Y a t il nos rêves dans la colline

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― Argos, viens ! Je descends le long du chemin pour traverser le petit champ à gauche du pont. Argos court à quelques mètres devant moi. J'entre dans le petit-bois et cinq minutes plus tard, j'avance vers la rivière. Sur le petit banc en pierre, trois canettes de bière. Vides bien sûr. Les gens les transportent jusqu'ici quand elles sont pleines et plus lourdes et puis, une fois, la bière bue, ils les laissent. Je les mets dans la page de publicité de mon journal et puis dans mon sac à dos pour les emporter d'ici. Il fait beau et très calme. La rivière est silencieuse. De temps en temps, un poisson remonte vers la surface et fait ainsi quelques petites vagues et un léger bruit agréable. Le chien renifle autour de nous, va voir un peu à gauche, un peu à droite et vient se coucher à côté du banc. Une voiture passe le pont et s'arrête, mais je ne peux pas la voir. Quelques voix. Je lis mon journal. Personne ne vient vers la petite clairière, où je suis assis là, sur mon banc. Je prends quelques cailloux et je les lance dans la rivière, un par un. Chacun provoque la formation de vagues en forme de cercles concentrés autour de l'endroit, où il tombe dans l'eau. Ces cercles s'éloignent du centre. Les vagues partent du plouf et s'en vont, naviguent, ralentissent pour se perdre, pour se fondre dans le calme de la surface. ― Carle ! Une voix d'homme. Plouf. C'est étrange comme nous sommes toujours sérieux en exerçant ce jeu de cercles dans l'eau. Les vagues exécutent leurs danses géométriques. Plouf, plouf !! J'ai lancé deux cailloux en même temps, mais à deux mètres l'un de l'autre. Les vagues se rencontrent, se croisent et transforment leurs cercles de départ en nouvelles figures géométriques. J'avais quel âge quand j'ai lu « Esthétique » de Kant ? ― Carle !La même voix d'homme.


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