PROJET AU SÉNÉGAL
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Un voyage formateur SILAS, COURT-TERME AU SÉNÉGAL EN 2010
À dix-huit ans, mon certificat de maturité en po-
centaine de personnes. J’ai aidé à faire la récolte
che, je voulais partir à la découverte du monde.
annuelle et j’ai appris la langue du pays. Ces trois
Ayant grandi à Saint-Gall et Appenzell, cet uni-
mois ont été les plus stimulants, les plus difficiles
vers était devenu un peu trop petit et étroit pour
et les plus instructifs de ma vie. Le travail était
moi. Il était clair que je voulais aller en Afrique,
dur et les journées longues. La chaleur, le peu de
là où le monde me semblait encore inconnu et
nourriture, et le manque d’intimité m’affectaient.
sauvage. J’ai donc décidé de passer un an au
En tant qu’homme blanc, j’étais constamment ob-
Sénégal, avec la SIM.
servé par les villageois. Le fils aîné de la famille m’a rapidement accepté comme son frère et m’a
En montant dans l’avion à Zurich, je quittais ma
expliqué la vie du village. Mais la communication
famille, mes amis et ma maison. Pendant le voya-
n’était pas facile. Mon français était pauvre et le
ge, j’étais excité et plein d’attentes. Épuisé, j’ai
sien n’était pas meilleur. À plusieurs reprises, tous
CONTENU
atterri tard dans la soirée à Dakar, où mon men-
les villageois ont voulu me parler et m’aider. Mais
tor Bennie était venu me chercher dans son Land
j’avais surtout envie d’un endroit calme et de per-
Cruiser (voiture tout terrain). Bennie allait être
sonnes avec lesquelles je pouvais partager ce que
ma personne de référence pour les mois à venir,
je vivais. J’ai vécu un choc culturel important. En
me faisant découvrir la culture et la langue du
plus de cela, j’ai eu des infections aux jambes et au
pays. Nous avons roulé toute la nuit jusqu’à notre
cou. Ma digestion était également assez difficile,
maison d’hôtes. En m’endormant, je pensais à mes
ce qui m’obligeait à de fréquents passages aux to-
premières impressions de la journée : les mousti-
ilettes.
quaires, la chaleur, l’humour noir de Bennie, l’ambiance urbaine de la capitale, les appels à la prière
Après les trois premiers mois, une barrière dans
dans les mosquées. Le lendemain matin, Bennie
mon esprit est tombée. J’ai appris à parler la lan-
et moi nous sommes promenés dans les rues et
gue locale, découvert les beautés de la culture
il a commencé à m’expliquer les particularités de
sénégalaise et noué des amitiés profondes. Après
la culture sénégalaise. Deux jours plus tard, nous
la récolte, toute la famille a déménagé dans une
sommes allés en province. Nous avons roulé sur
petite ville où les enfants sont allés à l‘école. Je
des routes pleines de nids de poule. Le paysage
les y accompagnais sur le chemin de l‘école. Je
devenait de plus en plus sauvage. Nous étions en
leur donnais des cours particuliers et je prenais
pleine campagne et tout était beaucoup plus vert.
part aux tâches quotidiennes de la maison. La famille était très pauvre et ne pouvait acheter que
Pendant les quelques mois qui ont suivi, j’ai par-
quelques denrées pour accompagner le riz. Nous
tagé la vie d’une famille sénégalaise. J’ai passé les
avons donc planté ensemble un potager à côté de
trois premiers mois dans un petit village d’une
la maison. Plus tard, en limitant les dépenses au
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