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«Je ne me suis Jamais résigné à cause de mon handicaP Physique»

Pierre massard

Avant son accident de ski, Pierre Massard était champion de judo et un bon golfeur. Maintenant, à plus de 60 ans, il joue dans un fauteuil roulant, presque tous les jours, avec un objectif clé: les Jeux paralympiques 2020.

Stefan Waldvogel

Une petite grue soulève le «paragolfer» à l’arrière du fourgon. La courte distance à pied de la voiture à la chaise roulante, Pierre Massard l’effectue avec deux béquilles. Il est «infiniment heureux» de son investissement de plus de 20 000 francs pour cet appareil Otto Bock: «Le paragolfer m’a redonné une vie sociale.» Pierre Massard est membre de l’ASG ainsi que de l’Association française de golf (section handigolf). Il y a onze ans, il a «tout perdu». Après une chute de 29 mètres dans une crevasse, il a perdu ses jambes, sa femme et son travail. Aujourd’hui, il parle sobrement des événements qui ont complètement changé sa vie. Avant l’accident, cet ingénieur de formation était un entrepreneur à succès, municipal à Veytaux (Montreux) dans le canton de Vaud, multiple champion de judo et rêvait d’avoir un handicap à un chiffre. Le 20 mai 2004, tout a basculé. «La première année, je ne pouvais pas bouger. Cloué au lit, je passais mon temps à regarder le plafond et à compter les alvéoles», se souvient-il en évoquant son séjour à l’hôpital SUVA à Sion. Plus tard, une rééducation infiniment dure a suivi. Ses larmes pourraient probablement remplir une piscine, décrit-il l’effort fourni alors. Son expérience et sa volonté en tant qu’ancien sportif de haut niveau l’ont beaucoup aidé. Sans cela, il n’est pas sûr qu’il aurait eu le cran de revenir de si loin, explique Pierre Massard.

U N Esprit Comp Titif

Il a publié son histoire dix ans plus tard, dans un livre intitulé: «Lève-toi et swingue». Autrement dit: lève-toi et ne lâche rien… Une devise sur mesure pour ce combattant infatigable. Grâce à l’ingéniosité d’Otto Bock et à son système hydraulique, il peut jouer au golf dans un fauteuil roulant: «Bien sûr, je suis limité dans ma mobilité. Mes drives ne dépassent plus 150 mètres, l’atterrissage de la balle dans le bunker peut se révéler difficile et je dois parfois me résigner à prendre un coup de pénalité.» Pierre Massard n’a cependant jamais baissé la garde en raison de son handicap physique et préfère jouer avec des gens qui se déplacent normalement, à pied. Ambitieux, il veut se mesurer aussi souvent que possible aux golfeurs «normaux», précise-t-il. Pour cela, il entraîne énormément ses approches et le petit jeu. En 2014, lors d’un match play interne au Golf Club de Montreux, il est arrivé en demi-finale en partant des départs bleus. Or deux recours ont été déposés et, selon les tournois, Pierre Massard est désormais obligé de jouer depuis les boules jaunes…

«Ce n’est pas un problème pour moi, après tout, j’aime affronter de grands défis», répond l’athlète sans s’offusquer de ces mesquineries. Cela s’appelle le dépassement de soi. Pierre Massard souhaite participer aux prochains Championnats européens et mondiaux «handi- golf». Dans cinq ans, les golfeurs de cette catégorie devraient être présents aux Jeux paralympiques. «Je suis sûr d’être encore plus fort en 2020! En 2016 ce n’est pas encore au programme olympique, et Rio aurait probablement été trop tôt pour moi», dit le sportif ambitieux. Avant son accident, son handicap le plus bas était de 12,5. Assis sur son fauteuil roulant, il a commencé sa nouvelle expérience de golf avec le handicap 18, agréé par l’ASG.

«Le goL f m’a sauvé»

Pour jouer sur le circuit international handigolf, un index maximum de 16,4 est exigé. «Mon rêve serait un handicap de 12. Je joue pour le plaisir et j’ai envie de me dépasser. Le golf m’a sauvé et je pense que les gens oublient vite que je joue en fauteuil», dit-il, soudain sérieux mais visiblement heureux. Malgré des douleurs neurologiques constantes dans les jambes, Pierre Massard dégage beaucoup de joie de vivre et de sérénité et il lui arrive même de plaisanter à propos de son handicap: «Au moins, après avoir joué une partie de golf je n’ai jamais de chaussures sales.»

Il est seulement limité sur son véhicule quand il pleut. Car les roues pourraient patiner ou mar- quer les greens. Cependant, les pneus larges de son fauteuil spécial répartissent le poids de façon à ce que, par centimètre carré, il ne pèse que la moitié de la pression exercée sur le sol par une personne de 80 kg.

Pierre Massard sur le parcours de Sion (à g.) et lors d’une séance d’entraînement «chez lui» à Montreux.

En Suisse romande notamment, Pierre Massard est déjà bien connu. Plus d’une fois, il a raconté son histoire fascinante dans les médias, y compris les télévisions locales, et son livre est disponible dans les clubs de golf de Montreux, Sion et Lausanne. «Avec ce livre, je suis devenu une sorte d’ambassadeur de nos différences, je suis régulièrement invité à donner des conférences sur le dépassement de soi. Comment surmonter les obstacles est devenu un thème essentiel pour moi», dit ce père d’un fils adulte.

Une expérience majeure de sa «seconde» vie a eu lieu exactement sept ans et un jour après son accident. Au Golf Club de Montreux, il a joué son premier tournoi «d’après», faisant équipe avec Didier Cuche: «Nous avons assez bien joué mais sans nous attendre à gagner! Si Dieu joue au golf, il était avec nous ce jour-là. Cette victoire a réveillé mon esprit de combat.» pour commander le livre

Lève-toi et swingue!, 132 pages, 25 francs. Les bénéfices vont à l’association du même nom qui soutient Pierre. Le livre est disponible dans les clubs de golf de Lausanne, Sion et Montreux. Vous pouvez, également le commander par mail à: levetoietswingue@bluewin.ch ou auprès de l’association Lève-toi et swingue, CP 1546, 1870 Monthey 2.

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