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«J’aime tout au golf»
Chris McSorley est considéré comme «Monsieur Genève-Servette». Cet hiver, avec son équipe, il a remporté la Coupe Spengler de Davos pour la deuxième fois consécutive. C’est un homme qui aime prendre des risques, au golf comme au hockey. «Cela doit faire partie de mon ADN», avoue-t-il. Le Canadien de 52 ans, qui vit en Suisse romande depuis bientôt quatorze ans, souhaite obtenir sa naturalisation prochainement.
Stefan Waldvogel
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Qu’est-ce qui vous fascine au golf?
Tout me plaît dans ce sport! Mais pour moi il reste un luxe car je ne peux y jouer que cinq ou six fois par an. Au golf tout tourne autour de soi. On ne peut que se louer ou se blâmer personnellement. Et on ne cherche aucune excuse si cela ne va pas comme on le souhaite.
En tant que coach de hockey, vous êtes connu pour votre comportement impulsif et parfois bruyant. Vous mettez-vous également en colère sur un terrain de golf?
Non, absolument pas. Le hockey, c’est mon métier, le golf reste un pur plaisir. Il est vrai que je suis ambitieux, mais j’ai déjà assez pratiqué de sports de compétition pour qu’au golf, je veux simplement me détendre et prendre du bon temps. Au hockey, je ressens une pression extrême pendant tout un match. Alors, j’apprécie d’autant plus, lorsque je me retrouve en pleine nature, à jouer pendant quatre heures avec des collègues ou des amis. J’en profite pleinement.
Comment décrivez-vous votre style de golf?
Je suis un joueur qui prend de grands risques, c’est certain. Comme pour la plupart des hockeyeurs, la distance ne me pose pas un vrai problème. Arriver au green n’est pas un défi. Je veux l’atteindre directement, même si ce n’est pas toujours réalisable. Mais ça me fait plaisir de réussir et je ne dois rien à personne. Même si une balle atterrit de temps en temps hors limites, c’est sans importance. «No risk, no fun», telle est ma devise. Je ne peux faire du théâtre. Mais j’ai un plan pour inciter ma fille et ma femme à jouer au golf. C’est prévu pour ce printemps.
Avec qui jouez-vous d’habitude? Comme je l’ai déjà dit, je ne joue malheureusement pas assez. La plupart du temps avec quelques bons amis, avant tout Cédric Berger, un ancien collègue. Le parcours de Genève, à Cologny, est féerique. Et comme Cédric est un très bon joueur, mon plaisir est intense.
Et avec vos hockeyeurs professionnels? Non, pas vraiment. Je les vois déjà à l’entraînement tout le temps. En pratiquant le golf, je veux surtout décrocher et ne pas penser au hockey.
J’imagine qu’il n’est pas facile de jouer au golf dans une famille où tout tourne autour du hockey.
C’est vrai. Je passe souvent mes vacances au Canada, où je joue la plupart du temps avec mes six frères. Ils pratiquent tous le golf et sont tous restés professionnellement en lien avec le hockey. Bien sûr, je profite du temps que je passe avec eux. Nous parlons de tout mais aussi de ce sport que nous aimons tant.
Votre frère Marty a eu beaucoup plus de succès que vous comme hockeyeur. Il a notamment remporté la Coupe Stanley à deux reprises. En êtes-vous parfois jaloux?
Chris Mcsorley
probablement pas jouer autrement, cela doit faire partie de mes gènes (rire).
En 2005, vous avez repris le HC GenèveServette en tant que copropriétaire. A cette époque, le club était largement déficitaire. Etait-ce aussi un grand risque?

Oui, évidemment, mais je ne l’ai jamais regretté. J’aime ce que je fais. Ce sont les anciens propriétaires qui m’ont offert cette chance. Mon épouse était sceptique, surtout au début, mais mon engagement a porté ses fruits. Chaque matin en me levant je me dis que je suis heureux d’être à Genève.
Votre famille joue-t-elle également au golf? Malheureusement seulement mon fils, qui joue évidemment aussi au hockey. Ma fille préfère impressum
Non, pas du tout. C’est vrai qu’il a obtenu plus de succès que moi comme joueur, mais j’ai mieux réussi en tant qu’entraîneur. Le succès peut avoir différentes origines. Je ne suis pas du tout jaloux, mais plutôt fier de lui. Vous connaissez l’importance de la Coupe Stanley. Avoir un double vainqueur de cette compétition dans sa famille est un grand honneur. Au Canada, ce n’est pas uniquement le joueur qui jouit d’un grand prestige, mais toute sa famille en profite.
Cela fait déjà treize ans que vous vivez en Suisse. Pensez-vous y rester?
Oui, j’ai l’intention de demander la naturalisation pour ma famille et moimême. Genève est devenu ma nouvelle patrie. La Suisse est l’un des plus beaux pays du monde.
Le Canadien de 52 ans joue un rôle hors du commun au sein du hockey sur glace suisse. Considéré comme «Monsieur GenèveServette», il est tout à la fois le copropriétaire du club, son manager, directeur sportif et entraîneur depuis près de dix ans. Il y a quatorze ans, il a permis aux Genevois de réintégrer la LNA et c’est lui qui y règle pratiquement tous les détails. Parfois même le menu du restaurant de la patinoire: «Nous avons fait des essais pendant environ six semaines avant que je n’autorise les steaks, la sauce et les frites», a expliqué récemment l’homme fort du HCGS, lors d’une brève interview accordée au TagesAnzeiger. Après chaque match à domicile, Chris McSorley et son équipe rejoignent leurs supporters au restaurant. Chaque année, les joueurs participent à 150 événements. Ils se rendent très souvent dans les écoles et les hôpitaux et organisent des séances d’autographes. Cet hiver, les Genevois ont remporté la Coupe Spengler pour la deuxième fois consécutive. D’ailleurs, Chris McSorley a même enregistré un troisième succès personnel: en 2012 il avait remporté le traditionnel tournoi davosien en tant qu’entraîneuradjoint du Team Canada. Avant son engagement en Suisse, le Canadien a occupé des postes d’entraîneur principal, notamment avec les Toledo Storm. En 2000, il est devenu champion de GrandeBretagne avec les London Knights. Pourtant, dix ans plus tôt, sa carrière d’entraîneur n’avait pas commencé de manière optimale. Il avait été licencié de ses deux premiers postes au cours de la même saison. Lorsqu’il était hockeyeur, Chris McSorley n’a jamais atteint les ligues majeures canadiennes. C’est plutôt Marty, son frère cadet, qui s’est fait une place en NHL, remportant deux fois la Coupe Stanley avec les Edmonton Oilers.
Chris McSorley vit à Confignon, dans le canton de Genève, en compagnie de son épouse Eva, leur garçon de 12 ans et leur fille de 15 ans. En plus du golf, il pratique également le tir à l’arc et adore cuisiner.