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v o i r À portÉe d'enfant Un musée installé dans un camion agrémenté d’une structure et d’un bonhomme gonflables parcourt jusqu’en juin prochain les routes de France et d’Afrique à destination des écoles. « L’art est un formidable outil d’ouverture et de partage qui abolit les frontières, les différences culturelles. C’est sans doute cette constatation qui m’a donné envie de penser un projet en direction des enfants, principalement en direction de ceux qui n’ont pas accès aux créations artistiques », explique Ingrid Brochard, fondatrice de L’Art à l’enfance et de ce musée mobile, le MuMo. De son côté, l’artiste français Claude Lévêque participe à une résidence dans une école élémentaire à Paris, dans le 18e arrondissement, qui se conclura par l’exposition « Seasons in The Abyss », cosignée par l’artiste et les enfants.

le mexique aujourd'hui Sombre est cette exposition, comme le reflet d’une société qui tente de s’extirper de la corruption et de sa relation complexe avec son voisin du Nord, entre attirance et répulsion. Des ombres planent, celle des cerfs-volants englués dans une matière noire, des enfants disparus, des victimes en tous genres. L’art contemporain est le miroir d’une époque. Les artistes renvoient avec franchise l’image de la société qui les entoure et les contient.

Ils refusent d’accepter et participent ainsi à la possibilité d’un changement.

« Resisting the Present » Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris (jusqu’au 8 juillet 2012). www.mam.paris.fr _ Arturo Hernández Alcázar, Papalotes negros (Ave de Mal Agüero) / Black kites (Bird of ill omen), 2010.

Cerfs-volants couverts de pigments « noir de fumée », fils de coton noir, pierres.

Courtesy de l’artiste.

Photo Pierre Antoine.

sélection brésilienne Ils sont sept et ont pour point commun d’être des artistes brésiliens. Le nouveau Centre d’art bruxellois, nommé le CAB, ouvre ses portes avec cette sélection resserrée de créateurs. Ce lieu privé installé dans d’anciens entrepôts situés à proximité des étangs d’Ixelles, à Bruxelles, accueillera chaque année deux expositions.

Pour cette première, carte blanche a été donnée à la commissaire brésilienne Rejane Cintrão.

Trois de ces artistes sont issus de la génération des années 1990 et proposent des œuvres in situ. Tandis que le travail des trois autres, plus jeunes encore, porte sur la peinture figurative.

Découvertes.

Les enfants et l’art Musée mobile (jusqu’en juin 2012). www.musee-mobile.fr & « Seasons in The Abyss » École Pierre Budin, 5, rue Pierre-Budin, 75018 Paris (7 mai-3 juillet 2012). _ Photo Idriss Youmie.

« 7SP Seven Artists from São Paulo » CAB 32-34, rue Borrens, 1050 Bruxelles (jusqu’au 16 juin 2012). www.cab.be _ Andra Cinto, Untitled, 2012.

Acrylique et feutre permanent sur toile, 180 x 250 cm.

Photo Sandra Cinto.

visionnaire Paysage lunaire d’où s’échappe une fumée blanche, barre d’immeuble des années 1960 suspendue devant une forêt d’arbres décharnés…

Bertrand Lamarche, nominé du prix Marcel-Duchamp 2012, tente à travers ses installations lumineuses et sonores d’enregistrer la mécanique des fluides, des expérimentations s’inspirant des visionnaires du siècle dernier.

L’artiste français nous invite à un voyage dans un univers parallèle, dont l’inquiétante étrangeté tient de son rapprochement avec notre réalité.

Après Bertrand Lamarche, Claude Lévêque investira le Centre de création contemporaine de Tours. À suivre.

PRESTIGE HEXAGONAL Le ministère de la Culture relance La Force de l’art sous l’appellation de Triennale.

L’événement se focalise sur la création produite en France. Okwui Enwezor, déjà directeur artistique de nombreux événements tels que la documenta 11 et les biennales de Gwangju et Johannesbourg, enseignant, conservateur, critique d’art et actuel directeur de la Haus der Kunst à Munich, prend en charge sa direction artistique. L’ambition est donc clairement de proposer une vision internationale. L’événement pourrait, par sa sélection, par la qualité des œuvres produites et par sa capacité à rassembler des lieux et des milieux variés, valoriser le rôle de Paris sur l’échiquier mondial. Ou pas. Affaire à suivre.

La Triennale 2012, « Intense proximité », Paris (jusqu’au 26 août). www.latriennale.org _ Alfredo Jaar, Le siècle Levi-Strauss, 2007.

Impression photographique à jet d’encre et néon blanc.

Courtesy Kamel Mennour, Paris et l’artiste.

« Bertrand Lamarche » Centre de création contemporaine de Tours 55, rue Marcel-Tribut, 37000 Tours (jusqu’au 27 mai 2012). www.ccc-art.com _ Bertrand Lamarche, Map, 2011.

Installation, tissu, tube PVC, gaine vinylique, machine à fumée.

Collection du Musée départemental d’art de Rochechouart.

Photo François Fernandez.

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Son refus des conventions la classe parmi les artistes majeurs de la fin du siècle dernier. Représentante du post-modernisme depuis les années 1980, Rosemarie Trockel invente des formes, superpose, associe, avec une totale liberté, jusqu’à l’incohérence. Son vocabulaire formel est d’une variété exquise, incitant au voyage à travers les arts, les contrées, les pensées, les sociétés. L’exposition rassemble peintures en laine, céramiques, sculptures, objets, collages et assemblages, une centaine d’œuvres d’une complexe et étonnante simplicité.

Et, à suivre, à partir du 1er juin, l’inclassable artiste anglais folk Jeremy Deller. _ « Flagrant Delight », Rosemarie Trockel Rosemarie Trockel, Gossip, 2007.

Wiels, Centre d’art contemporain Technique mixte, 67,5 x 57 x 3,8 cm.

354, avenue Van Volxem, 1190 Bruxelles Copyright Rosemarie Trockel, VG Bild-Kunst, Bonn 2012 (jusqu’au 27 mai 2012). resp. SABAM Brussels 2012. Courtesy Sprüth Magers Berlin London. www.wiels.org

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Femme libérée

en noir et blanc Les expérimentations du duo Berdaguer et Péjus ne cessent de titiller notre curiosité. Leurs sculptures s’appréhendent tels des environnements qui plongent le spectateur dans un monde lourd de pathos. Ici, des dessins en trois dimensions suspendus au plafond, inspirés d’une langue extra-terrestre ; là, des objets, des arbres, des chaises et autres psycho-architectures, fruits de l’inconscient d’enfants. Et, partout, le sentiment que ces artistes nous confrontent, pour les remettre en question, aux règles liberticides fixées par la société afin de catégoriser et régir sa population.

« Insula », de Berdaguer et Péjus Institut d’art contemporain de Villeurbanne, 11, rue docteur Dolard, 69100 Villeurbanne (jusqu'au 13 mai 2012). www.i-ac.eu _ Berdaguer & Péjus, Arbres, 2012. Résine.

Production Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes.

Photo Blaise Adilon. Courtesy des artistes.

L'APRÈS 1970 Parce qu’il est rare de pouvoir se confronter aux œuvres de l’artiste américain incontournable pour toute une génération d’artistes, la visite de cette exposition est un passage obligé. Christopher Wool témoigne de la liberté artistique d’une époque, celle des années 1970, de la possibilité offerte, à la suite d’Andy Warhol, par les post-modernistes, mais aussi par les punks, d’ébranler les règles en vigueur. L’artiste peint, photographie, se réapproprie ses propres œuvres dont il extrait un détail, pour les engager dans un nouveau cycle. Des créations d’où émane une force vitale.

découvrir l'autre Le printemps et l’été se vivent au rythme des festivals, multiples dans le domaine de la musique, mais aussi de cinéma à Cannes, de théâtre à Avignon, d’art numérique comme Elektra à Montréal…

Le festival de l’Imaginaire investit Paris, du Louvre à l’Institut du monde arabe en passant par le musée du QuaiBranly. Spectacles, concerts, expositions et conférences d’artistes coréens, marocains, péruviens. Un voyage autour du monde pour s’éveiller à la culture de l’Autre et permettre ainsi de mieux le comprendre.

« Christopher Wool » Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris (jusqu’au 19 août 2012). www.mam.paris.fr _

Festival de l'Imaginaire Rens. +33 (0)1 45 44 72 30, Paris (jusqu’au 17 juin 2012). www.festivaldelimaginaire.com

Christopher Wool, Sans titre, 2011.

Encre pour sérigraphie sur toile de lin, 304,8 x 243,84 cm.

Courtesy de l’artiste et de la galerie Luhring Augustine, New York.

parlez-moi libanais La fondation Boghossian, installée depuis 2010 à la villa Empain, à Bruxelles, initie des rapprochements entre les cultures orientales et occidentales par le biais d’expositions et de rencontres. L’année dernière, à la même époque, elle organisait l’exposition « Pudeurs et colères de femmes », rassemblant des œuvres de Ghada Amer, Shirin Neshat et Mona Hatoum, notamment. Cette année, après avoir créé un prix décerné à de jeunes créateurs libanais, elle propose un focus sur les artistes plasticiens, designers et stylistes de ce pays. L’accent est mis sur les rapports très étroits qu’entretiennent les artistes avec l’actualité politique, économique et la culture urbaine.

« Art is the answer! » Fondation Boghossian - Villa Empain, 67, avenue Franklin Roosevelt, 1050 Bruxelles (jusqu’au 2 septembre 2012). www.boghossianfoundation.be _ Ayman Baalbaki, Let A Thousand Flowers Bloom, 2011.

Acrylique sur huile sur tissu d’ameublement imprimé, feuille de cuivre repoussé, monté sur caisson lumineux, 233 x 157 x 7 cm. © de l’artiste.

Courtesy Agial Art Gallery, Beyrouth.

chasse au trésor Pour fêter les dix ans du pavillon du Palais de Tokyo, laboratoire de création accueillant chaque année une dizaine d’artistes et un commissaire d’exposition, Ange Leccia et Christian Merlhiot, ses directeurs, ont invité Claude Closky à produire une exposition. Il a fait lui-même appel à 74 artistes, essentiellement des anciens du Pavillon, pour disséminer l’art dans la ville, dans le pays et même dans le monde. Une chasse aux trésors est lancée à partir du 10 avril pour découvrir ces créations, parfois si subtiles qu’elles sont imperceptibles, avec comme point de ralliement la fondation Ricard, cœur de ce rhizome.

« Ça & là (This & There) » Fondation d’entreprise Ricard, 12, rue Boissy d’Anglas, 75008 Paris (jusqu’au 21 mai 2012). www.fondation-entreprise-ricard.com _ Charlotte Seidel, After you, 2012.

Maintien d’une flaque d'eau.

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bru x elles

2_ g a l er i e a l i c e PAUL WA C K ERS Du 3 1 mai au 30 juin 4, rue du pays de Liège_Bruxelles 1000 al ic e b x l. c o m

6_MAISON PARTICULIÈRE S T R UGGLE(S ) D u 19 av r il au 30 juin 49, rue du Châtelain_Bruxelles 1050 maisonp articuliere. b e

8_ CAB ART CENTER 7SP S EV EN A RTISTS F ROM SãO PAU LO Du 2 1 av r i l au 16 juin 32- 3 4, r u e B o rrens _B r uxel les 1050 ww w. c a b. b e

1 _GALERIE JAN MOT PI ER R E BIS M UT H D u 2 juin au 14 juillet 190, rue Antoine Dansaert_Bruxelles 1000 w w w. j anmot. com

9_ DUBOIS FRIEDLAND GALLER Y _PA I NT BA L L Jus qu ’au 1 2 mai 99, r u e d u P rév ôt_B r uxel les 1050 ww w. d u b o is fr ie dland.com

3 _ VANHAERENTS ART COLLECTION _SYM PAT H Y FO R T H E D EVIL AES +F_T he Fea s t of T r imalch io (Project R oom) Ju s qu ’au 30 nov embre 29, rue Anneessens_B ruxelles 1000 w w w. vanhaerentsartcol lection. com

11_GALERIE HUFKENS JACOB K ASSAY Du 1 0 M a i au 14 juin 6-8 , r u e S a in t-Georges _B r uxel les 1050 ww w. x avie r h u fkens .com 7_ JO Y E GALLER Y JEA N- CH R ISTO PHE NOU RISSON Du 1 0 mai au 30 juin 125 , c h a u s sé e de Vleurgat_B r uxel les 1050 ww w. j oye g a l le r y.be 4_KOMPLOT _YEA R 2 0 1 2 Du 2 0 av r i l au 16 juin 124, r u e d e l'Ins tr uction_B r uxel les 10 70 k mp l t . b e

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1 2 _ VILLA EMPAIN FONDATION BOGHOSSIAN _ART IS T H E AN SWER !

Art is te s et des ig ners l ibana is actuels Ju s qu ’au 2 s e p tembre Villa Empain, 67, avenue Franklin-Roosevelt _Bruxelles 1050 w w w. vil laempain. com

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5 _ LE WIELS R OS EMAR I E T R OCK EL _FLAG R AN T D EL IG H T Ju s qu ’au 27 mai 354, avenue Van Volxemlaan _B ruxel les 1190 w w w. w iels. org

10_LAMBERT GALLER Y JAS ON MA NLE Y_NE W WORKS Du 7 ju i n au 26 juillet 47, r u e d e P ra etere_B r uxel les 1050 ww w. la m b e r t- gal ler y.com

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24_GALERIE CLAUDINE PAPILLON THIE RRY MOUILLÉ Du 10 mai au 23 ju i n 1 3 , r ue Cha po n_ Pa r is 3 e w w w.c la udine pa pil lo n.c o m

6 4 _SIT DOWN C ATHERINE NOURY _HISTO IRES NATURELLES Du 10 mai au 28 ju in 4, ru e S a in t e -A n a st a se _ Pa ris 3 e w w w. si t d o w n . fr

5 4 _ GALERIE PATRICIA DORFMANN SK AL L_SAR I R A D u 31 mai au 30 juin 61, rue de la Verrerie_Paris 4 e w w w. patriciad orfmann. com 2 8 _ GALERIE DUKAN ET HOURDEQUIN CLO S ED BECAUS E OF T H E G OI N G - ON S N AR CISS E TOR D OI R I N VIT E M I CH I EL CEULER S, JEAN - CH AR LES D E Q UI LLACQ, OLG A BAL EMA, R UBÈ N G R I L LO ET AN N AÏ K LOU PI TT ELOUD D E LA R I J KSAK AD EMI E À AMS T ER D AM D u 12 mai au 26 juin 24, rue Pastourel le_Paris 3 e w w w. dukanhourd equin. com 2 7 _ GALERIE ÉRIC DUPONT D AMI EN CABAN ES D u 28 av r il au 2 juin 138, rue du Temple_Paris 3 e w w w. eric-d upont. com 4 8 _ GALERIE FRANK ELBAZ D AVID E BAL ULA_S O LO S H OW du 21 av r il À juin 7, rue Saint-Claude_Paris 3 e w w w. galeriefrankelb az. com 3 5 _ ILAN ENGEL GALLERY SAMUEL BI AN CH I N I _OP ER AT I O N OP ER AT I O N Ju s qu ’au 12 M a i 77, rue des Archives_Paris 3 e w w w. ilanengelg al lery. com

45 _ GALERIE ANNE BARRAULT KIL LOFFER + RU PP E RT & MU LOT du 5 mai au 16 juin 2 2, r u e S a in t- Claude_Par is 3 e w w w. g a le r ie a nnebar raul t.com

6 0 _ GALERIE DOMINIQUE FIAT THE WORLD IS NOT AS I SEE IT ZINEB ANDRESS ARRAKI, AMINA BENBOUCHTA, HICHAM BERRADA, SIMOHAMMED FETTAKA, DRISS KSIKE Du 10 mai 13 juillet 13, rue des Coutures Saint-Gervais_Paris 3 e w w w. dominiq uefiat. com

67 _ GALERIE BIN Ô ME LISA SA RTOR IO Du 1 5 mai au 16 juin 1 9, r u e C h a r le m agne_Par is 4 e w w w. g a le r ie b inom e.com

4 2 _ GALERIE FILLES DU CALVAIRE ISMAÏL BAHRI ET JORIS VAN DE MOORTEL Du 4 mai au 16 juin 17, rue d es Fil les-du-Calvaire_Paris 3 e w w w. fil lesducalvaire. com

20 _ GALERIE JEAN BROLL Y FIL IP FR A NC IS _DU CH A M P D E VISION PÉRIP HÉRIQU E Du 5 mai au 9 juin 1 6, r u e d e Mo ntmorency _Par is 3 e w w w. j e a n b ro l ly.com

1 6 _ GALERIE LAURENT GODIN H AI M S T EI N BACH _N AVY L EG ACY Ju s qu ’au 26 mai 5, rue d u Grenier-Saint-Lazare_Paris 3 e w w w. laurentg od in. com

31 _ LA DOUANE GALERIE CHANTAL CROUSEL KA R L H OL M QVIS T - O SCAR TUAZON _SH OW MA N / SHAMAN Du 2 5 M a i au 20 Juillet 1 1F, r u e Lé o n -Jouhaux_Par is 10 e w w w. c ro u s e l. c om

1 8 _ GALERIE BERTRAND GRIMONT G R ÉG ORY D ER EN N E D u 9 mai au 9 juin 47, rue d e Montmorency_Paris 3 e w w w. bertrand grimont. com 4 7 _ GALERIE ALAIN GUTHARC BER N AR D Q UES N I AUX D u 26 av r il au 2 juin 7, rue Saint-Claude_Paris 3 e w w w. alaingutharc. com 57_GALERIE GHISLAINE HUSSENOT KIR S T EN EV ER BER G Ju s qu ’au 8 mai 5 bis, rue des Haudriettes_Paris 3 e w w w. galeriehussenot. com

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N_ le crédac boris achour_ séance s Jusqu’au 3 ju in 2 5 - 2 9 , ru e Ra s p a il_ Iv r y- su r-S e in e 9 4 2 0 0 w ww. c red a c . fr

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1_GALERIE LELONG KIKI SMITH_CATCHIN G SHADO WS Du 10 mai au 30 ju i n 1 3 , r ue de T é hé ra n_ Pa r is 8 e w w w.ga le r ie - le lo ng.c o m 11_GALERIE LOEVENBRUCK PATRICE GAILLARD & CLAUDE Du 4 mai au 2 ju i n 6 , r ue Ja c que s - Ca l lo t _ Pa r is 6 e w w w.lo e ve nbr uc k .c o m 55_GALERIE MARIAN GOODMAN E LLSWORTH KE LLY Du 15 mai au 13 ju i llet 7 9 , r ue du Te mple _ Pa r is 3 e w w w.ma r ia ngo o dma n.c o m 43_GALERIE L. J. SWOON _N OUVE LLE S ŒUVRE S Jusqu’au 23 ju i n 1 2 , r ue Co mmine s _ Pa r is 3 e w w w.ga le r ie lj .c o m 59_Galerie Y v on Lam bert ARIEL SCHLESINGER + MARKUS SCHINWALD Jusqu’au 5 mai 1 0 8 , r ue V ie il le - du-Te mple _ Pa r is 3 e w w w.y vo n- la mbe r t .c o m 61_GALERIE MARIA LUND CATHE RIN E MARIA CHAPE L _ÉCHAPPÉ E , DE SSIN Jusqu’au 28 avri l 4 8 , r ue de Ture nne _ Pa r is 3 e w w w.ma r ia lund.c o m 68_GALERIE NIKKI DIANA MARQUARDT FRE D JAGUE N E AU _DRE AMIN G OF ZE RZURA Du 25 avri l au 30 M ai 1 0 , r ue de Ture nne _ Pa r is 4 e w w w.ga le r ie nik k idia na ma rqua rdt .c o m 33_GALERIE METROPOLIS DAE JIN CHOI_CAUCHE MAR Du 28 avri l au 16 ju i n 1 6 , r ue de Mo nt mo re nc y _ Pa r is 3 e w w w.ga le r ie me t ro po lis .c o m 12_GALERIE KAMEL MENNOUR LUX PE RPE TUA Jusqu’au 16 mai 4 7, r ue S a int-André - de s -a r t s _ Pa r is 6 e w w w.k a me lme nno ur.c o m 21_MFC - MICHÈLE DIDIER MATT KE E GAN Du 12 mai au 30 ju i n 6 6 , r ue N o t re - Da me - de - N a z a re t h_ Pa r is 3 e w w w.mic he le didie r.c o m 29_GALERIE ERIC MIRCHER AN TOIN E TAROT_SCULPTURE S ACTE 2 DU 17 mai au 30 ju i n 2 6 , r ue S a int- Cla ude _ Pa r is 3 e w w w.mirc he r.c o m 63_GALERIE DE MULTIPLES VI RIYA CHOTPAN YAVISUT _URB AIN MICROSCOPE Du 28 avri l au 16 ju i n 1 7, r ue S a int- G il le s _ Pa r is 3 e w w w.ga le r ie de mul t iple s .c o m

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52 _ GALERIE MARIE CINI EXP OSIT I ON COLLE CTIVE Commi ssa i re Adrien Pasterna k Du 9 ju i n au 21 juillet 1 6, r u e S a in t- Claude_Par is 3 e w w w. g a le r ie m ar iecini.fr

C_espace louis vuitton _autob iograp hies ju squ'au 20 mai 6 0 , r u e de B a s s a n o_ Pa r is 8 e w w w.lou isv u i tt o n . co m / e sp a ce c u l t u rel

69_GALERIE CHEZ VALENTIN N IEL S T R A NNOIS Du 2 6 av r i l au 2 juin 9 , r u e S a in t- G il les _Par is 3 e ww w. g a le r ie c hez valentin.com

2 5 _ GALERIE ISABELLE GOUNOD ELVIRE BONDUELLE Jusqu’au 26 mai 13, rue Chapon_Paris 3 e w w w. galerie-g ounod. fr

7_LA GALERIE DE NOIS Y - LE- SEC MON UME N TS à LA M ÉMOIRE : E N TRE AMN ÉSIE E T RE CON STRUCTION Du 26 mai au 21 ju i llet 1 , r ue Je a n-Ja ur è s _ N o is y- le -S e c 9 3 1 3 0 w w w.no is y le s e c .fr

22_GALERIE PARIS - BEIJING SON G CHAO_Mi g rant Work er s Du 3 mai au 9 ju i n 54, rue du Vertbois_Paris 3 e w w w.pa r is be ij ingpho t o ga l le r y.c o m 46_Galerie Alberta Pa ne IVAN MOUDO V_THE GLORY HOLE Du 5 ami au 9 ju i n 1 4, r ue S a int- Cla ude _ Pa r is 3 e w w w.ga le r ie a lbe r t a pa ne .c o m 40_Galerie Em m a nu el Perrotin WI M DE LVOYE Du 12 mai au 16 ju i n 76, rue de Turenne_Paris 3 e w w w.pe r ro t in.c o m 15_GALERIE GILLES PE Y ROULET GUIDO CRE PAX_LA CURVA DI LE SMO E T AUTRE S HIS TOIRE S DE VALE N TIN A Du 17 mai au 22 Jui n 7 5 e t 8 0 , r ue Q uinc a mpo ix _ Pa r is 3 e w w w.ga le r ie pe y ro ule t .c o m 3_GALERIE POGGI - BERTOUX Georg es Tony Stoll Jusqu’au 26 mai 115-117, rue Lafayette_Paris 10 e w w w.ga le r ie po ggi.c o m 41_GALERIE POLARIS CHRIS TIAN LHOPI TAL_FAIRE TACHE Du 5 mai au 16 ju i n 15, rue des Arquebusiers_Paris 3 e w w w.ga le r ie po la r is .c o m 70_POLKA GALERIE E LLIOTT E RWI TT, CATHE RIN E B ALE T, SARA IMLOUL, PAULE TTE TAVORMIN A Jusqu’au 19 mai 1 2 , r ue S a int- G il le s _ Pa r is 3 e w w w.po lk a ga le r ie .c o m 34_GALERIE PRAZ - DELAVALLADE FAB IE N ME RE LLE Jusqu’au 26 mai 5 , r ue de s Ha udr ie tt e s _ Pa r is 3 e w w w.pra z- de lava l la de .c o m 38_GALERIE ALMINE RECH TARYN SI MON _A LIVI N G MAN DE CLARE D DE AD AN D OTHE R CHA PTE RS Du 25 mai au 28 ju i llet 19, rue Saintonge_Paris 3 e w w w.a lmine re c h.c o m 62_GALERIE MICHEL REIN ICI, ARTIS TE S VI DÉASTE S IS RAÉLIE N S DU 5 ju i n au 28 ju i llet 4 2 , r ue de Ture nne _ Pa r is 3 e w w w.mic he lre in.c o m 39_GALERIE THADDAEUS ROPAC GI LB E RT & GE ORGE _LON DON PI CTURE S Jusqu’au 26 mai 7, r ue De be l le y me _ Pa r is 3 e w w w.ro pa c .ne t

ne w s

2 3 _GALERIE NICOLAS SILIN MAMALI SHAFAHI Du 12 mai au 9 ju in 1 3 , ru e C h a p o n _ Pa ris 3 e w w w. g a le rie si l in . c o m

3 6 _Galerie Suzanne Tarasieve C ARRIE MOYER & LES ROGERS Du 12 MAI au 16 JUIN 7, ru e Pa st o u re l le _ Pa ris 3 e w w w. su za n n e - t a ra sie ve . c o m 1 0 _GALERIE VALLOIS B ORIS AC HOUR_OH LUMIÈRE Jusqu’au 15 mai 3 6 , ru e d e S e in e _ Pa ris 6 e w w w. g a le rie -va l lo is. c o m 9 _GALERIE ALINE VIDAL « à LA PLAGE / ON THE BEAC H », ANDY GOLDSWORTHY, STÉPHANE THIDET, HERMAN DE VRIES… Du 3 mai au 16 ju in 7 0 , ru e B o n a p a rt e _ Pa ris 6 e w w w. a l in e v i d a l. c o m 5 8 _Galerie Vidal-Saint Phalle WILLIAM MAC KENDREE DU 10 mai au 20 mai 1 0 , ru e d e Tré so r_ Pa ris 4 e w w w. v id a l- st p h a l le . c o m 1 7 _GALERIE ANNE DE VILLEPOIX STÉPHANE PENC RÉAC 'H Du 12 Mai au 23 Juin 4 3 , ru e d e Mo n t m o re n c y _ Pa ris 3 e w w w. a n n e d e v i l le p o ix. c o m 3 0 _ WHITE PROJECT JONNY BR IGGS _M ITO SIS Du 26 avril au 2 ju in 2 4, ru e S a in t- C la u d e _ Pa ris 3 e w w w. w h i t e p ro je c t . fr 8 _GALERIE ESTHER WOERDEHOFF MIC HAEL SC HNABEL & URSULA KRAF T _REC ENT WORKS Jusqu’au 5 mai 3 6 , ru e Fa lg u iè re _ Pa ris 1 5 e w w w. e w g a le ri e . c o m 5 _Galerie Jocelyn Wolff ELODIE SEGUIN_SOLO SHOW Jusqu’à mai 7 8 , ru e Ju l ie n - L a c ro ix_ Pa ris 2 0 e w w w. g a le rie w o l ff. c o m 3 7 _Galerie Xippas MARC O MAGGI, PANOS KOKKINIAS, BERTILLE BAK Jusqu’au 2 ju in 1 0 8 , ru e V ie i l le - d u -Te m p le _ Pa ris 3 e w w w. xip p a s. c o m 1 9 _GALERIE ZÜRCHER MATT B OLL INGER Du 12 mai au 16 ju in 5 6 , ru e C h a p o n _ Pa ris 3 e w w w. g a le rie zu rc h e r. c o m

2_GALERIE ROSASCAPE RAYMON D GE RVAIS _FIN IR Jusqu’au 25 mai 3 , s qua re Ma ube uge _ Pa r is 9 e w w w.ro s a s c a pe .c o m

par i s A_ palais de tokyo LA T RIEN NALE _IN TEN SE P ROXIMIT É ju squ'au 26 août 13, avenue du Président Wilson_Paris 16 e w w w.p a la is de t ok yo.c o m

26 _ GALERIE BACKSLASH RER O_ EI D OLON Du 1 2 mai au 23 JU IN 29, rue Notre-Dame-de-Nazareth_Paris 3 e ww w. b a c ks la s hgal ler y.com

53_GALERIE NATHALIE OBADIA GUILLAUME B RE SS ON Du 24 mai au 21 ju i llet 3 , r ue du Clo ît re S a int- Me r r i_ Pa r is 4 e w w w.ga le r ie - o ba dia .c o m

I _MUSÉE DE LA CHASSE ET DE LA NATURE MARC C OUTUR IE R_LE T ROISIÈME JOUR Du 22 MAI au 2 s ep tembre 6 2 , r u e de s A rc h ive s_ Pa ris 3 e w w w.c h a s se n a t u re. o rg

51 _ GALERIE ART : CONCEPT MIC H EL BLA ZY _DÉ B OR D EMENT D OME STIQ U E Jus qu ’au 5 mai 13, rue des Arquebusiers_Paris 3 e ww w. g a le r ie a r tconcept.com

32_GALERIE Y UKIKO KA W ASE MARI MIN ATO, DAIS UKE N AGAOKA _B LIN D SPOT Jusqu’au 19 M ai 4, Rue Augus t e - B a r bie r _ Pa r is 1 1 e y uk iko k awa s e .fre e .fr

B_ MUSÉE D'ART MODERNE DE LA VILLE DE PARIS _RE SIST ING TH E P RES EN T, MEXIC O 2000-20 12 Jusqu’au 8 ju illet 11, avenue du Président Wilson_Paris 16 e m a m .p a r is. fr

6_ GALERIE MARCELLE ALIX LAUR A LA MI EL Jus qu ’au 3 0 MAI 4, r u e Jo u ye - Rouve_Par is 20 e w w w. m a rc e l le a lix.com

5 0 _ GALERIE JEANROCH DARD SAMUEL FR AN ÇO IS D u 26 av r il au 2 juin 13, rue des Arq uebusiers_Paris 3 e w w w. j eanrochdard . com

K_ LA MAISON ROUGE FONDATION ANTOINE DE GALBERT _N ÉON, W HO’ S AFR AID OF R ED, Y ELLOW AN D BLUE ?

Jusqu’au 20 ma i 10, boulevard de la B astille_Paris 12 e w w w.la ma is o n rou ge .o rg

71 _ GALERIE AIR DE PARIS TH OMAS BAY RLE + MRZYK & MORICEAU _POPPIES A R E ALSO F LO WE RS 3/4 Du 2 0 av r i l au 25 mai 3 2, r u e Lo u is e -Weis s _Par is 13 e w w w. a ird e p a r is .com

5 6 _School Gallery paris PASC AL BAUER_OBJETS D'EGO Du 2 mai au 2 ju in 8 1 , ru e d u Te m p le _ Pa ris 3 e w w w. sc h o o lg a l l e ry. fr

L_ LA MAISON DES ARTS DE MALAKOFF MAUDE MAR IS & AL IC E PIC HE LIN Jusqu’au 13 ma i 105, avenue du 12 février 1934_Malakoff 92240 m a iso n d es a rt s .m a la koff. fr

13 _ GALERIE DU JOUR AGNES B _F UT UR A NT É RIE U R, RÉTROF U TU RIS ME, ST EA MP UNK , ARCHÉOMODE RNISME Jus qu ’au 2 6 MAI 4 4, r u e Q u in c a m poix_Par is 4 e w w w. g a le r ie d ujour.com

14_GALERIE NELSON KE N LUM Jusqu’au 19 mai 5 9 , r ue Quinc a mpo ix _ Pa r is 4 e w w w.ga le r ie ne ls o nfre e ma n.c o m

M _mac val INFORMATION FICTION P UBLIC ITÉ (IFP ) _LE T HÉÂ TRON DE S N UA GES Jusqu’au 3 ju in Place de la Libération_Vitry-sur-Seine 94400 w w w. ma c va l.fr

65 _ GALERIE MARTINE ABOUCA Y A PETER DOWNSBROUGH_THE VIDE THAT IS Jus qu ’au 5 mai 5 , r u e S a in t e -Anas tas e_Par is 3 e w w w. m a r t in e a b oucaya.com

44_GALERIE JOUSSE ENTREPRISE MATTHEW DARBYSHIRE_SOLO SHOW Jusqu’au 2 juin 6 , r ue S a int- Cla ude _ Pa r is 3 e w w w.j o us s e - e nt re pr is e .c o m

D_j eu de paum e EVA BE SN YÖ + LAURE NT G RASS O Du 22 ma i au 23 se ptembre 1 , p la c e d e la C on co rd e_ Pa ris 8 e w w w.j eu d e pa u m e .o rg

4_ G a l er i e s a m y a b rah am GENÊT MAYOR jus qu 'au 2 juin 4 3, r u e Ra m p oneau_Par is 20 e w w w. sa mya b ra ham .com

4 9 _ GALERIE MAGDA DANY SZ V H I L S S OLO S H O W D u 23 juin au 28 juillet 78, rue Amelot_Paris 11 e w w w. mag da-g al lery. com

F_LA GALERIE DES GALERIES LAFA YETTE P HILIPPE KATE RIN E_CO MME U N AN ANA S ju squ'au 2 juin 4 0 , b d H a u s sm a n n _ Pa ris 9 e w w w.g a le rie de sg a l er ies .c o m

66 _ G al er i e A na t o m e _COLL EC T I ON D E S « L IVRE S CLU B » D’É T I ENNE R OB IAL #2 Jus qu ’en mai 3 8, r u e S e d a ine_Par is 11 e w w w. g a le r ie -a natome.com

par i s

H_ LE PLATEAU FRAC ÎLE -DE -FRANCE _LE MONT FUJ I N'E XIST E PAS Du 7 ju in au 29 ju illet Place Hannah Arendt_Paris 19 e w w w.fra c id f- le pl a t ea u . co m

g aler i es

_SLICKER 3

page 10

_1 Jane Jacobs

The Economy of Cities, 1970.

Photo New York World-Telegram and The Sun Newspaper Photograph Collection, Library of Congress, 1961.

archi by

s h i ra s z abo

Ce livre tord le cou aux idées préconçues sur les villes : il commence par l’argument selon lequel les économies urbaines ont précédé l’agriculture et le développement rural. Enquête passionnante et magnifiquement écrite sur la croissance des villes, leurs forces de production et de consommation,

A rch i tecte

et

urban i s te

en

d é v elo p -

p ement urba i n , Sh i ra S z abo concentre s on act i v i t é s ur la v i ab i l i t é de s s y s t è me s et de s s tructure s au s e i n de s p a y s a g e s c i tad i n s , a v ec un i nt é rêt p ar t i cul i er p our le s a p p roche s i nt é g r é e s .

A y ant

tra v a i ll é

à

T el - A v i v,

Pékin

et

d’innovation et de culture, c’est un puzzle théorique – et un bon rappel de l’importance de remettre en cause les préjugés ! _2 Charles Booth

ma i ntenant L ondre s , elle s ’ i nt é re s s e à

Cette carte a révolutionné l’étude et

la com p le x i t é de s v i lle s , à leur d i v er -

la compréhension de l’expérience de la vie dans

s i t é s oc i ale et à la mult i tude de s ac -

le tissu urbain. Pour la réaliser, Booth et son équipe

teur s q u i le s façonnent à tra v er s de s

se sont rendus dans toutes les rues de Londres

s tructure s

pour créer une carte sociale et géographique de

de

g ou v ernance

un i q ue s .

_1

Map Sheet 5, 1886-1903.

Courtesy Library of the London School of Economics and Political Science.

Se s p rojet s de recherche et de con s e i l

la ville. Créant avant l’heure la notion de « seuil de

actuel s s e concentrent s ur le s tran s -

pauvreté », cette carte expose pour la première fois

format i on s ra p i de s à l ’ i nter s ect i on de

la nature et l’étendue de ce fléau, sa répartition

deu x de s chan g ement s le s p lu s s p ecta -

dans l’espace et sa relation avec la localisation du

cula i re s dan s la com p o s i t i on et la d i s -

commerce, de l’industrie, du transport, de la valeur

tr i but i on de s p o p ulat i on s huma i ne s :

des terrains, de la famille et du logement.

_2

l ’ urban i s at i on et le v i e i ll i s s ement de la p o p ulat i on .

_3

_3 Margarete Schütte-Lihotzky

Margarete Schütte-Lihotzky, La cuisine de Francfort, Ginnheim-Höhenblick Housing Estate, Francfortsur-le-Main, Allemagne (reconstruction), 1926–1927.

Matériaux divers, 266 x 391 x 208 cm). The Museum of Modern Art, New York. Don de Joan R. Brewster, en mémoire de George W.W. Brewster, et Architecture & Design Purchase Fund.

La cuisine de Francfort (Allemagne), 1926. © The Museum of Modern Art. Première femme architecte autrichienne, l’activiste sociale Lihotzky a placé les valeurs humaines au centre de son travail sur le logement social.

Par l’utilisation de technologies contemporaines, elle a révolutionné la cuisine, et, par la même occasion, créé de nouveaux standards pour les travaux domestiques imposés aux femmes. Cette pièce s’est transformée en un espace de vie efficace, hygiénique, modulaire, accessible et élégant, et nos cuisines actuelles restent basées sur son design. _4 Wu Liangyong

Ju’er Hutong, Pékin (Chine), 1988.

Photo Julien Tang, Beijing DC Studio.

Projet expérimental au cœur des ruelles de Pékin, cette résidence construite pour créer un environnement contemporain a été conçue sur

_5

_4

la base d’un plan résidentiel traditionnel chinois.

Bordées de plusieurs appartements, les cours offrent un espace partagé ouvert et un mode de vie

_6 Ryue Nishizawa

à densité élevée. Néanmoins, peut-être pas assez

Croquis du Stadstheater à Almere (Pays-Bas).

dense, ce projet n’a pas été répété mais il reste

© SANAA

une expression précieuse de la vie urbaine

Dans chacun de ses bâtiments, toujours blancs,

– dans laquelle j’ai eu le plaisir de vivre.

Nishizawa réexamine la façon dont les gens vivent dans les villes. Son processus de travail est visible

_5 Wang Shu,

dans ses dessins, où la circulation des personnes et

Amateur Architecture Studio

le flux des fonctions interagissent pour réinventer

Musée municipal d’histoire de Ningbo (Chine), 2008.

la façon dont nous vivons et expérimentons l’espace.

À travers les bâtiments publics de Wang Shu, le visiteur éprouve une expérience tactile _6

_7 Lotissement

exceptionnelle de l’architecture. Amassant tuiles

Rothschild Boulevard, Tel-Aviv (Israël), 1909.

et briques de villages détruits pour laisser la place

Centre majeur d’activité sociale de la ville, le rôle

au redéploiement urbain, son équipe les utilise pour

du boulevard a été accentué lorsque des milliers

créer des espaces et des surfaces attentivement

de personnes y ont installé leur tente, en 2011, lors

fabriqués. Ses constructions défient la mémoire

du mouvement Occuper Tel-Aviv, pour revendiquer

collective chinoise de l’histoire contemporaine,

plus de justice sociale de la part du gouvernement,

tout en l’assemblant pour y ajouter un nouveau

principalement pour contrôler l’explosion des prix

chapitre. Wang Shu est lauréat du prix d’architecture

du logement et du coût de la vie. Il réaffirme

Pritzker 2012.

la nécessité de détenir des espaces publics qui permettent l’expression de la liberté de manifester, et confirme de manière tangible l’importance des villes dans la négociation des termes de la citoyenneté, de l’identité politique et sociale.

page 11

design by

ne w s

JEANLOUIS F R ÉCHI N J ean - L ou i s F rÉch i n e s t arch i tecte D P L G et de s i g ner d i p l ô m é de l ’ E N S C I L e s A tel i er s .

de

de s i g n

s trat é g i q ue

et

num é r i q ue :

N o D e s i g n . C elle - c i e s t s p é c i al i s é e dan s la cr é at i on , l ’ i nno v at i on et le s r é fle x i on s s trat é g i q ue s s ur le s nou v eau x p rodu i t s , s er v i ce s et u s a g e s du num é r i q ue , le s p ro du i t s i ndu s tr i el s ou culturel s .

E n tant q ue p i onn i er reconnu du nou v eau de s i g n ,

s on

tra v a i l

est

s ou s - tendu

p ar

une q uête de s en s et de v aleur s , de s i m p l i c i t é et d ’ é mot i on . _ Photo Benjamin Boccas.

_ PRIX

Le dernier avion naïf, d’une beauté classique, qui clôt la conquête de l’air et le rêve. Concorde a volé la première fois en 1969, année de la conquête de l’espace, du 747 qui ouvre le transport de masse et des premières liaisons entre ordinateurs, prémices de l’Internet. _3

1969, année emblématique. _2 NoCityGuide

_7 Fab Lab

Un guide urbain autant qu’une revue écrite

Une plateforme d’échange pour la création

par des passionnées des villes, Nø City

et la réalisation de prototypes. L’Atelier

Guide appréhende la ville par l’imaginaire,

de fabrication, figure de l’innovation

les espaces indécis, les lieux et les

et du « faire », est incontournable pour

parcours intéressant. Un guide mêlant

les innovateurs du

xxi e siècle.

Carte blanche du Via 2008 : http://lab.nodesign.net/interfaces

fictions, médias et écritures urbaines

Collection du musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne

dans une forme éditoriale innovante.

_8 Roger Tallon

Collection du Centre Georges Pompidou

www.nocityguide.com

© SNCF Médiathèque - Fabbro Urtado

Carte blanche du Via 2008 : http://lab.nodesign.net/interfaces

_ actualité

La disparition de cet immense designer _3 Twitter

marque la fin d’une époque. Celle de

Présentation du luminaire « Waelice », Paris, VIA Design 2012

Sur Twitter, je n’ai pas d’amis, je converse

l’industrie française des Trente glorieuses

Lancement du premier papier peint de réalité augmentée FabWall, édité par Lutèce

avec des gens que je ne connais. Ils ont

et de l’innovation d’État, dont il a signé

Exposition « Chronologie des innovations » (2012), Paris, La Gaîté-Lyrique

les mêmes centres d’intérêt que moi.

les plus grandes réussites.

Exposition « Talk to me » (2011), New York, MoMA

Une fois la jungle du bruit écartée, Twitter

Le Minitel, le TGV et les montres LIP.

est un salon où les sujets les plus avancés

Tallon est le seul designer ayant à la fois

sont ouverts par-dessus les océans.

signé le paysage français et notre

Publication de Nodesign.net, Paris, Pyramid, coll. « Design et Designer », 2011

quotidien. Son travail est à redécouvrir _4 http://outlier.cc

S É L E CTI O N

de s i g n g lobal , i l cr é e en 2 0 0 1 une a g ence

Collection Musée Air France. DR _1

é m er g en c e

i nformat i q ue , l ’ é d i t i on mult i m é d i a et le

_2

_1 concorde

A p r è s de s e x p é r i ence s dan s la recherche

en profondeur.

localement à New York dont la conception,

_9 Tesla

la production et la distribution sont issues

Tesla et son oscillateur électrique de

et permises par Internet, et au service

12 millions de volts, Colorado Springs, 1899.

d’un design essentiel et simple.

Tesla est un génie oublié, dont les expériences ont changé nos vies, comme

_5 La carte Navigo de Starck

celles avec les moteurs à induction, dites

Enfin... Un objet public qui définit l’identité

de l’œuf de Colomb... Un œuf en fer

de la mobilité d’un territoire. On quitte

qui semblait alors défier la gravité,

la communication littérale pour entrer dans

et tient debout comme par miracle.

le design élégant d’un service du quotidien

Tesla est l’inventeur des concepts qui

symbolique et utile, en Île-de-France.

ont mené au cyclotron, à la télévision, et à la transmission électrique sans fil,

_4

_6 Lisbonne

encore testée aujourd’hui pour les futures

La capitale atlantique : Lisbonne est

connexions Internet à haut débit.

une ville cinématographique entre mer, architecture, littérature et désir absolu de modernité. Lisbonne est une ville humaine, réfléchie, au fatalisme joyeux et souriant.

_5

_6

_8

_7

_9

r é fle x i on

Une marque de vêtements fabriqués

_SLICKER 3

page 12

mode by

A rnaud D eno y elle

_1

St y l i s te chau s s ure de 3 6 an s dan s une

ma i s on

frança i s e ,

no y elle

a

B arbara

Bui,

p a s s i onn é

fa i t de

ses

puis

A rnaud

cla s s e s

C é l i ne .

de s i g n

et

Deche z

Pour de

ce

mode ,

la chau s s ure r é un i t ce s deu x do ma i ne s de cr é at i on , l ’ objet en tant q ue

tel

p ar

la

et

toute

l ’ allure

donn é e

chau s s ure

lor s q ue

q u ’ elle

_3 Helmut Newton

Helmut Newton, Rayon X, Van Cleefs & Arpels, Vogue France, Paris, 1994. © Helmut Newton Estate.

e s t p ort é e .

Père spirituel du pornochic ? Avant tout érotique et sensuel. Son penchant pour la femme-objet, souvent provocateur, mélangeant sexe, argent et

_2

pouvoir, peut être considéré comme de mauvais goût, voire dégradant. Mais, en réalité, il met en _1 bless

valeur les attributs de la femme, le côté girl power

BLESS No 40 Eram High Mix, Black/White.

et la working girl sexy. Amoureux des chaussures

Ce duo de créateurs allemands, Desiree

comme moi, il aime particulièrement le stiletto,

Heiss et Ines Kaag, mélange mode, design,

avec un petit côté fétichiste.

arts plastiques. Des touche-à-tout à l’esprit conceptuel qui revisitent les objets basiques du

_4 Junya Watanabee

quotidien, toujours avec une touche de confort.

Jean-François José, Comme des Garçons

C’est pour cela que j’ai choisi ces chaussures-

C’est sa relecture des pièces basiques du dressing

chaussettes développées avec Eram.

masculin qui me fascine : vêtements sportswear et workwear, remaniés et déclinables à l’infini.

_2 Vivienne Westwood

Il y a très souvent un rapport avec la technologie

C’est la reine du baroque punk avec sa mode

dans le choix des matières. J’aime également

truffée de références historiques revues et

les chemises de patchwork (j’en ai pas mal

corrigées, en particulier avec cette botte de

d’ailleurs), les jeans oversize, les parkas huilées

pirate. Le pied et la jambe sont complètement

ou plastifiées, les vestes froissées.

enfermés, avec des contrastes de volumes et d’aspects, dus au travail du cuir. Complètement

_5 Opening Ceremony

moulée sur les orteils, comme dans un sac

Humberto Leon et Carol Lim, à l’origine d’Opening

de cuir mou, la botte devient un pied.

Ceremony, participent à une nouvelle approche de la mode urbaine aujourd’hui, à la manière d’un collectif à dimensions variables. Ils interviennent sur les basiques d’autres créateurs pour en sortir

_3

des pièces uniques, ou collaborent avec d’autres artistes, telle Chloë Sévigny, qu’ils distribuent dans leurs propres boutiques multimarques. Leur nom est un clin d’œil aux cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques.

_5

_6 Terry Richardson Je parcours souvent son blog et c’est là que j’y découvre les endroits où il va, les fêtes et le show-biz, ses tatouages, ses chemises à carreaux, ses lunettes noires, et le pouce levé. J’aime son style trash, hardcore, son humour à prendre au troisième degré, et son usage des couleurs fortes et crues, contrastées, exagérées et anti-Photoshop, avec toutes ses références urbaines, notamment New York et L.A., dans le pur cliché américain.

_6 _4

page 13

_3 Rivière Noire _1 Jon Hopkins

s’est arrêté sur l’electronica. Insides, son 3e album,

Morais rencontre la guitare généreuse et racée de

est une ballade qui nous caresse les tympans pour

Danaë, les deux enveloppés de la basse ronflante

mieux leur infliger des lésions dangereusement

et aimante de Lamoot. Un désir commun pour

addictives. Il manipule et sculpte sa propre

l’Afrique, qui, par le vécu ou les origines, crée

matière sonore à l’aide d’outils divers, tel le Kaoss

une musique envoutante, riche et émouvante.

Pad. Une continuité qui n’est pas sans interpeller

Une croisière douce et vibrante vers le berceau

les expérimentateurs d’hier, comme Brian Eno,

de la vie. La source, tout simplement ! Et pour

qui lui a demandé de coréaliser son dernier opus.

un moment d’émotion à l’état pur, regardez la vidéo

À voir sur YouTube, une très belle vidéo en live

Bate long enregistrée au studio Moffou chez Salif

à Londres, où Hopkins torture l’album Inside,

Keita avec, pour invité, Kasse Mady Diabate.

armé de deux caméras sur ses avant-bras pour

www.facebook.com/rivierenoire Photo Andy Maistre.

un moment groovy, entre IDM et Electro Glitch.

www.jonhopkins.co.uk _5 Oto Biscuit O l i v i er

L a s s on

fa i t

s onore .

B atteur

de

de

l ’ e x p é r i mentat i on

_2 Quakers

Drôle de nom pour ce petit boîtier mystérieux :

Nouveau projet du talentueux Geoff Barrow

le biscuit est un filtre 8Bit/crusher. Augmenté

s orma i s de s mach i ne s . À la recherche p er -

(aka Fuzzface, un des trois créatifs de Portishead

de huit effets numériques, ce filtre analogique

manente

et de Beak), accompagné de Ashley Anderson

est l’équivalent du burin chez le sculpteur.

no v ateur s et d ’ é mot i on s mu s i cale s , i l l i v re

(aka Katalyst) et de Stuart Mathews (aka 7-Stu-

Un son, une note et tout devient possible. Du

au x

nou v elle

7). 41 plages hip-hop furieuses et classieuses,

plus agressif au plus éthéré, chaque événement

p o i ntue

sur lesquelles viennent se lâcher une trentaine

sonore est modulable, malléable à l’infini. Chaque

d ’ art i s te s en mou v ement, de mach i ne s , de la -

de rappeurs. L’album est augmenté d’un CD de

bit est mutable et inversable, ce qui promet des

bel s , à connaître a v ant tout le monde .

morceaux instrumentaux, une plongée dans la tête

combinaisons inimaginables de transformation

un peu chahutée du Bristolien. Barrow convoque ici

sonique ! Denis Cazajeux, ingénieur du son

ses démons du groove et rend hommage aux pères

reconverti en sorcier, pour notre plus grand plaisir,

fondateurs du hip-hop !

vient de nous offrir également un synthétiseur

http://quakers808.com

monophonique répondant au doux nom de Der Oto,

de

lecteur s

s a i s on ,

une

s on s de

format i on ,

i n s ol i te s , Sl i c k er ,

s é lect i on

il

joue

dé-

d ’ i n s trument s

cha q ue

s en s i ble

et

_ Photo Remy Solomon.

par simple mise à jour du firmware de la machine.

www.otomachines.com _6 Clark Pointu, iconoclaste et cultivé, à l’image de son label Warp, Clark livre pour son nouvel opus quelques tracks où s’entrechoquent des images de voyage et de BO imaginaire. De l’acoustique épurée drague des arpégiateurs analogique et volcanique. Depuis

ne w s

Jean Lamoot. Le timbre chaleureux et chaloupé de

S É L E CTI O N

ol i v i er lasson

inspirant pour Orlando Morais, Pascal Danaë et

manipulateur sonore sans complexes, Jon Hopkins

é m er g en c e

musique by

Paris, Rio, Amsterdam, un triangle large et

Surdoué britannique, pianiste aguerri et

son studio berlinois où brillent mille machines ronronnantes, Clark enchante nos oreilles et nous expédie de l’électro en smoking. Son remix de DM Stith, dont nous avons déjà parlé ici, est tout aussi envoutant.

_2

_6 Deadelus Deadelus joue du monôme, cet instrument – ou matrice, devrais-je dire – open source, qui lui permet d’utiliser et de contrôler son ordinateur portable à sa guise. Il joue de l’électro dance. Ça bouge, ça scintille, c’est minimaliste et intriguant. Des sets ardents, loin des stéréotypes du DJ mainstream. Une joie de vivre décomplexée mélangée à un savoir-faire rigoureux. De l’électro ludique, rigolote, habillée en redingote.

http://daedelusmusic.com/ Photo Laura Darlington.

_1 _3

_4

_5 _6

r é fle x i on

http://warp.net/records/clark

ou v erture

Émergence

brusley Top 9 Sélection

kurak Portraits

fortune morfaux Carte Blanche Mémoire Récit

pages pype Vidéo Architecture Miniature

blanco Brusley

hutchinson Détournement Renversement Politique Visions personnelles

harb Liberté

Jacques Lennep, Chasse aux cerfs.

Installation pour l’exposition « Présent ! », La Centrale électrique, Bruxelles.

carte blanche

page 15

M A Ï D E R ne w s

Des propositions fantomatiques à combler

for t un é PAR aude de bourbon parme.

théâtre

avec

une

Il

y

a

beaucoup

de

fantômes,

l’image en mouvement accompagnent ou résultent d’un

de

Totem, au Fresnoy. Déjà, de nombreux aspects

littéraires

parfois

mouvement. Dans mon dernier film, Carrousel, qui est un

de ton travail sont présents : la question

évidentes, parfois plus lointaines, comme

long travelling impossible, une ligne droite dans un espace

de la figure, de l’espace, la performance...

pour Carrousel, ce long plan séquence. La

qui n’est que coins et recoins, il y avait cette question

Pour Totem, j’ai pris une séquence qui dure une minute

littérature est un moteur pour moi. Mais les références

du pli. Elle a trouvé son écho dans les origamis. Le film

d’un visage en gros plan, qui rappelle le cinéma muet, pour

sont très dissoutes. Dans l’installation Characters, dans

essayait de matérialiser un processus de remémoration.

en faire un film de 10 minutes. Je suis passée de ce temps

Once Forever, à partir du Portrait de Dorian Gray, je

Comment se souvient-on d’un espace ? J’avais encore une

mimétique au moment où, au fur et à mesure, on perd le

questionne les personnages de fiction. Ils appartiennent à

fois choisi un espace archétypal, celui d’une maison de

sujet et on arrive à la matière de ce visage et de la vidéo,

notre mémoire collective. Mais de quoi sont-ils fait, quelle

famille, quelque chose qu’on aurait pu traverser. Il y avait

avec un temps plus électronique, qui se dissocie du temps

est leur matière première ? Curtain, c’était comprendre la

cette idée de créer une fausse description. Ce qu’on voit

réel. On a un passage du sujet à une matière image, ce qui

manière dont étaient créés ces personnages de dessins

est en réalité des fragments. Mais jamais un tout. L’image

est un élément fondamental dans mon travail. Plutôt qu’un

animés, en enlevant les couleurs, les mouvements, la voix,

n’est jamais donnée comme close. En travaillant sur le film,

travail sur le récit, j’ai été attentive à un motif et à ce qu’il

l’aspect justement plus singulier de chacun, pour en arriver

j’ai forcément rencontré la notion de pli, et, à un moment,

peut révéler, mais cela n’est pas forcément visible à l’œil

au contour, outil premier pour reconnaître les personnages

est apparue la figure de l’origami. Être face à des plis sans

nu. Le temps étant un constituant du médium, que peut-il

de ces dessins animés, qui sont avant tout des dessins.

pouvoir voir la figure qui a donné naissance au pli. De

révéler du motif ?

Quel est le matériau premier de ces sujets de fiction hors

même, Characters découle de Curtain.

références

d’œuvres

dans

ton

filmiques

travail,

ou

questionnement auparavant formulé à travers l’image en

de tout récit, de tout contexte narratif ? Soustraire Hamlet pas

au récit de Shakespeare pour Characters, soustraire les

En ne montrant que des extraits,

tout à fait dans la fiction non plus. Et,

personnages de Walt Disney à la trajectoire narrative du

y a-t-il une mise en parallèle avec la vie que

en retirant le récit, tu laisses un espace

dessin animé et les ramener à leur essence première de

l’on ne peut percevoir que par fragments ?

qui reste potentiellement à investir par

dessin. J’enquête pour faire ressurgir la source qui n’est pas

Avec la mémoire. La mémoire comme construction. Mes

le spectateur. Les pièces sont plus ou moins des

visible à l’œil nu. Et, du coup, comprendre le rapport que

films ne cherchent jamais à masquer l’artifice. Ils se donnent

moteurs, des moyens pour qu’un processus de travail

nous entretenons avec ces figures.

à voir comme des constructions. Et comment reconstruit-on

On

est

loin

du

récit,

mais

puisse se mettre en place chez l’autre. Dans l’expérience

sa mémoire ? La mémoire est trouée. Quelque chose est là

de la lecture, fondamentale pour moi, il y a cet espace de

Les origamis, ta dernière œuvre,

projection, l’endroit où l’on va faire terminer ce texte par

est très éloignée par la forme, de ce que

Elle travaille. Lorsque l’on regarde l’espace de Carrousel,

la lecture, où il devient image. L’image projetée dans un

je connais de ton travail. Je n’ai pas fait un

on cherche, si on joue le jeu, à re-construire l’ensemble.

espace peut être le support d’une projection possible. Cela

pacte avec la vidéo. Mais, les pièces qui ne sont pas de

Pour les origamis, c’est pareil. Je propose, l’autre complète.

mais pas totalement. Une part est manquante. Elle résiste.

permet de maintenir un espace d’échange. L’expérience du visionnage ménage la possibilité d’une interaction. Je viens souvent soustraire des éléments pour qu’il y ait quelque

_

chose de l’ordre d’un fantôme de présence. Et cet aspect

CARTE BLANCHE à Maïder Fortuné >>

fantomatique permet de réinvestir l’espace pour aller à la rencontre de ces fantômes collectifs.

Miroir d’encre 2011 Tirage jet d’encre couleur, 110 x 80 cm. Édition de 3. _1

Curtain!

2008 Vidéo HDcam, 18 min, couleur, son Sam Britton.

Courtesy Maïder Fortuné, galerie Martine Aboucaya. _2

Totem 2001 Vidéo DVcam, 10 min, noir et blanc, sonore.

Courtesy Maïder Fortuné, galerie Martine Aboucaya. _3

Characters 2008 Technique mixte.

Courtesy Maïder Fortuné, galerie Martine Aboucaya. _4

Carrousel 2010 Vidéo HD Mscope, 12 min, couleur, son Nicolas Becker.

Courtesy Maïder Fortuné, galerie Martine Aboucaya. _5

S E L E CTI O N

de

formation littéraire, tu produis en 2001

é m er g en c e

Comédienne

Maïder Fortuné, Figures défaites (Origamis), 2011.

Série de 14 tirages jet d’encre couleur sur papier baryté, 25 x 25 cm chaque.

Courtesy Maïder Fortuné, galerie Martine Aboucaya.

_SLICKER 3

page 18

marine pages

_1 _2

Benoit pype La sculpture contemporaine nous a initiés aux plaisirs du gigantisme.

L’approche de Benoît Pype prend le parti des très petites formes, de l’acte quasi chirurgical, aux côtés de celui d’artisans d’art comme le joaillier ou l’orfèvre.

Sa famille de création résiderait entre miniaturistes contemporains et artistes collectionneurs. On peut d’abord penser à Hubert Duprat, qui fait travailler des larves d’insectes aquatiques en détournant leur capacité à se construire un fourreau mobile de protection. Benoît Pype se contente, lui, d’offrir des présentoirs, afin de magnifier des éléments naturels ou même des déchets de la vie urbaine à travers ses « sculptures de fond de poche ».

Dans les feuilles larges de plantes domestiques, l’artiste a découpé le plan d’une ville dont la localisation est indiquée en légende. La confusion des surfaces nervurées et du réseau urbain évolue en fonction du dessèchement.

Le microcosme naturel, éphémère, se substitue à la cartographie urbaine, plus pérenne, échange où s’instaure cette « géographie transitoire ».

Par d’autres aspects, davantage liés à la collection, son travail rejoint aussi celui de Guy Limone, qui agence des figurines miniatures en se revendiquant toujours peintre. Leur prolifération s’organise en alignements qui deviennent des statistiques dont l’objet est défini dans le cartel. Là se situe sa différence avec Benoît Pype, qui travaille, quant à lui, des singularités, des unités discrètes ou de courtes séries.

La même méticulosité concourt à la qualité de ses réalisations et sous-tend la mise en scène de son travail selon une stricte méthodologie. Il rejoint ainsi le mode de production de Tatiana Trouvé, et son Bureau d’activités implicites (BAI). Cette dernière n’hésite pas, entre micro et macrocosme, à se référer à des notions issues de la géographie. Si tous deux s’affirment profondément sculpteurs, leur rapport d’échelle au réel n’est pas similaire. Tatiana Trouvé se situe plus volontiers dans la maquette, tandis que Benoît Pype expérimente l’échantillon.

Sa recherche trouve une paternité philosophique chez Vladimir Jankélévitch alternant entre « Le je ne sais quoi et le presque rien ». Là où le penseur cherche à cerner la très petite unité qu’est l’instant vivant, le plasticien défend une pratique d’ère de crise, où les matériaux qui peuvent encore faire l’objet d’une transformation ont perdu toute noblesse, toute valeur marchande immédiate. Son acte de création leur confère une dignité neuve, l’imperceptible accède au rang du bijou.

L’espace est au cœur des travaux sur papier de Marine Pagès et il est significatif que l’artiste en expérimente physiquement les possibles par le biais de la sculpture, tout en considérant cette dernière comme une extension du dessin. Il faut dire que, dans la pratique de la jeune femme, le dessin fait œuvre et qu’il n’est pas réduit au seul projet. Imaginaire par essence, cet espace est synthétisé sous la forme d’un répertoire de fragments architecturaux incorporant des éléments de paysage dans une série de gouaches intitulée « Archipaysages » (2006-2008). Ici, des constructions industrielles multicolores sont envahies par une végétation luxuriante paradoxalement teintée de noir. Si l’inversion des valeurs laisse entrevoir ces hybridations comme les images inquiétantes d’un désastre écologique, elle confère toutefois une dimension ludique à ces architectures anthropomorphisées par le débordement vital des plantes. On retrouve le soin particulier que Marine Pagès apporte, avec des moyens rudimentaires, à ces planches qui parodient la 3D, dans les collages qu’elle exécute depuis 2009. Réalisés avec du papier adhésif imitant le bois, les collages donnent forme à d’étonnantes modélisations architecturales, déclinées selon différentes perspectives dans l’espace vierge de la feuille de papier. Les sculptures en bois recouvertes de placages (2007-2009) sont intimement liées à cette série. Bien qu’elles évoquent parfois des structures cubistes, ces maquettes ne matérialisent pas une utopie oubliée, elles ne font que spatialiser les architectures de papier tout en restant parfaitement impraticables et mystérieuses. Dans ses dessins au crayon (2011-2012), Marine Pagès explore le paysage en faisant table rase de l’architecture. Partant de plans de villes fantômes tracés dans le désert américain, elle fait naître dans la réserve du papier, entre deux plans arides, des routes qui se déploient à perte de vue. De ces villes invisibles, dont on ignore si elles ont été construites un jour ou si elles ont été abandonnées, il ne reste qu’un impalpable réseau routier. Sa virginité contraste avec la végétation rase et nerveuse qui parcourt le sol. Cette géométrie pure appliquée au paysage n’est pas sans convoquer certaines œuvres du Land Art depuis Mile Long Drawing, de Walter De Maria, dessiné à la craie dans le désert de Mojave, en Californie, en 1968, jusqu’à Time Line, tracé dans la neige par Dennis Oppenheim. Ici, le désert se dissout dans sa propre représentation, ses contours s’évanouissent tantôt vers les bords du support, tantôt vers la ligne d’horizon, à la manière d’un mirage. p ar C a t h e r i n e M a c c h i .

Marine Pages, née en 1976, à Paris. marine-pages-vds.blogspot.fr

p ar C h r i s t i a n G a t t i n o n i .

Benoît Pype, né en 1985, à Rouen. www.benoitpype.net

_1 _1 Béquilles, 2007.

Sculpture, 7 x 11 cm. _2 Géographie transitoire, 2011.

Installation, dimensions variables. _3 Socle pour une goutte d’eau, 2010.

Sculpture, 1 cm2.

_3

_1 Archipaysage, 2008.

Gouache et crayon sur papier, 80 x 120 cm. _2 Sans titre, 2009.

Crayons sur papier, 42 x 65 cm.

_2

p ortra i t s d ’ art i s te s

page 19

Parce qu’elles sont très souvent in situ, au sein même d’un espace public, et se dévoilent de prime abord dans leur dimension quasi architecturale, ces sculptures sont autant esthétiques que pratiques, le public étant tout à la fois invité à les contempler et à les expérimenter. Ainsi en est-il de la sculpture monumentale Déconstruction, construite sur la place de l’École des beaux-arts de Nantes, et qui semble avoir poussé le long de sa façade.

Par sa situation géographique, croisement de plusieurs rues au cœur du centre-ville, elle est devenue, de manière éphémère, un repère de la ville, un lieu de rencontre, un objet d’interrogation et de débat, un espace à conquérir, un lieu de mémoire.

Dans Relief Concret, les motifs qui constituent l’œuvre sont extraits de façades d’immeubles d’habitation. Ces formes qui représentent des perspectives de balcons ou d’embrasures sont transformées en lignes géométriques moulées sur une surface froide et lisse de béton gris clair.

Métastructure, qui semble caractériser un élément ayant une fonctionnalité architecturale précise, est en réalité dénuée de toute utilité fonctionnelle.

Ni poutre ni poteau, cette « structure » a une autonomie totale et se fond dans son environnement comme s’il lui appartenait.

Eden Morfaux propose deux types d’œuvre. Des œuvres de plein air, lieux de rencontre, d’échange, de croisement et de pratique physique et ouvertes à tous, une véritable invitation au partage d’expérience. Des œuvres destinées à l’espace intérieur, lieux de réflexion et d’expérience visuelle, qui invitent les spectateurs à modifier leur rapport naturel avec l’échelle et les langages architecturaux.

Nourries des travaux d’artistes minimalistes comme Carl André ou Robert Morris, les œuvres d’Eden Morfaux répondent à une même ambition : fournir de nouvelles combinaisons pour interpréter l’architecture de manière sculpturale. p ar K a n a S u n a y a m a .

Eden Morfaux, né en 1977, vit et travaille à Paris. www.edenmorfaux.com _1 Déconstruction, 2012.

Bois peint, 13,60 x 8 x 6 cm.

Un peigne sans dents, une paire de lunettes sans emplacement pour le nez, une échelle aux pieds de longueurs différentes : pour son dernier projet, « Err », Jeremy Hutchison a demandé à des directeurs d’usines chinoises, indiennes ou encore pakistanaises de fabriquer un produit volontairement erroné, qui « le rend inutilisable pour son usage habituel », comme l’indique l’email envoyé à chacun d’eux. « Les objets sont définis par ce qu’ils ne sont pas », estimet-il. « Une tasse n’est pas une table, mais si l’on retire à la tasse la possibilité d’être une tasse, que devient-elle ? » S’il reprend un procédé utilisé il y a près d’un siècle par les dadaïstes, il y intègre une notion capitalistique en laissant aux ouvriers le soin de créer ces œuvres. « L’erreur remet en avant l’humanité des ouvriers et plus largement de la fabrication de masse, de rappeler qu’il y a des hommes et des femmes derrière chaque objet. » Il n’attaque pourtant pas le capitalisme de face et « préfère plutôt le détourner de l’intérieur. Cela me permet de remette en évidence notre relation économique avec le monde qui nous entoure », assure-t-il.

Le détournement de la logique et des acquis socio-économiques, l’artiste anglais en a fait l’une de ses spécialités. En Israël, il avait posé dans les rayons de petites épiceries une bouteille de lait produite en Cisjordanie ; dans les étals de la chaîne de supermarché Tesco, il avait déposé un litre de lait de chez Marks & Spencer ; à Londres, il avait détourné les logos des magasins d’intérieur Heals pour en faire du design à tendance fasciste. Quitte à se faire récupérer par celui-ci lorsque Heals lui commanda ensuite une ligne de produits inspirée par sa thématique... qu’il accepte, « car je ne l’avais pas imaginé et, comme avec les vidéos dans les magasins israéliens, je ne savais pas ce qui allait se passer et cela me faisait peur ».

S’est-il fait prendre à son propre jeu ? « De nombreux artistes comme Andy Warhol ont repris et détourné la publicité », dit-il. « Et n’oublions pas qu’une œuvre d’art n’est au final qu’un outil de promotion de l’artiste, que les collectionneurs achètent un fragment de son mythe.

Nous sommes une petite entreprise qui tourne au profit de notre propre religion ! » p ar T r i s t a n d e B o u r b o n .

Jeremy Hutchinson vit et travaille à Londres. www.jeremyhutchison.com

_2 Square, 2008.

Bois peint, 4,40 x 4,40 x 2,55 cm. _3 Métastructure, 2011.

Aluminium laqué, 18 x 18 x 300 cm.

Photo Charlie Boisson.

_2

_1

_1

_1 The Road to Jerusalem, 2010.

Sculpture.

_3

_2 The Road to Jerusalem, 2010.

Vidéo. _3 Incorrectly manufactured pipe, 2011.

Conçue par les ouvriers de Pipsan Pipes Istanbul, Turquie.

_2

S E L E CTI O N

Découvrir les œuvres d’Eden Morfaux, s’y confronter, est une expérience à la fois visuelle et physique.

é m er g en c e

eden m orfaux

ne w s

jeremy hutchinson

_3

page 20

_SLICKER 3

marion brusley Marion Brusley ramasse dans la rue et transforme en œuvre d’art des détritus soigneusement sélectionnés. En matière de récupération d’objet, le readymade de Duchamp ou le travail de Tony Cragg font référence, mais la jeune française s’écarte de leurs problématiques formalistes et s’interroge davantage sur la question du sens. Qu’est-ce qu’un objet ? Comment le définir ? À quoi sert-il ? Peut-on dialoguer avec lui ? Au-delà de leur force esthétique intrinsèque, ces détails du monde lui servent ainsi de matrices pour de nouvelles productions.

Pour Nomenclature, elle ramasse, collectionne, isole de leur contexte initial, puis photographie des résidus industriels souvent abimés, vieillis ou cassés... des rebuts délaissés. Ces portraits, paradoxalement neutres, pris de face sur fond blanc, dévoilent la singularité de ces éléments, car l’artiste sait qu’en perdant sa fonctionnalité l’objet gagne en identité.

Le temps de la déclinaison vient ensuite comme une évidence. Prototype 68/1 est l’agrandissement en bois d’un de ces morceaux égarés. Le visiteur est invité à s’y asseoir. Passé à la taille humaine, cet hybride entre sculpture géante et pièce de design témoigne des rapports dimension/fonction et design/art. Dans l’ensemble intitulé Residues Boxes, des boîtes parfaitement adaptées aux fragments qu’elles protègent, surprennent par l’importance accordée à des restes a priori sans intérêt. Ailleurs, le débris est multiplié avec luxe et finesse par des procédés artisanaux, en faïence ou en chocolat à dévorer le temps de l’exposition – Sans titre et Assortiment résiduel.

La réflexion de Marion Brusley s’articule autour d’une question : comment parler du sens sans parler du non-sens ? Après l’écriture de son petit dico de non-sens, elle rend certains objets inutilisables pour brouiller les frontières entre signifiant et signifié. Un filet de tennis est tendu en zig-zag sur une véranda fragile ou encore une raquette soutient un cordage trop lâche et entremêlé. Tout décalage qu’elle repère ou crée donne ainsi naissance à une pièce incongrue pleine de fraîcheur et d’humour, où l’absurde poétique est interpellant. L’artiste se joue et joue avec les évidences pour creuser un peu plus loin, donner à penser et à comprendre différemment le quotidien.

shuruq harb Que peut être le travail d’une artiste prisonnière chez elle, ne pouvant se déplacer sans un permis des autorités d’occupation, ou sinon risquer l’arrestation ? Parfois autorisée à sortir au prix de mille formalités et d’humiliants contrôles, son retour est toujours nécessaire et tragique.

Shuruq Harb, vivant dans un pays occupé qui n’existe pas, la Palestine, se demande comment se mouvoir dans un espace contraint, comment y récolter et diffuser les échos du monde : les affiches dans Ramallah (A Portrait of a City - 45 Faces , 2011), les noms de ces rues venus d’ailleurs, Picasso ou Lumumba (All the Names, 2011), les signatures de 250 Palestiniens prénommés Mohammed (A Book of Signatures, 2009).

Autant que les images elles-mêmes, l’artiste regarde leur production, leur utilisation et leur circulation, la façon dont elles contournent frontières, occupants et censeurs, comment Internet aide à nier ces contraintes. Across Borders (2004) rapproche ainsi les camps-enclaves de la diaspora, là d’où on ne peut partir, là où on ne peut revenir.

Son récent travail, The Keeper, poursuit ce questionnement de l’image et de sa circulation, recueil de photographies qui lui a été confié par un voleur d’images. D’abord contrebandier de photos importées, avant d’aller les récolter sur Internet, Mustafa vend dans les rues de Ramallah les reproductions de ces portraits de chanteurs, de sportifs ou de héros. Copyright, provenance, censure politique ou religieuse, tant de raisons d’interdire des photos qui racontent l’histoire, ravivent la mémoire. Ce voleur d’images est un conservateur, un gardien du temps, et Shuruq, la receleuse, les sauve comme des trésors : on pourrait les retrouver en deux clics, mais leur présence ici est un témoin, aussi fort que le Mur ou les camps. Si on ne les préservait pas envers et contre tout, qu’adviendrait-il de la mémoire, de l’histoire ? p ar m a r c l e n o t .

Shuruq Harb, née en 1980, à Ramallah (Palestine). shuruqharb.tumblr.com www.artterritories.net

p ar B e t t i e N i n e .

_1

_2 _1 _1 Sans titre, 2010.

Faïence, 45 x 20 cm.

Copies d’un résidu industriel ramassé sur un chantier de restauration (échelle 7:1).

Exemplaires uniques tournés par différents potiers. _2 Residues Boxes, 2009.

Résine polie.

Six étuis réalisés sur mesure pour les résidus qu’ils contiennent. _3 Sans titre, 2011.

Fils de cordage, 250 m.

Collaboration Marie Johanna Cornut.

_2

_1 All the Names, 2010.

Installation. _2 The Keeper, 2010.

Documentations. _3 A book of Signatures, 2009.

Photo Kimberlee Venable.

_3

_3

p ortra i t s d ’ art i s te s

page 21

maciej kurak

Les peintres classiques traitaient de théologie, Tania Blanco s’inspire quant à elle de deux autres religions : la Science et l’Armée. Par un allerretour entre réel et imaginaire montrant à la fois le monde tel qu’il est, son devenir fantasmé et sa monstruosité présumée, la réalité se retrouve agrémentée d’une douce folie science-fictive. Le style Blanco, c’est d’apparentes illustrations médicales ou des portraits officiels, enrichis d’objets, photographies, maquettes, etc., révélant une richesse narrative infinie.

Les personnages et objets peints baignent généralement dans une lumière diaphane bleue et blanche accentuant l’atmosphère médicale et onirique de son univers. Ses peintures aux couleurs franches (principalement des tondi) évoquent le dogme académique du « beau », c’est-à-dire l’idéalisation des choses par le calme et la sérénité. Pour Tania Blanco, l’acte de peindre semble purement mécanique : il faut éviter, comme chez les néoclassiques, l’individualité et la créativité dans l’exécution pour sublimer le travail de composition et de symbolisme. Concrètement, la technique ultra-lisse illustre le sécuritarisme et le perfectionnisme omnipotents. Une esthétique dépouillée, donc, mais une iconographie personnelle forte pour un art porteur d’un discours politique et social. Il faut alors imaginer ses séries comme des cadavres exquis visuels, où le regardant puiserait de quoi composer de purs scénarios fantastiques. Ainsi, tour à tour pseudo-scientifique, architecte rêvée, pharmacologue de pacotille, fausse-romancière de science-fiction mais vraie sculptrice et formidable peintre, l’Espagnole s’amuse des angoisses de ce monde.

é m er g en c e

tania blanco

La « fausse conscience de la monodimensionnalité du monde » est la raison pour laquelle les schémas, les stéréotypes et les conventions qui soustendent les structures de la « réalité objective » sont créés. Cette thèse est fondamentale à la compréhension de l’œuvre de l’artiste polonais Maciej Kurak. Celui-ci crée des situations artistiques qui questionnent les croyances dominantes autour des lois qui gouvernent la réalité (par exemple, dans l’œuvre Europe-Asia, où il est assis à l’intérieur d’une machine à café et prépare lui-même les boissons).

Par la méthode de la simulation, qui consiste à créer des objets d’art semblables à des engins du quotidien, l’artiste décode leur fonction (un arrêt de bus sur une remorque) et leur signification (découpage du mot « Russia » dans un tapis et arrangement des pièces qui restent de façon à former le mot « Georgia » sur le mur) conventionnelles. Chacune de ses œuvres est profondément connectée à un contexte social spécifique, qui constitue un point de départ pour son interprétation et mène à une réflexion philosophique plus abstraite.

Par exemple, dans l’œuvre Puszczyka 20b, Maciej Kurak a réalisé une copie à l’échelle 1:60 d’un immeuble d’appartements. L’intérieur de cette copie est celui d’un studio standard (chambre, salle de bains, cuisine). Il s’agissait d’un commentaire ironique sur la gestion planifiée des logements, qui est notamment basée sur les théories de l’économie architecturale de Le Corbusier. Seule l’échelle du modèle de l’immeuble diffère des immeubles avoisinants. Ainsi, leur ressemblance s’avère illusoire. Le prototype a été transformé de manière à illustrer son ambivalence et donc la convention sociale qui lui est attribuée.

C’est également le cas de l’installation Fifty-Fifty. La Fiat 126P, une voiture polonaise produite à l’époque de la République populaire de Pologne, devient une métaphore de la période communiste. Elle est retournée, et sa roue avant est reliée à une machine à coudre à l’aide d’une courroie. Ainsi, elle reflète les principes de l’économie politique des anciens pays de l’Est, qui s’appuyait sur des solutions visibles et temporaires. Tout semblait fonctionner mais au petit bonheur la chance et avec 50 pour cent de chances de réussite. Pour encore souligner l’absurdité de cette époque, un bouton spécifique placé sur la voiture permet d’actionner les roues de la voiture et la machine à coudre.

Tel un Deus ex machina dans une pièce d’Euripide, pousser le bouton révèle le manque de cohérence dans la perception commune de la réalité sociale. p ar M a t e u s z M a r i a B i e c z yN s k i .

Maciej Kurak, né en 1972, à Poznan (Pologne). www.maciejkurak.com

p ar B e t t i e N i n e .

Tania Blanco, née en 1978, à Valencia (Espagne). www.taniablanco.com

_1 _2

_1

_2

_3

_1 Not Us, 2011.

Acrylique sur toile, Ø 180 cm. _2 Ordinary Head, 2011.

Acrylique sur toile, Ø 15 cm. _3 Royal Grey Suite, 2011.

Acrylique sur toile, Ø 180 cm.

_3

_1 In Paradise, janvier 2010.

Galeria Arsenal, Poznań. _2 Dual-Art for Places, Liverpool, septembre 2009. _3 Europe-Asia - Asia-Europe Meditations, Poznań, juin 2007.

ou v erture

bruxelles et l’art

Europe Belgique

Goldschmidt Dynamisme Marcelis

fabre cab Artistes Collectionneurs

Vanhaerents

Djos Janssens, Wonderland.

Exposition « Présent ! », La Centrale électrique, Bruxelles.

Réputés Fondations Milieu

Boghossian maison particulière Komplot Year En devenir Fragile Carrefour

Centrale ÉlEctrique Communautés francophones

wiels Communautés flamandes Rassembler

JET LAG ! BRUXELLES

S E L E CTI O N

B ru x elles , t erre d ’ i n i t i a t i v es pr i v é es

ne w s

page 23

S i une fo i re d ’ art contem p ora i n p eut être con s i d é r é e comme un barom è tre de la s c è ne art i s d ’ act i v i t é s collat é rale s or g an i s é e s , on p eut e s t i mer q u ’ A rt B ru s s el s s e p o s i t i onne de p lu s en p lu s comme un catal y s eur de s é ner g i e s de la ca p i tale euro p é enne . Il ne s ’ a g i t p a s d ’ un é p i p h é nom è ne s a i s onn i er , car , tout au lon g de l ’ ann é e , de nombreu x o p é rateur s s ont act i f s s ur le terra i n , q u ’ i l s ’ a g i s s e de g aler i e s ( 1 ) , de centre s d ’ art ou d ’ i n s t i tut i on s p r i v é e s ou p ubl i q ue s , comme B o z ar , le W i el s , la C entrale é lectr i q ue , A r g o s , Kom p lot, L a Verr i è re , etc .

L ’ act i v i t é fo i s onnante de la s ema i ne d ’ A rt B ru s s el s ne p ourra i t d ’ a i lleur s s e conce v o i r s i elle ne s ’ a p p u y a i t s ur un tel r é s eau .

é m er g en c e

t i q ue de la v i lle ou du p a y s o ù elle s e t i ent et q ue cette i m p ortance s e jau g e au nombre

r é fle x i on

PAR bernard marcelis.

Vanhaerents Yinka Shonibare, Leisure Lady (with ocelots), 2001. © Vanhaerents Art Collection, Bruxelles.

Pour l’agenda des galeries, se référer à www.neca.be, et, pour le programme d’Art Brussels et des manifestations parallèles, voir le site www.artbrussels.be

Pour plus de détails sur l’importance et l’état des lieux des collections privées en Belgique, voir Bernard Marcelis, « Collections privées en Belgique. Plus qu’une alternative au désengagement de l’État, une ambition ! », in L’art même, no 54 (1er trimestre 2012).

Year, exposition et magazine Komplot, 295, avenue Van Volxem, 1190 Bruxelles Vernissage le samedi 21 avril 2012. kmplt.be

page 24

_SLICKER 3

_1

_2

_3

JET LAG ! BRUXELLES

évÉnements ponctuels

Collections privées

Tous ces lieux restent bien évidemment très actifs durant

Il semble bien que l’ouverture au public de lieux

la semaine de la foire, notamment en programmant bon

et d’une partie de la collection de collectionneurs

nombre d’inaugurations et de rencontres à cette date,

importants, quand il ne s’agit pas de l’achat et de

et c’est ici l’occasion d’évoquer ces autres initiatives

la rénovation d’un bâtiment transformé en centre

qui proviennent le plus souvent du domaine privé et

d’art privé, constitue une lame de fond importante.

profitent de la résonnance de la foire pour monter

Elle est en tout cas caractéristique de cette première

des événements ponctuels. Que la plupart de ceux-

décennie du

ci émanent de collectionneurs ne constitue pas une

collections, citons celle de Vanhaerents, située dans

surprise, dans ce pays réputé pour leur qualité, leur

le centre historique de Bruxelles, et qui programme

nombre et leur connaissance de l’art contemporain.

des expositions de très longue durée exclusivement

Qu’ils soient mis ainsi en valeur n’a rien d’exceptionnel,

montées à partir des œuvres, souvent imposantes, de

surtout dans le contexte culturel actuel de la Belgique.

cette collection. Le couple français Amaury et Myriam

La fermeture, depuis plus d’un an maintenant, des salles

de Solages a ouvert, il y a un an maintenant, La Maison

d’art moderne et contemporain des Musées royaux

particulière, qui porte bien son nom. Elle fonctionne

des Beaux-Arts de Bruxelles en étant le symptôme

de façon tout à fait atypique, en invitant d’autres

le plus frappant, d’autant que les raisons ne sont pas

collectionneurs à s’associer au choix des œuvres,

seulement d’ordre économique, mais elles sont plus

en fonction des thématiques proposées, souvent hors

fondamentalement liées à la politique muséale.

des sentiers battus. Cette approche démontre une fois

Parmi les trois plus importantes

S E L E CTI O N

xxi e siècle.

ne w s

page 25

de plus la place prise par les collections privées dans Plusieurs de ces collectionneurs ouvrent

le paysage culturel bruxellois et de nouvelles façons

exceptionnellement leur collection, totalement ou

de procéder, synonymes d’ouvertures inédites sur la

en partie, comme Éric Fabre (avec une présentation des

création contemporaine (2). Dans un tout autre style,

Palissades de Raymond Hains), Frédéric de Goldschmidt (pour une exposition collective), Alain Servais (The Loft).

D’autres profitent de l’occasion pour inaugurer un nouveau lieu qui ne manque pas d’ambition, comme le CAB, qui programme comme exposition inaugurale un focus sur la scène brésilienne (« 7SP Seven Artists from São Paulo »), première d’un cycle qui s’attachera à faire découvrir l’émergence de scènes étrangères moins connues, au rythme de deux expositions par an.

la famille Boghossian a rénové l’ancien hôtel Empain, œuvre au rapprochement des cultures occidentales et orientales, par le biais d’expositions ambitieuses, de colloques ou de rencontres.

Toutes ces initiatives sont portées par un dynamisme que l’on retrouve aussi dans des associations comme Argos (dont la programmation vidéo fait référence, ainsi que leurs archives) ou le collectif Komplot. Situé à deux

_4

Eu égard à ce qui précède, la mise sur pied d’une

pas du Wiels, celui-ci fonctionne comme un laboratoire

première foire off Slick Brussels, petite sœur bruxelloise

de soutien à la création, non seulement à destination

de son aînée parisienne, constitue un réel événement

des artistes (avec notamment la mise à disposition de

et démontre, si besoin était, la force d’attractivité de

résidences-ateliers) mais aussi de jeunes commissaires,

Bruxelles, au moins sur les opérateurs français. Plusieurs

invités à y monter des expositions, sans oublier une

collectionneurs renommés ont depuis longtemps passé

pratique éditoriale avec le magazine annuel Year (3).

é m er g en c e

de style moderniste, pour y établir sa fondation ; celle-ci

importantes qui ont pignon sur rue (Almine Rech,

En dehors de leur impact artistique, tous ces lieux

Nathalie Obadia et d’autres, dont Valérie Bach, qui

ont également le mérite de sortir de l’oubli, sinon

inaugure son nouvel espace aux dimensions imposantes

de la démolition, un patrimoine architectural dont

au moment de la foire), sans parler des dizaines

la nouvelle affectation permet non seulement de

d’artistes qui y séjournent depuis longtemps parfois,

les redécouvrir mais de redynamiser la vie d’un quartier,

font partie intégrante de la scène bruxelloise et auront

le Wiels étant le meilleur exemple à ce propos.

par le même coup contribué à l’internationaliser.

_5

_1 vanhaerents Vue de « Sympathy for the Devil ». © Vanhaerents Art Collection, Bruxelles. _2 Collection Frédéric de Goldschmidt Jurgen Ots _3 Collection Frédéric de Goldschmidt Vue d’ensemble avec des œuvres de (de droite à gauche) Joël Andrianomearisoa, Michaël DeLucia, Harold Ancart, Daniel Jackson, Denise Green et Jannis Kounellis.

_4 Fondation Boghossian Zena el Khalil, As’Salam Aleykum: Peace Be Upon You. Miroirs sur mousse de polystyrène compactée, acier, moteur de tondeuse à gazon, 400 x 380 cm. © de l’artiste / Collection de l’artiste. Courtesy galerie Tanit, Munich / Espace Kettaneh-Kunigk, Beyrouth. _5 MAISON PARTICULIèRE Elmgreen & Dragset, Capitalism Will Collapse From Within, 2003. © Oren Slor. Courtesy des artistes.

r é fle x i on

la frontière et y sont établis, tout comme des galeries

_SLICKER 3

page 26

P o i n t de v ue ar t i s t i q ue sur B ru x elles Sl i c k er donne la p arole au x membre s de Kom p lot, m i - collect i f m i - centre d ’ art

bru x ello i s ,

contem p ora i ne

af i n

qu’il

e x p r i me

bru x ello i s e .

Sur v ol

sa de s

v i s i on

de

g aler i e s

la et

s c è ne de s

art i s t i q ue

i n s t i tut i on s ,

q ue s t i onnement s ur le r ô le de s m i n i s t è re s et p r é s entat i on de leur re v ue annuelle , Year .

P A R KOMPLOT .

Bruxelles est au centre d’un carrefour. On y trouve bon

s’est sédentarisé à Forest, dans un espace de 1 500 m2,

nombre de vedettes discrètes, entendons par là : peu

pour y réaliser des projets risqués à l’issue toujours

peopolisables, mais comptant dans l’histoire actuelle de

incertaine, comme des expositions d’envergure,

la scène. De Frédéric Rzewski à Lucie McKenzie ou Peter

et y a formalisé son centre de production à la fois plastique

Downsbrough, pour citer des gens d’ailleurs, par exemple,

et intellectuel. Ateliers, galerie, résidences, salle de

il y a du monde sur la place. Ce n’est pas un carrefour

réunion, project space, salle de projection et bureaux sont

autoroutier. Bruxelles serait plutôt au centre de chemins

réunis au 295 avenue Van Volxem, un lieu généreusement

de traverse, de petites routes, de voies de garage.

cédé par une collectionneuse privée, afin de soutenir les pratiques de ce collectif qui comprend autant de

Sur cette place, on compte un nombre conséquent

commissaires d’exposition que d’artistes, de critiques

d’initiatives. Initiatives d’artistes ou de petits groupes,

ou de chercheurs.

parfois éphémères. Plusieurs galeries sont venues ces dernières années dynamiser cette scène – Almine Rech ou

Afin de faire rayonner davantage ses recherches et

Barbara Gladstone, aux moyens conséquents, nourrissent

les réseaux qui les entourent, Komplot publie la revue

aujourd’hui le haut de la ville aux côtés de Xavier Hufkens,

annuelle Year. En 320 pages, celle-ci rend compte, de

Rodolphe Janssen, Albert Baronian, alors que des galeries

manière parfaitement subjective, d’une scène ou d’une

plus jeunes, voire expérimentales comme D+T Project,

série de scènes enchâssées les unes dans les autres,

Tulips & Roses, Dependance, Mot International,

comme une vaste constellation dont le récit se déroule

VidalCuglietta, Sébastien Ricou, D.O.R., Elisa Platteau, etc.,

en une succession de propositions, de textes, d’images,

ont fleuri dans le bas de la ville aux côtés de Jan Mot ou

de séquences, de gestes au fil des pratiques individuelles,

de Catherine Bastide. La balance est bonne.

collectives ou spécifiques.

À Bruxelles, le Wiels est l’institution principale. C’est

Bruxelles est au centre d’un carrefour et Year est

LE centre. À ses côtés, formant la trilogie, existent deux

la surprise party de l’année sur cette place, où se tissent

autres centres gérés à partir d’initiatives privées, plus

les liens qui unissent des artistes et des commissaires

ou moins subventionnés : Établissements d’en face et

d’exposition dans leurs parcours et leurs pratiques.

Komplot.

Le foisonnement des contributions rend compte de la dynamique souterraine et discrète qui règne à Bruxelles,

Oui, Komplot est représentatif d’une certaine scène

ville à la marge et aux identités multiples.

artistique, basée ou qui transite par Bruxelles. Komplot existe depuis dix ans comme plateforme curatoriale à

Fragile et toujours en devenir, les scènes bruxelloises

dimension variable. Komplot est un centre de production.

existent entre deux langues, au minimum, et

Nomade à ses débuts, il a soutenu des artistes belges ou

plusieurs niveaux de pouvoir, un peu privés, surtout

vivant en Belgique, en organisant des expositions à travers

publics, qui n’ont de cesse de les remettre en

le monde. Berlin, Paris, Rotterdam, Los Angeles, New York,

question. Des institutions, des écoles et des galeries

autant que dans des petites villes provinciales en Suisse,

proposent une multitude d’activités. Les artistes et

en Serbie, en France et en Suède. En parallèle, l’activité de

commissaires émergents trouvent à Bruxelles un terrain

Komplot a également consisté à faire venir des artistes de

d’expérimentation très riche, fait d’amour, de fantasmes,

l’étranger à Bruxelles. Depuis bientôt deux ans, Komplot

de bières, de bonnes idées et de bonnes volontés.

Komplot kmplt.be Exposition Year 2012, 124, rue de l’Instruction - 1070 Bruxelles Du 20 avril au 16 juin, avec les artistes : Roisin Byrne Donuts Thibaut Espiau & Grégoire Motte Yann Gertsberger Emmanuelle Lainé Kenneth Andrew Mroczek Salome Schmuki/Theo Cowley Leen Voet Komplot

JET LAG ! BRUXELLES

S E L E CTI O N

ne w s

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é m er g en c e

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_1 Emmanuelle Lainé

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_2 Year, Komplot _3 Kenneth Andrew Mroczek

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_SLICKER 3

Un fossé énorme sépare malheureusement

Les artistes et commissaires d’exposition résidant

les communautés francophones et flamandes, creusé par

actuellement à Bruxelles, et ayant participé cette année,

les ministères qui les représentent. Le côté francophone

sont Jacques André, Danai Anesiadou, Heidi Ballet, Devrim

reconnaît trop peu les talents des personnalités issues

Bayar, Grégoire Bergeret, Eva Bialek, Laurie Charles,

de sa communauté. Nous avons le cul entre deux chaises.

François Curlet, Sonia Dermience, David de Tscharner,

En effet, depuis plusieurs années, la communauté

Laurence Dujardyn & Matthias Wille, Établissements d’en

flamande apporte un soutien important aux artistes et aux

face, David Evrard, Daniel Firman, Michel François, Alberto

centres d’art. Or, du côté francophone, on ne compte dans

García del Castillo, Steinar Haga Kristenen, Mai Hofstad

les rangs de l’art contemporain émergents que quelques

Gunnes, Jean Paul Jacquet, Agata Jastrzabek, Julia Kremer,

galeries et autres organisations auto-gérées, depuis

Jonas Locht, Julien Meert, Shelly Nadashi, Sophie Nys,

trop longtemps portées à bout de bras avec l’énergie et

Jurgen Ots, Alberta Sessa, Elena Sorokina, Pierre Tatu,

la bonne volonté de quelques bénévoles professionnels,

The After Lucy Experiment, Joelle Van Autreve, Filip Van

avec peu de soutien de la presse ou des autorités

Dingenen, Katleen Vermeir & Ronny Heiremans, Leen Voet,

subventionnantes. Nous pouvons parler de générations

etc., aux côtés d’artistes et de commissaires d’exposition

sacrifiées, à l’exception de quelques artistes reconnus

venus de France, des États-Unis, d’Allemagne, d’Italie,

le plus souvent à l’étranger et bien trop tard. Même si,

du Royaume-Uni, etc.

venant du Nord, les routes sont pavées, et, venant du Sud, en friche, au centre de la place, heureusement, l’humanité

Voici quelques pages de la première édition du livre

des gens qui font la scène dépasse de loin les clivages

annuel Year, dont le nouveau numéro sera lancé dans

politiques.

une exposition éponyme, le 20 avril, chez Komplot.

Almanach, journal intime, rapport annuel, cosmogonie déréalisante, Year est un livre choral produit chaque année par Komplot et David Evrard, avec les graphistes Pierre Huyghebaert et Überknackig. Year met l’accent sur les formes d’art qui dérivent autant du conceptuel tardif, d’implications politiques que du néoformalisme. Des formes d’art qui travaillent cette brèche entre l’attitude et la pratique. Year est un récit. Dans ce récit, plein d’acteurs, de géographies, de lieux et d’histoires toutes reliées par l’expérience subjective des participants.

Year 2 sera lancé à l’occasion d’une grande exposition à Komplot, au moment des foires Slick et Art Brussels.

Le comité rédactionnel est formé de neufs commissaires d’exposition et artistes d’origines diverses.

_4

_4 Yann Gertsberger

agir

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A u x fron t i è res du po é t i q ue e t du pol i t i q ue

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_4

Il s a g i s s ent à leur man i è re s ur le r é el p our le PAR Aude de Bourbon Parme.

_3

mod i f i er . L eur amb i t i on n ’ e s t p a s n é ce s s a i rement la r é v olut i on , ma i s de v i v re s elon leur s p r i nc i p e s .

Tel un ethnologue, Lois Weinberger étudie les attitudes sociales dans des

C erta i n s d i ront q ue leur v i s i on e s t uto p i q ue . E lle

espaces où se confrontent l’urbain et le naturel. Un mélange de réflexions

e s t en tout ca s p orteu s e d ’ e s p o i r . L o i s We i nber g er

écologiques et de considérations sociologiques et économiques. Installa-

fa i t p art i e de ce s i nd i v i du s et, p lu s p r é c i s é ment,

tions, sculptures, photographies, dessins, un bel ensemble de ses œuvres

de ce s art i s te s au x m i cro - act i on s p ol i t i q ue s .

était présenté cet hiver au musée de Saint-Étienne. L’exposition permettait chien, fils de paysan et paysan lui-même, depuis le début des années 1970.

Cela pourrait commencer par ce masque de bois, Mask, réalisé au milieu

La photographie noir et blanc Brandenburger Tor datant de 1994 montre l’artiste en jardinier arrosant

des années 1970, un morceau de branche collé sur un cadre en bouleau,

un terrain vague avec, en arrière-plan, la porte de Brandebourg. En toile de fond, l’histoire de ce pays

une peinture en 3D datant de cette époque, une action quasi enfantine,

dont cette porte en est le symbole ; au premier plan, l’action apparemment insignifiante et individuelle

une transformation humoristique. Cette peinture-objet rappelle les sculptures

de l’artiste. Cette confrontation symbolise le potentiel de l’art de construire sur les ruines du passé, par

qu’il a produites tout au long de sa carrière, tel un cactus aux yeux de verre

le travail et la participation. Ses Wild Cubes, des cages d’acier à disposer n’importe où, et de préférence

(Sans titre, 1996) ou une pierre volante de 1986, composée d’une pierre et

dans un milieu naturel, se conçoivent comme des structures sur lesquelles des plantes peuvent évoluer

de deux plumes. Notre imagination peut permettre à cette pierre de s’envoler

librement. La relation entre la société symbolisée par ce matériau manufacturé – et plus particulièrement

en pensée, tout comme elle nous aide à voir plus loin que ce que nous dicte

l’architecture – et la nature est alors idéale, la première participant à la croissance de la seconde.

la raison. Une zone d’ombre, fantomatique, reste à explorer et à exploiter.

Pour l’installation éphémère Burning and Walking (1993), il agit sur l’espace

S’il est impossible de prouver que l’art a un rôle politique, comme me le précisait Christopher Wool, lors

public. D’un carré de bitume explosé par l’artiste surgit de la végétation

d’une interview en mars dernier à l’occasion de son exposition personnelle au musée d’Art moderne

spontanée. L’image est forte, car ce n’est pas celle de l’homme laissant une

de la Ville de Paris – ajoutant qu’il en avait cependant l’intime conviction, comme le peintre allemand

empreinte sur la nature, à l’image des artistes du Land Art. Ici, la nature,

Jörg Immendorff –, l’expérience esthétique peut, en éveillant les esprits, modifier les comportements et

parce qu’elle tente de survivre, se réapproprie un espace qui l’étouffe et

changer ainsi le cours des choses. Lorsque Ilán Lieberman présente un ensemble de portraits d’enfants

l’enferme. Les choses peuvent se faire sans effort, sans confrontation, de

disparus, Niño perdido (2005-2009), lorsque Gianfranco Rosi réalise la vidéo intitulée El Sicario, Room 164

manière quasi imperceptible. Et rien n’est définitif.

(2010), dans laquelle un ancien tueur à gages décrit à visage couvert ses activités, ils témoignent. Et ces témoignages permettent à certains de prendre conscience et incitent d’autres à agir. Enfin, et cette installation figure elle aussi dans l’exposition « Resisting the Present », au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, lorsque Arturo Hernández Alcázar réalise Nube negra (cf ill. p. 6), composé de 250 cerfs-volants, symboles au Mexique de l’aspiration à une vie meilleure, il rend hommage à l’action des insurgés qui ont permis au pays d’accéder à l’indépendance. L’artiste en insurgé.

_1 Lois Weinberger Mask, années 1970. Écorce de bouleau renforcée avec de la toile, punaises, bois, 24 x 22 x 26,5 cm.

Photo Paris Tsitsos.

_2 Ilán Lieberman Niño perdido, 2005-2009.

100 dessins, graphite sur papier, loupes.

Courtesy de l’artiste et galería Desiré Saint Phalle, Mexico.

_3 Lois Weinberger Brandenburger Tor, 1994.

Photographie noir et blanc.

150 x 125 cm. Édition de 5.

_4 Lois Weinberger Burning and Walking, 1993.

Bitume cassé, végétation spontanée, clôture, 8 x 8 m.

r é fle x i on

de se confronter aux micro-actions artistiques réalisées par l’artiste autri-

_SLICKER 3

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nou v eau x m é d i as D e s fa i t s s oc i au x nou v eau x et l ’ u s a g e de s dern i è re s technolo g i e s n ’ ont ce s s é de trou v er un é cho dan s l ’ h i s to i re de l ’ art moderne et contem p ora i n . L a p hoto g ra p h i e , le f i lm , p u i s la v i d é o ont é t é i nt é g r é s p ar le s art i s te s , q u i le s ut i l i s ent comme de nou v eau x s ujet s et de nou v eau x m é d i a s . Il s emble q ue , de p u i s la r é v olut i on i ndu s tr i elle , toute nou v eaut é s e v o i t refl é t é e p ar le s art i s te s , comme mo y en d ’ e x p re s s i on ou comme th é mat i q ue .

PAR Corentin Hamel.

_4 _5

_1 Wim Delvoye, Honey, don’t forget to take out the garbage.

Nina, 2000.

C-print sur aluminium, 100 x 125 cm.

_2 Jason Rohrer, Chain World, 2011.

Jeu vidéo, capture d’écran.

_3 Jason Rohrer, Sleep is Death, « Good Heart » Story, 2010.

Jeu vidéo, capture d’écran.

a i r du tem p s

Quand Monet peint Les Voies à la sortie de la gare Saint-Lazare (1877), la

Cory Arcangel, l’un des rares artistes utilisant les médias digitaux et qui bénéficie d’une reconnaissance

fumée envahit l’espace et l’objet nouveau fascine. Avant la construction des

étendue au monde de l’art contemporain, échappe justement à la tabula rasa du médium propre. Dans

premiers chemins de fer, dans les années 1830-1840, personne n’avait jamais

Panasonic TH-42PWD8UK Plasma Burn, un DVD tourne en boucle et diffuse sur un écran plasma une

voyagé à une vitesse supérieure à 25 km/h. Le fait de voir des objets et des

image fixe. L’image fixe est un cartel décrivant la pièce. Pour les matériaux, on peut lire : « Panasonic

paysages depuis un train lancé à 80 ou 100 km/h accentue le caractère sub-

TH-42PWD8UK et DVD Player ». L’image fixe, diffusée sans interruption, « brûle » l’écran plasma et vient

jectif de l’expérience visuelle, en donnant une ligne de continuité aux don-

l’inscrire physiquement sur la chimie de l’écran. La pièce fixe elle-même son message numérique et

nées fugitives, en brouillant les contours nets. La plus grande facilité d’accès

devient une sculpture.

au moyen de transport constitue également un facteur de changement significatif. Les impressionnistes découvrent les forêts de la région parisienne, la

Si l’œuvre de Cory Arcangel « fonctionne » dans le champ de l’art, c’est non seulement à cause de son

Normandie, le Sud de la France. Leur travail se nourrit ainsi d’une grande

statut subtil, entre analogique et digital, mais aussi parce que le « plasma burn » est un phénomène fami-

variété de paysages.

lier, quotidien, domestique. L’utilisation de médias nouveaux suppose un temps d’acculturation. Le cinéma

ne w s

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était d’abord une attraction foraine avant de devenir le septième art. Le manga n’apparaît sur la scène Les objets manufacturés avec Duchamp, la bande dessinée avec le pop art

de l’art contemporain que dans les années 1990, après qu’une génération occidentale s’y est familiarisée.

avec l’Atelier Van Lieshout : l’art moderne et l’art contemporain digèrent

Si nous sommes tous également familiers des médias nouveaux, ils n’ont pas développé une forme

la nouveauté et ne cessent d’étendre leur champ. Cependant, jusqu’à

d’expression globalement acceptée comme artistique. Comparer la bande dessinée avec les jeux vidéo

très récemment, on serait à mal de citer une œuvre d’art contemporain incon-

est en ce sens révélateur. Bien sûr, la bande dessinée n’est pas considérée par tous comme indiscutable-

tournable réalisée avec des moyens digitaux, ou tout simplement dont l’ordi-

ment artistique. Cependant, un certain nombre d’auteurs – Moebius, Crumb... – ont acquis une véritable

nateur serait le centre. Si David Blair ou Antoni Muntadas sont les pionniers

légitimité culturelle. Il est difficile de trouver l’équivalent dans le monde du jeu vidéo.

des œuvres sur CD-Rom ou Internet, leur notoriété reste cantonnée à un milieu étroit.

Si le cinéma s’est constitué autour d’un rejet progressif du théâtre filmé, le jeu vidéo peine à acquérir une maturité entière en tant que médium propre. Cette constatation constitue l’un des fondements du

Les termes utilisés pour désigner ce champ n’ont cessé de fluctuer. Dans

travail de Jason Rohrer, une des « stars » du jeu vidéo indépendant. À l’occasion d’un article paru dans

les années 1950-1960 apparaît l’expression « art cybernétique ». Dans les

The Escapist, il rejette l’inclusion de plus en plus courante de scènes cinématiques dans les jeux vidéo, et

années 1970-début 1980, on parle d’« art informatique » (computer art),

recentre la réflexion sur la notion de « gameplay », de jouabilité. Il en donne la définition suivante : « la

d’« art à l’ordinateur », d’« infographie » (computer graphics). Les années

jouabilité, c’est tout ce que fait le joueur ».

S E L E CTI O N

américain, le manga avec le « Superflat » de Murakami, la résine industrielle

numérique » (digital art), qui se veulent des termes plus généraux, englobant

Une des créations de Jason Rohrer figurait récemment dans l’exposition « Talk to Me », organisée par

diverses pratiques au sein d’un champ commun. Les années 1990 lancent le

le MoMA. Celle-ci, à travers une présentation de design, se proposait de recenser les manières dont les

« multimédia », le « cyber art » et, à nouveau, les « nouveaux médias ». Les

objets nous parlent. Il s’agit de remplacer la notion d’interactivité par la simple notion d’interaction.

termes recouvrent pour partie des approches différentes, mais témoignent

L’œuvre de Jason Rohrer, Sleep is Death, est un jeu d’aventure classique dans son aspect graphique. Sa

cependant de la même volonté d’intégrer et d’utiliser un nouvel outil ; et de

spécificité est de mettre en relation un joueur et un narrateur, tous deux humains. Le narrateur organise

la difficulté à cerner les modalités de cette intégration.

le « monde » en temps réel. Le processus induit de fait un nombre infini de variantes, de surprises, de parties ratées ou réussies, selon les talents et les affinités des deux participants.

Considérant le fait que les médias digitaux ont maintenant une cinquantaine

L’intelligence artificielle a toujours été un sujet majeur dans l’expérience du jeu vidéo. Rohrer retourne

d’années, qu’ils ont révolutionné le monde – et, vu le temps passé par chacun

simplement le problème : si les réactions de l’intelligence artificielle sont trop limitées, pourquoi ne pas

devant les écrans d’ordinateur, cette difficile interpénétration des « nouveaux

simplement utiliser un humain ? Surtout, le monde digital n’est plus vu comme un médium à conquérir ou

médias » et de l’art contemporain interroge.

apprivoiser, mais comme une donnée que l’on est libre d’appréhender légèrement et d’hybrider.

Tous les médias, quels que soient les promesses et l’engouement qu’ils suscitent au moment de leur irruption, ne sont pas forcément voués à demeurer.

Le processus d’acculturation semble être en passe d’ouvrir des voies vers une expression artistique selon

Bruce Sterling, auteur majeur de la mouvance « Cyberpunk » de la science-

des modalités qui auraient surpris les pionniers de l’Interactive Art. Tout récemment, Jason Rohrer a créé

fiction américaine, dresse une liste des « médias morts » sur le site www.

un type de jeu, et une légende autour de lui, qui paraît bien se rapprocher de la notion de pièce. Pour

deadmedia.org. Pigeons voyageurs, Atari, télévision 3D de Gould, langues

Chain World, il a développé un jeu sur un « moteur » existant de monde « persistant ». Le joueur parcourt

mortes, astrolabes ou signaux de fumée amérindiens. Le Minitel y est listé,

un monde virtuel, y laisse une marque ou un monument, puis finit par mourir, quoiqu’il fasse. Le monde

entre Iridium (cellulaire américain) et S.O.S. en code morse.

préexiste au joueur et lui survit. Le statut métaphorique du scénario aurait déjà marqué ce jeu comme

é m er g en c e

1980 voient l’apparition d’« art électronique », « art technologique », « art

comporter un programme empêchant le joueur de ressusciter. Le processus implique donc que les joueurs

importantes impliquant ces « médias morts » viennent en tête. Mixer les

se passent les uns après les autres, de la main à la main, un objet unique. L’expérience du jeu est de

médias insolites est même une caractéristique de l’art contemporain. Avec

voir, comme en miroir, les multiples traces laissées par cette chaîne de transmission. Les modalités de

des pièces telles que Honey don’t forget to take out the garbage (2000)

transfert de la clé USB ont créé de nombreux conflits, histoires et légendes dans le monde des joueurs.

– des falaises américaines comportant, à l’aide de montages Photoshop, des

Sa diffusion, le fait même que bien peu pourront jouer, que bien peu seront « choisis » a créé une attente

messages habituellement laissés sur des post-it collés sur la porte du réfrigé-

qui dépasse ce que l’on peu raisonnablement espérer d’un jeu. Jason Rohrer crée, avec Chain World, une

rateur, comme « Chérie, n’oublie pas de sortir les poubelles, Nina » –, l’artiste

expérience singulière de la création en commun, qui s’apparente à l’esthétique relationnelle de Nicolas

Wim Delvoye ressuscite un médium singulier et assurément mort. La pièce

Bourriaud, tout en recréant une « pièce unique », une aura propre à l’œuvre d’art à une époque de repro-

rappelle la réalisation monumentale, par le sculpteur Gutzon Borglum, entre

duction illimitée.

1927 et 1941, des figures des cinq « pères » de la démocratie américaine, sculptées à même le rocher du mont Rushmore aux États-Unis.

L’apparition simultanée de figures, telles Jason Rohrer ou Cory Arcangel, laisse entrevoir un réajustement prochain des domaines d’expression artistique, digitale et d’art contemporain, bien plus ancrés dans les

L’appréhension des « nouveaux médias » à travers le médium utilisé, est

pratiques de communication de chacun que dans une fascination pour de nouvelles technologies.

ancrée dans le modernisme, et rappelle des considérations du type de celles de Clement Greenberg, dans les années 1950, sur la planéité de la peinture, et la nécessité de ne considérer ce médium que pour lui-même. Or, l’ensemble du mouvement de l’art contemporain, depuis les années 1970, comprend la liberté laissée aux artistes de jouer entre plusieurs médiums, sans en hypostasier aucun.

_4 Claude Monet, Les Voies à la sortie de la gare Saint-Lazare, 1877.

Huile sur toile, 60,5 × 81,1 cm.

Pola Museum of Art, Hakone.

_5 Cory Arcangel, Sony FWD-42PV1 Plasma Burn, 2008.

Moniteur Sony FWD-42PV1 et lecteur DVD, 66 x 103 x 30 cm.

Courtesy de l’artiste et de la galerie Thaddaeus Ropac, Paris / Salzbourg. Photo Ulrich Ghezzi.

r é fle x i on

singulier. Mais sa réelle spécificité est de n’être contenu que sur un seul support : une clé USB, et de Pourtant, du morse aux pigeons voyageurs, un certain nombre de pièces