CENTRE GENEVOIS DE LA PHOTOGRAPHIE Deux photographes que vous aurez peut-être manqués au Centre Genevois de la Photographie puisque l’exposition se terminait le 29 mars. On est d’abord étonné de la cohabitation de deux oeuvres aussi différentes et on s’interroge sur les modalités de choix du Centre. Mais pourquoi pas, après tout, passer d’une œuvre sans âme qui vive à une autre qui n’est qu’âme... vous avez dit « âme » ? La visite commence par la série Urban de Ursula Mumenthaler, photographe
suisse. Tout de suite, les premières photos encadrées m’attirent : ce sont des vues aériennes d’immeubles, très graphiques, salis par la rouille ou bien ensevelis sous la neige : ça, ça me parle, je me penche et, oh ! surprise, il s’agit de maquettes ingénieusement conçues pour obtenir un effet de bâtiments encore présents et déjà effacés. Salle suivante, l’effet d’effacement est encore plus fort dans sa série Journal : il s’agit là de grandes photos murales de quartiers
démolis dont l’impact tragique est rendu plus fort par l’application d’un filtre d’inversion des couleurs - sur de vraies photos, cette fois. Alors, après tant de désordre, quel choc de se trouver face à l’ Artificial Theater, Politic Serie, The Leader de Zhang Wei: des portraits grand format sur fond blanc de personnalités politiques ( les personnalités artistiques sont exposées, elles, dans la galerie Art & Public, à côté du Mamco). Bizarre, je ne savais pas que Zhang Wei était l’auteur de cette photo très connue de Ben Laden, ni de celle-ci de Bush... hum, encore piégée ! Il s’agit d’oeuvres connues mais recomposées à la sauce Zhang Wei. Des centaines de clichés pris dans la foule chinoise triés, rassemblés, reproduisent les visages célèbres «constitués avec la ‘chair’ pixélisée du peule chinois» nous dit la plaquette d’information. Contrairement aux œuvres de Régis Colombo dont on voit l’assemblage (cf. notre magazine du mois dernier), les portraits de l’Artificial Theater ne laissent voir aucune greffe – les ADN ont muté - je pourrais être dans ce portrait d’Hitler, brrrrrrr... Mais, oui, mais c’est bien sûr ! Il est là, le lien entre les deux expositions ! les grands de ce monde et le monde tel qu’ils nous le malmènent... Joëlle Kohler 043