Mensuel de l'Armée du Salut - 127e année - N° 10 - 2017
Société
Une réforme également sociale
Sébastien Goetschmann
Il y a 500 ans, le 31 octobre 1517, Martin Luther placardait ses 95 thèses contre les indulgences à la porte de l'église de Wittenberg. Sans le savoir, il venait de lancer un mouvement réformateur qui a influencé non seulement la structure de l'Eglise, mais également celle de la société de l'époque.
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n cherchant à acquérir la certitude de son salut, Martin Luther a contribué à bouleverser la face de notre monde. Relativisons toutefois ces propos, en mentionnant que l'essor de l'imprimerie qui amène à une redécouverte du savoir et que l'esprit humaniste de l'époque ont également joué un rôle important, et que certains des points développés ci-dessous ne sont que des tendances esquissées lors de la Réforme.
Un homme libre En relativisant toutes les institutions et pouvoirs humains (papes, prélats, théologiens, mais aussi princes et souverains), Martin Luther adopte la posture d'un homme souverainement libre. Cette position qui affirme qu'il faut obéir à Dieu et non à son prince lorsque celui-ci est en tort, ainsi que sa traduction en allemand du Nouveau Testament sont les prémices de la
Bâti sur le rocher page 3
La statue de Martin Luther, devant l'hôtel de ville de Wittenberg, Bible ouverte en mains
démocratie et de l'accès généralisé aux savoirs. Cela amènera aussi le soulèvement de la population. Les gens simples peuvent désormais mettre en cause les prétentions de la noblesse et
du clergé, jusque-là justifiées par la volonté de Dieu. Même si Luther la désavoue de façon virulente, il a ouvert la brèche à la page 2
Eloge de la célébration pages 4-5
société
« guerre des paysans ». Les paysans mêlent d'ailleurs revendications religieuses (élection des prêtres par le peuple, limitation du taux des dîmes), sociales et économiques (suppression du servage, liberté de pêche et de chasse, augmentation de la surface des terres communales, suppression de la peine de mort).
Ulrich Zwingli en plein prêche : détail des portes en bronze de la grande cathédrale de Zurich, par Otto Münch
Le sacerdoce universel et la place des femmes dans l'Eglise Pour les réformateurs, il n'y a pas de chrétien de seconde zone, moins consacré qu'un clerc. On découvre ici l'idée du sacerdoce universel : tous les chrétiens sont fondamentalement prêtres. Il n'y a que la fonction qui diffère. Il n'y a pas plus d'attentes pour un clerc que pour un chrétien « normal ». Cette vision implique également que chaque chrétien prenne ses responsabilités vis-à-vis de Dieu.
avant qu'une femme n'ait le droit d'être pasteur. Affirmation des langues Notons encore que par leurs traductions de la Bible en langues vernaculaires (allemand, français, anglais), les réformateurs ont non seulement contribué à montrer la proximité de Dieu, qui parle aux villageois dans leur langue, mais aussi à façonner et développer ces langues elles-mêmes. Changements spectaculaires ou simples impulsions, les réformateurs ont joué un rôle important dans le façonnage du monde tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Chaque chrétien, cela englobe aussi les femmes. Une figure féminine marquante aura été celle de Catherine Schütz. Mariée au prêtre Matthias Zell, « elle et lui * Michel Grandjean, La Réforme, formeront le couple emblématique Matin du monde moderne, p. 35 de la Réforme strasbourgeoise. »* Active réformatrice, elle publiera plusieurs traités et pamphlets, enseignera et exhortera les fidèles et ira même jusqu'à revendiquer Source : La Réforme, Matin du le droit de prophétiser. Mais cet monde moderne, Michel Grandjean, exemple est une exception dans éditions Cabédita une société fortement patriarcale et il faudra encore longtemps
Point de vue
Jacques Tschanz
La connaissance, frein ou accélérateur de la liberté ? Comme on vient de le lire, la Réformation ou la Réforme a été un élément important de grands développements de la culture et de la pensée. Ainsi, on peut en déduire que « plus de connaissance apporte plus de liberté » ! Tout dépend encore de ce que l'on comprend dans le terme « liberté ». Ainsi, ne faire que
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ce que l'on veut n'est pas une forme de liberté mais une forme d'asservissement à ses pulsions. L'apôtre Paul donne une définition autre de la liberté : « C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau
connaissance, si elle n'est qu'intellectuelle, peut aussi devenir un piège qui enferme, réduit, exclut … et fait des chrétiens qui donnent tout sauf envie. Et l'Histoire de l'Eglise en est hélas remplie ! Oui, j'ose l'affirmer : la vraie liberté est en Christ, et quelle bénédiction !
sous le joug de la servitude. »* D'après mon expérience, cette forme de liberté en Christ est le « top niveau » et la source de la vraie liberté. C'est elle qui rend libre ma conscience, qui me permet de traverser la vie en toute confiance, qui me permet de m'aimer comme je * La Bible, Lettre aux Galates, suis et les autres pareils. Mais, chapitre 5, verset 1 car il y a un mais … cette
évangile
Bâti sur le rocher Annelise Bergmann
Dans la Bible « Mon Dieu est le rocher où je m'abrite. Il est mon bouclier, mon puissant défenseur et mon sauveur. Je me réfugie auprès de lui pour être délivré des gens violents. » La Bible, 2 Samuel, chapitre 22, verset 3
A
u détour d'un périple sur l'île d'Yeu en Vendée, j'ai eu l'émotion de tomber sur les ruines d'un très vieux château. Sa silhouette se confond avec les blocs de granit qui l'entourent. Il défie le temps et les tempêtes depuis … le quatorzième siècle ! A y regarder de près on comprend mieux le secret de son incomparable solidité : ses fondations sont intimement liées au rocher, à un point tel qu'on peut à peine les différencier. Il se dresse sur un éperon rocheux et à la marée haute est complètement entouré d'eau. Battu par les flots, dans un vacarme assourdissant, mais ... imprenable. Il n'est pas difficile, en pénétrant par un pont dans l'enceinte, d'imaginer le sentiment de sécurité qu'on devait y ressentir. Certes, les murailles épaisses et rudimentaires limitent en un sens l'espace et le confort, mais quel abri en cas d'assaut ennemi ! La réelle sérénité Ce ressenti de paix, d'apaisement et de solidité, les hommes qui ont écrit la Bible l'ont souvent dépeint. Il y a tant de psaumes, de textes et même une parabole qui
comparent Dieu à un rocher, et qui recommandent de construire sa vie sur lui, de chercher son abri en lui. Bien sûr, cela évoque des réalités concrètes qui ne sont plus très actuelles pour nous : nous sommes plutôt protégés par une multitude d'assurances, de contrats, de certificats et de garanties. Les murs épais et les rochers de granit sont très loin dans notre inconscient collectif. Un truc de chevalier moyenâgeux, peut-être, un château Playmobil ? Et pourtant, tous s'accordent à dire que notre vie en société hautement sécurisée, entourée d'une technologie sans pareille au travers des âges, privilégiée et protégée de toutes parts, n'a en aucun cas fait diminuer notre sentiment d'angoisse. La sécurité est-elle finalement ailleurs ? Devrions-nous songer à construire autrement, sur des fondements plus solides ? Je me demande souvent si mes valeurs sont bien basées sur le roc, si elles résisteront aux turbulences des circonstances de ma vie et à l'assaut de mes doutes. Quand je me sens tendue ou anxieuse, j'aime revenir
au chant séculaire des poètes de la Bible. Psaume 62, versets 2 et 3, et 6 à 9. « Oui, auprès de Dieu seul, je connais le repos, mon salut vient de lui. Lui seul est mon solide rocher, lui seul me sauve. Il me protège avec puissance, je ne peux pas tomber. […] Oui, je dois me reposer près de Dieu seul, c'est lui qui me donne espoir. Lui seul est mon solide rocher, lui seul me sauve. Il me protège avec puissance, je ne peux pas tomber. Mon salut et mon honneur viennent de lui. Mon protecteur puissant et mon abri c'est lui. Vous qui êtes là, ayez confiance en lui, dites-lui ce que vous avez dans le cœur. Dieu est pour nous un abri. »
Le Vieux-Château, sur l'île d'Yeu, bâti directement dans la roche, fondement solide sur lequel nous devrions également bâtir nos vies
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célébration
Eloge de la célébration Major Sylvette Huguenin
Quel meilleur moment que celui de la fin de l'année scolaire pour célébrer les succès ? Mais, en tant que chrétien, avons-nous le droit de nous réjouir de nos réussites ou cela serait-il faire preuve d'un certain orgueil ? la première année de vie. Et le plus souvent sous les yeux fiers et émerveillés des parents et de toute la famille. Alors on les partage, on filme, on WhatsApp, etc. Des félicitations et des encouragements que nous avons probablement aussi reçus. Puis il y a les apprentissages sociaux, scolaires, les hautes études ou les apprentissages pour acquérir un savoir, un métier. Que d'efforts pour y parvenir ! Est-ce que cela ne mérite pas que nous nous arrêtions quelques instants pour célébrer ?
En y réfléchissant un peu, chaque jour, nous pouvons avoir une raison de célébrer, avec nos amis, notre famille ou même seul
Il me semble que plus nous grandissons, moins nous célébrons, moins nous osons peut-être. Est-ce qu'au moins nous continuons de nous réjouir ? Nos réussites et celles des autres sont-elles devenues normales, parce qu'elles font partie de notre croissance sans qu'elles méritent que nous nous y arrêtions ? Et pourtant, il y a du bon à fêter quand nous accomplissons quelque chose de positif. Surtout, veillons à ne pas nous arrêter davantage sur nos échecs et nos non-réussites que sur nos succès.
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Une réussite commune Ce sont probablement les victoires sportives qui sont les plus fêtées, sans que cela ne nous étonne. Mais il y a aussi les réussites scolaires ou académiques et il y en a encore tellement d'autres. Des réussites plus discrètes, plus personnelles que nous n'avons peut-être pas envie de « publier ». Remontons au début de la vie et pensons aux réussites des tout petits enfants ! Que de découvertes, que d'apprentissages dans
Par humilité ou par crainte de l'orgueil nous préférons rester discrets. Mais l'humilité, c'est la juste appréciation de soi. Elle est ainsi à la fois le contraire de l'orgueil (l'élévation de soi) et de la dépréciation de soi. L'humble peut être ce qu'il est, non à cause de sa propre valeur, mais parce qu'il sait que c'est de Dieu qu'il a reçu la place et les dons par lesquels il peut faire ce qu'il fait. Rappelons-nous aussi le nombre de personnes qui ont contribué à nos réussites, à nos succès : • Nos parents, qui ont tremblé avec nous lors de chaque examen • Nos frères et sœurs • Nos amis
célébration
• Nos enseignants, sur lesquels nous avons peut-être beaucoup râlé • Et puis, en premier, le Seigneur lui-même ! Je me demande si le temps des examens n'est pas aussi le temps où il y a le plus de personnes qui prient, et un temps durant lequel nos offres de prières sont particulièrement bien reçues. Nos célébrations, ne mettent pas le moi, l'égo tout seul au centre, mais elles nous permettent justement d'exprimer de la reconnaissance, aux autres et au Seigneur. Célébrer, marquer, se réjouir, faire la fête ensemble Le premier dimanche de juillet, lors du culte au Poste de l'Arc Lémanique à Lausanne, nous avons célébré toutes les réussites des enfants et des étudiants qui avaient passé leur année scolaire, obtenu un diplôme. Mais chacun a aussi été invité à se rappeler de ses réussites ! Chaque réussite a été applaudie, comme il se doit. Nous avons ainsi évoqué les réussites sportives, mais aussi les réussites professionnelles, surtout celles que nous avons atteintes en équipe ! Et qu'en est-il des réussites dans nos Postes ? Les voyons-nous seulement ? Les difficultés et les échecs sont malheureusement souvent tellement plus visibles que les réussites. Une pierre de construction Marquer les réussites et les succès permet de construire dessus. Une année scolaire réussie, un diplôme obtenu ne sont pas une finalité, mais permettent d'avancer vers la suite. Que ce soit la suite de la formation ou l'entrée dans la vie
Le major Joël Etcheverry, heureux d'accompagner une délégation de l'Armée du Salut de Belgique, lors du Congrès Boundless 2015, à Londres
professionnelle. Nos petites et grandes réussites personnelles ou communautaires nous permettent de bâtir dessus, d'aller plus loin, de viser l'étape suivante.
frères et sœurs dans nos communautés, même là où nous n'avons peut-être pas réussi. Réjouissonsnous les uns pour les autres, les uns avec les autres.
Et si nous nous arrêtions pour réfléchir un instant et nous repasser en mémoire toutes nos réussites ? Pas seulement les plus grandes, les plus importantes, les plus visibles aux yeux des autres et / ou à nos yeux aussi. Quelle a été ma dernière réussite ? Même toute petite. En quoi me permetelle d'aller plus loin ?
« Le Seigneur, ton Dieu, est au milieu de toi. C'est lui le héros qui remporte la victoire. Il est rempli de joie à cause de toi, son amour te donne une vie nouvelle. Il danse pour toi avec des cris de joie, comme pendant les jours de fête. » * Le héros qui remporte la victoire c’est le Seigneur, notre Dieu. Cela mérite que nous célébrions ! Pouvons-nous imaginer le Seigneur qui danse de joie pour nous et avec nous ? Alors, sans orgueil, osonsnous demander : « Quel succès puis-je célébrer aujourd’hui ? »
Un moyen de partage et de compassion Pensons aussi à célébrer les succès des autres. « Réjouissezvous avec ceux qui se réjouissent ; pleurez avec ceux qui pleurent », écrit l'apôtre Paul dans sa lettre aux Romains, chapitre 12, verset 15. Apprenons donc à voir, à nous réjouir toujours plus des succès de * La Bible, Livre du prophète nos proches, de nos amis, de nos Sophonie, chapitre 3, verset 17
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à bien y penser ...
Sans tambour ni trompette Souvenir d'automne Quelques amis rencontrés au camping m'ont remémoré un petit fait qui a trait à la vie de ma mère, décédée depuis presque dix ans. Veuve, elle passait son été et une partie de l'automne dans la caravane familiale. Elle aimait cette vie au grand air et je me rappelle qu'elle observait pendant des heures les oiseaux peu farouches qui venaient piquer les miettes qu'elle leur abandonnait. Mais son plaisir, malgré son grand âge, c'était de préparer des tartes aux fruits et de les offrir aux voisins qui l'entouraient. « Ah ! La petite Suzy ! Je n'ai qu'à fermer les yeux pour la voir », me dit Walty, le propriétaire du mobilhome d'à côté. « Elle ne marchait pas trop vite, histoire de ne pas tomber, elle tenait sa tarte tout contre elle et elle nous la tendait avec un formidable sourire qui n'appartenait qu'à elle. Ses gâteaux aux pruneaux étaient fameux. Je n'en ai plus jamais mangé de si bons. » Dix ans après son décès, les amis parlent encore de ses tartes aux pruneaux ! Je n'en reviens pas.
Le dessinateur Alain Auderset nous invite à la réflexion. Chaque mois, vous trouverez une nouvelle BD à cet endroit.
Du coup je me demande, avec un peu d'inquiétude, quel sera le souvenir marquant que je laisserai, moi, à mon entourage. Souvenir béni ou …
Marianne Hefhaf
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infos
L'Armée du Salut distribue des vivres en Asie du Sud suite aux pires inondations vécues depuis 30 ans Les pluies torrentielles de la mousson ont plongé des parties de l'Inde, du Bangladesh et du Népal sous l'eau. L'Armée du Salut intervient. Plus de 40 millions personnes ont été touchées par les inondations. Beaucoup ont perdu leur maison et leur moyen de revenu. Les services d'aide d'urgence sont débordés et la situation est critique pour de nombreuses personnes. L'Armée du Salut a mis en place des centres de distribution pour aider la population la plus exposée.
Dans la région de Chittagong, au Bangladesh, des abris d'urgence sont en cours de construction pour les personnes qui ont tout perdu. Le Territoire de l'Armée du Salut de l'Inde Ouest a mobilisé ses équipes d'urgence. Elles soutiennent environ 2200 familles (4400 adultes et 5600 enfants) avec des paquets alimentaires.
Le Général André Cox, Chef mondial de l'Armée du Salut, lance un appel : « Je demande aux salutistes et amis de l'Armée du Salut de soutenir les efforts de secours dans cette nouvelle catastrophe de manière pratique et en prière. »
La Rédaction Source : IHQ Communications
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En Asie du Sud, l'Armée du Salut distribue de la nourriture à des milliers de familles
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détente « Tout est changement, non pour ne plus être mais pour devenir ce qui n'est pas encore. » Epictète
Règle du jeu En partant des chiffres déjà inscrits, remplissez la grille de manière à ce que : • chaque ligne • chaque colonne • chaque carré de 3x3 contiennent une seule fois les chiffres de 1 à 9. Pas besoin d'être fort en maths !
Solution du Sudoku
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Sudoku