CABAN brochure en Français

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THEATER DE SPIEGEL PRÉSENTE DE SPIEGEL SPIEG

T H E AT R E P O U R LES PLUS PETITS

CABAN UNE AIRE DE JEU DOUILETTE POUR LES PETITS ENTRE 3 MOIS ET 3 ANS


Theater De Spiegel crée des spectacles de théâtre musical pour les tout-petits. Les comédiens et musiciens jouent avec des figurines, avec l’espace et la musique, mais aussi avec le public. Ce merveilleux jeu d’ensemble produit des spectacles chaleureux et réconfortants. Theater De Spiegel stimule la curiosité, la faculté d’étonnement et l’imagination des enfants et des adultes. En plus des créations théatrales, la compagnie Theater De Spiegel présente avec plaisir un projet unique: CABAN l’espace de jeu créatif, contient tout un parcous artistique sur l’art des tout-petits.

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CABAN

ESPACE DE JEU

ARTISTIQUE

ET CREATIF

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CABAN est l’espace de jeu artistique et créatif et le lieu d’activités de Theater De Spiegel. Nous l’avons créé pour les tout-petits de 3 mois à 3 ans et leurs accompagnateurs adultes: parents, grands-parents, personnel de crèches, parents d’accueil, puériculteurs/trices. CABAN se compose de modules architecturales, dont «Le Nid», «Le Lit-table», «Le Tunnel à manches», «La forêt de bambou», et «Les Cabanes-échelles». Les formes et matières des cabanes éveillent l’imagination et invitent à les explorer ensemble. Nous installons les modules dans les espaces polyvalents de centres culturels et communautaires, garderies d’enfants, bibliothèques ou musées. Dotés d’ouvertures et de passages, ils transforment l’espace tout en créant des barrières. Le visiteur est invité à s’y chercher un petit coin où s’installer ou se cacher, à se retirer dans sa coquille ou, au contraire, à se frayer un chemin vers l’extérieur.

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CABAN est une nouvelle forme qui décloisonne les genres. Il n’y a pas de scène comme pour un spectacle. La lumière ne s’éteint pas, on ne parle pas, il n’y a pas vraiment de début, de milieu ou de fin. Ce n’est pas une exposition: il est permis de regarder et aussi de toucher. Ce n’est pas non plus une aire de jeux dans laquelle les accompagnateurs lâchent les enfants; c’est une expérience commune très spéciale. Il faut la vivre pour la comprendre. Aucun code de conduite n’est imposé aux visiteurs. Ils sont libres de participer ou d’observer, au milieu ou à distance, exubérants ou tranquilles, intrépides ou prudents. Tout le monde est présent et participe en réagissant comme il l’entend à la foule d’impressions et de stimuli, en fonction de ses expériences, besoins et personnalité.


Theater De Spiegel invite des musiciens pour des sessions d’improvisation de deux heures dans CABAN. Ces artistes jouent et chantent en se déplaçant entre, dans, sur et sous les mo­ dules, tirant parti des différents objets et matières. Ils établissent le contact avec les visiteurs, les laissent s’approcher et découvrir les instruments ainsi que les sonorités et la musique, aussi bien à tâtons qu’en ouvrant grands les yeux et les oreilles. L’environnement éveillant les cinq sens met les artistes au défi de chercher d’autres manières de produire des sons et d’intégrer leur instrument et leur voix dans le jeu. Leurs improvisations produisent de la musique et d’autres sonorités qui, souvent, sont nouvelles et surprenantes pour les visiteurs. Les artistes encouragent ainsi une véritable rencontre entre le public et l’univers inspirant de CABAN. Ils offrent un point focal dans l’ensemble.

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On n’entre pas dans CABAN pour ressortir aussitôt: il faut prendre le temps de découvrir son univers, et ce temps est disponible.

Avec CABAN, nous nous adressons à des organisateurs du secteur culturel, mais aussi aux secteurs de la jeunesse, de la santé et du bien-être.

Les visiteurs font tout à leur rythme: arriver, entrer, lâcher prise, s’éloigner des soucis quotidiens, se laisser emporter par l’expérience, l’instant, la musique, le jeu, afin de savourer, d’être, tout simplement.

Ce projet peut être l’occasion de lancer des collaborations de divers types au niveau d’une ville ou d’un quartier, entre partenaires culturels (centres culturels ou communautaires, centres d’arts, musées, bibliothèques), mais aussi institutions de soins de santé et organismes de formation (instances éducatives, garderies, écoles maternelles et écoles de musique).

Chaque session réunit au maximum 35 personnes, car l’environnement doit apporter la sérénité et ne pas être trop envahissant. Il y a assez de place, l’espace est libéré autant que possible, il est suffisamment lumineux; c’est ainsi que l’installation est mise en valeur.

Ce projet peut être l’occasion de lancer des collaborations de divers types au niveau d’une ville ou d’un quartier.

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Les modules peuvent composer, au choix, une zone de jeu libre ou le décor d’improvisations musicales. Ils servent aussi de cadre à différents projets, activités et ateliers autour de l’enfance, de l’éducation, du développement et du rôle de la musique dans ces domaines, autour de la créativité, l’expérience sensorielle et le jeu avec les matières, les objets et les sons.


CABAN, ce sont des ingrédients toujours identiques qui produisent à chaque fois une nouvelle recette. En fonction du lieu, des artistes, du public visé, du cadre où il est installé et des organisations qui s’en servent, le contenu, l’apparence et l’expérience sont radicalement différents.

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MODULES

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LES CABANES-ÉCHELLES

LE LIT-TABLE

LE TUNNEL À MANCHES CIEL COLORÉ

LA FORET DE BAMBOU LE NID

TRAITS À EMPILER 9


INTENTION

THEATER

DE SPIEGEL

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L’acoustique est l’une des clés dont se sert le jeune enfant pour se construire un univers. «CABAN est un environnement de jeu créatif composé de constructions architecturales à la mesure des enfants. Ces modules rappellent les cabanes et les habitats imaginaires: un nid, une tente faite d’échelles, un lit-table, une maison-tunnel à manches … Nous invitons des musiciens à venir jouer dans ces installations”, explique le directeur artistique Karel Van Ransbeeck, auteur du concept. “Impossible de répéter pour ces artistes, car les modules transforment l’espace. Aujourd’hui le nid se trouve ailleurs que la semaine dernière. À chaque fois, les musiciens reprennent donc à zéro. Ils commencent par observer comment les enfants abordent les constructions, puis ils se lancent dans des expériences sonores. Car l’acoustique est l’une des clés dont se sert le jeune enfant pour se construire un univers. Le son changet-il quand je me faufile dans un petit coin? Les enfants jouent et jonglent avec tout cela et nos musiciens font de même. Ils encouragent les enfants à voir 12

différemment le monde matériel qui leur est familier. Les enfants sont d’éminents scientifiques, car ils n’excluent rien d’emblée. Le toutpetit qui vit dans un monde abstrait, reconnaît cependant certaines sensations affectives. C’est notre point de départ. Jusqu’où pouvons-nous aller dans ce que nous racontons? Prenons Ha Dede, une pièce de théâtre utilisant des cubes et des sphères. En y assistant, les enfants se disaient: «Cette forme entre-t-elle dans celle-là? Oui! Oh, j’essaie, moi aussi. Ça marche, super!» Ou: «Bah, je n’arrive pas à faire rentrer le cube. Je le jette!» Les adultes s’interrogeaient sur le sujet de la pièce, mais en fait, Ha Dede était un récit universel sur «l’autre»: s’accorde-t-il avec nous ou non? Apparemment, c’était beaucoup plus difficile à saisir pour les adultes. Les petits vivent dans une culture d’entente. Ils recherchent les ressemblances, quelle que soit leur origine culturelle. Qu’est-ce qui nous relie? Comment lancer le dialogue? Chaque interaction révèle leur respect pour la communication. Au départ, les parents sont souvent plus réticents, car ils ne savent pas ce que ce projet apportera à l’enfant. Un quart d’heure suffit d’habitude pour qu’ils se


sentent à l’aise et comprennent que le cadre est aussi sécurisant pour euxmêmes. Dès que le rôle protecteur fait place à l’expérience commune spontanée, le comportement de l’enfant se libère visiblement. Pour les créateurs, cette dynamique est très intéressante, car elle démontre l’effet des rapports parent-enfant sur l’expérience de CABAN. En définitive, celle-ci dépend en grande partie de l’état d’esprit dans lequel les adultes l’abordent. Ce que nous faisons est fragile, le parent et l’enfant vivent un moment d’intimité. Le musicien doit, lui aussi, rechercher à chaque fois un équilibre. La confrontation à son public est extrêmement directe, les petits sont quasiment assis sur ses genoux. Nous tentons d’offrir aux enfants, en compagnie de leurs parents, des expériences qui les font entrer dans un autre monde. Les éléments théâtraux comme la musique et les objets y contribuent. Caban dure deux heures, mais les participants sont libres d’aller et de venir. Dès qu’un parent sent que ça suffit pour son enfant, il part. Pourtant, à leur grande surprise, un grand nombre de visiteurs restent au moins une heure et demie. Ailleurs en Europe, les initiatives artistiques destinées aux enfants de 0 à 3 ans se multiplient depuis plus longtemps. Des études scientifiques démontrent que le

don musical est crucial dans le développement de l’enfant. Mais en ce moment, la plupart des parents se concentrent malheureusement sur l’acquisition linguistique de leur bébé, au détriment du don musical. Avec Theater De Spiegel, nous ne créons par nos spectacles dans le but de transformer les jeunes enfants en consommateurs de culture à l’âge adulte. Nous le faisons parce que les toutpetits ont d’ores et déjà le droit de faire l’expérience de la culture. Ils ne sont pas des créatures sacrées à traiter en Lilliputiens et à vêtir uniquement de robes de princesse roses. Les enfants aiment ce qui est vrai; accordez-leur une place à part entière dans la société. Pourquoi un enfant de deux ans vaudrait-il moins que nous? Il n’a peut-être pas la même agilité verbale, mais il dispose de tant d’autres formes d’expression. Voilà ce qui est formidable dans notre public : la communication des enfants est très directe; quand ça ne leur plaît pas, ils tournent le dos et s’en vont. Ou ils vous regardent en vous toisant: “Qui estu, toi?”» Karel Van Ransbeeck, directeur artistique, Theater De Spiegel en dialogue avec Oona Goyvaerts

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L’ART POUR

ENFANTS LA PERCEPTION

ACADEMIQUE

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Pour les enfants, même très jeunes, l’expérience artistique est importante, comme le confirme d’ailleurs la “Charte des droits des enfants à l’art et à la culture.” Les enfants ont le droit de se réunir pour jouer et d’expérimenter ensemble, de vivre ensemble des expériences artistiques. Ils ont le droit d’apprécier de l’art de qualité créé par des professionnels, quels que soient leur âge, leur origine sociale et leur statut économique. La participation aux processus de création nourrit leur intelligence affective, tout en contribuant à un épanouissement harmonieux de leurs capacités d’empathie et de leurs talents innés. Créer de l’art pour et avec les enfants ne consiste pas uniquement à leur proposer des œuvres à regarder. Il s’agit aussi de les faire sentir, écouter, découvrir, vivre des expériences et créer eux-mêmes. Quand quelque chose intéresse les toutpetits, leur réaction est très physique. Ils se laissent guider par toutes sortes de stimuli sensoriels, odeurs, couleurs et sons, par la lumière et l’obscurité, la chaleur et le froid. Le mode de participation à l’art contribue à l’intensité de leur expérience. L’enfant découvre, par exemple, qu’il produit un certain son en tapant avec une pierre sur un carton, mais que le son est différent s’il tape avec la même pierre sur une boîte 16


de fer-blanc. Il commence ainsi à faire de la musique, ou plutôt à tenter des expériences musicales. Il est également possible qu’un musicien entame un dialogue musical avec l’enfant. Les enfants ont le droit de partager des expériences artistiques avec leur famille. L’art est un langage universel permettant de surmonter les barrières de la langue dans notre société d’une telle diversité; c’est une expérience intense que partagent les jeunes enfants et les adultes. À travers diverses formes d’expression, les artistes aident les enfants, les parents et les accompagnateurs, mais également les artistes entre eux, à se rapprocher. L’art acquiert ainsi également une dimension sociale. Il suscite des sentiments, il opère des jonctions; l’art est le lieu où se rencontrent les imaginaires, où les enfants et les adultes se comprennent spontanément. La nature du jeune enfant est riche en possibilités, elle est vigoureuse, compétente, ouverte et créative, tournée vers les autres. En écoutant et en regardant les multiples langages des enfants, nous pouvons aller dans le sens de leur univers, qui est d’une grande richesse. Des artistes créent des environnements de jeu accueillants où les enfants, en compagnie d’adultes, peuvent se laisser

aller à l’expérimentation, s’amuser et s’épanouir. C’est une pure nécessité. Les enfants ne sont pas seulement des créatures délicates qui ont besoin de protection et de soutien pour devenir adultes. Au contraire, ils participent activement à leur éducation. “Les enfants et les adultes sont des incarnations distinctes de l’homo sapiens.” affirme Alison Gopnik dans son livre Le Bébé philosophe. «Le cerveau, la pensée et la conscience des enfants sont différents, mais tout aussi complexes et hautement développés, destinés à affronter d’autres fonctions liées à l’évolution.» Selon l’auteur, le développement de l’être humain est plus proche d’une succession de métamorphoses, analogue à la transformation d’une chenille en papillon; il n’y est absolument pas question d’une simple croissance linéaire. “Ou peut-être est-ce le contraire qui se constate chez l’homme? Les enfants sontils comme des papillons vifs et colorés, voletant librement avant de se transformer petit à petit en chenilles ternes se hissant centimètre après centimètre le long du sentier balisé menant vers l’âge adulte?” Caroline Boudry, collaboratrice du VBJK, Centre d’expertise pour l’éducation et l’accueil des enfants 17


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TÉMOIGNAGES, EXPÉRIENCES ET

OBSERVATIONS

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VISITEURS

Oona a eu l’espace et le temps d’en profiter à sa façon. «Les constructions invitent à l’exploration immédiate. Les enfants se sont lancés sans attendre. Moi, il me manquait une espèce de début, mais je pense que c’est une “réaction adulte” typique. L’ambiance était agréable, tout le monde avait l’air content d’être là.

Oona a vraiment eu l’espace et le temps d’en profiter à sa façon. La musique l’intéressait beaucoup, mais elle est toujours restée à une bonne distance des musiciens. Heureusement ce n’était pas un problème, personne ne l’a obligée à s’approcher. Ça m’a fait plaisir.

Oona avait quelques préférences bien marquées. L’un des musiciens lui avait fait écouter le bruit d’un collier de perles traîné par terre. Elle s’est baladée un long moment comme ça.

Tout était à la mesure des familles. L’accueil était chaleureux, il y avait un parking à poussettes – on m’a même aidée à porter la poussette en haut de l’escalier! Un coussin de soins, un coin de repos, des boissons, un coin pour accrocher les manteaux et enlever les chaussures … Tout était prévu, tout était proposé d’une manière agréable et spontanée.»

Je l’ai surtout observée en la suivant, mais de temps en temps je l’ai aussi encouragée. Au départ, elle n’aimait pas le “Tunnel à manches”, par exemple, jusqu’à ce que je la persuade de regarder dehors depuis l’intérieur ... Elle a soudain passé la tête dans l’encolure d’un tee-shirt et ça lui a beaucoup plu. 20

Katelijne, maman d’Oona (2 ans)


C’est bien: les enfants se sont amusés et moi aussi, j’en ai bien profité. «Il a d’abord fallu qu’Emma s’habitue, car tout est inattendu, différent d’une aire de jeux familière. Mais dès qu’elle a exploré l’espace et compris de quoi il s’agissait, elle s’est sentie parfaitement à l’aise et s’est mise à jouer, à bouger sans retenue ... L’animation par les musiciens l’a beaucoup aidée. L’installation attise énormément l’imagination, mais autrement que d’habitude. Elle est simple et originale à la fois. En tant que parent, on était libre d’observer ou de participer. Moi, je me suis mise à danser avec les enfants! C’est bien: les enfants se sont amusés et moi aussi, j’en ai bien profité.» Femke, maman d’Emma (2 ans) 21


Les enfants ne devaient pas être silencieux. En tant que parent, il ne fallait pas avoir peur qu’ils dérangent. «Les enfants étaient terriblement curieux, ils sont allés voir partout. Il n’y avait rien qui ne les intéressait pas. Ils se sont immédiatement mis à jouer et à se faufiler dans, entre et sous tout ce qu’ils voyaient ... Et ils ont continué à écouter la musique. Si quelque chose les intéressait un peu moins, pas de problème, ils pouvaient continuer ce qu’ils étaient en train de faire. Tout était possible, il n’y avait pas d’obligations. Daan était fasciné par le tambour. À un certain moment le musicien lui a permis de jouer avec lui, de tambouriner avec les mains, avec les baguettes ... Après ça, plus possible de l’en éloigner! Ils ont joué ensemble, manipulé les instruments, aidé à faire de la musique ... Et pas besoin d’être silencieux. En tant que parent, il ne fallait pas avoir peur qu’ils dérangent.» Jana, maman de Jelle (3 ans) et Daan (1 an et 8 mois) 22

C’est un parcours d’apaisement et d’ouverture, ça fait un peu penser à une cure de relaxation. «Si pour les enfants ça semblait tout à fait naturel, moi, je me sentais un peu perdue au début. L’effet est légèrement étrange, ça tranche sur l’agitation habituelle de la vie, sa nature concrète, le fait que doit être compris immédiatement. Ici, ce n’était pas le cas, donc j’hésitais sur ce que je pouvais faire ... Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter au concept, jusqu’à ce que je me laisse entraîner par Viktor, par son voyage d’exploration, et parvienne à tout lâcher. «C’e st une trajectoire d’apaisement et d’ouverture, ça fait un peu penser à une cure de relaxation. Tout se passe très naturellement, l’ambiance est bon enfant, entre autres grâce aux interventions des musiciens. Ils rompent la glace, ils recherchent le contact spontané. Ils vous font comprendre qu’il est permis de faire ce qu’on veut.» Inge, maman de Viktor (3 ans)


Il n’y avait pas de précipitation, pas de pression; juste découvrir et profiter ensemble. Tout était permis. C’était merveilleux. «Matisse était fasciné par le violon. Couche sur le ventre dans le “Nid”, il essayait tout le temps de lever la tête pour pouvoir l’observer. Il se reposait un instant, puis recommençait, et encore ... Quand la violoniste s’est éloignée de lui tout en jouant, il s’est mis à trépigner. Les autres instruments l’intéressaient à peine, mais il était envoûté par ce violon! Couché contre moi, il suivait les musiciens des yeux. De temps en temps, il s’asseyait pour mieux les voir. Je sentais qu’il soupirait profondément par moments et qu’il se détendait progressivement. Quand je me suis levée pour m’approcher, il m’a suivie en rampant par terre.

brillantes du saxophone. Mais ce n’était pas obligé, non plus. Il a pu faire ce qui lui convenait, aussi longtemps ou brièvement qu’il le voulait; participer ou non, tout était permis. C’était merveilleux. Pas de précipitation, pas de pression; juste découvrir et profiter ensemble. Il est rentré à la maison les joues rougies par l’effort!» Tin, grand-mère de Matisse (6 mois lors de la première visite, 1 an et 9 mois lors de la seconde)

À certains moments, il ne réagissait pas tout de suite. Lorsqu’un musicien s’approchait avec son instrument, il n’entrait pas immédiatement dans le jeu, même si d’autres enfants le faisaient. Il a uniquement voulu effleurer les touches 23


RESPONSABLES DE CRÈCHES Quelques-unes de nos éducatrices l’ont bien exploité, elles ont donné des marmites et des cuillères aux enfants et les ont laissé faire de la musique! «Nos éducatrices ont réagi de différentes façons. Certaines l’ont bien exploité par la suite, elles ont donné des marmites et des cuillères aux enfants et les ont laissé faire de la musique. D’autres n’ont rien fait. À côté de nous est installé un centre thérapeutique pour enfants handicapés moteurs et mentaux. Pour ce groupelà, il est encore plus difficile de prendre part à des activités culturelles. Mais quand CABAN était chez nous, ils sont venus pour une session. Voir ces enfants jouer était émouvant par moments, observer comment ils se détendaient et s’apaisaient; ils en devenaient presque Zen. Je me souviens d’un petit garçon assis sous le module de la batterie aux disques 24

oranges; on aurait dit qu’il était en transe, complètement fasciné. Au moment de partir, il a pleuré et lancé des cris. Certains enfants ne font pas grand-chose, mais savourent l’instant en regardant. Et puis il y a ceux qui veulent tout essayer, sentir, goûter, renifler ... Il y a les actifs et les passifs. Ça dépend de l’enfant, les réactions sont toujours différentes.» Valerie Vanhove, infirmière à la garderie d’enfants Driekoningen, Saint-Nicolas


Les sessions les plus réussies sont celles où le public est venu exprès pour y participer. «Le centre culturel a eu l’idée d’organiser à la garderie un événement pour les petits de 0 à 3 ans, une tranche d’âge qui est un peu oubliée en matière d’art et de culture. Ce secteur ne s’adresse pas souvent à eux. C’est une expérience ouverte. Souvent, les éducatrices poussent les enfants dans toutes les directions: “Fais ceci, fais cela, essaie ceci, ne touche pas ça!” Mais ici ce n’est pas le but; il s’agit de l’expérience que vivent les enfants. Certains parents sont plus décontractés que d’autres. Il y a en qui se mettent sur le côté en disant “Vas-y”, tandis d’autres se joignent à l’enfant. L’interaction entre parents et enfants est très clairement perceptible, tout comme la différence entre ce qui est forcé et ne l’est pas. On remarque aussi l’effet des réactions des parents sur le comportement des enfants. Par exemple, quand on invite les gens à se déchausser, certains s’exécutent immédiatement, s’assoient par terre et enlèvent leur chaussures; leurs enfants

suivent alors leur exemple. Mais si les adultes hésitent, attendent, on voit aussi douter les enfants: on le fait, on ne le fait pas? Consciemment ou inconsciemment, les sentiments de l’accompagnateur se communiquent à l’enfant. Quand il pleure, a peur ou est agité, on peut se dire: “Encore des pleurs? Oh, il pleure toujours quand il y a beaucoup de monde”, et l’enfant continuera à pleurer. Mais on peut aussi lui dire: “Ce n’est pas grave, viens, on va tout regarder.” On transmet ses propres sensations à l’enfant, à son bien-être. Les sessions les plus réussies sont celles où le public est venu exprès pour y participer. C’est une expérience impossible à vivre à la va-vite, entre deux autres activités, en sortant de faire les courses et avant de courir encore ailleurs. Dans ce cas-là, ce n’est plus un moment de répit. Parfois, on ressent réellement ce stress chez les gens. Le plus agréable, c’est quand ils choisissent leur moment, prennent le temps, quand ils se sentent à l’aise et peuvent laisser faire les enfants.» Micheline Verschelden, directrice de la garderie d’enfants Driekoningen, Saint-Nicolas 25


PROGRAMMATEURS

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CABAN permet d’attirer un public différent. Cette initiative ne s’appuie pas sur le langage, il n’y a pas d’attentes ni d’exigences en matière de connaissances préalables ou de codes théâtraux. C’est un contexte ouvert, il s’agit de l’expérience.

«Il n’y a aucune obligation. On sent que les gens savourent le temps qu’ils passent avec leur enfant. L’ambiance est tranquille, ils ont le temps de se laisser entraîner par le jeu et par la musique. Nous voyons parfois entrer des gens stressés qui, à la fin de la session, sont entièrement au diapason de cette quiétude, conscients qu’ils ont le droit de prendre leur temps. C’est beau à voir. Tout cela ouvre de nombreuses possibilités, offre des occasions, grâce aux matières qui encouragent la créativité, qui invitent à l’exploration commune. Et par la jolie scénographie, par le fait qu’il s’agit d’une expérience. En même temps, cela n’empêche rien ou ne structure pas exagérément. Les activités pour les tout-petits sont souvent clairement délimitées: on détermine d’avance ce qu’ils vont devoir faire. Dans CABAN le choix reste ouvert, ce qui offre une liberté très appréciée. La fin est amenée en douceur. Les musiciens diminuent d’intensité, ils ne recherchent pas le grand finale, le feu d’artifice. C’est une fin reportée, on peut conclure à son rythme. Il y a d’une part la belle interaction avec les musiciens, d’autre part des moments de sérénité. 27


On abandonne le jeu, les enfants et leurs parents sont invités à se laisser aller à la découverte. Cette combinaison fonctionne bien. Les réactions des enfants dépendent en grande partie de l’attitude des parents. Certains adultes restent sur le côté et laissent faire leurs enfants, d’autres explorent et jouent avec eux. Cette interaction peut être très belle, par exemple quand ils emmènent l’enfant voir une intervention musicale. Certains accompagnateurs sont directifs, ils veulent orienter le jeu. Persuadés que le groupe doit rester ensemble, ils disent: “Venez tous ici, nous allons faire ceci et puis cela ...” Ils ont décidé à quoi ça ressemblera et ce qu’ils veulent en retirer pour les enfants. Alors que c’est tellement amusant de lâcher prise et de laisser les enfants se forger leur propre expérience. À mesure que la session avance, on voit que ces personnes abandonnent cette détermination et laissent de plus en plus

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l’initiative aux enfants, et aussi que les enfants en retirent davantage que ce que les accompagnateurs obtiendraient euxmêmes. Les limites imposées par les gens de théâtre, que nous maintenons aussi en tant que centre culturel, sont partiellement éliminées. Mais on sent encore une certaine réticence à cet égard de la part du public. Les parents adoptent souvent une attitude d’attente. Ils ne s’abandonnent pas immédiatement, ne participent pas d’emblée. Certains nous demandent quel est l’objectif et si les enfants peuvent aller partout, s’il y a des règles à respecter au niveau du bruit ... Alors que d’habitude, les enfants entrent dans l’installation sans se poser de questions. En tant qu’organisateur, on finit souvent par s’adresser au même public que ces collègues. CABAN est parfait pour attirer un autre segment du public parce que cela ne s’appuie pas sur le langage, parce qu’il n’y a pas d’attentes ni d’exigences en matière de connaissances préalables ou de codes théâtraux. C’est un contexte très ouvert, il s’agit de l’expérience. Pour moi, c’est la vraie force de CABAN. On pourrait aussi proposer ces interventions à un public adulte au

SMAK musée d’Art Contemporain; les parents sont tout aussi capables que les enfants d’en profiter. Car on y entend de la musique absolue, sans concessions au niveau du contenu ou de la qualité musicale. Ce ne sont pas des comptines, on ne recherche pas d’effets faciles. On y découvre aussi des sonorités et des musiques non occidentales, des passages jazzy, par exemple, des genres que les enfants n’entendent pas à la radio ou sur leurs CD familiers; ce sont des éléments qui, d’habitude, ne font pas partie de leur univers. C’est formidable. Ça leur ouvre l’esprit.» Ingrid Verdonck, programmatrice jeune public et groupes scolaires au CC Belgica, Termonde 29


Theater De Spiegel opte pour le jeune enfant au présent, pour l’expérience véritable et immédiate. Un enfant n’est pas seulement un être en route vers l’âge adulte; c’est un être en ce moment même. «On voit bien que certains parents doivent s’y habituer. Mais ça s’explique tout seul, le rythme est tellement paisible, l’ambiance tellement agréable. Les gens se sentent à l’aise. Ce n’est jamais forcé. Même si on pense que c’est étrange ou si on ne connaît pas, on a le temps; pas besoin de réagir à l’instant, d’être parmi les premiers ou de se mettre en avant. C’est bien agréable. Ça ouvre l’expérience à un très grand nombre de personnes. Certains parents pensent: “C’est amusant pour mon enfant; moi, je m’assieds et je regarde.” Ils observent comment leur enfant vit l’expérience, tout en restant à une certaine distance. Et puis il y a les parents qui se joignent à leur enfant, qui jouent avec lui. Limiter les interventions musicales à des périodes de deux heures est indispensable. 30


Sinon les gens ne se sentiraient peut-être pas assez au calme pour tout découvrir. Il faut pouvoir se concentrer de temps en temps et ne pas passer immédiatement d’une construction à l’autre, avec de la musique en plus, traverser tout à la hâte et puis repartir. Le lieu doit, lui aussi, installer le calme. L’agencement, les modules ont un certain côté esthétique. Si l’environnement attire trop l’attention, s’il contient trop d’objets, l’ensemble n’est pas mis en valeur. Il a besoin d’espace et de lumière. La musique jouée en live est un véritable plus. Les artistes sont un point focal dans l’ensemble par leur interaction avec les enfants, l’attention qu’ils leur accordent dans le moment présent. Ce qui est formidable, aussi, c’est qu’ils les laissent s’approcher et examiner les instruments, explorer les sonorités et la musique. Cela rend l’expérience très précieuse. Je pense qu’autrement, les gens traverseraient plus rapidement l’installation.

Theater De Spiegel opte résolument pour le jeune enfant au présent, pour l’expérience véritable et immédiate. Dans nombre de discours sur le théâtre jeune public, ou lorsqu’un programmateur doit se justifier dans sa ville, on entend que les enfants continueront ainsi à aller au théâtre en tant qu’adolescents et adultes: ils grandiront vers la programmation en soirée, “nous les tenons ”. Et c’est cela qui est présenté comme raison d’être d’une programmation jeune public. Mais ça me semble étrange, comme si un jeune enfant ne pouvait pas y prendre plaisir dès à présent. Comme si un enfant était seulement un être en route vers l’âge adulte et pas un être en ce moment même.» Ann Goossenaerts, programmatrice jeune public au CC Saint-Nicolas

Pour les touts-petits il y a une demande importante de spectacles et d’activités. Ce que je mets à l’affiche pour ce public est toujours pris d’assaut. Il y a peu de productions pour cet âge-là. Les parents se font du souci parce qu’ils ne trouvent pas grand-chose à faire avec leurs enfants, alors qu’ils veulent leur donner toutes les impulsions possibles. 31


L’ARTISTE

Avec les enfants, impossible de faire semblant. S’ils remarquent qu’on a la tête ailleurs, qu’on ne se concentre pas, ils décrochent. Au début de la session, les parents prennent encore les enfants par la main, par exemple pour aller voir une intervention. Mais après un moment, ils s’aperçoivent que ça se passe très bien tout seul. Tout s’enchaîne et s’il ne voient pas l’une des actions, ils en verront bien une autre ou alors tout à fait autre chose. On voit vraiment les gens s’apaiser, et aussi se mettre à jouer avec leurs enfants. Pour certains parents c’est naturel, mais d’autres doivent d’abord comprendre qu’ils ont l’espace nécessaire pour jouer, que c’est possible, mais pas obligé. Et que les enfants y contribuent et indiquent ce qu’ils veulent faire. 32


Notre fonction par rapport aux parents est double. Ils sont souvent incertains, ne savent pas ce qui est permis et possible, donc nous devons les mettre à l’aise. Quand un enfant se met à pincer les cordes de mon violon, les adultes pensent vite qu’il faut l’arrêter. C’est permis! Ça peut les dérouter, ils ne s’y attendent pas. Mais quand nous le leur permettons, quand nous les laissons faire, ils s’y habituent. Et alors les enfants osent et essaient davantage. On voit des parents franchement étonnés par certaines réactions de leur enfant qui est, par exemple, fasciné par l’un des instruments de musique et ne veut pas s’en éloigner. Ou des enfants agités qui deviennent soudain placides. Ou des enfants qui se mettent à chanter – et des parents qui font savoir qu’ils n’avaient encore jamais entendu ça! Les enfants se servent de leur voix pour répliquer à une autre voix, à la musique. Ils sont capables d’imiter les bruits les plus incroyables. Les enfants un peu plus âgés, de six ou sept ans, l’ont souvent déjà oublié, ils ont du mal à trouver le ton juste pour chanter avec nous. Mais pour les tout-petits, c’est naturel, même en gardant le ton. C’est ahurissant. En tant qu’artiste, on n’est jamais aussi proche du public que dans CABAN. La communication y est très directe, le public

est d’une immense franchise. Ceux que ça n’intéresse pas s’en vont. C’est bien, mais ça peut être difficile par moments. Je pense parfois que je ne suis pas sur la bonne voie, car certains jours on fait toutes sortes de choses sans obtenir de réaction. On persévère un moment, mais quand on a l’impression que ça ne fonctionne pas, on arrête ... Et c’est là que les enfants démarrent! Donc ça marche effectivement, mais il faut attendre qu’ils aient compris, qu’ils se l’approprient; alors ils peuvent participer. Il faut avoir vu tout ce qui se passe. Un groupe d’enfants a une dynamique très spéciale. À tout les coups, il y en a deux derrière vous dont les réactions sont complètement différentes. Donc on s’efforce d’avoir autant que possible des yeux dans le dos. On veut être préparé à toutes les réactions possibles, on veut suivre les enfants dans leur expérience sans empiéter sur la distance qu’ils gardent. Où met-on l’accent en tant qu’artiste et comment ou dans quelle mesure peuton entraîner l’enfant? Voilà l’essentiel, en fait. Il y a de cela aussi dans les spectacles pour adultes, mais c’est plus clair. On connaît leur regard, on sait à quoi s’attendre. Chez les enfants, il n’y a aucun système et on ne peut pas faire 33


semblant, car ils s’en aperçoivent tout de suite. Un adulte continuera à vous suivre, regardera ce que vous regardez, observera vos mouvements. Mais un enfant qui remarque que vous avez la tête ailleurs, que vous ne vous concentrez pas, décroche. Il y est très sensible.

exemple, un enfant me tend un coussin, je l’accepterai, mais je n’en ferai rien sur le moment. Je le lui rendrai et observerai ce qui se passe, puis je suivrai l’enfant dans ce que je crois qu’il veut. C’est un peu ambigu, bien sûr, car on le dirige en partie, mais j’essaie de ne pas être trop directive.

Il arrive que la musique produite pour les enfants est bien plus complexe que celle des adultes. Au début, on pense qu’il faut jouer une musique agréable. C’est faux: il faut que ce soit de la bonne musique. Elle doit raconter quelque chose, elle doit avoir une certaine cohérence – elle peut même être très abstraite, voire atonale, ça ne dérange pas les enfants. Parfois ça leur semble encore plus intéressant parce qu’on produit des sons nouveaux qu’ils n’ont jamais entendus. Donc pour un musicien, c’est aussi une source d’inspiration de ne pas toujours emprunter le chemin le plus simple, de tenter aussi des choses inédites. Il faut peut-être attendre un peu plus longtemps avant d’obtenir des réactions, mais celles-ci sont souvent plus intenses ou plus gratifiantes que quand on a joué une jolie petite mélodie.

Pour beaucoup d’enfants, c’est la première fois qu’ils voient ces instruments de musique. Un musicien n’y pense pas toujours, mais ça doit être énorme pour eux. La toute première fois où j’ai entendu un violon, j’ai dit: je veux en jouer. Ça a bouleversé ma vie. Voir ça en direct, c’est complètement différent d’un enregistrement. C’est spectaculaire. Évidemment, chez tous les enfants le changement ne doit pas être aussi radical que pour moi. Le fait qu’ils découvrent tout cela est formidable en soi. Et si ça ne fait rien d’autre qu’éveiller leur curiosité – ça produit quels sons ? – c’est déjà parfait. ”

J’essaie de garder les interactions aussi ouvertes que possible. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut rien proposer aux enfants, mais on les laisse avant tout venir vers nous pour faire ce qui leur plaît. Si, par 34

Astrid Bossuyt, violoniste et marionnettiste


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CABAN CRÉDITS

PHOTOS

Conception et coaching: Karel Van Ransbeeck Création et réalisation des modules: Wim Van de Vyver avec l’assistance de Raf Cammaer, Stef Vetters, Babs Franco, Gwen De Jaeger, Aicha Aalovchi, Hussein Alkhbaz, VK*ateliers

©Marion Kahane ©Mieke Verbijlen ©Katrien Oosterlinck ©François Caels

Avec la contribution de nombreux musiciens: Astrid Bossuyt, Inez Carsauw, Joeri Wens, Christian Gmünder, Nicolas Ankoudinoff, Sara Meyer, Sam Faes, Sonja Tavormina, Isabelle Matthyssens, Pascale Rubens, Toon van Mierlo, Jean Bermes … QUI SOMMES-NOUS? Direction artistique: Karel Van Ransbeeck Direction administrative et communication: Zita Epenge Dossiers et communication avec les pouvoirs publics: Marie Caeyers Administration et comptabilité: Liesje Van Hulle Décor et atelier: Wim Van De Vyver Production: François Caels

GRAPHISME www.zap.be APPUI EN COMMUNICATION Hopsasa – Anja Horckmans ÉDITEUR RESPONSABLE Zita Epenge, Molenstraat 9, 2018 Anvers CONTACT Theater De Spiegel Molenstraat 9 2018 Anvers +32 32 25 28 39 WWW.DESPIEGEL.COM INFO@DESPIEGEL.COM Theater De Spiegel bénéficie du soutien de la Communauté flamande et de la Province d’Anvers

TEXTES & RELECTURE Tina Ameel

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