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semaine de La foLLe danny WiLLett d

ouze jours après la naissance de son premier enfant, l’a nglais danny

Willett décroche le plus grand succès de sa carrière. e t le champion du masters a décidé de défendre son titre à Crans- montana.

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Petra Himmel

Birley Wood, au sud-est de Sheffield, est un parcours tout ce qu’il y a de plus banal, comme il y en a des centaines en Grande-Bretagne. Mais depuis le 10 avril, Birley Wood a quelque chose de plus que les autres: un champion de Masters y a frappé ses premières balles. Danny Willett, vainqueur du 80e Masters, est le premier Européen depuis José Maria Olazábal en 1999 à avoir remporté le titre majeur le plus important de la saison. Il est aussi l’un de ces champions issus d’un milieu plutôt modeste.

«A l A limite de l’A rrogA nce » Personne n’aurait imaginé que Danny Willett, dont le père était pasteur de la paroisse à quelques stations de tram de là, revêtirait un jour la «Green Jacket». «Jeune, il n’était pas du tout comme Tiger Woods ou Rory McIlroy», se souvient Jonathan Pyle, head coach à Birley Wood, interviewé par le journal britannique The Guardian. «Il était bon, mais pas si bon que ça». Et d’ajouter: «C’était un gars sympa mais toujours un peu vaniteux, limite arrogant.»

Le garçon qui jouait bien au golf est devenu un amateur de classe mondiale, membre du

Bondhay Club. Le pro du Bondhay Club, Justin Fores, qui a aussi parlé au Guardian, a encore le jeune homme en mémoire: «A un moment donné il s’est retrouvé avec un handicap de +5, et en 2007 il était numéro mondial chez les amateurs. Ce qui l’a toujours différencié des autres, c’était sa foi en lui. Il était toujours un brin arrogant et persuadé qu’un jour il gagnerait. Et on sait que 90% de ce jeu se passe effectivement dans la tête.» lA débâcle totA le

Plus personne ne pourra nier ce fait à l’issue de l’US Masters 2016, après le bouleversement incroyable survenu dans la deuxième partie du tour final. Alors que Jordan Spieth était sûr de remporter la victoire avec une avance de cinq coups créée par quatre birdies sur les trous 6 à 9, tout s’est soudainement écroulé. Deux bogeys sur les trous 10 et 11 faisait perdre son assurance au jeune Texan. Deux balles dans l’eau et un coup dans le bunker du trou 12, à l’Amen Corner, parachevaient la débâcle. Jordan Spieth quittait le par 3 avec un score de 7 sur sa carte et perdait son leadership, après l’un des plus grands retournements de situation de l’histoire du Masters. «Ce furent les 30 minutes les plus difficiles de ma carrière. J’espère ne plus jamais revivre ça», concluait, amer, le jeune Américain. Le numéro deux mondial a commis deux erreurs essentielles. Premièrement, la gestion de ses cinq coups d’avance: «A ce moment-là, on se dit qu’il suffit de jouer les trous restants dans le par. On swingue de façon un peu conservatrice et tout à coup on touche mal la balle.»

Deuxièmement, Jordan Spieth n’a pas pris suffisamment à cœur le conseil maintes fois répété de Jack Nicklaus, sextuple vainqueur du Masters: «Ne jamais attaquer le drapeau au trou no 12, peu importe où il se trouve». Un coup par-dessus le bunker de gauche est une bonne option, celle que Michael Greller, le caddie de Jordan Spieth, lui avait conseillée. Mais le Texan s’est décidé au dernier moment à jouer un cut, une balle qui s’incurve légèrement vers la droite, en direction du drapeau. Une décision fatale.

comme il y A 20 A ns

La débâcle de Jordan Spieth sera probablement toujours comparée à l’échec de Greg Norman en 1996. Lors de ce Masters, l’Australien menait avec six coups d’avance au tour final avant de perdre contre l’Anglais Nick Faldo, auteur d’un score de 67. «Tout le monde parle de l’échec de Greg, mais j’ai quand même dû le jouer, ce 67», a tenu à rappeler Nick Faldo, lors du dimanche de la finale 2016.

Après le sacre de Faldo, les Anglais ont dû patienter 20 ans pour fêter une nouvelle victoire à Augusta. C’était la seconde participation de Danny Willett au Masters. S’il n’est pour rien dans la débâcle de Jordan l e bébé est A rrivé trop tôt «C’est irréel, une semaine complètement folle», raconte le champion du Masters 2016. En effet, le succès de Danny Willett est inattendu à plusieurs égards. En 2014, l’Anglais ne faisait même pas partie du top 100 mondial. Son jeu était caractérisé par des drives qui partaient à droite et à gauche. Avec Mike Walker et son autre entraîneur, Pete Cowen, qui s’est occupé de nombreux joueurs de classe mondiale, Danny Willet a résolu ses problèmes et a terminé 2e de la Race to Dubai 2015, sans toutefois compter parmi les favoris à Augusta, comme Rory McIlroy, Jordan Spieth ou Jason Day. Sa vie privée aussi a été pas mal bouleversée ces derniers jours. La naissance de son premier enfant était prévue pour le dimanche de l’US Masters, c’est pourquoi Danny Willett a longtemps pensé ne pas prendre le départ du tournoi majeur. Mais le bébé est finalement arrivé au monde deux semaines plus tôt, et l’Anglais a été le 89e et dernier joueur à s’inscrire au Masters. Une fois entré dans le tableau, il a simplement tenté sa chance sans états d’âme. Le cercle exclusif des six champions européens du Masters –Bernhard Langer, Seve Ballesteros, Sandy Lyle, Ian Woosnam, Nick Faldo et Jose Maria Olazábal – est maintenant passé à sept. l e conseil de sir Ferguson

«Les autres ont peur. On peut bien entendu argumenter qu’il est plus facile de gagner un tournoi quand on est en position d’outsider, mais Danny ne se montre pas plus impressionné quand il est leader», commente son coach.

Dans des conditions particulièrement difficiles sur l’Augusta National, le jeune Anglais n’a justement montré aucune faiblesse. Il était le seul, avec Paul Casey, à ne rendre aucun bogey au dernier tour. Avec ses cinq birdies, il a signé un score total de seulement cinq sous le par. Pour rappel, Jordan Spieth avait revêtu la Green Jacket une année plus tôt avec 18 sous le par.

Spieth, l’Anglais a cependant dû, au moment où il a appris qu’il était devenu leader du dernier tour, faire preuve de nerfs d’acier pour gérer cette opportunité. Ce qui est visiblement sa grande force. «Danny s’épanouit justement dans ce genre de situations», a remarqué son coach Mike Walker dans une interview. Lors de l’Omega European Masters de Crans-Montana 2015, seul en tête après le deuxième tour, il s’était laissé rattraper par Matthew Fitzpatrick. Sur les derniers 18 trous, Danny Willett réalisait cinq birdies et zéro bogey, remportant de justesse la victoire devant son compatriote.

Une victoire au Masters et le tumulte qui s’ensuit ont forcément une influence sur la forme d’un joueur. Mais Danny Willett est décidé à remporter son prochain succès le plus vite possible, ceci également en raison du conseil que Sir Alex Ferguson, l’ancien

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