
6 minute read
la valse des Grand Chelem
rendez-vous sur la plaGe…
Points d’orgue de la saison, les tournois majeurs sont passionnants, mais encore plus prenants lorsqu’ils se déroulent à Pebble Beach et à St. Andrews. Deux parcours qui plongent directement dans la mer et dans laquelle vont se noyer les espoirs de nombreux pros, tant la domination de Tiger Woods est impériale sur ces golfs prestigieux.
Advertisement
Pebble Beach et le Old Course de St. Andrews. Les deux parcours qui font le plus rêver les golfeurs de la planète. Qu’ils soient amateurs ou pros! Mais si le rêve ne coûte que quelques centaines de dollars ou de livres sterling aux joueurs de loisir, il est presque inaccessible à l’élite. Car si jouer sur ces deux légendes est une chose, y gagner est une tout autre paire de manches…
L’histoire de Pebble Beach est passionnante et mérite un détour sur le site www.pebblebeach. com. Comme beaucoup d’endroits aux EtatsUnis, le développement s’est installé avec l’arrivée du chemin de fer et ce sont les «Big Four» de l’époque (Charles Crocker, Leland Stanford, Collis Huntington et Mark Hopkins), qui avaient rendu accessible la péninsule de Monterey par le train, en 1869. Située à un peu plus d’une heure de San Francisco, cette petite station côtière allait devenir célèbre, notamment avec l’ouverture de la fameuse «17-mile drive», route qui longe la côte et que l’on peut toujours emprunter aujourd’hui, moyennant une taxe de passage de quelques dollars!
L’autre pôle d’attraction était l’hôtel Del Monte (1891), qui allait brûler à plusieurs reprises, mais qui constituerait toujours le centre névralgique de Pebble Beach et qui est devenu aujourd’hui The Lodge at Pebble Beach. C’est d’ailleurs à proximité de l’hôtel qu’a été conçu le premier parcours de la péninsule: le Del Monte Golf Course, inauguré en 1897. Mais ce qui n’était jusqu’alors qu’une station huppée allait devenir un véritable paradis golfique grâce à l’énergie et l’enthousiasme d’un seul homme: Samuel F.B. Morse. Ce vague cousin du créateur du langage Morse était un jeune trentenaire, un entrepreneur qui allait valoriser le potentiel de la péninsule de Monterey, en y créant Del Monte Properties Company. Non seulement il allait favoriser le développement immobilier, mais il allait donner mandat à deux golfeurs amateurs,
Jack Neville et Douglas Grant, de dessiner un parcours mythique, alors qu’ils n’avaient aucune expérience de l’architecture de golf! Mais pour Jack Neville,vendeur immobilier de son état, tout était déjà fait: «le parcours était déjà sous nos yeux. Il n’y avait que de petits travaux à réaliser. Le challenge étant simplement de placer le plus de trous au bord de la mer. Il n’a pas fallu beaucoup d’imagination pour y arriver. Quelques années auparavant, j’avais déjà vu cette et que les possibilités d’hébergement n’étaient pas suffisantes. Heureusement, la victoire de Jack Nicklaus (le troisième de ces quatre US Open) dans cette édition très serrée allait définitivement installer Pebble Beach au pinacle du golf américain. L’USGA se rendait compte que les derniers trous du parcours étaient toujours le cadre d’un final dramatique. Pour le millésime 1972, Jack Nicklaus, qui jouait avec un vent puissant «dans le nez» sur le 17, allait propriété et imaginé qu’elle devienne un links. La nature imposait ce choix. Tout ce que nous avons fait c’est de couper quelques arbres, de mettre des sprinklers et d’ensemencer la terre!»
Un Golf Public
Ouvert en 1919, Pebble Beach Golf Links a toujours été un golf public. Et c’est peut-être ce qui le rend extraordinaire, puisqu’il est accessible à tous. En outre, il a très peu changé depuis son ouverture, démontrant tout le talent des deux créateurs. Outre le passage du 18 d’un par 4 en un par 5 en 1922, les principales évolutions sont dues à Jack Nicklaus, qui a modifié les greens des trous 4, 5 et 7 en 1990, sans toucher fondamentalement au «layout» du parcours. Depuis 2000, en vue de l’édition 2010 de l’US Open, 4 greens et 16 bunkers ont été reconstruits, des arbres ont été ajoutés et la longueur du parcours a été portée à 7040 yards pour un Par 71. Pour les amateurs, en temps normal, le parcours est un Par 72 de 6737 yards des backtees.
Rapidement, la valeur de Pebble Beach a été reconnue par l’USGA, qui y a organisé l’US Amateur en 1929. Considéré alors comme un majeur, ce tournoi aurait dû figurer au palmarès de Bobby Jones. Mais la légende du golf amateur traversa l’un de ses rares «jours sans» lors du premier tour, alors qu’il était le tenant du titre depuis deux ans et qu’il pouvait établir un record incroyable de trois victoires à la suite dans cette compétition. Battu par le jeune Johnny Goodman, Bobby Jones allait laisser l’honneur de ce record à un amateur qui allait faire beaucoup parler de lui chez les pros: Tiger Woods!
L’US Amateur allait revenir à Pebble Beach en 1947, 1961 et 1999. Pour sa première apparition à Pebble Beach en 1961, Jack Nicklaus allait montrer que ce golf était fait pour lui, puisqu’il s’imposait 8&6 en finale, en jouant 24 en dessous du par sur les 136 trous qu’avait duré ce championnat!
Pebble Beach aurait pu recevoir un US Open bien avant 1972. Mais l’USGA estimait que le parcours était trop difficile d’accès pour le public produire un coup de fer 1 d’anthologie sur ce Par 3: il touchait le mât et sa balle terminait à une dizaine de centimètres du trou. Ce birdie lui ménageait une avance de trois coups sur Bruce Crampton.

UN CHIP D’ANTHOLOGIE découvrir les collections
Venez Pub ASG- 2010:pub Chic 2.3.2010 Green 17et trou 18 du golf. Avec un coup d’avance grâce à cet improbable birdie, il était libéré sur le 18 où il réalisait un dernier birdie, pour achever victorieusement l’un des plus beaux duels du golf contemporain.
Sans victoire dans l’US Open depuis le titre de l’Anglais Tony Jacklin en 1970, les Européens pensaient que Colin Montgomerie avait fait le plus dur dans l’édition 1992, en rendant une carte dans le par à l’issue du dernier tour, alors que le vent se mettait à souffler de plus en plus fort. Même Jack Nicklaus avait anticipé la fin du tournoi pour le féliciter «pour son premier titre majeur»! Mais c’était sans compter sur la solidité de Tom Kite, qui était à l’époque le joueur ayant le plus gagné d’argent sur le circuit américain, sans avoir jamais remporter un tournoi du Grand Chelem. Montgomerie n’imaginait pas ce jour-là que son palmarès resterait vierge dans cette prestigieuse catégorie…
Enfin, l’édition de 2000, organisée à Pebble Beach pour le centenaire de l’US Open et pour le nouveau millénium, n’allait pas manquer d’écrire une nouvelle page de l’histoire. Tiger Woods écrasait le tournoi de sa domination. Mais alors que ce cavalier seul aurait pu être ennuyeux comme la pluie, le public et les téléspectateurs assistaient bouche bée à l’une des plus incroyables démonstrations que le golf ait connues. Le jeune prodige noir remportait son premier US Open en établissant un écart de 15 coups sur ses plus proches poursuivants, Ernie Els et Miguel Angel Jimenez! Un record dans un tournoi du Grand Chelem.
DUSTIN JOHNSON EN FévRIER

Signalons encore, la venue de l’US PGA Championship en 1977, gagné par Lanny Wadkins. Mais ce que l’on oublie parfois, c’est que le parcours californien est sollicité chaque année en février, pour l’AT&T Pebble Beach rares apparitions, en préparation de l’US Open. Une méthode efficace, qui pourrait donc sourire à Justin Johnson, vainqueur il y a deux mois! Le palmarès sportif de Pebble Beach est magistral, mais c’est aussi sa réputation touristique, sociale et mondaine qui en a fait l’un des parcours les plus cotés. Le resort comprend trois autres terrains, le Del Monte Golf Course (1897), Spyglass Hill Golf Course (1966, Robert Trent Jones) et The Links at Spanish Bay (1987, Robert Trent Jones Jnr), qui constituent avec The Lodge l’un des endroits les plus attractifs pour la pratique du golf. Sans oublier le prestigieux voisin, totalement fermé au public: Cypress Point. Mais c’est le magazine Golf Digest qui a définitivement «consacré» Pebble Beach, en installant le parcours à la place de No1 des plus beaux golfs américains en 2001. Une faveur accordée pour la première fois à un golf public et qui en dit long sur l’excellence de ce parcours. Avec le retour de Tiger Woods sur la scène du golf lors de l’US Masters et le choix de Pebble Beach et de St. Andrews, la saison 2010 des Majeurs promet d’être grandiose.

Jacques Houriet
miCkelson GaGne

l’us masTers – le millésime des émoTions
La 77ème édition de l’US Masters a été empreinte d’émotion, sur les greens et en dehors, pendant toute la semaine. Le retour de Tiger Woods était évidemment l’événement majeur de ce tournoi… majeur! Le public a admirablement soutenu le numéro 1 mondial, montrant bien à quel point ce dernier lui avait manqué pendant ses 5 mois d’absence. Même s’il n’a pas gagné, Woods a impressionné par la qualité globale de son jeu, ponctuée par une 4ème place finale. Mais un putting parfois hésitant l’a empêché de mieux figurer.

Emotion aussi lors du premier tour, avec les performances des «aînés»: Fred Couples (50 ans) menait les débats avec un 66, suivi par Tom Watson (60 ans) en 67. Des exploits complétés par la carte de 69 de Sandy Lyle (52 ans) et le 71 signé par Bernhard Langer (52 ans). Emotion enfin le week-end, avec des eagles en pagaille, des scores splendides, un suspense haletant et la victoire de Phil Mickelson, décidément impérial sur les greens d’Augusta.
L’étreinte avec sa femme Amy a duré bien longtemps au bord du 18, consacrant dans les larmes le quatrième titre de Phil dans cet US Masters et une victoire encore plus importante: celle d’Amy sur son cancer du sein!