
3 minute read
LES FEMMES DANS LE SPORT
LES FEMMES DANS LE SPORT
Planifier l’entraînement: un défi
Chacun sait que les hommes et les femmes ne sont pas identiques. Mais quel impact cela a-t-il sur les plannings d’entraînement et de compétition? Cynthia Mathez, championne de badminton, nous répond.
Linda Wiprächtiger
La Dr Stacy T. Sims, scientifique du sport, n’y va pas par quatre chemins: «Women are not small men. Stop eating and training like one.» Les sportives ne sont pas des sportifs et ne doivent donc ni se nourrir, ni s’entraîner comme eux. C’est aussi simple que ça. Ou peut-être pas? La campagne «Femme et sport d’élite» de Swiss Olympic aborde les différences entre homme et femme en termes de performances sportives. La nécessité de ce genre de campagne montre bien que l’on sous-estime cet aspect dans la planification du sport de compétition et de masse. Qu’en est-il dans le sport en fauteuil roulant?
Le repos est vital
Cynthia Mathez fait partie depuis des années de l’équipe nationale de badminton en fauteuil roulant. Ce qui l’attire le plus dans ce sport, c’est la tactique et la technique, mais aussi l’explosivité. «Le badminton réunit tout cela!», s’enthousiasme la jeune femme de 35 ans.
Elle aime relever les défis dans ses séances d’entraînement – «J’ai besoin d’adrénaline. Sinon, je ne peux pas m’entraîner» – sans perdre de vue son objectif, les Jeux Paralympiques de Tokyo de cette année. Or cette athlète atteinte de sclérose en plaques ne peut s’entraîner que 13 heures par semaine au maximum. À cause de sa maladie, elle doit en effet veiller à prévoir suffisamment de phases de récupération. «Cela occupe une grande partie de mon quotidien», reconnaît-elle.
Un exercice d’équilibriste
Pour Cynthia, avoir conscience de son corps est particulièrement important. «Je suis obnubilée par mon poids», avouet-elle. À cause de ses médicaments, la badiste, qui vit à Boningen, est sans cesse confrontée au problème de la prise de poids. Dans sa campagne «fastHER, smartHER, strongHER», Swiss Olympic aborde notamment l’apport énergétique insuffisant et ses conséquences. Si le corps ne reçoit pas assez d’énergie, cela augmente les risques de blessures ou entraîne une diminution des performances. C’est un problème très répandu, en particulier chez les femmes. Pour les athlètes en fauteuil roulant, le principal défi consiste à fournir de l’énergie au bon moment afin qu’elle soit disponible pour l’entraînement et la compétition, mais qu’elle ne soit pas stockée de manière inutile. Car les personnes en fauteuil roulant ont souvent un métabolisme de base réduit.
Planifier l’entraînement est crucial
Cynthia Mathez a elle aussi entendu parler de la campagne de Swiss Olympic. «La masse musculaire est différente chez les femmes et les hommes. Mais au fond, je LA CAMPAGNE
«fastHER, smartHER, strongHER»
Les sujets typiquement féminins comme le cycle menstruel ou la grossesse, sont encore trop peu abordés et discutés. Avec cette campagne, Swiss Olympic tente de les mettre en lumière.
Plus d’infos sur la campagne www.swissolympic.ch (sous Femme et sport d’élite)
pense que chaque corps est différent et qu’il faut en tenir compte dans les plannings d’entraînement des deux sexes», estime-telle.
La sclérose en plaques influe sur l’entraînement
Aux yeux de la joueuse nationale Cynthia Mathez, plus que son sexe, c’est sa maladie et ses caractéristiques physiques inhérentes qui ont un impact sur le planning d’entraînement. Comme elle n’a plus ses règles depuis qu’elle porte un stérilet hormonal, elle est moins exposée au cycle menstruel. Mais ce qui leur donne du fil à retordre, à elle et à son entraîneur Gregor Boog, c’est de jouer avec le feu en ce qui concerne son besoin accru de repos. Qu’est-ce qui est supportable? Où la sportive doit-elle se surpasser pour s’améliorer? À quel moment la récupération est-elle plus indiquée? Le fait d’être constamment sur la corde raide et de devoir tâtonner lui pose de plus grands défis que les différences entre les sexes.