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te 21juin dernier, quand nous avôns décotté p'ur [e crnvon forever, je pensais sufiout aux 2000 mites que mes fess'es
i:'trff f ,i:l['j,r,:?HËilÏ,o,xî[,i:î,fi:ïiffi flien sûr les premiers
on"rp,iâ*edqu'
patato
de notre Road King m,ont vrombir [e cæur et Le smile
ffinututo
Llfait
des bikers du groupe m'a fait vite comprendre que ce voyage allait
être un grand rêve parlagé, mais
je crois bien que Cest quand nous avons pris [a direction de Search Light (quel. nom !) qu'a eu lieu [a
prise de conscience. C'est [à, quand Las Vegas devient aussi grand qu,un jeton de casino dans [e rétro, [à, quand soudain s'ouvre [horizon, que s'offre [a route, que tout a commencé. Comment expliquer ce qui s,est passê dans ma tête ? Pour tenter fanalogie avec [a moto, je dirais qu'i[ y a eu
trois étapes. La première: [e décrassage
du
moteur. Le vent dans La tronche est saLvateur. Je suis arrivée aux USA [e cerveau embrouil"té de soucis: 37 piges, divorcée récemment, une fiLle de 2 ans à pLein-temps, un boulot oppressant à Paris. J'étais dans [e "haze" , cette sorte de brume de
pollution qui flotte au-dessus de
patm
Springs en Californie. Et bien, i[ a s.uffi de quelques bonnes bourrasques de vent plein [a poire pour balayer tout ça, me nettoyer. Tout est devenu
claiç net,
Lisse comme les Sandstones,
ces rochers gigantesques des plaines américaines que [e vent a lustrés depuis des milténaires. Bref, une sorLe de décalaminage mental en quelque sorte.
Deuxième phase: [e remplissage du réservoir.
Monument Va[[ey, Bryce Canyon, Ziion, Valley of the Gods... Inutile d'essayer de décrire de si grands espaces, i[ faut les traverser, Les vivre.
Mon horizon s'est déployê sur [a 66 historique, [a 26l grawllonneuse, [a 24 fruitière, [a 12 rafraîchissante... Toutes ces routes magnifiques m'ont permis de commencer à tracer La
mienne. Alors, ces territoires si vastes et si vides et bien j'ai commencé à Les remptir de mes plus folles utopies mais surtout de mon nouveau rêve.
Sans [e comprendre, à chaque mile parcourus, je fuisais Le ptein d,énergie pour me Lancer.
plus peur de favenir. Désormais, que je peux être une mère, une femme, une working girl et une bikeuse. Et si partois tout devient gris ators je sors Le ciel dArizona dans
je sais
Troisième phase: La mise en route du moteur. Rouleç rouler et encore rou[er. Je n'attendais que ça. Ious les
matins, je chantais à mon père 0n the road aEain I Sur [a route, j'étais
heureuse. Sur |.a moto, j'étais Libre. Nous étions en Tour organisé et je n'étais que passagère mais qu,importe,
sensation était Là. Je n'oublierai jamais ce sentiment de Liberté et La
cette pleine conscience d'être en vie. A chaque démarrage du moteur, je remettais Le contact avec moi-même. Résumé des 3 étapes: je voulais passer [e permis moto, avoir une Harley, repartir sur |.a route, revivre ce plaisir. C'êtait une certitude: avec ce voyage, je venais de poser [a première borne kilométrique de ma nouvelle vie.
Je suis rentrée à Paris avec un écusson Harley cousu dans
dos de mon blouson. Ma filte a retrouvée une maman reboostée, réveillée, plus vivante que jamais. J'ai acheté Le
Freeway,j'ai Lu les témoignages d'autres Ladies of Harley, je suis
voir les motos à La concession de Bastille: une Forty-Eight ou une a[Lée
Seventy-Two ? Je dêcouvre tous Les modèles, j'apprends tout ce que je peux sur Harley. Mon rêve devient
une passron et un vrai projet. N'ayant jamais conduit de Z roues, je passe [a formatio n L25 en août. Mes 7 heures acquises, je loue direct un Van Van et puis une Varadero. Un mois après mon retour des US,A, j'enquiLLe ainsi 400 bornes en L5 jours sur Les routes bretonnes avec daddy mais cette
fois-ci en road captain. Je surkifte. Je suis fière de moi aussi. Bien sûr on me dit que ce n'est pas sérieux et
que
je suis inconsciente. Je suis
mère d'une petite fil.l.e, ta moto va en faire une orpheline et puis en plus y'a pas de siège bébé. Je [e sais. Oui
faccident, La chute existent.
Mais,
je
ne veux pas reculer. Suis-je égoiste? La priorité sera toujours [e bonheur
de ma fille mais en quoi est-ce incompatibLe avec mon bonheur? Ce projet est pour moi un trésor
inestimable dans lequel je puise pour avancer tous les jours. J,ai une énergie de dingue, une joie intérieure à ne plus savoir quoi en faire, je n'ai
ma tête. Mes collègues me gonflent? Je les plante sur un yucca à Joshua park. Le métro fait grève? Je ferme les yeux et j'enfourche mon futur Sportster... Septembre déjà. Une invitation inattendue et insensée d'un ami rencontré sur [e road trip. IL a 10 jours à tuer, et une furieuse envie de Californie en Harley. J,y vais ou j'y vais pas? Je me Le dis souvent: < Sophie, chaquejour est un cadeau qu'ilfaut savoir débailern. Alors moi j'ai remballé mes affaires, posé des
jours de congés, laissé ma fitle à son papa, et je suis repartie on the road again Le
I
septembre. Trois mois, jour jour après mon premier voyage
21"
pour
aux USA, j'atterrissais à Los Angeles. Une Heritage Softail Deluxe noire et cloutée m'y attendait. Que[ bonheur! Au moment où j'écris ces lignes nous roulons au milieu des orangerais en direction de Sequoia parc avec [a Sierra Nevada en toile de fond. C'est magique. Demain ? Demain, on verra bien. Après tout je m'en fiche, car désormais je [e sais: je suis sur La
bonne route, [a mienne. Sophie
FREEWAY MAGAZTNE 099 | JANVIrn zors
I