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Open

C’est la patience, mais surtout la solidité sur les greens qui ont permis à Zach Johnson, loin d’être favori, de triompher à St Andrews. Ce baptiste profondément croyant a soulevé le «Claret Jug» à l’issue des cinq jours de tournoi du British Open, son second titre majeur après un succès au Masters 2007.

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La régularité est son point fort. Zach Johnson est un homme patient et persévérant. Pas un de ces types qui prennent le départ tambour battant, cognant dans leur drive à plus de 300 mètres. Le Texan est du genre à savoir attendre son heure, et il a très bien su le faire au British Open, sur l’Old Course de St Andrews. «Ce fut une semaine d’attente interminable, reconnaissait-il après sa victoire, j’ai attendu la bonne occasion, encore et encore.» Celle-ci s’est présentée lorsqu’il s’est retrouvé leader du classement avec un dernier tour de 66, face à sept autres joueurs qui avaient eux aussi temporairement mené au classement durant la dernière journée.

«L E r ADA r s’E sT DésINTéGré»

Après une longue attente sur le putting green près du clubhouse du R&A, Zach Johnson a appris qu’il était qualifié pour le play-off. Le soir tombait déjà sur St Andrews lorsque le Texan, qui ne comptait pas parmi les favoris, s’est rendu une dernière fois sur le parcours en compagnie de Louis Oosthuizen, 32 ans, et de Marc Leishman, 31 ans, pour un play-off sur les trous no 1, 2, 17 et 18. Au British Open, c’est le score cumulé des quatre trous qui compte. Louis Oosthuizen et Marc Leishman ont peut-être été étonnés de se retrouver en play-off avec Zach Johnson. Le Texan n’avait gagné qu’un seul tournoi cette année, et ne s’était pas fait autrement remarquer. Mais, avec sept birdies sur les douze premiers trous du dernier tour, le champion du Masters 2007 émergeait soudain sur le radar sous lequel il était resté caché pendant quatre jours. «Je pense que le radar s’est tout simplement désintégré», a sobrement commenté Zach Johnson au terme du play-off.

Dans cette manche décisive, tout comme lors de sa victoire au Masters 2007, le putter fut son meilleur atout. Sur les deux premiers trous, Zach Johnson transformait en birdies deux putts de cinq mètres en pente, puis notait un bogey au trou no 17 et un par au trou no 18. Après les deux bogeys de Marc Leishman aux trous 1 et 17, et le putt raté de Louis Oosthuizen pour le birdie sur le dernier trou, les dés étaient jetés. «La clé cette semaine fut sans aucun doute la patience et l’endurance», reconnaissait le vainqueur avec un soupir de soulagement. «Je ne peux pas jouer beaucoup mieux», ajoutait-il après un play-off éprouvant pour les nerfs. Zach Johnson était ému lors de son discours: «Je suis reconnaissant. Je me sens humble et honoré. Nous nous trouvons dans le berceau du golf et ce trophée signifie tellement au niveau sportif. C’est grandiose.»

Comme toujours, la foi est venue en aide à ce joueur de Ryder Cup (quatre participations), qui vit sur l’île Saint-Simon en Géorgie. «Le psaume 27,14 dit: ‹Espère en l’Éternel. Fortifie-toi et que ton cœur s’affermisse›. Ce sont ces petites choses qui me montrent le chemin et qui me rappellent aussi quelles sont mes priorités.»

DEs CoNDITIoNs ChAoTIqUEs Si l’on considère les conditions chaotiques dans lesquelles s’est déroulé le British Open, on comprend le point de vue de Zach Johnson qui ne s’est pas laissé déstabiliser par la météo. Après un premier tour normal le jeudi, des averses diluviennes ont rendu impossible le déroulement normal du deuxième tour. Dans la nuit de jeudi à vendredi déjà, un orage était passé sur la ville de St Andrews, la grêle défonçant les fenêtres dû sortir», déclarait Jordan Spieth, l’un des joueurs à avoir essayé de terminer son tour du jour précédent. Après 45 minutes, le jeu était de nouveau interrompu et ce n’est que le soir, vers 18 heures, que le tournoi a pu reprendre.

A ce moment-là, il était clair que, pour la première fois depuis 1988, le dernier tour du British Open se jouerait un lundi. Difficile de savoir dans quelle mesure le chaos régnant à St Andrews a réduit à néant le rêve de Jordan Spieth de remporter la troisième de l’université voisine, et le matin, l’Old Course ressemblait à un vaste marécage. Le premier flight, parti à sept heures, tomba sur le green du trou no 1 sur une équipe de volontaires en train d’enlever les flaques d’eau, en vain. Le tour était interrompu durant trois heures et demie. Conséquence: les derniers flights ne pouvaient pas finir leur tour ce jour-là.

La situation n’évoluait pas dans la journée de samedi. Plus de pluie, mais une tempête qui se mettait à souffler sur l’Ecosse, tellement forte que les balles des joueurs se déplaçaient toutes seules sur les greens. «Nous n’aurions jamais manche du grand chelem, après ses victoires à l’US Masters et à l’US Open. Ce qui est sûr, c’est que cette mission, qui semblait impossible en début de semaine, est devenue de plus en plus réaliste au fil des deux tours finaux. Dans un certain sens, Jordan Spieth a joué un tournoi parallèle, avec pour but de réaliser cet exploit historique.

Jor DAN spIET h à DEU x DoIGTs DU M y T h E Il s’en est fallu de peu pour que le joueur de 21 ans se retrouve aussi en play-off. Ex-aequo en tête du classement deux trous avant la fin, il perdait tous ses espoirs avec un score final de 69. C’est le Road Hole, le trou no 17, et le green du 18 qui lui ont mis les bâtons dans les roues. Sur le Road Hole, il mettait la balle à deux bons mètres du trou au deuxième coup, mais la pente qu’il calculait pour le putt n’existait pas et il devait noter un bogey. «J’ai voulu trop bien faire», reconnaissait-il. Le large fairway du trou no 18 lui offrait une dernière chance de birdie, mais, après un drive médiocre, il mettait au deuxième coup sa balle dans la «Valley of Sin», une énorme cuvette devant le green, voyant l’espoir d’un troisième titre du grand chelem s’envoler. «J’ai remporté beaucoup de tournois sur les derniers trous, mais celui-ci n’en fait pas partie. Ce n’est pas toujours aussi simple. Je vais rentrer à la maison et réfléchir, concluait Jordan Spieth, ça ne devrait pas faire trop mal.»

Le fait de ne pas avoir remporté la victoire ne doit pas occulter la prestation remarquable du jeune homme.

Jusqu’à présent, dans l’histoire du golf, seuls trois hommes ont été capables de remporter deux victoires à l’US Masters et à l’US Open ainsi qu’un top 10 au British Open la même année: Ben Hogan, qui a aussi remporté le tournoi, Arnold Palmer et Jack Nicklaus. Le jeune Américain, dont les amis du même âge sont en train de terminer leurs études à l’Université du Texas, est donc d’ores et déjà entré dans l’histoire. Jordan Spieth n’a pas fini de remporter des tournois majeurs.

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