HORIZONDOUBLE

Socio-Économie
ÉDITION SPÉCIALE
DÉC. 2024
Le Ferlo sénégalais face aux défis
Interviews
Dider Moreau, l’expertise de l’Institut Balanites

DOSSIER
LA GRANDE
MURAILLE VERTE :
LORSQUE L’AFRIQUE SE
DRESSE CONTRE LE DÉSERT
Socio-Économie
ÉDITION SPÉCIALE
DÉC. 2024
Le Ferlo sénégalais face aux défis
Interviews
Dider Moreau, l’expertise de l’Institut Balanites
DRESSE CONTRE LE DÉSERT
Dans les années 1980, le Sahel est touché par des sécheresses successives et une dégradation brutale de ses terres. Certains visionnaires africains tels que Thomas Sankara, ancien leader du Burkina Faso expriment alors des réflexions quant à la recherche de solution concernant les défis environnementaux et socio-économiques du Sahel
Ce n ’est qu ’ en 2005 que le projet de la Grande Muraille Verte prend alors véritablement forme lors d’une réunion à Ouagadougou sous l’impulsion du président Nigérian Olusegun Obasanjo En effet, c ’est en juillet 2005 que les chefs d’États et de gouvernements des pays sahélo-sahariens décident d’apporter une réponse concertée à la désertification et aux changements climatiques au sein du Sahel : la plantation d’arbres. Cette décision reflète une certaine prise de conscience collective face aux défis croissants de la région, notamment la dégradation des terres, la perte de biodiversité et l’insécurité alimentaire Le projet est alors officiellement adopté et lancé en 2007 par l’Union africaine lors de la 8ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement qui s ’est tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie Ce lancement marque le début officiel d’une des premières initiatives internationales de restauration des terres à grande échelle.
DES OBJECTIFS AMBITIEUX PAYS CONCERNÉS
100 000 000 KILOMÈTRES HECTARES DE TERRES DEGRADÉES
L’initiative de la GMV est le fruit d’une collaboration historique entre plusieurs pays sahélo-sahariens Actuellement, cette alliance regroupe 11 pays : le Burkina Faso, Djibouti, l’Erythrée, l'Ethiopie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Soudan et le Tchad. Pour coordonner les efforts et harmoniser les actions entre ces nations, L’Alliance Panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV) a été créée le 17 juin 2010 à N'Djamena, au Tchad. En 2012, le consensus s'est traduit par l'élaboration et l'adoption de la stratégie régionale harmonisée, définissant la zone d'intervention officielle de la GMV
©Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
250 000 000 TONNES DE CARBONE À SÉQUESTRER
Cette agence interétatique dispose d'une capacité juridique internationale et agit sous la supervision de l'Union africaine et de la Communauté des États Sahélo-Sahariens (CEN-SAD). La gouvernance de l'APGMV repose sur un modèle participatif qui inclut les gouvernements nationaux ainsi que les acteurs locaux Chaque pays membre est encouragé à établir des Alliances Nationales GMV pour faciliter la concertation et l'information sur les projets en cours. L'APGMV joue un rôle crucial dans la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre des projets et assure un suivi rigoureux des réalisations.
La Grande Muraille Verte est une initiative ambitieuse qui va au-delà de la simple végétalisation L’alliance s’inscrit dans une démarche de restauration des écosystèmes dégradés tout en améliorant les conditions de vie des populations locales.
10 000 000 EMPLOIS D’ICI 2030
Dans les plaines du Ferlo sénégalais, les populations locales, principalement Peuls, mènent une vie précaire, confrontées à des défis environnementaux et socio-économiques. Ces communautés pastorales dépendent de l’élevage, une activité cruciale menacée par la désertification, qui appauvrit les pâturages et fragilise les troupeaux Pour les Peuls, le bétail représente non seulement une richesse économique, mais aussi un statut social central : un cheptel important incarne respect, prospérité et stabilité familiale
Les obstacles auxquels font face les populations du Ferlo vont bien au-delà de l’élevage : l’accès aux services de base, comme l’eau potable, l’électricité et les soins de santé, est extrêmement limité, voire inexistant dans certaines zones reculées Cette situation entraîne des conditions de vie précaires, marquées par une nécessité constante de se déplacer à la recherche de ressources vitales, comme l’eau et les pâturages. Dans ce contexte, la Grande Muraille Verte (GMV) tente d’apporter un soutien significatif aux populations locales pour améliorer leur sécurité alimentaire et diversifier leurs sources de revenus
Par le biais de financements et d’un accompagnement technique, la GMV a permis l’installation de jardins communautaires dans plusieurs villages du Ferlo. Ces jardins, entourés de clôtures et équipés de systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte connectés aux rares forages de la région, offrent une solution innovante pour soutenir les femmes du Ferlo. Chaque année, la GMV fournit les intrants nécessaires à la culture et prend en charge les frais d’approvisionnement en eau De plus, un agent horticole est mis à disposition pour aider les femmes à optimiser leurs pratiques agricoles.
Cependant, malgré l’impact positif de ces jardins communautaires, l’élevage demeure l’activité principale et la source de subsistance essentielle des Peuls du Ferlo La taille modeste des jardins ne permet pas encore de compenser les pertes subies dans les activités pastorales Pour ces communautés, l’horticulture représente donc un filet de sécurité, une solution complémentaire qui stabilise, mais ne remplace pas les revenus générés par l’élevage. ©Office des lacs et cours d'eau (OLAC)
Ces jardins poursuivent un double objectif : améliorer l’alimentation des familles locales en rendant les fruits et légumes frais plus accessibles, tout en offrant aux femmes une nouvelle source de revenus. Les légumes cultivés sont vendus au sein du groupement féminin, à des prix fixés par une commission, environ 50 % en dessous des prix du marché Cette tarification permet d’équilibrer les objectifs de rentabilité et d’accessibilité : tout en générant des revenus pour le groupement, elle permet à un plus grand nombre de familles de bénéficier de produits sains, renforçant ainsi la lutte contre la sous-nutrition et la pauvreté dans cette zone
La création d’emplois est au cœur du projet de la GMV C’est en effet en transformant les paysages désertiques en terres productives que la GMV aspire à offrir des opportunités d’emploi diversifiées aux populations locales.
Au sein du projet, plusieurs secteurs se démarquent par leur potentiel de création d'emplois. L'agriculture et l'agroforesterie jouent un rôle central, avec des milliers d'emplois directs générés par la plantation d'arbres et le développement de systèmes agroforestiers. Les agriculteurs locaux sont formés aux techniques durables, ce qui leur permet d'améliorer leurs rendements tout en préservant l'environnement Parallèlement, la gestion durable des ressources naturelles crée des postes pour surveiller et gérer les écosystèmes restaurés, permettant aux communautés de participer activement à la protection de leur environnement
La GMV favorise également le développement de chaînes de valeur locale, où la transformation des produits agricoles génère des emplois dans la production, la transformation et la commercialisation. De plus, avec la restauration des paysages, le secteur du tourisme durable émerge comme une source prometteuse d'emplois, attirant les visiteurs et créant ainsi des opportunités dans l'hôtellerie et les services connexes
Les bénéficiaires des emplois créés par la GMV sont variés Les jeunes sont particulièrement ciblés, avec des opportunités qui les incitent à rester dans leurs communautés plutôt que de migrer vers les villes ou l'étranger. Comme on a pu le voir, les femmes jouent un rôle crucial dans cette initiative Enfin, les agriculteurs et éleveurs traditionnels profitent également de nouvelles opportunités grâce à la diversification de leurs activités.
Des exemples concrets illustrent l'impact positif de la GMV Au Sénégal, des coopératives de femmes s'engagent dans l'agroforesterie, créant non seulement des emplois mais améliorant également leur sécurité alimentaire. Au Burkina Faso, des associations locales s ’engagent activement dans la lutte contre la désertification, créant ainsi des emplois liés à la préservation des espèces endémiques et à la valorisation des cultures traditionnelles.
Cependant, malgré ces avancées, plusieurs défis subsistent : l’instabilité régionale complique le développement économique, le manque de financement limite l’expansion des activités génératrices d’emplois, et renforcer les compétences locales est essentiel pour assurer la durabilité des emplois créés
La Grande Muraille Verte s’étend désormais bien au-delà des frontières écologiques Porté par l’Université Gaston Berger (UGB), le deuxième établissement universitaire du Sénégal, ce projet pionnier de lutte contre la désertification prend une nouvelle dimension grâce à des initiatives scientifiques, éducatives et communautaires.
L’UGB participe activement au projet en développant un jardin botanique et thérapeutique Financée par l’Observatoire Hommes-Milieux International (OHMI) de Téssékéré, une structure qui favorise le partage de savoirs entre scientifiques du Nord et du Sud, cette initiative vise à étudier, protéger et mettre en valeur la flore sahélienne Dix espèces végétales adaptées au climat aride sont sélectionnées, dont des plantes médicinales telles que l’acacia, le jatropha et le moringa.
En partenariat avec l’OHMI, l’UGB propose des formations destinées aux populations locales et aux étudiants en médecine, permettant une transmission intergénérationnelle des connaissances sur les plantes
En valorisant les savoirs populaires et en les intégrant à une base scientifique, le projet vise à renforcer les pratiques de reboisement et d’utilisation des plantes locales
Ces plantes, cultivées dans les pépinières et les champs de légumes de la ferme pédagogique de l’UGB, font l’objet de recherches approfondies pour étudier leur potentiel en botanique, pharmacie et santé Les recherches incluent aussi l’étude des méthodes de multiplication et de conservation, afin de préserver la biodiversité rare et fragile du Sahel.
Grâce à un partenariat étroit avec l’Agence de la Grande Muraille Verte, les équipes de biologistes de l’UGB mènent des recherches pour identifier les espèces végétales les plus résistantes face aux changements climatiques et à la raréfaction des pluies. Ces études, complétées par les projets interdisciplinaires de l’OHMI, analysent les impacts des pratiques de la GMV sur les écosystèmes du Ferlo
La GMV introduit également le concept d’« écologie de la santé » dans la région, en s ’appuyant sur l’approche One Health, qui considère les liens entre santé humaine, animale et environnementale Face à la prévalence élevée de l’hypertension artérielle dans le Ferlo, probablement liée aux changements de mode de vie et à la qualité de l’eau, le projet organise une consultation médicale annuelle gratuite, améliorant ainsi la prise en charge des habitants. .
La Grande Muraille Verte repose sur des écosystèmes complexes où la faune locale joue un rôle important. Les espèces animales, allant de l’insecte aux grands mammifères, contribuent activement à la pollinisation, à la dispersion des graines et à la fertilité des sols
Toutefois, cette cohabitation entre la faune, la végétation restaurée, et les activités humaines est essentielle pour assurer le succès à long terme de cette initiative
Maintient des écosystèmes
Surpâturage : la dégradation des sols, entravant les efforts de reboisement et de restauration écologique
Dégradation des jeunes pousses
Aération et la régénération naturelle du sol
Impact sur les jeunes pousses d’arbres et de végétation plantée
PRÉDATEURS
Maintient de la chaine trophique locale
Pollinisation dispersion des graines des plantes
Menacés par la déforestation et la dégradation des sols
Pollinisation et recyclage de la matière organique
Un collège d'experts a soigneusement élaboré le plan de reforestation, en sélectionnant les espèces végétales les plus adaptées aux conditions arides du Sahel et en définissant des stratégies de plantation optimisées pour la restauration écologique Des organisations comme BirdLife travaillent à mettre en place des groupes de suivi de la biodiversité, mais ces initiatives sont encore en cours de structuration.
Espèces d'Acacia : Acacia senegal (gomme arabique), Acacia tortilis (faux-gommier), Acacia albida, Acacia seyal, et Acacia nilotica (produisant de la gomme)
Espèces désertiques : Balanites aegyptiaca (dattier du désert), Ziziphus jujuba (jujube), et Moringa oleifera (Nebeday)
Autres espèces : Combretum glutinosum (contre la toux), Prosopis africana (résistant aux termites), Detarium senegalense (Ditakh), et Boscia senegalensis
Ces espèces offrent des avantages écologiques et économiques variés, notamment la production de gomme, des propriétés médicinales et la résistance dans les climats arides.
Actuellement, la Grande Muraille Verte représente l'un des projets les plus ambitieux de restauration écologique en Afrique. Ce projet de grande envergure a déjà montré des signes encourageants. Dans plusieurs pays, des milliers d'hectares ont été reboisés, des emplois ont été créés, et des communautés ont bénéficié des initiatives de conservation Toutefois, malgré ces avancées positives, les objectifs fixés restent encore partiellement atteints Plusieurs défis, liés au financement, aux conditions climatiques et à la gouvernance, freinent l'atteinte complète des cibles prévues.
© Radio France - Nathanael Charbonnier
Malgré des financements conséquents, avec plus de 3 milliards de dollars déjà mobilisés, seuls 20 millions d'hectares auraient été restaurés à ce jour. Cette avancée représente seulement 20% de l'objectif initial, indiquant des progrès importants, mais en deçà des attentes
Des chiffres pourtant réalistes
Les objectifs de la Grande Muraille Verte, malgré leur ampleur, sont fondés sur des prévisions scientifiques minutieuses
Au Sénégal, pays exemplaire dans le projet, environ 2 millions d'arbres sont plantés chaque année Certains prévoient même que le Sénégal pourrait atteindre jusqu’à 8 millions de plantations annuelles en renforçant ses infrastructures et en mobilisant plus de financements. Cependant, même si les 11 pays partenaires atteignaient un tel rythme, cela resterait insuffisant pour atteindre les milliards d'arbres requis par le projet
Un objectif initial basé sur la restauration écologique
L'objectif principal de la GMV était de créer une bande de végétation continue pour enrayer la désertification, restaurer les terres dégradées et améliorer la sécurité alimentaire dans la région Les prévisions initiales se concentraient principalement sur deux indicateurs : la superficie de terres à restaurer et le nombre d’arbres à planter pour atteindre cet objectif.
L'histoire de l'emploi est en réalité arrivée beaucoup plus tard
Didier Moreaux, Institut Balanites
La question de l’emploi est apparue plus tardivement, à mesure que les dirigeants et partenaires internationaux ont commencé à voir le potentiel socio-économique de ce projet.
Une vision différente de l’emploi
L’AFD estime que l’Initiative de la GMV aurait permis la création de 350 000 emplois, bien en deçà des 10 millions prévus, mais la notion d’"emploi" est difficile à définir et à quantifier dans le contexte local. Dans la région du Sahel, les travailleurs alternent des activités saisonnières liées à la GMV, comme les plantations d’arbres, avec d’autres sources de revenus tout au long de l’année, ce qui rend le calcul des emplois plus complexe
Villageoises sénégalaises travaillant dans une pépinière
La mise en œuvre de la Grande Muraille Verte (GMV) se heurte à un contexte géopolitique complexe, avec 9 des 11 pays traversés par le projet actuellement affectés par des conflits armés ou des tensions politiques majeures Cela représente un défi majeur pour les efforts de reforestation, car la sécurité des équipes sur le terrain et la continuité des projets sont gravement menacées
Un manque d’information sur les activités de terrain
“Il y a si peu de choses qui ont été consignées, en ce qui concerne les succès ou les échecs, ou l’impact [social ou écologique], mais il n’y a même pas de registres des lieux où des projets ont été menés.
”Matt Turner, Université Wisconsin à Mongabay
Par conséquent, le suivi à long terme devient un défi Malgré le contexte géopolitique compliqué, notamment au Niger et au Mali, les habitants continuent à travailler dans les pépinières de la Grande Muraille Verte
Un autre obstacle : le terrorisme
Alors que certaines organisations de restauration se sont concentrées sur des zones plus sûres, les populations locales, craignant pour leur sécurité et accablées par la pauvreté chronique, risquent leurs vies en quête d’horizons plus cléments
“Le tracé passe dans des endroits assez instables et des zones de niveau orange et rouge en termes de risques sécuritaires et terroristes. Les scientifiques ne sont donc pas autorisés à s’y rendre, en particulier les étrangers.
”Robin Duponnois, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD),
La reforestation en Afrique subsaharienne, en particulier dans les zones arides du Sahel, fait face à des défis considérables en raison des conditions climatiques extrêmes
Le stress hydrique et les sols peu fertiles du Sahel accentuent cet échec naturel des plantations, ce qui rend les efforts de reboisement encore plus coûteux et demande des approches innovantes pour améliorer la résilience des arbres Dans des projets comme la Grande Muraille Verte, des techniques de gestion de l’eau, comme le zaï* et le paillage, sont parfois intégrées pour maximiser les chances de survie des arbres, mais ces solutions nécessitent des ressources et des compétences qui ne sont pas toujours disponibles sur place.
*technique culturale traditionnelle originaire d'Afrique de l'Ouest permettant de cultiver sans eau
©FAO/Benedicte Kurzen/NOOR
Pour améliorer l’efficacité des plantations de la Grande Muraille Verte, l’Institut Balanites a lancé des parcelles expérimentales couvrant deux zones de 30 hectares
L'objectif est de tester la résilience des arbres face aux conditions arides et de collecter des données précises sur les taux de survie sur une période de 15 ans. Les résultats permettront de mieux adapter les pratiques de reboisement et de guider les futures plantations dans le Sahel.
L’institut Balanitès est une association qui organise des actions de médiation scientifique auprès de tous les publics. Elle promeut la coopération scientifique nord-sud, en lien avec le projet de reboisement du Sahel par la Grande Muraille verte
L’accélérateur pour la Grande Muraille
Verte : un nouveau souffle pour le projet?
D’après Mongabay, l’obtention des 33 milliards de dollars nécessaires pour réaliser l’ambitieux projet de la Grande Muraille Verte (GMV) a été entravée par des promesses de financement non tenues, des retards prolongés, et une coordination défaillante entre les différents partenaires financiers. Ces obstacles ont considérablement freiné l’avancée de l’initiative et compromis l’atteinte de ses objectifs
Pour remédier à cette situation, le One Planet Summit du 11 janvier 2021, organisé à Paris, a marqué un tournant avec le lancement de l’Accélérateur de la GMV. Lors du sommet, les différents partenaires se sont engagés à mobiliser 14 milliards d’euros supplémentaires d’ici 2025, représentant environ 30 % des fonds nécessaires pour atteindre les objectifs de la GMV d’ici 2030.
En dépit de cet élan, seulement 2,5 milliards de cette promesse avaient été effectivement versés en mars 2023. Selon Didier Moreaux (Institut Balanites), cela souligne le décalage persistant entre les engagements financiers et les fonds réellement mobilisés sur le terrain
“On ne peut pas accélérer la pousse des arbres.
”Didier Moreaux, Institut Balanites
Il déplore aussi que l'accélérateur ait multiplié les déclinaisons du projet sans tenir compte des réalités culturelles locales et que les financements n'aient que faiblement bénéficié aux populations locales
©FAO/Benedicte Kurzen/NOOR
Paradoxalement, les agences nationales des 11 pays concernés semblent avoir obtenu des résultats plus concrets Ces équipes locales, plus proches des réalités du terrain, sont appuyées par des coordinateurs dédiés, et elles jouent un rôle clé dans la réalisation des objectifs de la GMV en s ’adaptant aux besoins spécifiques de chaque pays
Les compensations CO2 : une nouvelle voie de financement
Alors que la compensation des émissions de carbone émerge comme source de financement pour les projets de restauration des terres, l'ONG Tree Aid s'est associée au Comité international olympique (CIO) pour développer une « forêt olympique » au Mali et au Sénégal. Ce projet, inscrit dans l’initiative de la Grande Muraille Verte, vise à planter plus de 589 000 arbres, capables de capturer 200 000 tonnes de CO2 sur 25 ans, soit davantage que l’empreinte carbone estimée du CIO pour la période 20212024 De plus, les projets de compensation carbone de Tree Aid apportent une nouvelle source de revenus aux communautés locales tout en éliminant les intermédiaires et en renforçant la gestion durable des terres restaurées.
Sites Internet
©MONGABAY
Malgré des avancées notables dans la mobilisation des ressources et les efforts des agences nationales, la Grande Muraille Verte demeure confrontée à des défis structurels et financiers majeurs. Le lancement de l’Accélérateur de la GMV en 2021 a marqué un tournant en promettant un financement accru, mais les retards persistants dans la mise en œuvre limitent encore son impact tangible. En outre, l’intégration des réalités locales et la valorisation des initiatives communautaires apparaissent comme des leviers essentiels pour assurer la durabilité et le succès à long terme de ce projet ambitieux
Agence Française de Développement URL : https://www afd fr/fr/ressources/le-groupe-afd-et-la-grande-muraille-verte-au-sud-du-sahara Montgabay URL : https://fr mongabay com/2024/12/linitiative-de-la-grande-muraille-verte-a-lepreuve-de-linsecurite-et-du-manque-de-financements/
Le Monde URL : https://www lemonde fr/afrique/article/2016/04/19/la-grande-muraille-verte-trace-doucement-son-chemin-au-senegal 4904682 3212.html#iwuDGg2Zyp2JuM8h.99
Statistat URL : https://fr statista com/infographie/26903/grande-muraille-verte-en-afrique-objectifs-pays-membres-et-avancee-du-projet/ United Nations Convention to Combat Desertification URL : https://www unccd int/news-stories/stories/counting-trees-space-people-and-planet IPT URL : https://ipt gbif fr/resource?r=largewildmammals ferlo&request locale=fr Youmatter URL : https://youmatter world/fr/categorie-environnement/grande-muraille-verte-afrique-reforestation-efficace/
Rapports
“Le projet majeur africain de la Grande Muraille Verte Concepts et mise en œuvre ” (2010), IRD “Les jardins féminins de la Grande Muraille Verte dans le Ferlo sénégalais : une réponse publique à la précarité et à la marginalité en milieu rural au Sud”, (2015), ENS Lyon-Université de Lyon
“La Grande Muraille Verte : État de mise en œuvre et perspectives à l’orée 2030” (2020), Nations Unies “Initiative de la Grande Muraille Verte : Réalisations 2011-2017 et défis sur la trajectoire 2030”, (2018), Les Echos de la GMV
Articles de Presse
Boëtsch Gilles, “La Grande Muraille Verte”, L’actualité, Hors série, Automne 2022
Hennebelle Isabelle, “La Grande Muraille verte, laboratoire africain de l’écologie de la santé”, Le Monde, N°24102, 1er juillet 2022
Legrand Philippe “L’extraordinaire histoire de la grande muraille verte”, Paris Match, N°3934, 27 septembre 2024
Anna Niang “A large mammal survey in Koyli Alpha Community Wildlife Reserve and its surroundings in the Great Green Wall extension area in Senegal, Journal of Threatened Taxa, Vol 13 No 9 (2021)
©FAO/Benedicte Kurzen/NOOR
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Didier Moreau (Institut Balanitès) pour son précieux soutien Ses éclairages et ses informations détaillées sur l'avancée actuelle de la Grande Muraille Verte ont été essentiels à la rédaction de cet article Son expertise et son engagement envers ce projet nous ont permis de mieux comprendre les défis et les opportunités qu’il représente
Nous tenons également à remercier chaleureusement Djibril Diallo (BirdLife), qui a répondu à nos recherches sur la biodiversité en partageant des détails essentiels sur le suivi de l'impact écologique de la Grande Muraille Verte