« Amérikkka ; voyage dans l’internationale néo-fasciste », Roger Martin, Editions Calmann-Lévy, 1995 Histoire générale du Ku Klux Klan
1864 : les Chevaliers du Cercle d’Or, société secrète précurseur du Ku Klux Klan, est créée dans les états nordistes par des militants sudistes, dans le but de provoquer des attentats et des sabotages contre les nordistes. 1865 : le 9 avril, la guerre de sécession prend fin et l’esclavage aboli dans les Etats du sud des Etats-Unis, mais la bourgeoisie sudiste et le parti démocrate gardent le pouvoir et instituent des codes noirs, instaurant une nouvelle forme d’esclavage, codes renforcés par des actions clandestines visant à restreindre les rares droits acquis par les noirs, notamment le droit de vote, pour empêcher les républicains radicaux antiesclavagiste d’accéder au pouvoir. Naissance de nouvelles sociétés secrètes sudistes : Chevaliers du Camélia Blanc en Louisiane, Ligue Blanche et Chemises Rouges dans les Carolines. Assassinat de Lincoln par des fanatiques sudistes. 1866 : naissance du Ku Klux Klan, fondé par un groupe d’officiers sudistes, et qui supplante rapidement les autres sociétés secrètes sudistes. Dans le contexte de l’assassinat de Lincoln, victoire des radicaux républicains anti-esclavagistes aux élections présidentielles américaines, vote du 14° amendement, abrogeant les codes noirs, décrétant la citoyenneté américaine. 1867 : instauration des premiers gouvernements militaires nordistes dans les Etats sudistes. Premier congrès du Ku Klux Klan ; l’ancien général sudiste Nathan Bedford Forrest devient magicien impérial ; le Ku Klux Klan commence à se livrer à la terreur et se répand rapidement à tous les anciens Etats sudistes, où il absorbe au passage toutes sortes d’anciens groupes racistes. 1869 : face à une mobilisation de l’opinion antiraciste face à ses exactions (émasculations, éventrations de femmes enceintes, pendaisons, écartèlements par des chevaux, crémation sur des bûchers et dans des chaudières à sucre…), le Ku Klux Klan est officiellement dissout par son magicien impérial, Nathan Bedford Forrest. Mais cette dissolution est purement tactique, et consiste en fait à un plongeon dans une plus rigoureuse clandestinité. 1870 : le juge Alexandre Boyd est assassiné par le Ku Klux Klan. 1871 : 297 noirs sont lynchés par le Ku Klux Klan en un seul mois à la Nouvelle-Orléans. Le gouvernement américain prend des dispositions radicales pour lutter contre le Ku Klux Klan dans les Etats du sud. Mais il manque une réelle volonté politique d’en finir avec le Ku Klux Klan. Les membres du Ku Klux Klan créent de multiples organisations de façade telles que la Ligue des Blancs, Fusil Club et autres Milices de la Liberté 1874 : 200 noirs sont assassinés par le Ku Klux Klan en une semaine dans le Mississipi. 1877 : le président des Etats-Unis fait retirer les dernières troupes dans Etats du sud en échange du soutien des démocrates sudistes aux élections présidentielles. C’est ainsi que les démocrates racistes et avec eux les anciens maîtres reprennent peu à peu le pouvoir partout, mettant en place de nouveaux codes noirs. La ségrégation s’installe. 1978 : début d’une vague d’immigration de 20 ans aux Etats-Unis de 9 millions d’anglo-saxons (irlandais notamment) et d’allemands. 1897 : face à l’immigration de nouveaux européens, les américains de « vieille souche » créent l’association protectionniste américaine qui regroupe 2 millions de membres et se déchaîne contre les « papistes » italiens, irlandais et polonais. 1898 : début d’une vague d’immigration de 15 ans aux Etats-Unis de 14 millions d’italiens, de russes et de slaves (polonais notamment). 1915 : le Ku Klux Klan renaît de ses cendres. Le commerçant juif Leo Franck est pendu à Atlanta. Le dernier jeudi de novembre 1915, William Joseph Sommons, pasteur méthodiste devenu représentant de commerce accompagné par quelques vétérans du Ku Klux Klan originel et d’une quinzaine de futurs adhérents, embrase une croix imbibée de pétrole sur Stone Mountain dans la région d’Atlanta. Sortie du film révisionniste « naissance d’une nation », accueillie triomphalement par plusieurs millions de spectateurs blancs. Le Ku Klux Klan profite de cette publicité pour se refonder, sur des bases américaniste, anticatholique et antinègre, antisémite, hostile aux « rouges » aux alcooliques, aux femmes « immorales » (c'est-à-dire émancipées), aux amis de la danse. 1919 : les effectifs connus du Ku Klux Klan rassemblent environ 7 000 adhérents. 1920 : le Ku Klux Klan se gonfle d’un coup après guerre, en séduisant les classes dominantes et moyennes supérieures inquiète du succès des bolcheviques en Russie, des revendications des noirs, dont 360 000 sont des vétérans qui ont désormais connu une expérience de la liberté en Europe, sans oublier ces sorcières de femmes qui réclament le droit de vote… 1921 : le Ku Klux Klan revendique 100 000 membres ; il dispose d’énormes moyens : son propre journal, une maison d’Editions, son usine textile, des sociétés immobilières à Atlanta (qui reste son principal fief), il dirige la Lanier university et devient la force politique la plus active du pays. Dans les Etats du Texas, de l’Oklahoma, du Colorado, de l’Oregon, de l’Arkansas et de l’Indiana, comme dans tous les Etats du sud, le Ku Klux Klan fait élire sénateurs et gouverneurs, juges et sheriffs. 1924 : le dirigeant du nouveau Ku Klux Klan Simmons est victime d’une conspiration, doit accepter le titre ronflant et honorifique d’Empereur et céder le titre de magicien impérial à Hiram W. Evans, dentiste de Dallas, auquel il abandonne la réalité du pouvoir. Evans traverse tout le pays dans un train spécial dans une tournée de triomphe, alors que Washington voit défiler 40 000 klanistes en tenue 1925 : le Ku Klux Klan compte 5 millions de membres. Certains membres du Ku Klux Klan parlent de « 9 millions d’adhérents et d’autres millions de sympathisants »… 1929 : la crise de 1929 parachève la chute des effectifs du Ku Klux Klan, dont les années passées ont été marquées par des scandales financiers à répétition. La crise de 1929 est en effet marquée par la percée des idées sociales avancées et les discours élitaires racistes ne fonctionnent plus sur les masses. 1930 : certains klanistes commencent à être séduits par les doctrines ultra-violentes nazies. 1935 : Joseph Shoemaker, responsable syndical et organisateur des Démocrates Modernes, est fouetté à mort après avoir été enlevé par la police. 1939 : Evans, le magicien impérial du Ku Klux Klan, vend le palais impérial d’Atlanta et renonce à son titre, pour se consacrer à ses propres affaires. En juin 1939, il cède le titre de magicien impérial à son chef d’Etat-major, James Colescott, en empochant au passage 220 000 $ Us à titre « d’indemnité forfaitaire de retraite ». Colescott imprime immédiatement au Ku Klux Klan un virage anticommuniste. Il noue d’étroites relations avec des organisations favorables à l’Allemagne nazie, comme le Bund germanoaméricain. 1944 : après le revirement des Etats-Unis vis-à-vis de l’Allemagne nazie, Roosevelt par le biais de son administration réclame au Ku Klux Klan 685 305 $ Us à celui-ci au titre d’arriérés d’impôts, à un moment où le Ku Klux Klan n’est plus en mesure de régler une telle somme. Colescott convoque un congrès extraordinaire au cours duquel il annonce la dissolution officielle de l’Invisible empire. Mais cette dissolution est encore factice ; regroupés autour du docteur Samuel Green, des klanistes fondent l’association