Air Canada enRoute — August /août 2014

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At the very least, it’s clear I need to meet Retamal, so I ask my driver to take me to De Martino in Isla de Maipo, south of the capital. Travelling through the Central Valley, an area known as the country’s agricultural breadbasket, we pass fields planted with corn, beans and apricots that provide a mellow contrast to the snow-capped Andean cordillera looming in the east. This is also Chile’s traditional winemaking heartland – lines of cabernet sauvignon, merlot and carmenère appear like a blurry green grid outside the window. Arriving early at the winery’s Tuscan-style mansion that welcomes visitors, I head for the wine shop (it’s as good an excuse as any to escape the afternoon sun). But before I can peruse the bottles on the wooden shelves, Retamal and winemaker Eduardo Jordán swoop in. They take me to a bodega with clay amphoras that are more than 100 years old (some of them were once used for wine, others for chicha, the fermented juice of apples or other fruit or grains). “I use these for fermenting grapes from our dry-farmed, old-bush cinsault and muscat,” says Retamal, patting the vessels, whose volume ranges from 60 to 1,100 litres. “It’s how wines were made hundreds of years ago – no enz y mes, no yeast, no oak that can mask the flavour of the fruit,” which in this case comes from nearly forgotten vines in the Itata Valley, 400 kilometres south of here. In another warehouse we’re dwarfed by Austrian oak foudres that have been air-dried for six years to cut the risk of “contaminating” the contents with wood. We climb a staircase to a room with a conference table set with 10 wineglasses for each of us. I worry I’ll be tipsy in no time, until I see someone has also put out bowls for spitting. “The secret to a great wine,” Retamal says as we sit down, “is not in the winemaking, it’s in understanding the vineyard – and harvesting early, because raisins are the worst form of standardization.” Jordán nods and explains: “It’s easier to make wines from overripe grapes because you don’t have to worry about when to pick them. But the end result is uniformity, regardless of varietal or terroir.” Retamal and Jordán take me on a virtual trip pretty much the length of the country. A crisp chardonnay with elegant minerality reflects Limarí, a northern river valley that opens up to the Pacific and its air-conditioned breezes, while a dense carmenère shows off the Mediterranean climate surrounding the winery. (In 1996, De Martino made Chile’s first wine from what has since become the nation’s signature grape.) The aromatic syrah from 2,000 metres altitude in Elqui, on the southern fringe of the Atacama Desert, has Retamal go all poetic. “There’s a lot of energy in Elqui. The sky there is the bluest in all of Chile.” And when we get to the slightly earthy, clay-aged cinsault, reflecting southern rusticity and finesse, I go for the last drop. It would be a crime to spit.

En tout cas, il est clair que moi, je dois rencontrer Retamal, et je demande à mon chauffeur de m’amener chez De Martino à Isla de Maipo, au sud de la capitale. Roulant dans la Vallée centrale, grenier du pays, nous longeons des champs de maïs et de fèves ainsi que des vergers d’abricotiers qui offrent un chaud contraste avec les pics enneigés de la cordillère des Andes à l’est. La région est aussi le cœur traditionnel de la viticulture chilienne, et les rangs de cabernet sauvignon, de merlot et de carmenère défilent dans un flou de verdure. Arrivée tôt à l’édifice toscanisant où l’on accueille les visiteurs au domaine, je me dirige vers la boutique (tout pour échapper au soleil de l’après-midi). Mais avant que je puisse examiner les bouteilles sur les étagères de bois, Retamal et l’œnologue Eduardo Jordán surgissent. Ils me conduisent à une bodega qui abrite des jarres en terre de plus de 100 ans (certaines ont contenu du vin, d’autres de la chicha, boisson fermentée à base de jus de pomme ou d’autres fruits ou de céréales). « Je m’en sers pour la fermentation de nos cinsauts et muscats de vieilles vignes non irriguées », précise Retamal en tapotant les récipients, dont le volume varie de 60 à 1100 l. « C’est ainsi qu’on faisait le vin il y a des siècles, sans enzymes, sans levures, sans chêne pour masquer le goût du fruit », qui dans ce cas précis provient de vignes presque oubliées de la vallée de l’Itata, à 400 km au sud. Dans un autre entrepôt, nous sommes minuscules à côté de foudres de chêne autrichien qu’on a fait sécher pendant six ans pour éviter que le bois « contamine » le contenu. Puis nous montons à une salle où l’on a dressé une table de conférence de 10 verres à vin par personne. Je me vois déjà avinée, puis remarque qu’on a aussi prévu des crachoirs. « Le secret d’un grand vin, déclare Retamal alors que nous prenons place, ne réside pas dans son élaboration, mais dans la compréhension du vignoble, et dans une vendange précoce, car les raisins desséchés sont la pire forme de standardisation. » Jordán acquiesce et précise : « Il est plus facile de faire des vins de raisins surmûris, car on n’a pas à se soucier du moment de la vendange. Mais le résultat, c’est l’uniformité, peu importe le cépage ou le terroir. » Retamal et Jordán me guident dans un voyage virtuel sur presque toute la longueur du pays. Un vif chardonnay joliment minéral est le reflet de la vallée du río Limarí, qui débouche au nord sur le Pacifique et ses brises rafraîchissantes, alors qu’une dense carmenère laisse deviner le climat méditerranéen qui prévaut au domaine. (De Martino a élaboré en 1996 le premier vin chilien à base de ce cépage aujourd’hui fétiche au pays.) La syrah aromatique cultivée à 2000 m d’altitude dans la vallée de l’Elqui, à la lisière sud du désert d’Atacama, rend Retamal lyrique. « Il y a beaucoup d’énergie dans cette vallée. Le ciel y est le plus pur de tout le Chili. » Et quand nous passons au petit goût de terroir du cinsaut vieilli en jarre, aussi rustique et fin que le sud du pays, je bois jusqu’à la dernière goutte. Recracher serait un crime.

Strolling along a quiet street lined with cascading bougainvilleas in Santiago’s Providencia neighbourhood, you wouldn’t guess there’s a revolution under way. But from his home, Canadian ex-pat Derek Mossman Knapp is busy shaking up the wine scene – one terroir-driven bottle at a time. He greets

À se balader dans une rue paisible bordée de bougainvillées tombantes du quartier Providencia de Santiago, on ne se douterait pas qu’une révolution est en marche. Mais chez lui, le Canadien d’origine Derek Mossman Knapp s’affaire à secouer le monde du vin, une bouteille au terroir affirmé à la fois. Il m’accueille à sa

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