Y a t il nos rêves dans la colline

Page 263

Deux fois par semaine, je sors dans les environs pour courir. Le plus souvent, je laisse la voiture derrière l'église de Saint Quentin le Vieux et je prends le chemin à travers le bois. Je marche pendant deux ou trois cent mètres et après, je commence à courir, lentement, au départ, pour accélérer de temps en temps. Une demi-heure plus tard, deux ou trois de ces accélérations passent en sprints soutenus pendant à peu près dix ou vingt secondes. Au moment même où j'ai voulu changer le rythme, quitter la cadence d'un marathon, plutôt lent, et partir plus vite, j'entendis des pas derrière moi, rapides et légers. Et puis, à la hauteur de ma taille à ma gauche, une tête apparaît en balançant ses mèches blondes. Devant elles tombent et rebondissent sur le front, et en arrière, elles fouettent les épaules d'un garçon en survêtement rouge. Il ne me dépasse pas. Il court à côté de moi. Il ne me regarde pas, ne dit rien. Il court. Moi non plus, je ne dis rien. Je cours à côté de lui. En silence. Je sens que le garçon s'attend à ce que je dise quelque chose, tu es venu avec qui, tu cours souvent par ici. Normalement, je l'aurais fait, mais là, je ne sais pas par quelle soudaine envie de plaisanter un peu, je reste muet. Quelques minutes encore, nous gardons le même tempo sans se parler. Je vois ses mèches qui sautillent sur sa tête. ― Bonjour, dit le garçon .― Oh, bonjour ! Sans rien dire de plus, j'accélère. Je rajoute de la vitesse mais très dosée, pas après pas, progressivement. Le garçon suit. Quand j'ai vu qu'il plafonnait, je gardais cette vitesse tout en observant, en cachette le petit sportif blond. Il ne peut plus. Alors je ralentis et je m'arrête complètement. Je fais quelques mouvements sur place. Le garçon est visiblement fâché. Il revient vers moi.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.