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la défaite de Faldo
Après deux ans d’attente, la 37 ème édition de la Ryder Cup s’est terminée sur une cuisante défaite européenne, 16,5 à 11,5. Toute l’équipe a accusé le coup avec élégance. Et si les joueurs s’en remettront rapidement, c’est beaucoup moins sûr pour l’arrogant capitaine Nick Faldo, qui a essuyé l’essentiel des critiques. Mais j’aimerais, en préambule à mon lynchage, vous rapporter une anecdote qui, selon moi, en dit long sur le personnage. Il y a quelques années, alors que l’Anglais était encore un joueur actif sur le tour européen, il participait à l’Open de Suisse. Son sponsor horloger, qui se reconnaîtra ici et dont je salue les aimables et très sympathiques dirigeants, avait organisé un dîner VIP dans la station. Tous les convives étaient enthousiastes à l’idée d’approcher la star Faldo et d’échanger quelques impressions avec le vainqueur de six tournois majeurs. Eh bien le beau Nick ne l’entendait pas de cette oreille! Il est arrivé en retard, au bras de sa nouvelle fiancée romande, n’a salué personne à l’exception de l’hôte de la soirée, n’a pas pris la parole et s’est enfui avant la fin du dîner, sans dire au revoir. Le comble de la mauvaise éducation, de la goujaterie. Et le symbole d’une suffisance qui s’est maintes fois confirmée depuis. C’est dire si les médias, le public et les joueurs l’attendaient au tournant!
Bien avant la compétition, la presse s’était amusée à confronter les capitaines des deux équipes, dont la relation est pour le moins… ambiguë. Adversaires sur le terrain, Nick Faldo avait privé Paul Azinger d’une victoire au British Open 1987 en réussissant 18 pars sur le dernier tour. L’Américain s’est ensuite vengé en ne cédant jamais devant le fier Britannique, lors des quatre matches qui les ont opposés en Ryder Cup. Et le duel s’est poursuivi sur l’antenne d’ABC Sports, lorsqu’ils opéraient de concert en tant que consultants. Apprécié des chefs de la chaîne pour son humour décalé et ses «piques» ironiques, Faldo n’a jamais ménagé «Zing» qui se défendait plutôt maladroitement. Mais le capitaine de l’équipe américaine de Ryder Cup a présenté la facture sur les greens de Valhalla! Et pour bien enfoncer le clou, c’est même lui qui est venu au secours de Faldo après la défaite européenne et les cri- tiques unanimes des observateurs du vieux continent, en lui tendant une main chevaleresque, mais combien humiliante pour Nick le fier!
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On en oublierait presque le golf. Car en définitive, c’est quand même sur les greens que la victoire s’est décidée. Les Européens ont trop mal entamé la partie, eux qui d’habitude se montraient impériaux en foursome. Mené 3-1 à l’issue de la première matinée, ils ont couru derrière le score sans jamais rattraper leurs adversaires. Garcia, Harrington, Jimenez et Westwood ont été médiocres, alors que dans le même laps de temps, les jeunes stars américaines (Kim, Mahan, Weekley) confirmaient les espoirs placés en eux. La seule satisfaction de Faldo est venue de Ian Poulter, dont la sélection avait été très controversée, puisque opérée au détriment de l’Irlandais Darren Clarke, pourtant largement plébiscité par le public et les médias. Poulter a été le héros européen, freinant une plus grande débâcle de son équipe en remportant 4 de ses 5 matches. En jouant à leur niveau, les Européens auraient pu contester la victoire aux Américains. Mais est-ce qu’il ne valait pas mieux laisser un os à ronger aux représentants du nouveau monde? Comme l’avait suggéré Severiano Ballesteros, qui s’inquiétait d’un sensible désintérêt du public américain après les trois défaites consécutive de son équipe. L’enthousiasme débordant des spectateurs a montré que la Ryder Cup gardait tout son attrait de l’autre côté de l’Atlantique et que le monde du golf avait désormais le regard tourné vers 2010 et la rencontre qui se disputera au Pays de Galles. Et par bonheur, sans Nick Faldo!
■ Jacques Houriet