Une jeunesse française – françois mitterrand 1934 1937

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Source : « Une jeunesse française – François Mitterrand 1934-1937», Pierre Péan Lors de son enquête sur le Docteur Martin, un des fondateurs de la Cagoule, Péan à croisé souvent le nom de FM. Péan a aussi entendu à plusieurs reprises une rumeur persistante selon laquelle FM aurait appartenu à la Cagoule, et aurait même participé en septembre 1937 à l’attentat contre le siège du patronat. Le 30 septembre 1953, le rédacteur de « Correspondance documentaire », bulletin interne de l’ARS, petit mouvement dissident gaulliste écrit : « nous ne chercherons pas ici à déterminer les rapports exacts de M. Mitterrand et de la Cagoule : [...] Notons simplement qu’il est étrange qu’un membre éminent de l’UDSR se trouve mêlé aux intrigues d’un Méténier ou d’un Docteur Martin [deux personnages éminents de la Cagoule] [...] qui parvinrent sous l’Occupation, à constituer une synthèse vichyssoise – gaullo – collabo – résistante devant laquelle les plus fin limiers perdraient courage ». Note des RG du 6 octobre 1953 : « [...] on croit savoir que l’intéressé aurait repris contact avec des anciens membres de la Cagoule, tels que Méténier, Bouvyer, Empis, Vallet et Gabriel Jeantet. Ce groupe entretiendrait, dit-on, des relations avec MM Mitterrand et Loustaunau-Lacaze, députés, [...] » 27 juillet 1954, dans « Lettre à un cousin » n° 203 (petite revue confidentielle dont raffolent le petit monde politique) : « Hier, dans la cour du ministère de l’intérieur, FM célébrait la mémoire de Marx Dormoy, le ministre qui fut assassiné par la Cagoule à Montluçon. Ceux qui comme moi [...] ont reçu les confidences de certains policiers qui exploitèrent la liste Corre [le Cagoulard Aristide Corre est perquisitionné en 1937, et on trouve chez lui la liste de tous les « abonnés » du mouvement de la Cagoule] et qui dans le même temps eurent l’occasion de bien connaître certains des inculpés du procès de la Cagoule, comme Jacubiez et Roger Mouraille, ont le droit de sourire [...] et ceux qui savent dans quelles eaux politiques FM connut son ami l’industriel Schueller [FM a travaillé en 45-46 à « Votre Beauté », magazine féminin du groupe l’Oréal, fondé et dirigé par Eugène Schueller, dont la fille a épousé André Bettencourt, ami de longue date de FM. Schueller a été financier de la Cagoule puis du MSR sous l’Occupation, MSR dirigé par Eugène Deloncle, ancien chef de la Cagoule] [...] ceux qui savent que le cagoulard Méténier rencontre encore assez souvent FM et qu’il travaille chez Schueller ; ceux qui savent que le cagoulard Jacques Corrèze doit la situation qu’il a à Madrid à Schueller ; ceux qui savent que le cagoulard Jean Filliol, plusieurs fois condamné à mort, vit en Espagne grâce aux fonds qu’il réunit en 1946 en venant à Paris faire chanter certains industriels [Schueller] qui avaient beaucoup aidé Deloncle, ont le droit de se taper sur les cuisses…Et le juge d’instruction Robert Lévy [...] pourrait sans doute nous dire à quelle puissante intervention le cagoulard Bouvyer dut d’échapper au sort de ses coaccusés. Qui donc me révélait à cette époque que la sœur de Bouvyer avait su trouver des arguments convaincants ? [...] » Dans l’Idiot International, Jean-Edern Hallier (qui sera mis sur écoute par tonton) affirme avoir eu entre les mains la fameuse liste Corre et y avoir lu à la lettre M le nom de FM. 3 décembre 1954, le député de l’Oise « indépendant » Jean Legendre à FM, alors ministre de l’intérieur : « [...] votre thèse, c’est un complot contre le gouvernement [...] pour l’Express première mouture, c’était une nouvelle Cagoule [...] Je pense, Mr le ministre, que ce titre a dû éveiller en vous des souvenirs personnels [...] », « (rires à droite) » le 4 octobre 1956, c’est le journal d’extrême-droite Rivarol qui suggère que FM a été libéré de son Stalag pour un grand collabo doriotiste, Yves Dautun, un de ses lointains cousin. FM appartient à une famille aisée, sinon riche, catholique et de droite [...]. chez les Mitterrand, on est « patriote jusqu’aux saintes colères, avec heureusement, un côté Barrès et Colline inspiré »…l’allusion à Barrès soulignant le rattachement de ces catholiques nationalistes à la tendance républicaine de l’extrême-droite catholique. Le Colonel De La Rocque est bien vu chez les Mitterrand. Robert Lorrain, frère de la mère de FM, oncle de celui-ci, recouvre ses propres convictions d’un voile « social » en faisant partie de l’équipe fondatrice du Sillon (« catho [pseudo-]sociaux », en réalité tout à fait dans la ligne corporatiste de Vichy) aux côtés de marc Sangnier. Robert Lorrain a aussi été le condisciple de François Mauriac [lui-même très apprécié et admirateur de Barrès] au lycée, puis au « 104 » de la rue Vaugirard à Paris, où FM se rend à son tour en septembre 1934. La mère de FM et toute la famille vit très mal les évènements de février 1934 et l’affaire Stavisky, considérés dans la maisonnée comme étant à l’origine des évènements de la place de la Concorde avec les Ligues d’extrême-droite. Cependant, la mère stigmatise en même temps que les « communistes », les ligueurs de « l’action française », et se revendique fidèle à Doumergue [qui succède à Daladier, dans un gouvernement où on trouve également le boucher de 14-18 : Philippe Pétain ; ainsi que le partisan de Maurras, de l’Action Française et d’un Etat plus autoritaire : André Tardieu] Antoinette Mitterrand : sœur de FM, marié avant 1934 à Ivaldi, fils d’un riche négociant italien installé en Charente ; Marie-Josèphe Mitterrand : sœur de FM, elle devient « marquise de Corlieu » Colette Mitterrand : sœur de FM, se marie à Pierre Landry, qui a fait l’école militaire de Saumur avant d’amener son épouse dans le « bled » marocain, aux côtés d’autres officiers… Antoinette Lorrain épouse Sarrazin : sœur de la mère de FM, tante donc de FM, elle épouse un Sarrazin, médecin de Franche-Comté. Pierre Sarrazin : cousin de FM (fils de la tante maternelle de FM), éduqué avec lui en Charente Charlotte Sarrazin : cousine de FM (fils de la tante maternelle de FM), éduquée avec lui en Charente Pauline Faure-Labourdrie : cousine germaine de la grand-mère maternelle de FM, que FLM appelle « tante Pauline », elle a épousé un veuf du nom d’Etienne Dautun. Elle s’installe à Jarnac en 1920 avec son mari ; elle est très pieuse et sévère a à Bordeaux un fils, Paul Dautun, lui-même ayant un fils, Yves Dautun. Famille Bénouville : famille très proche du clan Mitterrand ; François et Pierre de Bénouville se lient à FM et au clan Mitterrand au cours de leur éphémère passage au collège Saint-Paul d’Angoulême. Famille Moreau : famille très proche du clan Mitterrand ; le colonel Moreau et les siens habitent une « belle demeure patricienne » à 15 kilomètres de Jarnac, à Rouillac, un des berceaux des deux familles des grands-parents maternels de FM. L’été, les enfants Mitterrand, dont FM, se rendent fréquemment à Rouillac, où ils retrouvent une bande de gosses de leur âge. Le colonel Moreau est un royaliste farouche et virulent, qui se gargarise des mots « honneur » et « discipline », est un « national » et un « patriote » ; mais la personnalité dominante de la maisonnée est sa femme, qui affectionne beaucoup FM. Leur fils Henri Moreau est condisciple des frères Mitterrand (Robert, François et Jacques) au collège Saint-Paul d’Angoulême. Odile et Zabeth Moreau, les deux sœurs d’Henri, sont très appréciées par les jeunes frères Mitterrand. Famille Bouvyer : famille très proche du clan Mitterrand ; pendant l’été 1933, les Bouvyer se retrouvent à Rouillac ; la mère, Antoinette Bouvyer, originaire des Charentes, vit alors à Angers où son mari est inspecteur des contributions directes ; c’est une royaliste enragée et au verbe haut ; elle a 5 enfants : Henri, Jean, Philippe, Etienne et Marie Bouvyer. Elle apprécie beaucoup FM. Les Bouvyer reviennent à Rouillac durant l’été 1934, alors que la famille à déménagé d’Angers vers Paris. C’est sans doute au cours de cet été que FM fait mieux connaissance avec Jean Bouvyer, alors âgé de 17 ans, alors auréolé de sa participation aux manifestations d’extrêmedroite du 6 février 1934 place de la Concorde : à cette occasion, il avait été matraqué et était rentré tard chez ses parents à Paris ; la discussion avec les parents fit alors rage entre une mère royaliste fanatique qui rêvait d’en découdre avec les « bolcheviks », socialistes et autres républicains, et un père de droite très remonté envers les « politicards » mais républicain. Jean Bouvyer avait choisi le camps de sa mère, les royalistes, et faisait partie des Camelots du Roi, passant d’avantage de temps à militer qu’à étudier au


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