
4 minute read
Hole 19th
Il passe pour être le meilleur attaquant suisse de la meilleure ligue de hockey sur glace au monde. Le Grison Nino Niederreiter, 22 ans, joue en NHL pour les Minnesota Wild et pratique le golf depuis quatre ans. Avec autant de réussite.
Vous avez toujours été précoce: à 16 ans en play-off avec Davos, puis vos débuts en Amérique. Vous souvenez-vous de vos premiers pas sur la glace?
Advertisement
Oui, j’avais alors 5 ans. Mon père avait installé une patinoire dans le jardin de notre maison à Coire. C’est là que nous nous défoulions, et j’étais toujours l’un des plus petits. J’étais habitué, avec deux sœurs plus grandes, et j’avais surtout des copains plus âgés. Ça m’a toujours stimulé, et c’est pourquoi tout est allé plus vite pour moi. Mais c’est sûr que la NHL est un rêve de gamin, et j’apprécie le privilège de pouvoir jouer dans une équipe forte.
Qu’est-ce qui vous fascine dans le golf, ce sport individuel?
Ce n’est jamais la même chose. Je peux jouer 9 trous super bien, et tout à coup je ne suis presque plus capable de tenir un club de golf. Heureusement, le hockey n’est pas aussi irrégulier. Dans ce sport, c’est déjà assez grave de ne pas marquer de but pendant quelques matches. En équipe, on a toujours des collègues qui peuvent corriger nos erreurs, alors qu’au golf je suis seul responsable de mon jeu. C’est toujours fascinant de voir comme la frontière entre le bon et mauvais est ténue.
En hockey, vous travaillez depuis longtemps déjà avec un coach mental. Je présume que cela vous aide aussi sur les parcours de golf?
Rita Sutter travaille avec moi depuis neuf ans déjà. Il s’agit surtout de gérer la pression et la concurrence quand les choses ne vont pas très bien. Ça m’aide aussi pour le golf, mais en général ce n’est pas suffisant (rires).
Pourquoi travailler avec un coach mental si jeune déjà?
C’était une idée de ma mère. Elle pensait qu’il ne suffit pas seulement d’entraîner son corps, mais qu’il faut aussi travailler le mental. Elle m’a inscrit contre mon gré. Au départ, je ne prenais pas ce travail au sérieux, mais Rita Sutter a pu m’aider quand je doutais de moi-même. Ce ne sont souvent que de petites choses, mais qui comptent. Durant la saison d’hiver, je suis beaucoup livré à moi-même, et je suis toujours content d’avoir un contact avec Rita, que ce soit sur Skype ou Facetime.
Comment arrive-t-on à gérer le fait de gagner, si jeune, 2,5 millions de dollars par année? Il faut être prudent avec l’interprétation de ce montant, car aux Etats-Unis, la moitié part avec les impôts. C’est cool, naturellement, de pouvoir gagner autant d’argent si jeune grâce à sa passion. Ma famille m’a toujours aidé à garder les pieds sur terre. Elle m’a financé des années durant, maintenant je suis content d’être indépendant et de pouvoir rendre un peu ce que ma famille m’a donné.
L’été, vous revenez toujours dans les Grisons. De quoi profitez-vous le plus ici? Du contact avec ma famille et mes amis. L’hiver est toujours trop court, avec 82 matches et l’entraînement quotidien. Ici je profite de mon temps libre, notamment pour jouer au golf. Il est clair que je dois travailler ma condition physique de façon individuelle, surtout la force, et ce n’est pas toujours idéal pour bien frapper la balle ensuite. Mais je suis content chaque fois que je peux me retrouver dans la nature, sur tous ces beaux parcours.
Jouez-vous aussi au golf pendant la saison, aux USA?

Pas trop, le plus souvent pendant la préparation d’automne. Chez nous, dans le Minnesota, il y a des parcours vraiment cool et on y prend le golf moins au sérieux. Il y a peu j’étais quelque part en Suisse avec trois copains. Nous nous réjouissions d’un coup sensationnel, mais le flight sur le fairway voisin nous a tout de suite remis à l’ordre. Le golf devrait être un plaisir, avec des émotions. On le voit lors de la Ryder Cup, c’est de l’émotion pure. Je trouve que chez nous le golf est toujours un peu formel, il devrait y avoir un peu plus de légèreté.
Vous avez débuté le golf il y a quatre ans seulement, et vous êtes déjà single handicap. Je présume qu’être léger ne suffit pas?

En tant que joueur de hockey, j’ai un avantage certain avec les clubs et la balle. Ça m’aide pour les longs coups et autour du green. Je m’entraîne peu, je préfère me rendre sur le parcours de Domat Ems plutôt que sur le driving range. J’essaie vraiment de pratiquer ce sport avec légèreté. Mon plus grand adversaire est mon amour-propre, et on sait que celui-ci n’est pas d’une grande aide sur un terrain de golf. Je dois toujours me rappeler de swinguer plutôt que de frapper. Et en général ça marche.
Avez-vous encore un but au niveau golfique? Mon but est de rester single handicap, mais naturellement ce serait fantastique de passer une fois sous la barre du hcp 5.
Ni No Niederreiter
Le 8 septembre, le Grison Nino Niederreiter fêtera son 23e anniversaire. Il a débuté sa carrière internationale il y a cinq ans, meilleur transfert suisse dans l’histoire de la NHL. L’attaquant de 1,87 mètres joue actuellement sous les couleurs des Minnesota Wild, avec lesquels il a signé un contrat de trois ans, d’un montant de 8 millions de dollars. En 2009, il a été champion suisse avec le HC Davos. Un an plus tard, il était choisi par le jury dans la «All Star Team» aux Championnats du monde U20. Son plus grand succès avec l’équipe nationale est une médaille d’argent aux Championnats du monde en Suède en 2013. Ce gaucher est toujours célibataire, et, à part le golf, ses hobbies sont le badminton, le tennis et les voyages.