CHRISTIAN TEUNISSEN (XIOR) PRÉSENTE SA FABULEUSE CAVE À VIN AU CHÂTEAU DE VIGNÉE
Archets d’exception
60 GRAMMES DE VIRTUOSITÉ MUSICALE ET D’ARTISANAT RAFFINÉ
Concorso d’Eleganza
DES OLDTIMERS DÉFILENT À LA VILLA D’ESTE
Découvrez un investissement à votre goût.
Composé pour vous avec les meilleurs ingrédients.
Un portefeuille regroupant la crème de la crème des investissements mondiaux, sélectionnés en toute indépendance pour vous avec la même passion et la même expertise que celles d’un grand chef. ing.be/privatebanking
«Dans un monde en pleine turbulence, investir dans un archet de violon d’exception pourrait ainsi être une excellente idée de diversification de votre portefeuille.»
Katrien Verstraete Coordinatrice Wealth
LA MUSICALITÉ DU CRIN DE CHEVAL
Tout sourire, Camille Thomas a brandi son archet, à peine la dernière note du concerto n°1 de Camille Saint-Saëns, qu’elle a joué récemment dans une salle de concert aux Pays-Bas, sortie de son violoncelle. L’artiste franco-belge voit dans l’archet que lui a prêté la Fondation Roi Baudouin une véritable «bague e magique».
On la comprend. Le nom de son fabricant, Sartory, vous est peut-être inconnu, tout comme ceux de Tourte et Persoit. Mais, à entendre les grands musiciens et mélomanes, ils mériteraient tout autant leur place au Panthéon des maîtres-artisans d’instruments à cordes que les célèbres luthiers Stradivari, Amati ou Guarneri del Gesù.
«C’est en effet l’archet qui confère le véritable caractère au son et assure la juste musicalité», souligne Pierre Guillaume de la Maison Bernard à Bruxelles, un véritable sanctuaire pour les amateurs de violon.
Cet artisan, ami de célébrités comme le violoncelliste Mischa Maisky qui «possède 300 archets!» nous explique avec passion la fabrication d’un archet. Il doit idéalement peser 60 grammes, être taillé dans le bois adéquat et courbé avec soin. Les crins proviennent de préférence d’étalons – vous découvrirez pourquoi dans notre interview – et il faut entre 100 et 120 crins pour fabriquer un seul archet.
Ces dernières années, les prix des archets de haute qualité ont souvent dépassé les 250.000 dollars. Dans un monde en pleine turbulence, investir dans un archet de violon d’exception pourrait ainsi être une excellente idée de diversification de votre portefeuille. Mais si vous cherchez simplement à vous consoler au vu de la dépréciation de vos ETF, écoutez donc les albums Camille Thomas. Une apaisante expérience personnelle, que je vous recommande.
SOMMAIRE
CHRISTIAN TEUNISSEN
Comment le CEO de Xior a créé un lieu exceptionnel pour 16.000 bouteilles de vin
P. 4
ASSURER LE LUXE
Du squelette de dinosaure à des pantoufles uniques, tout peut-il être assuré?
P. 14
ARCHETS
D’EXCEPTION
L’archet idéal prend vie dans un atelier bruxellois P. 20
CARRARE
Une visite dans le cœur de marbre de la Toscane P. 28
CONCORSO
D’ELEGANZA
Un événement exclusif de voitures anciennes, avec des Belges passionnés P. 34
COURSE À LA VOILE
Onze femmes belges se préparent pour la Rolex Fastnet Race P. 42
IMMOBILIER EXOTIQUE
Les nouvelles destinations de rêve pour les investisseurs immobiliers P. 48
«Wealth» est une publication de Mediafin. Supplément de L’Echo du 12 avril 2025. Coordination: Muriel Michel, Katrien Verstraete, Rédaction finale: Thomas Wallemacq. Lay-out: Ilse Janssens, Photo: Tim Ricour, Couver ture: Franck Socha, Rédacteur en chef: Paul Gérard, Directrice de rédaction: Isabel Albers, Éditeur responsable: Peter Quaghebeur, avenue du Por t 86c, boîte 309, 1000 Bruxelles.
COMMENT CHRISTIAN TEUNISSEN (CEO DE XIOR STUDENT HOUSING) A CONSTRUIT LA PLUS GR ANDE CAVE À VIN D’UN RESTAURANT EN BELGIQUE
D’UNE VIEILLE COUR
INTÉRIEURE À
UNE FABULEUSE CAVE À VIN
Christian Teunissen, sans aucune expérience préalable dans le secteur de l’horeca, a vu son rêve et sa passion l’emporter.
Vous vous off rez un château au cœur des forêts ardennaises, tout en sachant que la cave de ce e majestueuse demeure historique ne pourra pas abriter votre collection de vins. Vous avez alors l’idée de creuser la cour intérieure pour y construire une cave à vin design et spacieuse (vous avez plus de 10.000 divines bouteilles à conserver), puis de replacer les pavés par-dessus. Et le tour est joué. Ce projet audacieux est l’œuvre de Christian Teunissen, CEO de Xior Student Housing, spécialiste international de la location de logements étudiants.
AUTEUR: STÉPHANE GODFROID
PHOTOS: VALENTIN BIANCHI / HANS LUCAS
Le Château de Vignée, situé à Rochefort, est aujourd’hui un véritable écrin de charme bucolique. Autrefois, il abritait une grande ferme carrée où trônait, en son centre, un tas de fumier. À la fin des années 1980, le château fut transformé en hôtel deux étoiles avant d’être à nouveau profondément transformé, quelques décennies plus tard, par Christian Teunissen. Je me trouve ainsi en ce jour aux côtés du CEO de Xior dans la cave à vin phénoménale du château, entouré de flacons exclusifs et souvent très coûteux, pour discuter de sa passion et de ses «coups de foudre». La lumière naturelle pénètre dans la cave par un immense dôme en verre, situé au centre de la cour inté-
rieure. Les bouteilles sont soigneusement rangées sur des étagères design noir mat formant une grande structure circulaire autour de nous, dans une lumière tamisée et à température idéale.
«Tout cela est arrivé un peu par hasard. Dans ma jeunesse, on ne buvait pas vraiment de vin à la maison, à part un apéritif ou un verre à table. La famille de ma mère dirigeait une entreprise de construction, mon père était médecin. Je n’ai pas de souvenirs d’enfance de bonnes bouteilles que l’on ouvrait lors d’occasions spéciales ou de cave à vin chez nous», raconte Christian Teunissen. «J’ai découvert le vin au fil de rencontres avec d’autres entrepreneurs. On se retrouve parfois autour d’un bon verre, et c’est ainsi que mon intérêt a grandi.»
«Mais d’abord, laissez-moi vous parler de cet endroit. Ma femme, mon beaufrère, ma belle-sœur et moi venons au Château de Vignée depuis 2001. La première fois, c’était à Noël. Mon beau-frère
connaissait déjà la région. À l’époque, le château était un petit hôtel avec quelques chambres, un restaurant et un bar. Nous y retournions chaque année. Les enfants ont grandi, et nous avons commencé à inviter des amis. Nous aimions tellement l’endroit que j’ai fini par caresser l’idée d’acheter le château. Et c’est ce qui s’est passé: en 2016, l’affaire était conclue. Tout nous a irait ici: le charme de ce lieu historique dans les Ardennes, qui avait déjà été le témoin de plusieurs merveilleux moments de notre histoire familiale.»
Coup de foudre
Le château avait cependant besoin plus que d’un simple rafraîchissement. Mais les rénovations en profondeur qui l’a endaient n’ont pas rebuté Christian Teunissen, lui le très occupé «bailleur de kots de la Bourse de Bruxelles». «Je n’avais aucune expérience dans l’hôtellerie. Mais mon rêve et ma détermination m’ont donné la force nécessaire. Je voulais relever le standing de l’hôtel et y proposer une restauration raffinée dans une nouvelle salle à manger, prolongée d’un salon cosy pour le pousse-café. La cave à vin en surface, que nous utilisons encore aujourd’hui, avait une capacité de plus de 2.000 bouteilles.»
Une audacieuse cave à vin souterraine
Tel était le plan originel. «Nous n’avions nullement envisagé d’équiper l’établissement d’une cave à vin souterraine. Jusqu’à ce que mon ami, le chef Wout Bru, me
«Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais chez moi, je ne bois presque pas de vin.
Pour moi, il doit accompagner un événement social.»
Christian
Teunissen, Propriétaire du Château de Vignée et CEO de Xior
propose de racheter la superbe collection de vins de son restaurant à Eygalières, dans le sud de la France. Sans hésiter, j’ai acquis ces 3.000 bouteilles. C’est ainsi qu’a débuté mon aventure viticole.»
Mais un problème pratique s’est rapidement posé: la cave en surface était bien trop petite pour accueillir la collection de Wout Bru. «Il fallait pourtant garder ces précieuses bouteilles à portée de main. J’ai fait appel à mon architecte qui m’a concocté, en quelques semaines, un plan à la fois ingénieux et audacieux. Comme nous avions déjà prévu de réaménager la cour intérieure aux pavés irréguliers, l’idée lui est venue de la creuser entièrement pour y construire une cave à vin souterraine et refaire le pavement par-dessus.»
La nouvelle cave, accessible de l’extérieur et via l’hôtel, a une capacité d’environ 16.000 bouteilles. La collection se renouvelle sans cesse et compte aujourd’hui entre 12.000 et 14.000 bouteilles. «Nous ne sommes pas près d’arriver à la capacité maximale puisqu’il faut sans cesse reconstituer le stock.»
La rénovation, minutieusement orchestrée par les designers anversois WeWantMore, a duré plus de deux ans. Entre-temps, Christian Teunissen est devenu l’heureux acquéreur d’une autre collection de vins.
Les bouteilles bénéficient d’une température de conservation idéale et sont sublimées par une lumière tamisée qui met en valeur la richesse de leur robe.
BELGIQUE AARSCHOT Beets Patteet ANVERS Chark BRUXELLES Bosmans Slaapcomfort Center COURTRAI De Nachtwacht EDEGEM Bedtime ESSEN Bedtime HASSELT Reyskens Slaapcomfort HEERS 2-Sleep Luxury Bedding HEIST-OP-DEN-BERG Bosmans Slaapcomfort Center HOESELT Crommen Slaapcomfort IZEGEM Top Interieur KNOKKE Chark LINKEBEEK Univers du Sommeil MASSENHOVEN Top Interieur OVERIJSE Univers du Sommeil RHODE-SAINT-GENESE Sleeping House SAINT-DENISWESTREM Twaalf Twaalf SAINT-NICOLAS Middernacht TERNAT Univers du Sommeil LUXEMBOURG HEIDERSCHEID Fiisschen Concept STRASSEN Maison du Lit
Après celle du restaurant étoilé de Wout Bru, il a racheté la cave du restaurant trois étoiles De Leest à Vaassen, fermé en 2019, ajoutant environ 2.000 bouteilles à sa cave. Christian Teunissen, désormais passionné par les grands crus, n’a eu de cesse, ensuite, de chercher à l’enrichir de nouveaux domaines prestigieux.
Jusqu’à ce que le covid freine ses ardeurs «N’oublions pas que, à peine ouverts, nous avons dû fermer à cause du covid. Une tuile après de lourds investissements... Mais notre redémarrage a d’emblée rencontré le succès. Notre chef Marius Bosmans a rapidement décroché une étoile Michelin. Au même moment, notre nouvelle directrice générale, Élodie François, a pris ses fonctions.»
Aujourd’hui, Christian Teunissen nage dans le bonheur: «Nous avons dû surmonter quelques obstacles, mais finalement, tout s’est parfaitement imbriqué.» C’est alors que la passion du vin a pris une autre dimension
UNE
CAISSE DE LIBER
PATER? LE VIN LE PLUS CHER DU MONDE
Non, le célébrissime vin de Bourgogne Romanée-Conti n’est pas, ou plus, le plus cher du monde. Cet honneur revient désormais à Liber Pater, un divin flacon bordelais encore méconnu du grand public, qui se vend au prix d’environ 36.000 euros la bouteille. Le vignoble est situé à Landiras, près de Bordeaux.
Liber Pater est l’œuvre de Loïc Pasquet, qui s’est donné pour mission de redécouvrir les saveurs originales du Bordeaux du XIXe siècle. Cela nous fait remonter à 1855, lorsque la classification historique de Bordeaux a été établie, un classement encore en vigueur aujourd’hui.
Les cépages plantés par Pasquet sont, pour la plupart, inconnus: outre le cabernet sauvignon, le merlot et le petit verdot, on trouve le castets, le mancin, le pardo e, la petite vidure, le tarnay, le Saint-Macaire et le carmenère. Les ceps, qui ne sont pas greffés sur des porte-greffes résistants, sont plantés très densément, environ 20.000 pieds par hectare.
«Dans son restaurant Le Grand Verre à Durbuy, Marc Coucke m’a invité, ainsi que plusieurs entrepreneurs, à rencontrer le vigneron. Nous avons pu déguster une série de ses cuvées. Mémo-ra-ble...»
Une caisse très rare de Liber Pater est ainsi logée quelque part dans la cave du Château de Vignée.
La lumière extérieure pénètre dans la cave à travers un immense dôme en verre, qui se trouve au centre de la cour intérieure.
Transmettre un patrimoine familial sur plusieurs générations: l’importance de la planification et de la transparence
Personne ne souhaite que des moments de convivialité familiale se transforment en discussions sur l’argent ou la gestion de l’entreprise familiale. Pourtant, l’absence d’accords clairs et de planifcation patrimoniale peut précisément mener à de telles tensions. Une charte familiale et une planifcation patrimoniale ne sont donc pas un luxe, mais une nécessité.
SAVE THE DATE
Family Capital Tomorrow
Entourez d’ores et déjà la date du 9 septembre 2025 dans votre agenda. C’est celle de la première édition de Family Capital Tomorrow, l’événement organisé par L’Echo et De Tijd pour les entreprises familiales, les family ofces et leur réseau. Avec ABN AMRO Private Banking parmi ses fers partenaires.
Construire une entreprise et un patrimoine tout au long de sa vie pour ensuite en abandonner une partie représente un déf des plus complexes. Il ne s’agit pas seulement d’argent, mais aussi de ferté et d’idéaux liés à ce patrimoine. Problème: de nombreux entrepreneurs reportent (souvent trop) longtemps cette planifcation. “C’est l’un des plus grands pièges”, prévient Dieter Verbeek, Executive Director Wealth Management Flanders chez ABN AMRO Private Banking. “Agir de façon anticipée évite les mauvaises surprises et les confits familiaux.”
La planifcation patrimoniale n’est pas un exercice ponctuel, mais un processus continu. “Elle évolue avec l’entreprise, la famille, le patrimoine et la législation. Une structure qui est parfaite aujourd’hui peut être dépassée dans trois ans. Beaucoup d’entrepreneurs tentent de gérer eux-mêmes leur planifcation patrimoniale et la transmission de leur entreprise, mais ce n’est pas toujours la meilleure chose à faire. Les entrepreneurs font appel à des experts pour leur société: la planifcation patrimoniale mérite elle aussi cette approche spécialisée.”
POUR UNE VUE D’ENSEMBLE CLAIRE
La première étape consiste à cartographier toutes les dimensions pertinentes: le patrimoine, les éventuels accords écrits, la structure familiale, les objectifs et les risques potentiels. “Parfois, les parents craignent que leurs enfants perdent leur motivation au travail s’ils savent quel patrimoine les attend”, note Marleen Celen, Director Private Wealth Management chez ABN AMRO Private Banking. “Le maintien du patrimoine familial et la continuité de l’entreprise sont généralement au centre de la réfexion. Que se passe-t-il si un enfant divorce? Si aucun des enfants ne souhaite rejoindre l’entreprise familiale? Si tous désirent le même rôle dans l’entreprise? Ces défs nécessitent du temps et des solutions sur mesure. Les structures juridiques peuvent
CONNECT offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accè s au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Excluant la responsabilité de la rédaction de L’Echo.
aider à conserver le contrôle, tandis qu’une communication transparente, par le biais d’une charte familiale par exemple, crée de la clarté.”
LA PROCHAINE GÉNÉRATION
Une implication précoce de la prochaine génération évite les surprises. “Les familles attachent de l’importance à l’indépendance fnancière, mais aussi à ce que le patrimoine et l’entreprise familiale perdurent pour les générations futures”, reprend Marleen Celen.
“C’est pourquoi ABN AMRO Private Banking a créé une académie en collaboration avec la Solvay Business School of Economics and Management. Nous soutenons ainsi les enfants dans leur rôle au sein du patrimoine familial.”
“Notre propre rôle a lui aussi évolué, passant d’un accompagnement purement fnancier à un conseil stratégique et familial”, conclut Dieter Verbeek. “Nous aidons les entrepreneurs et les familles à dresser un tableau complet de leur situation, et nous les entourons d’experts pour façonner leur vision d’avenir de manière réféchie, tant sur le plan privé que pour l’entreprise ellemême.”
LIENS FAMILIAUX ET PARTENARIAT ENTREPRENEURIAL
Transmettre une entreprise familiale ne se résume pas à une opération fnancière: c’est avant tout une question de vision partagée et de dialogue. Stéphanie Feys, CEO de Zuidnatie, raconte comment elle forme un tandem solide avec son père.
chez lui. «Avec mon copain Wout Bru et d’autres amis, nous parlons sans cesse de vins exceptionnels, dégustons et échangeons nos impressions.»
Des soirées de dégustation de grands vins sont régulièrement organisées au château, accompagnées de temps à autre d’un dîner sept services élaboré par le chef Bosmans. «Ce soir, nous organisons avec l’importateur La Buena Vida une soirée autour des vins primeurs de Vega Sicilia, l’une de mes maisons préférées. Un domaine ancien et unique, fort d’un savoir-faire basé sur la tradition.»
«Un autre vin que je chéris est le Castillo Ygay de Marqués de Murrieta à Rioja. Leur Ygay Gran Reserva Especial 2010 a été élu meilleur vin du monde par Wine Spectator.»
Construire une cave phénoménale est une chose, maintenir la collection à niveau en est une autre. «Nous achetons nos vins primeurs via divers bons contacts. Nous voulons établir des relations fiables. Je suis particulièrement vigilant face aux contrefaçons de grands crus», indique Teunissen.
«Je veille a entivement sur les allocations dont nous disposons», avance-t-il fièrement. «Pour un amateur de vin lambda, il est souvent difficile d’accéder à certains domaines, comme Le Pin. Ou encore aux cuvées de prestige de Coche-Dury en Bourgogne, Château Pétrus, Domaine de la Romanée-Conti, Château Lafite Rothschild, Opus One... pour n’en citer que quelques-uns. Nous avons la chance de pouvoir en acheter un peu chaque année, et je tiens à ce que cela continue. Parce que, pour un acheteur occasionnel, il est presque impossible d’y accéder. Je pense aussi aux perles comme la cuvée Hommage à Jacques Perrin de Beaucastel ou le Domaine de Trévallon. Un autre coup de cœur est les vieux millésimes du Domaine de la Grange des Pères. Ils sont si rares que je les ai temporairement retirés de la vente, car on se les arrache. C’est peut-être surprenant, mais c’est Wout Bru qui m’a révélé le potentiel de ces domaines, avec son brillant sommelier Gianluca Di Taranto.»
16.000
La nouvelle cave à vin peut accueillir pas moins de 16.000 bouteilles.
Nous en venons ainsi logiquement à cette question: Christian Teunissen possède-t-il lui aussi une cave privée bien fournie? «Vous aurez peut-être du mal à le croire, mais chez moi, je ne bois presque pas de vin. Pour moi, il doit accompagner un événement social. Quand des amis viennent, nous débouchons une bonne bouteille. Mais je consacre toute
Christian Teunissen souhaite établir des relations fiables avec les domaines viticoles de prestige. «Pour un amateur de vin lambda est souvent di fficile d’accéder à certains domaine, comme Le Pin ou Château Pétrus.»
mon a ention à la cave de ce château.» Quand Christian Teunissen se rend au restaurant, en Belgique ou à l’étranger, c’est la carte des vins qu’il examine en premier. «Je regarde s’ils ont mes vins préférés. Mais je suis aussi très a entif aux vins absents de la carte. Cela m’intrigue. Par exemple, le vin blanc de Castillo Ygay. Ils ne l’ont produit qu’une seule fois. Le millésime était 1986 et il a été mis en bouteille en 2014. Ce sont des bouteilles très coûteuses, mais ô combien uniques et spectaculaires.»
Un rapide coup d’œil dans l’encyclopédie du vin révèle que le Castillo Ygay Blanco Gran Reserva Especial est considéré par les critiques comme l’un des plus beaux vins blancs au monde, et sans doute le meilleur jamais produit en Espagne. Il est composé principalement de viura (97%) et un peu de malvasia (3%), provenant d’un vignoble planté en 1945, situé à 485 mètres d’altitude dans la Rioja Alta. Le vin a été élevé pendant 252 mois dans des barriques de chêne américain de 225 litres et 67 mois dans des cuves en béton. Sur le marché, ce e bouteille dépasse largement les 1.000 euros. La date de la prochaine sortie reste inconnue.
Mais Christian Teunissen a une tactique particulière au restaurant. «Cela peut sembler étrange, mais quand je suis à table avec des amis ou des collègues hommes d’affaires, je confie la carte des vins à quelqu’un d’autre. Pour le plaisir de découvrir de nouvelles choses. J’ai parfois tendance à choisir ce que je connais déjà. Pour moi, un vin inconnu est aussi un excellent sujet de conversation.»
À ma grande surprise, la cave du Château de Vignée contient de nombreuses références belges, y compris en vins mousseux. «Nous avons même reçu un prix pour
«Nous avons dû
surmonter quelques obstacles, mais finalement tout s’est parfaitement imbriqué.»
Christian Teunissen, Propriétaire du Château de Vignée et CEO de Xior
cela. Notre ancien sommelier Victor Derks, à présent chef de salle chez Nuance, y a beaucoup contribué. Nous investissons vraiment dans la qualité.»
«Cela dit en passant, plaisante Christian Teunissen, ce n’est pas un hasard si l’actionnaire de référence de Xior s’appelle Aloxe, une référence à la prestigieuse région viticole de Bourgogne Aloxe-Corton. Lors du premier deal conclu pour notre introduction en bourse, nous avons débouché une bouteille d’Aloxe-Corton.»
Projets à venir
Le nom du domaine Château de Vignée évoque les vignes. Christian Teunissen rêve-t-il d’en planter autour du domaine?
«J’y ai déjà pensé», admet-il. «Mais je crains que ce soit une affaire particulièrement complexe, à laisser aux spécialistes. Cela m’intéresserait, mais je n’ai pas le temps. Je respecte énormément ceux qui le font et préfère savourer leurs résultats...» (rire)
«Ce dont je rêve vraiment, c’est de faire de notre château un ensemble harmonieux et prospère. Avec notre chef Marius Bosmans, nous avons déjà a eint un niveau élevé, mais qui sait, cela pourrait encore s’améliorer... Croisons les doigts. Avec Gault&Millau, nous avons obtenu un 16/20.»
Un autre projet qui tient à cœur à Christian Teunissen est de redonner vie à Désiré de Lille, une marque qu’il relance actuellement. «C’est une autre expérience de pure convivialité gustative, mais autour des gaufres et des crêpes. L’ambiance des fêtes foraines d’autrefois, au tout début du siècle dernier, mérite un nouvel élan. Notre magasin phare devrait ouvrir à Anvers autour des vacances de Pâques.» ■
CHÂTEAU DE VIGNÉE ET RESTAURANT ARDEN
Le Château de Vignée, un hôtel 5 étoiles, se présente comme une ferme-château du XVIIe siècle, dont les origines remontent au XIIIe siècle. Durant la Seconde Guerre mondiale, ce domaine servait d’hôpital de campagne. En 2001, Christian Teunissen découvrit cet endroit enchanteur lors d’un séjour familial à Noël.
Teunissen est le CEO de Xior, une entreprise cotée en bourse, spécialisée dans la location de chambres étudiantes dans 42 villes à travers huit pays européens. Il figure à la 176e place des Belges les plus riches, avec une fortune dépassant légèrement les 150 millions d’euros.
En 2016, il acquiert l’hôtel-restaurant et entreprend une rénovation en profondeur. Son ouverture coïncide malheureusement avec la crise du covid. «Sans Teunissen, nous n’aurions probablement pas survécu à ce e crise», confie un initié.
Aujourd’hui, l’hôtel-boutique compte 25 chambres, avec une suite nichée sous les combles. Le restaurant
gastronomique Arden est dirigé par le chef Marius Bosmans, qui a officié auparavant chez Hertog Jan, Boury et Nuance. Bosmans privilégie les produits locaux et de saison: «Je sers le meilleur que la nature m’offre». Arden dispose également d’un vaste potager. En 2024, Michelin a décerné à Arden sa première étoile. Gault&Millau a a ribué une note de 16/20 à ce talent culinaire et l’a nommé Jeune chef wallon de l’année 2023.
La nouvelle cave à vin peut accueillir environ 16.000 bouteilles, avec des prix allant de 40 à 10.000 euros le flacon. Alexis Danse, sommelier, est conseillé par Noël Monard pour gérer ces trésors viticoles.
Château de Vignée Restaurant Arden, Rue de Montainpré 27-29 à Rochefort. www.chateaudevignee.be/fr
Le Private Equity avec une touche vintage : une vision pour l’avenir
La popularité des investissements en Private Equity s’est accrue ces dernières années. Pendant longtemps, ils ont été l’apanage des grands acteurs : fonds de pension, assureurs et autres investisseurs institutionnels. Toutefois, les temps changent. Les investisseurs privés peuvent également explorer ce monde exclusif en bénéfici nt d’un accompagnement adéquat.
Par le biais d’une approche dite Vintage, Degroof Peterc m offre ujourd’hui l’ ccès idé l : une structure solide et une str tégie diversifiée qui rendent le Private Equity accessible. En se concentrant sur le secteur du buy-out et en travaillant avec des gérants de fonds soigneusement sélectionnés, les experts de Degroof Petercam ont pour objectif d’ ider les investisseurs à pl cer leur c pit l de m nière réfléchie. M is qu’est-ce qui rend cette approche unique ? Et comment les investisseurs peuvent-ils naviguer entre les opportunités et les défis du Priv te Equity ?
Nous en discutons avec Bert D’Huyvetter, Head of Private Assets, et Jean-François Becu, Head of Private Equity chez Degroof Petercam. Une conversation sur l’art d’investir avec du bon sens et une vision claire de l’avenir.
Bert D’Huyvetter Head of Private Assets chez Degroof Petercam
Jean-Francois Becu Head of Private Equity chez Degroof Petercam
Qu’est-ce qui rend l’approche Vintage de Degroof Petercam unique au sein du Private Equity ?
Bert D’Huyvetter : Un fonds Vintage offre aux investisseurs chaque année un accès à un portefeuille largement diversifé de fonds de Private Equity et donc à des centaines d’entreprises sous-jacentes par le biais d’un seul investissement. C’est un premier pas important dans la diversifcation des risques.
Jean-François Becu : Grâce à cette approche, nous construisons un portefeuille solide, en ne travaillant qu’avec des gérants de Private Equity soigneusement sélectionnés. La sélection d’équipes qui parviennent chacune à générer des performances élevées et régulières à travers le temps et présentent des approches complémentaires est cruciale. Cette stratégie nous permet d’offrir à nos clients un portefeuille d’investissement stable et diversifé.
Qu’est-ce que l’approche Vintage offre aux investisseurs particuliers ?
B. D’H. : L’un des principaux avantages de l’approche Vintage est la grande diversité des gérants, des régions, des secteurs et de la taille des entreprises sous-jacentes du portefeuille. Cela permet d’atténuer les risques et d’optimiser les rendements. En outre, grâce à cette approche, les investisseurs particuliers ont accès à des fonds qui ne sont normalement accessibles qu’aux grands acteurs institutionnels.
J.-F. B. : Il est important de comprendre, cependant, que même dans le cadre de l’approche Vintage, le Private Equity reste un investissement à long terme. La nature illiquide des fonds signife qu’il est essentiel que les investisseurs aient une vision à long terme et un plan directeur clair pour leurs actifs. Grâce à la structure échelonnée dans le temps de l’approche Vintage, le risque est mieux réparti que dans le cas d’investissements directs dans des opérations individuelles de Private Equity.
Quels sont les avantages et les inconvénients de l’approche Vintage ?
J.-F. B. : Les avantages sont clairs : une large diversifcation des risques, l’accès à l’expertise de gérants de fonds expérimentés et un ticket d’entrée moins élevé.
B. D’H. : Bien sûr, il y a aussi des inconvénients. Tout d’abord, il s’agit de capital à risque, comme pour tout investissement en actions. En outre, le Private Equity reste un investissement à long terme. Le capital, même s’il ne reste pas continuellement investi à 100 %, dans le fonds, est exposé pendant au moins 10 ans en moyenne. Cette perspective à long terme nécessite une réfexion préalable. En outre, la complexité de cette classe d’actifs (par exemple, les sociétés non cotées en bourse requièrent une expertise approfondie quant à leur valorisation et à leurs activités) peut être décourageante. C’est pourquoi nous aimons apporter une guidance à nos clients sur les mérites de cette classe d’actifs avant qu’ils ne prennent leur décision d’investissement.
Explore. Opportunities.
Pourquoi vous concentrez-vous sur la stratégie de buy-out ?
B. D’H. : Le Private Equity est un terme très large et la variété des stratégies de ces fonds est grande, par exemple l’investissement en capital à risque dans des start-ups, le rachat de sociétés établies, ou encore des restructurations d’entreprises. Nous nous concentrons délibérément sur la stratégie de rachat en raison de son profl de risque généralement plus faible. Les fonds qui poursuivent une stratégie de buy-out se concentrent sur des entreprises dont le modèle d’affaires a fait ses preuves, dont les fux de trésorerie sont récurrents, et qui réalisent aussi souvent des opérations de croissance externe (« buy-and-build »).
J.-F. B. : D’autres angles sont certainement intéressants. Toutefois, nous sommes convaincus que les stratégies de rachats d’entreprises offrent le meilleur rapport risque/return pour nos clients.
Quelle est l’importance de la sélection dans le secteur du Private Equity ?
B. D’H. : La sélection des bons gestionnaires de fonds de Private Equity fait toute la différence, car la dispersion des performances au sein des fonds de Private Equity est élevée.
J.-F. B. : Nous suivons une approche systématique, mesurée, en vue de bien comprendre les risques et en cherchant à avoir accès aux meilleurs partenaires. Cela peut sembler du simple bon sens, un peu ennuyeux et fgé, mais dans le monde du Private Equity qui évolue rapidement, c’est une discipline indispensable. Nous n’analysons pas seulement les performances historiques, mais aussi la continuité de l’équipe, des secteurs dans lesquels elle est active, et des structures opérationnelles du fonds sélectionné, entre autres.
Comment les cycles économiques affectent-ils le marché du Private Equity ?
B. D’H. : Le Private Equity présente l’avantage, pour un investisseur, de ne pas être exposé à la volatilité quotidienne des marchés boursiers. Cela ne signife pas que les investissements dans les fonds de Private Equity sont à l’abri des cycles économiques, mais justement parce que ces fonds ont généralement cinq ans pour constituer leurs portefeuilles, l’impact des pics et des creux économiques est moindre.
J.-F. B. : Grâce à notre approche Vintage, la gestion du risque est améliorée : un investisseur se retrouvera investi dans plusieurs fonds de capital-investissement qui vont chacun constituer leur portefeuille sur plusieurs années
Quelles sont les idées fausses les plus répandues sur le Private Equity ?
B. D’H. : Qu’un investissement dans un fonds de Private Equity, même dans un fonds vintage très dispersé, sufse pour contrôler le risque a évidemment peu de sens. Si vous êtes diversifé au travers de plusieurs gérants, régions et secteurs, votre capital est réparti dans le temps mais pas très largement : tous les fonds sélectionnés seront actifs au cours d’une période quasi identique. C’est pourquoi nous vous conseillons de préférer plusieurs investissements répartis entre plusieurs fonds avec des années de démarrage différentes plutôt qu’un investissement unique dans un seul fonds de Private Equity.
J.-F. B. : Une autre idée fausse est que le Private Equity est intrinsèquement bien plus risqué. Bien sûr, le Private Equity présente certains risques, comme pour tout investissement en actions, et du fait de son illiquidité. Une diversifcation bien pensée et à la sélection des gérants, offrent néanmoins des outils pour mitiger ces risques.
Quel message souhaitez-vous faire passer aux investisseurs ?
J.-F. B. : La patience est payante. Le Private Equity n’est pas un sprint, mais un marathon. Notre approche Vintage permet aux investisseurs d’investir de manière structurée sans se soucier du timing.
B. D’H. : Et surtout, faites preuve de bon sens. Le Private Equity est un engagement à long terme. Un portefeuille bien réparti et une stratégie bien pensée vous permettent de tirer parti de l’ensemble du cycle de création de valeur.
DÉCOUVREZ
NOTRE APPROCHE VINTAGE
Patricia Dillen et Laurent Verheyen de l’assureur de luxe Jean Verheyen: «Parfois,nous assurons même des squele es de dinosaures».
De la protection contre les dommages de votre cave à vin exclusive, à l’assurance contre le vol du Magri e qui décore votre salon ou de votre collection de poupées Barbie… Vous n’imaginez pas tout ce que les assureurs acceptent de couvrir.
Mais peut-on vraiment tout assurer? «Ce n’est pas parce que vous possédez quelque chose de très cher que nous l’assurons automatiquement», nuancent les assureurs.
PEUT-ON VRAIMENT TOUT ASSURER? PLONGÉE DANS L’UNIVERS DES ASSUREURS DE LUXE
AUTEUR: ROBBE VAN LIER
PHOTOS: DEBBY TERMONIA
«Nous assurons les jouets des riches», annonce tout de go Timothy Broos (40 ans), directeur Belgique chez Hiscox. C’est en 1901 que ce e compagnie londonienne a commencé à assurer les œuvres d’art moderne. Aujourd’hui, cet assureur spécialisé compte plus de 3.000 employés. Il est actif dans le monde entier et enregistre un chiffre d’affaires de 4,75 milliards de dollars. En Belgique, le groupe compte 35 collaborateurs. Avec Jean Verheyen, une entité d’AXA, ils couvrent pratiquement tout le marché des assurances de luxe dans notre pays. L’année dernière, Jean Verheyen, qui compte 45 employés, a encaissé 80 millions d’euros de primes, dont 80% dans le transport et 20% dans le segment Art & Patrimoine. Il s’appuie sur un réseau de quelque 1.500 courtiers pour proposer ses produits. Aux particuliers, mais aussi aux départements de gestion de fortune des banques et assureurs généralistes qui se tournent vers ces acteurs de niche quand leurs clients leur adressent des demandes peu communes.
Leur clientèle a beaucoup évolué ces dernières années. «Autrefois, nous servions davantage de clients ‘old money’: le bon père de famille propriétaire d’une collec-
tion familiale transmise de père en fils», explique Laurent Verheyen, CEO de Jean Verheyen. «Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de profils différents. Il s’agit souvent de jeunes collectionneurs intéressés par l’art moderne. Mais aussi des millennials qui spéculent et investissent pour diversifier leur portefeuille, espérant un rendement plus élevé. Ils investissent non seulement dans l’art, mais aussi dans les montres — très tendance actuellement —, le vin ou les sacs à main. Ce sont souvent des clients plus difficiles, car ils veulent être indemnisés de la valeur to-
«C’est un secteur exposé à la fraude. Pour nous, il importe plus de savoir qui nous assurons, que ce que nous assurons.»
Laurent Verheyen CEO de l’assureur Jean Verheyen
tale au moindre dommage. Alors que les collectionneurs d’art classique veulent surtout protéger leur collection.»
Approche sur mesure
Un assureur de luxe se doit naturellement d’offrir des services personnalisés. «Nous rendons visite au client en vue d’évaluer le risque à couvrir. Et nous rédigeons une police sur mesure», explique Patricia Dillen, responsable du département Art et Patrimoine chez Jean Verheyen. Ce e visite vise à examiner en détail l’objet à assurer, mais aussi à observer comment il est conservé. «Nous donnons des conseils sur la meilleure façon de conserver les œuvres d’art. Parfois, les gens placent une œuvre trop près d’une fenêtre, ce qui risque de la décolorer», explique ainsi Patricia Dillen. Les assureurs précisent aussi comment un objet doit être sécurisé. «Dans la plupart des habitations que nous assurons, une alarme reliée à un centre de télésurveillance est obligatoire», détaille Timothy Broos. «Dans les châteaux, des détecteurs de fumée sont imposés. Mais tout dépend de ce que nous assurons pré-
cisément. Pour les bijoux, par exemple, nous déterminons le type de coffre-fort et la norme de résistance dans laquelle ils doivent être conservés.»
Les objets les plus fréquemment assurés? L’art, les bijoux, les collections, les bateaux de plaisance, les voitures anciennes, le vin et les montres. L’évaluation de ces biens n’est pas toujours simple. «Pour un achat récent, on peut partir du prix payé. Mais sans idée de la valeur marchande, cela devient compliqué», explique Verheyen. «Un jour, on nous a demandé d’assurer les pantoufles de Nelson Mandela. Certes, elles avaient été acquises à un prix très élevé lors d’une vente aux enchères, mais ce ne sont ‘que’ des pantoufles. Comment en déterminer la valeur à assurer? Dans ces cas, on consulte des experts, des ouvrages de référence ou des précédents», précise encore Verheyen. «Pour des objets comme une collection de timbres, on se tourne vers des associations spécialisées qui nous éclairent», indique-t-on chez Hiscox. «L’authenticité est cruciale», poursuit Verheyen. «D’où l’importance des certificats d’authenticité. C’est au client de les présenter.»
Une police d’assurance de luxe repose sur la «valeur agréée» — le montant pour lequel l’assureur et le client s’accordent sur la couverture. «Ce e valeur est fixe», souligne Timothy Broos. «Nous conseillons donc aux clients de réévaluer leur collection d’art tous les trois à cinq ans. L’art contemporain, en particulier, peut voir sa valeur fluctuer fortement.» La couverture s’effectue via une police de type omnium.
«Typiquement, une prime de 2,5 pour 1.000 s’applique sur le capital assuré. Cela revient à 250 euros pour protéger
des objets d’une valeur de 100.000 euros.»
Patricia Dillen
Responsable du département Art et Patrimoine chez Jean Verheyen
objets d’une valeur de 100.000 euros», explique Patricia Dillen. «Mais cela dépend également du risque», ajoute Timothy Broos. «Assurer des bijoux coûte plus cher que l’art. Alors que la valeur des œuvres d’art est généralement supérieure à celle des bijoux, le risque — comme le vol — est plus élevé pour ces derniers.»
«Une personne qui possède une collection de bijoux d’un quart de million d’euros peut en effet porter au quotidien une Rolex de 20.000 euros ou un collier de 40.000 euros», explique Timothy Broos. «Nous ne couvrons pas seulement ces bijoux lorsqu’ils sont conservés à la maison. Nous couvrons le style de vie. Une collection d’art qui reste en place dans les meilleures conditions de sécurité coûte moins cher à assurer qu’une exposition itinérante. Le risque est plus grand. Certains clients paient 150 euros par an, d’autres 50.000 euros. Tout dépend de ce que vous assurez, de son utilisation et du risque.»
Les assureurs de luxe ne se limitent pas à l’art, aux bijoux et aux voitures anciennes. «Nous considérons l’art au sens large, tout ce que vous souhaitez assurer et qui a de la valeur pour vous. Il ne s’agit pas toujours d’une collection valant des millions. Vous seriez surpris de voir ce que nous assurons. Nous avons des clients qui possèdent une collection de pipes ou de bagues de cigares. Un jour, on nous a demandé d’assurer une collection d’ornements d’escalier. Ces objets ont-ils beaucoup de valeur? Peutêtre pas financièrement, mais pour ces personnes, oui. Tant qu’elles paient une prime d’assurance, cela peut être n’importe quoi. Mais on peut légitimement se demander s’il est économiquement intéressant de payer une prime pour quelque chose qui a peu de valeur en argent sonnant et trébuchant», explique Timothy Broos. Dès lors, peut-on vraiment dire que tout est assurable? «Je n’oserais pas dire tout. Mais beaucoup», dit Verheyen. «Nous avons des collections de cigares et de whisky dans notre portefeuille. Mais aussi des montres, du vin ou des sacs à main. En fait, toutes sortes de collections. Nous assurons également une collection de poupées Barbie dans leur emballage d’origine. Ou quelqu’un qui collectionne des objets de James Bond. De temps en temps, un squele e de dinosaure apparaît aussi.»
«En principe, donc, tout est couvert — sauf exclusions spécifiques», précise Patricia Dillen. «La charge de la preuve incombe à la compagnie, pas au client. C’est l’inverse d’une police classique. Les bris accidentels sont les dommages les plus fréquents. Y compris pour l’art. Contrairement aux idées reçues, le vol d’œuvres est rare.»
Collier de 40.000 euros
Combien le client est-il prêt à payer pour couvrir ses biens les plus précieux? En toute logique, cela dépend de leur valeur réelle. «Typiquement, une prime de 2,5 pour 1.000 s’applique sur le capital assuré. Cela revient à 250 euros pour protéger des
Conditions de confiance «Nous pouvons assurer tout ce qui peut être exprimé en valeur monétaire», poursuit Timothy Broos. «Mais ce n’est pas parce que vous avez quelque chose de très cher que nous l’assurons automatiquement. Un jour, on nous a demandé de couvrir un Picasso de 50 millions d’euros. Mais ce e personne ne pouvait pas dire d’où venait ce e œuvre. Ni comment elle avait financé son acquisition. Dans ce cas, nous nous abstenons, car les conditions de confiance ne sont pas réunies. C’est un secteur exposé à la fraude. Nous ne voulons pas être associés à des personnes malhonnêtes. En somme, pour nous, il importe plus de savoir qui nous assurons, que ce que nous assurons.»
Et si le tennisman Rafael Nadal voulait assurer son légendaire bras gauche? Ou un top model ses jambes? «Nous pouvons assurer les deux — mais il faut alors passer par le siège principal à Londres», dit Timothy Broos. «Ces demandes très spéciales sont généralement couvertes par plusieurs assureurs, jusqu’à a eindre 120% de couverture — pour éviter que tout le risque ne repose sur une seule compagnie. En Belgique, nous n’avons pas encore eu de telles demandes, mais c’est possible. Mais si Hans Vanaken vient frapper à notre porte, nous l’aiderons certainement», conclut en souriant Timothy Broos. ■
Exigence et sérénité partagées
À la fois lieu d’accueil pour les clients et hub d’expertises pour la banque, le nouveau bâtiment abritant le Wealth Management a fait peau neuve et reflète fi dèlement les valeurs de CBC Banque.
Peinture fraîche et bruits de foreuse… En cette après-midi printanière, les techniciens s’affairent aux derniers détails du nouveau site du Wealth Management de CBC. À deux pas de la gare de Genval, aux étages d’un bâtiment abritant aussi un Centre Retail de la banque, l’espace est destiné à accueillir une clientèle disposant d’un patrimoine d’au moins 5 millions d’euros, apprécié selon le contexte familial et entrepreneurial.
En passionné d’architecture, Xavier Falla, Directeur Général Wealth Management & Private Banking chez CBC, indique avoir personnellement suivi le projet confié aux Liégeois de p.HD et à Espace Architectes. Le bureau Alternativ a été quant à lui chargé de l’aménagement intérieur, qui reflète à la fois les valeurs de la banque et sa philosophie Wealth. “Empreints de modestie quant à nous-mêmes mais très exigeants pour nos clients, nous n’avons pas recherché le luxe clinquant mais des signatures architecturales”, avance Xavier Falla. “Un environnement où il fait bon réfléchir et échanger, et qui soit à la pointe techniquement. Nous
offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accè s au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la c ommunauté de L’Echo. Excluant la responsabilité de la rédaction de L’Echo.
CONNECT
L’équipe du Wealth Management de CBC, réunie dans ses nouveaux locaux à Ge nval.
“Nous investissons dans la technologie. Mais quand surgissent des questions liées à la famille, notamment, la dimension humaine exige d’accueillir les clients dans des conditions privilégiées.”
XAVIER FALLA
Directeur Général Wealth Management & Private Banking chez CBC Banque
voulons que tous, clients comme collègues, se sentent ici comme chez eux, dans une ambiance feutrée et sereine.”
CONSEIL À 360°
Cet écrin réservé aux quelque 400 familles qu’accompagne le Wealth Management de CBC est désormais un lieu de conseils à 360°. L’équipe dédiée y est en effet rejointe par celle du service Family Capital Solution de la banque. Constituée voici près de deux ans, cette dernière regroupe
plusieurs experts qui combinent compétence en gestion de fortune et connaissance pointue des réalités entrepreneuriales. “De quoi faire le pont entre l’entreprise, son dirigeant et son patrimoine privé”, éclaire Xavier Falla. “D’autant qu’aujourd’hui, un nombre croissant d’entrepreneurs nous demandent, en plus de gérer ce patrimoine, de les épauler dans leurs nouveaux investissements.”
L’activité banque privée de CBC compte parmi ses clients près de deux tiers d’entrepreneurs ou d’indépendants, dont un nombre croissant a moins de 50 ans. “Ils investissent parfois dans de nouvelles sociétés ou dans l’immobilier”, illustre Rémy Van Schingen, Directeur du Wealth Management. “Certains ont revendu leur premier business avec succès et deviennent des business angels ou s’intéressent au private equity. Souvent, nous avons été présents dès le début et ils souhaitent que nous abordions avec eux ces nouveaux caps.”
Quant à ceux qui sont encore focalisés à 100% sur le business, il importe de les sensibiliser puis de les aider dans leur gestion patrimoniale avant une éventuelle transmission voire de nouvelles acquisitions. Il s’agit d’aligner au mieux les choix financiers du présent avec les projets d’avenir, tant pour soi que pour la famille qu’on entend protéger.
LE DIGITAL AU SERVICE DE L’HUMAIN
“Notre app bancaire haut de gamme montre à quel point nous croyons et investissons dans la technologie pour informer et interagir avec nos clients, y compris dans le segment Wealth”, insiste Xavier Falla. “Mais quand surgissent des questions liées à l’intimité, à la famille ou à des moments importants – comme la structuration d’un portefeuille, une donation, l’acquisition ou la cession d’une société –, la dimension humaine exige d’accueillir
les clients dans des conditions privilégiées.”
Rémy Van Schingen acquiesce. “Chacun de nos clients a des besoins très particuliers. Afin de les servir parfaitement, nous devons écouter et comprendre précisément qui est la personne, sa situation familiale, ce qu’elle recherche et son rapport à l’investissement et au risque. Pour cela, le téléphone ou l’écran nous aident mais ne suffisent pas!”
La même réflexion prévaut d’ailleurs pour l’IA. Celle-ci est sans nul doute en mesure d’aider au quotidien le banquier privé dans son analyse des marchés et la recommandation d’arbitrages. Mais selon les deux hommes, son impact demeure simplement complémentaire quand on parle des métiers du Wealth, de par la spécificité des situations, la finesse des prises de position et le conseil à haute valeur ajoutée attendu par les clients.
CENTRE D’EXPERTISE
Regrouper les équipes Wealth Management et Family Capital Solution permet d’ériger le lieu en véritable centre d’expertise. “Lorsqu’un dossier requiert la compétence d’un ou d’une juriste, fiscaliste, comptable ou notaire, c’est ici que cela se discute”, confirme Xavier Falla.
“La connaissance hyper-pointue des Family Capital Managers contribue de façon déterminante à la qualité de notre service personnalisé et nous offre de nous concentrer sur le conseil et la relation client”, conclut Rémy Van Schingen. “Ces collègues sont eux-mêmes régulièrement en contact avec les clients lorsqu’il faut les rassurer sur certains points techniques ou réglementaires. De même, nos collègues du Business Support peuvent être considérés comme de véritables front-office, tant leurs relations avec les clients sont étroites au Wealth Management.”
POURQUOI CERTAINS MUSICIENS PARLENT-ILS PLUS SOUVENT DE LEUR ARCHET QUE DE L EUR VIOLON OU LEUR VIOLONCELLE? PARTEZ À LA DÉCOUVERTE DES MYSTÈRES DE L’ARCHET ET DU MÉTIER D’ARCHETIER.
LES SECRETS DES ARCHETS HORS DE PRIX
Jusqu’à récemment, Pierre Guillaume, de la Maison Bernard, était l’unique archetier de notre pays. Son savoir-faire exceptionnel lui vaut une reconnaissance mondiale.
Camille Thomas, violoncelliste franco-belge de renommée mondiale, joue sur un Stradivarius de 1730. Pour en sortir le meilleur, grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin, elle utilise un archet unique d’Eugène Sartory. Vous ne connaissez peut-être pas cet artisan français, mais l’un de ses archets a vu son prix grimper à 83.500 euros lors d’une vente aux enchères à New York. Ce n’est d’ailleurs pas un record. Des montants allant jusqu’à 380.000 euros n’étonnent plus les connaisseurs. Bienvenue dans l’univers fascinant et méconnu des archets et de leurs créateurs.
AUTEUR: STÉPHANE GODFROID
PHOTOS: KRISTOF VADINO
Lors des éditions violon du Concours Reine Élisabeth ou de concerts de violoncelle exceptionnels, on rappelle à l’envi combien les instruments façonnés par les maîtres luthiers que sont Antonio Stradivarius, Nicolò Amati et Giuseppe Antonio Guarneri del Gesù contribuent à la maestria de l’interprétation. Mais du rôle joué par l’archet, on ne pipe mot.
«Vous avez raison, les fabricants d’archets restent largement dans l’ombre. Et sont donc inconnus du grand public», sourit Pierre Guillaume de la Maison Bernard,
«Nous courbons le bois au-dessus d’une petite flamme, un peu comme les chaises
Thonet qui sont courbées à la vapeur.»
Pierre Guillaume
Archetier
située à deux pas du Conservatoire de Bruxelles. Celui-ci est un fabricant d’archets respecté dans le monde entier, reconnu pour ses connaissances techniques et historiques. Au printemps 2026, il publiera un ouvrage sur les archets. Le prix de ses archets faits main varie selon leur finition, avec un record de vente aux enchères pour un archet de violoncelle à 8.600 euros.
Fondée en 1868 à Liège, la Maison Bernard est aujourd’hui installée à Bruxelles. Depuis plus de 30 ans, elle est dirigée par le luthier Jan Strick et l’archetier Pierre Guillaume. Jusqu’à ce qu’un de ses assistants s’installe récemment à son compte, Pierre Guillaume a longtemps été le seul fabricant d’archets en Belgique. En comparaison, la France compte environ 40 archetiers.
Pierre Guillaume m’accueille dans son atelier, qui semble tout droit sorti du XIXe siècle. Il a été formé comme «archetier» – un si joli mot pour désigner ce noble métier – à Mirecourt, dans les Vosges françaises, un haut lieu de la fabrication traditionnelle d’archets depuis plusieurs siècles.
«Le grand public voit surtout l’instrument: le violon ou le violoncelle. Mais en réalité, le musicien joue li éralement sur deux objets totalement différents, issus de deux ateliers distincts. Chacune de ces brillantes maisons touchait au génie. Je remarque d’ailleurs que les musiciens vraiment exceptionnels parlent plus souvent de leur archet que de leur violon ou violoncelle. N’ayons pas peur de le dire: c’est surtout l’archet qui confère à la musique son véritable caractère!»
«Saviez-vous qu’un archet peut aussi être personnalisé?», me fait remarquer Guillaume. «Par exemple, Yehudi Menuhin, Eugène Ysaÿe et Arthur Grumiaux ont fait fabriquer leurs propres archets. Cela contribue à leur style de jeu et à leur couleur sonore uniques.»
Histoire fascinante
La naissance du métier d’archetier remonte à près de trois siècles. «La fabrication des archets commence dans
Un archet de violon renferme entre 100 et 120 crins de cheval. Les musiciens professionnels procèdent à leur remplacement tous les six mois.
les années 1740 avec le célèbre François Xavier Tourte», raconte Pierre Guillaume. «Ce qui précède appartient pour moi à la préhistoire de l’archet.»
Avant cela, le métier de fabricant d’archets n’existait pas et les archets étaient fabriqués par le luthier luimême. Parfois, lorsque l’archet était usé, il était simplement jeté et remplacé par un nouveau. L’archet a alors évolué rapidement et dès 1760, une vis a été ajoutée pour tendre les crins de cheval. Au fil des années, la forme de l’archet a été optimisée pour combiner force et élasticité. Cela a conduit à un meilleur équilibre, à la possibilité de créer une musique plus subtile, à une plus grande variété de tonalités et à une expressivité accrue.
La France est devenue le centre historique de la fabrication d’archets, avec Mirecourt et Paris en tête. «C’est tout de même curieux de constater que la qualité supé-
Un archet de qualité peut être un investissement judicieux, tant pour le jeu musical que pour le portefeuille.
«LES PRIX DES MEILLEURS ARCHETS CONTINUERONT D’AUGMENTER»
ÀAmsterdam, le Fonds national néerlandais des instruments de musique prête des instruments aux étudiants en musique et aux musiciens professionnels. Sa collection, d’une qualité exceptionnelle, comprend plus de 500 instruments et 250 archets, anciens et modernes, d’une valeur totale de plus de 43 millions d’euros. C’est l’une des plus grandes collections en Europe. Actuellement, environ 430 musiciens utilisent un instrument de ce fonds.
Les instruments sont non seulement conservés de manière optimale, mais aussi restaurés. Par exemple, fin février, on a joué avec un pianoforte Pleyel de 1843, découvert en Belgique, qui venait d’être restauré grâce à des donateurs.
La mission musicale du fonds repose sur le soutien de nombreux bienfaiteurs, sans aucune subvention. 90% de ses revenus proviennent de particuliers et de fonds privés, tandis que 10% sont des contributions de musiciens.
Frits Schu e, responsable de la collection, supervise également de nombreux archets des meilleurs artisans. La collection inclut plus de 250 fabricants, anciens et contemporains, parmi lesquels la famille Tourte. François Xavier Tourte est reconnu comme l’un des fabricants d’archets les plus légendaires. Des archets d’Eugène Sartory font aussi partie de ce e collection.
rieure des archets est l’œuvre de la France, tandis que la qualité supérieure des instruments nous vient de l’Italie», note Pierre Guillaume.
C’est François Xavier Tourte, célèbre fabricant d’archets, qui a vu dans le bois de pernambouc, originaire du Brésil, le matériau idéal pour son artisanat. Pendant des siècles, une teinture rouge foncé, pourpre, était extraite de ce bois après l’avoir trempé dans l’eau. Ce pourpre, difficile à obtenir, était synonyme de richesse. Aujourd’hui, le bois de pernambouc est devenu si rare et protégé que tout achat est pratiquement impossible. Il figure d’ailleurs sur la liste CITES des espèces de bois protégées.
«Je sais que je rentre dans les détails, mais vous ne pouvez pas imaginer à quel point un archet doit être fabriqué avec précision», explique Pierre Guillaume.
Frits Schu e nous confie: «Nous ne divulguons pas les détails des prix de nos instruments ou archets, mais je peux dire qu’un archet de violon de JeanPierre Persoit en bon état se vend rarement en dessous de 100.000 euros. Selon le site Neuetaxe (qui suit les prix des enchères et du commerce professionnel), en 2022, les prix allaient de 100.000 dollars minimum pour un archet monté en nickel à 260.000 dollars pour un archet monté en or. Et en 2025, ces prix devraient encore augmenter.»
Le poids total d’un archet de violon doit être exactement de 60 grammes.
«Chaque composant est crucial. Le bois de pernambouc doit d’abord sécher pendant trois à quatre ans. Le Brésil interdit maintenant l’exportation de bois brut non transformé pour protéger l’emploi local. Le bois arrive donc ici scié, et c’est à nous de l’inspecter. Il doit être en tous points parfait, sans nœud ni fissure. Il y a donc beaucoup de déchets.»
Le travail sur la bague e commence ensuite. «Nous courbons le bois au-dessus d’une petite flamme, un peu comme les chaises Thonet qui sont courbées à la vapeur. Nous faisons cela li éralement dans la flamme. Courber un archet prend environ cinq heures et se fait au ressenti et à l’œil. C’est un métier que l’on ne maîtrise qu’après des années.»
Crin de cheval
Après le bois, viennent les crins de cheval. «La légende dit que seule la queue des étalons est utilisée», raconte Pierre Guillaume.
« Souvent, c’est un mélange de crins d’étalons et de juments. Mais la légende a un fond de vérité: les juments urinent sur leur queue, ce qui peut altérer la qualité des crins. Nous prenons aussi en compte le diamètre des crins. Les chevaux des régions chaudes ont des crins plus fins. Les meilleurs viennent de Mongolie et de Russie. Pour un kilogramme de crins de qualité, cela peut vite monter à 5.000 euros. Là encore, c’est un matériau sophistiqué, issu d’un tri très strict et sélectif. Un archet de violon contient environ 100 à 120 crins. Un musicien professionnel change ses crins tous les six mois. Et si les crins sont fro és à sec sur les cordes du violon, aucun son n’en sort», démontre Pierre Guillaume avec brio. Les crins doivent être régulièrement fro és avec de la colophane, un distillat de résine de pin. La méthode de
«Courber un archet prend environ cinq heures et se fait au ressenti et à l’œil. C’est un métier que l’on ne maîtrise qu’après des années.»
Pierre Guillaume
Archetier
distillation influence aussi les propriétés de jeu.
Enfin, dernière précision, le poids total d’un archet de violon doit être exactement de 60 grammes. À 62 grammes, il sera perçu comme lourd, et en dessous de 60 grammes, trop léger. La densité du bois est donc primordiale.
Panique au Concours
Reine Élisabeth
«Perme ez-moi de partager une anecdote sur l’un des candidats du Concours Reine Élisabeth 2022, consacré ce e année-là au violoncelle», sourit Pierre Guillaume. «Ces jeunes musiciens talentueux, souvent peu expérimentés, viennent parfois ici quand leur violon ou violoncelle a un souci. Je me souviens bien du jour où la Coréenne Hayoung Choi a débarqué dans mon atelier pour remplacer les crins de son archet. Je lui ai immédiatement prêté un de mes archets pour qu’elle puisse continuer à s’exercer. Le lendemain, elle est revenue pour me demander si elle pouvait garder l’archet emprunté. Puis, elle m’a posé une autre question: avez-vous d’autres archets que je pourrais essayer?»
«C’était une idée particulièrement astucieuse de sa part», rit Pierre Guillaume. «La jeune fille est restée ici tout l’après-midi, testant pas moins de 15 archets. Elle a finalement choisi l’un des miens, a joué le concours avec et... l’a remporté avec brio!
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La Belgique est magnifique, mais votre private equity mérite le monde
Pourquoi se limiter au marché belge alors que le monde entier s’ofre aux investissements en private equity?
Depuis 2018, Integra a levé 650 millions d’euros pour ses fonds de private equity mondiaux. Son troisième fonds international s’appuie sur ce succès.
Le private equity (PE) constitue, pour de nombreux Belges fortunés, le moteur de croissance de leur portefeuille. Cependant, ces investissements sont souvent exclusivement belges ou européens. “Cela vous expose à un risque de concentration”, prévient Johan Heirbrandt, cofondateur et Partner chez Integra. “La diversification est l’un des fondements de l’investissement, et cela vaut également pour le private equity. En investissant au niveau international, vous vous protégez mieux contre les développements géopolitiques et économiques qui peuvent affecter un pays ou une région. Chaque région a en effet ses atouts spécifiques. Les États-Unis disposent de marchés de capitaux bien développés, d’une vraie culture de l’innovation et d’une énergie bon marché. L’Europe excelle dans l’industrie de niche et bénéficie d’une main-d’œuvre qualifiée. L’Asie, quant à elle, profite d’une classe moyenne émergente. Toutes ces régions méritent une place dans un portefeuille diversifié.”
“La diversification est l’un des fondements de l’investissement, et cela vaut également pour le private equity.”
JOHAN HEIRBRANDT
cofondateur et associé chez Integra
PIONNIER BELGE DU PRIVATE EQUITY INTERNATIONAL
Depuis sa création en 2018, Integra a levé 650 millions d’euros auprès d’environ 400 entrepreneurs, family offices et investisseurs institutionnels. Après un premier fonds de PE international en 2018 (une première dans notre pays) et un deuxième en 2022, le leader du marché belge vient de lancer son troisième fonds de PE. “Pour celui-ci, nous avons levé 140 millions d’euros en quelques mois”, déclare Johan Heirbrandt. “Avec ce capital, nous construisons un fonds qui investit dans
20 fonds de PE, complétés par une vingtaine de co-investissements –des participations directes dans des entreprises déjà présentes dans le portefeuille des sousfonds. Nous allouons environ 45% à l’Amérique du Nord, un pourcentage similaire à l’Europe et le reste à l’Asie.” Integra ne se focalise pas sur le capital-risque. “Nous investissons uniquement dans des entreprises stables et rentables, dotées d’un cash-flow positif et de revenus récurrents. Il s’agit d’entreprises qui sont un cran au-dessus de la PME belge classique. Et cela dans divers secteurs: de la technologie et des biens de consommation à la santé et au packaging. Encore une fois, pour des raisons de diversification.”
INVESTIR SANS TRACAS
Investir soi-même de manière diversifiée en PE implique un travail considérable. Décharger ses clients de ce travail est un atout majeur d’Integra. “Si vous souhaitez investir vous-même de manière diversifiée en PE, vous avez bien sûr besoin de beaucoup de capital, mais vous devez aussi traiter chaque année des dizaines voire des centaines de transactions de capital, et fréquemment au sein de plusieurs juridictions et dans plusieurs devises”, souligne Delphine Vanderlinden, Finance Manager chez Integra. “Nous facilitons la tâche de nos investisseurs en ne lançant des appels de fonds que deux à trois fois par an. Les investisseurs peuvent suivre facilement leurs participations via un portail sécurisé, et reçoivent un rapport clair. Deux à trois fois par an, nous organisons des réunions d’investissement. Et notre porte, ici à Zwijnaarde, est toujours ouverte.”
CONNECT offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accè s au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Excluant la responsabilité de la rédaction de L’Echo.
SAVE THE DATE - Family Capital Tomorrow
Family Capital Tworromo
Entourez d’ores et déjà la date du 9 septembre 2025 dans votre agenda. C’est celle de la première édition de Family Capital Tomorrow, l’événement organisé par L’Echo et De Tijd pour les entreprises familiales, les family offices et leur réseau. Avec Integra parmi ses fiers partenaires.
Hayoung Choi joue extrêmement bien, mais grâce à cet archet qui lui convenait parfaitement, elle a pu encore affiner sa performance.»
«Ces jeunes musiciens n’ont jamais eu le luxe de jouer avec divers archets», explique l’archetier. «Vous ne le croirez pas, mon bon ami Mischa Maisky (célèbre violoncelliste, NDLR) possède environ 300 archets chez lui. Incroyable, n’est-ce pas? Il veut absolument explorer toutes les possibilités pour obtenir le meilleur son de son instrument. En pratique, il utilise une demi-douzaine d’archets, selon le répertoire qu’il joue. Un archet différent pour Dvořák que pour Vivaldi ou Haydn. Un autre exemple est le violoniste Leonidas Kavakos, qui a récemment enregistré des concertos pour violon de Bach. Il a cherché pendant des mois jusqu’à ce qu’il trouve le bon archet. Kavakos a essayé des archets baroques et classiques et a finalement utilisé un archet modelé d’après un exemplaire de François Tourte du début du XIXe siècle, avec son Stradivarius Willemo e de 1734. Eh bien, il semble que ce soit vraiment l’archet qui assure la bonne résonance musicale.»
Investissement de choix
Un archet de qualité peut s’avérer un excellent investissement, tant pour le jeu musical que pour le portefeuille. Les experts soulignent que le nombre d’archets classiques bien conservés diminue plus rapidement que celui des instruments, ce qui accroît leur rareté et leur valeur.
«Un vieil archet, s’il est bien entretenu, ne perd rien de sa qualité. Prenez Sartory. En moyenne, ses archets se vendent autour de 60.000 euros. Et Sartory est décédé en 1946. Si l’on va chercher du côté des anciens maîtres archetiers, les prix grimpent souvent de manière exponentielle.» Ainsi, un archet de la fin du XVIIIe siècle de François Xavier Tourte a été adjugé en 2015 pour la somme impressionnante de 277.000 euros.
En partant, Pierre Guillaume nous met en garde contre les contrefaçons d’archets supposés d’origine. «On me sollicite de plus en plus en tant qu’expert pour garantir l’authenticité des archets. Je reviens tout juste d’un voyage de quelques semaines au Japon, qui avait pour but de remplir ce e mission. C’est regre able, mais comme pour les grands vins, c’est le nom du fabricant qui fait vendre. Et mon nom, sans fausse modestie, a une certaine résonance dans le milieu. Regardez ici.» Guillaume me montre une photo d’un archet portant sa signature. «Et pourtant, je n’ai jamais fabriqué cet archet. Gonflé, n’est-ce pas?» ■
CAMILLE THOMAS: «MON ARCHET EST COMME UNE BAGUETTE MAGIQUE»
Née à Paris en 1988 de parents belges, la violoncelliste Camille Thomas a débuté ses études musicales au violoncelle dès l’âge de quatre ans. Lorsqu’elle était enfant et qu’elle a entendu les suites pour violoncelle de Bach interprétées par Pablo Casals, elle a su que c’était sa voie. Aujourd’hui, elle figure parmi les meilleurs au monde. Il y a environ dix ans, elle jouait sur un violoncelle Ferdinand Gagliano de 1788, prêté par Bernard Magrez, icône du vin du Château Pape Clément. «Un jour, un mécène m’a permis d’essayer un archet de Persoit. La sensation était si divine que ce violoncelle a immédiatement pris l’allure d’un Stradivarius. C’est incroyable ce qu’un archet peut faire.»
La Camille Thomas, un Stradivarius et ce qu’elle considère comme une bague e magique, un archet d’Eugène Sartory.
Aujourd’hui, Camille Thomas joue sur le Stradivarius «Feuermann» de 1730, propriété de la Nippon Music Foundation. Son archet, prêté par la Fondation Roi Baudouin, est signé par le maître français Eugène Sartory. «Je l’ai découvert moi-même à Londres.» Ce qui l’a séduite? «La stabilité, la puissance et la précision du jeu. La projection sonore, la chaleur et sa couleur unique. Le bois de l’archet influence la résonance. De plus, l’archet Sartory s’adapte aisément à divers styles musicaux et instruments. Quand je suis passée de mon ancien violoncelle au Stradivarius, ils se sont, comment dire, parfaitement accordés, le Strad et le Sartory.»
Camille Thomas est une musicienne sensible et ambitieuse: «J’essaie aussi des archets contemporains de haute qualité. Je veux soutenir les luthiers d’aujourd’hui, surtout dans cet art de niche utilisant le bois de pernambouc. L’archet est presque aussi crucial que l’instrument pour le résultat final. Cela provient des détails et nuances infiniment profondes de la musique. Se sentir à l’aise avec son archet est primordial. Pour moi, cela fonctionne toujours mieux avec mon Sartory, et mon ‘Stradinou’, comme j’appelle affectueusement mon violoncelle. Un choue e petit surnom, n’est-ce pas? Un peu chéri et amoureux, c’est ce que nous sommes l’un pour l’autre.»
Comment les familles fortunées préparent l’avenir de leur patrimoine
Dans un monde où l’incertitude semble devenir la norme, la gestion du patrimoine familial requiert une approche plus structurée et tournée vers l’avenir. C’est ce que met en lumière le Baromètre des familles 2024, une enquête menée par la Banque Julius Baer en collaboration avec PwC Suisse, auprès de plus de 1.800 experts en gestion de fortune à travers l’Europe, l’Asie, le Moyen-Orient et l’Amérique latine.
“Nous constatons, dans l’édition 2024 de notre Baromètre, un alignement global sur l’importance de la transmission du patrimoine sur plusieurs générations, mais aussi des disparités régionales dans la manière de l’aborder”, analyse Rudy Defoer, Market Head Benelux chez Julius Baer. “En Europe, par exemple, la gouvernance familiale joue un rôle-clé dans la structuration du patrimoine, tandis qu’en Amérique latine, la mise en place de cadres formels est une priorité émergente.”
UNE FISCALITÉ SCRUTÉE DE PRÈS
Avec les récents changements de gouvernements et les réformes fiscales en cours dans plusieurs grandes économies, l’impact des politiques fiscales sur la transmission du patrimoine est désormais le sujet sociétal dominant dans la majorité des régions étudiées.
L’ÉDUCATION PATRIMONIALE ET LA GOUVERNANCE FAMILIALE EN PLEIN ESSOR
Au-delà de la croissance de leur capital, les
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“En
Europe, la gouvernance familiale joue un rôle-clé dans la structuration du patrimoine.”
RUDY DEFOER
Market Head Benelux
familles fortunées s’attachent à renforcer l’éducation financière des générations futures, notamment par le biais de réunions avec leurs conseillers patrimoniaux. Parallèlement, la gouvernance familiale se professionnalise, malgré la persistance de modèles de gouvernance informels.
L’INSTABILITÉ POLITIQUE, UNE PRÉOCCUPATION CROISSANTE
La stabilité politique fait son entrée dans le
offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accè s au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Excluant la responsabilité de la rédaction de L’Echo.
classement des préoccupations majeures des familles fortunées. Avec la montée des tensions géopolitiques et l’incertitude économique mondiale, la diversification géographique des actifs et la résilience des stratégies d’investissement sont de plus en plus essentielles.
VERS UNE APPROCHE PLUS RÉSILIENTE ET PROACTIVE
Le Baromètre des familles 2024 confirme la nécessité, pour les familles, de s’adapter à un monde plus incertain en adoptant une vision de long terme et en s’entourant de conseillers de confiance.
“Les familles belges les plus avisées sont celles qui anticipent et qui structurent leur approche patrimoniale bien au-delà des cycles économiques”, conclut Rudy Defoer. “Aujourd’hui, une gestion efficace repose à la fois sur la performance des investissements et sur une planification stratégique, une gouvernance solide et une approche agile face aux mutations géopolitiques et fiscales.”
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VOYAGE INITIATIQUE DANS LE CŒUR DE MARBRE DE LA TOSCANE
Depuis des siècles, les montagnes près de la ville de Carrare fournissent le marbre blanc le plus pur et précieux de la planète, emblème de luxe et de créativité. Et ce n’est pas un hasard si le marbre de Carrare et ses carrières jouent un rôle de premier plan dans le film «The Brutalist», qui est reparti des Oscars avec deux statue es.
AUTRICE: SILVIA BENEDETTI
PHOTOS: SHUTTERSTOCK
Qu’ont en commun le siège de la Bourse d’Abou Dabi et la sculpture la plus célèbre de Michel-Ange, la Pietà? Ou encore la mosquée turkmène de Gypjak, le Capitole des États-Unis, à Washington, et la majestueuse cathédrale au cœur de la ville de Pise?
Le secret de ces insoupçonnables parallélismes se cache dans les mystérieuses profondeurs des Alpes Apuanes, en Italie. Depuis l’Antiquité, dans un territoire s’étalant entre ces montagnes au nord-ouest de la Toscane et la mer Tyrrhénienne, plusieurs bassins marbriers offrent au monde entier une pierre naturelle devenue un symbole intemporel de luxe, d’élégance et de créativité: le marbre blanc de Carrare, considéré comme le marbre par excellence. Utilisée pour créer les œuvres d’art et les bâtiments les plus prestigieux de la planète, ce e roche méta-
morphique très difficile à tailler, d’une blancheur immaculée ou traversée par des veines fines, dorées ou bleutées, est encore extraite aujourd’hui dans les 73 dernières carrières restées en activité à Carrare.
Les carrières de marbre, des cathédrales de pierre
Et c’est par un jour lumineux et froid, à bord d’un véhicule tout-terrain, à travers des sentiers étroits accrochés aux pentes des montagnes et surplombants vallées et précipices, qu’il a été possible de grimper jusqu’à ces carrières de marbre, situées parfois à 1.000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Devant nous, un paysage surréel, lunaire, alternant carrières à ciel ouvert ou «fermées», c’est-à-dire creusées dans les entrailles du massif rocheux,
abandonnées depuis longtemps ou encore en pleine activité. Les parois des montagnes, d’un blanc presque aveuglant et taillées avec une précision millimétrée par des générations d’ingénieurs et d’ouvriers, semblent dessiner les contours de grandioses cathédrales de pierre. «Des visiteurs du monde entier viennent à Carrare pour découvrir ces sites d’excavation, pour acheter du marbre ou seulement pour éprouver le plaisir d’explorer ces carrières incroyables», explique, avec enthousiasme, la guide Manuela Righini. «Au cours des dernières décennies, j’ai accompagné ici beaucoup d’Italiens, mais aussi des touristes et des acheteurs indiens et chinois, américains ou encore en provenance des Émirats arabes unis.» Les carrières «fermées» sont indéniablement les plus impres-
«Les mineurs sont aussi rudes et durs que la pierre qu’ils découpent. Mais aussi intimement fiers de leur métier, qui est transmis de père en fils depuis des générations.»
Manuela Righini Guide touristique
sionnantes pour ces visiteurs d’un jour. Emprisonnés dans le ventre même de la montagne, ces derniers peuvent ainsi imaginer le travail solitaire des mineurs. Et lorsque les machines diamantées, les pelleteuses voraces ou encore les découpeuses multi-disques, utilisées pour sectionner d’immenses blocs de marbre, se taisent enfin, tout semble figé dans une immobilité presque parfaite. Dans ces labyrinthes de pierre, sombres et humides, creusés par l’érosion millénaire de l’eau de la montagne et par l’activité de l’homme, seul le bruit de mystérieuses sources aquifères brise le silence. Les visiteurs ne peuvent alors s’empêcher de se sentir infiniment petits et vulnérables, presque écrasés par le poids d’une nature insondable et généreuse, mais aussi, de façon paradoxale, complètement libérés de toutes les a aches et les angoisses du quotidien.
«La visite d’une carrière de marbre représente une sorte de voyage initiatique unique», explique Gianfranco Ghisu, directeur d’une société spécialisée dans l’organisation de voyages de luxe dans la péninsule. «J’ai vu
Le marbre blanc de Carrare n’a pas seulement sculpté la renommée de la région, il a aussi forgé sa richesse. Ce précieux matériau est la fierté des habitants, qui le chérissent comme un trésor local.
des clients multimillionnaires, ayant la possibilité et les moyens de tout expérimenter à travers le monde, rester li éralement ébahis par les émotions éprouvées lors de ces incursions à Carrare.»
Fierté locale
Une aventure pour visiteurs à la recherche de sensations inédites, mais, avant tout, une filière économique extrêmement lucrative pour le pays tout entier. L’univers du marbre italien compte, dans son ensemble, 3.200 entreprises réparties sur le territoire national ainsi que 34.000 employés. En 2023, ce secteur a pu afficher un chiffre d’affaires de l’ordre de 4,5 milliards d’euros, avec environ 70% de la production exportée. Et il en va ainsi pour la petite ville toscane de Carrare, où le marbre est source de richesse, d’histoire et de fierté locale. Depuis des siècles, son exploitation forge l’identité du territoire ainsi que l’existence et le caractère de ses habitants. Privatisées au XVIIIe siècle, ces carrières suspendues aux flancs des montagnes représentent, en effet, une seconde maison pour une partie significative des hommes actifs de la ville.
3.200
L’industrie italienne du marbre compte 3.200 entreprises employant 34.000 travailleurs. Elles générent ensemble un chiff re d’affaires de 4,5 milliards d’euros.
«Les mineurs sont aussi rudes et durs que la pierre qu’ils découpent», explique Manuela Righini. «Ils sont taciturnes, solitaires, mais aussi intimement fiers de leur métier, qui est transmis de père en fils depuis des générations.» Selon notre guide, un amour viscéral unit, depuis toujours, ces travailleurs tenaces à leur marbre ainsi qu’à leurs chantiers, di fficiles et parfois dangereux, où ils communiquent, au milieu du vacarme des machines en mouvement, grâce à un langage fait de gestes et de signes. «Un dimanche, dans une carrière fermée, il m’est arrivé de croiser un chef de chantier qui n’arrivait visiblement pas à s’éloigner de son univers de marbre», révèle Manuela Righini. «Il m’a expliqué, en essayant de cacher son embarras, qu’il devait vérifier quelque chose… Mais la vérité est que ce métier se transforme en une passion dévorante pour la plupart de nos mineurs.»
L’extraction du marbre n’est pas sans dangers. La poussière, d’une légèreté et d’une finesse extrêmes, représente une menace pour l’environnement, contaminant aussi bien l’air que l’eau.
«FAIRE CHANTER LA PIERRE»
QUne passion qui semble transcender les limites et les dangers que comporte le travail d’extraction et de transformation de ce e pierre. Le peuple des marbriers de Carrare doit, en effet, affronter une profession qui comporte de nombreux risques pour l’homme et son environnement, à commencer par l’impact de la «marme ola». Ce e poussière de marbre est légère et impalpable, elle pollue l’eau comme l’air. L’exploitation de plus en plus intensive des bassins marbriers entraîne également une instabilité hydrogéologique, des inondations répétées, une perte de biodiversité, ainsi que la raréfaction progressive d’une ressource naturelle qui n’est pas inépuisable.
«Comme toute chose, cet univers a sa part d’ombre et de lumière», explique le directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Carrare, Marco Baudinelli. «Mais il est indéniable que le marbre reste la principale ressource économique de ce territoire.»
Fondée en 1796, ce e académie a été, au long des siècles, le lieu de formation des plus éminents sculpteurs italiens et a connu son âge d’or au début du XIXe siècle, grâce aux efforts d’Elisa Bonaparte, sœur de Napoléon. «Elle est certainement à l’origine du prestige et de la renommée à l’échelle européenne de ce e école. Or, Elisa devait s’assurer de bien inonder toutes les cours européennes de bustes en marbre de son frère, pour en exalter la grandeur. Carrare est ainsi devenue névralgique…», ajoute, avec un soupçon d’ironie, le directeur.
Aujourd’hui l’Académie forme près de 1.000 étudiants italiens et étrangers, notamment en provenance de Chine. «Nous offrons à ces aspirants artistes des laboratoires pour laisser libre cours à leurs élans créatifs, tout le savoir-faire de la tradition, mais aussi les technologies les plus innovantes, comme les robots sculpteurs de dernière génération», précise Marco Baudinelli. ■
u’en aurait pensé Michel-Ange qui réussit à trouver, précisément à Carrare, le bloc de marbre idéal pour créer, à la fin du XVe siècle, son admirable Pietà, conservée dans la Basilique Saint-Pierre de Rome? Ce grand artiste de la Renaissance venait chercher lui-même le matériel pour ses sculptures parce que, comme il aimait le répéter, dans le bloc de marbre choisi, il pouvait déjà «entrevoir l’âme de son œuvre». Une émotion que le sculpteur belge d’origine roumaine, Marian Sava, comprend parfaitement. «Je développe mon projet créatif pendant des mois, voire des années, mais c’est seulement lorsque je trouve le bloc de marbre parfait que je peux enfin lui donner forme et vie», explique-t-il.
Celui qui, selon les experts en art, sait «faire chanter la pierre», a créé, tout au long de sa vie, des œuvres en plâtre, bronze, granit, fibres de verre et en bois, mais sa matière de prédilection a toujours été le marbre. «C’est un matériel extraordinaire, unique, sensible et dur à la fois», s’émeut-il. «J’en ressens toujours toutes les vibrations, les pulsations et les sonorités et j’essaye de les respecter, de sculpter en obéissant à la matière, en écoutant humblement sa voix.»
Réfugié politique fuyant la dictature communiste, Marian Sava arrive à Bruxelles en 1985. En Belgique, il savoure enfin la liberté d’être et de créer. Diplômé de l’Académie Royale des Beaux-Arts de la capitale, il tombe «li éralement amoureux» du marbre noir belge, pur et brillant, avec lequel il crée d’innombrables sculptures. Puis, il visite Carrare. «J’ai alors découvert ce marbre blanc d’une richesse inégalable, ce e pierre homogène, pouvant dégager une lumière incroyablement intense», avoue-t-il. Son imagination prend alors un nouvel envol. «Par ses nuances et ses stratifications ina endues, un bloc de marbre de Carrare nous raconte son histoire millénaire. Il s’agit là d’une rencontre surprenante, je dirais même électrisante, pour le créateur qui se cache dans le cœur de chacun de nous.»
LA RONDE FÉÉRIQUE DES PLUS BEAUX OLDTIMERS DU MONDE
À droite, l’Alfa Romeo 8C 2300 de 1932, qui a décroché l’an dernier le prestigieux titre de «Best of Show». Ce joyau automobile appartient à un membre de la célèbre famille belge TVH.
Chaque printemps, les voitures anciennes ont également leur festival.
Le Concorso d’Eleganza réunira, du 23 au 25 mai, les plus chics oldtimers du monde dans le domaine enchanteur de l’hôtel Villa d’Este, à Cernobbio, sur les rives du lac de Côme, en Italie. Depuis 1929, le concours s’affiche comme le rendez-vous incontournable des amateurs d’élégance sur quatre roues.
AUTEUR: JENS CARDINAELS
PHOTOS: BLOOMBERG
Une promenade autour de la Villa d’Este a tout du voyage dans le temps, avions-nous souligné dans l’édition précédente de Wealth. Ce majestueux hôtel de style Renaissance, construit en 1568 par l’architecte Pellegrino Pellegrini, servait à l’époque de résidence d’été au cardinal Tolomeo Gallio. De nombreuses familles nobles y ont séjourné par la suite. Le comte Domenico Pino, général de l’armée de Napoléon, y a même bâti une petite forteresse pour y affûter son art militaire. En 1815, la reine consort britannique Caroline de Brunswick y a résidé, après s’être séparée de son époux, le roi George. C’est d’ailleurs elle qui a baptisé la demeure Villa d’Este. Après sa mort, l’impératrice russe Maria Fedorowna y a vécu pendant deux ans.
Depuis 1873, la villa, avec ses jardins magnifiquement aménagés et sa vue imprenable sur le lac de Côme, est un hôtel de luxe abritant 152 chambres et suites, ainsi que quatre villas privées. Forbes l’a désignée en 2009 comme le meilleur hôtel du monde. Les chambres «simples» coûtent plus de 1.100 euros la nuit, tandis que la suite la plus exclusive dépasse les 5.500 euros.
De nombreuses célébrités ont franchi ses portes. Alfred Hitchcock y a tourné son premier film «Le Jardin du plaisir». Parmi les autres invités notables, on pointe également le roi Léopold II, les créateurs Ralph Lauren et Calvin Klein, l’écrivain Mark Twain, et des stars du cinéma comme Marlene Dietrich, Mel Gibson
et Woody Allen. Villa d’Este est aussi le point de chute habituel de Bruce Springsteen lors de ses concerts en Italie.
Immersion temporelle presque totale
Chaque année, le lieu sert d’écrin au Concorso d’Eleganza, qui, ce printemps, se déroulera à nouveau à guichets fermés. Un billet pour une journée revient à 595 euros. Et pour un séjour de trois jours, incluant nuits et repas à l’hôtel, comptez au minimum 10.950 euros.
Selon la tradition, les voitures sélectionnées participent à diverses compétitions et défilent entre l’hôtel et le lac, avec un arrêt devant le jury à l’entrée de l’établissement. Lors de l’édition 2024, le défilé a rassemblé 52 «ancêtres», dont certains n’existent qu’en quelques exemplaires.
Pendant que le maître de cérémonie, passant avec maestria d’un anglais pointu à un italien passionné, partageait anecdotes et détails sur chaque bolide, le jury et les plus fervents admirateurs des oldtimers, un verre de champagne Pommery à la main, s’émerveillaient de ce e ronde féérique des plus belles carrosseries des années 1920, 1940 ou 1960. Une immersion temporelle totale, si ce n’est les cliquetis des smartphones.
Les collectionneurs participants, pour la plupart, vivaient leur moment de gloire sans ostentation. Quelques audacieux faisaient vrombir leur moteur ou klaxonnaient. Certains ignoraient les conventions, comme l’excentrique Américain Jonathan Segal, qui, dans sa Maserati noire, est apparu devant le jury, moteur rugissant, les bras levés, un verre de whisky The Glenturret Triple Wood dans une main et un cigare Padron dans l’autre.
L’Allemand Bernard Hübel lui a brièvement volé la vede e. Alors que presque toutes les voitures affichaient un look chic et impeccable, il a déboulé — tel le rejeton rebelle de cet aréopage aux allures aristocratiques — au volant d’une Alfa Romeo RL Sport de 1922, à ce point délabrée qu’on la croyait sortie tout droit d’un cimetière de voitures. Pourtant, à l’oreille d’un connaisseur, le puissant bruit du moteur révélait une mécanique encore en très bon état. «Une voiture dans son jus, comme disent les Français», selon Pierre Darge, un journaliste qui a tenu pendant des décennies la rubrique automobile pour le
Il y a moins de foule qu’ailleurs au Concorso d’Eleganza: l’occasion rêvée pour flâner et savourer chaque voiture à son rythme.
magazine Knack. Au printemps 2024, il assistait pour la sixième fois au Concorso. «Alors que les Français aiment ces voitures pleines de caractère, les collectionneurs américains en ont horreur.»
Des Belges discrets
La majorité des voitures que nous avons vues défiler l’année dernière appartenaient à des collectionneurs allemands, français, italiens ou américains. Pourtant, l’événement suscite également l’intérêt des heureux détenteurs d’oldtimers en Belgique, affirme Hendrik Béatse. Il a participé à l’événement à plusieurs reprises et conseille les collectionneurs belges. Cet «agent de voitures classiques et de collection» a pour mission de rechercher des oldtimers uniques pour le compte de collectionneurs. «Ou inversement: je cherche un acheteur approprié pour une voiture particulière», explique-t-il. «Je m’occupe également de collections de voitures. Un timbre, vous le collez dans un livre que vous rangez. Mais une collection d’oldtimers nécessite beaucoup d’a ention: entretien, restauration, évaluation, documentation de l’historique...»
Pour Hendrik Béatse, le Concorso est unique. «Seuls quelques événements dans le monde peuvent rivaliser. Comme le Pebble Beach Concours d’Elegance aux
États-Unis. En Europe, le Concorso d’Eleganza Villa d’Este est l’événement le plus prestigieux. Vous y trouvez la crème de la crème des collectionneurs et les plus belles voitures. Si vous y gagnez un prix, votre prestige et la valeur de vos voitures augmentent.»
Des Belges l’ont bien compris. Ils inscrivent le Concorso d’Eleganza à leur agenda mondain. Mais, en toute discrétion. «Je travaille pour de nombreux collectionneurs en Flandre-Orientale et Occidentale. Et plus vous allez vers l’ouest, plus la discrétion est grande.» Nous en avons fait la funeste expérience. L’entrepreneur que nous avons contacté nous a opposé une fin de non-recevoir. «Je préfère ne pas en parler dans la presse, car de nombreux collègues entrepreneurs ne comprennent pas la passion pour les oldtimers», dit-il. Ce e réaction ne surprend pas Hendrik Béatse. «Il en va ainsi pour de nombreuses passions. Certains inves595 €
Un ticket pour une journée au Concorso d’Eleganza, déjà complet, coûte 595 euros.
tissent des milliers d’euros dans un vélo de course ou collectionnent l’art, d’autres aiment les voitures. C’est en fait aussi une force du Concorso. L’on peut y afficher sa passion sans honte et la partager avec d’autres amateurs.»
Malgré leur présence limitée, les Belges n’ont rien à envier aux grandes nations comme l’Allemagne ou les États-Unis au Concorso. Au contraire: l’année dernière, le prix principal «Best of Show» a été a ribué à une voiture belge, une Alfa Romeo 8C 2300 de 1932 équipée d’une carrosserie de Figoni. Elle y a été présentée par le jeune Thibault De Meester et sa mère Ann Thermote, membre de la famille propriétaire de l’entreprise de chariots élévateurs TVH. Via la société HM Collection, l’entrepreneuse et son mari Bernard De Meester collectionnent des oldtimers. Leur fils Thibault se consacre à l’entretien de la collection.
Il se montre, lui aussi, très peu loquace sur les raisons pour lesquelles sa famille participe à cet événement. Il préfère expliquer ce qui constitue les forces du Concorso d’Eleganza. «Tout d’abord, l’emplacement est particulièrement beau», dit Thibault De Meester. «C’est aussi un événement en petit comité: il y a moins de monde au concours que lors d’autres événements. Nous avons ainsi le temps
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d’admirer tranquillement toutes les voitures et de lire toutes les informations à leur sujet. Le rayonnement international est un autre atout. Vous y rencontrez des collectionneurs et des oldtimers du monde entier. Et, enfi n, le jury est très compétent et strict. Une sévérité à la hauteur de la réputation de l’événement et de la longue liste de candidats. Il met donc la barre très haut.»
Thierry Dehaeck est lui aussi un habitué de ces événements à la gloire des oldtimers. Il a déjà participé cinq fois au Concorso. L’année dernière, il nous a narré l’enthousiasme ressenti lors de sa première participation, trois ans auparavant: «C’est sans conteste l’événement de voitures anciennes le plus prestigieux au monde. J’en visite au moins six par an. Oui, il y a Pebble Beach aux États-Unis, mais avec plus de 200 voitures, c’est bien plus grand.» En Italie, avec une cinquantaine de participants, la sélection est plus exclusive. «Et bien sûr, le cadre est merveilleux.»
La Citroën DS à l’honneur Jusqu’en 2016, Thierry Dehaeck possédait et dirigeait Pidy, fabricant de fonds de tarte et de biscuits pour bouchées à la reine. Il n’avait jamais eu le temps de se rendre en Italie, alors qu’il avait acheté son premier ancêtre dès l’âge de 20 ans. Ce n’est qu’en 2021 qu’il y est allé pour la première fois. La vente de son entreprise réglée, il s’est pleinement consacré à sa
passion. À Ypres, il expose désormais plus de 50 voitures anciennes, parmi lesquelles des Aston Martin, Bentley, Citroën, Ferrari, Mercedes, Maserati, Rolls-Royce, Cadillac, Jaguar et Shelby.
Mais sa plus grande fierté est sa collection de Citroën SM. «J’ai l’une des plus grandes collections de ce modèle au monde», affi rme Dehaeck. «Il y a une grande collection en France, mais c’est tout.» Parmi ses trésors, une Citroën SM Espace de 1971, présentée au Salon de l’auto de Paris en 1971, une Citroën SM
Mylord de 1972 et une Citroën SM Opéra de 1973, avec laquelle le collectionneur américain Jerry Hathaway a ba u le record du monde de la Citroën la plus rapide. À deux reprises, il a terminé deuxième dans sa catégorie, toujours avec une Citroën SM.
Ce e année, il présentera au Concorso une Citroën DS, un modèle iconique surnommé «fer à repasser». «La Citroën DS fête ses 70 ans ce e année», explique Dehaeck. «Elle a été présentée en 1955 au Salon de l’auto de Paris. C’est pourquoi il y a ce e année au Concorso une classe spéciale Citroën DS. Je participe avec ma Citroën DS Le Caddy, réalisée par le célèbre carrossier français Henri Chapron en 1967.»
«Que je gagne ou que je perde, ce qui compte pour moi c’est avant tout l’expérience de cet événement et la passion qui y règne.»
Thierry Dehaeck
Parcipant belge habitué au Concorso d’Eleganza
Thierry Dehaeck possède tous les documents originaux retraçant l’histoire de la voiture. Chapron a acheté la voiture le 21 juin 1967 à Citroën et l’a transformée en cabriolet avec la carrosserie spéciale Le Caddy. Il l’a exposée au Salon de l’auto de Paris ce e année-là, où elle a été vendue. Après avoir changé de mains plusieurs fois, Dehaeck l’a acquise en 2007. Il a fait restaurer la voiture dans l’esprit d’origine. L’intérieur a été revêtu du cuir beige utilisé par Chapron à l’époque, et la carrosserie a retrouvé sa teinte bleue originelle. Dehaeck a déjà participé avec ce e voiture à un autre concours, le Concours d’Elégance Paleis Het Loo aux Pays-Bas, où il a remporté le premier prix.
À présent, Dehaeck vise également la victoire au Concorso d’Eleganza. Mais il ne s’emballe pas quant à ses chances de victoire: «Je ne pourrai les évaluer que lorsque je verrai sur place les six voitures de la catégorie à côté de la mienne. Quelques mois avant le concours, on découvrira la concurrence sur catalogue, mais ce n’est qu’en les voyant en vrai qu’on sait où l’on se situe.» Le printemps dernier, il nous a confié son sentiment: «Je ne vais certainement pas gagner», alors qu’il se tenait à côté d’une magnifique Maserati Qua roporte AM 121
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En définitive, Dehaeck se préoccupe peu de sa place sur le podium. «Ce qui compte pour moi, c’est avant tout l’expérience de cet événement et la passion qui y règne». Il ne s’agit pas d’y faire des affaires. En réalité, rien que par leur participation au Concorso, les voitures gagnent en prestige et font l’objet par la suite d’offres alléchantes. Mais, aux acheteurs intéressés, Dehaeck a déjà sa réponse: «Je ne vends pas les voitures de ma collection privée. C’est ma fierté. Mes voitures sont l’œuvre de ma vie. Je ne les vends que si je trouve une meilleure voiture. Les voitures anciennes me passionnent, notamment par l’histoire qu’elles racontent. Chez moi, une bibliothèque entière regorge d’informations sur mes voitures. Pour certaines, j’ai jusqu’à six dossiers.»
Pour l’édition de fin mai, Dehaeck a posé sa candidature en septembre dernier. «C’est à ce moment de l’année que le jury se réunit pour la première fois. Il détermine les catégories en compétition, et j’examine si un des modèles de ma collection pourrait y concourir.»
La candidature commence par un formulaire en ligne. «Vous devez télécharger des photos et fournir des informations telles que le numéro de châssis et de moteur», explique-t-il. «Plus vous avancez dans la sélection, plus ils demandent d’informations. Ce n’est que peu de temps avant l’événement qu’ils viennent inspecter la voiture sur place. Il arrive alors que des voitures soient rejetées, car elles ne sont pas authentiques. Pour les propriétaires, c’est la douche froide: ils découvrent qu’on leur a vendu un rossignol.»
Dehaeck n’a pas encore vécu cela. «Mais je n’achète jamais une voiture sans avoir bien étudié le dossier. Je les fais toujours inspecter par l’expert Gert Beets. S’il dit que la voiture est authentique, alors l’affaire est bouclée. Je fais toujours approuver mes voitures par la FIVA (Fédération internationale des véhicules anciens, NDLR). Leur certificat facilite également la participation au Concorso.»
Le rêve de BMW
Se porter candidat ne coûte rien, mais ceux qui sont sélectionnés doivent séjourner sur le domaine. «Les collectionneurs
Ce e Ferrari 166 MM Barche a de 1949, parfaitement restaurée, vaut des mi llions d’euros.
Les heureux élus qui décrochent leur place pour participer à l’événement doivent résider sur le domaine. Pour vivre ce e expérience, il faudra débourser au minimum 7.625 euros.
peuvent choisir entre différentes formules et plusieurs types de chambres. Le forfait le moins cher coûte 7.625 euros», révèle Marc Thiesbürger, porte-parole de BMW Group.
Le constructeur automobile allemand est le propriétaire et l’organisateur du Concorso d’Eleganza, mais BMW n’en fait pas un événement à sa gloire. Ainsi, l’année dernière, un seul oldtimer du groupe bavarois y participait. D’ailleurs, détail piquant: ce sont des vans de son éternel rival Mercedes-Benz qui ont amené les invités dans les hôtels à proximité.
BMW se réserve cependant un lever de rideau grandiose. La veille du Concorso, le constructeur présente une «voiture de rêve», un modèle généralement produit en série limitée. L’année dernière, il s’agissait du cabriolet BMW Concept Skytop. Sa conception avait commencé moins d’un an auparavant, des œuvres de l’équipe du Néerlandais Adrian van Hooydonk, directeur du design de BMW, Mini et Rolls-Royce. «Nous n’allons certainement pas produire le Skytop à grande échelle», avait-il déclaré lors de la présentation. «Peut-être que ce sera le seul exemplaire, peut-être que nous en fabriquerons encore une quinzaine. Il n’y en aura pas plus. Nous l’avons spécialement conçu pour cet événement. C’est notre rêve de la voir participer au Concorso d’Eleganza Villa d’Este dans 50 ans.»
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PINK POWER
«AMENER PLUS DE
FEMMES À LA VOILE, C’EST NOTRE CAP »
Le 26 juillet prochain, au départ de la Rolex Fastnet Race, un bateau hissera haut un objectif: encourager davantage de femmes à pratiquer la voile. À bord du «Swanne Bonny», Sigrid Huyghe, gynécologue, dirigera un équipage entièrement féminin. Cinq jours de navigation mouvementée les a endent, depuis le sud de l’Angleterre jusqu’aux côtes normandes.
AUTEUR: RAOUL DE GROOTE
PHOTOS: KATRIJN VAN GIEL
Il nous faut grimper sur une échelle pour arriver, trois mètres plus haut, au niveau de la poupe de ce yacht à voile, baptisé Kantoff du nom de l’entreprise de construction et de finition d’Opwijk, dans le Brabant flamand. Le bateau de 14,35 mètres, sur lequel se dresse un mât de 20 mètres, est un Swan 46 MK II classique, un modèle que le constructeur finlandais Nautor a commercialisé entre 1989 et 1997. Pour l’heure, il repose au sec, au Royal Yacht Club de Belgique à Anvers, soutenu par des barres de fer et des blocs de bois. Sa conception est l’œuvre de Germán Frers, un designer argentin renommé dont les interventions
Le Swan 46 MK II se trouve à Anvers, au Royal Yacht Club de Belgique, sur la terre ferme, soutenu par des barres de fer et des blocs de bois.
sur les bateaux d’occasion peuvent coûter jusqu’à 200.000 euros, selon les options et rénovations.
Sous la coque poncée, un énorme contrepoids en forme de balle de baseball maintient le bateau droit dans l’eau. «Il est quasi i mpossible de voir le bateau chavirer. Par trois fois, un poids excessif a failli nous retourner, mais nous nous sommes toujours redressés», explique Sigrid Huyghe, la capitaine. «On s’y sent vraiment en sécurité.»
Nous la rencontrons, elle et une partie de son équipage féminin, au moment où, entre deux sorties payantes au profit de la recherche sur le cancer du sein, elles s’entraînent en prévision de la Rolex Fastnet Race, organisée fin juillet. Sous la voile bleue tendue, deux matelotes démontent un winch, une poulie perme ant de hisser les voiles, tandis qu’à l’avant, une autre répare le joint d’un hublot. Partout, des plans dépliés, des pinces, des toiles, des clés, des cordes… «Il y a toujours quelque chose qui casse, qui nécessite de l’entretien ou qui doit être remplacé.
Un bateau qui prend souvent la mer coûte pas mal d’argent», souligne
Sigrid Huyghe. «Chaque année, nous dépensons entre 20.000 et 25.000 euros pour nos participations à diverses courses à la voile (pour la Fastnet, les frais d’inscription pour un bateau de 14 mètres s’élèvent à près de 1.400 euros pour les membres du Royal Ocean Racing Club organisateur et plus de 1.800 euros pour les non-membres, NDLR), l’équipement, l’entretien, etc., ce qui en fait un hobby assez coûteux. Heureusement, le magasin Seashop à Nieuport nous fait des réductions et nous permet de passer commande directement auprès des grossistes.»
Des sorties payantes pour la bonne cause
Sigrid Huyghe s’est associée à l’ingénieure Elke De Wi e pour acheter le bateau, dont elle ne nous révèlera pas le montant. «Au départ, nous voulions l’acquérir au nom de notre ASBL Stuurvrouw, que nous avons fondée avec une dizaine d’autres navigatrices, mais nous y avons renoncé.
Deux membres d’équipage de l’ASBL Stuurvrouw s’affairent à démonter un w inch, une poulie perme ant de hisser les voiles.
Posséder un bateau requiert une gestion en continu: acheter tel ou tel composant, déterminer des investissements... S’il faut chaque fois réunir tous les membres de l’ASBL pour en décider, cela devient très fastidieux. Pour la Fastnet, nous devions pouvoir agir vite. Nous travaillons donc avec une formule de contribution aux coûts pour les personnes qui ne sont pas propriétaires. Cela exige aussi un peu de travail administratif, mais heureusement, nous avons un cabinet comptable comme sponsor, Refibo (rires).»
«Je ne connaissais rien de la technique des bateaux. J’ai tout appris au fil du temps. Une formidable école d’apprentissage.»
Elke De Wi e Ingénieure et copropriétaire du Swanne Bonny
Stuurvrouw organise depuis quelques années des activités en mer, en vue de collecter au profit de l’ASBL Think Pink des fonds destinés à la recherche sur le cancer du sein et au soutien des patientes. Parmi ces sorties, il y a la Benefleet, soit quelques heures de navigation en mer du Nord depuis Ostende, suivies d’un apéritif et d’un dîner au Royal North Sea Yacht Club. L’an dernier, ces sorties en mer (payantes) ont ainsi permis à Think Pink de recevoir 40.000 euros.
«Le cancer du sein a un impact énorme sur la vie des femmes, de leurs partenaires et de leurs familles», explique Sigrid Huyghe. «Heureusement, le taux de survie est élevé: environ 95% des femmes vivent encore cinq ans après le diagnostic. Mais la qualité de vie n’en reste pas moins amoindrie, ce qui nécessite donc toujours des fonds pour la recherche. C’est la raison d’être de notre Benefleet.»
Gynécologue à l’AZ Turnhout, Sigrid Huyghe passe plusieurs mois par an à l’étranger en mission pour Médecins sans Frontières. Elle a travaillé en Haïti, au Yémen, au Rwanda et en République centrafricaine. «L’idéalisme teinté d’aventure est au cœur de ma personnalité», avoue-t-elle. «Dans ces pays pauvres, ils savent qu’une grossesse peut
mal tourner. Ici, on a tendance à l’oublier, mais un accouchement comporte des risques. En tant que médecin, il faut parfois prendre des décisions sous pression. Ce e gestion du stress m’aide dans la navigation: je reste concentrée et ne panique pas facilement. Inversement, la gestion d’équipe à bord m’aide à comprendre certaines dynamiques dans mon travail médical.»
695 milles nautiques en cinq jours
Sigrid Huyghe et Elke De Wi e participeront avec neuf autres femmes belges à la Rolex Fastnet Race, prévue le 26 juillet, aux côtés de 420 autres bateaux, de divers types, dont des trimarans.
Ce e course au large est l’une des plus longues et difficiles d’Europe. «On n’accomplit rien de grand en restant dans sa zone de confort», affirment les navigatrices sur leur site web. L’équipage se compose de deux gynécologues, une kinésithérapeute, trois ingénieures, une infirmière, une pilote, une logopède qui travaille dans le marketing, une assistante pharmaceutique, une consultante en politique de rémunération et une coach en changement. Au terme de la préparation, une d’entre elles ne sera pas retenue pour arriver à un équipage de onze membres.
La course partira de Cowes, au sud de l’Angleterre, via Lands End (le point le plus occidental du pays), jusqu’à Fastnet Rock, le point le plus au sud de l’Irlande. Ce rocher inhabité, avec son phare, est aussi connu sous le nom de Ireland’s Teardrop, parce que c’était le dernier le bout de terre que les migrants irlandais apercevaient de leur patrie en partant pour l’Amérique au XIXe siècle. Une fois ce rocher photogénique contourné, nos navigatrices s’engageront sur un parcours un peu plus facile,
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Sigrid Huyghe est capitaine du Swanne Bonny et gynécologue. «L’idéalisme teinté d’aventure est au cœur de ma personnalité», déclare-t-elle.
grâce au vent d’ouest qui les portera, depuis les îles Scilly jusqu’à Cherbourg, sur la côte normande. Leur voilier aura parcouru ainsi environ 695 milles nautiques, soit 1.251 kilomètres, en cinq jours, sans escale. Le ravitaillement sera assuré entre autres par le distributeur Charlie Brabo Group (CBG) d’Aartselaar, qui leur fournira des conserves Elvea, pas uniquement de tomates, mais aussi de fruits et du thon.
«Pour une première à la Fastnet, l’important n’est pas de gagner, mais de participer en s’assurant d’avoir un bateau en ordre techniquement et un équipage compétent pour pouvoir franchir la ligne d’arrivée en toute sécurité», explique Sigrid Huyghe. «Je préférerais une édition avec un peu de vent, car notre bateau est lourd et nous sommes nombreuses à bord. Si le vent est faible, ce sera plus compliqué. Mais les entraînements sur de longues distances, comme celui vers Helgoland, m’ont montré que nous sommes bien organisées, si ce n’est que la discipline a commencé à se relâcher après 52 heures en mer. À l’intérieur, tout était trempé. Tout le monde était fatigué et nous devions constamment tirer des bords (naviguer en zigzag pour pouvoir avancer contre le vent, NDLR). Dans ces conditions, le skippeuse que je suis doit tenir la barre fermement.»
Une pirate enceinte
À l’intérieur du bateau, Elke De Wi e applique une graisse verdâtre sur un raccord en cuivre de la conduite d’eau. «La technologie présente dans ce bateau — câblages de 220 volts, systèmes hydrauliques, installation de refroidissement, moteur, pompes... – en fait une monture complexe à comprendre», explique-t-elle. «Mais il est aussi extrêmement pratique. Les placards dans la
«En tant que médecin, il faut parfois prendre des décisions sous pression. Ce e gestion du stress m’aide dans la navigation.»
Sigrid Huyghe
Capitaine et gynécologue
salle de bain, par exemple, peuvent être retirés d’un simple geste pour accéder aux conduites qui passent derrière. Je ne connaissais rien de la technique des bateaux. J’ai tout appris au fil du temps. Une formidable école d’apprentissage. Désormais, tout nouveau bateau me paraîtra très simple.» (rires)
À l’occasion de la Fastnet, leur bateau s’appellera «Swanne Bonny», en référence au modèle de leur bateau, un Swan, et à Anne Bonny, une Irlandaise qui a fait parler d’elle au XVIIIe siècle sur un navire de pirates. Elle était l’une des deux seules femmes à bord lorsque le bateau a été arraisonné sur ordre d’un gouverneur. Alors que les hommes dormaient dans la cale, les femmes furent les seules à résister. En vain. Mais comme elles étaient toutes deux enceintes, leur exécution fut commuée en peine de prison.
Finesse et a ention
Dans la Rolex Fastnet Race, certains participants visent un bon classement quand d’autres veulent surtout vivre une aventure, relever un défi ou pouvoir en revenir avec de bonnes histoires à raconter. Mais d’autres encore ont avant tout une mission, comme les membres de l’équipage du Swanne Bonny, dont l’objectif est d’encourager plus de femmes à pratiquer la voile. Ce sport reste en effet très masculin, même si les représentants belges en voile aux Jeux olympiques étaient, en majorité, de la gent féminine.
«On voit des filles participer à des camps de voile, mais beaucoup d’entre elles décrochent par la suite, après une expérience qui leur aura fait peur», regre e Sigrid Huyghe. «Et puis, faire du volley, par exemple, est plus facile que d’acheter un bateau et une remorque pour l’amener
à l’eau. Il y a aussi peu d’équipages masculins qui emmènent des femmes à bord. Certes, elles sont moins fortes physiquement — même si, dans notre équipage, certaines n’ont rien à envier aux hommes de ce point de vue — mais elles peuvent très bien exercer des fonctions spécifiques. Pour barrer, par exemple, nul besoin d’être très musclé. Cela demande surtout de la finesse et de l’a ention. Dans le Vendée Globe (une course en solitaire sans escale de la France autour du pôle Sud et retour, NDLR), on comptait heureusement déjà six femmes parmi les 40 participants, dont une a terminé huitième. En août, un championnat belge open de yachting sera organisé à Ostende et Nieuport. Un des objectifs est d’a eindre 20% de femmes dans les équipages. C’est notamment pour cela que nous participons à la Fastnet.»
Mais le chemin est encore long. «Enfant, je naviguais avec mon père, j’ai suivi des cours de voile, donné des leçons et navigué sur plusieurs bateaux. Lors de l’arrivée de notre première course l’année dernière, quelqu’un a crié: ‘Ah, les filles ont aussi trouvé le chemin!’. Eh bien, qu’est-ce que tu croyais?», raconte Huyghe. «Mais nous ne nous laissons plus perturber par cela, la plupart du temps, ces réflexions ne sont pas mal intentionnées. Parfois, on nous propose spontanément de l’aide, ce qui est très gentil, mais nous souhaitons surtout des conseils. Nous disons toujours: ‘Ne venez pas le faire à notre place, mais montrez-nous comment’. C’est la meilleure manière de progresser. La plupart d’entre nous ne cessent d’apprendre: la météo, la navigation, la réparation de voiles et de cordages.» À Blankenberge, l’une d’elles a appris comment réparer les voiles et les cordages chez Wittevrongel, qui est un fabricant bien connu de cordages et de voiles mais aussi le restaurateur de l’Askoy, l’ancien
Posséder un voilier de 14,35 mètres, c’est s’engager dans une aventure coûteuse. Il y a toujours un élément qui casse, un entretien à prévoir ou une pièce à remplacer. En bas à droite de l’image, on aperçoit Elke De Wi e, ingénieure et copropriétaire du Swanne Bonny, prête à relever chaque défi que la mer impose.
bateau de Jacques Brel. «Pour ma part, je me concentre sur la tactique et la stratégie», précise Sigrid Huyghe. «Dans le cadre du Magenta Project, une organisation caritative mondiale qui vise à promouvoir la présence des femmes dans la voile et à laquelle je suis affiliée, j’ai récemment suivi un cours en ligne de tactique pour la voile en mer dans une école américaine.»
Salope es roses
Le magenta se retrouve aussi sur la salope e que portent Sigrid Huyghe et Elke De Wi e, et c’est la couleur dominante de leur site web. «L’année dernière, j’ai contacté un magasin de vêtements pour agriculteurs et commandé deux salope es roses», s’amuse Sigrid Huyghe. «Nous en avons reçu quatre immédiatement, car personne n’en demandait jamais, ont-ils dit. Elles étaient probablement en stock depuis très longtemps. Nous plaisantons souvent lors de nos réunions sur le fait que tout est toujours en rose, mais aucune autre couleur ne réussirait à nous assurer autant de reconnaissance.»
Le départ de la Rolex Fastnet Race sera, lui aussi, riche en couleurs et festif, comme la célébration d’une naissance. «Elke trouve toujours le départ très tendu, elle va toujours s’asseoir à l’intérieur», sourit Sigrid Huyghe. «Je veux que tout le monde soit concentré à ce moment-là. Deux personnes peuvent faire signe aux autres bateaux à proximité, mais il vaut mieux que le reste de l’équipage reste silencieux. Toute distraction peut conduire à une erreur de pilotage fatale. C’est seulement longtemps après avoir qui é le port, en haute mer, que l’on peut commencer à se sentir plus à l’aise.» ■
Infos: swannebonny.be et sailingforthinkpink.be
Cinq minutes après l’ouverture des inscriptions pour la Rolex Fastnet Race, 420 voiliers avaient déjà confirmé leur participation.
BALI, PHUKET, MARRAKECH… LE NOUVEL ELDORADO DES INVESTISSEURS EN IMMOBILIER
Certaines régions touristiques a irent les Belges amoureux de la brique en dehors de leurs contrées. Quelles destinations off rent les meilleurs rendements? Comment aborder un tel investissement et se lancer? Témoignages.
AUTRICE: MATHILDE RIDOLE
PHOTOS: SECUNDO ATLAS
Indonésie, Thaïlande, République dominicaine, île Maurice, Costa Rica, Maroc… Ces destinations de rêve ne sont pas que des destinations de vacances. Certains investisseurs belges en quête de rendement ont mis le cap sur les plages indonésiennes, antillaises ou encore dominicaines. Les milliers de kilomètres qui les séparent de leur villa ou appartement leur perme ent de dégager des rendements a ractifs pouvant grimper jusqu’à 17% sur base annuelle, hors plus-value.
«Si l’on compare aux rendements en Belgique, il n’y a pas photo», pose Stéphane (prénom d’emprunt), qui a récemment fait l’acquisition d’un appartement neuf avec une chambre à 250.000 euros à Phuket, pour un rendement de 8,5%.
Ce spot, comme les autres, n’a pas été choisi au hasard. Jean-Charles Bodart est le fondateur et CEO de l’agence immobilière namuroise Secundo Atlas, qui bénéficie déjà d’une expérience de plus de 15 ans sur le marché espagnol. Avant la crise sanitaire de 2020, il a élargi ses horizons pour explorer l’investissement immobilier hors Europe. «Les dénominateurs communs à ces destinations sont la stabilité politique et les cadres juridique et fiscal solides sécurisant l’achat», tientil à souligner. «La plupart de ces pays se situent dans l’OCDE et ont signé une convention préventive de double imposition avec la Belgique», poursuit l’agent immobilier.
À eux seuls, ces critères ne suffisent pas à rendre l’investissement lucratif. Le flux annuel de touristes, la croissance écono-
Avec une vue sur la plage de Kata Beach, il pense y passer quelques mois durant l’hiver à ses vieux jours. Mais avant qu’il arrive à la pension, l’appartement est loué onze mois sur douze. Stéphane se réserve le droit d’y télétravailler et/ou d’y passer des vacances le mois restant.
À Bali, le rendement net d’un investissement immobilier varie entre 12 et 17%, selon les spécialistes.
mique et la fiscalité avantageuse sont d’autres facteurs déterminants, tant pour le rendement que la plus-value.
Taux d’occupation élevés et afflux de touristes
Avec ses 6,33 millions de visiteurs en 2024 et ses paysages instagrammables, Bali off re, par exemple, des rendements nets variant de 12% à 17%. Trop beau pour être vrai? Pas si sûr. Avec des taux d’occupation de l’ordre de 80% et peu de saisonnalités, les touristes vont et viennent toute l’année. Le prix d’une villa deux chambres tourne autour de 240.000 euros tout compris (frais annexes, mobilier, piscine…) et les loyers sont semblables à ceux observés en Europe.
En Indonésie, comme pour chacune des destinations choisies, Jean-Charles Bodart a joué les démineurs. Il s’est occupé de la prise de contact avec les ambassades, les chambres de commerce, ainsi qu’avec les Belges et autres Européens sur place, de l’évaluation du marché, de l’off re et de la demande, du suivi des chantiers, du choix minutieux du gestionnaire locatif, et surtout de l’analyse approfondie des législations locales. «Chaque pays a ses spécificités. À Bali, par exemple, vous n’êtes que
«Il est impératif de déleguer la gestion locative, qui e à rogner sur son rendement, lorsqu’on vit à 12.000 kilomètres de son bien d’investissement.»
Mathieu
Belge propriétaire d’une villa à Bali
très rarement propriétaire du terrain, ce qui explique le prix d’acquisition si intéressant», souligne l’agent immobilier. Les titres de propriété en Indonésie sont, en effet, réservés aux citoyens ayant la nationalité indonésienne. L’investisseur étranger loue généralement le terrain via un bail emphytéotique, appelé «leasehold», pour une durée de 50 ans renouvelable, avec l’accord du propriétaire – un Balinais. S’il souhaite réaliser sa plus-value, il peut revendre entretemps son bien, avec la durée restante du bail.
Cette spécificité locale, une parmi d’autres, fait partie des particularités à prendre en compte par les potentiels investisseurs étrangers, comme la taxation des revenus locatifs, les aspects successoraux, les frais d’acquisition ou encore l’éventuelle taxe sur les plus-values. «Je cadre tout cela avec EY (ex- Ernst & Young et associés), l’administration fiscale belge et les chambres de commerce locales», rassure Jean-Charles Bodart.
Cession de la gestion locative impérative
Ce travail en amont est difficile à réaliser si l’on n’est pas accompagné. «La présence d’un interlocuteur belge, Secundo Atlas, a été l’un des éléments déclencheurs de mon achat à Bali début 2024», reconnaît Mathieu, un Liégeois qui détient également un patrimoine immobilier en Belgique. Il avait pourtant déjà pris contact quelques années plus tôt avec le promoteur immobilier français Magnitude Construction qui construit les villas sur
240.000
Une villa avec deux chambres à Bali peut être achetée pour environ 240.000 euros tout compris, c’est-à-dire avec le mobilier et la piscine inclus.
place. C’est seulement après avoir considéré les aspects fiscaux de l’investissement avec son avocat d’affaires et s’être rendu à Bali à deux reprises pour rencontrer le property manager, à qui il devait déléguer la gestion locative, qu’il s’est décidé. «Il est impératif de céder ce e partie du travail, qui e à rogner sur son rendement, lorsqu’on vit à 12.000 kilomètres de son bien d’investissement», concède Mathieu. Impossible, en effet, de réparer un frigo en panne ou de gérer une fuite d’eau à ce e distance.
«Par exemple, le gestionnaire locatif Bali Superhost (qui gère plus de 400 villas, NDLR) possède une solide expérience dans le domaine des locations touristiques. Son approche est plus avancée que celle observée Europe et un large éventail de services sont intégrés à la gestion locative», souligne l’investisseur.
«Il existe une véritable culture du travail en Asie du Sud-Est. Les logements sont soigneusement gérés et, étant donné les salaires relativement faibles, les
rendements s’avèrent particulièrement lucratifs. Ce e conscience professionnelle est caractéristique à la région, ce n’est pas forcément le cas partout», contextualise Jean-Charles Bodart. Il s’efforce de sélectionner un prestataire local fiable, quelle que soit la destination. «Mais l’investisseur n’est jamais contraint de signer avec ce gestionnaire locatif», rassure-t-il.
Privilégier l’immobilier neuf
L’agent immobilier recommande d’opter pour du neuf plutôt que pour de l’existant. «Je ne propose d’ailleurs que des constructions sur plan ou des habitations en cours de construction. L’existant présente plus de risques, car, dans certains États, la de e de l’ancien propriétaire peut être a achée au bien et donc le suivre en cas de vente. C’est une véritable jungle», illustre Jean-Charles Bodart.
Outre Bali et la Thaïlande, Secundo Atlas est également présent sur les marchés immobiliers de la République dominicaine et du Costa Rica. «Comptez 120.000 euros pour un appartement et 300.000 euros pour une maison en République dominicaine, avec des rendements oscillants entre 8% et 10%», chiffre l’agent immobilier.
Au Costa Rica, les prix d’achat sont plus élevés. «C’est la Suisse d’Amérique centrale. La vie y est plus chère», s’amuse-t-il à comparer. «De plus, il existe un déséquilibre entre l’offre et la demande. Les autorités locales ne souhaitent pas développer et bétonner, mais préfèrent conserver à l’état sauvage des plages et respecter la nature. Vous ne trouverez aucun resort sur les plages costariciennes.» Les prix commencent à partir de 350.000 euros pour un appartement et à partir de 600.000 euros pour une maison, pour des rendements de 8 à 10%.
Secundo Atlas propose désormais deux nouvelles destinations: l’île Maurice et Marrakech, qui est plus proche du plat pays et très en vogue. Rendements a endus? Entre 7% et 10%. ■
À Bali, il est très rare d’être propriétaire du terrain sur lequel se trouve la maison. C’est pourquoi le prix d’achat est si a ractif.
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Deutsche Bank en Belgique s’est illustrée en remportant deux prix prestigieux lors des Euromoney Awards 2025 décernés à Londres. Ces derniers font partie des 15 récompenses Euromoney obtenues cette année à l’échelle internationale par la banque privée de Deutsche Bank et renforcent son statut d’acteur de premier plan en matière de Private Banking et Wealth Management en Belgique.