Programme de soirée // Ant Hampton, TWO ADULTS AND A CHILD

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ANT HAMPTON

Du 28 au 30 septembre

Two Adults and a Child (Deux adultes et un enfant)

Salle René Gonzalez

«Un album-essai-

Théâtre/ Performance

musical-poème-

Durée : 1h

manifeste créé par plusieurs millions de sisters et brothers abandonnés vivants dans un refuge au bord de l’autoroute qui longe le fleuve.»


Concept, texte, musique et son Ant Hampton Dramaturgie Rita Pauls Assistanat artistique et chorégraphique Anna Rispoli Vidéo, lumière et direction technique Mikko Gastael (Expander) Voix Mia Hampton Maxim Daish-Belay Ines Labbé Personnages dans la vidéo Ishaq El Akul Dora Meierhans Garil Paturel Laia Vaissier Craviotto Traduction Rita et Alan Pauls Management Danila-Freitag Agency

Coproduction Kaaitheater Brussels ZeitRaumExit Mannheim Théâtre Vidy-Lausanne ▼ Avec le soutien de Landesverband Freie Tanz- und Theaterschaffende Baden-Würtemberg financé par le Ministère des sciences, de la recherche et des arts du Bade-Wurtemberg et NATIONALE PERFORMANCE NETZ Koproduktionsförderung Tanz financé par le commissaire du gouvernement fédéral pour la culture et les médias Remerciements Darren O’Donnell pour la citation tirée de Haircuts by Children and Other Evidence for a New Social Contract (Coach House books, 2017) Peggy Donnelly, Emiliano Battista, Leandro Battista, Misha and Alma Downey, Martine Lange, Katja Dreyer, Dolores Hulan, Lucius Romeo-Fromm, Chris Harrison-Kerr, James Axford, Klara De Cock Jones, Christophe Meierhans Britt Hatzius, Martin Hampton, Caroline Daish, Fred Labbé, Michele Piazzi, Nerea Craviotto, Julien Vaissier Extraits de musique et de texte de Eric Dolphy, Sun Ra, Jean Constantin, ee cummings, Alan Pauls, New Order, Leonard Cohen

Avec Mardi 28.09 Adultes: Rosangela Gramoni, Pierre-Emmanuel Sorignet Enfant: Nalani Ramdya Mercredi 29.09 Adultes: Christophe Jaquet, YoungSoon Cho Jaquet Enfant: Luna Puckett Jeudi 30.09 Adultes: Caroline de Cornière, Isabelle Baudet Enfant: Kai Ramdya

AUTOUR DU SPECTACLE Mercredi 29.09 Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation.


Note d’intention par Ant Hampton, septembre 2021 Cette pièce, comme beaucoup de travaux présentés en ce moment, a été écrite en grande partie pendant la pandémie, ce qui, dans mon cas, a parfois conféré à la recherche et à l’écriture une sorte de dérive hallucinatoire. La prémisse fictionnelle est construite sur un grand patchwork de pensées et de citations, cousues ensemble plus que tout autre chose dans l’esprit d’un des derniers romans de Marguerite Duras, Pluie d’été (extraits ci-dessous en italique gras). «C’est très… très difficile à exprimer, Monsieur, je m’excuse… ce que je peux dire c’est que nous sommes des enfants d’une façon générale, vous voyez. » ..... Dans le film Der Himmel über Berlin (Les ailes du désir) de Wenders, les anges se promènent en nous observant, recueillant des anecdotes de notre vie quotidienne et se réunissant pour partager leurs notes. En se déplaçant, ils sont invisibles – mais pas pour les enfants. C’est comme si les enfants étaient leurs alliés faciles à vivre, avec des yeux, des pieds et une action dans les espaces réels et spirituels. Pourtant, en corollaire de l’incapacité des anges à vivre autre chose qu’une vision de la vie des mortels, nous savons que les enfants n’ont généralement pas la possibilité de tirer les ficelles du fonctionnement de la société (point de départ de l’excellent livre de Darren O’Donnell Haircuts by Children, cité au début de Deux adultes et un enfant). J’ai commencé à imaginer les enfants d’aujourd’hui se rassemblant, comme les anges, et j’ai essayé d’imaginer à quoi pourraient ressembler leurs notes. «Ernesto était censé ne pas savoir encore lire à ce moment-là de sa vie et pourtant il disait qu’il avait lu quelque chose du livre brûlé. Comme ça, il disait, sans y penser et même sans le savoir qu’il le faisait, et puis qu’ensuite eh bien qu’ensuite, il ne s’était plus rien demandé ni s’il se trompait ni s’il lisait en vérité ou non ni même ce que ça pouvait bien être, lire, comme ça ou autrement. Au début il disait qu’il avait essayé de la façon suivante : il avait donné à tel dessin de mot, tout à fait arbitrairement, un premier sens. Puis au deuxième mot qui avait suivi, il avait donné un autre sens, mais en raison du premier sens supposé au premier mot, et cela jusqu’à ce que la phrase tout entière veuille dire quelque chose de sensé. Ainsi avait-il compris que la lecture c’était une espèce de déroulement continu dans son propre corps d’une histoire par soi inventée. » .....


Il y a environ dix ans, j’ai profité d’une résidence à Helsinki pour essayer de trouver un moyen de faire parler les deux personnages principaux d’En attendant Godot d’une manière qui, pour moi, ait un sens. Ils ont fini par chuchoter. Je pouvais les imaginer en train de chanter (ce qui n’arrive pas dans la pièce), mais pas en train de parler à voix haute. ..... «Quelquefois les brothers et les sisters, on dirait des petits animaux agglutinés les uns aux autres dans le sommeil, leurs cheveux les recouvrent de blondeur, leurs petits pieds sortent de dessous le tas. Quelquefois ils sont épars comme des petits enfants qu’on aurait jetés là dans un coin. Quelquefois on dirait qu’ils ont cent ans, qu’ils ne savent plus rien de comment on vit, de comment on joue, de comment on rit. […] Ils pleurent tout bas. Ils disent rien de ça qu’ils pleurent, mais rien. Ils disent : c’est rien, ça va passer. » «Dans la dernière phrase, citation directe des « brothers et des sisters », on retrouve le même type d’incorrection grammaticale que dans les phrases précédentes, comme si la narration reproduisait le parler enfantin. Et cependant l’emploi de l’adjectif « épars » témoigne d’une certaine recherche lexicale qui ne peut être attribué aux enfants : curieux mélange, là encore, qui joue du mimétisme de la parole enfantine, tout en maintenant ostensiblement une certaine distance du narrateur avec les personnages.» Poétique de l’enfance chez Marguerite Duras par Anne Cousseau ..... En 2008, un emploi m’a amené à travailler avec l’écrivain et philosophe Mladen Dolar. Voici un extrait de ce qu’il a écrit cette année-là : «La voix est un missile corporel invisible, elle consiste en un simple passage d’un intérieur à un extérieur, produisant ainsi les deux. Elle n’est elle-même ni intérieure ni extérieure, mais dans la transition, dans le passage, dans l’extension. Son intension est son extension. Mais la voix n’est pas d’un côté ou de l’autre, elle est ce qui permet cette division et la brouille, elle la produit et la rend paradoxale. Il y a un beau passage chez Beckett, dans L’Innommable : » “et je l’aurai dit, sans bouche je l’aurai dit, je l’aurai entendu hors de moi, puis aussitôt dans moi, c’est peut-être ça que je sens, qu’il y a un dehors et un dedans et moi au milieu, c’est peut-être ça que je suis, la chose qui divise le monde en deux, d’une part le dehors, de l’autre le dedans, ça peut


être mince comme une lame, je ne suis ni d’un côté ni de l’autre, je suis au milieu, je suis la cloison, j’ai deux faces et pas d’épaisseur, c’est peut-être ça que je sens, je me sens qui vibre, je suis le tympan, d’un côté c’est le crâne, de l’autre le monde, je ne suis ni de l’un ni de l’autre. “ ..... «Les enfants, c’étaient des gens comme ça, qui comprenaient qu’on les abandonne. Sans comprendre, les enfants, ils comprenaient. Sans comprendre l’abandon, ils le comprenaient. C’était en quelque sorte naturel. Qu’on ait ce mouvement d’abandonner les enfants à un moment donné, d’ouvrir les mains et de lâcher, c’était naturel. Eux, leurs billes les plus belles, ils les perdent, alors. C’était aussi naturel qu’ils s’agrippent à la mère, qu’ils ne veuillent pas la lâcher. Eux, les brothers et les sisters, ils avaient encore dans la tête les espaces des premiers âges. Des espaces sombres, des peurs inintelligibles, inconsidérées, d’autoroutes désertes par exemple, d’orages, de nuits noires, de vent. Allez voir ce que ça dit certaines fois le vent, ce que ça crie. » ..... Je suis avec Rita (qui, en tant que dramaturge, a façonné cette pièce de manière importante) en train de parler avec son père Alan Pauls - un écrivain et critique argentin - de Greta Thunberg, dont, à notre grande surprise, il n’a jamais entendu parler. Quelques semaines plus tard, Rita lui partage un nouveau texte qu’il a écrit. «Tout cela est faux », dit-elle vendredi dernier à New York : « Je ne devrais pas être ici. Je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan. » Elle répétait le dicton déchirant de Brecht, à sa manière : « Misérable est le pays qui a besoin de héros ». C’est un autre jalon sur le chemin de l’héroïsme : le moment où l’héroïne découvre que son existence n’est pas la solution à un état de choses injuste mais son symptôme, sa preuve la plus décisive. En temps normal, les héros sont la nature poussée à son extrême limite. Les enfants héros, en revanche - et c’est peut-être ce qui rend une personne comme Greta Thunberg si fascinante - sont une incongruité, une sorte d’aberration, un phénomène anormal. Aussi contre nature que les parents qui enterrent leurs enfants. .....

Merci à Mladen Dolar (citation de son travail pour la Manifesta 7, The Voice and the Fortress, 2008), et à Alan Pauls pour son texte Niños héroes, disponible ici.


Ant Hampton est un artiste germano-britannique qui conçoit des performances basées sur la tension entre des cadres fixes et des interprétations variables. Depuis plus de 20 ans, il élabore des situations qui amènent des interprètes divers à réaliser des performances non répétées. Dès 1999, il invitait des artistes, différent·e·s à chaque fois et souvent « non professionnels », à suivre en public des instructions sans aucune préparation préalable. Plus tard, cette approche s’est développée pour inclure le public lui-même - un volet du travail qui est devenu connu sous le nom d’Autoteatro, impliquant généralement des formats à petite échelle, parfois spécifiques au lieu. Aujourd’hui, 10 productions de la série des Autoteatro sont en tournée dans le monde, dans plus de 60 versions linguistiques différentes. Plus récemment, sa pratique a remis en question l’idée de l’art comme espace sûr ou autonome avec des performances où un « public » participant fait l’expérience des risques qu’il décide de prendre. Ant Hampton collabore souvent avec d’autres artistes, notamment Tim Etchells, Christophe Meierhans, Britt Hatzius, Gert-Jan Stam, Ivana Müller, Anna Rispoli et Rita Pauls.


À voir aussi, du même artiste

2 octobre 2021, 15h en ligne sur zoom --> inscription Présentation de l’atlas et discussion avec l’artiste et metteur en scène Ant Hampton et les membres du groupe de travail.


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