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La Perception et l’Imagination dans l’Expérience Littéraire L’art de la littérature doit laisser l’imagination de l’auditeur sinon tout à fait libre du moins pouvant croire à sa liberté. Stendhal

Quand on étudie une Langue Étrangère on a le désir de pouvoir établir une communication orale ou écrite avec un locuteur natif, de pouvoir voyager, de pouvoir chanter ou bien de pouvoir lire notre œuvre préférée en langue originelle. À vrai dire, on a l’espoir de franchir les murs de la salle de classe et de se servir de cet outil linguistique dans la vie réelle. On a choisi de développer les sujets de la perception et de l’imagination parce que tous les deux représentent un processus complexe dans le traitement de l’information et parce que ce processus est traversé ou traduit par le langage. La Perception Les psychologues allemands de la Gestalt ont étudié les principes qui font partie du processus d’interprétation sensorielle. Ils ont trouvé que le cerveau crée une expérience perceptive cohérente qui répond à une organisation très complexe. Alors, la perception selon le psychologue peut être comprise comme l’expérience de modèles significatifs dans la combinaison de l’information sensorielle (Morris, 1997). C’est-à-dire, le cerveau interprète et organise le flux d’information qui provient des divers sens afin de former une représentation des objets extérieurs et de prendre conscience du réel. On conclue que le cerveau crée l’expérience sensorielle. Ils ont signalé que notre cerveau peut distinguer entre la forme et le fond et que cette capacité est partagée par tous les sens. C’est-à-dire que l’on aperçoit séparément la forme et le fond. On peut le constater dans la célèbre image du chien dalmatien que Richard Gregory expose dans son livre Eye and brain (1978). Dans cette image, même s’il est assez difficile de distinguer le chien, car il n’a pas de bords bien définis et que l’on voit la forme toute mélangée au fond, dans une sorte de camouflage, on reconnaît la forme de l’animal qui flaire le terrain. Il arrive la même chose avec les sons dans une symphonie, avec les odeurs dans un parfum, avec les saveurs dans un plat traditionnel et avec les sensations cutanées provoquées par le climat. Le cerveau complète et regroupe de manière régulière l’information qui manque, on voit donc des objets complets et on entend des sons significatifs. Le cerveau a une constance perceptive, malgré les changements d’information: il perçoit les objets stables et immuables, mais pour que cela se passe il met en œuvre la mémoire et l’expérience. Ainsi, quoique les objets connus aient


été susceptibles d’un changement, on les perçoit dans sa taille réelle, dans sa forme originelle, avec la couleur et avec l’éclat habituel. Tout ça a permis aux psychologues de conclure que nos expériences perceptives vont au-delà de l’information que nous recevons et qu’il y a diverses variables comme celles qui appartiennent à l’individualité du récepteur: à son style d’apprentissage, à son expérience, à sa culture et à la langue qu’il parle. L’Imagination La psychologie classique a tenté d’établir la classification des facultés de l’esprit humain; alors elle l’a fragmenté par des découpages analytiques qui donnent lieu aux capacités comme la mémoire, l’entendement, l’intelligence, la volonté et la raison. L’imagination peut être définie comme la capacité de représenter ou de rendre présents à l’esprit des objets qui sont absents, soit que ces objets aient été perçus ou pas. L’imagination et la mémoire ont la faculté de ranger l’information sous forme d’image pour qu’elle puise être récupérée plus tard à travers le souvenir. Mais «elle ne [le] reconnaît pas comme passé, elle ne le replace pas dans le temps» (Grumillier, 2010-2011). C’est pourquoi l’imagination ne possède ni le caractère véridique ni l’exactitude de la mémoire. C’est une sorte de liberté par rapport à la mémoire et à la perception, exposent les experts, puisqu’elle part de la réalité, mais pose l’objet comme irréel hors le monde du réel. On peut distinguer deux sortes d’imagination : l’imagination passive ou reproductrice et l’imagination active, créatrice ou constructive. L’imagination passive ou reproductrice est soumise aux lois de la mémoire. Et l’imagination active, créatrice ou constructive, c’est le «pouvoir de reproduire des images ou des idées nouvelles, plus ou moins originelles, en modifiant ou combinant des images ou des idées antérieurement acquises» (Skayem, 2011). Il est très important de signaler que l’imagination a une place intéressante chez les esprits scientifiques car ils ont le don de supposer la loi qui les fuit, d’imaginer un fait qui la révèle, d’inventer des hypothèses et des expériences décisives. Et de la même manière, on met en œuvre l’imagination lorsqu’en lisant un poème, un conte ou un roman, on est capable de se le représenter vivement. L’expérience littéraire Tout comme Alfonso Reyes l’exprime, la jouissance de l’expérience littéraire se définit comme la recréation des bonheurs accumulés (Reyes, 1962). On peut très bien le comprendre car on vient de voir comment les expériences de l’esprit et leurs processus complexes nous font comprendre le monde qui nous entoure. Nous 2


venons d’apprendre que l’on est aussi capable de comprendre la façon dont les images et les sensations du monde peuvent être évoquées à travers les mots par l’imagination réveillée pendant l’acte de la lecture. Afin d’illustrer tout cela, on prendra comme exemple les textes narratifs de Michel de Ghelderode (1898- 1962) qui montrent l’étonnant vertige que le discours littéraire provoque chez le lecteur. L’écrivain belge raconte des anecdotes singulières et déploie magistralement des motifs qui pourraient avoir un traitement fantastique, sans décoller définitivement de la réalité. «Le diable à Londres» en fait la preuve, il s’agit d’une histoire parue en 1941 qui parle, avec humour, de la rencontre entre «un passant» ennuyé de la vie à Londres et d’un vieux magicien appelé Méphisto, comme le diable. Le promeneur déclare explicitement qu’il désire «la rencontre de quelque quidam assez original ou même un fou, grand homme déchu ou prophète décavé, d’une individualité suffisante pour [lui] faire oublier la [sienne], si négative, ce jour-là surtout» (Ghelderode, 2008: 30). Quand il voit sur la porte le nom de Méphisto, il est prêt à croire qu’il entre en enfer et qu’il se retrouvera devant le diable, il en est persuadé: «rien ne pouvait détruire ma conviction que je me trouvais devant la demeure du diable et du plus populaire des diables, Méphisto !» (Ghelderode, 2008: 31-32). Il se rend compte tout de suite qu’il s’agit d’un diable imposteur et qu’il n’est pas en enfer. Néanmoins, croire à ce personnage, c’est une façon, pour lui, de combattre l’ennui. Il évoque l’enfer et à ce moment son pouvoir imaginatif va agir sur sa perception du monde. Nous, lecteurs, nous allons imaginer l’enfer avec sa chaleur, sa couleur rouge et son odeur. Nous ressentons, aussi, la peur d’être devant ce personnage malin, méchant et traitre. Même si l’on n’y croit pas au caractère diabolique du magicien, on va, certainement, lui attribuer les caractéristiques que l’on vient d’énumérer. Le vieux diable joue le rôle « -Et si j’étais le diable ? […] - Je vous renverrai, mais où ? Dans quel music-hall ? […] –En enfer, peut-être ! Et que nous importera l’enfer si l’amitié y est permise !» (Ghelderode, 2008: 39, 44). Le récit littéraire expose en cascade l’imagination de l’écrivain, celle des personnages qu’il met en place et celle du lecteur. Croit-on à l’histoire où l’homme rencontre le diable à Londres? Croit-on, simplement, à l’histoire d’un homme imaginatif qui rencontre un magicien? Peu importe, on est tentés par le diable, car notre décision a déjà mis en œuvre notre faculté d’imaginer Londres, l’enfer, Méphisto et le passant, au moins! Alors, en ce qui concerne les processus psychologiques de notre communication, l’expérience littéraire évoque, d’un côté, la mémoire perceptive et d’un autre, l’imagination créatrice de l’écrivain qui fait appel à l’imagination passive et créatrice du lecteur pour qu’il puisse reconstruire l’univers fantastique. 3


Bibliographie Araiza, Jesus. (2011). Cap. 2 Sujeto, percepción sensorial e imaginación : verdad y falsedad en Repositorio de la FFyL,UNAM. Recuperado en agosto de 2015 http://ru.ffyl.unam.mx:8080/bitstream/10391/3633/2/Araiza_Sujeto_y_verdad_Pract ica.pdf Botton Burlá, Flora. (1994). Los juegos fantásticos. México: FFyL, UNAM. Campra, Rosalba. (2001). Lo fantástico: una isotopía de la transgresión. En Teorías de lo fantástico. Madrid: Arco Libros. Ghelderode, Michel. (2008). Sortilèges. Paris: Gallimard. Gregory, R.L. (1978). Eye and brain: The psychology of seeing. New-York: McGraw-Hill. Grumillier. F. (2010-2011). Imagination et mémoire. En Philoflo la Philo par un Pro. Recuperado en agosto de 2015 http://www.philoflo.fr/resources/Imagination+et+m$C3$A9moire.pdf Morris, Charles G. (1997). Psicología. México: Prentice-Hall Hispanoamericana, S. A. Rey, A. et al. (1992). Le petit Robert. Paris : Dictionnaires Le Robert. Reyes, Alfonso. (1962). La experiencia literaria. México: Fondo de Cultura Económica. Skayem, Hady. C. (2011). L’imagination: définition et types. En EspaceFrançais.com. Recuperado en agosto de 2015 http://www.espacefrancais.com/limagination/

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