Terre de Vins n11

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Spécial

PRIMEURS 150 bordeaux sélectionnés

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C O M

Resto c’est

TROP !

CÔTE D’AZUR

Escapade à Nice

De 5 à 15 €

N O S T R O U V A I L L E S E N G R A N D E S S U R FA C E S

20 pages champagne L 12406 - 11 - F: 5,00 € - RD


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EDITO

Terre de vins, magazine bimestriel Internet : www.terredevins.com Email : redaction@terredevins.com Entreprise éditrice Editions Périodiques du Midi Société en Nom Collectif Siège Social Rue du Mas de Grille 34438 Saint-Jean-de-Védas cedex. Tel : 04 67 07 67 07 Co-gérants Société du Journal Midi Libre représentée par Joël Canis et Alain Plombat Associés Société Anonyme de Presse et d’Edition du Sud Ouest (SAPESO) Société du Journal Midi Libre

Question

de morale

Directeur de la publication: Alain Plombat Directeur délégué Rodolphe Wartel (rwartel@terredevins.com) Rédacteur en chef Sylvie Tonnaire (stonnaire@terredevins.com) Conseillers éditoriaux Michel Bettane (mb@bettanedesseauve.com) et Thierry Desseauve (td@bettanedesseauve.com) Rédaction Cyril Charon (ccharon@terredevins.com) Evénementiel, communication, partenariats Patricia Moureuille (pmoureuille@terredevins.com) Publicité Régie Sud Ouest publicité. Direction commerciale : Hervé Courregelongue (hcourregelongue@terredevins.com) : 05 35 31 28 26 Languedoc-Roussillon, Ardèche, Drôme, Vaucluse : responsable commercial : Bernard Ger (bger@terredevins.com) : 06 85 61 11 16 Paris et Champagne : La Régie du vin, 22 rue Chauchat, 75009 Paris. 01 48 01 90 10. Val de Loire (Nantes à Pouilly) : Corinne Kadi (02 40 38 28 67) Correction Service technique Sud Ouest PAO et photogravure Service technique Sud Ouest Création graphique Emmanuel Batifoulier/Blue press Impression Litografia Roses SA, Energia 11-27, Poligon La Post, 08850 Gava (Espagne).

Abonnements, service lecteurs, vente des anciens numéros 04 3000 6000 (N° non surtaxé), du lundi au vendredi de 8 h à 17 h et le samedi de 8 h 30 à 12 h. Prix de l’abonnement (6 n°+ 1 hors-série) en France : 29 € TTC Ventes en kiosque France : Messageries lyonnaises de presse. Tel : 04 74 82 14 14. Réassort points de vente, Boost media, Denis Rozes 06 43 73 16 37. denis.rozes@boostmedia.pro Sud Ouest : Service des ventes, 05 35 31 34 65 Languedoc : Jean-Christophe Clidi, 04 67 07 66 81 ; réassort points de vente, Thierry Nazon, 04 67 07 67 59 N° Commission paritaire : 0714 K 79707. N° ISSN : 1296-9893. Dépôt légal : à parution Tous droits de reproduction réservés La reproduction, même partielle, des articles et illustrations de Terre de vins est interdite. Terre de vins décline toute responsabilité pour les documents non sollicités qui lui sont confiés. Les manuscrits, insérés ou non, ne sont pas rendus. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. Le vin doit être consommé avec modération.

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ans les salles de rédaction, on appelle ça un marronnier. Ils reviennent chaque année, inlassablement, quels que soient la situation à Tripoli ou les sondages d’opinion. « Ils », ce sont ces sujets dont la popularité marque le temps – notre temps – balise nos agendas et s’impose à tel point qu’il devient inconcevable aux médias de n’en pas parler. Roland-Garros, le Festival de Cannes, la rentrée des classes, les foires aux vins et… les primeurs de bordeaux en avril. Fameux primeurs ! Des centaines de journalistes venus du monde entier affluent en Gironde. Ils dégustent, notent, distinguent, commentent. C’est ce qu’ont fait cette année encore Michel Bettane et Thierry Desseauve, conseillers éditoriaux de « Terre de vins ». Un travail de bénédictin permettant de qualifier un nectar sorti d’élevage (vendangé en septembre 2010) qui sera mis en bouteilles dans un peu plus d’un an. Chaque note, et celle de Parker plus que les autres, aiguise le marché, attise les courtiers et les maisons de négoce et, si le vin est bon… fait grimper les prix. Mais se fait jour aujourd’hui un autre débat : après la hausse vertigineuse des 2009, comment le marché des 2010 va-t-il se comporter ? L’implacable loi de l’offre et de la demande peut-elle à elle seule légitimer une nouvelle flambée qu’aucun autre produit français ne connaît ? Ni le gaz, ni le blé, ni les parfums ou les automobiles de luxe n’ignorent à ce point le pouvoir d’achat des Français. Pour cause : ce sont les étrangers qui se ruent à 90 % sur les grands crus ! « Nous arrivons à un moment où se posent des questions morales », soulève JeanGuillaume Prats, le fougueux directeur général de Cos d’Estournel à Saint-Estèphe. Enfin ! Enfin un patron de grand cru à considérer qu’un seuil vient peut-être d’être atteint. Le Lafite Rothschild 2009, en primeur

à plus de 1000 euros, ne constitue-t-il pas en France davantage un sujet de moquerie que la marque d’une excellence rare ? Quant à son second vin, Carruades de Lafite, vendu 600 euros… Faut-il attendre une proposition de loi limitant les marges des grands crus ou les sifflets dans une arène pour faire entendre la cause du maillot tricolore ? Car si l’on sait que les restaurants appliquent en moyenne un coefficient multiplicateur de 3 (lire notre dossier page 16), les grands crus bordelais vont petit à petit disparaître des tables françaises, ou n’y figureront qu’à titre muséal. Drôle de projet. Pas très loin de Bordeaux (à l’échelle chinoise), des vins remarquables sont produits en LanguedocRoussillon à des prix défiant toute concurrence. Après des années de progrès, dix appellations vont désormais accéder au statut de « grands crus », dans le cadre d’un classement présenté récemment par le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc : CorbièresBoutenac, Languedoc-Grès de Montpellier, LanguedocLa Clape, Minervois-La Livinière, Limoux blanc, Languedoc-Pézenas, Languedoc-Pic Saint-Loup, SaintChinian Roquebrun, Saint-Chinian Berlou et Languedoc-Terrasses du Larzac. Ces AOC devront évidemment respecter de nouvelles contraintes et fixer un prix par bouteille au moins égal… à 10 euros. 10 euros ! « Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous. » La citation est empruntée à Montesquieu, moraliste. Et bordelais. RODOLPHE WARTEL

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SOMMAIRE

n° 11 I MAI JUIN 2011

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94 ACTUALITÉS 16 I RESTOS, STOP AU TERROIR-CAISSE !

Trop de restaurants multiplient le prix d’une bouteille par trois, voire davantage. Boire le vin moins cher au restaurant, c’est pourtant possible. Quelques tables, rares, s’y emploient. C’est le cas des Grands buffets de Narbonne. Et si d’autres lui emboîtaient le pas ?

22 I LES DESSOUS DE 1855.COM

Peut-on acheter son vin en toute confiance sur 1855.com, site qui a défrayé la chronique en 2009 ? C’est le sujet de cette nouvelle rubrique d’enquête. « Terre de vins » dévoile les dessous de cette société du web qui grandit… mais est loin d’être irréprochable

38 I LA FLAMME DES THIENPONT

Flamands, chrétiens pratiquants, entrepreneurs, les Thienpont forment en Bordelais une puissante alliance: une quinzaine de propriétés, cinq sociétés de négoce et une forte implication sur la rive droite confèrent à cette lignée le statut de grande famille du vin

DÉGUSTATION 53 I FAMEUX PRIMEURS 2010

Fameux primeurs ! Des centaines de journalistes ont encore afflué à Bordeaux pour ce millésime de très haute tenue. Michel Bettane et Thierry Desseauve ont parcouru le vignoble pour vous offrir en avant-première une sélection d’environ 150 bordeaux

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NOS 20 TROUVAILLES EN GRANDE SURFACE

Un an après notre Palmarès sur les vins de marque, deuxième round ! Cette fois avec des vins de 5 à 15 €. Nous dégustateurs trouvent encore à redire mais ont néanmoins déniché une vingtaine de jolies trouvailles. En tête de ce palmarès : le château d’Aussières, en vin de Pays d’Oc

ARTS DE VIVRE 80 I LA TOSCANE BORDELAISE

Des vignes à perte de vue, entre coteaux et vallons, façonnent ce paysage situé si près de Bordeaux, entre Dordogne et Garonne. Dans le plus vaste territoire viticole du Bordelais, qui souffre face à la crise, ces visages-là redonnent de l’espoir !

94 I A LA VERTICALE AU-DESSUS DE NICE

Bellet, microscopique appellation française, fait face à la mer, aux portes de Nice. Des vignerons aux mollets d’acier font pousser la vigne à la verticale. Alors que le vignoble de Bellet fête ses 70 ans, l’arrière pays niçois invite à l’escapade printanière

114 I CUISINE : LA VRAIE NATURE DE L’ARDÈCHE

Le Rhône et les oliviers lui donnent un brin d’accent mais sa vraie nature, fraîche et généreuse, pointe partout. Pour « Terre de vins », le chef Richard Rocle a préparé un apéro gourmand, une selle d’agneau, et une côte de porc. De quoi surprendre bien des palais !

Ont participé à ce numéro : Pierre Arditi, Marina de Baleine, Jean Batilliet, Alain Benoît (Studio Deepix), Philippe Campa, Alain Chameyrat, Jean-Charles Chapuzet, Elodie Crebassa, Jean-Michel Desplos, Thierry Desseauve, Philippe Geluck, Judy Januarius, Séverine Joubert, Jérôme Kelagopian, Egmond Labadie, Anthony Lanneretonne, Bernard Mestre, Iris Mour, Axelle Maquin-Roy, Isabelle de Montvert-Chaussy, Newsgraphe (infographies), Jacques Orhon, Emmanuel Perrin, Véronique Raisin, Stéphane Lartigue, Nicolas de Rouyn, Frédéric Sallet, Christian Seguin, Richard Sprang, Philippe Taris, Laurent Theillet, Anne-Sophie Thérond et Michel Tolmer. En couverture : photo réalisée par Emmanuel Perrin. Remerciements à « Epices et tout », à Alès et au « Grand café Gambrinus » à Alès (30). Couverture du supplément Champagne réalisée par Richard Sprang.

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CIEL MON VIGNOBLE

GIGONDAS (84)

‘‘dentelle ! Photo Emmanuel Perrin

De la L

es cathares avaient leurs citadelles, les vignerons, eux, ont leurs vignes du vertige. À Gigondas, dans le Vaucluse, Les Dentelles de Montmirail abritent sous leurs ailes verticales des parcelles pour paysans alpinistes. Ces quatre terroirs aux expositions multiples, issus d’une géologie en millefeuille née des poussées alpine et pyrénéenne et de la valse des brises caressant les 630 mètres du point culminant, offrent une palette d’expression riche au grenache, cépage roi de l’appellation. Un paysage d’exception comme seule la vigne sait les dessiner, un cru à boire d’abord avec les yeux !


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TRIBU

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LE VIN AU RESTO


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Stop au

terroir-caisse ! SORTIR DU SACRO-SAINT COEFFICIENT 3 (ACHETÉ 15 €, VENDU 45) RELÈVE AUJOURD’HUI DE L’ACTE PIONNIER. ILS SONT QUELQUES-UNS, POURTANT, À DÉMONTRER QU’IL EST POSSIBLE DE PROPOSER LE VIN AU RESTAURANT SANS ÉTRILLER LE CONSOMMATEUR. LOUIS PRIVAT, DES GRANDS BUFFETS DE NARBONNE, EST UN MODÈLE DU GENRE. ET SI D’AUTRES SUIVAIENT SA TRACE ? Reportage Cyril Charon. Illustration Michel Tolmer, photos Emmanuel Perrin, Élodie Crebassa, Judy Januarius et Philippe Taris. Adresses en pages carnet

L

e prix du vin dans les restaurants français… Le vieux serpent de mer s’invite régulièrement à nos tables. Et à chaque fois, il disparaît aussi vite qu’il était arrivé, assommé par la rhétorique bien rodée – et parfois fondée – des restaurateurs, à qui le vin sert souvent de variable d’ajustement. Frais de transport croissants, hausse des loyers, charges diverses… Face à cette donne, le prix de la bouteille trinque. Le constat est unanimement partagé, même par les acteurs du secteur. Juliane Caspar, rédactrice en chef du Guide Michelin, le reconnaît : « Nos inspecteurs observent depuis plusieurs années une hausse des prix du vin dans de nombreux restaurants, y compris d’ailleurs

lorsque les menus n’augmentent pas. » Mécaniquement, c’est donc la part des vins dans le chiffre d’affaires des restaurants qui augmente. La situation n’est pas spécifique à la France. « En Suisse, en Autriche, en Allemagne où j’ai travaillé, la situation est comparable. À l’exception quand même des régions viticoles, où l’on a plus de facilité à trouver des vins régionaux moins chers. » En observatrice avertie, Juliane Caspar note que les efforts tarifaires sont plus volontiers consentis sur les menus, produits d’appel des restaurants, mis en valeur sur les vitrines des établissements. On ne découvre en revanche la carte des vins qu’une fois assis à table. Il est déjà trop tard !

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ENQUÊTE

SUR LE WEB

LES DESSOUS de 1855.com

APRÈS AVOIR DÉFRAYÉ LA CHRONIQUE ET CONNU DE LOURDES DIFFICULTÉS, 1855.COM, LE SITE DE VENTE DE VIN SUR INTERNET, DOPÉ PAR DE NOUVEAUX FONDS ET PAR L’ACQUISITION, FIN MARS, DE CHATEAUXONLINE, PROMETTAIT UNE NOUVELLE CONDUITE. INFO ? INTOX ? « TERRE DE VINS » A ENQUÊTÉ. LA PRUDENCE RESTE DE MISE… Enquête Jean-Michel Desplos


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INTERVIEW

PIERRE LELLOUCHE


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(Géo)politique

du vin

OPÉRATION SÉDUCTION POUR LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT AU COMMERCE EXTÉRIEUR. LE VRP DE L’AGROALIMENTAIRE FRANÇAIS PIERRE LELLOUCHE A LANCÉ UNE VASTE CAMPAGNE DE PROMOTION DES TERROIRS FRANÇAIS : « SO FRENCH, SO GOOD ». ET LE VIN DANS TOUT ÇA ? Par Cyril Charon et Rodolphe Wartel. Photographies Elodie Crébassa

«T

erre de Vins » a rencontré Pierre Lellouche, grand passionné de gastronomie et de vin, dans son bureau du ministère de l’Économie et des finances, à Bercy. Ambitions et confessions d’un homme qui ne laissera pas la France « se faire tailler des croupières par les marchands de pizzas ou de saucisses… »

sents et agressifs sur le plan commercial. Sinon on se fait doubler par d’autres. Au Foodex, on avait par exemple très peu de vins français. Mais, si vous regardiez les stands italien ou espagnol… des rangées entières de vins, toutes régions confondues ! Nous, on n’arrive pas à vendre des côtes-du-rhône, des bourgognes et des grands bordeaux sous la même bannière « France ».

Pour lancer votre campagne, vous avez choisi l’Asie, ce n’est sans doute pas un hasard… J’avais choisi l’Asie car elle représente un marché extrêmement porteur. Nos marges de progression y sont énormes, et pas seulement pour les alcools. C’est une région très peuplée, avec des classes moyennes considérables. La classe moyenne chinoise, par exemple, c’est l’Europe entière, 500 ou 600 millions d’individus ! Des personnes qui, de surcroît, ont une image très positive de la France. Voilà pourquoi il faut être très pré-

Justement, c’est là la vocation de l’opération « So French, So Good » : faire entendre tous les terroirs français à l’unisson ? C’est d’abord donner l’exemple d’une mobilisation complète de tout notre réseau international à l’export : nos ambassades, nos conseillers commerciaux, Ubifrance – la structure qui accompagne les PME à l’export… On a mis en place une campagne de communication très moderne et attractive, qui donne

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TERROIR

PYRÉNÉES-ORIENTALES


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vertigineux

VINGRAU DANS CE VILLAGE DES CORBIÈRES CATALANES ASSOCIÉ IL Y A ENCORE VINGT ANS AUX VINS DOUX NATURELS, L’AOC CÔTES DU ROUSSILLON VILLAGES TAUTAVEL FAIT LE PARI DE LA FRAÎCHEUR. ASCENSION, AVEC JEAN GARDIÈS, VERS LES TERROIRS D’ALTITUDE, OÙ DORT LE SECRET DES GRANDS VINS Par Iris Mour, photographies Bernard Mestre. Adresse en page carnet

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epuis la crête, la vue plonge dans le somptueux cirque naturel de Vingrau, dernier pli des Corbières avant la mer. La corbeille de falaises et de garrigues accueille, dans la cuvette, un terroir d’éboulis calcaires et de marnes schisteuses. La vigne est partout, entre les murets et les ravins, jusque sur les cailloutis. C’est le filon des vignerons de Vingrau et Tautavel, la commune voisine, fief du plus vieil Homo Erectus d’Europe. L’AOC (Côtes du Roussillon Villages Tautavel), la plus récente des appellations du Roussillon, regroupe ici 350 hectares, seulement 8 caves particulières et une coopérative, qui, il y a encore dix ans, vendait « de la puissance alcoolique en vrac ». « Le milieu du cirque est un peu lessivé. Les meilleurs terroirs s’agrippent au bord des falaises, à l’ombre du Bac (la colline de Vingrau) ou dans la vallée du Verdouble », détaille Jean Gardiès, représentant la septième génération de vignerons à Vingrau. À 49 ans, cette figure du renouveau local s’émerveille toujours devant l’éventail d’expositions Nord-Sud sur lequel pianotent les vignerons. Une attitude locale accentuée par le

morcellement du vignoble, royaume de la microparcelle. Jean Gardiès voit dans cette vallée miraculeuse de l’Agly « un champ d’expérimentation », où cohabite une variété de sols extraordinaires, « comme seule l’Alsace en connaît ». Le vigneron, discret de nature, connaît comme sa poche ce cirque protégé des influences maritimes et de la tramontane. C’est ce microclimat qui, dans les années 1990, a donné au village des PyrénéesOrientales la réputation de produire des vins solaires, très « new world », quitte à verser dans la caricature. Ces vins extrêmes ont révélé Jean Gardiès en 1997. Mais, en 2002, tout bascule. Le vigneron découvre le secret des terroirs d’altitude, au potentiel de fraîcheur exceptionnel. Depuis, sous son impulsion, le vignoble « un peu trop sudiste » a pris un grand coup de frais et mis le cap sur la finesse. L’approche aujourd’hui est davantage la recherche d’équilibre pour ces vins si caractéristiques « avec leur note granuleuse, crayeuse en bouche, qui donne l’impression de croquer le calcaire ». Un effet du terroir ? « Des » terroirs, faudrait-il dire. Posées sur deux paliers, l’un de fond de vallée à Vingrau,

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SAGA

GIRONDE (33)

THIENPONT

la foi des Flamands


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FLAMANDS, CHRÉTIENS PRATIQUANTS, ENTREPRENEURS, LES THIENPONT FORMENT EN BORDELAIS UNE PUISSANTE ALLIANCE INFORMELLE DE VIGNERONS ET DE NÉGOCIANTS Par Christian Seguin Photographies Alain Benoît (Studio Deepix)


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PORTRAIT

PIC SAINT-LOUP (34)


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LES VIGNES BUISSONNIÈRES LES 11 ET 12 JUIN Comme chaque année, les vignerons du pic Saint-Loup organisent Les Vignes buissonnières, un événement qui rassemble une foule gourmande autour d’une randonnée gastronomique dans les vignes. Cette année, on pourra déguster le menu imaginé par Régis Marcon. Réservation indispensable sur www.pic-saint-loup.com

/ JM D M Ri

confie Jean-Marc. « Elle a le don de me surprendre et de m’interpeller : “Tu vois, je suis toujours là”, me dit-elle. Quel que soit le millésime, elle se goûte super-bien ! » Vient le tour de la cuvée Guilhem Gaucelm, nom du tout premier fermier du domaine. Avec cet assemblage syrah et grenache plantés sur une parcelle de galets roulés, la dégustation évolue dans un autre registre. Une partition complexe et élégante où le bois de cèdre, les fruits rouges, les épices, le poivre jouent avec les notes de pamplemousse, d’eucalyptus et même de pétales de rose. Un grand moment. « Pour cette cuvée, nous avons fait fabriquer des cuves spéciales en inox, très larges et peu profondes pour que le vin soit le plus possible en contact avec la matière. » On s’étonne que la notoriété de l’Ermitage du pic Saint-Loup ne soit pas plus étendue. La question désarçonne Jean-Marc Ravaille, mais Philippe Puech, le propriétaire des Caves du 41, à Nîmes, peut répondre à sa place. « En dix ans, Jean-Marc et ses frères ont fait du Domaine de l’Ermitage un des grands de la région. Ils ont travaillé dur, n’ont jamais cessé de progresser. Mais ils ne sont pas du genre à se mettre en avant. Jean-Marc est un homme profond, modeste et discret. » Comme beaucoup de grands vignerons, l’aîné des frères Ravaille préfère laisser parler ses vins I

C édit Ph t

n’ont plus peur de mettre des vins de la région à leur carte, et nos ventes en France représentent 50 % de notre chiffre d’affaires. » Homme discret mais ambitieux, œuvrant autant pour la notoriété du pic que pour le développement du domaine familial, il a engagé toutes ses forces pendant son mandat à la tête de l’appellation pour que le pic-Saint-Loup obtienne sa propre AOC. « C’est un travail lourd et prenant. En sept ans, j’ai fait avancer le dossier, maintenant je passe la main. » « Vous voulez déguster ? » Changement de décor. L’ancienne bergerie traversée par une surprenante double série d’arches en pierre est devenue le nouveau caveau du domaine. « Je voulais un grand espace pour accueillir du monde. Pour moi, le vin doit se partager, créer un lien. Il n’y a pas de meilleure publicité qu’une bouteille ouverte sur une table. » Avant de remplir les verres, Jean-Marc tient à préciser le but recherché par les frères Ravaille depuis le départ : « Faire parler le terroir, aller chercher notre identité au plus profond du sol. » Pour y parvenir, les choix ont été clairs : culture en biodynamie depuis dix ans, vendanges manuelles, vinification par cépage et surtout par type de sol. Démonstration en dégustant à la suite les cuvées Tour de Pierres et Sainte-Agnès. Mêmes cépages (syrah, grenache), même vinification, même élevage en foudres et barriques entre douze et vingt-quatre mois. La première, tanins fins et fraîcheur, évoque la réglisse, les fruits rouges, l’eucalyptus. La seconde offre un plongeon en garrigue avec un nez de laurier et de pain grillé, une bouche minérale et complexe autour du cassis et de l’olive noire, toujours sur des tanins délicats. La différence : la première provient de l’argile rouge, de la gravette et des vignes en bas de coteau ; du calcaire dur, de l’argile blanche et des plantations à mi-coteau pour la seconde. « Sainte-Agnès est ma préférée »,

/ F t li

PORTRAIT PIC SAINT-LOUP


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L A

S E L E C T I O N

B E T TA N E DESSEAUVE

&

2010, nouveau grand millésime à Bordeaux

L Sommaire LA SÉLECTION

Les primeurs 2010 à Bordeaux > pages 53 à 67

LE PALMARÈS DU GRAND JURY Vins de marque : 20 trouvailles en grandes surfaces > pages 68 à 75

ICÔNES Côte d'Or : le modèle Méo > page 76

a présentation des primeurs 2010 vient de s’achever. Des centaines de journalistes ont dégusté des centaines de vins, avec la mission pratiquement impossible d’informer le public sur leurs qualités alors qu’ils ont à peine six mois d’âge. La précipitation de quelques journalistes américains pour donner leur avis avant les autres, dès la mi-mars, a été diversement appréciée, chacun reconnaît que ces dégustations ont lieu trop tôt. Cette comédie n’est pas près de cesser, tant les intérêts économiques de tous, journalistes, viticulteurs, négoce, l’emportent sur toute autre considération. Mais cette magnifique manifestation de relations publiques permet de juger dans des conditions équitables du style d’ensemble du millésime et de découvrir les réussites des crus moins connus. 2010 sera un nouveau grand millésime à Bordeaux, peut-être même un très grand millésime d’un caractère ne ressemblant à aucun autre. Les vins rouges associent un niveau record d’alcool et de concentration de tanin à une acidité et une structure très classique, surtout sur la Rive gauche où les cabernets-sauvignons ont donné des vins magnifiques. Margaux a réussi un tir groupé comme rarement dans son histoire. Pauillac, Saint-Estèphe et Saint-Julien ont produit nombre de vins inoubliables. Dans les Graves, l’équilibre des meilleurs est saisissant. Les merlots ont souvent dépassé 14° naturels et les vins s’en ressentent sur la Rive droite avec parfois un style lourd et saturant qui n’invite pas au plaisir. Il y a de très belles exceptions et des vins d’un formidable potentiel. Les grands pomerols seront inoubliables, comme d’autres vins d’appellations moins connues (nous pensons au Fronsadais). Certains saint-émilions s’inscriront dans la légende. Les blancs secs sont remarquablement charpentés et moins alcoolisés que les 2007, avec beaucoup de parfum et un style rarement égalé depuis dix ans. Les sauternes et barsacs sont remarquables de puissance et de pureté aromatique, ce qui a surpris beaucoup de dégustateurs qui ne les ont pas appréciés à leur juste valeur. Les volumes de production sont légèrement inférieurs à la moyenne, ce qui ne favorisera pas une baisse des prix. Tous les crus ne pourront pas suivre cette tendance haussière, de nombreux marchés extérieurs ressentent les effets de la crise économique. Seuls les cinquante à cent crus spéculatifs, sur lesquels tous les premiers acheteurs gagnent de l’argent, vendront toute leur récolte au prix des 2009. Michel Bettane et Thierry Desseauve 53


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ICÔNES I CÔTE-D’OR

LA SELECTION BETTANE ET DESSEAUVE

J

ean-Nicolas Méo n’est pas un vigneron comme les autres. D’abord, il est revenu à Vosne-Romanée après une expérience professionnelle différente. Ensuite, son prof de vin était Henri Jayer, l’icône des coteaux. Enfin, il est à la tête d’une grosse vingtaine d’hectares parmi les meilleurs climats de Bourgogne. Fils de l’emblématique Jean Méo, surtout connu pour avoir été l’oreille du Général de Gaulle, il est un vigneron qui réfléchit beaucoup à ce qu’il fait, ne s’embarque jamais sur un coup de tête, ne suit pas les effets de mode, n’écoute pas tout le monde tout le temps. Avec son régisseur Christian Faurois, Jean-Nicolas Méo a érigé le doute en mode de fonctionnement. Et ça fonctionne. Méo-Camuzet est une valeur sûre de la Côte. Méo-Camuzet produit quelques-uns des meilleurs bourgognes dont le très fameux cros-parantoux. Méo-Camuzet est une marque d’excellence. Mais qu’on ne lui demande pas le secret de ses grands vins, il affirme aussitôt qu’il n’y en a pas. Il dit : « C’est une somme de toutes petites choses, de détails indéfinissables. Je crois que c’est une affaire de respect, d’état d’esprit. Il faut être méticuleux. Et, à la fin, le terroir s’exprime, le climat parle. Mais on ne peut pas dissocier l’homme de la terre. » Ce garçon attentif ne tient jamais rien pour acquis. Il essaie, il juge après moult expérimentations. Aucune chance, jamais, qu’un de ses vins soit le fruit du hasard. Mais c’est un modeste ou, plutôt, il n’a pas le triomphe très ostentatoire, c’est le moins qu’on puisse en dire. Chacune de ses cuvées est dans le haut de la fourchette des prix et des médailles. Il n’en parlera pas, pourtant. Même si vous insistez, non, les commentaires, ils les laissent aux commentateurs, chacun son métier. Alors, allons voir du côté des dégustateurs. 18,5 sur 20 pour son clos-vougeot, 18 pour son corton, 18 pour son échezeaux, 17 pour son vosne-romanée-chaumes, etc*. Les notes sont extraites du Grand guide des vins de France, édition 2011. La liste est longue et un peu lancinante, ce côté pas de surprise. Michel Bettane définit ainsi le style de la mai76

Jean-Nicolas Méo

Le modèle Méo Nicolas de Rouyn I photographie Mathieu Garçon

son Méo-Camuzet : « Les vins sont vigoureux et denses, mais avec style et élégance, bâtis pour un long vieillissement ». Et, dans le droit fil de ce qui précède, la petite activité de négoce est clairement distinguée des productions du domaine, l’étiquette est différente, il n’y a pas de confusion possible.

Un respect du consommateur qui mérite d’être souligné, tout le monde n’est pas aussi net et précis. Domaine Méo-Camuzet 11, rue des Grands-Crus, 21700 Vosne-Romanée Tél. 03 80 61 11 05


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LA SELECTION BETTANE ET DESSEAUVE

NOTRE PALMARÈS I VINS DE MARQUE

20 trouvailles en grandes surfaces


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Thierry Desseauve et Véronique Raisin I photos Fabrice Leseigneur

C

e sont eux que vous croisez dans les rayons des supermarchés, parce qu’ils sont produits en quantités suffisantes - en l’occurrence au moins 100 000 cols - pour approvisionner tous les magasins d’une même enseigne. Ces vins de marque animent les têtes de gondole mais donnent aussi la mesure de la viticulture française : rien que pour cela, ils ne doivent pas décevoir et assumer fièrement leur rôle de porte-drapeaux régional. Que trouve-t-on à ce niveau de diffusion ? Des vins sans défaut mais qui pour la plupart ne reflètent pas systématiquement leur terroir. Il y a là du raisin, parfois du bois pour les cuvées les plus chères, une honnête intention, mais sans l’ambition de régaler le consommateur et de lui harponner les papilles en le vaccinant ad vitam aeternam au bon vin de caractère à glisser dans son caddy entre les poires et le fromage. Une occasion à moitié manquée. Pour autant, ne soyons pas mauvais joueurs car nous avons aussi débusqué de jolis vins, et pas parmi les plus chers. Un plaisir immédiat, un fruit croquant, une bouche tendre, quelques notes boisées ici et là et voilà, il n’en fallait pas plus ! D’autant que de plus en plus de producteurs, que ce soit en propriété ou en négoce, prêtent une meilleure attention à leur vignoble, sélectionnent les beaux terroirs, isolent les lots les plus représentatifs, avec l’idée de réaliser des vins qui ont gardé l’accent local. C’est dans cette voie qu’il faut continuer d’avancer ! Bravo à ceux qui l’ont compris et nous encourageons tous ceux qui sont en train de sauter le pas. Tous les vins dégustés et l'intégralité des notations sont disponibles sur www.terredevins.com

Gros volumes, gros moyens Ce n’est pas parce qu’on produit 100 000 bouteilles d’un même vin qu’on lésine forcément sur la qualité. Il n’est qu’à voir la Champagne qui, par l’intermédiaire de ses grandes maisons, a industrialisé sa production. L’un des atouts d’être un gros acteur dans une région, est sa capacité à « peser » et donc à pouvoir sélectionner les meilleurs jus ou raisins au meilleur prix. Et d’arriver ainsi à imposer son cahier des charges aux vignerons partenaires. La maison Ogier par exemple procède ainsi pour sa cuvée Héritages, poussant l’exercice jusqu’à rémunérer les vignerons au mérite. Travailler mieux pour gagner plus. Ensuite, les gros faiseurs ont la capacité d’investir dans des installations modernes. De cette façon, les vins sont contrôlés d’un bout à l’autre de la production, jusqu’à leur mise en bouteille et commercialisation. Enfin, en ce qui concerne l’agriculture biologique (et la biodynamie), elle n’est pas l’apanage des petites structures, sa mise en œuvre est également possible sur de grande superficies, dès lors que l’on dispose d’un personnel formé et en phase avec ce type d’agriculture. Cela n’est pas toujours simple ! Le Domaine Cazes y est aujourd’hui parvenu, avec 220 hectares, ce qui en fait le plus grand vignoble français cultivé en biodynamie.

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J U R Y

Michel Bettane et Thierry Desseauve sont les auteurs du Grand Guide des Vins de France et conseillers éditoriaux de Terre de Vins. Dégustateurs depuis plus de vingt-cinq ans, leur expertise pointue est reconnue dans tous les vignobles. Fins connaisseurs du Bordelais, leur expertise est très pointue sur la région des Graves.

Alain Chameyrat est l'un des dégustateurs phare du Grand Guide des Vins de France. En dégustateur chevronné, il passe plusieurs mois par an sur place à la recherche des meilleurs vins et vignerons. Sylvie Tonnaire est rédactrice en chef de Terre de Vins. Observatrice privilégiée de l’évolution des vignobles du sud de la France, cette fine gastronome ne manque jamais de glisser un accord sur chaque vin qu’elle goûte.

Véronique Raisin est une journaliste spécialisée en vins. Voyageuse infatigable, elle parcourt les vignobles du monde entier.

LA SÉLECTION Ce palmarès a été établi à partir d’une sélection de vins tranquilles blancs et rouges présents dans les grandes enseignes nationales. Pour cela, nous avons contacté les metteurs en marché qui travaillent avec la grande distribution et avons interrogé les acheteurs pour qu’ils nous communiquent les produits habituellement référencés dans les linéaires, susceptibles d’être en vente tout au long de l’année. Nous avons retenu les vins disponibles à la vente, tous millésimes confondus et de toutes régions, y compris des vignobles étrangers (Chili et Espagne sont représentés). Tous les vins ont été dégustés à l’aveugle. La note est la moyenne arithmétique des notes des dégustateurs.

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LA SELECTION BETTANE ET DESSEAUVE

NOUS AVIONS TESTÉ IL Y A UN AN LES VINS DE MARQUE PREMIER PRIX, VOICI LE SECOND ROUND, ENTRE 5 ET 15 EUROS LA BOUTEILLE. LA QUANTITÉ PEUT-ELLE ÊTRE L’ALLIÉE DE LA QUALITÉ ? NOUS N’EN SOMMES TOUJOURS PAS CONVAINCUS. SI QUELQUES LOCOMOTIVES S’EN TIRENT BIEN, LES AUTRES - Y COMPRIS DES MAISONS PRESTIGIEUSES ! PEINENT ENCORE À TROUVER LE BON TEMPO.


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ESCAPADE

ALPES-MARITIMES

Bellet

sommet niçois AUX PORTES DE NICE, DES VIGNERONS AUX MOLLETS D’ACIER FONT POUSSER LA VIGNE À LA VERTICALE DE LA VILLE. DÉCLARÉ AOC DEPUIS 1941, LE VIGNOBLE DE BELLET FÊTE SES 70 ANS, CACHÉ ENTRE LES LACETS DE LA ROUTE PITTORESQUE PARCOURANT L’ARRIÈRE-PAYS NIÇOIS Par Iris Mour, photographies Anthony Lanneretonne et Jérôme Kelagopian (pour la baie de Nice)


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WORLD ESCAPADE

LIBAN ET SYRIE

BERCEAU

de la vigne IL FAUT BEAUCOUP D’ENVIE ET UN GRAIN DE FOLIE POUR FAIRE DU VIN AU LIBAN, OÙ LA SITUATION POLITIQUE S'ENLISE, ET SURTOUT EN SYRIE, SECOUÉE PAR LE VENT DE LIBERTÉ QUI SOUFFLE SUR LE MONDE ARABE. MAIS LE PARI DES FRÈRES SAADÉ TIENT, ET NON SANS SUCCÈS Reportage Jean-Charles Chapuzet

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ujourd’hui, le Liban et la Syrie nourrissent davantage les colonnes de la presse pour des raisons politiques que pour des questions bachiques. Pourtant, c’est oublier que l’origine du vin se situe dans cette région du monde, qui s’étend des rives du Nil en Égypte jusqu’à la Géorgie, en passant par le Liban, la Syrie et la Turquie. Il y a 7 000 ans peut-être, 3 000 ans sans aucun doute, la riche civilisation moyen-orientale maîtrisait la culture de la vigne. Dans son ouvrage de géographie, Strabon (58 av. J.-C.-21 ap. J.-C.)

décrit une cité syrienne, Laodicée, qui « est une ville maritime magnifiquement bâtie, et qui a l’avantage de posséder […] un territoire d’une extrême fertilité, mais particulièrement riche en vignes ». Et dans les tombeaux dynastiques de l’Égypte ancienne, qui sont bien antérieurs à l’observateur Strabon, les chercheurs ont pu découvrir des dizaines de jarres aux gravures mentionnant le millésime et le cru, certaines affranchies de l’inscription « Vins de Syrie » (dont l’actuel territoire du Liban faisait partie).

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TENDANCE

OBJETS

LE SHOPPING D’ANNE-SOPHIE THÉROND

Verres luisants Aussi spectaculaire qu’original, ce lustre imaginé par le designer Eibert Draisma, diplômé de l’académie d’Eindhoven, est personnalisable avec les verres de votre choix. Dimensions : D. 50 cm, H. 38 cm, L. 150 cm à partir du plafond. Prix indicatif : 191 € (avec les verres), en vente chez Boudard Luminaire, Montpellier. Autres points de vente sur demande : www.leitmotiv-products.com

Lame griffée Peugeot renoue avec son métier d’origine, le laminage d’acier, en griffant son premier couteau à vrille : une lame en acier de très haute qualité, un corps en zarmac, un design racé et compact. Ixon est le couteau nomade parfait. 39 € environ www.peugeot-saveurs.com

Cosmétochampagne Le champagne fait pétiller les belles ! Partant de cette évidence, Elaÿs Cosmétique a conçu la première gamme de soins visage et corps au champagne. Leurs formules naturelles soignent et hydratent sans modération. À partir de 30 € (mousse nettoyante) www.elays-cosmetique.com

Vigne en bouteille Greenbottle innove en mettant en bouteille un cep de vigne entier. Syrah, Macabeu, Mencia, Pamid ou Malvasia di Sardaigna se développent jour après jour, jusqu’à atteindre le bouchon. Il sera dès lors temps d’extraire délicatement le pied de vigne pour le mettre en terre. 35 € (+ 5 € de frais de port, sous 48 h) www.greenfeel.eu

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CUISINE

ARDÈCHE


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Riche

Ardèche L’ARDÈCHE DU SUD DÉGAGE ENCORE QUELQUE CHOSE DE SUDISTE ; LE RHÔNE, LES OLIVIERS LUI DONNENT UN BRIN D’ACCENT. MAIS SA VRAIE NATURE, FRAÎCHE, GÉNÉREUSE, FIÈRE AUSSI, POINTE PARTOUT. LES VINS ET LA CUISINE LE DÉMONTRENT À L’ENVI Par Sylvie Tonnaire, photographies Richard Sprang. Adresses en page carnet

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’affirmation maladroite de la singularité ardéchoise pourrait en vexer plus d’un : pas de gare TGV (et même plus de trains de voyageurs), pas d’autoroute, pas d’aéroport non plus. À l’heure des grandes préoccupations environnementales, cette carence se révèle être un trésor précieux : c’est vrai, le territoire est encore préservé, cela se sent. Depuis longtemps, les Ardéchois se sont d’ailleurs adaptés à cette situation : « On est comme les Corses, sur une île, alors les Ardéchois ont développé leurs productions pour être autonomes, l’Ardèche ce n’est pas que les charcuteries et la caillette, il y a une variété et un raffinement qu’on ne soupçonne pas. C’est pour cela que nous citons nos fournisseurs sur notre carte dans un chapitre “Merci à eux”, car il y a un vrai souci de qualité. » Voilà le témoignage de Richard Rocle, chef de l’auberge de Montfleury. « Les gens sont de plus en plus sensibles à la traçabilité, et plus nous sommes proches des producteurs, mieux nous en parlons : la truite est élevée à Aubenas, le porc à Mirabel, juste à côté d’ici, à la ferme de Coste Cigale, l’élevage d’escargots de la vallée de l’Eyrieux nous a redonné le goût et l’envie de les cuisiner, la filière de la châtaigne innove encore avec ces brisures que je peux cuire comme du riz, mais sans gluten. Les variétés de légumes anciens sont préservées, la violine de Borée, par exemple, cultivée à 1 000 mètres d’altitude, a une saveur noisette,

franchement pour un cuisinier c’est un régal. » Et en ambassadeur de Goûtez l’Ardèche – le label qui regroupe défenseurs des saveurs et des savoir-faire locaux –, Richard rajoute à sa liste gourmande la laiterie L’Areilladou à Vals-les-Bains, ses crèmes fraîches, yaourts, faisselles, et autres beurres goûteux. Côté vins, c’est au tour d’Angèle Faure, ardéchoise pur jus et compagne du chef, de s’enthousiasmer pour la diversité du département : « Les vins et les vignerons ont évolué plus vite ici qu’ailleurs, chaque millésime apporte des nouveautés et des améliorations. On parle et on goûte ensemble, on avance. » Dans cette partie méridionale de l’Ardèche, la mosaïque des terroirs permet l’expression de tous les cépages chers à la vallée du Rhône : les syrahs, les grenaches, le viognier, la marsanne, le chardonnay, pour l’essentiel, mais aussi le chatus, autochtone et tombé en désuétude, mais que quelques-uns ont sauvé de l’oubli. Vins de pays des coteaux de l’Ardèche, AOC Côtes du Vivarais, AOC Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages Bourg-Saint-Andéol se côtoient et se complètent. Le label Accueil vigneron souligne une attention particulière et une invitation à la dégustation. Il y a là de quoi surprendre bien des palais avertis ! 115


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BULLES D’ÉTÉ Notre sélection - Tendance « Finger food » - Idées cadeaux

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spéciales


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Le champagne, si on a le temps de l’écouter, fait le même bruit dans sa mousse et son verre que la mer sur le sable

Max Jacob (1876-1944) Écrivain et peintre français

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ACCORDS METS ET BULLES

AMUSE BOUCHE

Champagne et “finger food !” PAR-DELÀ SON IMAGE PRESTIGIEUSE ET FESTIVE, LE CHAMPAGNE, C’EST AUSSI UNE GRANDE FAMILLE VIGNERONNE ET UN VÉRITABLE ART DE VIVRE. QUELQUES ESTHÈTES DU CRU NOUS REÇOIVENT SANS FAÇON POUR UN GRIGNOTAGE… SUR LE POUCE ! Par Egmont Labadie, photographies Jean-Charles Gutner

CHARLES HEIDSIECK C’est Christian Holthausen, jeune Américain tombé amoureux de la France et du champagne, qui reçoit les invités de cette maison spécialisée dans des vins très aboutis en raison d’un long élevage, aux goûts toujours très complets. Pour réveiller les palais, il aime les assiettes composées : sur le brut réserve rosé, aux notes d’agrumes, du tarama rose, du chorizo ibérique et de la mimolette extravieille ; et avec le beau brioché, du millésime 2000, du saumon fumé, du comté 18 mois et du jambon de Parme. CHAMPAGNE CHARLES HEIDSIECK 12, allée du Vignoble 51100 Reims 03 26 84 43 00

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BALADE

CHAMPAGNE

5 escales « TERRE DE VINS » A SELECTIONNÉ POUR VOUS CINQ IDÉES DE BALADES. CINQ FAÇONS ORIGINALES DE DÉCOUVRIR CE VIGNOBLE EXTRAORDINAIRE, CANDIDAT AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO Par Cyril Charon

MUSÉE GOURMAND Champagne Launois (51) Voilà trente-cinq ans que Bernard Launois chine à travers la France entière, à la recherche de pièces de collection pour enrichir son musée du champagne. Dans les caves Launois, des centaines d’instruments de vinification qui font de la maison Launois un vrai conservatoire. Une formule à la journée propose en plus de la visite du musée et de la dégustation un repas gastronomique de saison à la propriété, arrosé d’un très bon champagne à volonté ! Le tout raconté par la famille Launois, propriétaire de père en fils (et filles) depuis 1872. CHAMPAGNE LAUNOIS PÈRE & FILS 2, avenue Eugène-Guillaume, 51190 Le Mesnil-sur-Oger Musée : 7 € (56 € avec le déjeuner gastronomique) Réservations au 03 26 57 50 15 ou sur www.champagne-launois.fr À voir aussi : la cave des étiquettes de la maison Castellane Épernay - 03 26 51 19 11 ou www.castellane.com

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