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Marcher grâce à l’électrostimulation

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Renate Kurmann

Renate Kurmann

ÉCLAIRAGE

Des paraplégiques remarchent. Une équipe de l’EPFL et de la clinique universitaire de Lausanne est parvenue à cette prouesse grâce à des impulsions électriques ciblées. Anke ScheelSailer, médecincheffe du service de paraplégiologie du CSP, fait le point.

Nadja Venetz

Annoncer que des personnes atteintes de paralysie médullaire peuvent à nouveau marcher grâce à l’électrostimulation semble miraculeux. De quoi s’agit-il?

Des électrodes spécialement conçues sont positionnées par une opération chirurgicale sur les racines nerveuses, éventuellement sur la moelle épinière, afin qu’elles y délivrent des impulsions différenciées. En développant cette technique, une équipe de Lausanne a réussi à faire faire quelques pas à trois patients après plusieurs mois d’entraînement et avec des moyens auxiliaires comme un déambulateur. Mais ce succès est aussi dû aux trois sujets ultra motivés, qui ont collaboré de manière intensive et disposent d’une stabilité suffisante du tronc. Sans leur persévérance et leurs efforts, cela n’aurait pas été possible.

Comment situez-vous cette avancée?

Un projet pilote est là pour démontrer la faisabilité au sein d’un groupe défini; pour montrer que c’est possible. Et c’est ce que les chercheurs et chercheuses ont réussi à faire. C’est génial. Permettre à une personne moyennement paralysée de retrouver la capacité de marcher grâce à l’électrostimulation est faisable. Mais pour le grand public, cela n’a pas encore de conséquences directes à ce stade.

Quelles sont les personnes qui bénéficient d’un tel projet?

Comme je l’ai dit, la technique est encore en phase de développement. Nous sommes encore loin d’une utilisation routinière. L’équipe d’étude de Lausanne est bien sûr toujours à la recherche de volontaires pour le développement du prochain prototype. Les sujets ne doivent pas avoir de maladies importantes, ils ou elles ne doivent pas être trop âgé·e·s pour que leurs os soient assez robustes, ni ne doivent avoir trop d’escarres ou de spasticité, car cela pourrait poser problème. En fait, il est fondamental que ces personnes atteintes de paralysie médullaire soient en très bonne santé. Et elles il faut qu’elles aient envie de se consacrer à cette rééducation pendant des heures, sur des semaines et des mois, et de continuer à l’expérimenter.

Quelles pourraient être les prochaines étapes du développement?

Plusieurs directions sont envisageables. Les efforts peuvent tendre vers une amélioration du contrôle des mouvements afin de corriger la démarche. Une prochaine étape pourrait aussi consister à essayer de stimuler de manière différenciée par la peau. Cela permettrait d’utiliser la technique pour la rééducation. Actuellement, une intervention chirurgicale est nécessaire, ce qui comporte toujours des risques. On verra alors dans quelle mesure on pourra l’utiliser, par exemple en combinaison avec un exosquelette adapté et d’autres soutiens extérieurs.

Quels sont les espoirs suscités par un projet de recherche de ce type?

Il est encourageant de voir que des gens font de la recherche dans le but de développer un jour un soutien adapté à la vie quotidienne des personnes atteintes d’une paralysie médullaire complète, afin qu’elles puissent à nouveau marcher. Il y a beaucoup de travail derrière tout cela, qui mérite un grand respect. Mais n’allez pas imaginer que la totalité des paraplégiques pourra remarcher l’an prochain. Néanmoins, un tel projet nourrit l’espoir et montre qu’un jour, peutêtre, cela sera possible. Et c’est formidable!

Faire quelques pas avec un déambulateur

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