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Interview: Jacques Platieau, IBM

« Les nouvelles compétences sont le défi majeur de la transition digitale »

IBM s’est spécialisée dans le soutien aux entreprises pour réussir leur transition numérique. Son CEO Belux Jacques Platieau analyse les défis de son secteur et les outils pour les relever: intelligence artificielle, formation du personnel et blockchain.

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TEXTE FERNAND LETIST

PHOTO THOMAS SCHURMANS

Le core business de IBM a bien changé? « En effet. IBM s’est recentrée sur les services -deux tiers de ses activités- tandis que hardware et logiciels forment encore un bon tiers. On a réinventé IBM sur un business model totalement B2B. Notre profil actuel est unique sur le marché IT. Alors que les autres acteurs sont fort présents sur une seule spécialité, IBM l’est autant sur la partie serveurs, que storage (via clouds), que services, que hardwares et logiciels. Notre métier consiste surtout aujourd’hui à accompagner les sociétés dans leurs transformation et transition numériques. De faire le lien entre leur business et les infrastructures et technologies utiles pour développer et réussir cette transition. »

Y a-t-il un créneau sur lequel la demande s’est accentuée? « Plusieurs. Comme le cloud, initialement envisagé pour surtout stocker des données basiques. Une évolution est en cours du côté des sociétés. Jusqu’à présent, pour des questions de discrétion, sécurité ou de complexité, peu d’entre elles envisageaient de transférer ou d’intégrer de vraies applications et données sensibles – SAP ou Legacy – dans des ‘nuages’. Cela bouge depuis un an sur ce créneau, où IBM s’est positionnée. »

Avec quelle valeur ajoutée? « Une plus value technologique, une sécurité maximum et surtout une intégration optimale. Souvent nos clients fonctionnent avec une structure hétérogène qui mêle du cloud public, du cloud privé et à côté du Legacy et autres. Nous intervenons pour faire dialoguer le tout et intégrer harmonieusement tous ces systèmes en une solution globale et évolutive. On fait souvent du coworking pour l’implémentation et le suivi dans la durée des solutions avec les services IT du client. On discute avec le client de ses besoins business, du comment changer ses processus pour les optimiser et développer ses nouveaux marchés. Notre métier, c’est accompagner et intégrer des composantes du client dans sa transition numérique à tous niveaux. »

La sécurité reste plus que jamais le souci n°1 des entreprises? « Totalement. L’IT est devenu le paradis des malintentionnés qui perpètrent des milliards

La crise sans précédent que nous traversons nous a obligés à revoir notre manière de travailler. C’est à la fois un défi et une opportunité pour nous réinventer.

En deux mois, nous avons fait un bond de dix ans en avant en termes de télétravail, d’utilisation d’outils de collaboration comme la vidéoconférence et de mise en place de solutions de sécurité.

Les clients de A4C n’ont pas été perturbés par cette situation car nous avions déjà installé tous ces outils bien avant que la crise ne nous frappe. Nous sommes fiers d’être le partenaire de nombreuses entreprises à qui nous fournissons toutes ces solutions depuis bientôt 20 ans.

Conseil Développement Infrastructure Sécurité

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d’actes par an. Une récente étude contient des résultats inquiétants. Une forte tendance montre que les auteurs de phishing, hacking, ransomwares, n’ont même plus à se casser la tête pour pénétrer les systèmes. Ils réutilisent des masses de données récoltées depuis longtemps. Ces infos que nous laissons traîner dans le monde digital deviennent le trousseau de clés des cambrioleurs du net. Autre constat: 85% des clouds sont mal configurés. »

Quid des cibles? « Les banques ne sont plus les seules. Les attaques visent tous secteurs brassant une masse de données monétisables telle que la grande distribution. Pour IBM, la sécurité est centrale vu que nous aidons nos clients à aussi gérer et stocker dans des clouds leurs données et applications importantes. C’est un des premiers domaines dans lequel on a injecté de l’IA pour anticiper les risques. Notre clientèle compte de grosses banques, de grandes institutions publiques, l’OTAN, la Commission européenne… On ne badine pas avec la sécurité. »

L’Intelligence Artificielle est une nouvelle arme précieuse? « Quel formidable outil! Elle permet une veille 24/24, 7/7, et aide à valider l’efficacité des process de sécurité. Elle étudie aussi tous les scénarios d’attaques possibles, pour anticiper. »

Autre technologie novatrice, la Blockchain. Elle inspire IBM? « En effet. La blockchain est un mix de technologies qui permet, via un réseau, de gérer en mode très sécurisé et innovant tout environnement transactionnel. Transactions qui peuvent être des biens, des services, des données, de l’argent. Les sociétés d’un même écosystème peuvent faciliter les échanges entre elles et simplifier, réguler, sécuriser leurs transactions. Le plus bel exemple belge est we.trade, la blockchain que nous avons conçue et implémentée pour KBC. Cette banque s’est aperçue des soucis d’optimisation, de rentabilité, d’efficacité des PME dans leurs échanges avec fournisseurs et clients. Pour réguler cela, KBC a lancé l’idée de réunir beaucoup de banques et d’inviter les PME à se joindre au réseau. Ces dernières peuvent maintenant, via le système hébergé sur un

En 2014, il fallait en moyenne 3 jours de formation pour mettre à niveau les collaborateurs d’une entreprise sur les nouvelles technos. En 2019, il faut 36 jours!

cloud public IBM, simplifier et sécuriser efficacement toutes leurs transactions. »

La blockchain s’applique à d’autres domaines… « C’est une solution ultra modulable. Nous avons eu contact avec Farmer Connect pour un projet sur la traçabilité du grain de café, de sa culture jusqu’à votre tasse. Votre café est-il récolté, fabriqué de manière éthique et fairtrade? Via une blockchain, cette traçabilité peut être établie étape par étape comme un curriculum vitae évolutif de votre café. L’Afsca nous a aussi approché pour la traçabilité de la nourriture… Prenez aussi la crise du Fipronil ayant contaminé les œufs. Si la production mondiale d’œufs avait été détaillée sur une blockchain, on aurait instantanément disposé de données incontestables pour savoir lesquels étaient contaminés ou pas. Plutôt que de tout détruire. Les vraies qualités du système sont sa transparence, son immuabilité, la fiabilité des infos. Et de constituer une source uniforme à laquelle tout le monde se réfère. »

Au niveau des entreprises, cela demande une évolution des mentalités? « Oui... Quand j’expose le principe à des clients, souvent la première question est : « qui prend le lead? ». Je réponds « personne » puis vient une autre question: « mais alors comment fait-on pour décider des investissements, du planning, de ce qu’on y met ou pas? ». Penser blockchain réclame un changement de mentalité, à la fois des managers et des employés. »

L’évolution des clouds, l’application de la blockchain et de l’Intelligence Artificielle impliquent de nouvelles compétences? « C’est là le défi majeur et n°1 de cette transition digitale. Il faut accélérer l’acquisition des compétences adéquates pour exercer les nouveaux métiers imposés par l’évolution. Voici un chiffre hallucinant: en 2014, il fallait en moyenne 3 jours de formation pour mettre à niveau les collaborateurs d’une entreprise sur les nouvelles technos. En 2019, il faut 36 jours, plus de 10 fois plus! Chez IBM qui compte 300.000 collaborateurs dans le monde, nous avons anticipé ce phénomène avec des systèmes de formation totalement adaptés à chaque individu selon son domaine, son marché, son pays… Fort de cette expérience, nous commençons à proposer ce système de formations personnalisées aux clients. »

C’est ce que vous venez de démarrer pour KBC? « Exact. Nous avons signé avec KBC un programme baptisé Digital Talent Platform. Il fournit toute l’infrastructure technologique et les processus pour accompagner KBC dans la formation et le développement des compétences de tous ses collaborateurs et offre à chacun l’environnement personnalisé pour se développer. Cette plate-forme est adaptable à n’importe quel autre type de sociétés, chaque fois imprégnée de l’identité du client. »

SMART FACT.

Si je n’avais pas été CEO de IBM Belux… « … j’aurais créé une toute nouvelle société, sans doute dans l’industrie. Car j’ai l’amour de l’esprit d’entreprise. Mais IBM m’a aussi permis de le vivre d’une autre façon, depuis 35 ans !»

Raconte-nous une histoire! Nouvelle tendance dans la gestion des données, le principe « Data Storytelling » n’est pas une révolution technique mais méthodologique. Qui part du principe qu’il faut « dégrossir » la donnée pour la rendre plus intelligible. A l’opposé des tableaux Excel, tellement exhaustifs qu’on finit par se noyer dans des centaines de lignes et de colonnes, les outils de « Data Storytelling » partent du besoin des utilisateurs pour ne réunir que les informations dont ils ont besoin. Bien joué!

La Wallonie pas encore leader de la digitalisation… 65 % des entreprises wallonnes affirment ne pas vouloir accroître leur visibilité en se lançant dans la vente en ligne. Cette tendance à sous-estimer l’importance du digital résulterait d’un clair manque de sensibilisation au numérique chez les patrons wallons. Certains pensent, à tort, que leurs produits ne sont pas compatibles avec l’e-commerce. Mais le nouveau gouvernement wallon a promis de tout faire pour rattraper retard et temps perdu.

Cybersécurité parée pour l’avenir

La cybersécurité va plus loin que stopper les menaces : il s’agit aussi de maintenir une infrastructure de sécurité capable de s’adapter aux besoins d’une entreprise.

Consolidation de la sécurité.

La solution idéale est d’intégrer tous les aspects de la sécurité, à savoir la gestion des politiques, des périphériques et des menaces, dans une plateforme unique et de les gérer selon une approche globale.

C’est une politique de sécurité pour les utilisateurs, les données, les applications et le trafic réseau physique et virtuel. Si ce cycle est intégré dans une plateforme centrale de gestion de la sécurité, celle-ci fournira également les bonnes informations pour un processus de réponse aux incidents liés au RGPD.

Automatisation de la sécurité.

Une sécurité end-to-end entièrement automatisée est pour l’instant encore utopique. Pourtant, certains aspects de la gestion de la sécurité peuvent déjà être automatisés. Il s’agit de tâches répétitives et de solutions Cloud.

Opérationnalisation de la sécurité.

Les équipes de sécurité sont responsables de la gestion de tous les aspects de la sécurité, ce qui accroît grandement leur charge de travail. Une politique de sécurité segmentée basée sur des fonctions permet d’opérationnaliser la sécurité: en déléguant les tâches de configuration de routine, vous libérez des ressources pour que vos équipes de sécurité puissent se concentrer sur le monitoring de sécurité et la réponse aux incidents.

Notre objectif est d’offrir à nos clients la solution la plus autonome et transparente possible et de les guider dans leurs processus de sécurité opérationnelle.

Sur la piste des dépenses inutiles

Dans le genre « il n’y a pas de petites économies », la transformation numérique des achats s’impose! Et, outre l’argent qu’il permet d’économiser, ce processus garantit aussi une continuité à toute épreuve du business, de même qu’une organisation du travail nettement plus efficace.

Dans le détail, la numérisation des achats promet des résultats que l’on peut classer selon quatre axes distincts, mais néanmoins complémentaires. Un axe financier, tout d’abord, puisque le retour sur investissement s’en ressentira fameusement. Dans l’année, voire le plus souvent dans les six mois: « Avec une économie autour des 6 % et un gain sur le coût de gestion de l’acte d’achat de 30 € en moyenne par transaction. Tout cela sans créer la moindre frustration dans le chef des employés qui achètent », nous précise Eric Pansin, expert dans ce domaine, à travers les activités de la société Ordiges. Viennent ensuite les gains opérationnels. Car, grâce à cette fameuse transformation numérique, les plateformes de type « cloud » sont dès lors accessibles depuis un simple browser, un smartphone, et, bien entendu, en télétravail. « On parle de “business continuity”. C’est-à-dire que cette solution permet aux activités de l’entreprise de ne jamais s’arrêter.» Au niveau organisationnel aussi, un gain important à signaler. Notamment parce que cette numérisation permet un contact étroit et plus cohérent entre la Direction des achats de l’entreprise, et la Direction financière. Enfin, l’aspect sociétal est, lui aussi, présent. A commencer par la mise en œuvre de politiques d’achats responsables, comme la suppression du papier et la promotion de fournisseurs responsables parmi la liste des interlocuteurs externes d’une entreprise. Toutefois, comme toute transformation, la numérisation des achats passe par des facteurs à intégrer si on veut donner toutes ses chances de succès au processus. D’abord, règle intangible pour faire accepter un changement le plus largement possible, ce dernier doit simplifier la vie des utilisateurs. « Le constat est simple », nous explique Eric Pansin, CEO d’Ordiges. « Les consommateurs internes de l’entreprise sont aussi habitués à acheter très facilement sur des sites d’e-commerce. Il faut donc leur préserver cette simplicité tout en garantissant l’application rigoureuse des règles d’achats de l’entreprise et sa gestion des budgets. » Le deuxième facteur, lui, consiste à déployer une vraie vision digitale pour garantir la continuité de la chaîne numérique. La balle est dès lors dans le camp des Directions Informatiques. A charge pour elles de poser des choix qui, entre autres, garantissent l’intégration applicative, documentaire, celle des droits et sécurité, ou encore l’archivage électronique. Si toutes ces recommandations sont d’usage pour tous les secteurs d’activité et tous les statuts, les achats effectués par les entreprises publiques possèdent cependant certaines particularités dont il faudra tenir compte dans le cadre de leur digitalisation. Mais le jeu en vaut largement la chandelle! « Pour vous donner une idée, l’achat public représente 15 % du PIB de la Belgique, soit 50 milliards d’euros. Et là, il y a encore beaucoup à faire pour passer de la gestion de la commande publique dans le cadre des appels d’offres et du respect de la loi – tel que c’est le plus souvent effectué pour le moment – au concept d’achat public, c’est

La numérisation des achats permet généralement 6 % d’économies dans les 6 mois!

à-dire l’efficience de l’achat. Qui respecte non seulement la législation, mais mise aussi sur le juste besoin et la rationalisation des achats.

Tout ça sans oublier la gestion des achats ne nécessitant aucun appel d’offres, généralement plafonnée à 30.000 euros. Et qui passent donc sous les radars. « Ils représentent 50 % des transactions et sont, encore aujourd’hui, au mieux, gérés dans un tableur! La numérisation des achats publics demeure un chantier immense et passionnant. Avec des retombées importantes pour notre pays. Qui aura toujours besoin d’argent, et donc de chasser les dépenses inutiles. »

ERIC PANSIN CEO & CHAIRMAN D’ORDIGES

À PROPOS DE...

Société leader technologique pour la numérisation des achats tant dans le secteur privé (gamme Ask&Go / SRM) que le secteur public (Gamme LiaWeb Marchés Publics / OfLex), Ordiges s’engage à créer de la valeur pour ses clients avec un leitmotiv: « Rendre simple les processus complexes des Achats pour garantir l’efficacité opérationnelle et l’adhésion des utilisateurs ». Présente sur les marchés belge et français, avec un important investissement continu en R&D, Ordiges est devenue un incontournable de la transformation digitale grâce à ses solutions innovantes, collaboratives, qui s’adaptent à votre organisation pour accroître votre performance, avec l’aide de nos consultants experts.

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