelque chose qui reste dans le milieu. Nous devions revoir le projet 2017. La mise en place d'une moto de course est toujours un compromis, mais nous devons garantir que ce que nous gagnons est plus que ce que nous perdons." Vale reste-t-il le pilier de l'équipe Yamaha ? "C'est le pilier central. (Il) est très utile pour le développement. Ses compétences et son analyse sont incroyables." Qu'en est-il de Maverick ? "Il est très talentueux et c'est un garçon bien. Il est en mission : complètement concentré sur la victoire. Il s'entraîne beaucoup, c'est un travailleur acharné et il n'est pas distrait par d'autres choses comme la vie nocturne et les fêtes."

17 OCTOBRE MARCA LE MENTALISTE

Amadeo Maffei est le psychologue et visionnaire qui a changé Andrea Dovizioso. L'Italien est devenu un "serial winner" (huit victoires en MotoGP, dont six cette année) depuis qu'il a rencontré ce scientifique de l'esprit et a commencé à travailler avec lui. La vérité est que le pilote Ducati court maintenant sans pression. "Le grand changement que nous voyons chez Dovi est sa mentalité", a expliqué Paolo Ciabatti, directeur général de Ducati, et tout le paddock MotoGP peut confirmer la métamorphose du pilote. La clé est un homme, Amadeo Maffei, son mentor,

un scientifique qui, au cours des 40 dernières années, a étudié la relation entre l'esprit et le corps. "Je ré-éveille les compétences qui sont déjà dans la personne et, ici, dans le champion. Comment le pilote peut-il courir sans la pression et le conditionnement venant du passé ou des limites qu'il mettait lui-même ? Maintenant, il court d'une nouvelle façon, libre de tout souci. Et la bonne nouvelle est qu'une fois que ces compétences sont éveillées, elles demeurent stables : cela devient un nouveau comportement."

28 OCTOBRE GAZZETTA DELLO SPORT PAOLO SIMONCELLI : "IMAGINEZ LA BATAILLE QU'ON AURAIT EUE ENTRE MON FILS MARCO ET MARC (MARQUEZ)"

Paolo Simoncelli et sa femme Rossella sont revenus à Sepang, sur le lieu de l'accident où Marco, leur fils, a perdu la vie en 2011. Paolo dirige une équipe Moto3 cette année : "C'était une bonne chose d'être avec l'équipe ici, à Sepang, mais l'accord était que ma femme vienne. Rossella a préféré visiter ce virage seule, tandis que j'y suis allé avec tous les pilotes. Ça faisait chaud au cœur de recevoir les embrassades de Rossi, Marquez, Pedrosa, et de tous les autres…" L'un de ses pilotes Moto3, le Japonais Tatsuki Suzuki, vit désormais avec lui à Riccione : pour lui, Paolo est le manager de l'équipe mais aussi un nouveau père. "J'espère bien, poursuit Paolo. Je l'aide, mais il m'aide beaucoup aussi dans la vie de tous les jours. Lorsque vous avez eu un événement tragique dans votre vie, dans votre famille, ce n'est plus pareil. La douleur est si grande que tout ce que vous faites est d'essayer de vous sentir un peu mieux. Pour moi, l'équipe Moto3 m'aide, elle me tient occupé et c'est génial d'être entouré de ces enfants (les pilotes)."

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"Il y a quelques années, seuls quatre aliens pouvaient viser le titre MotoGP. Aujourd'hui, seul Marquez peut viser le titre MotoGP." Cal Crutchlow /// Valence, 12 novembre

"C'est difficile de s'apercevoir des changement effectués dans mon pilotage devant sa télé, mais au guidon, je peux dire que beaucoup de choses ont changé !" Jorge Lorenzo /// Valence, 9 novembre

"Je sens qu'il y a de plus en plus de monde derrière moi. C'est plaisant, car je ne cherche justement pas à plaire. Je suis heureux de montrer qu'un être normal peut se battre avec les meilleurs. Je suis fier de mes résultats cette année." Andrea Dovizioso /// Valence, 12 novembre

"Quand tu vois Marquez, Zarco et Iannone en première ligne, tu te dis qu'il y a danger..." Marc Marquez /// Valence, 11 novembre

"Hier, en allant me coucher, j'étais en scooter et j'ai croisé la maman de Marc (Marquez). Elle m'a dit : 'Oooooh, Zarco, s'il te plaît, vas-y cool demain…' Je lui ai répondu : 'Oui, oui, ne vous inquiétez pas madame, je vais rester calme…'"

"Honnêtement, Tom (Sykes) doit se débrouiller tout seul s'il veut être vicechampion. Je ne veux pas être impliqué dans cette lutte. Je l'ai déjà aidé une fois à finir deuxième du championnat." Jonathan Rea /// Jerez, 22 octobre

Johann Zarco /// Valence, 12 novembre

"C'était une grande course, typique de Phillip Island. Je me suis beaucoup amusé, sincèrement. C'était très agressif, et c'est normal quand tu te bats avec des pilotes comme Marquez, Iannone et Zarco. Mais ce sont les règles du jeu : le niveau de risque a augmenté. Mais c'est le jeu : si tu veux y jouer, il faut l'accepter." Valentino Rossi /// Phillip Island, 22 octobre

"Quand tu es derrière et que tu vois sa position, sa vitesse, la fumée qui sort du pneu avant, la trace noire, mais que finalement, il ne tombe pas, tu te dis juste : pfiooouuuuuu…"

"MotoGP, Endurance, WorldSBK et BSB... avant moi, je ne suis pas sûr qu'un pilote ait déjà participé à tous ces championnats dans la même saison. Je n'ai jamais autant roulé. Je suis affûté, là !" Sylvain Guintoli /// Jerez, 22 octobre

Dani Pedrosa à propos du sauvetage de Marc Marquez en course /// Valence, 12 novembre

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MOTOGP

MARC MARQUEZ

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Q

uand on le regarde piloter, marc marquez ne semble pas soumis à la même loi de l'apesanteur que ses adversaires. L'espagnol est doté d'un sens ultime de l'équilibre, d'un ressenti exceptionnel de la piste au travers de sa rc213v, comme si elle était le prolongement de son âme, comme s'il s'agissait d'un simple jouet dont il fait (à peu près) ce qu'il veut. et ne parlons pas de son goût et de son talent pour les duels à couteaux tirés… mais marc marquez, aussi exceptionnel soit-il, ne travaille pas en solo. Sans son armée derrière lui, le chevalier serait bien seul pour se battre. nous avons demandé à cinq de ses hommes de main les plus précieux, eux qui le côtoient tout au long de l'année sur la piste mais aussi dans les coulisses du paddock, de nous dresser son portrait par l'intermédiaire de quelques questions. décembre 2017 - janvier 2018

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MOTOGP

Champion

LIVIO SUPPO ex-TEAM MANAGER DIRECTEUR COMMUNICATION & MARKETING

uand as-tu entendu parler de Marc pour la première fois ? J'ai suivi toute sa carrière, car mon travail consiste en partie à surveiller si un jeune talent émerge du lot. Dès son arrivée en 125, il a fait quelques courses incroyables – comme au GP du Portugal 2010, quand il a gagné en partant depuis la dernière place sur la grille après avoir chuté dans le tour de formation. D'emblée, il a été clair que Marc avait quelque chose de spécial. C'est pourquoi nous lui avons fait signer un contrat en MotoGP avant même la fin de sa première saison en Moto2, en 2011. La signature de ce contrat était le cadre de notre première réelle rencontre : je me souviens d'un jeune homme agréable, au caractère amical et au regard rempli d'intelligence. Ça n'a pas changé après tous ses titres : il est devenu un grand champion, mais il a su rester un être simple.

Q

Livio Suppo a poussé le HRC à signer un contrat avec Marquez un an avant son arrivée en MotoGP.

niveau en piste, mais aussi parce qu'il est capable de se plier aux exigences de nos opérations de relations publiques et de marketing sans sourciller, toujours avec le sourire et une grande disponibilité. Quel est ton pire souvenir avec lui ? Peut-être son énorme chute au bout de la ligne droite des stands au Mugello, lors de la FP3 du GP d'Italie 2013. Il a chuté à plus de 330 km/h, c'était réellement terrifiant et nous avons eu très peur… Et le meilleur ? Un pilote qui a gagné quatre des cinq championnats auxquels il a participé pour toi te laisse forcément de nombreux bons souvenirs ! Mais peut-être que le tout meilleur reste sa séance de test à Austin début 2013. Il était alors débutant en MotoGP, il n'avait que très peu de roulage sur la RCV et il a juste dominé. Sur un circuit nouveau pour tout le monde, il collait au début de la journée trois secondes à ses adversaires, c'en était presque embarrassant ! À ce stade, tu comprends que tu as fait un bon choix en l'engageant !

En quoi est-il spécial, en tant que pilote et en tant qu'humain ? Son talent du pilotage, bien sûr, est incroyable… Mais je pense que l'on ne peut pas dissocier cette faculté de son caractère. Marc est profondément positif. Il voit toujours le verre à moitié plein. Cela l'aide à aller de l'avant, à chercher les solutions plutôt que de se lamenter sur les problèmes. Je pense que c'est là son vrai secret : ce n'est pas quelque chose que tu peux apprendre, c'est quelque chose que tu as en toi, le fruit de ton éducation. Et Marc a la chance d'avoir grandi dans une famille avec laquelle il a toujours gardé les pieds sur terre. Comprends-tu toujours ce qu'il fait sur la moto ? Eh bien, je ne suis pas un ancien pilote… Et que ce soit pour Marc ou pour un autre de ses adversaires ici, je dois bien avouer que je me demande comment ils sont capables de faire de telles choses au guidon. C'est vrai que parfois, avec Marc, ça semble encore un cran au-dessus sur l'échelle des possibles… Comme lorsqu'il a relevé sa moto aux tests de Brno en 2014 ou encore cette année à Sepang. Mais j'ai quand même le sentiment qu'il a davantage sa moto sous contrôle aujourd'hui qu'à ses débuts en MotoGP. Il est de plus en plus fort, et il ne faut pas oublier qu'il est encore très jeune ! A-t-il changé quelque chose dans ton approche de ton métier ? En fait, il me rend juste la vie plus facile… Pas seulement grâce à son 24

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SAN TI HERNANDEZ CHEF MÉCANICIEN

uand as-tu entendu parler de Marc pour la première fois ? Je travaillais en championnat d'Espagne dans le cadre de la MotoGP Academy, avec des pilotes tels que Bradley Smith, Scott Redding, Danny Web, Jonas Folger… A cette époque, Marc roulait en championnat d'Espagne et il gagnait tout. Je ne le connaissais pas, mais je voyais bien qu'il avait une vitesse fantastique. Je crois que c'était en 2007… Fin 2010, Emilio [Alzamora] a décidé de faire monter Marc en Moto2, dans une structure créée pour lui. À cette époque, je m'occupais de Jules Cluzel chez Forward et Emilio m'a demandé d'assurer le rôle de chef mécanicien pour Marc dans cette nouvelle équipe.

Q

En quoi est-il spécial, en tant que pilote ? J'ai été surpris, la première fois que j'ai travaillé avec lui en Moto2, de sa vitesse d'adaptation à une nouvelle machine, de sa capacité à comprendre immédiatement ce qu'il se passe. Aussi, son aptitude à analyser et à expliquer les problèmes rencontrés au guidon m'a réellement frappé. Ses commentaires étaient d'une précision incroyable pour un si jeune pilote en provenance de la 125. Sa maturité, sa compréhension de ce dont il a besoin pour aller plus vite m'ont toujours impressionné, aujourd'hui encore. Aussi, jamais il ne s'énerve. Même quand les choses ne vont pas comme il veut, il reste impassible : quand il rentre dans le box, tu ne sais jamais avant qu'il se soit assis, qu'il ait enlevé son casque et ses gants, si la moto lui convient parfaitement ou pas du tout. Il reste stoïque, se concentre sur l'essentiel et nous aide à nous focaliser sur le plus important : ses commentaires. Je me souviens, quand il est arrivé en MotoGP, que le HRC lui avait proposé de coller des stickers sur tous les boutons permettant de gérer l'électronique au guidon de la moto, pour l'aider à apprendre. Mais il n'a pas voulu : il voulait que ce soit des automatismes. Et en tant qu'humain ? C'est un gentil garçon, une belle personne. Depuis que je travaille avec lui, il n'a pas changé de mentalité. Il aime la vie, il en profite… et c'est un vrai gosse – dans le bon sens du terme. Quand tu le vois piloter ou quand il travaille, il est d'une maturité impressionnante. Mais en dehors de la piste et du box, c'est un jeune de 24 ans avec lequel nous rions beaucoup et nous passons tous de très bons moments.

Comprends-tu toujours ce qu'il fait sur la moto ? Non… Et c'est aussi pourquoi nous faisons parfois de mauvais choix techniques. Mais travailler avec Marc est facile car ses commentaires, une fois de plus, sont très clairs. Si je ne comprends pas tout quand je le regarde faire, je comprends tout une fois qu'il a retiré son casque. A-t-il changé quelque chose dans ton approche de ton métier ? [Il réfléchit] Si je me place en tant que chef mécanicien, oui – car j'ai auparavant travaillé pour Showa. Marc veut toujours progresser et il est totalement ouvert à mes suggestions. Il me donne ainsi beaucoup d'opportunités d'essayer des pièces et des réglages. Jamais il ne s'oppose à expérimenter quelque chose de nouveau. Il fonctionne plutôt ainsi : "Si tu crois en un réglage, j'essaie ; c'est ton job de soumettre des solutions techniques ; c'est mon job de prendre la moto et de te dire ce que je ressens au guidon." Même quand la moto lui convient, il est toujours prêt à chercher avec nous le petit truc en plus qui l'aidera à faire la différence, même au warm up. Quel est ton pire souvenir avec lui ? Quand il a rencontré ses problèmes de vue après sa grosse chute en Moto2 à Sepang, en 2011. Nous avons eu peur pour lui et pour sa santé avant tout, mais aussi pour la suite de notre projet. Et le meilleur ? Il serait facile de parler de tous ses titres… Mais pour moi, ça reste son retour après cette période difficile dont je viens de parler, début 2012 : quand il est revenu, nous avons immédiatement compris qu'il pourrait à nouveau se battre pour le titre Moto2 !

Marc ne rechigne jamais à essayer de nouveaux réglages, même au warm up.

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cAR LO LUZ ZI INGÉNIEUR DATAS

uand as-tu entendu parler de Marc pour la première fois ? Lorsqu'il pilotait en Moto2. Là, il a démontré un pilotage totalement étonnant, et il était clair qu'il allait devenir très fort dans la catégorie supérieure… Quand nous nous sommes rencontrés la première fois, aux tests de Valence fin 2012, il m'a immédiatement impressionné. Il arrivait d'une catégorie, le Moto2, où les motos sont très basiques, et il sautait sur une machine bardée d'électronique… J'étais un peu inquiet au sujet de ce bon technologique, et je lui avais donc préparé une sorte de manuel où j'expliquais les différentes fonctionnalités. Je lui ai donné ce manuel le dimanche soir, il me l'a rendu le lundi matin et m'a dit : "Vas-y, questionne-moi." Il avait tout appris par cœur – et surtout tout compris – en l'espace d'une nuit. C'était la première fois que je voyais ça.

Q

A-t-il changé quelque chose dans ton approche de ton métier ? Travailler pour une personne comme lui, toujours très respectueux de tout le monde au sein de son équipe et avant tout exigeant avec lui-même, te donne une motivation supplémentaire pour essayer de toujours lui offrir le meilleur de ce que tu peux lui donner. Bien sûr, il est exigeant avec nous aussi, mais il est très clair dans ses besoins et dans les directions à prendre, donc c'est plutôt facile. Quel est ton pire souvenir avec lui ? C'est lorsque nous avons commis une erreur, en tant que team, à Phillip Island, en 2013. C'était une course flag to flag sur le sec – les pilotes devaient s'arrêter pour changer de moto en raison d'une usure excessive des pneus. Nous avons mal compris le règlement et Marc ne s'est pas arrêté à temps : il a été disqualifié. Et le meilleur ? J'en ai tellement… [Il réfléchit] Honnêtement, je ne vois rien qui se détache particulièrement : j'ai énormément de très bons souvenirs avec lui. C'est un problème très positif !

En quoi est-il spécial, en tant que pilote ? Je dirais que ce qui le rend réellement spécial, c'est le fait qu'avant d'être un pilote d'exception, il est un être humain normal. Et ça n'est pas très commun : il y a ici beaucoup de jeunes gars qui deviennent rapidement célèbres, riches, et à qui tout cela monte vite à la tête. Ils perdent en quelques mois le sens des réalités. Marc, c'est tout l'inverse. C'est, après six titres de champion du monde, un type normal avec une immense passion pour la moto. Ok. Mais en tant que pilote ? Là, je dirais que ce qui peut sembler fou avec lui depuis l'extérieur ne l'est pas vu de l'intérieur. En l'observant à la télé, on pourrait croire qu'il est toujours à la limite de la catastrophe. Mais quand tu examines ses datas, tu réalises qu'il est tout sauf en perdition. Il contrôle sa moto, il sait ce qu'il fait. Ainsi, tu comprends toujours ce qu'il fait au guidon ? [Rires] Quand je regarde ses datas, oui. Avant, je suis toujours impressionné, même après toutes ces saisons avec lui ! En fait, il a une capacité incroyable à comprendre les réactions de la moto en temps réel et à appliquer immédiatement la réaction adéquate. C'est une des raisons pour lesquelles il est si fort lors des courses flag to flag : son ressenti de la moto est juste excellent. 26

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Le succès n'est jamais monté à la tête de Marc Marquez, toujours aimable et joyeux.

JORDI cASTELLA MÉCANICIEN

uand as-tu entendu parler de Marc pour la première fois ? En 2004. J'étudiais à Monlau, l'école de mécaniciens dirigée par Emilio Alzamora. J'arrivais à la fin de mon cursus et je travaillais dans l'équipe engagée en championnat d'Espagne ; Marc pilotait dans le championnat de Catalogne. Il roulait déjà vite… En 2005, il a disputé le championnat d'Espagne en parallèle de celui de Catalogne, et je suis devenu son mécanicien.

Q

En quoi est-il spécial, en tant que pilote ? Il n'a jamais peur, de rien. Il peut chuter trois ou quatre fois dans la même journée, il court vers le box, prend sa deuxième moto et va rouler encore plus vite qu'avant sa chute. C'est impressionnant de le voir tout donner ainsi, on a parfois l'impression que sa volonté dépasse le champ des possibles ! Et en tant qu'humain ? Il est toujours heureux. Il rigole tout le temps, de tout, dans le box, dans le paddock, dans la vie. Il n'est jamais en colère. Le fait de le voir sourire en permanence nous aide à voir les choses positivement, à apprécier notre travail et à rester soudés. En nous maintenant dans un bon état d'esprit, il nous pousse à le soutenir, à travailler dans son sens et à nous donner aussi fort que lui se donne au guidon. Quand il gagne, il nous inclut dans son succès. Quand il perd, nous perdons avec lui. Comprends-tu toujours ce qu'il fait sur la moto ? Non… (rires) Il fait des choses incroyables. Quand les autres pilotes

font plus ou moins les mêmes chronos ou quand ils empruntent les mêmes trajectoires, Marc peut changer de trajectoire d'un tour à l'autre, tenter de nouvelles combinaisons dans les enchaînements de virages, et très souvent, ça parle au chrono. C'est vraiment curieux, car piloter ce genre de machine nécessite souvent plus d'analyse que d'instinct. A-t-il changé quelque chose dans ton approche de ton métier ? Pas vraiment, car je travaille avec lui depuis douze ans maintenant et il était très jeune au début. Le fait d'avoir évolué avec lui depuis le CEV jusqu'au MotoGP m'a forcément rendu de plus en plus méticuleux, mais nous avons toujours travaillé dans le même état d'esprit et dans le même objectif : gagner. Quel est ton pire souvenir avec lui ? En 2011, ici en Malaisie, quand il a chuté et qu'il a rencontré de gros problèmes de vue. C'était très difficile pour lui et pour le team, car ça n'était pas un os cassé ou quelque chose qui se répare facilement. Il voyait double, et entre sa chute fin octobre et son opération en février, personne, pas même lui, ne savait s'il allait pouvoir piloter à nouveau. Et le meilleur ? Le test à Albacete suite à cette opération, et surtout sa victoire à l'ouverture de la saison 2012, au Qatar, après cette unique journée d'essais. C'était le début d'une saison incroyable, commencée dans l'incertitude la plus totale et soldée avec le titre Moto2 ! décembre 2017 - janvier 2018

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R OB ER TO clERIcTITO MÉCANICIEN

E N I G S A I L A

uand as-tu entendu parler de Marc pour la première fois ? Eh bien, quand il a commencé à briller en GP125, mais surtout en Moto2. En 2012, ce qu'il a fait lors de la finale à Valence, gagner en partant dernier sur la grille, prouvait qu'il avait un niveau incroyable, qu'il était une vitesse au dessus des autres. Quand Marc est arrivé dans le team pour les premiers tests hivernaux à Sepang, il a immédiatement roulé vite. Je me suis dit qu'il allait certainement gagner, mais que ça allait prendre un peu de temps. Pourtant, dès la deuxième course à Austin, il a gagné. C'était incroyable.

Q

En quoi est-il spécial, en tant que pilote ? C'est un génie. Il pilote la moto comme si c'était un prolongement de son corps. Il a le feeling parfait avec elle, il a toujours le contrôle. Alors, oui, c'est vrai, il chute régulièrement, mais c'est parce qu'il veut absolument trouver la limite. Sa moto fonctionne bien, c'est ok, mais il veut toujours donner le truc en plus qui permettra de faire la différence. Sa limite est sa moto, lui n'en a pas. Et en tant qu'humain ? C'est quelqu'un de normal, un jeune de 24 ans. A l'inverse de nom-

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breux pilotes qui se prennent rapidement pour des stars alors qu'ils n'ont rien gagné, il reste simple et humble. Quand on discute, quand on mange ensemble le soir, on a l'impression de faire partie de sa famille. Il a un talent incroyable pour rester quelqu'un de normal, de facile à vivre. Comprends-tu toujours ce qu'il fait sur la moto ? Quand on le voit piloter, on a parfois l'impression qu'il fait des choses folles. Mais quand on regarde ses datas, on comprend qu'il a une vision claire et précise de ce qu'il peut faire avec la machine dont il dispose à un instant T, en temps réel. Il est réellement connecté à elle. Donc, ce que je vois sur les écrans de TV depuis le box s'explique souvent en analysant les données enregistrées par la moto. A-t-il changé quelque chose dans ton approche de ton métier ? Avant de travailler avec Marc, je travaillais avec Casey [Stoner], qui possède lui aussi un sacré talent... Même s'ils ont des caractères très différents, il y a pas mal de similitudes dans leur pilotage et ça a pour moi été une sorte de continuité.

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champion

motogp

Même son équipe ne comprend pas toujours tout ce qu'il fait au guidon. Mais Marc, lui, sait.

MM93 peut compter sur ses gars pour le soutenir !

Quel est ton pire souvenir avec lui ? Je pense que c'est le GP d'Australie 2013, quand il a été disqualifié pour ne pas s'être arrêté à temps pour changer de pneus… Il jouait le titre dès sa première saison et nous avons commis une erreur de stratégie qui aurait pu lui coûter cher. Et le meilleur ? Peut-être le GP du Japon l'an passé, car personne ne s'attendait à voir les deux Yamaha chuter et Marc saisir le titre trois GP avant la fin ! n

MARC MARQUEZ

DES STATS AFFOLANTES… Il suffit d'observer ces chiffres pour comprendre que l'originaire de Cervera grave bien profondément chaque lettre de son nom dans la légende des GP. Et quelque chose nous dit que ça n'est pas fini…

Ses taux de réussite en motogp

80 % 39% 70% 50% de titres de victoires de podiums de poles

Première course Première victoire Premier titre

125

MOTO2

MOTOGP

2008 (Portugal) 2010 (Italie) 2010

2011 (Qatar) 2011 (France) 2012

2013 (Qatar) 2013 (Amériques) 2013

TOTAL

Nombre de saisons Titres Départs Victoires Podiums Pole positions

3 1 46 10 14 14

2 1 32 16 25 14

5 4 90 35 63 45

10 6 168 61 102 73

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MOTOGP

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synthèse PAR tOMMy MArIn /// PHOTOS PsP sWIDereK / JAGIeLsKI ARAGON / JAPON / AUSTRALIE / MALAISIE / VALENCE

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MARC MARQUEZ LE FUNAMBULE DE L'IMPOSSIBLE, FACE À ANDREA DOVIZIOSO LE BOSSEUR AU MENTAL D'ACIER. JUSQU'AU BOUT, CES DEUX HOMMES AUX PARCOURS ET AUX STYLES BIEN DIFFÉRENTS NOUS ONT TENUS EN HALEINE. SANS PITIÉ EN PISTE, FAIR-PLAY EN DEHORS, ILS SE SONT LIVRÉS UN DUEL QUI RESTERA GRAVÉ EN LETTRES D'OR DANS LE GRAND LIVRE DU MOTOGP.

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Même ses plus proches rivaux sont subjugués par les rattrapages miraculeux de Marquez.

MARQUEZ ÉCRIT SA LÉGENDE (À GRANDS COUPS DE GOMME) "Je crois vraiment qu'il n'y a que Marc pour sauver un truc pareil…" Dans l'antre de son hospitality, où va se tenir son dernier point presse d'après course 2017, Andrea Dovizioso arbore un sourire amusé, les yeux vissés sur les images de l'incroyable sauvetage de Marc Marquez. Ces images traduisent parfaitement, à elles seules, la singularité du phénomène espagnol, capable de relever sa rCV au beau milieu d'une chute inévitable pour 99,99 % des pilotes en ce bas monde. "Quand j'ai perdu l'avant, je me suis dit : 'OK, je vais rester avec ma moto jusqu'à la fin. Je ne sais pas si nous finirons dans le gravier, dans le mur, ou... je ne sais où, mais je serai avec elle', commentait quelques minutes plus tôt, tout sourire, l'intéressé. Je savais que j'avais perdu l'avant, mais l'arrière était toujours là. Alors j'ai poussé avec mon coude et mon genou à 100 %. Je pense que la principale raison qui m'a permis de sauver cette chute était la tension de la course. J'étais trop raide sur la moto, mais en même temps très sensible. (…) Après cette chaleur, je me suis dit qu'il me fallait rallier l'arrivée si je voulais profiter de la soirée." Marquez a finalement terminé 3e, titre en poche. et il a bien savouré la soirée. Il faut dire que sa saison n'a pas été de tout repos. "Lorsque je suis allé chez mon coiffeur en début d'année, il m'a dit qu'il fallait que je fasse quelque chose et que j'arrête de stresser, car je perdais mes cheveux, se souvient-il. honnêtement, je ne m'amusais pas sur la moto. Je l'ai expliqué à mon staff, il ont compris qu'il me fallait une machine avec laquelle je m'amuse pour que les résultats reviennent." Dont acte : d'une seule victoire sur les huit premiers GP, Marquez est passé à cinq sur les dix derniers – dont les deux, cruciales pour la confiance, encadrant la trêve estivale. Pour atteindre ce niveau, le pilote honda a chuté, beaucoup. 27 fois, pour être précis (mais une seule en course). "C'est trop, admet-il, toujours en riant. J'ai eu de la chance de ne pas me blesser, mais c'était pour moi la seule façon de me battre pour le championnat : en attaquant dès la FP1. si tu attaques toujours à la limite, tu obtiens de meilleures sensations avec la moto et cela t'aide à donner de meilleures informations à tes mécaniciens. Puis en course, je me souviens que j'ai eu un avertissement dans tel ou tel virage et j'essaie de rester calme. Je prends beaucoup de risques, mais pour moi, c'est la voie à suivre." Une voie qui permet au sextuple champion de briser, à 24 ans, les records de précocité de Mike hailwood (quatre titres en catégorie reine) et Valentino rossi (six titres en GP), tous deux âgés de 25 ans lorsqu'ils avaient accompli ces performances. "honnêtement, je ne connaissais pas tous les records que j'ai battus jusqu'à aujourd'hui : je veux juste donner le meilleur de moi-même." et c'est déjà, comment dire… généreux ! Le circuit de Valence a été le théâtre d'une finale au suspense haletant.

côté paddock... La voix des GP, alias Nick Harris, commentait à Valence sa toute dernière course pour MotoGP.com. Cette figure des paddocks et ami intime du regretté Barry Sheene a eu droit à un très bel hommage lors de la conférence de presse du GP, que vous pouvez visionner sur notre page Facebook ! Si certains pilotes montent du Moto2 vers le MotoGP (nous en parlons dans les pages suivantes), d'autres doivent suivre le chemin inverse : ce sera le cas de Sam Lowes, échaudé par son expérience douloureuse avec Aprilia (31 chutes à son actif, le record de la saison), et d'Hector Barbera, lui aussi remercié par Avintia après cinq saisons de bons et loyaux services. Le premier remplacera Tom Luthi chez CGBM Evolution, le second Fabio Quartararo chez Pons.

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DOVIZIOSO SANS AMERTUME

"Je suis déçu que Dovi ne soit pas là sur ce podium. C'est un grand rival et quelqu'un que j'apprécie beaucoup humainement. J'ai aussi beaucoup appris de lui, sur son approche mentale de la course cette saison : savoir se concentrer sur soi et oublier le reste." C'est en ces termes que Marc Marquez a rendu hommage à Andrea Dovizioso, ce type "normal" qui met du gaz comme aucun autre sur une Ducati MotoGP. Fort de six victoires (soit autant que le champion 2017), Dovi a surclassé des pilotes que l'on attendait davantage que lui, tel Maverick Vinales, ou son propre coéquipier, triple champion MotoGP, doté du même matériel que lui et dix fois mieux payé par Ducati : Jorge Lorenzo. Aussi, lorsqu'il arrive à Valence avec 21 points de retard sur Marquez après ses superbes victoires au Japon et en Malaisie, l'Italien ne se fait guère d'illusion : "Je suis très heureux de cette saison et je n'ai pas de réelle pression, car je sais par quoi nous sommes passés pour en arriver là. Quoiqu'il advienne dimanche, je serai fier et heureux de ce que nous avons accompli." Dovi est prêt pour la bagarre, conscient qu'il ne peut viser que la victoire pour conserver un mince espoir de titre. La "semi-chute" de Marquez va une nouvelle fois démontrer que rien n'est fait avant le baisser du drapeau à damier. Mais finalement, la Honda #93 ira au bout. Pas la Ducati #04… "En début de course, vers le milieu du circuit, j'étais plus rapide que Jorge et j'aurais pu le doubler, mais je n'ai pas trouvé la faille. Puis il a accéléré le rythme : nous étions tous les deux à fond et nous avons fini par chuter." Accueilli comme un héros dans son box, Desmodovi, forcément déçu, n'affiche aucune amertume. Pas même à l'encontre de son coéquipier, qui n'a pourtant pas suivi la consigne de son équipe : le laisser passer. Une chose est sûre : l'année prochaine, plus personne ne sera surpris de voir Andrea devant ! Dovi a remporté autant de victoires (six) que le champion 2017.

27,5

Lorenzo payera-t-il un jour le fait de ne pas avoir suivi les consignes ?

Le nombre de chutes de Marc Marquez cette année… selon Marc Marquez.

LORENZO PAS D'ORDRE À RECEVOIR ? Quand Jorge Lorenzo s'obstine à négliger les consignes de son team, exprimées à grands coups de messages codés sur son tableau de bord ou plus clairement via son pit-board, les journalistes italiens râlent beaucoup en salle de presse. On sent déjà la polémique poindre. Pourtant, ce soir-là, Dovi ne s'émeut guère de la réaction de son équipier : "Honnêtement, je n'ai rien vu de cette consigne. Et le fait de rester derrière Jorge m'a aidé, car je pouvais piloter plus en douceur." Un point de vue corroboré par les explications de l'Espagnol : "Vers le milieu de la course, quand Andrea me suivait de près, j'ai analysé la situation et j'ai pensé qu'il était

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préférable d'essayer de l'emmener dans mon sillage pour atteindre le groupe de tête. Si nous avions rattrapé Zarco et Pedrosa, je l'aurais laissé passer." Les consignes d'équipe tuent le sport. Lorenzo avait peut-être son idée pour aider Dovi. Dovi ne pouvait peut-être pas hausser le rythme sans Lorenzo pour lui ouvrir la voie. Mais ces déclarations officielles sont-elles sincères, ou sontelles lissées par une potentielle "cellule de crise" Ducati, pompier d'un début

d'incendie vite attisé par les médias transalpins ? Une chose est sûre : en n'écoutant pas les ordres de son équipe, l'Espagnol n'a pas renforcé sa cohésion avec le staff de Borgo Panigale. Ce choix, il pourrait le payer en 2018, quand il aura la vitesse et la régularité pour jouer le titre à son tour, et qu'il aura besoin de toute l'usine à ses côtés. Une atmosphère que Dovi a su installer au fil des ans, par son dévouement et sa franchise vis-à-vis du Ducati Corse.

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synthèse

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Zarco devant Vinales, Iannone, Miller... Une belle brochette de durs à cuire !

ZARCO LE (VRAI) TROISIÈME HOMME Johann Zarco, personne ne l'attendait. Et il n'a attendu personne. S'il termine sixième au général, il est sans aucun doute le véritable troisième homme de ce championnat 2017, après Marquez et Dovi. Au point d'en agacer quelques divas lors de l'incroyable rendez-vous de Phillip Island… "Quand il est rentré au box après la course, Johann avait des traces de gomme partout sur son cuir, explique Hervé Poncharal, le boss du team Tech 3, au terme du GP d'Australie. Il expliquait : 'Celle là, c'est Rossi, celle-là, c'est Iannone…' C'était dingue. Lorenzo est venu exiger des excuses dans le box – qu'il n'a pas eues d'ailleurs : j'avais vraiment peur que ça finisse en bourre-pif…" Aussi placide dans le paddock que bagarreur en piste, Jojo n'a pas bronché face à Por Fuera. Et il n'allait certainement pas baisser la garde par la suite. "Je suis heureux, car j'ai senti la victoire à ma portée en Australie, en Malaisie et ici à Valence", sourit le Français au soir de la finale. Avec trois podiums à son actif dès sa première saison en catégorie reine, dont deux lors des deux dernières courses, on se prend soudain à imaginer le pilote satellite se battre pour le titre mondial en 2018. Réaliste ? Nous, on dit oui. Comme on disait oui au potentiel de l'association Zarco/ Fellon/Tech 3 il y a un an !

2 665 806 Le nombre total de spectateurs venus assister aux 18 GP de la saison en bord de piste.

côté paddock... En plus de Kalex, Suter, Speed Up, Tech 3 et KTM, NTS sera le sixième fabricant de châssis engagé en Moto2 en 2018. Ce châssis japonais a déjà mené le Français Alan Techer en 2016 et le Sud-africain Steven Odendaal cette année au 3e rang du championnat d'Europe Moto2. Odendaal fera équipe avec l'Américain Joe Roberts chez RW Racing. Michelin a renouvelé son contrat en tant que fournisseur unique du MotoGP jusqu'en 2023. Nicolas Goubert, par ailleurs, s'apprête à quitter ses fonctions de directeur technique de Michelin Racing après 28 années au service de Bibendum pour devenir, à compter de février prochain, directeur exécutif de la nouvelle FIM Moto-e World Cup. Le GP de Malaisie a été doublement endeuillé, d'abord quelques jours en amont de l'épreuve par le décès de Claudio Macciotta (champion d'Europe 125cc 1986 de vitesse et chef mécanicien de Niccolo Bulega cette année), puis par la disparition de Stefan Kiefer (dont l'équipe a conduit Stefan Bradl au titre Moto2 2011 et Danny Kent au sacre Moto3 2015) dans sa chambre d'hôtel en plein week-end de course. Toutes nos pensées vont à leurs proches.

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VINALES DANS LA TOURMENTE

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C'est la grosse désillusion de cette fin de saison. 4e en Aragon, 9e au Japon, Maverick Vinales n'est monté que sur un seul podium depuis le GP de Grande Bretagne : c'était en Australie, où il s'adjugeait de haute lutte la 3e place derrière son coéquipier Valentino Rossi, et où il perdait toute chance mathématique de viser encore le titre. Ses 9e et 12e rangs en Malaisie et à Valence signaient une fin de parcours en queue de poisson après des débuts pourtant fracassants, avec deux victoires d'affilée en ouverture. Vinales n'a assurément pas perdu sa vitesse et son talent. Il a en revanche perdu confiance dans le train avant de sa M1 après l'introduction du pneu à carcasse rigide en Italie, perdu pied dans ses réglages quand un nouveau châssis a été imposé par son coéquipier, perdu la foi dans ses capacités, perdu le sourire. La fameuse spirale du doute. D'aucuns prétendent que le plus grand responsable, dans ce maelström, est Valentino Rossi, qui tire trop la couverture "technique" à lui sans plus réellement comprendre ce qu'il fait. D'autres remarquent que Johann Zarco, sur une version 2016 de la M1 (par ailleurs utilisée par le team officiel à Valence), secoue

Le nombre de représentants des médias accrédités tout au long de la saison 2017.

PEDROSA JUSTE DEVANT ROSSI Avant Valence, et malgré deux blessures en cours de saison, Rossi pointait 4e du provisoire. Mais Dani Pedrosa arrachait lors de cette finale sa deuxième victoire 2017 et grillait la politesse à l'idole, 5e en course, pour deux petits points. "Nous avons rencontré beaucoup de problèmes cette année, reconnaît Rossi, et nous ne savons pas vraiment comment les régler. À Valence, j'ai fait la course à laquelle je m'attendais : le châssis 2016 est meilleur, mais nous avons roulé moins vite que l'an passé et nous avons rencontré de gros soucis d'usure des pneus… La M1 m'a semblé plus facile à piloter, mais c'est exactement le feeling que j'avais eu en passant de la version 2016 à la 2017 lors des tests l'an passé !" Questionné sur son rôle de protecteur dans la course au titre de Marc Marquez, Pedrosa s'est voulu honnête : "Marc n'a pas eu besoin de moi pour aller chercher le titre, il fait ça très bien tout seul ! En revanche, en plus du titre pilote, nous terminons avec les titres constructeur et team, et c'est signe d'un bon travail d'équipe." Tout cela, avec un nouveau V4 big bang, pas forcément encore parfaitement au point lors de sa mise sous scellé avant le Qatar. "Peu de constructeurs sont capables de gagner avec un nouveau moteur, estime Marquez. C'est pourquoi nous étions plus lents en début de saison, et c'est normal."

les autres usines. Et si la solution était d'incorporer Johann Zarco au programme de développement de la machine d'usine, comme Danilo Petrucci pour Ducati ou Cal Crutchlow pour Honda ? Nous avons demandé son avis à Hervé Poncharal : "Lors de la conférence des représentants des teams d'usine, la question de Zarco a été balayée d'un revers de la main, en expliquant qu'il aura l'an prochain un soutien similaire à celui de cette année. Pour moi, ce n'est pas la façon dont devrait se comporter une usine avec un pilote comme Johann, qui a démontré tant de choses cette année et marqué des points importants au championnat constructeur [dont Yamaha termine deuxième, juste devant Ducati, ndlr]. Je crois qu'à un moment, tu as beau être le pilote le plus capé, le plus expérimenté, si tu demandes trop de choses, tu peux te perdre… Les pilotes d'usine sont en difficulté, et s'il serait bien sûr encore plus motivant pour Johann de sentir qu'il fait partie du projet de la marque, et non pas simplement d'un team client doté d'un matériel figé, ce serait aussi une bonne chose pour Rossi et Vinales, qui auraient ainsi un allié pour développer la M1." A bon entendeur…

côté paddock... Les phénomènes turcs de la moto, Deniz et Can Oncü, ont eu une saison bien occupée. Respectivement vainqueur et 3e de l'Asia Talent Cup, et 4e et 3e de la Red Bull MotoGP Rookies Cup, les deux frères intègreront l'an prochain la structure Ajo en CEV. Ils tenteront en parallèle à nouveau leur chance dans la Rookies Cup, remportée cette année par le Japonais Kazuki Masaki. Trastevere73 : c'est le nom de code du premier champion eSport MotoGP, vainqueur de la grande finale disputée à Valence en marge du GP entre huit pilotes virtuels. L'Italien a notamment remporté une BMW240i Coupé. Marc Marquez, lui, collectionne carrément les autos de la marque à l'hélice… Pour la cinquième année consécutive, il remporte grâce à sa réussite aux qualifications le BMW M Award. Pour l'hiver 2017/18, une M4 CS vient ainsi compléter son garage. Keanu Reeves, Olivier Panis, Greg Lemond, Laurent Blanc, Fabien Barthez… : il y avait du beau monde parmi les VIP du GP de Valence !

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synthèse L'usine Suzuki termine mieux la saison qu'elle ne l'a commencée.

SUZUKI RETOUR EN FORME "À un moment, nous avons fait un mauvais choix technique et nous nous sommes trop entêtés. Nous progressons depuis Brno et surtout Aragon. Je pense que nous préparons une bonne moto et que nous serons plus compétitifs en 2018." Après un début de campagne catastrophique, Andrea Iannone a redressé la barre en fin de saison, avec notamment une 4e place au Japon, et deux 6e rangs en Australie et à Valence. Son coéquipier, le rookie Alex Rins, s'offrait quant à lui son meilleur résultat lors de la finale : une belle 4e place. Ridiculisée par de trop nombreux pilotes (Zarco, Petrux, Crutchlow…) et même par des teams indépendants (Tech 3 en tête, Pramac ensuite), l'usine Suzuki prépare, selon Carlo Pernat, le manager de Iannone, une GSX-RR 2018 bien plus performante, avec notamment un moteur beaucoup plus puissant. Il faudra bien ça pour contenir, sinon les Aprilia (en grande difficulté cette année malgré la bravoure et les quelques coups d'éclats d'Aleix Espargaro), au moins les KTM, qui commencent à klaxonner gentiment…

A RETENIR DE CES 5 GP

PODIUMS

ARAGON .................1. Marc Marquez ....... 2. Dani Pedrosa . .......3. Jorge Lorenzo JAPON .....................1. Andrea Dovizioso.... 2. Marc Marquez........3. Danilo Petrucci AUSTRALIE . .........1. Marc Marquez ....... 2. Valentino Rossi......3. Maverick Vinales MALAISIE...............1. Andrea Dovizioso.... 2. Jorge Lorenzo.........3. Johann Zarco VALENCE ...............1. Dani Pedrosa.......... 2. Johann Zarco . .......3. Marc Marquez

POLEMEN ARAGON Maverick Vinales

JAPON Johann Zarco

AUSTRALIE Marc Marquez

MALAISIE Dani Pedrosa

BAZ BYE BYE MOTOGP

VALENCE Marc Marquez

18e de sa troisième saison en MotoGP en ayant marqué plus de points que jamais, Loris Baz doit dire au revoir à la catégorie reine, faut de budget pour y conserver sa place. Frustrant, car même si sa performance ne saute pas aux yeux sur le papier, Loris ne s'est pas économisé pour composer avec un plateau toujours plus homogène aux avant-postes et une "mamie" GP15 pas toujours facile à apprivoiser : "Sur le sec, on arrivait à comprendre pourquoi on était lent : notre moto avait deux ans et n'offrait pas le raffinement des GP17. Mais sur le mouillé, on était parfois complètement perdus…" Malgré son manque de feeling, le Haut-Savoyard s'offrait une remontée d'anthologie sur le mouillé en Malaisie, mais chutait dans le sixième tour alors qu'il jouait des coudes pour la 8e place. "Je préfère ça que de terminer dernier", lançait-il alors. Sur le tourniquet de Valence, le cauchemard de la GP15, il ne pouvait faire mieux que 16e, dans la roue de son coéquipier Hector Barbera sur sa GP16. Pour en savoir plus sur l'avenir de Loris, nous vous invitons maintenant à consulter nos pages Superbike… Good luck dans tes nouvelles aventures, Bazooka !

MEILLEUR(E)… PILOTE FACTORY . .......................................................Marc Marquez ❱❱ 99 pts PILOTE SATELLITE . .................................................... Johann Zarco ❱❱ 64 pts CONSTRUCTEUR. ....................................................................Honda ❱❱ 108 pts REMONTÉE ......................... Andrea Dovizioso ❱❱ Japon ❱❱ 9e grille ❱❱ 1er arrivée V. MAX . ............................................... Andrea Iannone ❱❱ Australie ❱❱ 343,6 km/h

Classement MOTOGP Pos Pilotes 1 Marc MARQUEZ 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15

Andrea DOVIZIOSO Maverick VINALES Dani PEDROSA Valentino ROSSI Johann ZARCO Jorge LORENZO Danilo PETRUCCI Cal CRUTCHLOW Jonas FOLGER Jack MILLER Alvaro BAUTISTA Andrea IANNONE Scott REDDING Aleix ESPARGARO

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INTERVIEW Par TOMMY MARIN /// Photos PSP SWIDEREK / JAGIELSKI & MONSTER ENERGY

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JOHANN ZARCO

DÉBUTANT, INDÉPENDANT,

IMPRESSIONNANT !

Meilleur rookie 2017, meilleur pilote indépendant, Johann Zarco n'a cessé de défrayer la chronique et d'effrayer la hiérarchie en place depuis ses débuts en MotoGP. Il revient pour nous sur cette saison impressionnante de maîtrise et de maturité… et même un peu avant. décembre 2017 - janvier 2018

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MOTOGP

INTERVIEW

Johann peut s'appuyer sur l'expérience de Guy Coulon. Pour le grand public, le MotoGP reste le summum.

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ohann, je te connais depuis tes débuts en Red Bull MotoGP Rookies Cup, il y a dix ans. De quoi te souviens-tu de cette époque ? De beaucoup de choses. Des motos, de l'organisation et surtout de ma vision du paddock et des pistes. Tout ça me semblait tellement grand… Aujourd'hui, c'est toujours aussi magnifique, mais je me sens plus à la hauteur, je connais plus de gens. J'ai la sensation que c'est mon monde. Vainqueur de la première Rookies Cup, t'imaginais-tu, 10 ans plus tard, meilleur rookie et meilleur pilote indépendant du MotoGP ? Plus que meilleur rookie et indépendant, il ne faut pas oublier qu'entre-temps, il y a eu deux titres. Ça, c'est extra. Ces deux titres m'ont aidé à obtenir cette belle première saison en MotoGP. Maintenant, si je pouvais m'attendre à ça en 2007, je ne sais pas… C'était mon rêve d'arriver à ce niveau, de devenir champion du monde. Aujourd'hui, pour y rester, je réalise que je poursuis toujours les mêmes rêves. En revanche, un truc auquel je ne m'attendais certainement pas à l'époque, c'était de pouvoir courir avec Rossi. Je ne me projetais pas dans cette éventualité, et ça démontre aujourd'hui sa grande force : il est toujours là, au top, alors qu'il y était déjà quand je débutais. As-tu la sensation de vivre dans un autre monde aujourd'hui, aussi bien sur les circuits que dans ta vie de tous les jours ? Peu de choses ont changé au fond de moi. Pendant une période, je me suis un peu enfermé dans ma coquille pour devenir le vrai guerrier qu'il faut impérativement être pour gagner ici. Maintenant que j'ai fait mien ce caractère de guerrier, peut-être que je ressemble davantage au garçon plus "cool" que je pouvais être en 2007. Il faut passer par de nombreuses phases pour grandir en tant qu'homme et pilote… Tes six tours en tête au Qatar ont eu plus de retentissement dans les médias que tes deux titres de champion du monde en Moto2. Que cela t'inspire-t-il ? Il faut toujours aborder les choses de manière positive, c'est beaucoup plus simple. Cet épisode m'a surtout aidé à réaliser combien la catégorie MotoGP est importante ; comment elle peut faire changer, en l'espace de quelques minutes, le regard des gens. Je croyais sincèrement que le fait de conquérir un deuxième titre Moto2, de montrer que j'étais capable de rester le meilleur dans cette catégorie, changerait la donne aux yeux du public. Mais en fait, pour avoir du crédit, il faut performer en MotoGP. C'est la seule chance d'intéresser les gens à la moto. Et quelque part, cela me motive encore plus : si mes résultats peuvent aider le sport moto à faire sa place en France, ce sera déjà une belle réussite. Tes titres restent plus puissants à tes yeux ? Oui. Le fait d'être le meilleur dans une catégorie te procure un sentiment que tu n'as pas en étant "simplement" meilleur rookie ou pilote indépendant. 38

Les regards sur toi ont évolué dans le public, mais aussi au sein du microcosme que constitue le paddock, je m'en aperçois weekend après week-end… C'est vrai. Les gens avec qui j'ai travaillé par le passé, ceux que j'ai le mieux connu, n'ont pas changé de regard sur moi. Pour les autres, je dirais simplement que c'est bon de sentir que j'ai mon rôle ici, dans ce monde-là, surtout en tant que pilote. Ça m'apporte de la sérénité. C'est comme une belle vague : il faut juste surfer dessus et se régaler. Marquez, Rossi, Lorenzo… : tu as croisé le fer avec les plus grands noms. Comment juges-tu chacun de ces pilotes aujourd'hui ? Rossi reste l'idole. C'est toujours un sentiment différent quand je lui serre la main, qu'on se regarde droit dans les yeux ou quand je le suis en course. Pour Lorenzo, ça pourrait se rapprocher de ce feeling – ou de celui que j'ai avec Dovi et Pedrosa : ce sont des pilotes contre lesquels je n'avais jamais couru et que j'observe au plus haut niveau depuis 2007. Il y a forcément une part d'admiration. Marquez, à cette époque, roulait en championnat d'Espagne. J'ai eu l'habitude de me mesurer à lui à plusieurs reprises depuis la 125. J'ai pu me comparer, me motiver à essayer de faire aussi bien. Mon œil sur lui, aujourd'hui, c'est… qu'est-ce qu'il est fort ! Il a trois ans de moins que moi – mais plus d'expérience – et une intelligence de course et de vie impressionnante. Il est très mature. Tu as aussi eu quelques mots avec certains d'entre eux, notamment avec Rossi à Austin et Assen ou Lorenzo en Australie… [Sourire] Ce qui a pu arriver avec Rossi faisait entièrement partie de la course. Ses déclarations à mon sujet ont toujours été calculées pour chercher à m'intimider : quand ton idole parle de toi comme ça, ça devrait t'encourager à te calmer. Mais j'ai compris ça et il ne m'a pas impressionné, je l'ai pris "facile". Avec Lorenzo, ça a été différent. Lui, il a son avis. Et quand il vient grogner, ce n'est pas dans le même esprit que Rossi. Je suis beaucoup plus direct et froid avec lui, car il l'est lui aussi. Avec Dovi, tu as alimenté les télés et les colonnes du monde entier. Deux pilotes humbles et travailleurs qui réussissent. Te reconnais-tu en ce portrait type et en Dovi ? Ce qui me régale, c'est qu'il est un top pilote. On disait : "oui, c'est un super pilote, mais peut-être pas un top." On voit que le travail et

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la M1 : une machine parfaite pour apprendre... et pour gagner !

EN FAIT, POUR AVOIR DU CRéDIT, IL FAUT PERFORMER EN MOTOGP... MÊME SI JE LE REGRETTE, MES DEUX TITRES EN MOTO2 ONT EU MOINS D'IMPACT AUX YEUX DU PUBLIC...

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MOTOGP

INTERVIEW

HERVÉ PONCHARAL

"DES éMOTIONS QUE JE NE PENSAIS PLUS VIVRE…"

Zarco se bat désormais avec ses idoles, Rossi en tête.

De la tension, des sourires et des larmes de joie : le manager de l'équipe Tech 3 en a pris plein les sens cette année avec le phénomène Johann Zarco ! "Depuis le titre avec Olivier [Jacque] en 2000, puis notre première année en GP500 avec OJ et Shinya [Nakano] en 2001, jamais nous n'avions réellement eu de quoi vibrer tout au long d'une saison. Je pensais sincèrement que, compte-tenu de l'évolution du championnat, les équipes indépendantes étaient vouées à se battre pour des places de 5 ou 6. Cette saison m'a procuré des émotions que je ne pensais plus vivre à 60 ans – à moi, mais aussi à toute l'équipe, et surtout à Guy [Coulon] et mon frère Jérôme, qui travaillent avec Johann et sont, eux aussi, de vieux renards. Le fait que ces super résultats arrivent avec Johann, une personnalité aussi atypique, attachante et géniale, rend les choses encore plus belles. Ça fait du bien de voir un petit gars de chez nous, humble, sans une kyrielle de gardes du corps derrière lui, qui ne gagne pas des dizaines de millions d'euros et qui ne se déplace pas en jet privé, réussir dès sa première année en catégorie reine à se battre avec les tout meilleurs en mettant en avant la valeur travail et en faisant avec le matériel dont il dispose."

l'expérience finissent par payer – certainement comme dans tous les sports, mais en tout cas beaucoup en moto. Tous les 15 jours, on roule à 300, on change de circuit, de conditions, et ton expérience t'aide à faire les bons choix. Dovi en est une preuve vivante. Sa belle saison me motive à ne pas lâcher le morceau, à continuer à me donner au maximum. Et si des moments difficiles reviennent, je garderai à l'esprit que le travail paye. Pas besoin d'avoir 23 ans pour performer en MotoGP. On dit souvent que la M1 est la moto idéale pour débuter en MotoGP. Maverick Vinales m'a récemment expliqué que son pilotage était finalement plus difficile que celui de la Suzuki, car elle nécessitait énormément de rigueur pour répéter les tours parfaits, en douceur. Quel est ton avis ? C'est une vraie et belle moto de course. J'ai du mal à dire si une autre moto que la mienne est meilleure ou pas. Je suis toujours hyper heureux de découvrir ce que notre M1 peut nous donner, et donc concentré à utiliser au mieux ce potentiel tellement énorme.

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Je ne vois pas comment une autre moto pourrait en donner plus. Bref, ce sont des pensées très positives, pour foncer sans se poser de mauvaises questions. C'est une bonne moto pour apprendre et une bonne moto pour gagner. Tes supporters s'inquiètent de te voir rouler l'an prochain sur une M1 2017 qui n'a guère brillé cette année. Mais je crois savoir que tu n'es pas trop inquiet à ce sujet… Non, j'ai confiance dans les ingénieurs japonais derrière cette moto. Ils ne sont pas fous. Quand on vit cette passion au travers des médias, on peut avoir peur de plein de choses. Nous, ce que l'on vit dans le box, ce que l'on vit avec l'équipe au niveau technique est finalement loin de ce que l'on peut lire dans la presse. Les médias ne peuvent pas tout savoir mais ils sont obligés d'écrire des choses : c'est leur boulot d'attirer la curiosité des lecteurs. Même mon père commençait à s'inquiéter de la moto que je vais piloter l'année prochaine, car il n'évolue pas dans ce petit monde et se raccroche à ce qu'il lit dans la presse. Je rassure tes lecteurs : ce que vous pouvez lire n'est pas forcément ce que nous vivons. Faites-nous confiance, je disposerai d'une bonne moto l'an prochain. Tu as offert au team Tech 3, avec le concours de Jonas, sa plus belle saison depuis l'ère Crutchlow / Dovi. Quelle part donneraistu à l'équipe dans votre succès ? Beaucoup. Déjà, cette bonne ambiance, cette capacité à savoir bien travailler quand il le faut et à savoir profiter des moments qui le permettent – ce que je faisais beaucoup moins avant. Et ensuite, cette connaissance de la Yamaha. Ça va faire 20 ans que Tech 3 travaille avec ce constructeur et les Japonais leur accordent une certaine confiance. Laurent Fellon est toujours à tes côtés. Et votre école Z&F prend une nouvelle dimension… Oui, on va maintenant avoir notre propre terrain de jeu, un peu sur l'exemple de Rossi avec son ranch, avec un circuit de flat track et une piste de karting. Ça fait plusieurs années que nous investissons du temps et de l'argent, surtout Laurent, dans Z&F, pour montrer que si on a pu faire de Zarco un champion, ce n'est qu'une question de méthode et de travail. Posséder son propre terrain

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Pour performer en MotoGP, Johann Zarco s'est forgé un mental de guerrier.

Eh oui, déjà dix ans que nous côtoyons Johann...

LAURENT FELLON

"JOHANN EST BON DEPUIS LONGTEMPS…" Quand, à l'âge de 16 ans, il a pris son scooter pour venir s'installer chez Laurent et Andrea Fellon, Johann Zarco avait un objectif : devenir champion du monde. Rien n'étonne donc son coach…

d'entraînement est indispensable pour fournir un travail de meilleure qualité avec une logistique plus simple à gérer. Ce complexe me permettra de m'entraîner pour le MotoGP, de former de jeunes pilotes et sera aussi un terrain de jeu pour tous les passionnés qui le souhaitent. On ne veut pas seulement faire rêver les gens, on veut aussi les accompagner. Ils auront parfois l'occasion de rouler avec un pilote MotoGP, et ça, ça ouvre les papilles ! n

"Je pense que Johann est bon depuis longtemps. En 125, il a joué le titre. En Moto2, il a eu le titre, deux fois. Cette saison en MotoGP est dans la continuité et la logique de ce qu'il a produit avant. Nous avons travaillé selon une méthode, nous avons programmé les choses. Valentino [Rossi] a une méthode pour ses jeunes, [Alberto] Puig en a une pour les siens, [Emilio] Alzamora aussi : on ne devient pas un grand champion en claquant des doigts. Ce que Johann a fait cette année est super ; nous sommes, ma femme Andrea – qui a une immense responsabilité dans la réussite de cette aventure – et moi, très contents. Ce sera encore mieux quand il gagnera. J'aurais aimé entendre des gens dire que Johann était bon avant cette belle saison en MotoGP : il serait peut-être arrivé là où il est plus tôt et on aurait peutêtre rencontré moins de soucis. Mais je suis très heureux que tout cela arrive avec Yamaha. Ça a failli ne pas pouvoir se faire et nous avions donc signé un pré-contrat avec Suzuki. Mais le vrai plan programmé depuis toujours, c'était de briller avec Tech 3."

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tests Par TOMMY MARIN /// Photos PSP SWIDEREK / JAGIELSKI

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LIBéREZ LES INGÉNIEURS ! 2017 est terminé, vive 2018 ! Point de bouleversement majeur dans les équipes en cette transition hivernale : la plupart des pilotes ont conservé leur guidon. Et c'est maintenant aux ingénieurs, enfin libres de modifier à volonté les entrailles de leurs créatures, d'entrer en piste !

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° REPSOL HONDA

DEJÀ PRÊTS ?

La RCV 2017, une version 2017 "Evo" et la nouvelle moto 2018 étaient à dispo pour le tandem officiel. Si Marc Marquez a réalisé le meilleur chrono de ces tests, il était surtout satisfait du travail accompli sur le nouveau proto. "Cette moto fonctionne déjà très bien même si nous avons rencontré quelques soucis, lance Marquez. C'est logique avec une machine entièrement nouvelle, châssis et moteur inclus. Il y a encore du travail pour bien la cerner, mais je suis d’ores et déjà très content du moteur. Il est plus puissant et plus disponible. En 2015 et 2016, nous nous posions beaucoup de questions pour savoir quelle direction prendre, et nous sommes parfois revenus en arrière. Cette fois, tout va dans le bon sens." Dani Pedrosa et Cal Crutchlow, eux aussi, se veulent confiants : "Nous avons fait beaucoup de progrès, mais bien sûr nous n’avons pas encore tous les paramètres, explique Dani. Dans l’ensemble, nous avons recueilli beaucoup d’informations pour travailler pendant la pause hivernale." "Plusieurs choses ont changé, et dans le bon sens, estime pour sa part le pilote LCR, lui aussi doté du matériel factory. Ce premier galop nous a donnés une bonne idée générale. Je ne sais pas si la version 2018 est plus rapide, mais le ressenti sur un tour est bon !" Avec un package 2018 déjà bien abouti, le HRC n'a pas fini d'animer les cauchemars des staffs Yamaha et Ducati…

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° DUCATI DE CI, DE LÀ…

Le team officiel Ducati n'avait pas apporté grand-chose de neuf à Valence et s'est concentré sur la validation de certaines pièces déjà existantes, pour décider s'il serait judicieux ou non de les adopter sur la GP18. "Nous avons pu terminer le programme de travail décidé avec nos ingénieurs et tester la nouvelle fourche Öhlins 2018", commente sobrement Andrea Dovizioso. Jorge Lorenzo en a pour sa part profité pour se remettre un peu en question : "Ce mercredi, je me sentais vraiment bien et j'ai amélioré ma performance en changeant certaines choses dans mon style de pilotage. Cependant, nous devons continuer à travailler pour trouver les dixièmes qui nous manquent encore sur certaines pistes. (…) Nous savons que les nouveautés techniques les plus importantes n’arriveront qu'à Sepang pour les premiers tests 2018." Et avant pour Petrux ?

° MOVISTAR YAMAHA

TOUT SUR LE MOTEUR

Contrairement à Honda, le châssis de la M1 2018 n'était pas prêt. Le "nouveau" 4-cylindres en ligne, en revanche, était de la partie, et le staff Yamaha a donc mixé ses châssis 2016/17 et ses moteurs 2017/18 pour essayer de trouver des pistes, sans toutefois convaincre Valentino Rossi. "Ce n’est pas le circuit idéal pour se rendre compte d’un moteur, mais il semble plus disponible à bas régime tout en étant plus puissant, déclare l'Italien. Quoi qu'il en soit, il ne résoudra pas nos problèmes avec le pneu arrière : Yamaha a du travail sur le châssis pour équilibrer la moto." Maverick Vinales, de son côté, retrouvait toute sa splendeur sur une M1 strictement identique à celle avec laquelle il se "traînait" tant bien que mal le dimanche du GP, sans comprendre pourquoi. Troublant… "J'ai enfin repris beaucoup de plaisir à rouler, sourit l'Espagnol. Je me sentais à nouveau fort et c'est très positif. J'ai eu la sensation de retrouver ma Yamaha, et j'étais aussi rapide sur le châssis 2017 que le 2016." De là à imaginer que ces essais ont davantage importé au Mack sur le plan psychologique que sur l'aspect technique, il n'y a qu'un pas. Le nouveau package aérodynamique aperçu sur les M1 (photo) a d'ores et déjà été mis au rebut par la commission technique des GP : il nécessitera d'être revu pour son homologation.

° SUZUKI SUR LA BONNE VOIE

Victime d'une gastroentérite le premier des deux jours, le staff Suzuki n'a œuvré que le second. Malgré leur petite forme physique, Andrea Iannone et Alex Rins ont apprécié la nouvelle GSX-RR : "Même si je n'ai pas fait beaucoup de tours, nous avons déjà compris certaines choses et c'est un bon point de départ pour les prochains test à Jerez, explique l'Italien. Suzuki a travaillé dur pour livrer de nouvelles spécifications moteur et châssis. Nous travaillons étape par étape en introduisant une chose après l'autre, nous aurons un package plus complet à Sepang." "L'objectif était d'évaluer les améliorations individuellement, poursuit son coéquipier, puis de les assembler pour Sepang. Le feeling avec les nouvelles pièces était positif et j'ai vraiment hâte d'aller à Jerez pour continuer le travail en meilleure forme."

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MOTOGP

tests

° KTM SUR LA LANCÉE

KTM a pour le moins réussi son entrée en MotoGP : largement dégrossie côté châssis lors de ses participations en wild card en 2016, dotée d'un V4 big bang plus convivial depuis Jerez, la RC16 a depuis concentré l'attention des ingénieurs en orange sur l'électronique. Pol Espargaro, Bradley Smith et Mika Kallio ont prouvé en course que le missile KTM suivait la bonne trajectoire en jouant régulièrement le top 10. A Valence, nous n'avons rien vu de réellement nouveau, si ce n'est un bras oscillant revu et corrigé. Mais à n'en pas douter, la RC16 va continuer à progresser !

° APRILIA TROUVER LES BASES

Pas de nouvelle moto chez Aprilia : l'idée était de tester des modifications de géométrie et de répartition des masses afin d'en tenir compte dans le design de la version 2018. "La moto qui arrivera en 2018 ne sera pas révolutionnaire, mais ses caractéristiques vont évoluer, donc il est fondamental de ne pas se tromper de direction", explique Aleix Espargaro. Son nouveau coéquipier Scott Redding a pour sa part découvert une RS-GP bien différente de la GP16 à laquelle il s'était accoutumé, s'offrant au passage une petite glissade sans gravité (photo). "Il y a beaucoup de travail pour adapter la RS-GP à mes caractéristiques, à commencer par ses dimensions. Pour l'instant, mon but est de me familiariser avec son caractère. Aleix fait un excellent travail et démontre le potentiel d'Aprilia. Valence n'est pas ma piste préférée et sauter sur une nouvelle moto après un week-end de course n'est pas une tâche aisée, c'est pourquoi nous avons travaillé sans essayer de faire un chrono."

°HONDA MARC VDS ET LCR

#FRANKYSAYS… ÇA POUSSE !

De g. à d. : Morbidelli, Luthi, Nakagami.

Marc VDS ne pouvait compter sur Tom Luthi, blessé, pour cette première mise en jambes. Franco "#FrankySaysRelax" Morbidelli a donc partagé le box avec le pilote d'essai du HRC et champion du Japon Superbike Takumi Takahashi, qui a permis à l'équipe technique du pilote suisse (dont le chef mécanicien français Gilles Bigot) de se faire la main sur la RCV. "C'était agréable de tester enfin une machine de MotoGP, déclare le frais émoulu champion du monde Moto2. (…) Valentino et Marc sont passés me voir et je pense qu'ils ont volontairement fait un tour plus lent devant moi pour me montrer les trajectoires : c'était un moment très émouvant. Je dois encore travailler sur mon style de pilotage, parce que cette moto est très différente d'une Moto2, beaucoup plus puissante et exigeante au freinage, et j'ai aussi besoin de mieux comprendre l'électronique, comment l'équilibre de la moto influe sur le feeling et bien d'autres choses…" Takaaki Nakagami, qui découvre lui aussi la RCV chez LCR, a tourné dans des chronos similaires à ceux de l'Italien.

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° DUCATI PRAMAC

LA GP18 EN PRIMEUR ?

° TECH 3 VIVE LA M1 2017 !

Johann Zarco nous l'explique dans l'interview que nous lui consacrons : il n'est pas inquiet quant à la qualité de la M1 qu'il pilotera l'année prochaine. Sans préjugé, il a attaqué ces tests avec la sérénité qui le caractérise, d'abord sur sa M1 2016 pour se la remettre en tête, puis tout de suite après sur la 2017 pour comparaison. Et immédiatement, ça a matché, avec un 3e temps très convaincant au cumul des deux jours : "Je suis heureux et j'aime la nouvelle moto, s'enthousiasme-t-il. J'ai un bon feeling au freinage et c'est important. En course, bénéficier d'un meilleur contrôle en phase de freinage permet d'être plus à l'aise pour se battre. (…) J'utilise aussi moins d'énergie au guidon. Le mercredi, nous avons été compétitifs au chrono, mais nous avons également travaillé sur le rythme, qui reste la cible principale pour préparer une course. J'ai testé différents châssis et donné mes commentaires à l'équipe. Maintenant, nous devons analyser tout en détail pour définir notre meilleure option. Nous allons continuer à travailler, mais je peux dire que nous avons terminé cette saison de manière positive."

Au moment où nous bouclons ces lignes, l'équipe B Ducati annonce que son pilote phare, Danilo Petrucci, essaiera la nouvelle GP18 dès les tests de Jerez, prévus une semaine après ceux de Valence. Info ou intox ? Toujours est-il qu'il a pour l'instant déblayé le terrain : "Nous avons travaillé dur sur la configuration de la moto en essayant de résoudre les problèmes du week-end dernier et en testant de nouvelles pièces. Je vais disposer de la nouvelle moto à Jerez et je suis très curieux de l'essayer ". Jack Miller découvrait quant à lui la GP17 avec beaucoup de satisfaction, signant le 7e chrono de ces essais juste derrière Lorenzo et devant Dovi : "Ces deux jours furent très positifs pour moi et je suis vraiment content du feeling que j'ai tout de suite trouvé avec la moto. Je me sens à l'aise avec elle et avec toute l'équipe." L'Australien va-t-il franchir un step au guidon de l'Italienne ? Il a en tout cas impressionné les pontes du Ducati Corse…

Tito Rabat découvre la Ducati du team Avintia.

Jack Miller sur la Ducati : ça pourrait faire des étincelles !

Xavier Simeon fait ses débuts en MotoGP.

° DUCATI AVINTIA ET ASPAR MODE DÉCOUVERTE

Tito Rabat et le transfuge du Moto2 Xavier Simeon découvraient la GP17. L'Espagnol a vite trouvé ses marques : "Je me suis tout de suite bien senti avec le team, nous nous sommes très bien connectés, mais par-dessus tout, j'aime la moto. J'ai été impressionné par la puissance de la Ducati, mais aussi par la douceur avec laquelle elle la délivre." Pour le Belge, il y avait beaucoup de paramètres à intégrer, à commencer par la puissance des freins carbone : "C'est incroyable, incroyable ! La puissance de la moto est impressionnante, mais la chose la plus fantastique est l'adhérence des pneus Michelin, en particulier l'avant. Je pense que ce sera difficile pour moi d'en trouver la limite." Pour l'instant, et bien logiquement, il reste à Xavier une grosse marge de progression. Même si Karel Abraham (qui n'a roulé que le premier jour, tandis que son coéquipier du team Aspar Alvaro Bautsita ne roulait pas du tout) n'était que 0.253 devant à l'issue de ces tests. n décembre 2017 - janvier 2018

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MOTO2

CHAMPION

PAR MAT OXLEY /// PHOTOS MONSTER ENERGY ET PSP SWIDEREK / JAGIELSKI

MOTO2 CHAMPION 2017

FRANCO MORBIDELLI

LE 1ER CHAMPION

ESTAMPILLÉ

VR46 FRANCO MORBIDELLI FUT, EN 2013, LE PREMIER PILOTE À INTÉGRER LA VR46 RIDERS ACADEMY. IL EST DEVENU, QUATRE ANNÉES PLUS TARD, LE PREMIER REPRÉSENTANT DE LA FILIÈRE RÉCOMPENSÉ PAR UN TITRE MONDIAL, MAIS AUSSI À ÊTRE PROMU EN MOTOGP. CELA, DANS UNE DÉCONTRACTION TOUTE SINGULIÈRE POUR UN PILOTE EN PLEIN BOOM…

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PAR MAT OXLEY /// PHOTOS MONSTER ENERGY ET PSP SWIDEREK / JAGIELSKI CHAMPION

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ranco Morbidelli n'incarne pas l'habituelle tête brûlée du Moto2. Discuter avec le nouveau roi de la catégorie évoque davantage une conversation avec un musicien posé qu'avec un pilote surexcité. L'Italien bouge lentement et parle pensivement, toujours avec un sourire entendu indiquant qu'il souhaite garder dans sa tête ce qu'il ne laisse pas paraître. Le jeune homme de 22 ans paraît si détendu et dégage tant de fraîcheur qu'il ne semble pas pressé de se lever de table au terme de notre interview, et encore moins apte à molester une Moto2 à plus de 250 km/h. Cette attitude n'a rien de normal pour un jeune pilote en pleine ascension. Le tueur moyen des GP, en interview, bourdonne un mélange de testostérone et d'adrénaline, zieute nerveusement sa montre à maintes reprises, tout impatient qu'il est de s'éloigner de ce journaliste lourdaud pour aller taper quelques wheelies sur son scooter. Franco, non. Alors, s'il vous plaît, partagez ça avec moi : Morbidelli me fait penser à Jimi Hendrix. Vraiment. Son regard, cette crinière désordonnée, son accent américain décontracté, mais surtout son insouciance, la façon dont il glisse au travers d'une vie que la plupart des pilotes consument en se rongeant les ongles, le cœur battant au rupteur du matin au soir. Morbidelli est, tout simplement, incroyablement relax. Même quand il chute en course, son visage, quand il retourne à son box, paraît tout à fait imperturbable. Et il veut que son équipe reste détendue. Contrairement à de nombreux pilotes, il ne met pas ses mécanos sous pression, il ne les met pas en position de danger. Il veut vivre dans un garage heureux. "La meilleure solution est de rester calme, lance l'homme qui a gagné 8 des 18 courses Moto2 2017. Ça t'aide à voir plus loin autour de toi et à juger le contexte avec plus de précision. Peut-être qu'au fond de moi, je voudrais hurler ou tout faire voler dans le box après une mauvaise course, mais j'ai compris très tôt dans ma carrière que ça n'était pas la bonne façon de faire. Bien sûr, ça a aussi à voir avec mon caractère. Je ne suis pas un excité, je suis globalement assez calme. En course, j'essaie de rester encore plus calme car cela m'aide à mieux performer, et c'est bien la chose la plus importante. Dans le box, je fais confiance aux gens autour de moi et je ne pense pas que les stresser les rendra plus performants. Nous sommes tous stressés de toute façon, alors si nous pouvons faire en sorte de l'être un peu moins..." Tout cela pourrait sembler évident, mais vous seriez étonnés de constater le nombre de pilotes et d'équipes incapables de garder ce recul, aussi solides soient-ils. Car malgré son éclat et son glamour, le paddock des GP se révèle, pour ses acteurs principaux, une cocotte-minute horriblement cruelle.

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MON PÈRE A DEMANDÉ À GRAZIANO SI JE POUVAIS M'ENTRAÎNER AVEC VALENTINO... PARFOIS JE SUIS PLUS RAPIDE, PARFOIS C'EST LUI. SINCE "LA CAVA"

Bien sûr, Morbidelli a le gros avantage d'être le disciple du Maître. Il est le protégé de Valentino Rossi depuis l'âge de 13 ans. Son père Luigi côtoyait Graziano (le papa de Vale) à l'époque où ils s'affrontaient en piste, dans les années 1970/80. D'ailleurs, si Luigi pilotait un twin 125 Morbidelli Benelli Armi (ou MBA), la famille de Franco n'a aucun lien avec Giancarlo Morbidelli, le constructeur de moto. "Mon père a demandé à Graziano si je pouvais m'entraîner avec Valentino. Nous avons déménagé de Rome à Tavullia, afin que je puisse rouler à "la Cava", la carrière de gravier où Valentino et ses amis avaient l'habitude de piloter. Valentino a commencé à me donner des conseils de pilotage, puis il m'a demandé quel championnat je faisais et ce que j'allais faire la saison suivante, puis il a regardé certaines de mes courses et a commencé à me donner davantage de conseils." La mère de Morbidelli est originaire de Recife, au nord-est du Brésil. Son père possédait un atelier de moto à Rome. "Je suis né parmi les motos", lance-t-il. Franco a passé ses primes années à piloter des minimotos Polini, puis des Conti 80 et des Metrakit 80, des Pré-GP 125 et enfin une Aprilia 125 de GP. Là, ses parents ont manqué d'argent, alors ils l'ont inscrit au cham-

pionnat d'Europe 600 Superstock, moins cher, qu'il allait remporter en 2013. Cette année-là, il devenait également le premier pilote estampillé VR46. "J'ai intégré la VR46 Riders Academy à sa création, en 2013. Valentino a décidé de tout rendre officiel, en concluant des contrats avec les pilotes qui s'entraînaient avec lui. Valentino a dit : Ok, aidons ces gars à 100 % et faisons-leur profiter de toutes mes ressources. Les gens de chez VR46 m'ont donné des opportunités fantastiques – je ne serais pas là sans eux. Rouler au ranch, c'est comme aller s'amuser avec tes amis. Sur la piste, c'est la guerre, mais au fond, nous passons un bon moment. Je cours contre Valentino chaque semaine ; parfois je suis plus rapide, parfois il est plus rapide." Rossi voit la chose d'une façon légèrement différente. "Quand nous nous entraînons ensemble, Franco est un gros problème pour moi, plaisante-t-il. Je pense qu'il sera un gros problème pour tout le monde quand il arrivera en MotoGP ! Je connais Franco depuis longtemps maintenant. Nous avons commencé à rouler dans la carrière locale avant de construire le ranch. Il possède un grand talent et un grand potentiel. Nous sommes très fiers parce qu'il est le premier pilote VR46 à faire le pas en MotoGP. C'est aussi une grande réussite pour lui !"

Franco a décroché le titre à Sepang.

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❱❱ L'AVIS DU CHEF MÉCANO

"FRANKIE A DE GRANDES CAPACITÉS NATURELLES…" Pete Benson connaît la musique. Le Néo-Zélandais a conduit Nicky Hayden et Tito Rabat aux titres mondiaux et a également travaillé avec Valentino Rossi, Andrea Dovizioso, Niall Mackenzie ou Aaron Slight. Il a commencé sa collaboration avec Morbidelli l'année dernière. "Frankie est différent de tous les autres gars avec qui j'ai travaillé, explique Benson. Sa détermination est semblable, mais pas la façon dont il l'amène. Il est très décontracté. Si quelque chose se passait mal, les autres s'énervaient assez rapidement. Avec Frankie, si quelque chose l'ennuie, il reste placide, mais cela ne veut pas dire qu'il garde ce qui ne va pas pour lui. Il est incroyablement agréable de travailler avec lui. Il est toujours poli et s'entend avec tout le monde. Il a de grandes capacités naturelles, donc il se contente de faire ce qu'il doit faire. Il n'est pas comme Nicky, qui faisait ce qu'il devait en y ajoutant encore 50 %. Frankie est très économe. En test, il travaille sans regarder ses chronos et peut te dire s'il aime quelque chose ou non. Puis, quand quelqu'un d'autre va plus vite que lui, il enfile le casque et accélère. Jusqu'en qualification ou le jour de la course, il conserve une marge de sécurité. Il est très clair pour lui que dans un week-end, une seule chose compte : la course. Chaque soir, il va discuter avec Valentino dans son campingcar mais il ne parle que très peu de lui. Je pense qu'il devra franchir un step en MotoGP. C'est un gars intelligent, mais son style n'est pas très physique. Sur une MotoGP moderne, tu ne dois pas combattre la machine, tu dois la laisser faire ce qu'elle veut, mais tu dois l'aider autant que possible en utilisant ton corps. Frankie ne fait pas ça pour le moment, il ne redresse pas la moto et ne sort pas autant le haut du corps que quelqu'un comme Zarco, qui était le maître dans cet art en Moto2. Frankie mise davantage sur la vitesse de passage en courbe."

S'ils ne se font pas de cadeaux sur la piste, les pilotes de la VR46 passent de bons moments au Ranch.

Alors, quelle est la meilleure leçon enseignée par le maître à son premier élève ? "La première chose apprise de Valentino était de donner tout ce que j'avais quand j'étais en course, parce que j'avais l'habitude de trop calculer les choses. Il a compris que je cogitais trop. Et le meilleur conseil à donner à quelqu'un qui pense trop est précisément de ne pas trop penser !" Morbidelli a fait ses débuts en Moto2 à Misano en 2013, dans la structure de Fausto Gresini, avec laquelle il allait disputer trois wild cards. L'équipe de Rossi l'a ensuite fait signer dans le team Italtrans en 2014 et 2015. Après une première saison marquée par une vilaine blessure à la jambe droite suite à une chute en motocross, il montait sur son premier podium au GP d'Indianapolis 2015. La saison dernière, il a rejoint l'équipe belge Marc VDS, qui a l'habitude de transformer ses pilotes Moto2 en vainqueurs : Scott Redding, Mika Kallio, Tito Rabat et maintenant Morbidelli et Alex Marquez. La saison dernière, Morbidelli s'est hissé de la dixième à la quatrième place au général, avec quatre deuxièmes places en courses, dont deux victoires ratées d'un rien. À Phillip Island, le drapeau à damier était déployé pour le saluer lorsque Tom Luthi le coiffait sur le poteau. De quoi enrager ? Même pas : "Je n'étais pas vraiment déçu à propos de ces courses, explique l'Italien. J'étais heureux de jouer devant et en me vainquant ainsi, ces pilotes m'ont donné plus de motivation pour continuer à travailler et à progresser."

DÉCLIC SANS CLAQUES

Progresser, il l'a certainement fait en remportant sa toute première victoire en Grand Prix au Qatar. "Je ne me suis pas entraîné plus dur l'hiver dernier. Je me suis entraîné de la même manière, mais j'ai essayé de tout maximiser, de tout faire de mieux en mieux." Et cela inclut de ne rien faire – de mieux en mieux. "J'aime vraiment ne rien 48

Le titre en poche, le protégé de Vale passe en MotoGP.

faire – c'est peut-être la chose que j'aime le plus, sourit-il. J'aime rester sur le canapé à regarder du sport à la télé. Mon dimanche favori, quand je ne suis pas en course, consiste à regarder le Superbike, puis la Formule 1, puis les championnats britanniques et italiens de football, puis la NBA dans la soirée." Franco regarde aussi beaucoup de films hollywoodiens, et c'est en partie pourquoi il parle un anglais excellent, avec ce léger accent américain. Curieusement, c'est ainsi que le regretté John Surtees a appris l'italien lorsqu'il roulait pour MV Agusta dans les années 1950 ; en passant beaucoup de temps dans les cinémas italiens, à regarder des films hollywoodiens sous-titrés en italien. Et puis, il y a la musique. "J'écoute beaucoup de musique, toutes sortes de musiques. J'aime la bonne musique ; ça n'a pas d'importance si c'est du métal ou du classique, du Bob Marley ou du Rage Against the Machine. J'aime tellement la musique que je n'écoute pas de musique sur la grille, elle me distrait trop." Et quid de Hendrix ? "Je suis désolé, souritil. Je ne connais que les titres que tout le monde connaît, comme Hey Joe, ce genre de choses, mais il faut que j'en apprenne plus sur sa musique. Beaucoup de gens

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Franco espère que son style de pilotage doux et précis conviendra bien à la RCV.

FRANCO MORBIDELLI NÉ LE 04/12/1994 À Rome (Italie)

disent que je lui ressemble !" Au sein de la tribu VR46, un clan de fêtards s'est formé. Et Morbidelli en fait partie. Il aime faire la fête avec autant d'intensité qu'il pilote. "Il y a Andrea [Migno, pilote Sky VR46 en Moto3], Nico [Antonelli, pilote EG0,0 en Moto3], Luca [Marini, le demifrère de Rossi et pilote Forward en Moto2] et moi. Nous traînons beaucoup…" L'année prochaine, Morbidelli fera le grand saut en MotoGP. Le "directoire" VR46 (composé des meilleurs amis de Rossi, Uccio Salucci, Alberto Tebaldi et l'avocat Gianluca Falconi) a bien essayé de le faire rouler chez Tech 3, sur une Yamaha… En vain. Il restera finalement avec Marc VDS où, après avoir fait équipe avec l'un de ses deux principaux adversaires en 2017, Alex Marquez, il fera équipe avec le second, Tom Luthi, en 2018. Cette fois sur une Honda RC213V. Morbidelli pense que sa technique de pilotage conviendra bien au MotoGP. "J'étais déjà un pilote doux en Superstock 600, donc je pense que mon style de pilotage est plus adapté aux motos prototypes qu'aux machines de route. J'aime être doux et précis, répéter mes trajectoires tour après tour d'une manière parfaite ; c'est juste ce que j'aime faire. Quand je suis passé du Superstock au Moto2, c'était vraiment, vraiment difficile de m'habituer à un proto. La rigidité de la moto et des pneus fait une grande différence. Au début, je n'avais aucun feeling et j'ai beaucoup chuté. Sur une moto de route, tu dois rouler relâché – tu dois sentir la moto se tortiller sous toi. Donc, quand je suis monté sur une Moto2, je cherchais ces mouvements, mais ces motos ne bougent pas... Si : tu sens un très léger truc, mais l'instant d'après, tu es par terre !"

Morbidelli offre à la VR46 son premier titre. Rossi peut être fier.

21 ÂGE 23 ans TAILLE 1m76 POIDS 64 kg

2017 ....... Champion du monde Moto2 .........................................Kalex MarcVDS 2016 ....... 4e du championnat du monde Moto2 .....................Kalex MarcVDS 2015 ....... 10e du championnat du monde Moto2.................... Kalex Italtrans 2014 ....... 11e du championnat du monde Moto2.................... Kalex Italtrans 2013 ....... Champion d'Europe Superstock 600 ......... Kawasaki Team Italia Trois wild cards en Moto2 ................................................. Suter Gresini 2011 ....... Débuts en championnat d'Europe Superstock 600.......Yamaha 2009 ....... Champion de Méditerranée (CMV) 125cc ............................... Aprilia 2003 ....... Débuts en compétition en Minimoto............................................Polini 1998 ....... Débuts en entraînement en Minimoto

Morbidelli apprend encore à devenir le pilote complet qu'il a conscience de devoir devenir pour briller chez les rois. "Le MotoGP, c'est le stade où tu dois être bon partout. Tu dois être rapide lorsque tu roules seul et tu dois également savoir te battre lorsque tu te retrouves au coude à coude avec d'autres. J'aime ces deux facettes." Passer d'une Kalex à moteur CBR600 à une RC213V de +250 chevaux n'est pas une mince affaire, mais en 2017, le HRC a tra-

vaillé dur pour rendre sa moto plus conviviale. Et Morbidelli espère bien devenir le Johann Zarco de 2018. "Je connais Laurent [Fellon] et Johann depuis mon enfance. Johann était un peu plus âgé que moi, mais nous avons grandi ensemble dans les paddocks en Italie et dans toute l'Europe. Je suis très heureux pour lui, parce que je sais ce par quoi il est passé. C'est vraiment agréable de le voir réussir en MotoGP et cela me motive à le rattraper !" ■

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synthèse Par TOMMY MARIN /// Photos PSP SWIDEREK / JAGIELSKI ARAGON / JAPON / AUSTRALIE / MALAISIE / VALENCE

Si Morbidelli (#21) est champion avec Kalex, Oliveira (#44) et Binder (#41) ont dominé la fin de saison avec leurs KTM.

MOTO2

LA VAGUE ORANGE Franco Morbidelli est champion du monde sur Kalex. Mais attention : fortes d'une fin de saison tonitruante, les KTM pourraient bientôt engloutir le Moto2 sous une vague orange…

Une KTM devant une armée de Kalex...

LEMMINGS En 2017, Kalex occupait 70 % de la grille Moto2. Tels les Lemmings dans le jeu vidéo éponyme (mais si, souvenez-vous…), les teams et pilotes de la catégorie intermédiaire ont tous souhaité, ces dernières années, s'accaparer la moto qui gagne. Et tant pis pour la diversité ! Une franche réussite, que les sympathiques et passionnés associés Alex Baumgärtel et Klaus Hirsekorn ne trouvaient pourtant guère à leur goût : "On préférerait de la bagarre", lançait jusqu'alors le CEO dans un sourire, tapant du poing dans la paume de son autre main. Ça tombe bien : début 2017, justement, KTM est arrivé. Et le constructeur autrichien n'a pas traîné à faire du grabuge. Une 50

deuxième place dès le deuxième GP de la saison, quatre podiums avant la pause estivale… Miguel Oliveira allait exploser en fin de saison avec trois victoires de rang à Phillip Island, Sepang et Valence, qui lui permettaient de terminer troisième du championnat à un cheveu de Tom Luthi. Son coéquipier, le rookie Brad Binder, grimpait aux mêmes occasions sur ses premiers podiums en Moto2. Les KTM sont maintenant ultra performantes. Pour

l'instant, Oliveira et Binder chez Ajo, Sam Lowes et Iker Lecuona chez CGBM Evolution (anciennement Interwetten) ainsi que Domi Aegerter et Sandro Cortese chez Kiefer Racing (sachant que ces deux derniers teams sont actuellement en recherche de budget) sont inscrits sur KTM pour 2018. Mais d'autres équipes s'intéressent de près au châssis autrichien, à commencer par Marc VDS… Une nouvelle partie de Lemmings en perspective ?

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Fabio Quartararo se classe 13e de sa première saison en Moto2.

UN FINAL TRONQUÉ On attendait une bagarre entre Franco Morbidelli et Tom Luthi pour le titre. Elle n'a pas eu lieu. En retrait en Aragon, au Japon et en Australie, le Suisse hypothéquait sérieusement ses chances avant de les anéantir dans un violent highside lors des qualifications du GP de Malaisie. Astragale du pied gauche cassé, sa saison s'arrêtait brutalement et Morbidelli coiffait la couronne avant même le départ de la course. "Nous exerçons un métier difficile, je suis vraiment désolé, regrettait le Suisse. Je n’espérais pas terminer le championnat de cette manière. (…) Bravo à Franco Morbidelli pour son titre." Premier pilote italien à coiffer la couronne dans la catégorie intermédiaire depuis Marco Simoncelli en 2008 (GP250), Morbidelli pouvait rouler sans pression lors des deux derniers GP. "J'ai tout donné, mais Miguel [Oliveira] était le plus rapide en cette fin de saison", reconnaît-il humblement. Le duo Morbidelli / Luthi est probablement bien heureux de monter en MotoGP avec Honda et Marc VDS avant la morsure de l'ogre KTM en Moto2…

UNE NOUVELLE AVENTURE Fabio Quartararo, pour sa première saison en Moto2 au sein de la réputée structure Pons, a réalisé une saison honorable sans néanmoins affoler les statistiques. Avec 64 points et une 6e place pour meilleur résultat à Misano, il pointe 13e du championnat et 3e meilleur débutant, loin derrière le "Rookie of the Year" Pecco Bagnaia (5e du championnat, 174 points) et Brad Binder (8e, 125 points). Le jeune Niçois se lance maintenant un nouveau défi en intégrant la structure Speed Up Racing aux côtés de Danny Kent. Réputée performante si bien réglée, cette machine italienne pourrait permettre à Fabio de faire la différence sur les nombreuses Kalex et KTM attendues l'an prochain… Une opportunité à ne pas rater, car il n'y en aura peut-être plus beaucoup d'autres ! Du côté de Tech 3, et après une sensationnelle 2e place de Xavi Vierge sur le mouillé à Motegi, on s'apprête à accueillir un nouveau rookie, Bo Bendsneyder, qui viendra épauler Remy Gardner.

Blessé en Malaisie, Tom Luthi n'a pu se battre pour le titre jusqu'au bout.

A RETENIR DE CES 5 GP

PODIUMS

ARAGON............... 1. Franco Morbidelli .......... 2. Mattia Pasini ................... 3. Miguel Oliveira JAPON................... 1. Alex Marquez.................. 2. Xavi Vierge........................ 3. Hafizh Syahrin AUSTRALIE. ....... 1. Miguel Oliveira............... 2. Brad Binder . .................... 3. Franco Morbidelli MALAISIE............ 1. Miguel Oliveira............... 2. Brad Binder....................... 3. Franco Morbidelli VALENCE ............ 1. Miguel Oliveira .............. 2. Franco Morbidelli ............. 3. Brad Binder

POLEMEN ARAGON Miguel Oliveira

JAPON Takaaki Nakagami

MALAISIE Franco Morbidelli

AUSTRALIE Mattia Pasini

VALENCE Alex Marquez

MEILLEUR(E)… PILOTE . ............................................................................................... Miguel Oliveira ❱❱ 100 pts CONSTRUCTEUR . ........................................................................................... Kalex ❱❱ 102 pts REMONTÉE ...................................... Lorenzo Baldassarri ❱❱ Japon ❱❱ 30e grille ❱❱ 10e arrivée V. MAX ............................................................................. Iker Lecuona ❱❱ Australie ❱❱ 287 km/h

Classement MOTO2 Pos Pilotes 1 Franco MORBIDELLI

Nat

Marque

QAT ARG AME SPA FRA ITA CAT NED GER CZE AUT GBR RSM ARA JPN AUS MAL VAL Total

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Thomas LUTHI 3 Miguel OLIVEIRA 4 Alex MARQUEZ 5 Francesco BAGNAIA 6 Mattia PASINI 7 Takaaki NAKAGAMI 8 Brad BINDER 9 Simone CORSI 10 Hafizh SYAHRIN

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10

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16

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SPA

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MAL

Kalex

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MOTO3 CHAMPION 2017

JOAN MIR

TOUT

SAUF UN MIRACLE !

À L'INSTANT MÊME OÙ IL COUPAIT LA LIGNE D'ARRIVÉE DU GP D'AUSTRALIE EN CHAMPION DU MONDE MOTO3 2017, LE HASHTAG #MIRACLEM1R S'EST MIS À CIRCULER SUR LES ÉCRANS DU MONDE ENTIER. POURTANT, AVEC 10 VICTOIRES EN 18 COURSES, LE TITRE DE JOAN MIR TIENT DE TOUT SAUF DU MIRACLE ! oan, tu as réussi une saison magnifique, avec plus de victoires que n'importe quel autre pilote depuis la création du Moto3 en 2012. Comment as-tu réussi à dominer ainsi dans une catégorie si disputée ? Eh bien… Il n'y a pas de clef. C'est juste une question de travail et de volonté de faire les choses correctement. J'ai essayé de m'entraîner chaque jour, de rester en forme et de tout donner en piste pour gagner. C'est tout.

J

"Miracle-M1R" est un surnom amusant, mais ton titre sonne-t-il réellement comme un miracle pour toi ? Non, bien sûr… C'est un surnom que les gens aiment bien, mais l'idée ne vient pas de moi. Je pense que le fait de gagner une course peut être considéré comme un miracle. Mais dix victoires, non ! Peu importe : c'est marrant, ça plaît, donc ça me va. Phillip Island, plus que jamais, doit être une piste particulière à tes yeux... C'est clair… Déjà, l'Australie est un pays que j'aime beaucoup. Je suis passionné par la mer, je fais beaucoup de jet ski et de bateau, et si je n'habitais pas un superbe coin comme Palma de Majorque, je crois que je me verrais bien vivre à Melbourne, une ville réellement extraordinaire. Ensuite, la piste de Phillip Island est incroyable. J'ai eu la chance d'y disputer mon tout premier GP en 2015, dont je conserve de très bons souvenirs puisque je me battais pour le top 10 avant de chuter. Deux ans plus tard, je célèbre mon premier titre mondial au même endroit… Oui, forcément, c'est vraiment "the place to be" pour moi ! (rires) 52

À quel moment as-tu compris que tu pourrais devenir champion du monde ? Je dirais à Spielberg l'an passé, quand j'ai remporté ma première victoire en GP. À partir de là, j'ai changé ma mentalité. J'ai cessé de trop réfléchir à ce qui n'allait pas et je me suis concentré sur une seule chose : me donner à fond en piste. Tu as empoché ta première pole de la saison à Sepang après avoir conquis le titre. Te définirais-tu comme un "pilote du dimanche" ? C'est vrai que je ne suis pas toujours très rapide aux essais. Mais mon objectif est vraiment de trouver un bon rythme de course, pas de claquer des chronos "dans le vide". En 2016, Fabio Quartararo n'était pas très satisfait de son expérience avec le team Leopard. Qu'as-tu à nous dire sur cette équipe ? Quand j'ai terminé ma saison en Red Bull Rookies Cup, en 2014, Leopard m'a immédiatement donné ma chance en me confiant un guidon en CEV pour la saison 2015. La saison suivante, ils m'ont fait monter en GP. Et cette année, je suis champion du monde avec eux. Je ne peux qu'avoir un avis positif sur cette structure et remercier ses membres pour tout ce qu'ils ont fait pour moi. Quand les choses ne vont pas comme on le voudrait, il est très facile de trouver des coupables. Pour ma part, j'ai continué à leur accorder ma confiance. Je pense que j'ai bien fait. Était-ce plus facile cette année avec la Honda qu'avec la KTM ? L'an passé, avec Fabio, nous avons rencontré de nombreux soucis

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PAR TOMMY MARIN /// PHOTOS PSP SWIDEREK / JAGIELSKI

en début de saison. Mais la KTM a progressé et nous avons ensuite réalisé quelques belles courses. J'ai voulu rester en Moto3 pour valider cette montée en puissance, et je dois reconnaître que le passage sur la Honda m'a probablement aidé à y parvenir. On peut dire que tu as utilisé le chemin "classique" vers les GP, avec des saisons en Red Bull Rookies Cup et en CEV. Mais d'où vient ta passion pour la moto ? Je crois que l'on naît avec de l'essence dans les veines ! (rires) Mon père gère un skate shop et il n'avait aucun contact avec le monde du sport moto à ma naissance. Mais dans ma famille, il y a quelques amateurs de motocross, surtout mon oncle et mon parrain. Mon cousin s'y est mis et roule plutôt bien puisqu'il court maintenant en championnat du monde 125cc. Il fait partie des gens qui m'ont influencé et m'ont donné envie de faire de la compétition. Ton père n'a jamais essayé de te "garder" dans le monde du skate ? Non, il a toujours été le premier à me soutenir et à me pousser pour que j'y arrive en moto. Le skate n'est pas ma passion. Juste, l'hiver, je fais un peu de longboard. C'est plus safe et les sensations de vitesse et d'inertie que cela procure me plaisent davantage que celles du skate. Tu as commencé la course à 9 ans : ça pourrait sembler idiot de dire que c'était tard, mais d'autres champions du monde ont commencé bien plus tôt… C'est vrai. Je ne sais pas… J'étais juste un gamin. Je ne pense pas qu'un enfant de trois ans comprenne l'intérêt de freiner plus tard ou d'accélérer plus tôt ! (rires) J'ai commencé tard, mais j'ai progressé très vite.

JOAN MIR NÉ LE 01/09/1997 À Palma de Majorque (Espagne)

36 ÂGE 21 ans TAILLE 1m75 POIDS 60 kg

2017 ............... Champion du monde Moto3 (Honda Leopard) 2016 ............... 5e du championnat du monde Moto3 (KTM Leopard) 2015 ............... 4e du championnat du monde Junior Moto3 (Honda Leopard) 2014 ............... 2nd de la Red Bull MotoGP Rookies Cup 2013 ............... 9e de la Red Bull MotoGP Rookies Cup 2012 ............... Vainqueur de la Coupe d'Espagne

Motodes Pré GP 125

2011 ............... Vainqueur de la Coupe Bankia XL 160 2009-11 ....... Multiple champion des Baléares

INTERVIEW

MOTO3

Tu es de Palma de Majorque : ton "voisin" Jorge Lorenzo t'a-t-il aidé à arriver ici ? Jorge a toujours été une source d'inspiration pour moi. Mais quand j'étais petit, il ne venait pas souvent sur l'île et je ne l'ai pas beaucoup vu. Même si j'ai appris dans l'école de son père, Chicho, avant de me lancer en compétition, Jorge ne m'a pas aidé [le père et le fils Lorenzo étaient très brouillés à l'époque, ndlr] et j'avoue que je me suis davantage focalisé sur Valentino… Avec qui as-tu le plus aimé te battre en Moto3 ? Je préfère m'échapper seul en tête… (rires) Tu as 21 ans et tu mesures 1m75 : tu dois être heureux de passer en Moto2 l'année prochaine… J'espère que oui. Cette catégorie me donne très envie. Je roule depuis deux ans environ avec une 600 CBR en entraînement et j'aime les sensations que procure le pilotage de ces "grosses" motos ; la glisse, la puissance… Je pense que cet entraînement m'a aidé à rouler vite sur une Moto3. Mais je pense aussi avoir encore beaucoup de travail avant d'atteindre ce niveau en Moto2 ! As-tu un coach particulier ou t'entraînes-tu avec d'autres pilotes ? J'ai un entraîneur sportif, oui, et je fais aussi pas mal de sport avec mon oncle Jaime, qui est un peu mon coach de rechange ! (rires) Je fais également du motocross avec un ami qui roule en championnat d'Espagne d'enduro. J'y prends du plaisir et ça me permet de travailler ma force physique et la précision de mon pilotage. As-tu des amis dans ce paddock ? Je peux dire que oui. Je considère les gens avec qui j'ai travaillé ces deux années comme mes amis. Il y a aussi quelques pilotes, notamment Marcos Ramirez. Nous sommes ici pour travailler, mais plus le temps passe et plus je rencontre des personnes sympas. Tu es ici pour travailler, mais à 21 ans, dans un paddock plein de paillettes, on a aussi envie de s'amuser, non ? L'amusement vient quand tu prends plaisir à piloter ta moto. Pilote est un job de rêve, mais pour arriver au meilleur niveau, il faut vraiment considérer ça comme un travail. Et je n'en suis qu'au début ! ■

❱❱ LE JOUR D'APRÈS…

Si Joan admire particulièrement Valentino Rossi, c'est non seulement pour son indiscutable aura, mais aussi parce qu'il l'a toujours connu comme un champion : le 31 août 1997, Rossi empochait son premier titre mondial en GP125. Le lendemain, Mir venait au monde.

Minimoto et Minimotard

2006 ............... Débuts en compétition

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moto3

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ADMIRABLE MOTO3

Jusqu'au bout de la saison et de sa carrière pour le moins réussie en Moto3, Joan Mir a voulu gagner, gagner et encore gagner. Si un fait de course l'a empêché de finir sur une victoire, quel panache !

SANS PRÉCÉDENT

Manifestement, "MiracleMir" n'aime pas marcher sur l'eau. Son seul faux pas, le pilote Leopard va en effet l'effectuer sous les trombes du Japon. Qualifié 14e, pénalisé de six places sur la grille pour son pilotage jugé dangereux par la direction de course en Aragon (où, par ailleurs, il a gagné), il ne fera pas mieux que 17e en course, ratant pour la première fois les points cette saison. Mais l'affront va vite être lavé : en Australie, théâtre de sa première participation en GP fin 2015, le Rookie 2016 gagne et devient champion du monde 2017. Il remet le couvert en Malaisie, juste pour le fun, et semble bien parti pour jouer sa onzième victoire à Valence. Mais c'est sans compter sur le chaud bouillant Gabriel Rodrigo, qui part à la faute sous ses roues en début de course et l'oblige à tirer droit dans les graviers pour l'éviter. De retour en piste au 19e rang, Mir entame dès lors une remontée prodigieuse. Mais son grand rival Jorge Martin, particulièrement véloce sur le petit circuit espagnol, a pris trop d'avance : il devra se contenter de la 2e marche du podium. "C'est dommage, j'avais le rythme, j'aurais pu me battre pour la victoire, commentait Mir, amer, à l'arrivée. Je veux me souvenir de cette dernière course en Moto3 avec la saveur particulière de cette remontée et la chaleur du public." Avec 10 victoires, 341 points (un record depuis la création de la catégorie) et pas loin de 100 unités d'avance sur le second, Romano Fenati, Mir a fait ses preuves. Il s'apprête maintenant à quitter son équipe championne pour une autre, celle de Marc VDS en Moto2 !

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PLACE NETTE

Joan Mir et son dauphin Romano Fenati (vainqueur au Japon, plutôt discret par ailleurs en cette fin de saison), tous deux en partance pour le Moto2, vont laisser le champ libre à Aron Canet et Jorge Martin l'année prochaine. Le pilote eG 0,0, depuis sa victoire à Silverstone, n'a enregistré que deux 5e places pour meilleurs résultats, et autant de résultats blancs. Il conserve de justesse la troisième place du championnat face à Martin, monté successivement sur les trois marches du podium lors des trois derniers rendez-vous de la saison. en terminant sa saison sur une toute première victoire en Moto3, le pilote Gresini se met dans les meilleures dispositions pour attaquer sa saison 2018 le mors entre les dents. Les Italiens Fabio Di Giannantonio et enea bastianini, 5e et 6e cette année, seront eux aussi à surveiller. A noter que le premier pilote KtM, l'espagnol Marcos Ramirez, ne termine que 8e de ce championnat : s'il progresse vite en Moto2, il y a donc le feu pour le constructeur autrichien qui va devoir trouver des chevaux dans son petit monocylindre cet hiver avant le gel technique…

canet (#44), martin (#88), bastianini (#33)... la relève est là !

A RETENIR DE CES 5 GP

PODIUMS

ARAGON .............1. Joan Mir...................... 2. Fabo Di Giannantonio ......... 3. Enea Bastianini JAPON ..................1. Romano Fenati ........... 2. Niccolo Antonelli ................ 3. Marco Bezzecchi AUSTRALIE ......1. Joan Mir...................... 2. Livio Loi .............................. 3. Jorge Martin MALAISIE ...........1. Joan Mir ..................... 2. Jorge Martin ....................... 3. Enea Bastianini VALENCE ...........1. Jorge Martin .............. 2. Joan Mir.............................. 3. Marcos Ramirez

Jules danilo passe en moto2 l'an prochain.

POLEMEN ARAGON Jorge Martin

JAPON Nicolo Bulega

AUSTRALIE Jorge Martin

MALAISIE Joan Mir

VALENCE Jorge Martin

MEILLEUR(E)… PILOTE ........................................................................................................... Joan Mir ❱❱ 95 pts CONSTRUCTEUR........................................................................................Honda ❱❱ 125 pts REMONTÉE ..........................................Andrea Migno ❱❱ Aragon ❱❱ 28e grille ❱❱ 11e arrivée V. MAX ....................................................................Marcos Ramirez ❱❱ Australie ❱❱ 243,2 km/h

NOUVEAUX HORIZONS

au Japon, bezzechi offre un podium au cip.

Si son ex-coéquipier Fenati demeure sous la houlette de la structure Marinelli Rivacold Snipers pour son passage dans la catégorie supérieure, Jules Danilo, lui aussi en partance pour le Moto2, s'avoue soulagé de changer d'équipe. tributaire d'un chef mécanicien débutant plein de bonne volonté mais mal (voire pas du tout) drivé, il a souffert d'une machine aux performances aléatoires. Chaque fois qu'il a joué une place dans les points dans cette deuxième partie de saison, le Français est parti à la faute sans trop comprendre pourquoi. Voyons s'il trouvera Kalex à sa main au sein du SAG team. Le team CIP a célébré un joli podium au Japon, quand Marco bezzechi prenait la 3e place. La structure d'Alain bronec engagera deux nouveaux pilotes sur ses KtM l'année prochaine : le Kazakh Mayar yurchenko, mais aussi et surtout l'ecossais John McPhee, 7e du championnat 2017. Point inquiétant pour la relève tricolore : aucun pilote français ne figure pour l'instant sur la liste du Moto3 en 2018…

CLASSEMENT MOTO3 POS PILOTES 1 Joan MIR 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Romano FENATI Aron CANET Jorge MARTIN F. DI GIANNANTONIO Enea BASTIANINI John MCPHEE Marcos RAMIREZ Andrea MIGNO Philipp OETTL

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RENCONTRE par MAXIME PONTREAU /// pHotos GEEbEE IMAGES

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JonatHan rea

WORLD SUPER

BIKE

CHAMPION 2017

LA "VRAIE" VIE triple CHaMpion du Monde superBiKe, preMier pilote de l'Histoire du CHaMpionnat À aVoir eMpoCHÉ trois Couronnes ConsÉCutiVes, JonatHan rea est au pinaCle de son sport, Voire MÊMe de sa CarriÈre. un suCCÈs Qu'il n'estiMe pas seuleMent dÛ À la ZX-10r, au teaM Krt et À ses propres aptitudes, Mais aussi À la Vie Qu'il s'est Construite en deHors de la Course. MariÉ et pÈre de deuX GarÇons, le Jeune trentenaire nous a eXCeptionnelleMent inClus dans son Quotidien, son sanCtuaire, le teMps d'une JournÉe.

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RENCONTRE Après un café devant le château médiéval, Rea nous emmène sur les routes pentues de l'Ile de Man.

D

ominé par son impressionnant château médiéval, la ville de Castletown, au sud de l'Ile de Man, sent bon les embruns marins et la douceur de vivre. "C'est ici que nous avons signé l'acte de naissance de Jake, nous glisse Tarsh Rea en pointant l'édifice du 13e siècle. Il est encore un peu jeune pour en prendre conscience, mais c'est plutôt original et assez cool pour un petit garçon, non ?" A ses côtés, Jonathan Rea esquisse un sourire. Alors que nous nous rendons à pied au café du coin, l'anecdote est contée en toute familiarité. Cette même simplicité qui nous frappait la veille lorsque le champion du monde Superbike venait nous chercher à l'aéroport, avant de nous laisser à disposition son appartement pour la nuit. "Cela a été mon premier logement sur l'île lorsque je m'y suis installé en 2010, expliquait-il alors en ouvrant la porte du trois pièces. Je cherchais à m'éloigner de chez mes parents, à accentuer ma vie d'athlète professionnel, et Andrew Pitt m'a parlé de cette ville. J'ai eu un coup de cœur. L'endroit était parfait. Je devrais tout de même le vendre maintenant que nous avons la maison." Le café est baigné de rayons de soleil ce matin tandis qu'un serveur salue le pilote d'un modeste "Hi Jonathan !". Une fois Jake, 4 ans, et Tyler, 2 ans, déposés à l'école et à la crèche, le couple a ses habitudes ici. Americano pour lui, thé pour elle,

ils planifient déjà les déplacements de la saison 2018. Les badauds vont et viennent dans l'établissement. Vu leurs réactions, certains reconnaissent manifestement le champion mais, s'ils marquent parfois un temps d'arrêt, ne s'en émeuvent pas plus. "Notre vie est vraiment folle parfois et revenir ici fait un bien fou, commente Jonathan. C'est calme, charmant et sûr pour les garçons qui sont tous les deux nés sur l'île. Les gens me considèrent comme n'importe qui et c'est plutôt agréable. Je peux vivre normalement. L'Irlande du Nord sera toujours une sorte de maison, mais je suis de plus en plus connu là-bas et y habiter serait sans doute plus compliqué. Puis il serait aussi tentant d'un peu trop profiter de ma renommée et de ne plus être entièrement concentré sur le job. C'est aussi pour cette raison que nous restons ici et je pense que cela m'a beaucoup aidé ces dernières années." Un sanctuaire, c'est ainsi que Jonathan Rea voit son foyer sur l'Ile de Man, même si cette dernière n'a pas suffisamment de circuits de motocross à son goût. Loin des distractions et des sollicitations qu'un triple champion du monde peut connaître, le pi-

lote Kawasaki s’entraîne, garde les idées claires et tente de se ressourcer. Et c'est sans aucun doute la partie la plus délicate selon lui avec des enfants. "C'est certain que ma vie de pilote serait beaucoup plus simple sans enfants, mais ce n'est pas le choix que j'ai fait. J'ai voulu avoir une famille et, d'une manière assez étrange, cela m'a aidé. En fait, j'ai appris à couper de la course. Je n'y pense quasiment jamais. J'étais un véritable cauchemar avant les garçons. La course était tout pour moi et je stressais à cause de choses que je ne pouvais pas contrôler. Je me levais le matin et me pesais aussitôt. Si j'étais trop lourd ce jour-là, je modifiais mon régime et mon entraînement. Je me sens plus équilibré désormais et ne me mets plus autant de pression. Car au final, au quotidien, c'est tout aussi dur d'être parent que d'être un pilote au top niveau. Pour tout dire, lorsque nous nous déplaçons sur un week-end de course, je ne pense pas à l'épreuve mais à savoir comment nous allons survivre aux trajets et aux aéroports avec les petits. Le mercredi est parfois dramatique." A l'instar de tous les parents, Jonathan Rea profite donc au maximum du temps libre que lui offre l'école, notamment pour s’entraîner.

Garder l'inspiration La séance photo à la salle de sport se transforme vite en un véritable training !

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Kawasaki ZX-10R, KX450F de cross, multiples vélos de route... le garage du champion a tout du parfait magasin de jouets pour adultes. Un sentiment exacerbé par le soin et la propreté du lieu. Fine moquette au sol, placards optimisant l'espace de rangement, servantes, frigo Monster Energy, écran plat... il n'y a que les nombreux trophées, les tee-shirts célébrant ses titres et ses différents casques et cuirs (un de conservé par saison), qui trahissent la véritable nature de l'endroit. Et encore, les coupes gagnées cette année sont toujours dans son motorhome chez Kev, son homme de confiance. L'antre de Jonathan révèle

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Kawa ZX-10R, KX450F... le garage de Rea a tout du parfait magasin de jouets pour adulte !

le plus difficile est sincèrement de maintenir la motivation et la régularité. C'est pourquoi vivre ici et avoir une telle famille est une grosse partie de cette réussite.

Trophée et casque du titre 2016 côtoient jouets et jeux...

par ailleurs toute la méticulosité et le sérieux qu'il accorde à ce qu'il entreprend. Nous nous en rendrons véritablement compte un peu plus tard dans la matinée, à la salle de sport. Venu à l'origine pour simplement capturer quelques photos, Jonathan ne pourra s'empêcher de se lancer dans une séance intensive avec son coach Michael Edge. Pour l'heure, la matinée est fraîche mais

ensoleillée et il préfère enjamber l'un de ses vélos, nous invitant à en prendre également un. Comme pour de nombreux autres pilotes, c'est l'une des composantes indispensables de son entraînement avec la course à pied. Il ne cache toutefois pas préférer le motocross. Discipline bien plus complète pour se préparer physiquement et psychologiquement, l'important risque de blessure qu'elle présente a néanmoins poussé le prétendant au titre à s'en abstenir une fois le cap de la mi-saison passé. Arpenter la magnifique côte de l'Ile de Man puis sa montagne n'en reste pas moins un plaisir pour Jonathan. Une cinquantaine de kilomètres généralement synonyme d'introspection. "Généralement, c'est en faisant du vélo que je trouve mes objectifs, que je renouvelle ma motivation chaque année. Lors de mon premier titre, je voulais gagner avec Kawasaki car c'était un gros challenge après avoir longtemps été chez Honda. Pour le deuxième, le but était de faire triompher la nouvelle moto. Puis cette saison, je voulais absolument battre Chaz [Davies] et Tom [Sykes]. La superbe

fin d'année 2016 de Chaz m'a réellement donné un coup de fouet, puis tout le monde voulait me voir échouer. Je sais que ce n'est pas contre moi, que c'est pour le spectacle, mais j'en ai tiré d'autant plus de volonté. Finalement, si j'ai remporté mon deuxième titre en étant le plus régulier, j'ai gagné celui-ci en dominant mes adversaires. Malgré les apparences, la saison n'a pas été simple. Je me suis véritablement dépassé et je ne pensais absolument pas remporter 16 victoires." Il est clair que le leader Kawasaki n'a laissé aucune chance à ses rivaux. D'une régularité et d'une compétitivité sans failles, Jonathan Rea ne doit ses deux résultats blancs de la saison qu'à des facteurs extérieurs : un pneu arrière dégonflé à Donington et une percussion inévitable avec un Eugene Laverty au sol à Magny-Cours. Dominant le plateau sans trembler, inévitablement sur le podium, l'Irlandais du Nord a ainsi inscrit son nom dans les annales du Mondial Superbike. Il est le seul pilote à avoir conservé la couronne mondiale trois années consécutives. "Le plus difficile est sincèrement décembre 2017- janvier 2018

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Loin des circuits, la vie de la famille Rea respire la normalité.

c'est certain que ma vie de pilote serait beaucoup plus simple sans enfants. mais c'est le choix que j'ai fait. avoir une famille m'a même aidé à être celui que je suis.

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de maintenir la motivation et la régularité. C'est pourquoi vivre ici et avoir une telle famille, dont Tarsh qui me soutient à 100 %, est une grosse partie de cette réussite. Tout autant qu'être dans un bon team et sur une bonne moto. Ce n'est pas une seule chose, c'est plusieurs éléments qui s’assemblent et doivent fonctionner ensemble. C'est dur à répéter." Alors qu'il marque actuellement l'histoire de son sport, Jonathan Rea n'en semble pourtant pas grisé. Modeste, les pieds sur terre, conscient qu'il n'est pas le seul à réaliser cet exploit, il reste davantage troublé par le fait d'avoir dépassé le nombre de victoires de Troy Bayliss. "C'est comme ça que je me suis rendu compte de ce que j'accomplissais et d'où je venais. Ce type est une légende. Je regardais ses courses quand j'étais petit." Quant à son moteur pour l'année prochaine, il n'y a pas encore pensé. Les nouvelles règles techniques, et notamment

la limitation du régime moteur qui devrait fortement handicaper la Kawasaki, se présentent cependant comme un défi de taille.

Continuer encore trois ans

Retour de l'école en début d'après-midi, déjeuner, sieste... Loin des circuits, la vie de la famille Rea respire la normalité. Une fois les garçons réveillés et le goûter avalé, il faut trouver de quoi les occuper.

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RENCONTRE

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sur le terrain de BMX, avec papa en coach de luxe !

rea envisage de continuer encore trois ans : de quoi accumuler quelques trophées de plus ! rien n'amuse plus Jake et tyler que d'imiter papa.

Coloriages et jeux de sociétés sont évidemment des options, mais rien ne les amuse plus que d'aller au terrain de bMX pour imiter leur père. Chacun sur une petite moto électrique ou une draisienne, équipés comme il se doit et patiemment coachés, Jake et Tyler enchaînent les tours avec insouciance. De futurs pros ? "Je ne sais pas, nuance leur père. D'un côté je veux arrêter tout ça (les voyages, etc.), mais de l'autre la compétition moto m'a beaucoup apporté. J'ai réussi une bonne carrière, ce qui m'a permis d'offrir une belle vie à ma famille. Donc... s'ils le veulent, je vais devoir les aider de la meilleure des façons. Ils me voient souvent gagner, être sur le podium, et cela fausse la réalité. J'espère que, plus vieux, ils comprendront que c'était mon rêve d'être champion du monde et que j'ai travaillé dur, avec ma famille, pour le réaliser. Je m'estime chanceux car j'ai toujours été payé pour rouler, même en bSb, mais

ce n'est plus le cas pour les jeunes pilotes. C'est vraiment compliqué pour eux. Ils doivent dépenser beaucoup d'argent sans aucune assurance de percer au final. Sans compter les gens malhonnêtes dans ce milieu. Les garçons devront donc se donner à fond et être sûrs d'eux." Rien n'est plus incertain que l'avenir et c'est d'autant plus vrai pour les pilotes. Rares sont ceux possédant un long contrat avec un team, ils ne cessent donc d'être sur la brèche. S'il sera à nouveau chez Kawasaki l'année prochaine, Jonathan Rea ne voit pas encore clairement son futur. Lui qui pense posséder le niveau d'entrer dans le top 5 en MotoGP avec le matériel adéquat, prenant en référence Johann Zarco, rêve ouvertement d'un retour des Verts dans la catégorie reine. Quant à changer de constructeur au sein même du championnat Superbike, il ne s'avère pas foncièrement contre l'idée mais n'oublie pas qu'il doit énormément

à son employeur actuel. "Je m'amuse encore beaucoup à rouler, donc j'envisage de continuer la compétition encore trois ans. L'année prochaine va être intéressante car quasiment tous les pilotes du MotoGP et du Superbike seront en fin de contrat. Il y aura donc beaucoup de spéculations et cela va être marrant à suivre. Il ne faut jamais dire jamais au MotoGP. Qui sait, avec une bonne opportunité..." En attendant, le temps file et l'horloge de la cuisine affiche déjà 18 h, l'heure du dîner pour toute la famille. Restaurants en tête à tête et soirées barbecues en présence d'amis ne sont pas d'actualité chaque soir. Si le triple champion du monde n'a pas eu le temps de cuisiner aujourd'hui, il avoue apprécier mitonner des plats, dont de fameuses lasagnes apparemment. La soirée s'annonce calme puisqu'un énième voyage débute le lendemain. Fatalement, la vie de pilote reprend le dessus sur la vraie vie. ■ DéCEMbRE 2017- JANVIER 2018

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Synthèse Par Maxime Pontreau /// Photos PSP Swiderek / Jagielski Portimao / Magny-Cours / Jerez / Qatar

WORLD SUPERbike

Historique Jonathan Rea était décidément trop fort pour ses adversaires cette saison. Le pilote Kawasaki a sans aucune surprise empoché son troisième titre consécutif, inscrivant à jamais son nom dans l'histoire du championnat. Il n'a été que plus redoutable par la suite, achevant parfaitement cette campagne 2017... et les ambitions de victoires des autres pilotes au passage.

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En plus d'affoler les stats du Mondial Superbike, Jonathan Rea laisse ses adversaires impuissants.

Masterclass Il a été implacable. A l'image de Chaz Davies l'année dernière, Jonathan Rea a remporté sept des huit dernières courses de la saison. Et encore, la seule qu'il laisse filer s'excuse par un coup du sort. Il abandonnait le dimanche à Magny-Cours après une collision avec Eugene Laverty tombé devant lui. Se débattant dans son sillage, ses adversaires n'ont pu que constater leur impuissance. D'autant qu'une fois le titre acquis après la première manche française, le champion du monde roulait sans pression, accentuant son niveau. Il n'y a que Marco Melandri qui a été en mesure de s'opposer à son hégémonie. L'Italien menait alors la première course de Jerez d'une seconde avant que sa Ducati ne l'oblige à lever le bras à quatre tours de l'arrivée. Une victoire offerte pour une probablement prise quelques semaines plus tôt. Auteur de trois pole positions en quatre week-ends, le pilote Kawasaki dominait clairement son sujet, réussissant qui plus est des débuts de courses affolants, de la première ou de la neuvième place sur la grille. Un atout primordial étant donné que Chaz Davies et Tom Sykes éprouvaient des difficultés à se hisser aussi vite devant en seconde course. Le temps qu'ils s'en sortent, l'écart était acté. Premier pilote de l'histoire du Superbike mondial à gagner trois titres consécutifs, Jonathan Rea affole également les statistiques. Fort cette saison de 16 victoires, sept deuxièmes places et d'une troisième position à l'arrivée lui accordant 556 unités, il a battu le record de points marqués en une campagne (552 pts) détenu par Colin Edwards depuis 2002. Totalisant 54 succès en Superbike, Jonathan Rea n'est même plus qu'à cinq courses du record de victoires de la légende Carl Fogarty (59).

côté paddock... Les organisateurs du championnat ont inauguré au Qatar une nouvelle cérémonie pour le podium. Ce dernier, ainsi que le parc fermé, se trouvait au cœur même du paddock, et non plus dans la pitlane. Oubliez donc la tradition, la remise des trophées se fera désormais au beau milieu des fans. Pilotes et teams commencent à trouver des accords pour l'année prochaine. Si nous savions déjà que rien ne bougerait du côté des officiels Kawasaki, Ducati et Yamaha, d'autres signatures ont été apposées. Ainsi Leon Camier rejoint le team Honda Ten Kate et sera remplacé par Jordi Torres chez MV Agusta. La place laissée vacante chez BMW Althea est prise par le Français Loris Baz, de retour du MotoGP. Toprak Razgatlioglu et Xavi Forés ont quant à eux été confirmés, respectivement sur la Kawasaki Puccetti et sur la Ducati Barni. A noter que le team Grillini fera rouler la nouvelle Suzuki GSX-R1000 en 2018.

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Chaz Davies (action) prend la place de dauphin à Tom Sykes (portait).

Joué d'avance ? La couronne mondiale quasiment acquise à l'aube du dernier tiers de la saison, les regards se portaient sur la lutte opposant Tom Sykes et Chaz Davies pour la place de dauphin. Une confrontation qui tournait rapidement à l'avantage du pilote Ducati tandis que Sykes chutait lourdement lors de la FP3 de Portimao. Souffrant d'une fracture au petit doigt gauche, il ne participait pas à la suite du week-end. Davies n'en profitait toutefois pas complètement. Il chutait le dimanche après être monté sur la deuxième marche du podium la vieille. Suivait une manche française en demi-teinte pour le Gallois (10e/victoire), que le pilote Kawasaki terminait honorablement (3e/7e). Lui qui n'arrive pas à piloter cette nouvelle ZX-10R comme il le souhaite, pointant des résultats similaires avant et après sa blessure alors qu'il décharge d'efforts son bras gauche, ne pouvait vraisemblablement que compter sur de nouvelles chutes de son poursuivant. Il faut bien avouer qu'outre des faits de course ou des pépins techniques, Tom était rarement en mesure de le devancer à la régulière. Mais quand il ne se fait pas piéger par sa Panigale, Chaz Davies lui en demande parfois trop... Il se gardait néanmoins de le faire à Jerez (2e/3e) et au Qatar (2e/2e). Sykes, qui ne pouvait espérer d'aide de son coéquipier peu enclin à l'idée d'un second coup de pouce, ne rivalisait pas en Espagne (3e/5e). La finale s'avérait encore plus difficile : le n°66 subissait un important chattering en première course (6e), avant de chuter pour la dernière de l'année.

En embuscade Avec quatre podiums en quatre weekends, les Yamaha se font de plus en plus visibles. Certes, Alex Lowes et Michael van der Mark ne sont pas totalement maîtres de leurs résultats. Irrémédiablement dans le top 6, devançant même parfois Marco Melandri à la régulière (Magny-Cours 2 et Qatar 2), le duo Yamaha n'est jamais bien loin et sait profiter de la moindre erreur des officiels Kawasaki et Ducati. Ainsi, le Néerlandais intégrait le top 3 à Portimao 2 (2e) et à Magny-Cours 2 (3e). Alex Lowes devançait quant à lui son

coéquipier en France, soit le premier doublé des Bleus depuis leur retour, puis s'adjugeait la troisième place de la dernière course devant van der Mark."Finir la saison ainsi est véritablement une bonne chose pour nous deux, analyse VDM. Nous avons considérablement amélioré la R1 lors des dernières courses. Après des hauts et des bas en début d'année, nous étions rapides à la fin. Nous avons trouvé de la régularité et cela nous donne une bonne base pour cet hiver et la saison prochaine." Yamaha continue inlassablement de se rapprocher des leaders. Hormis quelques petites fautes qui leurs sont imputables, les pilotes ne manquent pas de grand-chose – de la régularité en rythme de course et parfois du feeling avec le train avant – pour viser de meilleures places au classement général. Et les nouvelles règles techniques pour 2018 pourraient être la clé.

Course après course, les R1 de Lowes (#22) et VD Mark (#60) progressent.

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côté paddock... La Dorna continue de chercher la solution pour retrouver le caractère concurrentiel de sa catégorie phare. En attendant un chamboulement technique plus important en 2019, les constructeurs se verront imposer en 2018 un limitateur de régime moteur propre à chacun mais modifiable suivant la saison effectuée. Un système de concession de points sera également instauré afin de limiter le développement moteur des machines les plus performantes quand les autres seront autorisées à introduire des modifications. Enfin, les prix des pièces seront davantage encadrés, notamment les suspensions. Le calendrier provisoire 2018 a déjà été présenté. Le championnat WorldSBK conserve treize manches mais les catégories SSP 300 et STK 1000 passent à huit épreuves (neuf cette année). La cause ? Une nouvelle course hors Europe, sur le circuit de Villicum en Argentine (encore sujet à homologation), à la place du rendez-vous de Jerez. Le Lausitzring abandonné, le Superbike fera aussi son retour à Brno. La manche de Magny-Cours doit se dérouler du 28 au 30 septembre 2018. Pirelli a été confirmé en tant que fournisseur officiel et exclusif des pneus de toutes les catégories du WorldSBK pour les saisons 2019 et 2020. Débuté en 2004, ce partenariat technique est déjà le plus long contrat de fourniture de pneumatiques monomarque de l'histoire du sport moto.

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Synthèse

Sylvain Guintoli n'a pas démérité au guidon de la Kawasaki qu'il découvrait.

French touch Sylvain Guintoli n'a pas démérité lors de son bref retour en Superbike. Le champion du monde 2014 a participé aux deux dernières épreuves de l'année sur la ZX-10R du Puccetti Racing Team. L'idée était de réaliser un test grandeur nature en vue d'un possible accord pour la saison 2018. Pilote Suzuki cette année, à la fois en BSB, en MotoGP et aux 8 Heures de Suzuka, Sylvain devait avant tout se familiariser aux spécificités de la Kawasaki qu'il pilotait pour la première fois. Il terminait toutefois meilleur pilote privé à Jerez 1 (6e) avant de conclure le rendezvous espagnol par une huitième position. Au Qatar, souffrant d'un manque de puissance face à la concurrence, il inscrivait à deux reprises les points de la huitième place, s'estimant content de l'écart raisonnable le séparant des motos officielles. "Je me suis fait plaisir avec le team. Ils sont professionnels et ont une très bonne moto privée" avouait-il. Au final, le Français ne rejoindra pas la structure italienne. Un autre tricolore pourrait en revanche rejoindre la catégorie sur une Kawasaki transalpine. Jérémy Guarnoni s'est vu confier une machine du team Pedercini, son équipe du Superstock 1000, au Qatar. Onzième lors de la première course, un problème technique l'obligeait à repasser par les stands le lendemain. Jérémy repartait tout de même, sûr de finir dernier. Affaire à suivre.

Vivement l'année prochaine Derrière les top guns de la catégorie, on attend impatiemment 2018 pour se refaire une santé. Eugene Laverty a gagné en compétitivité en cette fin de saison, notamment aux essais, et a glané ses meilleurs résultats en course, deux quatrièmes places. Son coéquipier chez Milwaukee Aprilia, Lorenzo Savadori, a en revanche clairement manqué de régularité à l'inverse de Xavi Forés qui achève sa plus belle saison en Superbike. De son côté, Leon Camier échouait au pied du podium à deux reprises (Portimao 1 et Magny-Cours 1) mais ne pouvait conclure à chaque fois ses débuts de week-end prometteurs à cause de problèmes techniques. Il peut espérer ne pas connaître ce genre de soucis à l'avenir chez Ten Kate. Quoique... Le Red Bull Honda Team n'a pas été épargné par la mécanique de la CBR. Stefan Bradl ne roulant plus à partir de la seconde manche portugaise (problème au poignet suite à un highside), ce sont Davide Giugliano, Jack Gagne et Takumi Takahashi qui se sont relayés sur les machines du blason ailé. Après une année noire, il est temps que le team retrouve une certaine stabilité pour évoluer.

Deux fois quatrièmes, Laverty et son RSV4 gagnent en compétitivité.

Classement WORLD SupERbike Pos 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Pilotes

Jonathan REA Chaz DAVIES Tom SYKES Marco MELANDRI Alex LOWES Michael VD MARK Xavi FORES Leon CAMIER Jordi TORRES Eugene LAVERTY

NAT GBR GBR GBR ITA GBR NED ESP GBR ESP IRL

Marque

AUS

THA

ESP

NED

ITA

GBR

ITA

USA

GER

POR

FRA

ESP

QAT

Kawasaki Ducati Kawasaki Ducati Yamaha Yamaha Ducati MV Agusta BMW Aprilia

25/25 20/20 16/10 00/16 13/13 07/09 10/11 11/08 09/00 08/06

25/25 20/10 16/20 13/16 10/13 11/00 05/08 08/00 09/11 00/01

25/20 00/25 16/13 20/16 13/03 11/11 00/10 05/06 10/09 08/07

25/25 00/16 20/20 16/00 00/11 00/13 13/03 06/10 00/09 08/08

20/20 25/25 13/16 16/11 08/10 09/07 11/13 10/00 00/08 00/09

00/25 08/16 25/20 13/00 16/11 11/13 06/09 10/10 07/00 03/00

16/20 00/00 25/16 01/25 20/00 00/13 11/00 05/00 13/00 10/11

20/25 25/16 16/20 13/13 00/07 08/06 11/11 10/00 09/00 00/10

20/20 25/25 16/13 13/16 10/11 01/05 08/06 11/10 07/08 06/00

25/25 20/00 00/00 16/16 00/00 11/20 07/03 13/00 10/11 09/13

25/00 06/25 16/09 20/11 11/20 07/16 00/13 13/00 02/08 10/00

25/25 20/16 16/11 00/20 13/13 11/10 07/09 04/04 03/06 08/00

25/25 20/20 10/00 16/10 00/16 00/13 00/11 07/07 09/00 13/09

TOTAL 556 403 373 327 242 223 196 168 158 157

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INTERVIEW PAR MAXIME PONTREAU /// PHOTOS PSP SWIDEREK / JAGIELSKI

WORLD SUPER SPORT

LUCAS MAHIAS

CHAMPION 2017

RÊVE DEVENU RÉALITÉ LE

IL L'A FAIT ! AU TERME D'UNE SAISON TUMULTUEUSE, LUCAS MAHIAS A VU SON RÊVE SE RÉALISER DANS L'OBSCURITÉ DE LA NUIT QATARI. CET OBJECTIF QUI TENAILLAIT SES SONGES PRENAIT ENFIN FORME. MOINS DE DIX ANS APRÈS AVOIR COMMENCÉ LA COMPÉTITION MOTO, LE FRANÇAIS A REMPORTÉ LE TITRE DE CHAMPION DU MONDE SUPERSPORT.

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L

ucas, quel effet cela fait-il de réaliser son rêve d'enfant ? Écoute, c'est un sentiment un peu particulier car tu bosses toute ta vie pour ça, et c'est finalement un moment très intense, mais aussi très court. Je ne sais pas... je l'avais imaginé autrement. En fait, une fois que tu l'as, c'est fini. Tu es déjà en train de préparer la suite, de penser à 2018. Donc c'est génial, mais c'est court. C'est ce qui est intéressant aussi je pense, le fait de rapidement passer à autre chose. Si tu restes bloqué sur cet acquis, tu n'auras qu'un seul titre dans ta vie. Si tu en veux d'autres, cela fait partie du jeu. Tu finis l'année en beauté avec une victoire sur le fil à Losail, en n'ayant rien lâché. C'était important pour toi de conclure la saison sur un succès ? Complètement ! Tu sais comment les choses se passent aujourd'hui avec les réseaux sociaux, avec ces gens qui critiquent facilement derrière leur écran. Même si j'essaye de m'en détacher au maximum, cela me fait toujours un peu mal d'entendre de mauvaises choses sur moi. Là, j'étais sûr qu'en finissant 7e ou 8e, on m'aurait traité d'épicier n'ayant gagné qu'une course dans l'année. Ce week-end était une façon de montrer que je suis rapide. J'étais dans une position délicate cette année car je devais gérer un championnat dès la deuxième épreuve. C'est une approche totalement différente de la course. Lorsque tu n'as pas de points, tu dois juste gagner. Au Qatar, j'ai battu le record du circuit en Superpole alors qu'il ne fallait pas que je tombe, alors qu'il ne nous restait plus qu'un moteur. J'ai montré que j'étais là pour gagner. DÉCEMBRE 2017 - JANVIER 2018

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Nouvelle R6, première saison complète en Supersport : Mahias a frappé fort avec ce titre.

Tu m'as souvent répété cette saison que tu étais content de toi, de ton évolution, car tu avais su te raisonner à certains moments et ne pas trop forcer, comme cela aurait pu être le cas auparavant. Tu n'as pas eu peur de, justement, dépasser cette limite au Qatar dans ce duel avec Jules Cluzel ? Si, mais c'était compliqué dans ma tête. En ayant géré toute l'année, en ayant été intelligent, je ne pouvais pas faire n'importe quoi au Qatar. En même temps, je ne voulais pas passer tout l'hiver en me disant que j'aurais pu faire mieux, que je n'avais gagné qu'une course. Lorsque tu en as les capacités, il faut forcer, il faut y aller. Honnêtement, je n'étais pas pendu à 100 % au Qatar. Je n'ai pas loupé un point de corde. Mes bottes ne se sont pas décollées une seule fois des repose-pieds. J'ai gardé une marge même si la limite était proche. Puis, à un moment de la course, au lieu de me poser trop de questions, je me suis dit que je devais en profiter. Peu de gens ont cru en moi quand je me suis lancé il y a dix ans. Là, j'étais à la finale du championnat sur un circuit que j'adore, entouré des gens que j'aime et en tête de la course. J'allais être champion si je ne faisais pas le c... . Je devais simplement me régaler. Justement, tu étais davantage entouré par tes proches en fin de saison. C'est un soutien dont tu avais besoin ? Oui, le stress montait et c'était important d'avoir beaucoup de gens autour de moi. D'être entouré de ma copine, d'amis, de proches... Après, je ne sais pas si cela m'a aidé à gérer les week-ends. Il y avait trop de monde à Jerez et cela m'a davantage stressé. C'était l'inverse au Qatar et j'étais mieux. En fait, c'est compliqué d'analyser tout ça car lorsqu'il y a du monde avec toi, tu veux leur faire plaisir. Par contre, s'ils ne sont pas présents, tu es dans ta bulle mais tu n'as personne à qui parler en cas de problème. C'est un sentiment un peu bizarre. Il faut trouver un équilibre. C'est la première fois que tu te battais pour un titre mondial. Qu'est-ce qui a été le plus difficile en définitive ? Compliqué à dire... (il réfléchit). Tout, au final. Se battre pour un titre est difficile. Se battre pour gagner des courses n'est pas le plus compliqué. C'est notre boulot, nous sommes là pour ça. En revanche, il y a plein de paramètres à prendre en compte dans la gestion d'un championnat. Il y a la fatigue, les blessures, les médias, la pression qui monte. C'est dur. Nous avons vécu une année un peu particulière à mon avis avec des blessures, des hauts et des bas pour tout le monde. Des moments où tu penses que tout est perdu, mais finalement non. Des moments où tu crois que c'est 68

enfin pour toi, mais ce n'est pas plus le cas. Si cela semble tout beau, tout rose vu de l'extérieur, c'est très compliqué en fait. L'année a été assez dure, d'autant qu'il ne faut pas oublier que c'était notre première saison avec une moto complètement nouvelle et sans aucune base de réglages sur les circuits. C'était une difficulté de plus le vendredi. A propos de blessure, tu roulais avec une fracture au poignet depuis Magny-Cours ? Oui, une ancienne fracture du scaphoïde droit s'est réveillée après ma chute le samedi, mais je me suis fait opérer le lundi après la course. J'ai eu le droit à une vis, puis j'ai eu douze jours pour essayer de récupérer un peu avant Jerez. J'en ai ch... à essayer de ne pas bouger, à faire de la rééducation en espérant que ça allait fonctionner. Je n'étais pas à 100 % lors des deux dernières courses, surtout au niveau de la mobilité du poignet. J'avais du mal à doser les gaz, à contrôler l'accélération, à être doux. Je prenais la poignée du bout des doigts en fin de course. Autant te dire que ce n'était pas simple de gérer les glisses avec le pneu arrière usé. Tu as découvert au passage que la compétition ne se déroulait pas seulement sur la piste... Il y a plusieurs teams qui ont porté réclamation pour m'empêcher de rouler. Ils avaient entendu parler d'une réelle fracture, et pas

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INTERVIEW

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Entre Sofuoglu et Cluzel (ci-dessus), Mahias avait des adversaires de taille.

Victoire et titre : Losail fut l'apothéose de sa saison.

seulement d'une vieille blessure. Comme Kenan ne roulait pas (fracture de la hanche en Superpole, ndlr), ils pouvaient empocher de gros points au championnat si j'étais forfait. Sur le coup, j'étais réellement déçu, dégoûté même. Cela ne me viendrait même pas à l'esprit. Au contraire, un gars blessé qui fait tout pour rouler, pour gagner des positions, cela rend la course plus belle. J'arrive même pas à comprendre comment tu peux être satisfait de ta place en ayant disqualifié les autres. Cette année, tu as ressenti la pression de devoir gérer un championnat en tant que leader, sans réellement pouvoir empêcher Kenan Sofuoglu de revenir. Comment as-tu vécu cela ? Sûr, niveau stress, je ne pense pas que cela pouvait être pire. J'ai essayé de faire comme si tout allait bien, mais en fait non, c'était très délicat. J'ai été sur la réserve une bonne partie de la saison. Je ne prenais pas de risques. C'est ce que l'on appelle la peur de gagner je pense. C'était aussi la peur de rater ce que je rêvais d'avoir. A Imola, j'aurais pu tenter une attaque sur Kenan. A Portimao, j'aurais pu pousser un peu plus... On s'en est quand même bien tiré. Le team m'a beaucoup aidé. Ils ne m'ont pas mis la pression. On savait que le titre serait un bonus cette année. Le plan initial était de faire de bons résultats, de se familiariser avec la moto et ses réglages. Le titre était l'objectif de l'année prochaine, même si je savais qu'il était dans les têtes de tout le monde après la troisième course. Je me suis mis la pression tout seul finalement, mais honnêtement, je pense qu'on a tous bien géré. Quel regard portes-tu sur ton affrontement avec Kenan Sofuoglu ? C'était bizarre car nous nous sommes battus toute l'année à distance. Il y a bien eu quelques affrontements directs en course ou au warm up, mais on s'est surtout affrontés psychologiquement, à coup de chronos. On se cherchait l'un l'autre comme ça. J'ai vraiment aimé être opposé à lui. C'est quelqu'un que je respecte et qui me respecte également je pense. On ne s'est jamais pris une roue lors des séances cette année par exemple. Au final, quels enseignements retiens-tu de cette saison ? Déjà, beaucoup de choses en termes de pilotage et de gestion de course. J'ai aussi énormément appris sur la gestion d'un championnat, qu'il se joue à chaque course, que rien n'est vraiment terminé avant la dernière épreuve, mais qu'il se joue aussi sur la longueur. Une tonne de choses peut se passer. Tu peux te blesser, par exemple, et alors tout est important. Le choix de tes équipements, des personnes avec qui tu discutes, de celles qui t'entourent quand tu as un problème, notamment médical, afin de prendre les bonnes décisions. Le moindre jour est important. A Magny-Cours, nous sommes partis dans la nuit de samedi pour voir le chirurgien afin de programmer l'opération le plus tôt possible, avant de revenir au

circuit le dimanche matin. C'était déjà un ou deux jours gagnés sur la rééducation. Tu es maintenant champion du monde Supersport depuis une semaine. Est-ce que tu as réussi à prendre du recul sur ce que tu as réalisé ? Pas spécialement, car j'étais en Italie pour l'Eicma après le Qatar. J'ai fait pas mal d'interviews, d'événements... du boulot quoi. Je n'ai pas eu le temps de me poser. C'est en fait mon premier jour à la maison depuis. Je suis en train d'assembler une nouvelle moto de cross. Mais tu sais, cela fait quinze jours que je n'étais pas chez moi. Il y a des feuilles partout, j'ai des branches à couper et du bois à rentrer. Je vais avoir le temps d'y repenser (rires). ■

LUCAS MAHIAS NÉ LE 14/04/1989 À Mont-de-Marsan (40) (France)

144 ÂGE 28 ans TAILLE 1m73 POIDS 64 kg

2017 ....... Champion du monde Supersport .................................. Yamaha GRT 2016 ....... Seul pilote champion du monde d'Endurance ...... Divers teams 2015 ....... Saison écourtée en WSSP (12e), participe à divers championnats 2014 ....... Champion de France Supersport 2013 ....... 3e championnat de France Supersport, Débuts en Endurance 2012 ....... Participe à divers championnats 2011 ....... Participe à divers championnats 2010 ....... Vainqueur du Trophée Pirelli 600cc 2009 ....... Vice-champion de France Promosport 600 2008 ....... Débuts en Michelin Power Cup 600

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SYNTHÈSE PAR MAXIME PONTREAU /// PHOTOS PSP SWIDEREK / JAGIELSKI PORTIMAO / MAGNY-COURS / JEREZ / QATAR

Les Yamaha R6, très performantes dès leur première saison, seront encore plus nombreuses l'an prochain.

WORLD SUPERSPORT

LUCAS MAHIAS

CONQUIERT SON GRAAL RIEN N'EST JAMAIS GAGNÉ ET RIEN N'EST JAMAIS PERDU EN COMPÉTITION MOTO. CETTE FIN DE SAISON DE SUPERSPORT EN EST LA PREUVE DIRECTE. KENAN SOFUOGLU BLESSÉ, LUCAS MAHIAS AURAIT PU CROIRE LE TITRE GAGNÉ. CE NE FUT PAS SI SIMPLE, MAIS LE FRANÇAIS A TENU SON RANG JUSQU'À DEVENIR CHAMPION DU MONDE. Malgré l'enjeu du titre, Mahias (#144) est allé arracher la victoire à Cluzel (#16).

TOUT EN PANACHE

Il n'est pas rare d'entendre un pilote craindre la chute en piste à cause d'un faux rythme, généralement car il s'économise en pensant aux enjeux. Il n'est donc pas rare de voir ce même pilote lâcher sa bride et piloter à la limite, frôlant finalement la catastrophe dans la même mesure. Chassez la prudence, le naturel l'emporte... Et Lucas Mahias a parfaitement illustré la chose lors de la finale du championnat au Qatar. Sa lutte contre Jules Cluzel pour la victoire fut particulièrement intense, proche de la folie même, sachant que la moindre erreur de l'un ou de l'autre offrirait le titre à Kenan Sofuoglu, alors troisième. Non content d'assurer une deuxième position salvatrice, Lucas 70

n'a rien lâché et s'est imposé sur le fil (23 millièmes de seconde). Lui qui n'était pas monté sur le podium depuis Portimao (2e), et après avoir connu deux week-end difficiles émaillés de plusieurs chutes à Magny-Cours (4e après être remonté de la 19e place) et à Jerez (5e en proie à des problèmes avec son pneu avant), a remporté avec panache sa deuxième victoire de la saison. Soit la plus belle

des manières de célébrer la conquête de son premier titre de champion du monde Supersport, ceci dès sa première année complète dans la catégorie. Et ce n'est qu'un début. Ayant renouvelé son contrat avec le team GRT Yamaha pour 2018 et désormais familiarisé aux réglages de la R6 sur chaque circuit, Lucas va se présenter avec un jeu encore plus convaincant la saison prochaine.

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SYNTHÈSE

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Se battant jusqu'au bout, Sofuoglu félicite son successeur.

D'UN RIEN... Il n'a pas manqué grand-chose à Jules Cluzel pour qu'il puisse gravir la plus haute marche du podium en cette fin de saison. Le Français n'en a pas moins brillé. Troisième à Portimao puis cinquième à Magny-Cours, Jules a superbement clôturé l'année en terminant dans la roue du vainqueur à Jerez et au Qatar. Il s'en fallait même de très peu – respectivement 65 et 23 millièmes –, mais Federico Caricasulo et Lucas Mahias réussissaient chacun leur tour à contenir le pilote Honda, au terme de luttes asphyxiantes. Finalement l'un des seuls pilotes à pouvoir s'opposer aux Yamaha avec une autre machine, Jules a confirmé être une valeur sûre de la catégorie. "Je suis tout de même content de ma saison car j'ai été régulier et je n'ai pas commis une seule faute, analysait le pilote de Montluçon. Certes, c'est frustrant car sans les deux résultats blancs en début de saison j'aurais joué le titre à la fin, mais j'ai encore appris beaucoup de choses cette année. J'ai sincèrement l'impression de progresser tous les ans depuis 2012." Troisième du championnat 2017, Jules tentera à nouveau sa chance en Supersport l'année prochaine, mais cette fois-ci au guidon d'une Yamaha du Nerds Racing Team. Il y aura donc trois Français dotés de R6 dans cette catégorie en 2018, puisque le GMT 94 s'y est engagé avec Mike Di Meglio.

MONSIEUR SOFUOGLU Propriétaire de quasiment tous les records de la catégorie, Kenan Sofuoglu n'a plus rien à prouver. Et pourtant, il ne cesse encore de surprendre. Vainqueur avec autorité au Portugal de son cinquième succès de la saison, le pilote Kawasaki était alors dans la dynamique parfaite pour remporter une sixième couronne mondiale. Personne ne semblait pouvoir le contrer, hormis l'adversité déjà rencontrée au début d'une saison 2017 marquée de trois résultats blancs. Sauf que l'infortune semblait finalement ne pas en avoir fini avec le Turc. Victime d'un highside lors de la Superpole 2 française, Kenan Sofuoglu ne se relevait pas et le bilan médical s'avérait lourd : trois fractures à une hanche. Forfait en France puis en Espagne et n'ayant finalement que peu de chances d'emporter un nouveau sacre, la référence du Supersport mettait toutefois tout en œuvre pour courir au Qatar. Et bien que claudicant péniblement à Losail dans le box du team Puccetti Racing, il faisait des merveilles au guidon de sa ZX-6R. Quatrième sur la grille, il ne pouvait suivre et inquiéter les Français aux avant-postes, mais établissait un nouveau record du tour en course et tenait en respect le reste du plateau avec la troisième place. "Je suis honnêtement très content de ma course car nous n'avons pas perdu le championnat aujourd'hui, nous l'avons perdu en ne prenant pas le départ de certaines épreuves. En fait, je suis monté sur le podium de toutes celles que j'ai finies. Je ne peux pas me plaindre, j'ai loupé quatre courses et je termine quand même deuxième du championnat", lâchait-il avec le sourire après coup. Un Monsieur.

COUP DE PROJECTEUR Véritable révélation l'année dernière alors qu'il montait sur les podiums des trois seules courses qu'il effectuait, Niki Tuuli a en revanche connu une saison très difficile pour sa première campagne complète. Après des débuts prometteurs, le Finlandais vivait un gros passage à vide jusqu'à sa chute en course au Portugal. Finalement, revenir sur des circuits qu'il connaissait lui était salutaire. Il se montrait notamment imparable à MagnyCours où il glanait sa première victoire dans la catégorie. "J'espérais beaucoup de cette saison et j'en ai trop fait, expliquait le pilote du Kallio Racing Team après le podium. J'ai beaucoup chuté et finalement perdu ma confiance. Magny-Cours est un circuit où je suis vraiment à l'aise et c'est sans doute la plus belle course de ma

Jules a raté la victoire de peu cette saison.

carrière." Deuxième en France, Federico Caricasulo s'imposait lui en Espagne après avoir vivement résisté aux attaques de Jules Cluzel. Le coéquipier de Lucas Mahias y réussissait même le week-end parfait après avoir réalisé la pole position et un nouveau record du tour en course. S'ils ont la vitesse, ces deux jeunes pilotes manquent encore de régularité pour jouer constamment devant, et celle-ci vient avec l'expérience.

Attention à Tuuli (#66) et Caricasulo (#64) en 2018 !

CLASSEMENT WORLD SUPERSPORT

POS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

PILOTES

NAT

MARQUE

Lucas MAHIAS Kenan SOFUOGLU Jules CLUZEL Sheridan MORAIS Federico CARICASULO PJ JACOBSEN Niki TUULI Anthony WEST Kyle SMITH Luke STAPLEFORD

FRA

Yamaha

20

00

25

20

20

20

00

16

TUR FRA RSA

Kawasaki Honda Yamaha Yamaha MV Agusta Yamaha Yamaha Honda Triumph

00 00 05

00 00 09

00 13 20

25 16 11

25 10 13

25 16 10

25 20 08

20 13 25

25 16 13

00 11 08

00 20 10

16 20 09

161

00 10 11

25 00 16

00 16 00

10 13 00

00 16 00

00 00 00

16 13 00

00 00 11

09 11 00

20 16 25

25 13 09

13 00 10

118

16

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00

02

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06

08

00

00

16

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73

00

00

00

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11

09

00

07

00

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00

00

06

08

03

13

00

06

05

06

00

08

55

ITA USA FIN AUS GBR GBR

AUS

THA

ESP

NED

ITA GBR

ITA

GER POR FRA ESP QAT TOTAL 190 20 13 11 25 155 141 108 82

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STK1000 & SSP 300 SYNTHÈSE PORTIMAO / MAGNY-COURS / JEREZ

SUPERSTOCK 1000

IN EXTREMIS

Jérémy Guarnoni (portrait) et Florian Marino (#21) ont animé la fin de saison.

MICHAEL RUBEN RINALDI NE S'ATTENDAIT CERTAINEMENT PAS À VIVRE UNE FIN DE SAISON SI COMPLIQUÉE. EN MANQUE DE PERFORMANCES, IL A FINALEMENT ÉTÉ BIEN AIDÉ DANS L'OBTENTION DU TITRE PAR PLUSIEURS COUPS DU SORT.

A

près la domination exercée en début de saison et la chute de Toprak Razgatlioglu en Allemagne qui lui offrait 26 points d'avance, Michael Rinaldi semblait assuré d'empocher rapidement le titre Superstock 1000. Mais c'était sans compter sur l'effondrement de ses performances. L'Italien qui, hormis une chute, avait jusqu'alors gagné trois courses et pris deux secondes places se retrouvait à clôturer le top 10 à Portimao (9e) et MagnyCours (10e). Résultat : Toprak Razgatlioglu récupérait une bonne partie de son retard en s'imposant au Portugal, avant que ses espoirs ne s'envolent ensuite en France. Le pilote Kawasaki ne pouvait prendre le

départ après s'être déboîté l'épaule droite aux essais. Rien n'était acquis cependant pour Rinaldi. A Jerez, sa principale crainte se nommait Florian Marino. Le pilote français, deuxième lors des deux précédentes manches et n'accusant que huit points de retard, pouvait allégrement penser au titre, d'autant qu'il affichait un rythme bien plus convaincant sur le tracé espagnol. Mais violemment percuté dans le second virage de la course, Florian n'avait cependant pas l'opportunité de défendre ses chances. De son côté, Michael Rinaldi se contentait de la sixième place pour être sacré, tandis que Markus Reiterberger remportait la finale du championnat devant Illia Mykhalchyk et

SUPERSPORT 300

Toprak Razgatlioglu. Quelque peu en difficulté sur la Kawasaki cette année, Jérémy Guarnoni réussissait néanmoins un bel exploit en montant sur la plus haute marche du podium à Magny-cours.

CLASSEMENT STOCK 1000 POS 1 2 3 4 5

PILOTES Michael RUBEN RINALDI Toprak RAZGATLIOGLU Florian MARINO Roberto TAMBURINI Jérémy GUARNONI

MARQUE

POINTS

Ducati Kawasaki Yamaha Yamaha Kawasaki

138 130 120 106 46

Le titre s'est joué jusqu'au baisser du drapeau à Jerez.

À BOUT DE SOUFFLE LA LUTTE POUR LE TITRE ENTRE MARC GARCIA ET ALFONSO COPPOLA N'A CESSÉ QU'UNE FOIS L'ULTIME DRAPEAU À DAMIERS ABAISSÉ. ET IL S'EN EST FALLU DE PEU POUR QUE L'UN OU L'AUTRE NE SOIT CHAMPION, UN SEUL POINT LES SÉPARANT AU FINAL.

L

a fin du championnat fut clairement imprévisible. Arrivé en tête du classement provisoire à Portimao, Marc Garcia perdait cet avantage au profit d'Alfonso Coppola après le Portugal, avant de le récupérer grâce à sa victoire en France. Alors que quatre petits points seulement les séparaient à l'aube du week-end de Jerez, l'Espagnol et l'Italien ne pouvaient donc guère se la couler douce, d'autant qu'ils ne s'étaient pas lâchés lors des épreuves précédentes. Au Portugal, Garcia terminait en troisième position dans la roue de la Yamaha n°15, 72

elle-même dans le sillage d'Ana Carrasco qui remportait sa première course, devenant ainsi la première fille à gagner une épreuve de vitesse mondiale en solo. A Magny-Cours, Coppola talonnait son rival devant Robert Schotman. L'intensité des courses de Supersport 300 faisant qu'il est courant de perdre cinq positions dans un virage, la victoire semblait donc être l'unique solution viable. Auteur de la pole position, Marc Garcia ne s'en retrouvait pas moins englué dans le peloton dès le début de la finale. S'ensuivait une course décousue, intense et sans filet où le titre

changeait de mains quasiment à chaque tour. C'est finalement Galang Henda, pilote indonésien présent en tant que wild card, qui s'imposait pour 26 millièmes devant le Néerlandais Scott Deroue, l'un des favoris en début de saison. En complétant le podium, Alfonso Coppola ne pouvait empêcher le sacre pour un point de son adversaire, quatrième. Enzo de la Vega inscrivait quant à lui son meilleur résultat avec une septième place. Une belle fin de saison pour le Français qui ne cessait de se rapprocher du top 10 à Portimao (13e) puis à Magny-Cours (10e).

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BILLET

STK1000

MICHAEL RUBEN RINALDI

LA CLÉ DU SUPERBIKE

LE TITRE SUPERSTOCK SEMBLAIT LUI ÊTRE DESTINÉ VU LA DOMINATION EXERCÉE EN DÉBUT DE SAISON. L'ITALIEN N'A POURTANT PAS ÉCHAPPÉ À QUELQUES CONTREPERFORMANCES LORS DES DERNIÈRES COURSES QUI ONT INSINUÉ LE DOUTE. PROFITANT FINALEMENT DES MALHEURS DE SES ADVERSAIRES POUR EMPOCHER LE TITRE AVEC AISE, MICHAEL RUBEN RINALDI VOIT DÉSORMAIS L'AVENIR PLUS HAUT. a saison a très bien commencé. Nous avons été très rapides dès l'entame du championnat et nos performances sont restées constantes, même à Donington où je tombe en étant alors deuxième. Mais nous étions encore devant. Par contre, la situation s'est compliquée à partir de Portimao. J'étais en difficulté sur la moto et nous ne savions pas pourquoi. Je subissais, ce n'était pas mon ressenti habituel, notamment avec l'arrière de la machine. C'était vraiment étrange. Et cela a continué à Magny-Cours. Nous étions en revanche plus confiants pour Jerez car nous aimons le circuit, mais j'ai eu le même souci le vendredi. Nous perdions une seconde par rapport aux plus rapides alors que nous étions auparavant ceux qui étaient devant. Heureusement, j'ai un super coach et une équipe qui me supporte. J'ai vu qu'ils travaillaient sans relâche pour trouver le problème. Et c'est très important pour un pilote de savoir que tout le monde s'investit pour lui. Cela m'a rassuré, j'étais confiant. Je ne pourrais pas dire ce qu'ils ont fait, mais j'ai retrouvé de bonnes sensations en qualification. Malheureusement, le moteur a cassé avant que je passe le bon pneu et je n'étais que 14e sur la grille de départ. Reste le point positif : nous avions retrouvé notre vitesse et je pouvais avoir en course le rythme des premiers. J'ai immédiatement vu que Florian Marino était tombé, ce qui m'a permis d'éviter de prendre des risques ensuite. Je n'avais pas besoin de

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SUPER STOCK

1000

CHAMPION 2017

forcer pour revenir devant. Je contrôlais simplement ce que faisait Toprak (Razgatlioglu, ndlr). Puis mon team m'a indiqué que la 6e place était suffisante. Ce n'est que ma deuxième saison en Superstock 1000 et ce titre est la plus grosse réalisation de toute ma carrière. C'était en plus particulier de le remporter sur une moto italienne, surtout une Ducati. Ce team, avec Aruba, est comme une famille. Ils te supportent sans te mettre la pression. J'ai fini vice-champion en Superstock 600 en 2015 alors que Toprak gagnait. Là, c'est l'inverse. Il a été cette année encore mon principal rival. C'est intéressant car nous nous suivons et finalement nous aidons mutuellement à nous améliorer. Grâce à lui, je peux me rendre compte de mes points faibles et travailler dessus. On repousse chacun nos limites avec l'autre en fait. C'est important car le Superstock a un niveau vraiment relevé. Ducati, Kawasaki, BMW, Yamaha... il y a de nombreux constructeurs capables de gagner des courses, ce qui pousse le championnat. Pour preuve, nous roulions plus vite que les années précédentes sur de nombreux circuits. C'est pourquoi le titre est la clé pour monter en Superbike. Je voudrais y aller et je sais que Ducati et Aruba souhaitent m'aider, mais rien n'est fait. Je vais tout de même me préparer cet hiver. Tu dois faire face à un autre niveau en Superbike. Tu roules avec des pilotes forts, intelligents et expérimentés. Ce sera difficile." ■

Après deux saisons et un titre en Stock 1000, Rinaldi espère passer en Superbike l'an prochain.

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SSP300

BILLET

AUX ORIGINES... MARC GARCIA

SUPER SPORT

300

CHAMPION 2017

AYANT DÉBUTÉ LE CHAMPIONNAT SUPERSPORT 300 EN TANT QUE SIMPLE WILD CARD, L'ESPAGNOL MARC GARCIA NE S'ATTENDAIT CERTAINEMENT PAS À UNE TELLE FIN DE SAISON. IL N'EST DÉSORMAIS PAS SIMPLEMENT CHAMPION DU MONDE, IL MARQUE ÉGALEMENT L'HISTOIRE DU SPORT EN EMPOCHANT LE PREMIER TITRE DE CETTE NOUVELLE CATÉGORIE. IL Y AVAIT DE QUOI ÊTRE ÉMU...

agner le premier titre de cette catégorie est un sentiment

incroyable. C'est vraiment très intense d'être le premier “G dans un tout nouveau championnat. Surtout que cela

n'arrive que très rarement. Puis c'est aussi mon tout premier titre, cela ajoute de l'émotion. C'est réellement énormément de travail, chaque jour de l'année, et nous en sommes enfin récompensés. J'étais un peu nerveux avant de commencer le week-end. En même temps, je me battais pour le titre et il n'y avait que peu de points d'écart (rires). J'ai donc tout fait pour me calmer afin d'agir comme sur n'importe quelle autre course. Je devais rester concentré pour être rapide. La course a été difficile, avec des dépassements à chaque tour, mais j'ai finalement pu finir juste derrière Alfonso Coppola, qui a été mon principal rival à partir de la moitié de la saison, ce qui était suffisant pour le titre. Je n'espérais pas tant en début d'année lorsque j'ai commencé en tant que wild card en Supersport 300. Nous avions d'autres projets à l'origine, mais ils n'ont pas abouti. Je ne devais faire que quelques manches du Mondial, mais vu mes résultats, j'ai continué. Mon objectif a toujours été de gagner. Je connaissais déjà beaucoup de pilotes ici après avoir roulé avec eux dans d'autres championnats. J'avais donc une bonne idée

du niveau et je pouvais le faire. Piloter en Supersport 300 n'est pas très difficile car la puissance est limitée. Par contre, tu dois réussir à être plus rapide que les autres avec des machines similaires, ce qui fait que le moindre détail a son importance. J'ai fait la différence lors des phases de freinage, mon point fort, puis grâce à ma vitesse de passage en courbe. Étant donné qu'il n'y a pas de puissance avec ces motos, il faut vraiment bien gérer ce timing avec la poignée de gaz. Après avoir commencé la moto avec une petite motocross, puis avoir évolué dans différents championnats en Espagne, j'ai participé à la Red Bull Rookies Cup en 2014 et 2015. Ces années m'ont beaucoup aidé pour le Supersport 300 car on y retrouve des motos identiques. C'est la meilleure chose pour apprendre à se battre en piste et cela a été très, très utile cette année. J'ai encore appris plein de choses cette saison, et notamment en ce qui concerne la stratégie de course. J'étais de plus en plus à l'aise avec cette idée, avec le fait de faire un plan pour les derniers tours au fur et à mesure que l'année avançait. Maintenant, je ne sais pas trop ce que je vais faire l'année prochaine. J'aime ce championnat, mais j'aimerais tenter ma chance en Grand Prix, en Moto3. Avant tout, je vais profiter un peu du titre avec mon équipe." ■

Commencée en wild card, la saison s'est terminée par le titre pour Marc Garcia !

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SAVOIR

ANCIEN PILOTE AMATEUR, KINÉSITHÉRAPEUTE DU SPORT ET OSTÉOPATHE, LILIAN GUIGNARD VOUS APPORTE DANS CHAQUE NUMÉRO SES CONNAISSANCES SUR LE PHYSIQUE ET LES PATHOLOGIES DES PILOTES.

LA CHRONIQUE

MÉDICALE DE

LILIAN

MENTAL & CONCENTRATION L

e terme de concentration désigne la capacité à mobiliser son attention et ses facultés mentales sur un objectif bien précis. "Avoir du mental" est une expression qui fait appel à ces caractéristiques, en y rajoutant probablement la notion de persévérance, de volonté et de résistance à la pression. La question est de savoir si ces paramètres peuvent être optimisés, au même titre que l’endurance, la résistance et la musculation. Les qualités innées sont inégalement réparties dans une population motocycliste, mais le travail et l’abnégation paient toujours. L’année fantastique de Dovizioso est un bon exemple, en nous sortant sa meilleure saison depuis son arrivée en catégorie reine en 2008. Mais sa victoire en 250cc au Grand Prix de Turquie 2007, pour quiconque s’en souvient, laissait déjà entrevoir le mental du garçon. Second exemple avant de parler technique, pour tout lecteur souhaitant connaître l’importance du mental et de la concentration en sport moto : la course Moto2 de Marc Marquez à Valence en 2012… Parti de la dernière place sur la grille suite à une pénalité, il gagne le GP après une remontée époustouflante… Un chef d’œuvre. L’idée générale de tout travail de concentration est de faire porter toute son attention sur un même objet, donc de se "rassembler" et de "s’unir" mentalement sur un même objectif. Plusieurs techniques sont utilisées par les thérapeutes ou les psychologues du sport. Un large choix de méthodes s’offre aux pilotes pour développer leurs facultés cognitives, en fonction de leur personnalité ou de leurs convictions.

ENTRE ZEN ET MÉDITATION

Les philosophies orientales sont les pionnières en matière de recentrage de l’attention, et de connaissance de soi. Elles permettent dans un premier temps d’éliminer les pensées négatives et perturbatrices, afin d’apprendre mentalement à "faire le vide". Elles sont aussi, en toute objectivité, les précurseurs du travail sur la respiration. Basées sur l’éveil de tous les sens, elles cherchent à connecter l’individu au monde qui l’entoure, le poussant à vivre l’instant présent dans un état de conscience élevé. Yoga et Qi-Gong sont les fers de lance des philosophies indienne et asiatique. Dani Pedrosa ne cache pas son intérêt pour la

méditation (zen, en japonais) et l’étude de certaines pratiques nipponnes (comme le kyudo) pour améliorer son relâchement, favoriser sa patience et la maîtrise de soi.

lente et profonde, pour accéder à un niveau de détente maximal. La relaxation progressive de Jacobson, quant à elle, part d’un principe simple : une anxiété ou un stress produisent toujours une tension musculaire. Alors, la réciproque est vraie. En faisant une contraction musculaire prolongée et intense des quatre membres (en serrant fortement les poings par exemple), suivie d’un relâchement rapide et brutal, on provoquera une diminution de la charge psychique et émotionnelle.

SOPHROLOGIE ET GESTION MENTALE DU STRESS

Jorge Lorenzo est un adepte de la sophrologie.

LE TRAINING AUTOGÈNE : SCHULTZ ET JACOBSON

Une pratique très répandue en médecine du sport (appelée méthode de Schultz) permet souvent d’obtenir une réduction durable des tensions musculaires (fléaux du pilotage) et du stress. Elle consiste en un enchaînement successif de cinq phases, visant à atteindre un état de relaxation mentale maximum. Le pilote essaiera de percevoir la sensation de pesanteur (lourdeur) de ses membres au sol, de ressentir mentalement une sensation de chaleur dans tout son corps, produite par la circulation sanguine ; puis il cherchera à visualiser et étendre cette impression de chaleur à ses organes internes, avant d’écouter son rythme cardiaque et de sentir son cœur battre calmement dans sa poitrine. Enfin, il se concentrera sur sa respiration, qui devra être

Inventée en 1960 par Alfonso Caycedo, neuropsychiatre colombien, la sophrologie est une autre méthode de développement personnel, sans véritable reconnaissance scientifique en France. Mais il n’est pas rare qu’elle soit proposée en "thérapie de support" dans l’apprentissage de la gestion du stress et de l’effort, chez le sportif de haut niveau. Faisant appel à des techniques proches de l’hypnose et de la relaxation, son concept est en rapport avec une approche phénoménologique et introspective de l’individu. Prenant souvent comme point de départ "l’épreuve" à surmonter, le principe est de mettre mentalement le sujet en situation (en course par exemple), en lui proposant de visualiser les différents cas de figures critiques possibles (holeshot, dépassement, contact, perte d’adhérence, etc.), de telle sorte qu’il prépare dans sa tête la manœuvre adéquate si la situation se présentait. Cette anticipation positive des faits de course et l’apaisement des tensions négatives qu’elle procure (sur l’anxiété, la frustration ou l’impatience) font de la sophrologie une technique largement utilisée par les cadors du MotoGP, Jorge Lorenzo notamment. ■

LEXIQUE FACULTÉS COGNITIVES : processus mentaux se rapportant à l'intelligence, la résolution de problème, la prise de décision, la perception ou l'attention. APPROCHE PHÉNOMÉNOLOGIQUE : étude de l'expérience vécue et de ses conséquences sur la conscience. INTROSPECTION : activité mentale permettant l’analyse de soi.

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VISITE

endUrance PAR maXime POnTreaU /// PHOTOS TOmmY marin eT PSP SWidereK

EWC ENDURANCE CHAMPION 2017

GMT 94

De l'ombre à la lumière L'ENDURANCE EST UN TRAVAIL D'ÉQUIPE OÙ LA VITESSE DES PILOTES N'A D'ÉGAL QUE LA DEXTÉRITÉ ET L'IMPLICATION DES HOMMES DE L'OMBRE. SANS L'UN, L'AUTRE NE PEUT FONCTIONNER. CHAMPION DU MONDE FIM EWC 2016-2017 AVEC TROIS VICTOIRES, LE GMT 94 EST L'EXEMPLE PARFAIT DE CETTE SYMBIOSE QUI NAÎT AVANT TOUT DANS L'ATELIER DU TEAM. LOIN DES FLASHS DU PODIUM, RENCONTRES AVEC CEUX QUI ŒUVRENT TOUTE L'ANNÉE POUR METTRE EN LUMIÈRE LA YAMAHA R1 N°94.

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Christophe Guyot

Team Mana

Michel Guerre Responsable

Technique

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Si on ne le présente plus, il était toutefois impossible d'évoquer le GMT 94 sans citer son fondateur Christophe Guyot, qui ne s'estime d'ailleurs même plus champion du monde quelques semaines après ce troisième sacre (2004, 2014, 2016-2017). Il est vrai que la proximité entre la finale de Suzuka et le Bol d'Or, ouverture de la nouvelle campagne, n'a pas laissé de place aux célébrations. "Mon discours au Bol d'Or était simple, précise le team manager, nous n'étions plus champions du monde. Le plaisir d'avoir obtenu le titre est finalement fugace. On en profite tout au long de la saison, lorsque nous sommes en train de le construire. Le remporter est évidemment un moment fort, mais tu penses au prochain dès le lendemain matin. Ceci car il faut vouloir atteindre des objectifs, être en mouvement perpétuel pour évoluer. C'est d'ailleurs pour cela que nous ne voulons pas du n°1. Nous ne sommes plus les champions après la saison. A l'époque, Jean-Claude Olivier me disait : 'Nous sommes des challengers.' Je respecte ça. Il y a bien sûr beaucoup d'événements et de personnes qui nous rappellent que nous avons gagné le titre, mais ici, au sein de l'atelier, c'est différent. La saison a été intense, surtout cette terrible attente entre le Bol d'Or et le Mans où nous avions 13 malheureux points. On ne pensait plus au titre alors, le championnat était mort pour nous, on voulait juste gagner des courses. On a donc joué en prenant des risques sur la préparation de la moto, ce qui fait qu'elle était plus performante, et on a eu de la réussite. Il n'y a qu'à Suzuka où nous avons fait la course pour le titre, mais c'est grâce à notre course au Bol d'Or que nous sommes champions, grâce à notre remontée du fond du classement pour marquer quelques points."

Se présentant comme un factotum de luxe ou un bricoleur multitâches, Michel Guerre a l'introduction bien modeste. Lui qui compose le noyau du GMT 94, qui a fait évoluer la structure aux côtés de Christophe Guyot depuis 1993, est la tête pensante de la partie technique. Conception, création, développement, validation... tout ce qui touche à la moto passe par lui, quand il n'en est pas à l'origine. Voilà plus de vingt ans qu'il s'emploie à optimiser le moindre détail d'une machine d'endurance. "Certaines de nos solutions techniques sont même devenues des génériques de la discipline, comme les antidérapants de roue ou le système de remplissage pressurisé de l'huile." Entre de multiples autres occupations, la préparation des moteurs est laissée à ses soins. Un ouvrage qu'il est d'ailleurs impossible de quantifier selon le principal intéressé. "On passe déjà beaucoup de temps à rester assis devant, réfléchissant à ce que l'on peut faire et à toutes les petites pièces environnantes. Après, nous ne jouons pas les sorciers en Endurance. L'essentiel est que le taxi arrive au bout en étant le moins poussif possible. On flirte donc entre l'excès de performance et la perte de fiabilité." Soulagé d'avoir gagné ce troisième titre après avoir été proche de la consécration deux années de suite, ce n'est pas tant le sentiment du devoir accompli qui réjouit Michel Guerre que tout ce qui l'entoure. "Au-delà des boulons et des rondelles, le plus gratifiant est d'avoir créé une structure qui fonctionne, qui fait des résultats et écrit à notre niveau une page de l'histoire du sport moto, mais qui possède aussi une vraie culture d'entreprise. Nous avons la chance de vivre d'une passion, de travailler dans une bonne ambiance, et il faut essayer d'en maintenir la pérennité."

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endurance

visite

Alexandre Leroy Ingénieur É

Sébastien Carré

Responsable Logi

stique

“Trois titres avec le GMT, c'est juste pleins d'étoiles dans les yeux. Nous avons passé énormément de temps sur ce projet, c'est donc gratifiant d'avoir de tels résultats. Puis c'est plus facile ainsi d'expliquer à ton fils pourquoi tu ne passes pas le week-end avec lui (rires). C'est aussi de l'apprentissage pour lui, cela lui montre que l'on n'a rien sans rien. Et il n'y a pas mieux que l'Endurance pour le transmettre. C'est dur. La course est une chose, mais il y a également toute la préparation des dernières semaines à l'atelier avant l'échéance et la fatigue accumulée." Arrivé au GMT 94 en 1997, à l'âge de 17 ans, Sébastien Carré est plus que rompu à l'exercice et connaît parfaitement son sujet. En tant que responsable logistique, il touche à tout à l'atelier, des carénages aux phares, en passant par les commandes de matériel ou l'entretien du camion et du bâtiment. "Avant de gagner la course, nous essayons de ne pas la perdre en faisant attention à tous les détails. Si nous ne sommes jamais à l'abri d'une casse, d'une chute ou d'un fait de course, la victoire se joue avant tout en étant bien préparé. Et maintenant, on veut travailler pour conserver ce titre, ce qui ne nous est jamais arrivé encore."

lectroniqu

e

L'électronique est aujourd'hui le cœur de la performance en compétition et Alexandre Leroy en a la charge au GMT 94. Intégré à l'équipe depuis 2015, le jeune homme s'occupe aussi bien de l'acquisition de données et des cartographies moteur que de la conception des faisceaux et autres matériels bruts spécifiques. Ceci quand il n'assiste pas Michel Guerre dans les dessins et l'élaboration de pièces, formation d'ingénieur aidant. "L'idée avec l'électronique aujourd'hui, c'est de rendre la moto performante tout en minimisant au maximum sa consommation. C'est l'un des nerfs de l'Endurance. Moins il y a d'arrêts au stand, mieux c'est. Et bien que les pilotes ont leur mot à dire sur les réglages de la machine, ils n'ont pas le choix à ce niveau-là. Finalement, on joue essentiellement sur la quantité d'essence injectée dans le moteur et sur les phases de frein moteur, en tentant de couper l'arrivée d'essence et de fermer totalement les papillons. Après, toute modification moteur et châssis ou changement de pneus va nécessiter un ajustement de l'électronique. C'est pour cela qu'il n'y a rien de mieux que de rouler pour régler la R1. Le titre ? C'est une fierté et l'aboutissement d'un gros travail tout au long de ces dernières années, pas seulement lors de cette saison."

Benoît Poupardin Chef Méca

nicien

Comme tous les salariés du GMT 94, l'aventure commença par un stage pour Benoît Poupardin. Si lui ne se voyait pas faire sa carrière dans le milieu de la compétition moto, cette incursion en 1999 n'en fut pas moins fondamentale. Rapidement embauché par la suite, celui qui occupe désormais le poste de chef mécanicien ne regrette rien. Présent lors des trois sacres de l'équipe, il n'y voit aucune redondance, hormis la récompense d'un travail acharné. "Le stress, l'adrénaline, puis le bonheur sont identiques. Mais chaque course, chaque année, chaque titre sont différents. Il y a de nouveaux pilotes, des évolutions sur les motos, une concurrence qui s'améliore... c'est tout le temps un autre challenge. C'est la course, elle change et il y a toujours des choses à apprendre, comme l'injection à une époque et l'électronique maintenant. C'est ce qui rend la chose passionnante. Et finalement, même si cette année n'a pas été la plus difficile car nous n'avons pas rencontré de réels problèmes en course, c'est toujours plaisant de faire partie d'une telle consécration. On passe pourtant rapidement à autre chose, notamment cette année avec le Bol d'Or qui se déroulait peu de temps après Suzuka, car il y a d'autres choses à préparer." décembre 2017- janvier 2018

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ENDURANCE

Rémy Ego

y Communit

Grégory Rebeyrat

Mécanicie

Difficile d'évoquer cette saison et le titre de champion du monde avec Rémy Ego, le jeune community manager n'ayant intégré le GMT 94 qu'au début du mois d'octobre. Il ne boude pour autant pas son plaisir d'être dans ces murs. "J'adore la compétition moto depuis que je suis enfant, c'est donc incroyable de faire partie maintenant d'un team d'élite en Endurance. J'ai vu en plus une équipe soudée et accueillante, ce qui fait la différence selon moi, surtout dans cette discipline."

n

A l'instar d'Alexandre Leroy, Gégory Rebeyrat fête cette saison son premier titre de champion du monde comme sa deuxième année au sein du GMT 94. Originaire de la région de Poitiers, où se situe l'atelier de l'équipe, le mécanicien a toujours voulu intégrer le team et s'en est donné les moyens. "C'était un aboutissement, comme toutes nos victoires puis le titre. C'est pour cela que l'on se donne à fond. L'année a tout de même été stressante. Évidemment pas à Suzuka vu notre situation, mais plutôt au Mans, après notre Bol, puis en Slovaquie ensuite qui était un nouveau circuit. Mais il y a toujours quelque chose quand tu te bats pour le titre." Une tension que Grégory vivait sous un angle particulier. S'il s'occupe des motos à l'atelier et en amont d'un week-end de course, une fois l'épreuve lancée, le jeune homme se fait l'assistant de Christophe Guyot. "Je suis son intermédiaire avec les mécaniciens ou la cabine de chronos. Je reste constamment en liaison avec eux, leur citant parfois les stratégies à adopter. Je cale également l'équipe de ravitaillement lorsque la moto s'apprête à rentrer. C'est intéressant car je fais autre chose que de la mécanique. Maintenant, j'ai également hâte qu'on se lance en Mondial Supersport. Cette structure a de quoi faire de bons résultats." 80

Manager

Les bénévoles L'implication est telle en Endurance qu'une équipe ne pourrait faire face sans de nombreux bénévoles. "Ils sont tout simplement indispensables et représentent la force du team, confie Christophe Guyot. Une trentaine de personnes environ vient nous prêter main forte sur chaque course et si certains nous suivent depuis nos débuts, d'autres sont arrivés dans le team au dernier Bol d'Or. L'équipe évolue en permanence. Tous ont commencé jeunes et certains aujourd'hui ont plus de quarante ans. C'est réellement un aspect incroyable de l'Endurance."

PALMARèS GMT 94 ENDURANCE : 3 titres mondiaux - 17 victoires - 36 podiums - 12 pole positions FSBK : 4 titres nationaux 2017........ Champion du monde d'Endurance 2016........ Vice-champion du monde d'Endurance

Champion de France Superbike / David Checa

2015........ Vice-champion du monde d'Endurance

Champion de France Superstock 1000 / Kenny Foray

2014........ Champion du monde d'Endurance 2013........ Vice-champion du monde d'Endurance 2012........ 3e du championnat du monde d'Endurance 2011........ 3e du championnat du monde d'Endurance 2009........ Champion de France Superbike / Sébastien Gimbert 2007........ Vainqueur du Bol d'Or 2005........ Vainqueur du Master d'Endurance 2004........ Champion du monde d'Endurance 2003........ 3e du championnat du monde d'Endurance 2002........ 3e du championnat du monde d'Endurance 2001........ Vice-champion du monde d'Endurance 2000........ Vice-champion du monde d'Endurance 1999........ Premier podium en championnat du monde d'Endurance 1998........ Champion de France Superbike / Christophe Guyot

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ENDURANCE

MIKE DI MEGLIO

"L'ENDURANCE M'A PERMIS D'ÉVOLUER…" OFFICIELLEMENT, LES TITRES 2016/17 VONT À SON TEAM ET À SES COÉQUIPIERS, DAVID CHECA ET NICCOLO CANEPA. POURTANT, DEPUIS SON ARRIVÉE EN COURS DE SAISON, LE GMT94 A REMPORTÉ LA BAGATELLE DE QUATRE VICTOIRES EN CINQ COURSES (BOL 2017 INCLUS). MIKE DI MEGLIO EST ENTRÉ PAR LA TRÈS GRANDE PORTE DANS LE MONDE DE L'ENDURANCE. IL NOUS RACONTE…

L'

idée de m'essayer à l'endurance me trottait déjà dans la tête fin 2015. mais à cette époque, aprilia – qui m'emploie pour participer au développement de sa rS-GP motoGP – n'avait pas souhaité me libérer. nous avons repris contact avec christophe Guyot un an plus tard. je ressentais vraiment le besoin de rouler en course et, cette fois, nous avons trouvé un accord qui m'a permis de cumuler mon statut de pilote d'essai aprilia avec celui de pilote titulaire au GmT 94. avant les 24 H du mans, je me posais beaucoup de questions, notamment sur le plan physique. Sur une course de vitesse, après 45 minutes, tu es cuit. alors 8 h à gérer sur une course de 24 h, j'avoue que ça me faisait peur… d'autant que les chronos actuels, en endurance, prouvent que les pilotes ne s'économisent pas ! Quand je suis arrivé sur place, j'ai écouté les conseils de mes coéquipiers david checa, qui possède une immense expérience de l'endurance, et niccolo canepa, qui venait de vivre ce que j'allais vivre. j'étais très stressé. j'ai vu beaucoup de pilotes se casser la figure lors de leur première tentative dans cette discipline et je ne voulais pas trop en faire. j'ai travaillé sur ma concentration pour ne pas commettre d'erreur. Les premiers relais, de jour et de nuit, étaient particulièrement angoissants. Puis, comme tu roules beaucoup, la vitesse revient. Tu te relâches et tu accélères. c'est aussi dur de prendre le guidon à 3 h du matin que c'est magique de faire le relais au levé du soleil, quand tu retrouves tes repères de jour et que tu hausses le rythme. et finalement, la course reste la course : même si tu en baves, tu parviens à te transcender, à te mettre dans un état que tu ne pourras jamais approcher en simulation de course. mes débuts dans cette discipline ont été couronnés de succès, avec trois victoires consécutives au mans, à Oschersleben et au Slovakia ring. même si ça pouvait sembler facile pour nous vu de l'extérieur, ça ne l'était pas au guidon, et la cohésion de notre équipe nous a permis d'aller de l'avant et de décrocher le titre. c'est sûr, je suis un peu frustré de ne pas avoir participé au bol 2016, une course qui s'est avérée horrible pour le team, et d'avoir ainsi raté le titre pilote. je suis aussi un peu interloqué par les 8 H de Suzuka, dont la spécificité ne permet pas à une équipe comme la nôtre de nous battre à armes égales avec les teams japonais. mais globalement, ce fut une saison magnifique, dans un team très bien organisé et dans un championnat dont la notoriété progresse sans cesse. L'endurance m'a également permis d'évoluer en tant que pilote : tu ne peux pas rouler sur une moto réglée spécifiquement pour toi, tu dois accepter des compromis. au final, moi qui suis très orienté sur la technique, j'ai appris à me focaliser sur autre chose que sur les réglages, à exploiter à fond l'outil dont je dispose : j'ai souvent rou“

lé plus vite en fin de course qu'en qualification, juste parce que j'ai compris, au fil des tours, comment tirer le meilleur de notre moto ! aussi, l'échange, le fait de discuter entre coéquipiers, de se rassurer et se motiver les uns les autres est très positif. david et niccolo m'ont appris à me calmer sur l'aspect technique ; je pense leur avoir apporté ma sérénité et ma méthode acquise en GP. Tous les deux m'ont accueilli à bras ouverts et m'ont immédiatement intégré à l'équipe, sans chercher à m'impressionner : je pense que c'est un facteur très important dans notre réussite. après des années compliquées en motoGP, où on te demande de très gros budgets pour subir les courses avec du matériel très en deçà de tes espérances, cette première saison et cette victoire au bol d'Or 2017 font du bien. je retrouve la confiance de mes partenaires, on me donne à nouveau du crédit et je suis maintenant impatient d'attaquer la saison 2018 du mondial Supersport. après quatre saisons sur des 1000cc, j'ai repris goût au pilotage "600" lors de mes premiers roulages en entraînement sur la r6. Si je vais en mondial, c'est pour jouer devant, pas pour faire de la figuration. au fond de moi, je suis un pilote de vitesse. et si l'endurance reste ma priorité et celle du team, ce projet me donne de nouveaux objectifs. j'ai aujourd'hui tout ce qu'il faut pour être un pilote heureux." ■ Mike Di Meglio a rapidement su s'adapter aux spécificités de l'Endurance.

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81 e BOL D'OR

SANS FAUTES AUSSI LONGUES SOIENT-ELLES, LES COURSES D'ENDURANCE NE PERMETTENT AUJOURD'HUI PLUS AUCUNE DÉFAILLANCE. C'EST D'AUTANT PLUS VRAI LORSQU'UNE ÉQUIPE EXCELLE, TEL QUE LE GMT 94. SI LES CHAMPIONS DU MONDE ONT PARFAITEMENT HONORÉ LEUR RÉCENT TITRE, LA CONCURRENCE ÉTAIT BIEN AU RENDEZ-VOUS ET PROMET UNE SAISON DE HAUT VOL.

HONNEURS AUX CHAMPIONS Après avoir remporté le championnat 2016-2017, le GMT 94 ouvre la nouvelle saison avec une victoire au Bol d'Or.

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Niccolo Canepa en panne d'essence dans la pit-lane, à quelques dizaines de mètres seulement du box du GMT 94 : l'image est forte. Elle témoigne surtout de la dualité existante en Endurance, de ce savant mélange nécessaire pour gagner, composé d'une parfaite maîtrise technique et d'une once de réussite. Un tel incident à l'autre bout du circuit Paul Ricard aurait pu bouleverser la donne, comme ce fut le cas pour de nombreux autres teams. Dans cette course par élimination qu'a été cette 81e édition du Bol d'Or, le GMT 94 a tenu le choc. Davantage épargnée par les soucis techniques et les erreurs humaines que ses concurrents, et malgré une somptueuse résistance du SERT et de la Honda F.C.C TSR, l'équipe championne du monde en titre a pu se hisser en tête de l'épreuve aux instants cruciaux afin d'empocher les points intermédiaires des 8 heures puis des 16 heures de course. "La victoire semblait inaccessible à sept heures de l'arrivée", concède Niccolo Canepa. "Mais nous n'avons rien lâché et n'avons pas cessé de mettre la pression sur la n°5, jusqu'à les pousser à la faute", conclut David Checa. Finalement, Mike Di Meglio franchissait la ligne d'arrivée en tête avec neuf tours d'avance sur la WEPOL BMW Motorrad Penz13, auteur d'une course sans accrocs majeurs, si ce n'est un problème moteur en début de course. Après avoir passablement souffert au Bol d'Or l'an passé, l'équipe de Christophe Guyot ne pouvait espérer meilleur départ pour conserver son titre au terme de cette nouvelle saison 2017-2018.

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PAR MAXIME PONTREAU /// PHOTOS PSP SWIDEREK SYNTHÈSE

ENDURANCE

LE SERT AFFÛTE SON ARME

Si la victoire a échappé à Honda, les CBR n°5 et n°111 ont assuré une bonne partie du spectacle.

Étrennant enfin le nouveau modèle de Suzuki GSX-R, le SERT cristallisait quelque peu l'attention lors de ce Bol d'Or. Quatrième sur la grille de départ, la performance pure de cette nouvelle arme ne faisait aucun doute. Restait à juger de sa fiabilité lors d'une course de 24 heures, sa première. "Nous nous attendions évidemment à des problèmes de jeunesse, avoue Vincent Philippe, mais pas autant". Dans le coup les premières heures, la Suzuki officielle a ensuite enchaîné les pépins. Chaîne qui casse, capteurs et shifter ne fonctionnant plus, soucis avec le train avant aux ravitaillements... autant d'arrêts, de secondes et de tours qui ont éloigné les vice-champions du monde du podium. Septième à l'arrivée, devant le Tati Team Beaujolais Racing vainqueur de la catégorie Superstock, le SERT remplissait cependant son objectif principal : finir la course. "Nous ne sommes pas allés au bout sans difficultés, explique le team manager Dominique Hebrard, mais cette moto n'avait fait que les 8 heures de Suzuka avant et peu de tests. Notre base est saine et nous savons dorénavant que le moteur tient la durée. Il reste des éléments à fiabiliser, mais nous avons tout l'hiver pour nous préparer avant les 24 Heures Motos du Mans." Déjà coriace avec la génération précédente de GSX-R, le SERT promet d'être à nouveau redoutable grâce à cette nouvelle puissance de feu.

L'AMBITION HONDA Si la victoire a échappé au blason ailé, ce sont néanmoins ses machines qui ont assuré une bonne partie du spectacle. A l'instar du reste du plateau, la Honda n°5 n'a rien pu faire face au départ canon de la Kawasaki n°11. Le rythme de Randy de Puniet lors des 17 premiers tours de course, avant l'abandon du SRC à cause du bris d'un guide de soupape, étant juste imprenable. Elle ne s'est toutefois pas gênée pour imposer la cadence ensuite. Luttant en tête contre le SERT puis le GMT 94, le F.C.C TSR Honda France démontrait avoir les moyens de l'emporter. La structure, qui n'avait jamais mené une course de 24 heures auparavant, prouvait au passage que cette association inédite entre le team japonais et la filiale française du constructeur n'avait rien d'anodin. Le Japon veut remporter à nouveau l'EWC. Épargné par les ennuis techniques, le trio Freddy Foray, Josh Hook et Alan Techer dominait même toujours les débats en milieu de matinée avant qu'Alan Techer ne chute, reléguant finalement le team, déçu mais confiant pour la suite, en sixième position. Une seconde Honda se distinguait alors. La CBR1000RR n°111 du Honda Endurance Racing Team animait la fin de course. En proie à une électronique récalcitrante multipliant les retours au box dans les dernières heures, le team officiel ne perdait cependant pas l'espoir de monter sur le podium. Ce qui les menait à une lutte acharnée contre la BMW Voelpker NRT48 dans les ultimes boucles. Malgré un déficit de vitesse dans la longue ligne droite, et un pan de carénage mal La Honda n°111 fixé, Sébastien Gimbert complète le podium trouvait finalement après une belle lutte l'ouverture sur Lucy avec la BMW n°48. Glöckner au moment de doubler des attardés, à quelques encablures de l'arrivée seulement. Une belle récompense pour le Honda Endurance Racing Team après une saison compliquée passée à développer le dernier modèle de CBR.

CLASSEMENT CHAMPIONNAT EWC 2017-2018 POS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

TEAM

GMT94 YAMAHA WEPOL BMW Motorrad by penz13.com Honda Endurance Racing F.C.C. TSR Honda France Suzuki Endurance Racing Team Voelpker NRT48 Schubert-Motors EKO IVRacing BMW CSEU Tati Team Beaujolais Racing Team 33 Accessoires - Louit Moto Junior Team LMS Suzuki

MACHINE Yamaha BMW Honda Honda Suzuki BMW BMW Kawasaki Kawasaki Suzuki

NAT FRA GER GBR JPN FRA GER CZE FRA FRA FRA

FRA 60 43 42 37 33 32 29 21 16 11

FRA

GER

SVK

JPN TOTAL 60 43 42 37 33 32 29 21 16 11

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FSBK

SUPER

BIKE

CHAMPION 2017

kenny Foray

LA PLÉNITUDE EN ACTION faVorI EN DÉbUt DE saIsoN, ChaMPIoN aVaNt soN tErME, kENNY foraY a ÉtÉ IMPLaCabLE CEttE aNNÉE. VICtorIEUX À sEPt rEPrIsEs Et absENt D'UN sEUL PoDIUM, IL a CLaIrEMENt DoMINÉ soN sUJEt saNs PoUr aUtaNt s'EN MoNtrEr DIthYraMbIQUE. Moto, PNEUMatIQUEs, ÉQUIPE... LE PILotE bMW tECMas aVaIt toUt PoUr attEINDrE soN obJECtIf, NotaMMENt L'hoMME, kENNY foraY. 84

DÉCeMBre 2017-JanVier 2018

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Par Maxime Pontreau /// Photos Tommy Marin & PSP Jagielski

INTERVIEW

fsbk

K

enny, tu allonges une nouvelle fois ta liste de titres en devenant pour la première fois champion de France Superbike. Quel genre de consécration cela représente-t-il pour toi ? Le titre Superbike reste le plus convoité en France, c'est donc une fierté de l'avoir obtenu. Après, je sais que je ne suis pas champion du monde MotoGP. Mais, à mon niveau, j'en suis très content. Tu sais, je fonctionne beaucoup par objectif. Par exemple, mon premier titre en 2007, je tenais absolument à le gagner car, étant jeune et débutant quasiment la compétition en 4-temps, je voulais de la reconnaissance, être considéré comme un bon pilote. C'était un moteur. Et finalement, ce titre est dans la même veine, d'autant que nous nous étions fixés ce but dès le départ avec l'équipe. Nous nous sommes vraiment préparés à fond et cela me rend donc encore plus fier de l'avoir atteint. A quel moment de la saison t'es-tu dit : "c'est bon, le titre est pour moi" ? Dès le début ! Je n'avais que cette idée en tête. Par contre, je ne me suis jamais dit qu'il était à moi. Bon... sauf lors de la deuxième course à Carole où il ne me restait plus qu'un point à marquer. Je n'ai pas eu peur de dire dès le début de la saison que c'était mon objectif. Je vivais aussi très bien le fait d'être vu comme le favori. J'en étais content même. Je ne suis pas tout le temps à la recherche de considération, mais c'est important pour moi. Cela veut dire que les gens estiment que tu as fait du bon travail, que l'équipe a été forte. Comment est-ce que tu qualifierais cette saison ? Nous avons réalisé une saison parfaite. Sur le papier, tout s'est déroulé comme on le souhaitait. Il y a des saisons comme ça où tout fonctionne. C'est presque bizarre car je n'ai jamais eu l'impression de me mettre en danger. Je ne suis de toute façon pas quelqu'un qui va prendre des risques démesurés. Si je vois que la victoire n'est pas à ma portée, je ne vais pas aller absolument la chercher. Sauf que cette année, lorsque je n'étais pas bien, j'étais quand même mieux que les autres. Je me battais pour la victoire et cela me réussissait. Carole a été mon pire week-end de l'année. J'ai connu plein de problèmes aux essais et en course. Je ne pensais même pas gagner la première manche, et pourtant... Ce n'est pas manquer de respect à mes adversaires, c'est juste une situation qui t’arrive rarement dans ta carrière. Par contre, c'est génial.

Photo de famille sur la grille de départ à Carole, avant de décrocher le titre tant convoité.

Tu as roulé pour le GMT94 pendant de nombreuses années, en Endurance et en FSBK. Comment as-tu retrouvé tes marques lorsque ton contrat n'a pas été renouvelé il y a deux ans ? Cela a été dur dans un premier temps car ce n'était pas prévu. J'ai des points faibles, comme tout le monde, et lorsqu'il y a des choses que je ne comprends pas, cela peut me faire de la peine. Là, pendant six mois, je ne comprenais pas cette décision. Cela te vexe, tu doutes de ton niveau et puis il y a la crainte de l'inconnu. Le fait de ne pas savoir où tu vas aller. Je n'en ai fait le deuil qu'aux 24 Heures du Mans 2016, grâce aux résultats (pole position et premières heures de course aux avant-postes avec la BMW Penz13, ndlr). Je suis arrivé chez BMW Tecmas ensuite et tout s'est fait naturellement. Ce sont des jeunes. J'ai retrouvé une équipe géniale et je n'ai pas eu de mal à m'adapter. C'était très encourageant. Il existe de la rancune après de telles expériences ? Je ne suis pas très rancunier donc je passe vite à autre chose, notamment si... je ne me sens pas trahi. S'il y a des explications, c'est

Fin 2016, Kenny Foray a fait un choix de pneu différent de la concurrence... et ça a payé !

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Si c'est un gentil - parfois trop de son propre aveu - côté paddock, Kenny Foray ne fait pas de cadeaux en piste !

C'était une saison parfaite, presque bizarre... Même lorsque je n'étais pas bien, j'étais quand même mieux que les autres. bon. J'en ai toujours eu dans ma carrière et cela m'a aidé à grandir, à voir les choses différemment. C'est aussi plus simple quand la suite se passe bien. Tu te dis que ce n'est finalement pas si grave. Je considère cela comme de l'expérience désormais. J'aurais toujours un pincement au cœur en y repensant, pour des raisons personnelles. Il y aura toujours de la déception, surtout que je savais que la moto et le team allaient être très forts. C'était dommage d'arrêter au moment où la moto était top. Ils ont une équipe remarquable aujourd'hui et j'aurais aimé en faire partie. Après, il ne faut pas oublier que nous sommes dans le sport de haut niveau et que l'on prend rarement des pincettes pour t'expliquer les choses. Cela arrive à tous les sportifs. Est-ce que cela t'a permis de t'émanciper, de te remettre en question ? Oui, au fil des ans, je m'étais inconsciemment satisfait de la place de deuxième pilote. Même si je faisais parfois le boulot d'un premier. Selon moi, il n'y a pas de place précise pour un pilote en Endurance. Suivant ta forme du jour, tes performances, tu fais le boulot du premier, du deuxième ou du troisième pilote. Cela change tout le temps. Mais là, tel que cela se déroulait, je me suis beaucoup trop reposé sur mes lauriers. Après, vu comment le team était organisé, c'était comme ça. Les choses ne pouvaient pas changer. Le coup, c'est que personne n'est irremplaçable et que tu 86

ne peux pas lutter contre un team manager qui veut du sang neuf dans son équipe. Et finalement, en se mettant à sa place, tu comprends. Ce n'était pas le cas avant car j'estimais en plus avoir fait ma meilleure saison chez eux en six ans. Je comprends aujourd'hui car j'étais dans mon fauteuil. Être dans une équipe où tu tiens le rôle de leader a donc été bénéfique ? Complètement. Je me suis rendu compte avec le temps, et surtout avec mon arrivée chez Tecmas, que j'avais parfois besoin d'être le centre d'intérêt. En Endurance, tu dois t'adapter à une moto pensée pour trois. C'est un peu égocentrique, mais savoir que les gens sont là pour toi et qu'ils vont te préparer une moto pour gagner... je pense que j'en avais besoin l'année dernière pour passer un cap. J'avais besoin de cette confiance. Le fait que tout repose sur moi m'a également mis une pression qui m'a aidé à me dépasser. Du coup, tous ces changements l'année dernière m'ont aidé. Après, je ne suis pas Marquez ! J'ai une bonne moto et de bons pneus. Tu te dis un peu vulnérable. Comment est-ce que l'on vit avec cela quand on est pilote ? J'ai de l'expérience, donc, lorsque je suis concentré sur mon truc, il n'y aura aucun problème. Rien ne peut m'atteindre sur la moto. C'est l’extérieur qui est plus difficile pour moi. Je vais être sensible à certains comportements. J'ai des principes de vie en fait. Nous sommes des humains et le respect est pour moi la chose la plus importante. J'ai été élevé comme ça. Si j'ai des choses à dire ou à faire, c'est clair et net. Certains vont dire que je suis c... de parler de cela mais j'ai toujours été comme ça, c'est mon tempérament. En revanche, je ne suis plus le même dès que la course est lancée. Je m'en étonne moi-même. Tu arrives à avoir deux visages, deux tempéraments, avec ou sans le casque ? Oui, je suis un psychopathe ! (rires). Non mais c'est vrai que c'est quelque chose de spécial et même compliqué à gérer. Je suis quelqu'un de gentil, parfois trop et cela m'a même été reproché. Je n'ai pas honte de pleurer, mais cela ne veut pas dire pour autant que je suis un tendre sur la moto. Piloter est mon défouloir. C'est mon milieu et j'ai l'impression de le contrôler. Je ne vais

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interVieW

fsbk

avec son frère jumeau freddy, kenny s'est hissé au plus haut niveau, que ce soit en fsbk ou en Endurance.

et avoir des pilotes comme eux, qui roulent devant en Coupe d'europe Superstock 1000, tire aussi l'ensemble vers le haut. C'est bien qu'ils viennent.

pas prendre de risques démesurés mais quand je veux doubler, je double. a Pau, par exemple, je passais là où personne ne s'y attendait et je ne faisais pas de cadeaux. a Carole, à l'inverse, j'ai tout fait pour ne pas être dépassé. Bon, parfois, après coup, je me dis quand même que c'était chaud... (rires). tu étais le seul pilote Pirelli à utiliser un pneu arrière légèrement plus haut que la concurrence, un 200/65 au lieu d'un 200/60. Pourquoi ce choix technique ? nous avons été la seule équipe à accepter de travailler avec cette monte lorsque Pirelli l'a proposée à tous les teams fin 2016. la différence est infime et nous disposons des mêmes gommes que les autres, mais nous y avons vu un gain de longévité. Je ne suis pas un pilote qui débute très fort en course et ce pneu me permettait d'être plus à l'aise en fin d'épreuve. C'est ce qui nous a motivés. Même si j'étais davantage en difficulté en début de course par rapport aux autres Pirelli, je préfère perdre deux dixièmes par tour au début et en gagner cinq par tour dans les dernières boucles.

Est-ce que cela t'a donné envie de faire un essai au niveau supérieur ? Je suis trop vieux pour le Superstock, mais j'aurais vraiment aimé aller en Superbike. il faudrait toutefois avoir la bonne moto dans un premier temps. après, je connais le niveau de ces championnats. Ce n'est pas parce que je suis champion de France que je peux faire des coups d'éclat. Je suis conscient que je peux me prendre une claque. tu sais, je n'ai pas honte aujourd'hui d'être un pilote d'endurance et de FSBk. J'en suis même très fier. l'endurance est la spécialité française comme le Superbike l'est pour les anglais. l'eWC va de mieux en mieux, mais tu te rends compte que les Français sont toujours les plus rapides. Certes, c'est moins prestigieux que le MotogP, mais nous avons de la chance d'avoir cette discipline. toi qui aime fonctionner par objectif, quel est le prochain sur ta liste ? Je veux gagner une course d'endurance de 24 heures. Je vais principalement travailler dans cette direction désormais. après, vu ce que le championnat de France m'a apporté, je referai une année avec plaisir. ■

hormis lors de la course 2 de Carole, où tu assures le titre, les seuls pilotes à t'avoir battu sont des wild cards du stk 1000 (Jérémy Guarnoni et florian Marino). Qu'est-ce qui te manquait ? en début d'année, c'était le rythme. Je pense que Jérémy s'était beaucoup entraîné durant l'hiver et il est arrivé avec une mise en action immédiate, que je n'avais tout simplement pas. il était plus à l'aise, avait retrouvé ses réflexes. il était plus fort que moi. Je me suis rapproché dans l'année et je suis fier d'avoir fini devant eux avec David (Perret, ndlr) à Magny-Cours. Cela montre que notre championnat national n'est pas mauvais. Ce n'est pas le meilleur d'europe, mais nous prouvons que nous pouvons nous défendre. au sein de la jeune équipe tecmas, kenny foray a trouvé un parfait équilibre.

KENNY FORAY né le 02/08/1984 À Sèvres (92) (France)

78 ÂGe 33 ans taille 1m70 poids 66 kg

2017 ................ Champion de France Superbike................. BMW tecmas 2016 ................ Vice-champion de France Superbike...... BMW tecmas 2015 ................ Champion de France Superbike Stock ............... gMt94 2014 ................ Champion du monde d'endurance ........................ gMt94 2013 ................ Vice-champion du monde d'endurance ............. gMt94 2010-2012 ... Championnat du monde d'endurance ............gMt94 2009 ................ Champion de Pologne Supersport...................... triumph 2008 ................ Vainqueur Superstock 24H du Mans et Bol d'or lMS Suzuki Junior team

kenny salué par son ancien coéquipier du GMt et champion sortant, David Checa. Une belle image.

2007 ................ Champion de France Supersport ........................ triumph 2002 ................ débuts en compétition

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SYNTHÈSE Par Maxime Pontreau /// Photos PSP Jagielski ALBI

FRANCE SUPERBIKE

Fortunes diverses

Gratifiante pour certains, écourtée pour d'autres, la fin de saison du Superbike français s'est montrée particulièrement inégale. Abandons et consécrations ont en effet émaillé le week-end albigeois. Kenny Foray, David Perret, Mathieu Gines, David Checa et les pilotes du LMS peuvent en témoigner... David Perret (#18) et

Mathieu Gines (#41) terminent fort leur campagne 2017.

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Le champion 2016 n'a pas été en mesure de conserver son titre.

Finir sur une bonne note "Nous avons connu pas mal de petits problèmes de mise au point, mais nous n'avons jamais lâché l'affaire. Et entre ma blessure de l'année dernière et l'adaptation à la Kawasaki, cela faisait beaucoup de paramètres. J'ai eu du mal à me mettre dedans." A l'heure de tirer le bilan de la saison, Mathieu Gines se montre évidemment déçu. Lui qui était revenu en championnat de France pour jouer le titre n'a pu mener son plan comme il l'entendait. Le podium lui résistait même avant Albi. Troisième puis deuxième lors du dernier rendez-vous de l'année, le pilote Kawasaki se réjouissait donc de terminer sur une bonne note. Un sentiment partagé par David Checa, qui complétait le podium de la deuxième épreuve. Septième le matin après avoir été pénalisé, le champion de France 2016, qui n'a pas été réellement en mesure de défendre son titre cette année après avoir changé d'équipe, profitait de cette conclusion pour entériner quelques choix techniques tout en rendant hommage. "Je voulais absolument faire ce podium pour la dernière course de Thierry Espié qui prend sa retraite", lâchait ensuite l'Espagnol. Une affirmation ne faisant aucun doute vu la lutte qu'il venait de livrer à Axel Maurin pour finir dans le top 3. Le Suzuki Junior Team LMS et ses David pilotes Étienne Masson, Checa rend Baptiste Guittet et hommage à Thierry Robin Camus n'étaient Espié. en revanche pas à la fête dans le Tarn. En proie à des problèmes d'électronique tout le week-end, ils préféraient même ne pas prendre le départ de la dernière course par mesure de sécurité.

En l'absence de Kenny Foray, David Perret (ci-dessus) et Jérémy Guarnoni (portrait) se sont partagés les victoires.

L'affranchissement Bien que présent sur le podium de toutes les courses qu'il a terminées cette saison, David Perret conservait néanmoins une légère sensation d'inachevé avant d'arriver à Albi. Ayant fait sienne la place de dauphin à sept reprises et complété le podium deux fois, il lui restait encore à gravir la plus haute marche, synonyme de victoire. Si l'absence de Kenny Foray, blessé à la main droite après une chute le vendredi, jouait en sa faveur, la présence de Jérémy Guarnoni n'allait à l'inverse pas lui faciliter la tâche. Le pilote wild card du team Tech Solutions se montrait même intouchable lors de la première manche et David Perret devait lutter avec Morgan Berchet et Mathieu Gines pour le gain de la deuxième position. L'histoire était en revanche toute autre l'après-midi. Parti de la pole position, il imposait son rythme tandis que Jérémy Guarnoni abandonnait à cause d'un souci de frein. "J'ai réussi à économiser mes pneus lors des six premiers tours. J'ai temporisé, puis, en fin de course, j'ai pu me caler sur mon chrono et être régulier, expliquait le pilote Yamaha finalement affranchi de cette deuxième position. C'est super de gagner, enfin. L'équipe a fait un boulot exceptionnel, je n'avais plus qu'à attaquer et il me tenait vraiment à cœur de gagner la dernière course. Dommage que Kenny n'ait pas pu rouler. Cela gâche un peu la fin de saison car nous aurions pu nous livrer une belle bataille."

Classement Superbike Pos 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

Pilotes

Marque / Catégorie

MAN

NOG

LED

PAU

MAG

CAR

ALB

TOTAL

Kenny FORAY David PERRET David CHECA Axel MAURIN Mathieu GINES Etienne MASSON Jérémy GUARNONI Morgan BERCHET Gabriel PONS David MUSCAT

78

BMW / SBK

20/00

16/26

26/26

26/26

14/27

25/17

00/00

249

18

Yamaha / SBK

00/00

20/20

16/21

21/16

00/20

20/21

20/27

222

94

Yamaha / SBK

00/00

13/16

21/00

16/20

20/09

11/11

09/16

162

89

Yamaha / SBK

13/00

00/11

10/13

11/13

01/07

18/25

10/13

145

41

Kawasaki / SBK

10/00

00/13

11/11

13/01

11/10

13/00

16/20

129

155

Suzuki / SBK

08/00

10/10

13/16

10/11

08/05

10/13

00/00

114

22 63

Kawasaki / SBK Kawasaki / CHA

27/01 00/00

27/01 11/08

00/00 04/05

00/00 08/09

10/16 00/11

00/00 09/10

27/00 13/00

109 88

17

Kawasaki / CHA

07/00

09/07

03/03

05/04

04/04

08/00

03/09

66

3

Ducati / SBK

09/00

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SUPERSPORT Invité surprise, Valentin Debise (#35) a complètement dominé la finale à Albi.

TRIPLE PODIUM L'objectif était clair et limpide pour Clément Stoll à l'aube de la dernière manche du championnat. Cinquième du classement provisoire à huit points du troisième, le pilote alsacien comptait bien refaire son retard pour s'offrir un podium final et finir en beauté cette première saison en Supersport. Il se mettait d'ailleurs dans de bonnes dispositions en plaçant sa Triumph en deuxième position sur les grilles de départ. "Ce matin, je me suis calé sur le rythme de Valentin [Debise] pour creuser l'écart avant de gérer mon avance sur le troisième dans les derniers tours, explique le meilleur rookie de la catégorie. J'ai adopté la même stratégie en deuxième course. J'aurais pu essayer d'attaquer Cédric [Tangre ], mais c'était inutile. Je voulais assurer ma place au championnat." La dernière marche du podium était en effet suffisante pour l'auteur du meilleur tour de la deuxième course face à ses principaux rivaux au classement : Guillaume Antiga (5e/4e) et Stéphane Frossard (6e/5e). Vainqueur du Trophée Pirelli en 2016, troisième du Supersport cette saison, Clément Stoll voit maintenant l'avenir d'une seule manière, "en essayant de gagner le titre l'année prochaine avec Triumph et toute l'équipe."

BIENVENUE À LA MAISON Venu participer à la finale d'Albi pour remercier de fidèles sponsors locaux, Valentin Debise n'aurait pu mieux s'atteler à la tâche. En s'octroyant les séances d'essais libres, les deux pole positions, un meilleur tour en course et les deux victoires, le pilote Suzuki, sévissant normalement en Supersport MotoAmerica et troisième du classement général, a totalement dominé le week-end. Valentin Debise imposant son rythme dès l'extinction des feux rouges lors des deux manches, aucun autre pilote du plateau n'était même en mesure de lui disputer la première marche du podium, du moins sans prendre de risques bien trop importants dans le contexte d'une finale de championnat. "Le but était de me faire plaisir, ainsi qu'à mes proches, en roulant chez moi et c'est plutôt réussi", s'est réjouit le pilote albigeois avant d'analyser sa compétitivité. "La moto était complètement stock, mais les pneus Michelin ont très bien fonctionné. J'ai également un nouveau coach depuis deux ans qui m'a permis de progresser sur mon pilotage, tout comme la complexité des tracés américains m'a forcé à m'améliorer. Il n'empêche que j'ai vu certains pilotes avec un très bon niveau ici, notamment Clément Stoll qui m'a surpris. La relève est assurée à mon avis." Louis Bulle termine vice-champion de France.

FINALE AVORTÉE

Avec vingt-cinq points de retard sur Cédric Tangre en arrivant à Albi, Louis Bulle n'avait guère de solutions pour espérer coiffer la couronne de champion de France Supersport. Il lui fallait récolter les meilleurs résultats possibles tout en comptant sur une faute ou une infortune du leader du classement. Retardant l'échéance en le devançant d'une position le dimanche matin, le pilote Yamaha (3e) pouvait encore voir la tendance s'inverser lors de la deuxième course de la journée. Ceci malgré un Cédric Tangre particulièrement prudent au guidon de sa Suzuki. La mécanique en décidait toutefois autrement et, avant même l'ultime départ, empêchait le challenger de jouer ses dernières cartes, la rampe d'injection de la Yamaha R6 n°30 venant de céder lors du tour de chauffe. Dès lors, Cédric Tangre était assuré de remporter un second titre en Supersport après la consécration de 2015. Il se gardait toutefois d'aller chasser Valentin Debise et terminait la saison sur une deuxième position.

CLASSEMENT SUPERSPORT POS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

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PILOTES

MARQUE / CAT MAN

Cédric TANGRE Louis BULLE Clément STOLL Guillaume ANTIGA Stéphane FROSSARD Maximilien BAU Hugo CASADESUS Sébastien FRAGA Felix PERON Guillaume FRECHET

2

Suzuki / Evo

10/00 25/26 11/16 16/16 26/25 25/26 13/20

NOG

LED

PAU

MAG

CAR

ALB

TOTAL 255

30

Yamaha / Evo

20/01 20/20 21/26 00/20 20/21 21/07 16/00

213

58

Triumph / Evo

16/00 08/11 13/14 26/14 14/13 09/20 20/17

195

26

Yamaha / Evo

11/00 16/16 10/20 21/25 11/11 11/13 11/13

189

42 108

Yamaha / Evo Yamaha / Evo

27/00 14/13 25/00 13/12 16/17 13/16 10/11 06/00 07/09 05/08 10/07 08/09 17/12 01/06

187 105

20

Honda / Evo

05/00 11/10 00/07 09/09 09/10 00/08 06/00

84

80

Yamaha / Evo

04/00 09/01 07/00 11/10 05/07 00/03 07/08

72

23

Yamaha / Evo

03/00 11/00 09/00 07/08 10/08 00/00 08/07

71

71

Yamaha / Evo

08/00 04/00 03/00 05/02 07/05 08/09 05/05

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LE MANS 18◆19◆20 MAI Le billet « 3 jours Enceinte générale » tout compris : ◆ Parking contrôlé moto, consigne casque ◆ Accès à de nombreuses tribunes gratuites ◆ Accès aux gradins naturels autour du circuit ◆ Accès parking - aires d’accueil (auto ou moto)

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GRAND PRIX DE FRANCE


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cédric tanGre

SUPER SPORT CHAMPION 2017

rÉsoLuMent cédric tanGre s'est offert avec maÎtrise son deuXième titre de champion de france supersport. malGré une campaGne entamée dans la douleur, le pilote suZuki n'a cessé de croire en ses chances. fort d'un nouvel état d'esprit adopté depuis maintenant trois ans, il a finalement accompli la saison la plus prolifiQue de sa carrière.

édric, en s'intéressant à tes statistiques, on remarque que tu as gagné ta première course en championnat de france il y a seulement deux ans, l'année de ton premier sacre en supersport. tu comptes six victoires cette année. tu y as pris goût ou as-tu eu un déclic ? (rires) oui, c'est vrai, j'y ai pris goût. en fait, j'ai toujours eu tendance à me sous-estimer, notamment quand je roulais en Superbike. en 2008-2009, par exemple, je me battais dans le top 4 mais sans jamais gagner. j'assurais mes places sur le podium à cette époque et, finalement, je m'en contentais. Suite à la saison 2014, j'ai modifié mon approche et me suis préparé avec pour seul objectif de gagner. je n'y suis pas parvenu immédiatement puisque j'ai dû attendre la première manche de carole en fin de saison, mais cette victoire m'a véritablement débloqué.

tu as gagné ton deuxième titre supersport au terme d'une saison diamétralement opposée à celle de ton premier sacre. cette année, tu as constamment été aux avant-postes et finalement géré ton avance. est-ce que l'un des deux est plus savoureux ? oui, carrément. l'émotion vécue avec le titre en 2015 était incroyable. d'une part, c'était le premier, puis il s'est joué pour quelques millièmes à l'arrivée de la dernière course. nous sommes allés le chercher du fond de nos tripes... j'ai encore des frissons en en parlant. celui-ci a une autre saveur car il s'est joué sur le long terme. c'est l'expérience qui paie. j'ai progressé l'année dernière en mondial Supersport mais j'ai aussi acquis un très bon feeling avec la Suzuki. elle est au point et je connais ses réactions. malgré une grosse blessure cet hiver, j'ai donc pu rouler suffisamment vite pour gagner des courses, sans prendre de risques.

Qu'as-tu changé dans ta préparation ce fameux hiver ? Physiquement, rien ! le déclic, c'est d'y croire. avant, je m’entraînais sans véritablement penser que je pouvais gagner. je débutais des saisons en me disant qu'une troisième place serait un bon résultat. la psychologie est très importante en compétition. il existe des méthodes pour s'auto-persuader de certaines choses, pour se mettre en confiance. j'en ai expérimenté. elles n'ont pas porté leurs fruits immédiatement, mais cela m'a aidé. là, dans ma tête, j'étais sûr de pouvoir le faire. lorsque l'on n'a pas, naturellement, un moral de gagnant, il faut le travailler. depuis, j'aborde les saisons en voulant remporter le titre.

Justement, tu as commencé cette saison en étant blessé à une jambe. il y a deux ans, tu as souffert d'une névralgie durant le championnat. il te faut être diminué pour remporter le titre ? (rires) il y a certainement un lien, oui ! il y a deux ans, la période de ma névralgie a été très difficile, l'une des plus délicates que j'ai eu à gérer. lorsque tu as mal à la tête pendant quatre mois, au point d'avoir des difficultés à parler, la vie est très compliquée. Par contre, quand tu arrives à dépasser la maladie... c'est déjà une première victoire et cela te conditionne pour te battre. j'ai vaincu cette douleur et cela m'a débloqué. de la même façon, lorsque je me suis fracturé la jambe cet hiver (tibia-péroné, ndlr), cinq

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par maxime PonTreau /// photos TommY marin & PSP jagielSki

semaines avant le début de la saison, le chirurgien m'a dit qu'il était hors de question que je remonte sur la moto à temps. Pourtant, cela ne faisait aucun doute pour moi. je devais y être. et en fait, tu en baves tellement physiquement, notamment lors de la première course au mans, qu'une fois le problème dépassé, cela te donne une force supplémentaire pour gagner des courses. comment as-tu vécu cette lutte pour le titre avec louis bulle finalement très serrée jusqu'à carole ? cela a-t-il été une guerre des nerfs ? il y a eu beaucoup de stress car il a été redoutable. Hormis à Pau où il fait une petite erreur, il a réalisé de très bons résultats alors que j'étais diminué. au point de s'être assuré une belle avance au championnat. de mon côté, je n'ai pas voulu me mettre en danger sur certains circuits. je préférais conserver ma jambe intacte. je savais que j'allais être en mesure de gagner des courses. Pour autant, je n'étais pas sûr de finir devant louis car il se bat toujours jusqu'au bout. il ne lâche rien. il me mettait tout le temps la pression, notamment à magny-cours, même si je remporte les deux manches. Puis la tendance s'est inversée après la première course de carole. j'étais plus rapide que lui et venais à la fois de gagner et de reprendre la tête du championnat. S'il me laissait la deuxième victoire, cela me mettait en position favorable pour albi. je l'ai entendu dire sur la grille qu'il avait peur de faire une erreur. cela a été déterminant à mon avis. Tu vois, lorsque l'on parle de conditionnement psychologique... il n'avait pas totalement confiance et finalement il chute en course. je n'oublie pas non plus qu'il a parfois été un peu handicapé par sa machine qui n'était pas totalement au point. ce qui n'était pas mon cas avec la gSx-r 600. tout compte fait, est-ce que tu considères le supersport comme ta catégorie de prédilection ? complètement, même si je me suis réellement fait plaisir pen-

CÉDriC tanGre Né le 23/07/1983 À bois Fleuri (77) (France)

inTervieW

fsbk

dant huit ans en Superbike, jusqu'à l'apparition de l'anti-patinage. après, ce n'était plus le cas. avec l'électronique sur les motos, la compétition est quasiment devenue une course d'ingénieurs. aujourd'hui, même si tu es un très bon pilote, tu ne peux pas gagner si tu n'as pas la bonne map dans ton boîtier. c'est impossible ! Tu passes finalement tes essais à essayer de régler l'électronique plutôt qu'à te concentrer sur ton pilotage. je suis redescendu en 600cc pour m'affranchir de cela et retrouver le plaisir de piloter avec la poignée de gaz. c'est juste génial. voilà maintenant 18 ans que tu cours en compétition moto. les victoires, les titres, la reconnaissance... cela ne vient-il pas un peu tard ? (rires) c'est vrai. c'est dommage car j'aurais pu percer avant. il y a une dizaine d'années, je finis quatrième en Superbike à une époque où il y avait gimbert, da costa, nigon... soit que des pilotes officiels. mais je ne sais pas... Tu sais, la moto c'est aussi une question de timing et d'opportunités. avec les frères Foray, nous avons fait de bons résultats à la même période. je pense que nous avions le même niveau à l'époque, mais eux ont su accrocher des guidons officiels et les conserver. ils ont pu évoluer grâce aux personnes et au matériel auxquels ils avaient accès. obtenir un tel guidon, c'est aussi profiter d'une reconnaissance qui te permet de grandir. en fin de compte, j'ai dû attendre plus longtemps pour acquérir, de manière différente, la confiance nécessaire pour gagner. Quel est ton objectif désormais ? défendre cette couronne ? mon rêve est de participer au grand Prix de France, mais il faut faire du moto2 pour cela. l'idée serait donc de rouler en moto2 espagnol et d'essayer d'obtenir une wild card. le problème est que je n'ai pas le budget pour m'acheter une kalex, ou autre. j'essaye donc de trouver des solutions auprès de structures que je pourrais intéresser pour faire du développement. Sinon, je défendrai mon titre en championnat de France avec plaisir. ■

2 Âge 34 ans taille 1m79 PoiDs 77 kg

2017 ...... champion de France Supersport ...................... Yohann moto Sport 2016 ...... vice-champion de France Supersport ............ Yohann moto Sport 2015 ...... champion de France Supersport ...................... Yohann moto Sport 2014 ...... 4e du championnat de France Supersport ... Yohann moto Sport 2013 ...... 9e du championnat de France Supersport ... Yohann moto Sport 2012 ...... 9e du championnat de France Superbike........................ kawasaki 2011 ...... 17e du championnat de France Superbike ..................... kawasaki 2010 ...... 9e du championnat de France Superbike............................. Suzuki 2009 ...... 4e du championnat de France Superbike............................. Suzuki

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FSBK

SYNTHESE Le champion 2016 Clément Rougé (#45) est venu faire une pige réussie à Albi.

EN BREF EUROPEAN BIKES FRÈRES D'ARMES

Si le titre ne pouvait échapper à l'un des frères Brunet-Lugardon, il restait encore à définir lequel. Un rien séparant Florian de Cyril, tant sur la piste qu'au classement, l'affrontement s'annonçait épique. Et il le fut lors de la première manche, jusqu'à ce que la chaîne de la S1000RR de l’aîné ne se brise et laisse la victoire à Florian. Vainqueur de la Coupe de France European Bike 2017, Florian BrunetLugardon s'affirmait le lendemain en remportant son dixième succès en treize courses. Son frère Cyril et Julien Brun complètent le podium final du championnat.

OBJECTIF GRAND PRIX

INGRATE MÉCANIQUE ! Seuls sept petits points séparaient les deux prétendants au titre, Joris Ingiulla et Hugo Chapon, avant l'entame du week-end final à Albi. Autant dire rien. Auteurs de saisons aux déroulés bien distincts, le premier dominait le classement quand le second montait en puissance tout au long de l'année. Les deux jeunes hommes jouaient donc leur va-tout dans le Tarn. Et si la dynamique de cette fin de championnat s'avérait être en faveur d'Hugo Chapon, son rival ne comptait pas s'y résigner. Un dépassement des plus incisifs sur son principal concurrent dans les premières secondes de la première course illustrait d'ailleurs parfaitement l'appétit de Joris Ingiulla. Par contre, c'est malheureusement la mécanique de sa Beon Factory qui ne suivait pas ses aspirations et qui, lors des deux courses, lui interdisait de boucler le moindre tour. Ingiulla incapable de défendre sa place de leader du championnat, Hugo Chapon s'assurait d'obtenir le titre de champion de France Pré-Moto3 avec panache. Plutôt qu'assurer de gros points le dimanche matin, il allait chercher la victoire face à Clément Rougé, titré en 2016 et venu en tant que wild card. L'après-midi, celui qui effectuait sa première année de compétition en moto (cf. Billet ci-contre) réfrénait quelque peu ses ardeurs, conscient de l'enjeu, et terminait sur la dernière marche du podium derrière un Clément Trahi par sa mécanique, Rougé intouchable. Deuxième, Ingiulla n'a pu défendre Charles Aubrie réalisait son ses chances de titre. meilleur résultat de l'année, s’affranchissant enfin du troisième rang qu'il a occupé à dix reprises cette saison. Il préservait ainsi sa place sur le podium final, tandis que Line Viellard connaissait une finale éprouvante avec deux sixième places.

CLASSEMENT OGP POS 1 2 3 4 5

94

PILOTES

MOTO

Hugo CHAPON Joris INGIULLA Charles AUBRIE Line VIELLARD Guillaume JUCHA

MIR 250 PR3

TOTAL 251

Beonfactory

216

Over Yamaha

204

NSF / Yamaha

157

Moriwaki MD

138

HONDA CBR 500R CUP PLACES D'HONNEUR

Le titre ayant déjà été conquis par Antoine Chapeau, la dernière épreuve de la Coupe Honda ne promettait donc guère de surprises. Le récent champion et son dauphin Bryan Castan se sont imposés à tour de rôle et terminaient respectivement troisième et deuxième lors de l'autre manche. En revanche, le podium a vu de nouveaux visages avec Dimitri Gonneaud, 3e le samedi, et Thomas Furlan, 2e le dimanche. Valentin Le Galloudec n'a quant à lui pas réussi à protéger sa troisième place au classement général face à William Wallart.

SIDE-CAR ET DE QUATRE

Bien que quasiment assuré d'obtenir une quatrième couronne consécutive lors de cet ultime rendez-vous, l'équipage du side car n°1 composé de Sébastien Delannoy et Kevin Rousseau a néanmoins transformé l'essai en remportant la première course du week-end. Il s'agit même du septième titre de suite dans la catégorie pour Sébastien Delannoy. Les champions de France ont ensuite été devancés par le duo Leglise/Olliger dans la seconde manche. En terminant à deux reprises sur la dernière marche du podium, l'équipe Moreau/ Gadet s'est adjugée la deuxième place du classement général. Ce sont Rémy Guignard et Frédérique Poux qui s'imposent en F2.

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BILLET

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HUGO CHAPON

SURPRENANT ! FSBK PRÉ

MOTO3 CHAMPION 2017

FANTASQUE ET DOUÉ SELON THIERRY CAPELA, LE PROMOTEUR D'OBJECTIF GRAND PRIX, HUGO CHAPON A DÉTONNÉ CETTE ANNÉE EN PRÉ-MOTO3. AYANT TOUT À DÉCOUVRIR POUR SA PREMIÈRE CAMPAGNE EN COMPÉTITION MOTO, LE JEUNE HOMME DE 17 ANS A NÉANMOINS RAPIDEMENT ATTEINT LA VITESSE NÉCESSAIRE POUR JOUER LA GAGNE. FORT DE TROIS VICTOIRES ET DE HUIT PODIUMS, IL A PARACHEVÉ SA SAISON DE LA MEILLEURE DES MANIÈRES À ALBI. LA PAROLE EST AU NOUVEAU CHAMPION DE FRANCE OGP PRÉ-MOTO3.

est incroyable. C'est réellement beaucoup d'émotions que de gagner le titre de champion de France dès ma première saison. Je n'imaginais absolument pas passer une année comme celle-là. D'autant que le début a été très dur pour moi avec la chute d'Adrien [Protat] au Mans. Après son décès, je me suis battu pour gagner le titre pour lui. Je n'avais jamais fait de compétition moto auparavant. Je me limitais à de la 50cc dans la rue. C'est le moniteur de l'auto-école de mon père qui l'a incité à m'inscrire à un stage sur circuit, disant que j'avais du talent. C'est comme ça que j'ai réalisé mes premiers tours sur le tracé du Pôle Mécanique d'Alès. Et j'avoue que les premières sensations lorsque j'ai roulé sur une machine de course étaient juste énormes. En fin de compte, j'ai pris le départ de ma première course lors de la finale d'Albi 2016 où nous avions loué une Sherco. C'est donc le seul circuit du calendrier que je connaissais. Il m'a fallu tout apprendre cette année, mais je suis devenu de plus en plus performant chaque week-end. Et je dois cette évolution à l'équipe qui m'entourait. Ces personnes m'ont réellement aidé à aller de l'avant. Finalement, ce n'est pas moi qui ai obtenu le titre, c'est tout le monde. Je n'en serais pas là sinon. Mon coach [Frédéric Protat] m'a donné une tonne de conseils, à la fois sur la moto, sur moi, en course comme à l’entraînement. Plein de petits trucs

C'

qui, avec l'accumulation, se sont transformés en quelque chose de gros et d'efficace. Mon point fort reste la vitesse en entrée de virage. Je freine plus tôt que les autres mais je rentre avec beaucoup plus d'élan. On me l'a répété plusieurs fois, tout comme on n'a pas arrêté de me dire de lâcher les freins... Et c'est vraiment une chose que je dois me mettre en tête pour m'améliorer. Je dois freiner plus tard. Malgré le retard de sept points sur Joris [Ingiulla], j'étais confiant au début du week-end. Dans tous les cas, la deuxième place du championnat m'était assuré, ce qui aurait été une bonne chose pour une première année. L'idée était tout de même d'aller chercher la place de numéro 1. La présence de Clément [Rougé] ne m'a pas vraiment stressé. Je devais dans tous les cas finir devant Joris pour tenter de gagner le titre. Lorsque j'ai vu au deuxième tour de la première course qu'il avait cassé, j'ai voulu absolument gagner la course devant Clément, même si mon équipe me panneautait d'être cool, d'assurer. La bagarre a été belle entre nous. En revanche, je suis resté plus calme en seconde manche après l'arrêt de Joris. Je ne sais pas encore ce que je vais faire l'année prochaine, peut-être rester ici pour défendre mon titre. J'aime bien ce championnat. Nous sommes un bon groupe de jeunes qui finalement nous entendons tous très bien. L'ambiance dans le paddock est sympa entre nous." ■

Hugo Chapon remporte le titre pour sa toute première saison en compétition. Chapeau !

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REGARD

CHRONIQUE C'EST

JAKUTO

QUI LE DIT...

ANCIEN PILOTE, EX-PADDOCK MANAGER, COMMENTATEUR INTÉRIMAIRE ET CONSULTANT TECHNIQUE CHEZ ELF, JACQUES HUTTEAU APPORTE DANS CHAQUE NUMÉRO SON REGARD DÉCALÉ ET PLEIN D'HUMANITÉ SUR NOTRE SPORT FAVORI.

S S ! PA À L R A P

I

l n’est pas bien grand, c’est vrai, mais sa taille ne correspond pas à sa vraie valeur. On l’a connu en carton, tout bête, suspendu à un morceau de ficelle que l’on prenait soin de bien nouer pour ne pas risquer de le perdre. On l’a vu plus grand et gênant, toujours accroché à son cordon, portant les couleurs des partenaires locaux. On l’a au poignet pour certaines courses, en bracelet plastique bien serré pour éviter de le prêter. On a connu des tampons, pour dérouter par la même occasion les filous. Et puis, au fur à mesure des copies sauvages, des faux qui proliféraient en se vendant à la sauvette et de tous ceux qui réussissaient malgré tout à tricher, le voilà devenu de plus en plus sophistiqué. Plein d’hologrammes, il oblige à passer au scan à chaque entrée et sortie. Bip d’abord et bip encore à chaque fois : ça me fait toujours penser au poinçonneur des Lilas ! Mais plus question de faire entrer le copain ou la copine resté(e) dehors. Cette fois, c’est du sérieux et les services de sécurité sont de plus en plus nombreux aux portiques ou même dans l’enceinte du paddock à vérifier. On a eu un peu de mal à s’habituer et, encore aujourd’hui, tous ces contrôles ont tendance à agacer. Mais que dire des années passées où tout un chacun pouvait circuler dans le parc coureur et garer sa voiture en profitant d’un laissezpasser trop facile à obtenir pour les amis des organisateurs ? Ceux qui ont connu les paddocks de cette époque ne peuvent pas les regretter. Je parle en tous cas de ceux qui étaient là pour travailler. Que de difficultés pour se placer et installer tentes et camionnettes et que de problèmes pour en sortir faute de place pour circuler. Je vous assure avoir dû quelquefois soulever la moto pour me diriger vers la grille de départ : pas facile avec une machine de presque 80 kilos ! 96

Les parcs, à ce moment-là, étaient un véritable foutoir sans aucune organisation et le premier arrivé était toujours le mieux placé. Gare aux retardataires qui devaient se bagarrer pour récupérer quelques mètres carrés ! Bien sûr, les passionnés étaient heureux de pouvoir se balader tranquillement sans plus de difficultés et nous étions ravis d’échanger quand certains curieux s’intéressaient à la technique et nous inondaient de questions. Trop de problèmes ont malheureusement conduit à cette nouvelle organisation. Tous ceux – et ils sont nombreux – qui se sont fait dérober du matériel sous leur tente ou dans leur box, voire même dans le fourgon juste à côté, en avaient vraiment assez de ce bazar totalement anarchique. Oh, bien sûr, les meilleurs, les plus acharnés, ceux qui rêvaient des heures devant ces motos d’exception, ceux-là ont été terriblement déçus de se voir refouler. Mais c’est comme un essaim d’abeilles. On va toutes les écraser alors que combien nous ont réellement piqués ? Maintenant affublés de ces fameux pass électroniques avec photo (pas toujours d’actualité), nous voilà rassurés. Dès notre arrivée, pas de souci, la porte va s’ouvrir et, croyez-moi, je sais combien c’est un immense avantage de pouvoir en profiter. Suivant sa couleur, nous allons pouvoir accéder à tel endroit ou devoir choisir une autre voie, mais au moins on peut entrer. En plus des fameux pass permanents réservés au personnel des équipes, du simple aide cuisinier au plus riche sponsor, plusieurs spécimens sont distribués en nombre (très) limité à tous les teams. Ceux-là sont réservés aux invités différents suivant les circuits : famille, partenaires et clients ou même simples amis. Tous n’ont pas conscience de la vraie valeur de ce petit morceau de plastique surmonté d’un entourage métallique et d’un cordon

spécifique à chaque circuit comme le dessin représentant les anciens grands champions. Un vrai spécimen que les collectionneurs s’arrachent. Mais auparavant, il va d’abord servir à accueillir ceux qui ont la chance d’en obtenir un. Nous sommes tous sollicités par des amis, des connaissances, ou d’autres personnes recommandées qui aimeraient tellement pénétrer dans ce lieu enchanteur. Comment résister quand on voit les sourires ravis de ceux qui ont pu en profiter et rencontrer les pilotes qu’ils admirent ou apercevoir les motos qui les font rêver ? Petits ou grands, tous ont les mêmes mines émerveillées et ce plaisir-là est irremplaçable. Il y en a un qui m’avouait l’autre fois que si les enfants ont les parcs d’attraction bien connus pour les amuser, les grands ont le paddock pour les combler. De tout âge, les privilégiés repartent avec des étoiles dans les yeux et n’oublieront jamais ce moment d’exception. Je repense à cette soirée où des amis éberlués de tout ce qu’ils avaient pu voir repartaient vers la sortie alors que surgissait un multiple champion du monde acceptant une photo avec eux en criant : "Vive la France" ! Croyez-moi, tous ceux-là vont en parler encore longtemps. Mais attention surtout à ne pas succomber aux avances de certains vendeurs de rue qui proposent très chers des pass parfois volés. Cette année encore, de malheureux passionnés se sont retrouvés face aux policiers en essayant de prouver leur naïveté, mais délestés de plusieurs centaines d’euros. Ces joyaux sont en nombre très limité et il n'est pas facile d’en profiter C’est pourquoi, même si je vous ai fait rêver, par pitié ne m’en demandez pas : il en faudrait tellement pour tous vous contenter !

A bientôt sur les circuits !

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Pour homme, femme et enfant Couleur : blanc ou gris chiné + logo vert, rouge, orange ou bleu

Pour homme, femme et enfant Couleur : blanc ou gris chiné + logo rouge ou gris

NOUVEAU

Sweat 45 €

T-shirt 25 €

Modèle ‘Go Race or Go Home’ Modèle ‘Kerb’ Pour homme, femme, enfant Couleur : noir Logo : couleur unique T-SHIRT

Modèle

Reliure

Pour homme uniquement Couleur : gris chiné + logo rouge ou gris

Couleur t-shirt Logo

Reliure 17 € Ranger, archiver et protéger Jusqu’à 9 magazines

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Prix

❏ Number 1

❏ Blanc ❏ Gris chiné

❏ Rouge ❏ Vert ❏ Bleu ❏ Orange

❏ Kerb

❏ Blanc ❏ Gris chiné

❏ Rouge ❏ Gris

25 €

❏ Go Race

❏ Noir

Couleur unique

25 €

SWEAT

Modèle

Couleur sweat

Logo

Homme

Kerb

Gris chiné

❏ Rouge ❏ Gris

❏ Homme ❏ Femme ❏ Enfant

Taille Quantité

RELIURE MAGAZINES PLANCHE STICKERS : 1,50 € de frais de port si commande seule FRAIS DE PORT : 1 tee-shirt seul = 5 € (Europe 10 €) / Sinon = 8 € (Europe 15 €)

BOUTIQUE-SB109-OKD.indd 97

Prix

Prix 17 € 6€

Planche de stickers Format A4 14 autocollants

COMMANDE À RETOURNER À : SPORT-BIKES / BOUTIQUE 253 AVENUE D’AIX 13610 LE PUY SAINTE RÉPARADE Nom ............................................................................................ Prénom...................................................................................... Adresse.....................................................................................

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16/11/2017 18:58


OFFRE D’ABONNEMENT

SPÉCIALE NOËL 1

45

1 AN D’ABONNEMENT (6 numéros) + LE NOUVEAU T-SHIRT SPORT-BIKES

“GO RACE OR GO HOME”

2

Au lieu de 63 €

2 ANS D’ABONNEMENT (12 numéros) + LE NOUVEAU T-SHIRT SPORT-BIKES

70

“GO RACE OR GO HOME”

Au lieu de 96 €

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* Pour le cadeau d'abonnement sans t-shirt, la carte sera envoyée par email uniquement.

❱❱ Prix pour un abonnement d'un an : 28 € (au lieu de 33 € pour l'achat de 6 numéros en kiosque). Le réabonnement sera ensuite au prix de 25 €, soit 8 € d'économie par an.

❱❱ Prix pour un abonnement de deux ans : 50 € (au lieu de 66 € pour l'achat de 12 numéros en kiosque), soit 16 € d'économie. ❱❱ Prix public TTC du T-shirt : 25 € + 5 € de frais de port. ❱❱ Soit une économie de 18 € pour l'offre 1 et une économie de 26 € pour l'offre 2 !

À RETOURNER À : SPORT-BIKES - Offre de Noël - 253 avenue d'Aix - 13610 Le Puy Sainte-Réparade ATTENTION ❱❱ Pour recevoir le T-shirt et la carte pour Noël, renvoyez-nous votre bulletin avant le 15 décembre. ❱❱ Pour gagner du temps, vous pouvez également nous le renvoyer complété et scanné par email à : redac@sport-bikes-mag.fr accompagné de votre preuve de virement bancaire.

JE CHOISIS MON ABONNEMENT : L'abonnement débutera avec le numéro 110 (sortie le 26/01/18)

JE CHOISIS MON T-SHIRT :

❑ Abonnement 1 an (6 n°) seul : 28 € ❑ Abonnement 1 an (6 n°) + T-shirt : 45 € ❑ Homme ❑ Femme ❑ Enfant Taille (ou âge pour les enfants) : ......... ❑ Abonnement 2 ans (12 n°) seul : 50 € ❑ Abonnement 2 ans (12 n°) + T-shirt : 70 € ❑ Cet abonnement seul est un cadeau. Merci d'envoyer la carte à cette adresse email : ...............................................................................

LES MODES DE RÈGLEMENT : ❑ Par chèque, à l’ordre de DDS Presse. ❑ Par virement bancaire à EURL DDS : IBAN : FR76 1009 6181 6300 0559 9930 178 / BIC : CMCIFRPP

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Attention : Offre SB109 limitée à la France Code postal ................................................................... Ville ...................................................................................................................................................................................................................................................................................... métropolitaine et jusqu'au 25/12/2017.

Pour joindre notre service abonnement : Tél. 05 34 56 35 60 (10h-12h / 14h-17h) ou email : sportbikes@abomarque.fr

ABONNEMENT-SB109-OKD.indd 98

16/11/2017 19:08


*NOUS VENDONS LES PNEUS AVEC LESQUELS NOUS COURONS, NOUS COURONS AVEC LES PNEUS QUE NOUS VENDONS

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* L’essence du pilotage, ** Sous tension, Photos Nico Schneider

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