Villages de joie - Numéro 223 - Décembre 2012

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Enquête / p 8

Parcours / p 10

Parentalité : un soutien à géographie variable

Ghislaine, mère SOS et mamie

Villages de joie décembre 2012 / n° 223 / 2 €

LA REVUE DES DONATEURS

Pour que frères et sœurs partagent la même enfance

ÉVÉNEMENT

Frères et sœurs… Une voix qui porte Le 17 novembre dernier, SOS Villages d’Enfants a invité, pour la première fois, le grand public à s’unir en une seule voix à l’événement qu’elle organisait à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant. Pour défendre le droit de chaque frère et sœur à grandir ensemble. Récit.

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On vous souhaite tout le bonheur du monde / Et que quelqu’un vous tende la main / Que votre chemin évite les bombes / Qu’il mène vers de calmes jardins… », a-t-on entendu, le 17 novembre dernier, sur le parvis des droits de l’homme au Trocadéro à Paris.

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Plus de 2 000 personnes ont entonné en chœur les paroles de la chanson Tout le bonheur du monde du groupe Sinsemilia, pour accompagner la voix de SOS Villages d’Enfants. Un véritable moment de liesse collective mais aussi de solidarité forte, en écho à l’engagement de l’association pour le respect des droits de l’enfant et de la fratrie. « Cet événement

est une grande première pour nous. Nous n’avions encore jamais lancé d’appel à la mobilisation à destination du grand public. Le moment était venu de le faire, pour faire avancer le droit des enfants et rappeler l’importance des liens fraternels », explique Gilles Paillard, directeur général de SOS Villages d’Enfants France.

lire p 2, 3 »


Le mot du président

La fratrie est notre combat La manifestation annuelle que notre association a organisée à la date de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) tient pour nous du rite. Il s’agit de célébrer la constitution par l’ONU d’un corps de principes, proposés à l’ensemble des nations et ratifiés par toutes, sauf deux. Pour autant, ce document présente deux faiblesses. D’une part, il ne prévoit pas de sanction pour non-application, ce qui fait qu’une majorité des pays signataires ne l’ont pas traduit dans leur droit national et ne se sentent pas obligés de le respecter. D’autre part, la Convention ne fait aucune référence au maintien du lien entre frères et sœurs quand ils sont orphelins ou retirés à leurs parents. Pour nous, SOS Villages d’Enfants, la fratrie est un combat. Nous pensons en effet que, dans les situations graves ou de danger, c’est l’amour qui unit les frères et sœurs qui les aide à dépasser le malheur et à se reconstruire. Forts de cette certitude que nous expérimentons avec succès dans nos villages SOS depuis 56 ans, nous avons décidé de saisir l’ONU d’un projet d’article à insérer dans la CIDE, avec une démarche originale et innovante puisque cet article a été rédigé par des jeunes de nos villages (voir ci-contre).

DOSSIER

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Une grande première Si la Journée internationale des droits de l’enfant est, chaque année, l’occasion pour SOS Villages d’Enfants de rappeler son engagement pour la protection de l’enfance dans le respect de la fratrie, l’année 2012 marquera sans nul doute une étape supplémentaire dans l’esprit du grand public. Pour le toucher et l’informer de l’événement, une page Facebook a été créée, spécialement dédiée au rendez-vous, tandis qu’un clip vidéo faisait le « buzz » par le relais des réseaux sociaux. Les écoles ont également été invitées à participer à l’événement au travers de dessins réalisés par leurs élèves. Enfin, les grands médias de presse écrite étaient alertés grâce à des communiqués de presse.

• Dessin du collège Vauban à Calais. •

Quoi de plus beau que de chanter ensemble, avec les enfants, pour défendre leurs droits ! -LAURENCE FERRARI, AMBASSADRICE DE SOS VILLAGES D’ENFANTS

SOS Villages d’Enfants. Et conçu ce rendez-vous comme un “Sing along” comme on l’appelle outre-Atlantique, littéralement un “chantons ensemble”, soit quelques minutes de chant en Projet d’article, rédigé par des adolescents groupe. » En cette période des villages SOS qui précède Noël, c’est « L’enfant a le droit, en toutes circonstances, de grandir avec ses frères et sœurs. La société et les aussi l’occasion de rappepouvoirs publics doivent s’efforcer de tout mettre ler au monde que les liens en œuvre, quand cela est dans l’intérêt de l’enfant, qui unissent les enfants à pour préserver les liens de la fratrie. Il est primorleur fratrie sont autant de dial de permettre aux frères et sœurs de partager socles familiaux qui peula même enfance, de créer des liens durables et vent adoucir les moments des souvenirs communs. » de séparation.

« Nous avons voulu dépasser le cercle de ceux qui nous connaissent, explique Fatouma Belarbi, responsable de la communication externe de

Sans doute les démarches serontelles longues et compliquées, mais nous sommes décidés à porter loin le drapeau de la fratrie rassemblée, en nous appuyant notamment sur notre fédération internationale qui est membre consultatif du Conseil économique et social de l’ONU. PIERRE PAS CAL

Villages de joie. Magazine édité par SOS Villages d’Enfants / 6, cité Monthiers - 75009 Paris / Tél : 01 55 07 25 25 / Président : Pierre Pascal / Viceprésidents : Jean-Pierre Rousselot et Michel Rémond / Directeur général et directeur de la publication : Gilles Paillard / Rédacteur en chef : François-Xavier Deler / Impression sur papier recyclé : Imprimerie SIEP / Photos : E. Lavenac, K. Ilievska, M. Mägi, Arrêt sur image 59400 Cambrai, M. Mokrani, SOS Villages d’Enfants, droits réservés. Publication trimestrielle éditée par SOS Villages d’Enfants / Abonnement annuel : 8 €. Prix au numéro : 2 € / Commission paritaire : N° 0112 H 81095 – ISSN : 0243.6949 – Dépôt légal à parution. Cette revue est accompagnée d’un encart d’appel à dons (enveloppe, lettre et bulletins d’abonnement/don).

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Cahier SOS n° 6 « Spécial Europe » : Les relations fraternelles pendant le placement En lien avec ce rendez-vous solidaire en faveur des fratries, la 6e édition des Cahiers SOS de SOS Villages d’Enfants (octobre 2012) est consacrée à l’accompagnement des relations fraternelles en protection de l’enfance : « Parce que nous sommes sœurs et frères. Les relations fraternelles pendant le placement. » Quatre associations SOS Villages d’Enfants européennes (Autriche, Allemagne, Italie, Espagne) ont rejoint la démarche initiée par SOS Villages d’Enfants France. Ce numéro « Spécial Europe », édité par SOS Villages d’Enfants International, présente les principaux résultats de ces travaux et confirme le rôle essentiel que joue la fratrie dans le développement de chaque enfant. Un éditorial de Pierre Pascal introduit la version française.

AIDEZ-NOUS à offrir aux frères et sœurs tous les moments qui font une vraie vie d’enfant. MERCI !

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La quête fraternelle dans la littérature pour enfants Les mots « frères » et « sœurs » sont au cœur des rapports humains, de la fratrie de l’enfance à la fraternité de l’âge adulte. La littérature jeunesse se fait l’écho de ce lien étroit, parfois ambigu, mais presque toujours renforcé par l’adversité. Depuis le Petit Poucet des contes anciens jusqu’à Ron, le compagnon d’Harry Potter…

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Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants. » Ainsi commence le célèbre conte du Petit Poucet, dernier d’une fratrie qu’il sauvera, aussi petit soit-il, de l’appétit d’un ogre sanguinaire. Souvent, les contes débutent ainsi, par une référence immédiate à une fratrie. C’est là pour le jeune lecteur le moment important de l’identification, souvent indispensable à la poursuite de la lecture. Pour Nathalie Prince*, spécialiste de la littérature jeunesse, la fratrie constitue « une clef d’accès au merveilleux, tout en restant très ordinaire ! L’enfant a lui-même souvent au moins un frère ou une sœur, et une place dans sa propre fratrie. C’est donc pour lui un moyen rapide d’identification et un élément structurel majeur de l’écriture, reposant sur une esthétique du contraste : le plus petit, le cadet ou l’aîné… » Une place pour chacun Car dans cette fratrie, il faut bien trouver sa place. Les livres racontent cette quête dans la chaîne fraternelle. « La fratrie est le lieu où s’expriment deux notions contradictoires, la ressemblance et la différence, explique Nathalie Prince. Et cela à deux niveaux : horizontalement, à travers les relations frères/sœurs, et verticalement, sur la question de la filiation et du rapport aux parents ». Dans la littérature plus contemporaine, comme dans Le Monde de Narnia de C. S. Lewis, les frères et sœurs ont chacun une place bien particulière,

La fratrie est une clef d’accès au merveilleux, tout en restant très ordinaire. se posant, tour à tour, comme des éléments actifs de l’intrigue. Chacun y a un rôle et des attributions bien précises, comme dans la vie. Le plus souvent, excepté dans certains contes comme Cendrillon, où l’héroïne est la sœur exclue, les frères et sœurs forment une chaîne de solidarité qui leur permet d’être plus forts dans l’adversité. « La fratrie peut être sublime, comme un chœur à deux, trois, six, douze ou treize voix… ou être sordide, véritable cacophonie dont une voix seule, plus pure que les autres, finit par s’élever », poursuit Nathalie Prince. Ces thèmes se retrouvent dans la plupart des œuvres qui mettent en scène des fratries. Ainsi, dans Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire de Lemony Snicket, les trois enfants, qui ont des pouvoirs extraordinaires, s’en sortent grâce à l’association de leurs talents.

Une chambre d’écho à la vraie vie « La littérature jeunesse fonctionne comme une chambre d’écho à la vraie vie et ne cesse de faire entendre la voix du passé, notamment par les contes ou la mythologie », ajoute Nathalie Prince. Du Monde de Narnia aux Quatre filles du docteur March, la fratrie y est omniprésente. Et fait souvent envie, en donnant l’image d’une famille plus vivante que dans celle de l’enfant unique. Hermione et Harry Potter, tous deux enfants uniques, ne regardent-ils pas avec fascination la famille de Ron et ses six frères et sœurs ? Une fratrie qui symbolise force et solidarité. * Nathalie Prince, maître de conférences à l’université du Maine, est l’auteur de La littérature de jeunesse. Pour une théorie littéraire, Armand Colin, 2010.

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En direct

Le Vietnam mise sur l’éducation Pays émergent en croissance, le Vietnam consacre depuis longtemps des efforts importants au développement des enfants. Mais les disparités restent fortes. ar rapport à bien des pays émergents, le Vietnam connaît une situation enviable. Son économie est l’une des plus dynamiques de la région, avec une croissance estimée par la Banque mondiale à 5,2 % en 2012 et à 5,7 % en 2013 (1). Le produit intérieur brut (PIB) du pays a été multiplié par trois en dix ans. En outre, le Vietnam a été le premier pays d’Asie, en 1990, et le deuxième au monde à ratifier la Convention internationale des droits de l’enfant.

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Un taux de scolarisation de 95 % Les pouvoirs publics ont consacré d’importants moyens au développement de l’enfance, notamment dans le domaine de l’éducation. 95 % des enfants en âge d’aller à l’école sont scolarisés dans l’enseignement primaire. L’évolution est tout aussi positive dans le domaine de la santé : entre 1990 et 2010, la mortalité des enfants de moins de cinq ans a diminué de plus de deux tiers, pour revenir à 14 décès pour 1 000 naissances. Le taux de vaccination est également excellent : la polio a été éradiquée en 2000 et le tétanos maternel et néonatal en 2005. Des situations de risque perdurent Tout n’est cependant pas rose. Les disparités restent importantes entre les régions et les 54 groupes ethniques du pays. 20 % des enfants de moins de 5 ans ne mangent pas à leur faim et souffrent d’insuffisance pondérale. Le coût de la vie est élevé : l’inflation a atteint 19 % fin 2011, avant de revenir cette année à des niveaux plus soutenables de 7 à 8 %. Au total, 8 % des enfants sont aujourd’hui en situation de risque au Vietnam, pour des raisons diverses : pauvreté, maladie, décès d’un parent, catastrophes naturelles, comme lors des fréquentes inondations dans les provinces rurales (2).

SOS Villages d’Enfants au Vietnam Marie-Claude Hamon, administratrice de SOS Villages d’Enfants France et membre du Sénat de SOS Villages d’Enfants International, s’est rendue au Vietnam du 24 août au 10 septembre dernier. Témoignage. ors de son passage dans plusieurs villages d’enfants SOS au Vietnam, Marie-Claude Hamon a pu constater la nécessité des parrainages. À Dalat, 120 enfants grandissent dans 14 maisons. À Dong Hoi, la plus jeune, “Éclair de neige”, a cinq mois : abandonnée, elle a été confiée au village à cinq jours. Les jardins autour des maisons familiales permettent de faire pousser des légumes et des fruits. Le village SOS de Vinh accueille, lui, 250 enfants. 50 jeunes sont en foyer et 50 autres étudient à l’université. « Les enfants sont extrêmement disciplinés. Ils sont aussi souriants et très joueurs, constate Marie-Claude Hamon. Les villages SOS accueillent plus de filles que de garçons en raison des abandons car la société vietnamienne reste marquée par les inégalités entre hommes et femmes, alors que les autorités font campagne pour convaincre les familles que les filles sont tout aussi capables de suivre des études et de mener une carrière professionnelle intéressante. »

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Une attention particulière autour de la scolarité Au sein des villages SOS, les équipes sont attentives aux besoins des enfants pour favoriser leur apprentissage scolaire : à Dalat, un soutien scolaire est proposé à partir de la seconde ; à Vinh, les enfants sont accompagnés par un jeune bénévole. Les écoles gérées par SOS Villages d’Enfants sont en outre ouvertes aux populations voisines : à Dalat, les écoles SOS primaire et secondaire sont fréquentées par un millier d’élèves. À Vinh, le jardin d’enfants SOS prend en charge 200 enfants et leur offre trois repas par jour. « Des accords ont été récemment conclus pour que certaines écoles gérées par SOS Villages d’Enfants soient reprises par les autorités locales : elles deviendront des écoles publiques, ce qui est une bonne chose, car la totalité des frais de scolarité sera alors prise en charge par la province », explique Marie-Claude Hamon.

PARRAINEZ un village d’enfants SOS au Vietnam ! (1) Rapport de la Banque mondiale, oct. 2012. (2) Sources Unicef.

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50 ans pour le village d’enfants SOS de Neuville-Saint-Rémy ! Avec un ancrage historique dans le Nord, le village d’enfants SOS de Neuville-Saint-Rémy a fêté cet anniversaire exceptionnel en présence du fondateur de l’association et de nombreux partenaires. Reportage. rès de 350 personnes se sont retrouvées le samedi 13 octobre au village SOS de Neuville-Saint-Rémy, pour fêter les 50 ans d’existence du 2e village d’enfants SOS en France* où 114 fratries et 400 enfants ont grandi. 48 enfants âgés de 4 à 17 ans y sont accueillis aujourd’hui. « Depuis ses débuts jusqu’à ce jour, le village est pleinement ouvert sur l’extérieur », a souligné Pierre Pascal, ce qui a été également évoqué par le maire de Neuville-Saint-Rémy, Jean-Pierre Couvent, qui s’est félicité de l’intégration

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• De g. à dte : Pierre Pascal, président de SOS Villages d’Enfants, Gilbert Cotteau, fondateur, Patrick Kanner, président du conseil général, Gilles Paillard, directeur général de SOS Villages d’Enfants, Étienne Stock, sous-préfet de Cambrai et Dominique Cokelaer, directeur du village SOS de Neuville. •

du village SOS dans la commune. Le président du conseil général du Nord, Patrick Kanner, a fait écho au thème de la rencontre, « Le bonheur d’être ensemble », en rendant hommage à l’action de SOS Villages d’Enfants : « Le bonheur d’être ensemble, tout est résumé. » « Nous sommes admiratifs de ce que vous vivez ici », a renchéri Étienne Stock, sous-préfet de Cambrai. De leur côté, les enfants et les jeunes du village SOS ont partagé leur vision du village SOS et d’un avenir idéal « Dessinemoi un village – dessine-moi l’avenir » dans un spectacle préparé pendant plusieurs mois sous la direction de la troupe des Machupichus. « C’est dans le regard bienveillant d’autrui que l’enfant

A C T U A L I T Éen bref... • Un nouveau site internet

• FratriePourLaVie

> Le site internet de SOS Villages d’Enfants a fait l’objet d’une refonte importante. L’objectif est de faciliter l’accès à une information par ailleurs enrichie. Parmi les innovations : la « barre de menus », des visuels, des ressources audio et vidéo… À consulter sans attendre ! www.sosve.org

> Afin de valoriser la richesse des liens de la fratrie, SOS Villages d’Enfants a créé un nouveau réseau social, qui respecte la confidentialité des informations. Chaque fratrie pourra se retrouver dans le monde d’images, de souvenirs, de partage qui lui est propre. Pour s’inscrire sur le réseau FratriePourLaVie, rendez-vous sur www.facebook.com.

lit l’affirmation et la confirmation de son existence », a rappelé Dominique Cokelaer, directeur du village SOS de Neuville-Saint-Rémy. Le fondateur de SOS Villages d’Enfants en France, Gilbert Cotteau, a évoqué les débuts de l’association lorsqu’« il fallait convaincre… On ne peut pas dire “Je”, mais “Nous”. Ce qui est vécu aujourd’hui par ces 48 enfants est la plus belle récompense. » L’atmosphère festive était renforcée par la prestation du pianiste Pierre-Yves Plat qui a suscité l’enthousiasme en interprétant avec virtuosité des airs connus de l’année 1962 et bien d’autres encore… * Après celui de Busigny (59), créé en 1956.

www.sosve.org rubrique Actualités

• Visite de Siddhartha Kaul, président de SOS Villages d’Enfants International, en France > Nouveau président de SOS Villages d’Enfants International depuis le mois de juin 2012, Siddhartha Kaul a honoré SOS Villages d’Enfants France de sa visite, le 15 octobre dernier, au siège social et au village d’enfants SOS de Persan (95).

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Zoom

Le département au cœur de la protection de l’enfance Prévenir les difficultés, détecter les enfants en danger, les protéger le cas échéant, telles sont les missions de la Protection de l’enfance. Une approche qui se décline, sur le terrain, au travers de différents acteurs. el qu’en dispose le code de l’action sociale et des familles, « la protection de l’enfance a pour but de prévenir les difficultés auxquelles les parents peuvent être confrontés dans l’exercice de leurs responsabilités éducatives, d’accompagner les familles et d’assurer le cas échéant, selon des modalités adaptées à leurs besoins, une prise en charge partielle ou totale des mineurs ». Elle s’articule en France autour de deux pôles, l’un judiciaire et l’autre administratif, relevant, depuis les lois de décentralisation de 1983, de la compétence de chaque département sous la responsabilité du président du conseil général. Pour l’exercer, il s’appuie principalement sur trois services. L’Aide sociale à l’enfance (ASE) vient en aide aux familles dans leur mission éducative par des actions de prévention individuelles ou collectives. En fonction de la gravité de la situation de l’enfant, qui peut aller de la simple difficulté matérielle de sa famille à des maltraitances graves, elle apporte des réponses graduelles et différenciées : aides financières ou éducatives, prévention spécialisée et placement des enfants si les premiers niveaux de soutien ne sont pas suffisants. Le Service départemental d’action sociale a, pour sa part, mission de mettre en place la politique d’aide à la famille au sein du département. Enfin, le Service de protection maternelle et infantile (PMI) organise les actions de prévention pour les enfants de 0 à 6 ans, les femmes enceintes et tous les bénéficiaires de l’ASE.

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Un dispositif de signalement et d’alerte renforcé Depuis la réforme de mars 2007, le dispositif départemental de protection de l’enfance en danger s’est renforcé, avec la création d’un observatoire de la protection de l’enfance et d’une cellule de recueil, de traitement et d’évaluation

Le dispositif départemental de protection de l’enfance en danger vise à cerner le plus précisément possible la situation des enfants sur le territoire. des informations préoccupantes relatives aux enfants. Il vise à cerner le plus précisément possible la situation des enfants au sein du territoire afin de ne recourir au juge que dans les cas les plus graves. Ce dispositif favorise également une réflexion partagée entre tous les acteurs de la protection de l’enfance. Lorsqu’il apparaît qu’un enfant est en danger, que sa santé, sa sécurité ou sa moralité sont menacés, ou encore que les conditions de son éducation semblent gravement compromises, le juge est saisi et prend alors les mesures adaptées pour le protéger. Ce n’est qu’en dernier recours, et dans les cas les plus graves,

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qu’il prononce une ordonnance de placement. Le juge confie alors à l’ASE la mission d’orienter les enfants, soit vers une famille d’accueil, soit vers un établissement habilité (maisons d’enfants à caractère social, villages d’enfants, foyers éducatifs). « Pour les mineurs, les mesures d’accueil sont, dans neuf cas sur dix, des décisions judicaires », souligne l’Oned dans son rapport annuel 2011*. En effet, en 2009, sur 132 125 mesures d’accueil, 12 % résultaient d’une décision administrative de l’ASE et 88 % d’une décision judiciaire. * www.oned.gouv.fr.


Entretien

« On peut s’interroger sur la pertinence éducative de nos modes d’accueil » L’enquête annuelle 2011 de l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (ODAS) sur les dépenses départementales d’action sociale montre que quatre cinquièmes des dépenses d’aide sociale à l’enfance sont consacrés au placement des enfants. Entretien avec Didier Lesueur, directeur général adjoint de l’ODAS.

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Oxybul éveil et jeux

Achille la souris réchauffe le cœur des enfants Depuis 2008, à l’occasion des fêtes de Noël, Oxybul éveil et jeux met en vente dans l’ensemble de son réseau de magasins et sur son site internet oxybul.com une peluche au profit de SOS Villages d’Enfants. Cette année, nous avons le plaisir de vous présenter Achille la souris. Pour chaque peluche achetée, 3 € sont reversés à l’association. Rendez-vous en magasin ou sur internet : www.eveiletjeux.com •

Fondation Auchan pour la jeunesse Quelle est la part de la protection de l’enfance dans les budgets d’action sociale des conseils généraux ? En 2011, la dépense nette (1) d’action sociale des départements métropolitains s’est élevée à 31,4 milliards d’euros, en progression de 4 % par rapport à l’année précédente. Sur ce total, le montant consacré à l’aide sociale à l’enfance (ASE) s’est établi à 6,7 milliards d’euros, soit 3,5 fois plus qu’en 1984, date à laquelle la compétence en matière de protection de l’enfance a été transférée aux départements. Comment se répartit la dépense consacrée par les départements à l’aide sociale à l’enfance ? Au fond, sa structure n’a pas beaucoup varié. Elle consiste essentiellement en dépenses de placement même si, depuis quelques années, on note un poids un peu plus important du budget consacré au suivi en milieu ouvert (2), qu’il soit administratif ou judiciaire. Aujourd’hui, quatre cinquièmes des fonds sont dédiés au placement des enfants, à hauteur de 5,4 milliards d’euros. Le coût d’un enfant placé est en moyenne de 40 000 € par an. Par ailleurs, l’augmentation de la dépense d’hébergement (+ 66 % entre 1998 et 2009) a été beaucoup plus rapide que celle du coût de la vie (+ 19 % sur la période) et que celle du nombre d’enfants accueillis (+ 5 % sur la période). On peut donc légitimement se demander si la qualité de l’accueil des enfants a progressé autant que les moyens qui lui sont affectés. Quelles sont les interrogations actuelles en matière d’accueil des enfants ? On sait bien qu’il est plus compliqué aujourd’hui d’accueillir des enfants qu’il y a vingt ans. On peut toutefois s’interroger sur la pertinence éducative de nos modes d’accueil. Quel sens y a-t-il à accueillir un enfant dans une maison d’enfants à caractère social, qui ne verra pas comment l’on confectionne un repas du fait des normes ? Quel effet cela a-t-il de confier un enfant à une assistante familiale qui souhaite bénéficier de ses week-ends, alors qu’ils sont un temps fort de la vie de l’enfant avec la famille ? C’est pour ces raisons que l’ODAS, avec les départements, conduit une réflexion sur l’économie de la protection de l’enfance. Là se dessinent d’importants enjeux pour l’avenir, afin de trouver les réponses les mieux adaptées aux besoins des enfants. (1) La dépense nette correspond à la différence entre les dépenses brutes et les recettes liées à l’activité (participation des bénéficiaires…). (2) Le suivi en milieu ouvert concerne l’ensemble des mesures d’assistance aux familles exercées à domicile.

Les cartes de vœux Auchan au profit de SOS Villages d’Enfants La Fondation Auchan renouvelle son opération internationale en réalisant les cartes de vœux du Groupe au profit de SOS Villages d’Enfants dans plusieurs pays du monde où celui-ci est implanté : Chine, Espagne, Hongrie, Luxembourg, Pologne, Portugal, Roumanie, Italie, Russie, Ukraine, Taiwan et bien sûr la France. L’aide apportée va permettre de soutenir localement les programmes d’éducation. www.fondation-auchan.fr •

Transat

Voyagez plus responsable Le voyagiste international Transat renouvelle son partenariat avec SOS Villages d’Enfants, plus particulièrement en France, autour d’une opération de produit partage à travers ses deux marques : • Vacances Transat soutient le village SOS de Dong Hoi (Vietnam) en reversant 10 € par passager participant à l’un de ses circuits au Vietnam. www.vacancestransat.fr • Look Voyages soutient le village SOS de Gammarth (Tunisie) avec 1 € par famille séjournant en Club Lookéa. www.look-voyages.fr •

Fondation Air France

L’accès à l’éducation À nos côtés depuis 2008, la Fondation Air France renouvelle cette année son soutien à travers la réhabilitation d’une école dans le sud de Madagascar. Le dispositif existant sera complété par une salle pour le suivi scolaire et une salle pour la bibliothèque. fondation.airfrance.com •

Ticket Kadéos®

Offrez vos chèques cadeaux aux enfants des villages SOS Ticket Kadéos® est partenaire de SOS Villages d’Enfants depuis 2006. Vous pouvez soutenir l’association par le don de chèques cadeaux en les envoyant à SOS Villages d’Enfants - 6 cité Monthiers - 75009 Paris. • www.sosve.org rubrique Nous soutenir

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Enquête

Aide à la parentalité : un soutien à géographie variable Dans un rapport inédit, le Centre d’analyse stratégique (1) fait un état des lieux de différentes pratiques de soutien à la parentalité existant dans les pays de l’OCDE et préconise les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour améliorer ces services. Synthèse des principaux enseignements. es parents en quête de conseils ? Au cours destrente dernières années, des services de soutien à la parentalité se sont effectivement développés dans de nombreux pays de l’OCDE. Proposées sous différentes formes, ces aides collectives et/ou individuelles visent à promouvoir le bien-être des enfants, des parents et de la relation parents/enfants. « Les parents sont soucieux d’assurer l’épanouissement de leurs enfants mais s’interrogent sur la meilleure manière d’y parvenir », explique Marie-Pierre Hamel, chargée de mission au Centre d’analyse stratégique (CAS) et co-auteur du rapport Aider les parents à être parents. Le soutien à la parentalité, une perspective internationale (2).

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Les parents sont soucieux d’assurer l’épanouissement de leurs enfants mais s’interrogent sur la meilleure manière d’y parvenir. L’approche choisie par les chercheurs du CAS est inédite : faire le point sur la situation française en mettant en exergue des 8 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2012 / N° 223 / www.sosve.org

actions menées à l’étranger. Pour ce faire, ils ont effectué une analyse détaillée de nombreux dispositifs de soutien dans les pays de l’OCDE. Les cinquante actions prometteuses retenues ont permis de faire émerger six bonnes pratiques. « Tout l’enjeu de l’aide à la parentalité est de ne pas donner l’impression de prescrire un soutien à des pères et des mères qui se sentiraient jugés comme défaillants. Mais bien de répondre très concrètement aux nouveaux besoins exprimés ou ressentis par eux », rappelle Marie-Pierre Hamel. Deux impératifs : une offre diversifiée et facile d’accès Le premier enseignement suggéré par le rapport du CAS est de faciliter l’accès à ces services au travers d’une offre diversifiée. Aux États-Unis, le programme Talking Parents propose des échanges avec les parents sur leur lieu de travail. Le Danemark a, lui, choisi un soutien généralisé qui est totalement intégré aux services d’éducation, de garde ou de santé. C’est pourquoi tous les personnels en contact avec des enfants sont formés aux questions de la parentalité. Une deuxième solution consiste à regrouper plusieurs offres dans une structure du type « centre de la famille ou de l’enfance ». En Finlande, les parents ont par exemple accès à un bureau


dédié, sis dans leur municipalité (les Child Guidance and Family Counselling Centers). Autre bonne pratique symptomatique d’une aide à la parentalité efficace : la diversification des modalités d’intervention pour répondre à l’hétérogénéité des besoins et des attentes. Le dispositif australien, Parents Under Pressure (également expérimenté au Royaume-Uni) propose un accompagnement à domicile. À partir d’un manuel, un thérapeute adapte un programme composé de douze modules aux besoins de la famille. Aux États-Unis, les Parent Academy Programs invitent les parents à jouer un rôle plus actif dans la scolarité de leurs

Tout l’enjeu de l’aide à la parentalité est de ne pas donner l’impression de prescrire un soutien à des pères et des mères qui se sentiraient jugés comme défaillants. enfants en leur dispensant des cours (matières enseignées en classe, pédagogie pour encadrer les devoirs à la maison…) au sein même des établissements de leurs enfants. Au Québec, une école propose des Soirées de gars pour donner le goût de la lecture, prévenir le décrochage scolaire chez les garçons et les rapprocher de leurs pères autour d’une activité commune « de détente ». Dans le même esprit, le Centre for Fathering de Singapour, fondé par trois jeunes pères convaincus que l’implication paternelle est fondamentale dans l’éducation, propose des ateliers thématiques. Autre tendance observée : des parents qui accompagnent d’autres parents. Ainsi, en Israël, des parents formateurs viennent en aide à des pères et mères d’enfants de trois à cinq ans dans le domaine scolaire. Un manque de pilotage en France En France, sous l’impulsion des caisses d’allocations familiales (CAF), des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (Reaap) et du monde associatif, des initiatives accompagnent les pères et les mères dans leur fonction parentale. Cependant, en 2009, la Cour des comptes a déploré un empilement de dispositifs, une mauvaise répartition sur le territoire, un manque de pilotage national et des financements disparates. « Il se passe beaucoup de choses mais tout cela est mal organisé et les parents ne connaissent pas assez l’existence de ces services », confirme Marie-Pierre Hamel. C’est pourquoi la nouvelle ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, a missionné l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) pour auditer le secteur. En 2013, une nouvelle forme de coordination devrait être expérimentée dans quatre régions pilotes (Pays de la Loire, Nord-Pas-deCalais, Bourgogne, Midi-Pyrénées).

3 questions à… Catherine Sellenet,

professeur d’université en sciences de l’éducation à Nantes, chercheur au CREN*

« La parentalité n’est pas un modèle unique » Dans le cadre du soutien à la parentalité, comment accompagner les parents sans « prescrire » ni stigmatiser ceux qui ont recours à ces services ? Le premier réflexe que chaque intervenant devrait avoir est de s’interroger sur ses propres représentations de la famille. Car chacun possède un modèle idéalisé qu’il a tendance à appliquer sur toute situation familiale. Or, faire preuve de relativisme culturel permettrait de se rendre compte plus facilement et plus rapidement que les conditions d’exercice de la parentalité ne sont pas les mêmes selon la configuration de la famille, sa culture ou sa situation économique. La parentalité n’est pas un modèle unique. Elle doit se conjuguer au pluriel et se décliner en deux temps : avant toute intervention, il est indispensable d’analyser le quotidien de chaque parent pour en comprendre sa complexité particulière. Faut-il, selon vous, privilégier des dispositifs collectifs ou individuels ? Un mixte des deux est indispensable. Il y a des thématiques larges telles que l’adolescence, les rivalités au sein de la fratrie, la scolarisation des enfants, qui peuvent être traitées en groupes de parole. Le temps du collectif incite à confronter entre parents les idées, les difficultés. On déculpabilise et, le cas échéant, on pioche quelques bonnes pratiques. En revanche, lorsque des familles sont confrontées à des difficultés plus graves comme de la délinquance, des problèmes de stupéfiants, des décrochages scolaires, l’accompagnement à la parentalité ne peut être qu’individualisé.

(1) Le Centre d’analyse stratégique est une institution française d’expertise et d’aide à la décision placée auprès du Premier ministre.

Dans ce contexte, qu’en est-il de la parentalité dans le cadre de la protection de l’enfance ? Jusque dans les années 80, la protection de l’enfance a fonctionné en omettant de s’intéresser aux parents. Désormais, il me semble acquis que les institutions ont intégré l’importance de la prise en compte des deux parents dans l’aide apportée aux enfants. Car, une fois sortis de l’institution, ceux-ci retournent généralement vers leur famille. Dans ce contexte, une question spécifique se pose pour aborder la parentalité dans le cadre de la protection de l’enfance : comment, malgré la séparation, réinjecter quelque chose de l’ordre du “nous familial” dans les relations ? Maintenir le lien avec ses parents, voilà qui est fondamental.

(2) Note d’analyse n° 277 de septembre 2012.

* Centre de recherche en éducation nantais.

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Parcours • Ghislaine entourée des enfants (sauf une) dans leur maison du village SOS de Neuville. •

Mère SOS de deux fratries au village d’enfants SOS de Neuville-Saint-Rémy (59), Ghislaine associe pleinement les cinq enfants qui lui sont confiés à sa propre vie de famille. Une ouverture essentielle pour les aider à bien grandir.

Ghislaine, mère SOS et mamie ère SOS depuis 2009 et grand-mère depuis 2010, Ghislaine évolue avec aisance d’une génération à l’autre. Maman de deux filles de 32 et 35 ans, mamie d’une petite-fille de deux ans et, depuis peu, d’un second petit-enfant, elle est responsable de l’éducation de deux fratries au sein du village d’enfants SOS de Neuville-Saint-Rémy.

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Plus qu’un métier, une passion Après une carrière dans le commerce, dans une boulangerie puis

un pressing, Ghislaine est licenciée économiquement en 2008, à 52 ans. Elle voit alors sur internet une annonce de SOS Villages d’Enfants et n’hésite pas une seconde à postuler comme mère SOS. « J’avais toujours rêvé de travailler avec des enfants, confie-t-elle. C’était le moment de réaliser ce rêve. J’ai donc suivi le processus de recrutement et suis arrivée à Neuville en 2009. » À la tête d’une maisonnée de cinq enfants (1), deux jumeaux, Justine et Romain, nés en 2007, et leur frère Jules, né en 2008, ainsi que deux

10 / Villages de joie / DÉCEMBRE 2012 / N° 223 / www.sosve.org

sœurs, Karen, née en 1998, et Louise, née en 2000, Ghislaine s’enthousiasme pour son métier. « Cela se passe très bien, souligne-t-elle. Les petits sont turbulents, ce qui est normal vu leur jeune âge, et les grandes sont plus calmes. Il y a donc un bon équilibre. Je me sens très épanouie dans ce que je fais et je me rends extrêmement disponible. Je fais comme toute maman qui a cinq enfants à élever. Surtout, je leur témoigne beaucoup d’amour car les aimer, respecter ce qu’ils sont, est primordial dans leur éducation. »


« Connaître ma famille les aide à se construire » Au-delà de sa mission d’éducation au quotidien, Ghislaine s’attache à offrir aux enfants dont elle s’occupe la possibilité d’autres découvertes. « Le week-end, nous ne restons pas enfermés. Nous sortons beaucoup pour que les enfants s’habituent à un autre environnement que celui du village SOS ». Régulièrement, toute la « famille SOS » se rend chez les filles de Ghislaine qui habitent Cambrai, à peu de distance de Neuville-Saint-Rémy. « Il est fondamental, selon moi, que les enfants que j’accompagne connaissent ma famille. Savoir que j’ai eu une autre vie, que j’ai élevé et éduqué deux filles, que j’ai aujourd’hui des petits-enfants, leur donne d’autres repères et les aide à se construire, explique Ghislaine. Quand j’ai choisi de devenir mère SOS, mes filles l’ont très bien accepté. Elles m’ont soutenue dans ce choix. Cela a sans doute facilité les choses et contribué à ce que les liens se créent simplement entre elles et les enfants qui m’ont été confiés. » Favoriser les rencontres familiales Ghislaine et les enfants se retrouvent le dimanche chez l’une ou l’autre de ses filles. « On fait des balades ou des sorties tous ensemble, ajoute Ghislaine. Au moment des fêtes de fin d’année, mes filles viennent au village SOS le soir de Noël et le lendemain, c’est nous qui leur rendons visite. Les petits me demandent souvent d’aller chez

Je leur témoigne beaucoup d’amour car les aimer, respecter ce qu’ils sont, est primordial dans leur éducation. elles. Mes filles leur manquent dès qu’ils ne les voient pas pendant un certain temps. » Même constat pour la génération suivante. « Si ma petite-fille est encore trop jeune pour comprendre que les enfants dont je m’occupe au village SOS ne sont pas les miens, elle leur est aussi fortement attachée. » Pour Ghislaine, les choses sont finalement plus simples ainsi. « Aujourd’hui, la situation n’est pas comparable à celle que j’ai connue avec mes propres filles. Les générations ne sont pas les mêmes et le comportement des enfants est différent. Pour autant, ils sont toujours innocents, adorables, et bien moins compliqués que les adultes !, constate Ghislaine.

Associer ma vie professionnelle et ma vie de famille ne me pose aucun problème. D’autant que je peux aussi voir mes filles et mes petits-enfants seule lors de ma semaine de repos. Au retour dans le village SOS, je suis également toujours heureuse de retrouver les petits. » L’avenir ? Ghislaine l’envisage très sereinement. « Je travaillerai encore neuf ans et d’ici là, les enfants seront déjà grands. Je ne me fais aucun souci. J’espère simplement que je leur aurai permis de bénéficier d’une bonne éducation et de connaître les multiples bonheurs de la vie de famille. » (1) Les prénoms ont été changés.

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