Quand la mer monte by Sylvain Delboy

Quand la mer monte...

Si le réchauffement planétaire perdure, une montée des eaux de 5 mètres est à prévoir dans les décennies à venir. Deux hypothèses sont envisagées : un refroidissement localisé dû au déplacement des courants marins (Gulf Stream), ou un réchauffement de +1,4°C à +5°C d’ici 2100 avec augmentation des précipitations (+9%).

Dans 50 ans... (+ 2 m) On laisse rentrer l’eau dans les terres, ce qui entraîne l’inondation de certains quartiers de La Rochelle comme le quartier de la gare et le secteur du Tasdon. Le centre ville est quant à lui protégé provisoirement par une digue. Des travaux de préparation à une montée des eaux plus importante sont entrepris : renforcement des structures des bâtiments, surélévation des réseaux, création de passerelles... Une partie des habitants des quartiers touchés est déplacée sur les hauteurs de Périgny et d’Aytré. La population restante est relogée dans des habitations adaptées à la présence nouvelle de l’eau : maisons sur pilotis ou flottantes.

Périgny

Bourgneuf Montroy

St-Rogatien

La Rochelle

Aytré

PROTECTION Endiguement de la vieille ville Dans un premier temps, la construction d’une digue permettra de protéger certains quartiers du centre ancien de la montée progressive des eaux. Cela doit permettre de gagner du temps pour préparer la ville à une élévation plus importante.

PRÉVENTION Comblement des rez-de-chaussée Les gravats des quartiers détruits (Tasdon, gare) seront utilisés pour combler les rez-de-chaussée du centre historique de La Rochelle afin de les renforcer. On surélèvera tous les réseaux et on commencera à installer un ensemble de passerelles reliant les premiers étages ainsi que des pontons. La vie et les commerces s’installeront au 1er et au 2ème étage.

Nous avons choisi de développer un scénario à trois échelles de temps, prenant en compte le réchauffement et la montée progressive des eaux dans le vallon. L’objectif est de comprendre comment le territoire peut prévoir, accepter et s’adapter à la présence et aux conséquences d’un tel phénomène.

Clavette

La Jarrie

Digue Nord Urbanisation Habitat adapté à l’eau Déplacement de la ville Voie de chemin de fer Canal - Chenal

ADAPTATION Construction de maisons flottantes ou sur pilotis De nouveaux modes de constructions doivent permettre de s’adapter à l’eau afin de créer de véritables cités lacustres permettant de loger les habitants des anciens quartiers détruits.

Les maisons flottantes

Elles se dressent sur des structures de béton creux, contenant les réseaux qui passent dans des tuyaux souplent qui les relient à la terre. Elles ont l’avantage de suivre les marées et la montée globale des eaux alors qu’un ancrage puissant empêche leur mouvement perpétuel.

Les maisons sur pilotis

Elles sont ancrées en profondeur et toujours hors de l’eau. Elles devront prévoir une montée ultérieure plus importante.

ENSNP -Séminaire de 5ème année «Notion de durabilité dans le projet de paysage» - Anne Badrignans, Raphaëlle Chéré, Pierre-Alexandre Collin, Sylvain Delboy, Anaïs Jeunehomme, Héloïse Neveu

2006 Évolution des températures + 2°C soit un climat de type méditerranéen

Dans 100 ans... (+ 3,5 m)

2100

14 12 10 9 Moyenne annuelle des températures (°C)

2006 Évolution des précipitations -100mm/an soit une ressource en eau plus faible Sources : CNRS

2100

2,7 2,4 2,2 2 Moyenne annuelle des précipitations (en mm/jour)

Les Rochelais se sont adaptés : les rez-de-chaussée du centre historique sont condamnés au profit d’une vie aux étages supérieurs. Au niveau de la nappe phréatique, l’eau de mer remplace l’eau douce. C’est pourquoi est mis en place un système de récupération des eaux pluviales en haute mer, par le biais de bâches. Dans les dépressions, de nouveaux modes d’exploitation se développent, tournés vers la mer : algoculture et pisciculture. Ces filières basées sur des chaînes alimentaires complètes et à forte valeur ajoutée remplacent peu à peu l’agriculture traditionnelle. Les villages situés sur les crêtes se densifient.

La Rochelle lacustre Nord Urbanisation sur les crêtes Algoculture Pisciculture Boisement Bâches de récupération des eaux pluviales

MISE EN PLACE DE NOUVELLES FILIERES MARINES : L’ALGOCULTURE ET LA PISCICULTURE 1ère étape : culture de phytoplancton en bassins alimentés en eau de mer

2ème étape : culture de zooplancton en bassins nourris par le phytoplancton

3ème étape : pisciculture en mer. Le zooplancton alimente la production.

RÉCUPÉRATION DES EAUX DE PLUIE EN HAUTE MER

L’ALGOCULTURE : DES DÉBOUCHÉS MULTIPLES

88 000 hab./1,6 M m3/213 ha de bâches

375 ha/1,1 M barils de biocarburant/71 000 véhicules

La montée des eaux salées entraîne la salinisation de la nappe du bassin de Varaize. Il faut donc trouver un autre moyen de récolter de l’eau douce.

La culture des macroalgues (brunes et rouges) permet la production d’énergie: biocarburants, combustion, engrais verts... Les algues sont consommables directement ou sous formes dérivées quand elles entrent dans la composition de gélifiants, de produits cosmétiques, de médicaments... C’est donc une filière diversifiée et de haut rapport. Elles sont cultivées soit sur filets, soit sur cordes appelées «toron» En cultivant les 375 ha d’entrée marine, on pourrait produire 106 millions de litres de biocarburant chaque année. Un litre de ce biocarburant coûte 1$ soit 12000$/ha. Ainsi on pourrait alimenter un parc de 71000 véhicules par exemple qui rouleraient 30000km/an en consommant 5L/100km.

Par un système de bâches tendues en haute mer, on récupère dans des cuves de l’eau de pluie qui une fois relevée et acheminée par bateau alimente la ville de La Rochelle en eau potable. Pour une population projetée de 88000 habitants, qui consommerait 1,6 millions de m3 d’eau, il faudrait 213 ha de bâches répartis en mer.

Évolution du nombre de jours consécutifs sans pluie en été

Dans 150 ans... (+ 5 m)

1960-1989

2050 Nombre maximum de jours consécutifs sans pluie en été

Plus de 30 jours consécutifs sans pluie en 2050 soit une canicule d’envergure chaque année et une impossibilité de perpétuer une agriculture céréalière

moins de 15 jours de 15 à 19 jours de 20 à 24 jours de 25 à 29 jours plus de 29 jours

La Rochelle est définitivement sous les eaux, ses habitants se sont déplacés sur les hauteurs. Le territoire s’est réorganisé : les lignes de crête sont urbanisées et densifiées, le fond de vallon est occupé par des boisements qui fournissent matière première et énergie. Un nouveau mode de transport connecté aux villages est mis en place sur le principe des canaux, voies navigables utilisant la ressource en eau de mer. Une nouvelle forme de village est créée, s’articulant autour d’un centre dense cerné d’une large frange jardinée, permettant d’assurer la production vivrière pour les habitants. En périphérie une douve étanche récupère, filtre et redistribue les eaux de ruissellement aux différents villages.

Nord

Ville engloutie Urbanisation densifiée des îlots-villages Frange de production : Hortus Douves de récupération des eaux Boisements fournissant la filière bois-énergie Réseau de voies navigables

DÉVELOPPEMENT D’UN NOUVEAU SYSTÈME DE TRANSPORT Le mode de transport courant devient la navigation. Un canal principal permet de desservir les villages en amont du bassin. Un système de tronçons, alimenté d’aval vers amont en eau de mer par des pompes-éoliennes, permet les déplacements.

UN RÉSEAU DE DESSERTES SECONDAIRES

Le canal, nouvel axe fort de circulation se ramifie jusqu’à l’échelle de l’habitation et son garage à bateaux.

MISE EN PLACE D’UNE NOUVELLE ORGANISATION DES VILLAGES

100 m2 par hab/1500 ha pour 150 000 hab. Les villages s’organisent sur les crêtes de manière concentrique et autonome. Ils se structurent autour de trois couronnes : le coeur de village qui se densifie, l’hortus formé de parcelles de production destinées aux habitants, et les douves qui récupèrent les eaux pluviales de tout le village.

CRÉATION D’UNE FILIÈRE BOIS Dans les creux de vallons se développent de grands boisements de pins maritimes et de filaos. Une filière bois se crée permettant de fournir localement de l’énergie pour les villages et des matières premières pour la construction des habitations et des bateaux.

Les douves collectent en aval du système toutes les eaux de ruissellement : voiries, hortus... (il n’y a pas d’infiltration), filtrées par un système de lagunage et redistribuées au village. Les douves de récupération de chaque village permettent une gestion des eaux à l’échelle de l’agglomération, avec la redistribution des excédents de village à village.