Programme de soirée // Nina Negri, SOUS INFLUENCE

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NINA NEGRI

Sous influence « C’EST SEULEMENT QUAND ON REGARDERA AUTREMENT, QU’ON POURRA AGIR DIFFÉREMMENT »

Du 3 au 13 novembre Pavillon

Durée : environ 1h15

Théâtre/Danse/ Cinéma

IRIS BREY Quelles sont les limites qu’une femme ne peut pas franchir, encore de nos jours ? Comment matérialiser ce qui norme nos perceptions ? Et comment affirmer de nouveaux imaginaires face à la violence des injonctions, lorsque celle-ci s’abat sur les corps minorisés ?


Mise en scène, chorégraphie et création vidéo Nina Negri Collaboration artistique Agathe Hazard Raboud Dramaturgie Marion Stoufflet

Avec Laura Den Hondt Guillaume Miramond Dakota Simao Mamu Tshi / Solie Warren (Girl Mainevent) Trois enfants figurants

Chorégraphie enfants Alex Landa Aguirreche

Production Compagnie AlmaVenus

Scénographie Neda Loncarevic

Coproduction Théâtre Vidy-Lausanne ▼ Comédie De Genève TPR La Chaux-de-Fonds

Assistante de scénographie Lucie Meyer Costumes Toni Teixeira Composition musicale Boris Boublil Composition musique krump Mozarf Recherche musicale Julien Bosse Davide De Vita Lumière Etienne Gaches Vidéo Jérôme Vernez

Avec le soutien de Ville de Lausanne - Loterie Romande - Sponsor Fidinam - Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture Fondation Ernst Göhner - Fondation Michalski pour l’écriture et la littérature - Fondation suisse des artistes interprètes - Fondation Nestlé pour l’Art - Fondation Casino Barrière Avec l’aide de TPR La Chaux-de-Fonds - TLH Sierre - L’OrientalVevey - Théâtre Sévelin 36 Lausanne

Pensée-montage Clémentine Colpin Dramaturgie collective de plateau Coline Bardin, Piera Bellato, Prune Beuchat, Sarah Calcine, Arianna Camilli, Marion Chabloz, Cyprien Colombo, Clémentine Colpin, Susanna Dimitri, Maxime Gorbatchevsky, Cécile Goussard, Arnaud Huguenin, Loic Le Manac’h, Mélina Martin, Flavia Papadaniel, Agathe Raboud, Leon David Salazar, Marion Stoufflet

AUTOUR DU SPECTACLE Rencontre avec l’équipe artistique mardi 9 novembre à l’issue de la représentation


Note d’intention Cela fait des années que le film de Cassavetes A Woman under the influence me meut et m’interroge radicalement sur ma position en tant que femme et artiste. Voir ce personnage hors normes être interné à cause de sa spontanéité extravagante est certainement l’une des images les plus puissamment révoltées que nous ait offertes le cinéma. C’est pourquoi je voudrais tenter de saisir pourquoi elle nous interpelle aussi profondément encore aujourd’hui. To be under the influence veut dire être sous l’effet d’alcool – pourtant, hormis l’une des premières scènes, on ne voit jamais l’actrice s’enivrer. L’influence est d’un autre ordre : l’emprise des normes diffuses qui imposent la manière dont on doit se tenir. La protagoniste est marginalisée par sa seule manière d’être et condamnée à flancher tandis que les autres savent demeurer droit·es, simplement parce qu’ielles possèdent une maîtrise des conventions qu’elle n’a pas. De ce fait, mon intention n’est pas d’adapter le scénario, mais plutôt de creuser à travers le montage de différentes disciplines et médiums scéniques, les questions soulevées par le film et ses personnages : Quelles sont les limites qu’une femme ne peut pas franchir, encore de nos jours ? Comment matérialiser ce qui norme nos perceptions ? Et comment affirmer de nouveaux imaginaires face à la violence des injonctions, lorsque celle-ci s’abat sur les corps minorisés ?


Afin de donner à voir la violence de cette influence, la mise en scène est définie uniquement dans la mesure où l’affrontement entre les corps est donné à vivre au corps des spectateur·rices. Il s’est donc agi d’écrire une chorégraphie en mesure d’incarner la fêlure de la protagoniste dans la fragile frontière entre représentation et folie, de restituer les ruptures propre au montage de Cassavetes par le jeu des interprètes tout en renversant la perspective d’un point de vue féminin, et de déployer une pensée scénographique qui traduise son emprisonnement. Se pose enfin la question du regard des enfants : car dans le film, les seuls êtres qui ne sont pas sous l’emprise des normes sociales sont les enfants. C’est pourquoi seule leur présence dansée au plateau peut redonner une place à la singularité de Mabel et renverser la violence dominante.

A woman under the influence, 1974 A woman under the influence est un des films phares de John Cassavetes (1929-1989), père incontesté de la Nouvelle Vague new-yorkaise. Le film, réalisé en 1974, raconte l’histoire de Mabel (Gena Rowlands), une mère au foyer vivant dans un quartier pavillonnaire de Los Angeles avec Nick (Peter Falk) qui travaille sur des chantiers, et leurs trois enfants. Impulsive et sans inhibition, étouffée par sa famille et les conventions de la société, son besoin de tendresse et ses lubies donneront lieu à des incidents imprévisibles, qui amèneront son mari à la faire interner.


FAUX-RACCORD & FEMALE GAZE Par Nina Negri Le montage de Cassavetes est un acte en pleine rupture avec la linéarité du récit car par l’usage réitéré du faux-raccord, il entretient un sentiment perpétuel d’instabilité. En brisant les continuums d’action, d’espace ou de temps, il donne à voir les conflits du visible : ainsi, il interroge constamment la pensée sensible de celui ou celle qui regarde et nous interpelle sur notre propre rapport au cadre, donc aux normes. C’est pourquoi, en déplaçant cette notion cinématographique dans le champ scénique, nous déconnectons le récit de sa logique causale pour en proposer une nouvelle dramaturgie, afin de multiplier constamment les niveaux de représentation. Pour ce faire, nous nous approprions des procédés filmiques dérivés de cette esthétique du fragment - comme le jump-cut, le pillow-shot, le champ et le hors-champ, la désynchronisation corps et voix – dans le but d’établir des ruptures dans le jeu qui stratifient le sens du récit. Parallèlement, nous avons mené une phase d’écriture de plateau collective dans le but d’intensifier la diversité des points de vue et de renverser ce qui norme nos perceptions, notamment au sujet des femmes. De fait, les interprètes vont opérer des in et out permanents dans leur jeu, afin de questionner le ressenti subjectif du personnage féminin et de déplacer le regard du public d’une vision scopique à une vision phénoménologique, comme le théorise Iris Brey dans son livre


The Female Gaze - Le Regard au féminin, lorsqu’elle écrit : « Le female gaze c’est sortir de l’identification au héros masculin pour aller vers le partage de l’expérience féminine : c’est ressentir avec l’héroïne ». Le female gaze est une approche cruciale et urgente puisque les personnages féminins dont on ressent l’expérience et qui sortent du statut d’objet ont été jusqu’ici minimisés et avant tout discriminés dans nos écrans ainsi que dans notre culture. En activant le female gaze comme approche de réécriture sensible et le faux-raccord comme outil de déconstruction nous pouvons mettre en lumière la perspective subjective de la protagoniste. AFFRONTEMENT CORPOREL : LE BATTLE Dans le but de renforcer l’effet d’hallucination et de dédoublement propre au personnage de Mabel, et d’augmenter ce que peut un affrontement entre deux corps, nous avons créé des chorégraphies inspirées des battles de Krump. Cette approche, spécifique aux danseur·ses de l’équipe, traduit concrètement le rapport de force que les corps dits minoritaires doivent mettre en oeuvre pour s’émanciper du pouvoir des injonctions dominantes. Elle renvoie à l’essence-même d’une énergie nécessaire à l’expression de soi pour échapper à la mise à l’écart.


Le Battle est un terme de la culture hip-hop désignant une confrontation organisée entre danseur.ses, échangeant chacun·e à leur tour une improvisation sur une même musique. Pendant les battles, le corps est mis à l’épreuve : l’endurance, les gestes inlassablement répétés, les figures cassantes élaborent une éthique de la souffrance dans un surpassement et une maîtrise de soi, réels et symboliques, comme un signe de force, un acte de justice et une revanche sur la vie. Le combat se joue dans une tension entre le cercle autour de l’affrontement et le public qui acclame, encourage et juge. Chaque danseur·se, vainqueur·e ou vaincu·e, apprend de celui·celle qu’ielle défie. Le Krump, acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise (en français : Élévation du royaume par le puissant éloge), est une danse urbaine née à Los Angeles au début des années 1990 dans les ghettos de la communauté afroaméricaine, en réaction à la répression policière. Puissante et convulsive, elle est empreinte d’une forte intériorité qui la rapproche de la transe, avec une volonté de se ré-approprier son espace vital et de réunir toutes les conditions nécessaires pour que le corps puisse exprimer son intensité, sans se blesser ou blesser l’autre. Les gestes s’inspirent notamment du code de frappe des arts martiaux et du groove. Malgré son apparence agressive due aux mouvements exécutés très rapidement et de la colère qui peut se lire parfois sur les visages des danseur·ses, le Krump se veut être une danse représentant la vie et toute sa « puissance ». Krumper a toujours été une manière pour ces minorités de renverser l’ordre des injonctions dominantes le temps d’une rencontre ou d’une assemblée.


Nina Negri est metteuse en scène et chorégraphe. Suite à des études de philosophie, elle se forme à la Biennale de Théâtre de Venise, aux Rencontres internationales de danse contemporaine de Paris et à La Manufacture de Lausanne ; son parcours passe par le Butoh, le cinéma et le théâtre. En 2016, elle fonde la compagnie AlmaVenus, avec laquelle elle questionne le rapport entre violence et puissance des images, notamment lorsque ces dernières percutent le corps des minorités. Parallèlement, elle dirige des laboratoires de théâtre-danse pour enfants dans le cadre de plusieurs festivals et institutions. Après plusieurs formes courtes, elle crée GirlisaGun avec Isadora Pei ou encore Adèle H. Depuis 2019, elle mène un projet de recherche avec Clémentine Colpin sur les potentialités scéniques du montage audiovisuel. À Vidy elle a présenté en 2019 M. la Multiple, son spectacle de sortie de La Manufacture et a participé en 2021 au séminaire Théâtre des futurs possibles en lien avec le cycle d’enquêtes-conférences Enquêter avec d’autres êtres de la philosophe Vinciane Despret.


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