
6 minute read
Le rôle grandissant de la tech
Digitalisation et ressources humaines, le cocktail idéal
Même si elle est de plus en plus intégrée à nos mœurs, la digitalisation continue de susciter des craintes dans le chef des collaborateurs. Alors que, bien gérée et explicitée, elle peut, au contraire, renforcer leur expérience et booster la performance de l’entreprise.
Advertisement
C’est un réflexe mental, compréhensible, qui est souvent à l’œuvre au simple énoncé du mot « digitalisation ». En effet, trop nombreuses personnes croeint encore très souvent que l’automatisation est forcément synonyme de pertes d’emploi. « Alors que, globalement, c’est le contraire. Mais il faut expliquer les choses aux collaborateurs, leur dire pourquoi et comment on recourt à la digitalisation », réagit Saskia Van Uffelen, « Digital Championne » représentant la Belgique auprès de la Commission européenne pour aider à booster le numérique dans tous les domaines.
« Au niveau des RH plus spécifiquement vous devez automatiser autant de processus que possible afin de libérer du temps pour les valeurs empathiques. Un recrutement tient autant aux compétences du candidat qu’au feeling du recruteur. Or, il existe des logiciels capables de scruter des profils LinkedIn. Par la suite en revanche, on n’évitera pas la discussion en direct avec les personnes sélectionnées. C’est le meilleur moyen de recruter les personnes les plus adaptées, et donc d’augmenter la satisfaction des collaborateurs. De plus, le travail en ligne, et donc moins en présentiel, doit être appliqué correctement par les managers, y compris les RH. Eux non plus ne sont pas forcément habitués à initier une culture du bien-être via Zoom. À l’issue d’un processus de digitalisation quelconque en ressources humaines, en recrutement ou gestion d’une équipe, le bon équilibre est celui qui dose prospérité et bien-être. » entreprises, notre interlocutrice en connaît un rayon. Elle a en effetprésidé aux destinées Belux du géant suédois Ericsson, excellente plateforme depuis laquelle observer les interactions entre digitalisation et bienêtre dans l’entreprise. « En Scandinavie, vu les étendues et l’isolement de certains endroits, la connectivité mobile pour tous les collaborateurs relevait carrément d’une responsabilité sociétale ! Et c’est un excellent exemple de numérisation augmentant la satisfaction des collaborateurs. » L’aspect des formations au numérique se révèle, bien entendu, lui aussi, essentiel dans l’expérience des collaborateurs. Avec une petite nuance concernant le rôle des ressources humaines : « Les RH n’ont pas vocation à gérer et initier toutes les formations ! Ils doivent faire connaître les possibilités et c’est à chacun de progresser en suivant les bonnes formations. »
Une « horizontalisation » des relations de travail qui n’a pas échappé à Nicolas van Zeebroeck, Professeur d’économie digitale et de stratégie à Solvay (ULB). Il confirme : « La digitalisation a modifié la structure des entreprises en profondeur. Les ressources humaines ne se bornent plus à recruter des employés, elles embauchent des collègues. Une nuance qui change tout ! » Et, histoire de boucler la boucle, la digitalisation concerne bien sûr également aussi les collaborateurs du service des ressources humaines. Et leur expérience n’a pas toujours été assez prise en comptedans les préoccupations du management. Nicolas Van Zeebroeck poursuit : « Historiquement, les ressources humaines ont toujours été le parent pauvre de la digitalisation, davantage tournée vers les départements marketing, vente et production. Mais tout change, heureusement ! Outre le recrutement proprement dit, la révolution numérique aide aussi les ressources humaines dans la prévention des risques ou la planification. Qui sont aussi des éléments essentiels à la bonne expérience des collaborateurs. »

— Nicolas van Zeebroeck, ULB
L’innovation digitale comme levier supplémentaire pour un recrutement plus efficace

« MyTalent », le nouveau portail de recrutement de la Région bruxelloise, se concentre principalement sur l’expérience pertinente des candidats potentiels et leur indique immédiatement si un poste vacant leur convient vraiment…
Le digital passe le grand braquet en matière de recrutement! « Nous souhaitons de plus en plus attirer tous ceux qui ont envie de mettre leur énergie et compétences au service de la Région bruxelloise pour contribuer à en faire une région dynamique, innovante et à l’écoute de ses citoyens. Et nous avons donc développée une nouvelle plateforme innovante pour aider en partie le recrutement par voie digitale. Mais sans oublier l’aspect humain pour autant. Nous avons travaillé sur l’équilibre entre le numérique et l’interpersonnel », précise Isabelle Meulemans, Directrice Générale de talent.brussels, structure qui assure le recrutement des fonctionnaires et top-managers des services publics bruxellois.
Dans le détail, ce nouveau processus permet de passer, en ligne, les tests préliminaires à tout recrutement, à l’horaire qui convient le mieux au candidat, dans la limite des délais prescrits, bien entendu ! « Actuellement, les candidats doivent se rendre physiquement à plusieurs reprises dans une salle pour passer leurs examens, ce qui n’est pas toujours le plus adéquat, surtout en période de crise sanitaire. Toutefois, pour les personnes qui le souhaitent, il sera toujours possible de passer ces tests au sein des locaux de talent.brussels. »
« Par exemple, nous avons supprimé l’étape du CV standard. A la place de ce dernier, talent.brussels met l’accent sur l’expérience que le candidat juge pertinente pour le poste convoité grâce à des questions pré-screening. Ce système permet au candidat d’identifier son degré de concordance entre son profil et la fonction à pourvoir tout en augmentant son implication. Globalement, c’est tout le processus de recrutement qui a été revu et repensé dans le sens de l’expérience-candidat. C’est-àdire que nous essayons toujours que le processus soit le plus fluide possible. De plus, nous donnons un feedback moins standardisé au candidat au sujet de son chemin de recrutement. Ce qui lui permettra de rectifier utilement le tir lors d’un processus suivant, par exemple. »
Et tout cela à un moment où le marché de l’emploi est en plein bouleversement, à savoir que les candidats à certains types de fonctions se font parfois rares. « De là toute l’importance de ce nouveau process permettant un engagement plus rapide, de manière à ce que le candidat ne nous quitte pas en cours de route. Nous avons quantifié le temps gagné grâce à notre nouvelle philosophie. Et là où un recrutement pouvait prendre jusqu’à cinq à six mois auparavant, il s’effectue maintenant en 49 jours, c’est dire que ce changement de philosophie était nécessaire et bienvenu. D’autant que cette année, nous rechercherons 535 talents aux profils très variés.»
Un changement nécessaire, certes, mais qui doit rester bien balisé, comme le confirme Isabelle Meulemans. « Le recrutement de manière digitale ne vise pas la technologie pour le pur plaisir de la technologie ! L’objectif doit toujours être de rester au service de l’humain en général et du candidat en particulier. La finalité de tout processus, qu’il soit numérique ou autre, est toujours le même et remonte aux sources du recrutement: « La bonne personne à la bonne place ».
— Isabelle Meulemans
Isabelle Meulemans
Directrice Générale
talent.brussels se charge de recruter les collaborateurs et collaboratrices statutaires ainsi que les top managers des organismes publics régionaux bruxellois. La structure sert donc de lien entre les candidat·es et les employeurs publics de la Région pour des profils très variés (ouvrier·ères, jardiniers, fiscalistes, pompier·ères, ingénieur·es, architectes, assistant·es sociaux·ales, juristes, économistes…) et dans des secteurs d’activité, eux aussi, très diversifiés (mobilité, IT, environnement, développement, budget-finances, emploi et formation, logement, prévention et sécurité).