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Semaine Internation ale des

MAUDE GUÉRIN

Camelots

ENTRE DANS LA DANSE 3

$

Volume XXI, n˚ 3 Montréal, 1er février 2014

www.itineraire.ca

UN TExTE INédIT dE fRédéRIC BACk L'ÂME dE JEAN-MARIE LApOINTE ZOOM SUR GILBERT pOULIOT NOUVEAUTé : IANIk MARCIL


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Gilbert pouliot Camelot No : 26 | Âge : 53 ans Points de vente: Palais de justice

G

ilbert, c'est un vieux de la vieille à L'Itinéraire. Camelot depuis 16 ans, il y a fait ses débuts en 1997 en distribuant le magazine devant le Palais de justice. Sa vie, Gilbert l'a accordée aux tonalités de sa guitare qui l'accompagne depuis des années. «La musique est définitivement devenue ma soupape», reconnaît celui qui dès sa jeunesse a associé les plaisirs de la vie au jeu, à l'alcool et aux drogues. Au fil de ses multiples «vies antérieures», Gilbert s'est enrôlé dans l'armée, a travaillé comme préposé dans un hôpital, a été chauffeur de taxi et enfin palefrenier. Mais, ses dépendances ont fini par prendre le dessus. Suite à de graves problèmes de santé, il se retrouve obligé de ralentir ses activités. «J'étais entre la vie et la mort, se souvient-il, c'est lors de ma convalescence que j'ai compris que le métier de camelot serait une bonne alternative.» Grâce au magazine, Gilbert commence ensuite à reprendre confiance en lui. «L'Itinéraire m'a littéralement sorti de l'isolement et de la dépression en m'obligeant à prendre l'air et à avoir des contacts avec les autres», explique-t-il. Malgré ses efforts pour s'en sortir, Gilbert a été rattrapé par ses vieux fantômes : après plusieurs années de bonne conduite, il s'est remis à consommer. Ce passage à vide lui a fait prendre conscience à quel point L'Itinéraire est un gage de stabilité dans sa vie. Depuis la fin du programme fédéral Chez-soi en février 2013, Gilbert est de nouveau à la rue, mais il ne compte pas se laisser abattre pour autant. «Aujourd'hui, je redouble d'ardeur et compte m'impliquer encore plus cette année.»

TExTE : NAfI ALIBERT PHOTO : GOPESA PAQUETTE

1er janvier 2014 | itineraire.ca

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NOS pARTENAIRES ESSENTIELS dE LUTTE CONTRE LA pAUVRETé

L'Itinéraire a pour mission de combattre la pauvreté et l'exclusion par le travail et une place en société. Notre organisme soutient et fait travailler quelque 200 personnes par semaine. Le magazine est donc une entreprise d'économie sociale qui s'autofinance. Mais son volet services sociaux comprend différents programmes pour offrir de l'aide psychosociale, du soutien alimentaire et en logement ou encore des services adaptés aux jeunes. Sans nos partenaires principaux qui contribuent de façon importante à la mission ou nos partenaires de réalisation engagés dans les programmes, nous ne pourrions aider autant de personnes. L'Itinéraire, c'est aussi plus de 2 000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en sortir. Merci à tous! La direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle n'est pas responsable des gestes des vendeurs dans la rue. Si ces derniers vous proposent tout autre produit que le journal ou sollicitent des dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. Si vous avez des commentaires sur les propos tenus par les vendeurs ou sur leur comportement, communiquez sans hésiter avec Sylvie Gamache, directrice générale adjointe par courriel à sylvie.gamache@itineraire.ca ou par téléphone au 514 597-0238 poste 222.

pARTENAIRES MAJEURS

Nous reconnaissons l'appui financier du gouvernement du Canada par l'entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien. Les opinions exprimées dans cette publication (ou sur ce site Web) ne reflètent pas forcément celles du ministère du Patrimoine canadien.

pRINCIpAUx pARTENAIRES dE pROJETS ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Desjardins

L'ITINéRAIRE EST MEMBRE dE

Le magazine L'Itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, L'Itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle. Convention de la poste publication No 40910015, No d'enregistrement 10764. Retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada, au Groupe communautaire L'Itinéraire 2103, Sainte-Catherine Est, Montréal (Québec) H2K 2H9

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.


Les camelots sont des travailleurs autonomes. 50 % du prix de vente du magazine leur revient.

Rédaction et administration 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 Le Café L'ITInéraire 2101, rue Sainte-Catherine Est Téléphone : 514 597-0238 Télécopieur : 514 597-1544 Site : www.itineraire.ca

LE MAGAZINE L'ITINÉRAIRE : Éditeur : Serge Lareault Rédacteur en chef : Sylvain-Claude Filion Chef de pupitre Actualités : Marie-Lise Rousseau Chef de pupitre Développement social : Gopesa Paquette Infographe : Louis-Philippe Pouliot Stagiaires à la rédaction: Nafi Alibert et Simon Cordeau Collaborateurs : Éric Godin, Denyse Monté Adjoints à la rédaction : Hélène Filion, Julie Locas et Lorraine Pépin Photo de la Une : Sylviane Robini Révision des épreuves : Michèle Deteix, Louise Faure, Lucie Laporte et Sabine Schir Design et infographie du site Internet : Vortex solution CONSEILLÈRES PUBLICITAIRES Renée Larivière : 514 461-7119 | renee.lariviere18@gmail.com Josée Poirier : 514 273-5002 | josee.poirier@itineraire.ca LE CONSEIL D'ADMINISTRATION Président : Stephan Morency Vice-président : Gabriel Bissonnette Trésorier : Yvon Brousseau Secrétaire : Serge Lareault Conseillers : Yvon Massicotte, Jean-Paul Lebel, Philippe Allard et Martin Gauthier L'administration Directeur général : Serge Lareault Directrice générale adjointe : Sylvie Gamache sylvie.gamache@itineraire.ca Directrice du financement et des partenariats : Sylvie Bouchard Adjoint au développement social : Philippe Boisvert Responsable de la comptabilité : Duffay Romano Adjoint aux communications et relations de presse : Dorian Keller GESTION DE L'IMPRESSION TVA Studio | 514 848-7000 Directeur général : Robert Renaud Coordonnatrice de production : Andrée-Anne Gauthier Imprimeur : IMPRIMERIE SOLISCO

MOTS DE LECTEURS

SOMMAIRE

Merci mille fois Merci sincèrement pour le magnifique travail effectué et pour la très grande qualité du journal L'Itinéraire dans sa nouvelle mouture. Je suis une fidèle lectrice de ce journal depuis sa première parution. J'ai toujours senti important d'encourager ces personnes dans leur ténacité, leur dignité, leur courage et leur témoignage de la vie sous toutes ses couleurs. J'apprécie la qualité, la pertinence des propos, la profondeur et l'actualité des articles offerts. J'aime que vous abordiez des sujets qui nous touchent au coeur de notre quotidien blessé et en recherche d'espérance et d'humanité. […] Je vous encourage et vous invite à poursuivre votre excellent travail et je souhaite que l'Itinéraire soit de plus en plus connu, car le contenu porte à la réflexion et à des changements de société en faveur d'un plus d'humanité, de respect et de dignité. Pour ma part, j'apprivoise doucement un nouveau camelot depuis l'été dernier, soit Robert Ménard qui vend courageusement en face du Jean Coutu, coin rue Berri.et Mont-Royal. Il est encore gêné et n'ose pas beaucoup parler du journal aux gens, mais il est fidèle à son poste et j'ose espérer que plus de personnes oseront lui poser de questions sur cet excellent journal. Merci mille fois pour tout le changement apporté au journal, pour votre excellent travail et votre capacité de saisir l'essentiel et de le transmettre. Ginette Paré J'achète L'Itinéraire, que ce soit à la Place des Arts, au complexe Desjardins ou au Marché Maisonneuve... même à la porte de La Cordée et ce, dès sa sortie, pour deux bonnes raisons : le contact avec le camelot est toujours chaleureux et le contenu du journal est inspirant. Continuez votre bon travail! André Besner

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ACTUALITÉS 7 ÉDITORIAL 8 ROND POINT 11 DOSSIER

SEMAINE INTERNATIONALE DES CAMELOTS

• Maude Guérin : réflexions d'une porte-parole • Il était une fois les journaux de rue • Camelots aux 4 coins du monde

20 LA MISSION OLD BREWERY A 125 ANS Matthew Pearce aimerait devenir inutile

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LE CŒUR DE L'ITINÉRAIRE

24 Les mots des camelots 33 Info RAPSIM 34 JUSTICE 35 IANIK MARCIL

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PANORAMA

38 JEAN-MARIE LAPOINTE Beau gosse, belle âme 41 VIVRE 42 LIVRES 44 DÉTENTE 46 FEU VERT À… Frédéric back

PRÉCISION

Une erreur s'est glissée dans le texte Party Pyjama Littéraire publié dans notre édition du 1er janvier. Pour le spectacle du vendredi 7 février, on aurait dû lire que les bénéfices iront à L'Auberge du cœur Le Tournant (1775, rue Wolfe, Montréal, 514 523-2157). Nous nous excusons auprès des personnes concernées. (Voir autre texte en page 43)


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édITORIAL

Tout le monde en parle Depuis qu'une certaine vidéo a enflammé les médias sociaux le 2 janvier dernier, l'itinérance fait beaucoup jaser. Et c'est tant mieux. SyLVAIN-CLAUdE fILION | sylvain-claude.filion@itineraire.ca

L

a diffusion de cette vidéo a eu plusieurs con- trois membres de son exécutif, responsables du logeséquences. L'une d'elles est que les policiers ment, de la sécurité publique et du développement soréclament maintenant d'être munis de caméras cial. Ça fait huit oreilles pour entendre. corporelles. Ce serait un pas de plus vers une société Que le nouveau maire de Montréal commence par Big Brother, un état policier. Les agents de la paix n'ont réclamer 10 millions $ au gouvernement du Québec ne qu'à faire leur travail honorablement lorsqu'ils intervien- semble peut-être pas très innovateur, mais c'est nécesnent, et ils n'auront plus à craindre d'être filmés par saire. Ce n'est pas avec son maigre 1,6 million alloué à la des passants témoins de leurs débordements. lutte contre l'itinérance que la Ville pourra seule régler Une autre conséquence, positive celle-là, est que la situation. Ce qui est intéressant, et sensiblement nol'événement a accéléré une prise de décision visant à vateur, c'est que le maire se soit engagé à défendre la améliorer les services en mettant fin au principe de la cause de l'itinérance auprès des autres paliers de gougarde tournante dans les urgences, qui accueillent à vernement, dont au fédéral qui s'entête à faire bande à tour de rôle les itinérants avec troubles mentaux. Ainsi, part. Il est temps de coordonner les efforts. lorsqu'un sans-abri aura besoin de Car la situation s'aggrave et le nomsoins urgents, il ne sera plus catapulté bre des itinérants est en forte croisTant mieux si à l'autre bout de la ville, ce qui l'oblige, sance. Avec 207 682 nuitées dans les à sa sortie de l'urgence, à mendier refuges pour hommes en 2013, une l'itinérance fait pour retourner dans son coin de cité. hausse de 6 % par rapport à 2012, on Considérant que la moitié des itila manchette et constate une augmentation trois fois nérants sont localisés dans le Centreplus grande que celle observée anSud, l'idée de concentrer les services à suscite des débats nuellement depuis cinq ans. l'hôpital Notre-Dame n'est pas maul'idée d'un recensement ait reçu dans les médias unQueaccueil vaise. Il y a déjà là une plus grande mitigé s'explique par la expertise et une approche éprouvée. grande difficulté à chiffrer la populasociaux. Cependant, il serait regrettable que tion itinérante. Il y a d'autres indicacette nouvelle politique engendre teurs comme l'âge, la provenance, d'autres problèmes. le nombre de nuitées passées dans des refuges, qui Il ne faudrait pas que l'offre de services disparaisse pourraient éclairer la problématique de façon beaudans les autres centres hospitaliers; qu'y aurait-il de coup plus efficace. Ce mois-ci, la ministre Hivon doit dévoiler la nouvelle bon à amener un itinérant de Laval au centre-ville alors que la Cité de la Santé est géographiquement Politique en itinérance promise par le gouvernement mieux placée pour le prendre en charge. L'autre dan- Marois. Il paraît que ce sera une politique forte. On peut ger, c'est de provoquer un afflux de sans-abri qui rester optimiste, mais il faut attendre de voir si le plan d'action assorti aura lui aussi du muscle – et des millions. viendrait grossir la population itinérante au centre-ville. D'ici là, tant mieux si l'itinérance fait la manchette et Une autre bonne nouvelle, et c'est rare qu'on puisse féliciter un maire par les temps qui courent, c'est que Denis suscite des débats dans les médias sociaux. Si tout le Coderre a tenu ses promesses électorales. Dès le début monde en parle, ça ne peut que sensibiliser l'ensemble de l'année, il a manifesté une volonté forte de s'attaquer de la population à un problème d'envergure qui reçoit au problème de l'itinérance. Lorsqu'il est allé rencontrer enfin toute l'attention qu'il mérite. l'équipe du Rapsim le 14 janvier, il était accompagné de

15 janvier 2014 | itineraire.ca

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RONd-pOINT pAR SIMON CORdEAU, éRIC GOdIN ET MARIE-LISE ROUSSEAU

PHOTO : ISTOCK

Un 18 mars débordé La nuit du 18 mars 2013 fut la nuit la plus achalandée de l'année dans les ressources d'hébergement pour personnes itinérantes de Montréal. Dans les refuges pour hommes, le taux d'occupation frisait les 108 % tandis qu'il a atteint 118 % dans les établissements pour femmes. (MLR) Source : Ville de Montréal.

SOUS-fINANCEMENT UNIVERSITAIRE

La faute au fédéral? Le printemps érable, causé par le gouvernement... fédéral? C'est ce qu'avance l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS). L'augmentation des frais de scolarité et le sous-financement des universités, problèmes qui touchent toutes les provinces, seraient dus à des changements dans les transferts fédéraux. En 1980, le fédéral finançait 13 % de la mission d'enseignement des universités. Après des compressions en 1990, ces fonds sont entièrement dédiés à la recherche, surtout commercialisable. Selon les auteurs du rapport, le déficit engendré dans les frais de fonctionnement a fait pression, menant à l'augmentation des frais de scolarité. Le rapport complet est disponible sur le site de l'IRIS : iris-recherche.qc.ca. (SC) manifestation étudiante du 22 mars 2012

questions à

Maryse Bézaire Directrice des communications de la Fondation Émergence et membre de la campagne Sotchi 2014. pAR SIMON CORdEAU

Quel est l'enjeu autour de la loi russe anti-gais?

Il y a en plusieurs, en fait. L'homosexualité avait été décriminalisée en 1993 et déclassifiée comme maladie mentale en 1999. Donc, que le gouvernement arrive avec une loi comme celle-là, c'est vraiment un retour en arrière. Elle interdit la diffusion d'information sur l'homosexualité qui viserait à la rendre attirante ou intéressante. Elle viole la liberté d'expression et incite à la violence. Du moins, à l'intolérance, qui peut prendre des formes violentes.

pourquoi avoir lancé la campagne Sotchi 2014?

On parle beaucoup de la loi, mais il n'y a pas beaucoup de gens qui ont pris connaissance de l'impact qu'elle peut avoir. On veut informer les gens. C'est aussi un soutien aux athlètes LGBT et aux communautés LGBT de la Russie. Nous, nos athlètes vont revenir après les Jeux olympiques, mais la loi reste, en Russie. Et c'est dans leur quotidien que les LGBT russes vont être persécutés.

En quoi consiste la campagne Sotchi 2014?

PHOTO : CATHERINE JOANNETTE

Il y a des affiches et des autocollants. Les gens peuvent les commander pour les diffuser à l'école ou dans leur milieu de travail. On a aussi une affiche numérique. Les gens peuvent la télécharger ou la diffuser dans les médias sociaux. Enfin, il y a le site web, qui donne beaucoup d'information sur la loi.

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Existe-t-il d'autres initiatives semblables dans le monde?

Oui, il y a en plusieurs. En tant qu'organisme qui travaille pour la défense des droits des LGBT, on veut faire partie du mouvement. On ne peut pas ne pas réagir et on est heureux que les gens en parlent. Renseignements : fondationemergence.org

itineraire.ca | 15 janvier 2014


GODIN DANS LA RUE

Le Chaînon primé Alors qu'il fête son 80e anniversaire d'existence, l'organisme Le Chaînon s'est vu remettre une reconnaissance prestigieuse qui tombe à point. Il s'agit du prix Future Proof, remis par l'agence de communications internationale Aegis Media. Ce prix souligne la contribution d'organismes communautaires à travers le monde. Les candidatures sont soumises par les employés de l'agence, pour mettre en valeur un organisme auprès duquel ils se sont engagés. Pour Le Chaînon, c'est la filiale Carat Montréal qui a soumis la candidature. Le Chaînon offre à toute heure un lit chaud et une oreille attentive aux femmes dans le besoin. (SC)

il y a 80 ans, Le chaînon ouvrait les portes de son refuge pour femmes itinérantes.

Amer anniversaire 65 000 logements sociaux auraient dû être créés au Québec depuis 1994 par le gouvernement fédéral. C'est ce qu'a révélé le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) le mois dernier lors d'un triste anniversaire : les 20 ans de la coupure fédérale en logements abordables. Depuis 1994, le financement de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) est gelé à 2 milliards de dollars et pourrait même diminuer dans les années à venir. La SCHL finance à 80 % les logements sociaux du pays. Près de 40 000 personnes au Québec sont en attente d'une habitation à loyer modique (HLM), dont plus de la moitié sont à Montréal. (SC)

À deux roues dans la gadoue

10M$

C'est le montant dont Montréal a besoin pour venir en aide aux personnes itinérantes, selon Denis Coderre, maire de Montréal. Il se dit déterminé à trouver cet argent rapidement, de pair avec Québec.

PHOTO : ISTOCK

LE NOMBRE

Pluie, glace, tempête de neige ou de verglas… Rien n'arrête les cyclistes hivernaux, dont la population augmente sans arrêt. Selon Vélo Québec, on compte 600 cyclistes d'hiver de plus cette année sur les pistes cyclables des rues Berri et Rachel à Montréal. Cela représente une augmentation d'achalandage de 12 à 14 %. (MLR)

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INTERNATIONAL états-Unis

Royaume-Uni

Soins turbo

B&B pour Sdf

Les hôpitaux de Nashville forceraient les patients pauvres à prendre congé précocement, parfois sans rien d'autre qu'un ticket d'autobus. La pratique décriée reste difficile à prouver, mais les témoignages s'accumulent. Selon les intervenants, ce dumping de patients incapables de payer les soins finirait par coûter plus cher aux contribuables en plus de gonfler les coûts des soins de santé, et peut causer des décès. Certains hôpitaux ont tout de même des équipes de soutien pour accompagner les patients pauvres à leur sortie. (The Contributor)

PHOTO : DREAMSTIME

un intervenant affirme avoir rencontré quatre itinérants confus éjectés de l'hôpital avant la fin de leur traitement.

Le Royaume-Uni aurait dépensé presque 2 milliards de livres en hébergement à court terme pour les familles sans-abri. Une enquête révèle que la hausse des loyers, la pénurie de logements abordables et les coupures aux programmes sociaux ont forcé les autorités municipales à placer des milliers de personnes dans des B&B et des auberges de voyageurs. Depuis 2009, plus de 30 000 familles de Londres ont été relogées hors de leur quartier et un nombre croissant sont relogées dans d'autres villes. (The Bureau of Investigative Journalism) PHOTO : LUKE MACGREGOR/REUtERS

El Salvador

Gaza

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À dos d'âne

Les militants des droits humains salvadoriens recherchent 50 000 dossiers sur les crimes contre l'humanité perpétrés lors de la guerre civile de 1980-1992. Les documents ont été déplacés vers un lieu secret lorsque l'Église catholique a fermé le bureau d'aide juridique de l'archevêque de San Salvador. Les anciens avocats représentant les victimes et les familles veulent à tout prix remettre la main sur cette montagne de preuves qui a pris des décennies à amasser. L'équipe compte rouvrir son bureau grâce à l'appui d'autres institutions. (IPS) militants et proches des victimes manifestent contre la fermeture du bureau d'aide juridique devant la cathédrale métropolitaine de san salvador. PHOTO : TOMÁS ANDRÉU/IPS

Les ânes sont redevenus un moyen de transport privilégié suite à la pénurie persistante de carburant à Gaza. Les camions de vidange ne peuvent plus faire la collecte des ordures, alors les résidents les brûlent, remplissant le ciel de la fumée des feux de déchets. La principale centrale électrique municipale est aussi affectée par la pénurie, laissant les familles sans électricité pour se chauffer, s'éclairer et cuisiner. L'approvisionnement en carburant égyptien a été coupé par le nouveau régime qui a remplacé le gouvernement des Frères musulmans en Égypte. (IPS) La collecte des déchets domestiques se fait maintenant grâce à des charrettes tirées par des ânes qui peinent à fournir à la demande. PHOTO: MOHAMMED OMER/IPS

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

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un itinérant dort sous une couverture d'aluminium à trafalgar square, Londres.


LA 2e SEMAINE INTERNATIONALE dES CAMELOTS . LES 20 ANS dE L'ITINéRAIRE .

Tous les camelots du monde

15 janvier 2014 | itineraire.ca

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dOSSIER

La 2e semaine internationale des camelots pAR SyLVAIN-CLAUdE fILION

P

our une deuxième année, on célèbre à travers le monde la Semaine internationale des camelots durant la première semaine de février. Une belle occasion de rendre hommage, en plein cœur de l'hiver, au courage et à la persévérance de nos camelots qui, dans tous les sens du terme, n'ont pas froid aux yeux. C'est aussi une invitation à célébrer l'importance qu'ont pris les journaux dans la rue dans le monde depuis maintenant un quart de siècle. Avec ses 6 millions de lecteurs à travers le monde, les journaux sont devenus une force vive au service de la parole citoyenne. Pour nous, souligner la Semaine internationale des camelots prend aussi un sens particulier puisque c'est aussi pour nous l'opportunité d'inaugurer officiellement les festivités entourant le 20e anniversaire du magazine L'Itinéraire, qui a été vendu dans les rues de Montréal pour la première fois en 1994. Le 4 février a lieu l'événement «Camelot d'un jour» : des camelots postés stratégiquement au centre-ville seront entourés de personnalités du monde des affaires et de célébrités de la sphère artistique pour vendre la présente édition. Selon la liste établie au moment d'aller sous presse, notre porte-parole Maude Guérin sera notamment entourée d'Éric Bernier, Isabelle Blais, Pierrette Robitaille, Claude Legault, Guy Jodoin, Sébastien Ricard, Guylaine Tremblay, Louise Portal, Chantal Lamarre, Patrice Coquereau, Pierre Brassard, Patrick Hivon et Pénélope McQuade. Qui sait si le numéro que vous tenez entre vos mains ne vous a pas été vendu par l'un d'eux!

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itineraire.ca | 15 janvier 2014


Maude Guérin et L'Itinéraire

Réflexions d'une porte-parole Sur scène, sa Carmen répand, tel un messie, la bonne nouvelle aux marginaux de la Main : «Vous valez plus que ce que vous pensez.» Dans la vie, elle transmet le même message aux camelots de L'Itinéraire, avec une bonne dose d'humilité en plus. Porte-parole des célébrations du 20e anniversaire de L'Itinéraire, Maude Guérin partage ses réflexions sur la belle aventure dans laquelle elle se lance. pAR MARIE-LISE ROUSSEAU PHOTOS : SYLVIANE ROBINI

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lle s'amuse comme une gamine devant la photographe en compagnie de camelots pour la couverture du magazine que vous tenez entre vos mains. Coiffée de deux tresses, revêtant fièrement l'uniforme typique des vendeurs de L'Itinéraire – coton ouaté et casquette arborant le logo – elle blague, rigole et met tout le monde à l'aise. Lorsqu'on s'installe dans un lieu tranquille pour discuter, elle en a gros sur le cœur et elle ressent immédiatement le besoin de s'exprimer. «Je suis très observatrice en ce moment. Je ne connais pas encore beaucoup les camelots, mais je sais la base : ce sont des êtres humains qui veulent avoir une place en société comme tout le monde, pis c'est toute!» Si Maude Guérin a accepté d'être porte-parole de nos célébrations, c'est en grande partie pour son camelot, Jean Boisvert, à qui elle achetait déjà le magazine depuis un certain temps. Jean, qui la surnomme affectueusement «le plus beau sourire du Plateau-Mont-Royal», sollicitait l'équipe de la rédaction pour qu'on interviewe l'actrice qu'on a récemment vue sur les planches dans Les Belles-Sœurs, Le Chant de Sainte Carmen de la Main et Clôture de l'amour. Lors de notre première rencontre l'automne dernier, Maude Guérin nous a confié son attachement à son camelot. Il était donc naturel pour elle de s'engager auprès de notre organisme. «Je voulais m'impliquer complètement dans une cause et je voulais le faire dans quelque chose que je connais.»

J'ai été touchée par la solidarité entre tout le monde, par la grande chaleur qui s'en dégageait, par la grande simplicité.

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dOSSIER Les souhaits de Maude pour le 20e anniversaire de L'Itinéraire «Qu'il n'y ait plus de monde dans la rue qui ait besoin de vendre L'Itinéraire… mais ça ne se peut pas! Alors je souhaite aux camelots un peu plus de chaleur dans le corps, dans le cœur et humainement. Je leur souhaite de trouver un élément de bonheur, peut-être un emploi ou un logement… quelque chose de concret. Je leur souhaite que L'Itinéraire soit un bout de chemin qui les amènera où ils ont envie d'être.»

GABRIEL BISSONNETTE doyen des camelots et membre fondateur de L'Itinéraire, gabriel s'implique énormément, notamment en siégeant sur le conseil d'administration et en faisant partie de trois comités à l'interne.

Ça n'a pas de bon sens que des gens n'aient pas de chez eux en 2014 dans l'abondance dans laquelle on vit, surtout au Québec. Maude Guérin

Révélation

Maude Guérin était déjà touchée par la cause, mais lors de la soirée de Noël de L'Itinéraire, elle a vécu une véritable révélation. «J'ai été bouleversée ce soirlà. Énormément, insiste-t-elle. J'ai été touchée par la solidarité entre tout le monde, par la grande chaleur qui s'en dégageait, par la grande simplicité. Je voyais les camelots avoir la larme à l'œil en remerciant le groupe… J'étais émue.» Découvrant la grande famille derrière le groupe communautaire (camelots, participants aux programmes d'insertion sociale, bénévoles, partenaires, employés, etc.), la comédienne a compris qu'à L'Itinéraire chaque personne est unique. «Ils sont tous touchants à leur façon et ils ont tous des vies en arrière d'eux-autres… Ils en vivent des affaires! Et pas toujours drôles. L'Itinéraire leur donne une chance d'exister, d'être là.» Après cette soirée en compagnie de près de 200 membres du groupe où elle avoue s'être sentie «comme une étrangère venue scruter leur vie», Maude Guérin s'est réjouie lors de la séance photo de pouvoir apprendre à connaître les individus derrière les casquettes et cotons ouatés noirs. «J'apprends leur nom, je jase avec eux de leurs points de vente. On a jasé de pleins d'institutions de Montréal. Ils connaissent tellement bien la ville!»

ROBERT MéNARd Joueur d'échec de haut calibre, robert est discret mais travaille beaucoup sur lui. doté d'une grande sensibilité artistique, il s'exprime de plus en plus par l'écriture dans le magazine.

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itineraire.ca | 15 janvier 2014

JEAN-GUy dESLAURIERS Lorsqu'il est arrivé à L'Itinéraire il y a cinq ans, Jean-guy était désemparé. aujourd'hui, il s'est repris en main et se sent prêt à voler de ses propres ailes en dehors du groupe.


Et tombent les préjugés

Elle est habituée à se mettre dans la peau de personnages, mais la comédienne ne joue pas de rôle avec L'Itinéraire. Elle reconnaît, comme tout le monde, s'être posé des questions au sujet des camelots lors de ses premières rencontres avec eux dans la rue. «Combien ils gagnent? L'argent va-t-il vraiment à eux? Est-ce que ça les aide vraiment? Puis j'ai compris qu'ils sont juste là pour avoir de l'argent pour vivre, pour payer un logement et pour avoir une raison de continuer. Mais il y a encore de vieux préjugés qui disent : "Ils sont sur le bien-être et ne veulent pas travailler." C'est terrible! Faut arrêter de dire ça et comprendre qu'il y a des gens qui ne peuvent pas travailler conformément aux attentes du système.» Depuis qu'elle est porte-parole, Maude Guérin dit se sentir plus attentive et sensible. «C'est vrai que moi aussi j'en avais probablement des préjugés et je m'en veux. Peutêtre que je ne prenais pas le temps de confronter mes idées.» La comédienne, qui joue aussi au petit écran dans Mémoires vives et Toute la vérité, se montre aussi très critique envers une société qui accepte de laisser des gens de côté. «Ça n'a pas de bon sens que des gens n'aient pas de chez eux en 2014 dans l'abondance dans laquelle on vit, surtout au Québec.» En réfléchissant sur la question, la comédienne ajoute : «Ça revire vite, une vie.» Touchée par l'histoire d'une jeune fille de cinq ans qui a créé une fondation vendant des foulards rouges pour aider les itinérants, Maude Guérin réalise qu'il n'y a pas d'âge pour se mobiliser. «J'en parle beaucoup à mon fils, je l'encourage à développer des idées. C'est pas parce qu'il a 11 ans qu'il ne peut rien faire.» Son titre de porte-parole, Maude Guérin le prend très humblement. Tout au long de notre échange, elle souligne qu'elle ne prétend à rien. «J'essaie juste de faire ma petite affaire pour vous aider, de parler de vous le plus possible.» Sa «petite affaire», elle l'accomplit déjà haut la main, car elle y met du cœur ainsi qu'une grande dose de sensibilité.

fRANCE LApOINTE camelot et aide-cuisinière au café L'itinéraire, France est récipiendaire du prix de la directrice générale adjointe 2013 soulignant le cheminement qu'elle a accompli au cours de l'année.

Maude Guérin et picolo Résidente du Plateau-MontRoyal, Maude Guérin côtoie quotidiennement l'itinérance. Elle s'est sentie particulièrement émue lorsqu'elle a appris le décès de Picolo, un jeune itinérant très connu dans le quartier. «C'est un gars que j'ai beaucoup côtoyé, à qui j'ai donné des sous. C'est venu me chercher, je n'y croyais pas, je me suis dit que ça pourrait être mon fils.» La comédienne établit un parallèle entre la place que les artistes comme elle et les itinérants ont dans la société. «Nous, on se fait reconnaître parce qu'on fait de la télé. Les gens ont l'impression qu'on est dans leur salon. C'est la même chose avec les gens dans la rue qu'on voit tous les jours; on a l'impression de les connaître parce qu'ils font partie de notre quotidien.»

Je ne connais pas encore beaucoup les camelots, mais je sais la base : ce sont des êtres humains qui veulent avoir une place en société comme tout le monde, pis c'est toute! Maude Guérin

fRANCk LAMBERT cultivé, intelligent et blagueur hors pair, Franck est reconnu à L'Itinéraire pour ses écrits introspectifs, à la fois personnels et touchants.

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dOSSIER

CAMELOTS AUx 4 COINS dU MONdE

Il était une fois les journaux de rue…

Aux quatre coins du monde, des camelots sont présents pour vendre un produit unique en son genre : un journal de rue. Ils sont la courroie de transmission d'une information engagée portée par un réseau solidaire. Dans le cadre de la semaine internationale des camelots, L'Itinéraire vous présente quelques-unes de ces personnes qui œuvrent quotidiennement à inspirer le changement partout dans le monde. TRAdUCTION : dAVId pATENAUdE

Le magazine L'Itinéraire fait partie d'une famille internationale qui ne cesse de s'agrandir. En cette semaine internationale des camelots des journaux de rue, voici la petite histoire d'un grand mouvement…

e Jeepney Emily Villamor | Th

pAR MARIE-LISE ROUSSEAU

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Photo : The Jeepney

I

Y,

LL A, THE JEEPNE

pAR REAh MEdENI phILIppINES

Erica phillips | The Big Issue South Africa

Photo : The Big Issue South Africa

l était une fois un groupe de sans-abri new-yorkais qui en avaient assez des faussetés publiées à leur sujet dans les médias traditionnels. À l'époque, de nombreux journalistes dépeignaient les personnes itinérantes comme des criminels toxicomanes et décrivaient leur état comme étant le résultat de paresse plutôt que de problèmes sociaux et politiques. Pour remettre les pendules à l'heure, ce groupe a fondé Street News, le premier journal de rue, en 1989. Street News a fait des petits. Au début des années 90, de nombreux journaux de rue ont vu le jour dans les grandes villes des États-Unis. Le mouvement a immédiatement fait des vagues de l'autre côté de l'Atlantique, principalement en Europe de l'Ouest. En 1994, la même année où L'Itinéraire publie sa première édition, l'International Network of Street Papers (INSP) est fondé dans le but de consolider le mouvement des journaux de rue. Les journaux de rue sont des publications indépendantes fonctionnant sous le modèle de l'entreprise d'économie sociale. Ils représentent une solution à la pauvreté urbaine et à l'itinérance. Les camelots achètent les magazines à la moitié du prix de vente. Cela fait d'eux des micro-entrepreneurs. Ils vendent leur produit sur la rue ou dans les stations de métro afin de gagner un revenu d'appoint et d'améliorer leur qualité de vie. En plus de leur donner un emploi, les journaux de rue membres de l'INSP offrent à leurs camelots du soutien et des services psychosociaux.

ily Villamor a comLorsque la camelot Em rnal de rue The Jeepney mencé à vendre le jou pérait de petits aux Philippines, elle es e ne s'attendait pas ell is changements, ma ent transformée. à voir sa vie complètem a rencontré une Emily Alors qu'elle vendait, n nationale qui non célébrité de la télévisio son amitié, mais aussi seulement lui a offert n. «Maintenant, j'aime une nouvelle dentitio tie s agréable. Je ne balbu sourire. Manger est plu .» ale éci une cliente très sp plus. Tout cela grâce à

Erica Phillips, 66 ans, vend le journal The Big Issue South Africa depuis sept ans, depuis la perte de sa vision et, conséquemment, de son travail de bureau. Vendre The Big Issue à Cape Town a perm is à Erica de se remettre sur pied. Elle est sur le point de se lancer seule en affaires. pAR ERICA phILLIpS, THE BIG ISSUE SOUT H AFRICA, LE CAp, AfRIQUE dU SUd


Nelson Carvalho, 43 ans, est camelot pour le journal de rue Aurora de Rua, à Salvador, au Brésil. Il fut éprouvé par l'éclatement de sa famille, la maladie, la dépendance ainsi que l'itinérance, mais l'amour de ses enfants et sa détermination implacable l'ont aidé à reprendre sa vie en main. Désormais, il aide à répandre le message que les personnes itinérantes sont des êtres humains comme tout le monde. Il est un camelot populaire tout comme un père dévoué. AURORA DE RUA, BRÉSIL

Marjan horvat | Kralji Ulice

Photo: Kralji UIice

Photo : Aurora de Rua

Nelson Carvalho | Aurora de Rua

Par le passé, Marjan Horvat a eu un lourd problème d'alcoolisme, mais il a réussi à devenir sobre et à reprendre le contrôle de sa vie grâce au journal de rue slovaque Kralji Ulice («Rois de la Rue»). Bien qu'il soit maintenant en joyeuse retraite dans son logement, on l'aperçoit régulièrement sur les rues de la capitale, Ljubljana, à attendre avec hâte ses clients et à aider ses collègues camelots. , SLOVéNIE

pAR MIRJAM GOSTINCAR, KRALJI ULICE

Photo : StreetWise

Murry Mills | StreetWise Murry Mills, camelot pour le journal StreetWise, a fait l'expérience de la rue dès le jeune âge de 13 ans, lorsqu'il s'est mis à consommer de la drogue. Aprè s des années d'itinérance, d'incarcération et de difficultés financières pour supporte r sa famille, il savait qu'il devait se reprend re en main. Il est arrivé à StreetWise il ya environ 20 ans. L'organisme lui a perm is de survivre en toute dignité.

Michael Johnson | Real Change

BRITTANy LANGMEyER, STREET WISE, ChICAGO, éTATS-UNIS

Photo : The Big Issue UK

de rue The Lorsqu'il n'est pas en train de vendre le journal uivre pours à Peter uver Big Issue in Glasgow, on peut retro es collin les dans air plein en sa passion : se promener hesdans les Highlands. Il fait régulièrement des marc ismes organ des pour fonds des illir recue de afin fice béné Issue Big The que e communautaires écossais et il affirm lle je me Scotland a été «une bouée de sauvetage à laque s». main deux à suis accroché

Photo : Jon williams

peter | The Big Issue in Glasgow

Camelot pour le jou rnal Real Change, Michael Johnson altern e entre la rue et des domiciles fixes de puis une trentaine d'années. Une enfan ce marquée par l'abus l'a précipité da ns une existence de surconsommation de drogues et d'alcool, aboutissant au développement de troubles de santé mentale et à du temps derrière les barreaux. Son implication auprès du journal de rue Real Change à Seatt le, dans l'état de Washington, l'a aidé à reprendre sa vie en main. «Je veux tra vailler avec des gens qui sont défavorisés. Je vais faire les bonnes choses pour m'aid er moi-même, et du même coup, j'aiderai quelqu'un d'autre.» pAR MIkE WOLd, REAL CHANGE, SEATTLE, éTATS-U NIS

THE BIG ISSUE UK, GLASGOW, ÉCOSSE

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dOSSIER

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Nombre de journaux de l'INSp par pays.

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L'INSP EN CHIFFRES 41 pays 123 journaux de rue 14 000 camelots 24 langues 6 millions de lecteurs

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LA MISSION OLd BREWERy A 125 ANS

Matthew pearce aimerait devenir inutile Ce mois de février frisquet marque le 125e anniversaire de la Mission Old Brewery, un des principaux refuges pour les personnes itinérantes de Montréal. Pour l'occasion, L'Itinéraire a rencontré son président-directeur général, Matthew Pearce. Il nous parle de son parcours à travers le monde, de son ambition de mettre fin à l'itinérance à Montréal et de son impatience de voir les choses changer. pAR SIMON CORdEAU

M

atthew Pearce fouille dans son bureau. «Je crois en avoir une quelque part.» Son bureau n'est ni vraiment grand, ni en désordre. Mais il cherche un vieil objet. Un artéfact d'une autre époque. «Ah oui, voilà!» Derrière une pile posée contre une des baies vitrées donnant sur la rue, il retire un petit cadre. Une photographie noir et blanc se trouve derrière la vitre. Un itinérant en chaise roulante, dans une rue, fait face à un mur de dépanneur, «Lorsque l'on offre sous une pancarte Coca-Cola. un lit et un repas, deC'est une photographie qu'il a prise on aide. Mais on à l'époque où il encourage aussi étudiait les scienpolitiques et les gens à rester ces l'histoire à Halifax, en Nouvelle-Écosse. dans le cercle «L'appartement que vicieux de la rue. Il j'avais était dans un assez paufaut faire plus». voisinage vre, se souvient-il. Des personnes itinérantes circulaient

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vivre de la tolérance, c'est une toute autre chose», précise-t-il.

Retour à Montréal

Lassé du tumulte des aéroports, il revient s'établir à Montréal au milieu des années 2000. Il se questionne alors sur la responsabilité des entredans le parc devant chez moi.» Pho- prises envers la société et met sur tographe amateur, il décide un jour pied un site web sur le sujet. «C'était de suivre leur évolution au fil de la surtout pour ouvrir la discussion.» journée et de croquer leur portrait. Ensuite, au moment où il cherche «J'avais peut-être des préjugés, com- à travailler dans le milieu commume la plupart des nautaire, il apprend personnes en ont.» que la Mission Old «On ne peut Le PDG de la MisBrewery se cherche sion Old Brewery un PDG, en 2008. pas empêcher (OBM) aime con"Au départ, je fronter ses préju- quelqu'un de vivre n'étais pas très ingés. Ses études lui téressé, admet-il. des malheurs, ont ouvert l'esprit J'avais en tête que mais on peut sur le monde, sur l'OBM est un refuge des perspectives et une soupe popul'empêcher de et sur des valeurs laire. C'est impordifférentes. Il se rester dans la rue tant, ces services. fait ensuite globeMais je pensais «si la trotter, sac au dos, pendant des mois job est juste de faire avant de se reune resou des années». fonctionner trouver à Jeunesse source qui aide les Canada Monde. gens dans la rue, ce Comme superviseur de projet, il as- n'est pas pour moi".» sure le fonctionnement d'échanges Il prend tout de même la peine internationaux entre jeunes d'ici et de se renseigner et s'aperçoit que, d'ailleurs. depuis peu, l'organisme a lancé des «L'important, c'est de confronter ses projets d'accompagnement qui aivaleurs, et de questionner les choix dent les gens à sortir de l'itinérance. qu'on a fait.» Après 22 ans dans L'OBM ne s'intéressait donc pas cet organisme, où il est passé par seulement à soulager cette réalité. «presque tous les postes» jusqu'à celui «Je me suis dit : "ça, c'est quelque de PDG, c'est ce qu'il retient de son chose qui peut m'intéresser!"» aventure avec la jeunesse de partout Cette idée de solutionner à travers le monde. «On veut être l'itinérance à Montréal, Matthew ouvert. On valorise la tolérance. Mais Pearce la met au centre de la


C'était en 1890. Un hiver très vigoureux donne l'idée à deux femmes de Westmount, Mina Douglas et Eva Findley, d'accueillir des sans-abri dans un endroit chaud et avec un bon repas. Ainsi naît la Mission Old Brewery. À l'époque, elle aidait surtout des hommes d'âge mûr, souvent alcooliques. Aujourd'hui, le visage de l'itinérance a changé : jeunes, moins jeunes, femmes, problèmes de santé mentale, toxicomanie... ce qui a nécessité un changement d'approche, selon Matthew Pearce, son président-directeur général. Mission Old Brewery. «On ne peut pas empêcher quelqu'un de vivre des malheurs, mais on peut l'empêcher de rester dans la rue pendant des mois ou des années», affirme-t-il avec certitude. Cela peut sembler ambitieux, mais il le voit comme un défi personnel. Il se montre même impatient. «J'ai 59 ans. Je ne veux pas passer à la retraite et dire que l'itinérance est au même stade que lorsque je suis entré à la Mission. Et je ne veux pas travailler jusqu'à 80 ans.»

fermer la Mission Old Brewery

Après cinq ans en poste, M. Pearce se dit satisfait de son bilan jusqu'à maintenant. «On n'est pas encore arrivés à destination, mais on a une bonne idée de comment s'y rendre.» Son ambition? Fermer le refuge d'ici quelques années. «Cela peut paraître impossible aujourd'hui. Que vont faire les gens? Mais la réalité sera différente.» Déjà, ceux qui sollicitent un lit à l'OBM pour une première fois n'ont pas accès aux dortoirs. Ils sont plutôt amenés dans un centre résidentiel d'évaluation et de référencement. Le but : s'attaquer au problème dès la première nuit pour éviter que l'itinérance ne devienne chronique. Parmi ses projets, il y a aussi celui d'augmenter le nombre de loge-

ments abordables, qui font le pont entre l'itinérance et l'indépendance. «Lorsque l'on offre un lit et un repas, on aide. Mais on encourage aussi les gens à rester dans le cercle vicieux de la rue. Il faut faire plus», explique-til. La Mission se concentrera donc à faire sortir ses usagers de la rue, toujours en gardant en tête les trois piliers de son approche : la santé, le logement et le soutien. Matthew Pearce insiste sur l'importance d'agir. «Ce n'est pas suffisant de faire des bonnes choses. Il faut faire des bonnes choses qui font une différence.» En discutant de la nouvelle politique provinciale sur l'itinérance, il énonce le même constat. «Il ne faut pas que ça reste sur les tablettes. Il faut passer à l'action, et que le gouvernement débloque les ressources nécessaires.»

PHOTO : OLIVIER LAUZON

Il était une fois l'OBM…

assiette devant quelqu'un. C'était son fils, avec qui il avait brisé les liens. Il ne lui avait pas parlé depuis des années. Et là, il voit... son fils!», raconte-t-il, encore ébahi. Il en profite pour rappeler que personne n'est à l'abri de l'itinérance. Pourquoi cet engagement, ce dévouement pour la cause? M. Pearce admet volontiers être égoïste. «Je le fais parce que c'est valorisant. Et lorsque je serai dans ma chaise berçante, je veux pouvoir me dire que j'ai fait ma part.» Bel égoïsme.

matthew pearce est un homme ambitieux. parmi ses projets : solutionner l'itinérance et fermer les portes de la mission old Brewery.

Bel égoïsme

Le directeur parle de tous ses projets avec la plus grande assurance. Il semble être habité d'une force tranquille, naturelle. Pourtant, il a son lot d'anecdotes émouvantes ou difficiles à raconter, depuis qu'il est à la Mission. Devant les malheurs des plus démunis qui fréquentent son organisme, il ne cède pas aux sentiments de pitié ou d'impuissance; il est plutôt prêt à aider et il cherche des solutions. Il raconte une histoire en particulier, où un homme était venu servir le souper bénévolement, avec des collègues de travail. «Il a déposé une

La Mission Old Brewery en 2012 Plus de 4 000 usagers 269 191 repas servis 33 593 articles vestimentaires donnés 118 153 nuitées dans ses refuges et chambres de transition 89 logements subventionnés 636 usagers sortis de la rue

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Votre solution pour faire les bons choix  EXPERT

INDÉPENDANT

PRATIQUE


LES MOTS DE

cameLots

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Confidence pour confidence

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ChEMIN fAISANT

La peur d'en manger toute une par pierrette

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hORS pISTE

Ma vision du hockey

PHOTO: BEERLOGOFF / 123RF STOCK PHOTO

par Linda pelletier


LE CŒUR

Confidence pour confidence Pouvoir ouvrir son cœur, confier ses secrets, s'exprimer en toute liberté, voilà ce qui est souvent le plus précieux dans la vie. Nos camelots nous parlent de leurs confidents.

Vieille complicité

La famille porte-bonheur

x enfants, Ma femme. J'ai aussi deu ée, ce qui sont adultes. Cette ann dehors en sera la première année Il . fils n mo de la maison pour r ça pou st C'e ile. fic trouve ça dif espoir nd gra de ël No un ait que c'ét s nou pu pour moi : nous avons se cho la t c'es ille, réunir. Et la fam Et . vie la s dan e ant la plus import je suis je ne dis pas ça parce que

. amelots. Christian Entre c 'est

,c nfident à Mon co est camelot l I mon . e t ll s e 'e t Ra ussi. C a e ir fident. a r n L'Itiné mi et mon co a oi. meilleur naît tout de m e n u o lq c e u il q Lui, nfie je lui co i dis de ne d n a u Q lu t que je u'il ne chose e éter, je sais q ép pas le r

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que c'est un vieillard, mais parce famille, ne bon une vrai. Si tu as a ser vie la s dan ta chance re. illeu me DEL WILKEY Camelot, métro Peel

C'est mon ancien chum Noël qui est mon confident. Ça fait au moins 25 ans que je le connais. C'est par des amis que je l'ai connu, quand j'étais jeune. On est des amis proches. Donc, quand on a des hauts, des bas, on se parle tous les deux. On dialogue, et ça nous aide à passer à travers les moments difficiles.

Trois valent mieux qu'une

Moi, c'est ma mè re. Ma mère, je lui confie toujo urs tous mes soucis. Elle a de l'e xpérience et elle a 95 ans. Elle en a vu passer de l'eau en dessou s du pont! Il y a aussi une de me s sœurs. C'est à elle que je me co nfie le plus. Et à L'Itinéraire, c'e st Geneviève

. Ça, en lui. era pas le répét J'ai confiance ! r c'est sû ASSON NNE M RÉJEA e naudièr t, Camelo t-Royal/de La on angle M

JOHANNE BESNER Camelot, angle Amherst/ Sainte-Catherine

ma confidente. Ce que je lui dis, ça me fait du bie n après. Elle m'encourage. SYLVAIN CLOT Camelot, angle Saint-Denis/ Onta

rio

Le Sauveur

Jésus-Christ. Jésus-Christ que est mon confident, parce je que ne c'est la seule person A de t naî con connaisse qui me t naî con Il . suis je me à Z, com mes tes tou et ces for s me toutes up! uco bea a faiblesses. Et il y en et t ple com au Il me connaît confie c'est pour ça que je me à lui.

NICOLAS PLOUFFE yal/ Camelot, angle Mont-Ro Saint-Denis


Comme un frère

La nuit a des oreilles et Mes deux meilleurs amis nant, inte ma mère. Jusqu'à ma me de ant Av ça porte fruit. t nui la ais j'av , eux à confier que la dit On r. fie con me r pou t vrai. nuit porte conseil et c'es s qui gar un pas Moi, je ne suis un suis Je up. uco bea se confie ême. i-m mo sur mé fer ren peu oin Par contre, quand j'ai bes

trois d'en parler, je vais voir ces ente, fid personnes-là. Comme con te nan rve j'ai aussi eu une inte ut, c'était pendant 12 ans. Au déb nant, il y a inte ma is ma , ale la princip les autres. GABRIEL PHANEUF Camelot, métro Berri-UQÀM

C'est un de mes amis de longue date, Stéphane. On se considère un peu comme fr ères, l'un et l'autre. Quand j'a i des périodes qui sont un peu plu s difficiles, souvent je vais all er le voir, et c'est lui qui me re monte le moral. Même chose pour moi : quand je vois qu'il ne va pa s bien, je m'en vais chez lui et on se remonte le moral. Au tout dé but, on était

Ma confidente, c'e st une bonne fois, on est un pe amie à moi. C'est u confidents de une de mes rue aussi. Une fe clientes, mais je l'a mme m'a confié i connue avant que son fils s'éta que je devienne ca it suicidé. Je l'ai melot. C'est référée à Deuil-S ma confidente, pa ecours. rce que son fils est atteint de la même maladie BENOIT CHARTI que moi : l'agoraph ER obie. Elle a Camelot, écrit un livre, L'a goraphobie : métros Frontena une prison sans ba c et Radisson rreaux. Des

n Mon confident, c'est Yvo de t elo cam un Massicotte, naît L'Itinéraire. Lui, il me con , ans nte depuis à peu près tre ici. ts elo cam avant qu'on soit Donc, Il me connaît de A à Z. nd qua , ère mis la de j'ai quand oin bes j'ai j'ai des soucis et que

DENIS TRUDEA U Camelot, angle Saint-André /de Maisonneuve

Aide invisible

Partager la maladi e

30 ans de confidences

des collègues de travail. Quand on a quitté l'emp loi, j'ai aimé qu'on ne se soit pas pe rdus de vue. C'est là que notr e amitié s'est développée.

Moi, mes confidents, c'est Dieu, et ma mère et ma sœur qui sont décédées. Quand ça va mal ou que j'ai besoin d'aide, je les invoque. J'envoie : «Aweille maman, aide-moi!», et ça me fait du bien. Même s'ils ne sont plus là physiquement, ils sont là dans la tête ou ils sont invisibles. Donc, ça m'aide beaucoup. Ce sont mes confidents à moi.

Ils me disent tout le temps : un mal, c'est pour un bien. JOSEPH CLERMONT Camelot, métro Papineau

Lettres de confidences d'en parler, c'est à lui que confie. NICOLE GIARD Camelot, métro Longueuil

je me

Deux profs de l'Atelier des lettres, Martine et Noémie. J'apprends à lire et à écrire, pour me perfectionner. J'ai un ami de cœur, et quand je veux lui écrire des lettres, je passe par elles. Elles m'aident à structurer un peu ce que je veux dire, pour que ça soit plus beau. Ce que j'écris, souvent, ça sort du profond creux intérieur,

et quand mes profs mettent des virgules, des mots, tout ça, elles me font prendre conscience de ce que j'écris. Elles sont vraiment gentilles et attentionnées. CYBELLE PILON Camelot, angle Plessis/Ontario

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Mots de camelots

L'amour des femmes Bob Bérubé Préposé à l'entretien

La Saint-Valentin! L'amour! Les femmes! Pour moi, tous les jours, c'est la Saint-Valentin, parce que chaque jour, je rencontre des femmes différentes dans mon entourage et c'est comme un cadeau. Elles me plaisent toutes : les blondes, les brunes, les noires, les rousses, j'adore les rousses! J'ai le tour de parler avec les femmes, je m'intéresse à ce qu'elles vivent. J'aime les charmer, les faire se sentir belles, les encourager. Je suis un distributeur de bonheur. Je me sens à l'aise avec les femmes; leur instinct maternel m'attire et me motive à foncer, à aller de l'avant. C'est spécial, une femme! Et je vois bien qu'elles m'apprécient, qu'elles m'aiment et je grandis à leur contact. À l'occasion de la Saint-Valentin, prenez le temps de dire à une femme que vous l'aimez et qu'elle est belle, même si vous n'avez pas d'amoureuse.

Anticonformisme

Refaire surface Michel Dumont Camelot, angle Mansfield/René-Lévesque

Chers lecteurs et lectrices de L'Itinéraire, je vous salue. Comme vous avez pu le constater, j'ai dû suspendre quelques activités comme celle d'écrire et j'étais moins présent à mes spots de vente. Pourquoi? Premièrement, en janvier 2012, j'ai perdu ma chambre, mais par contre, j'en ai retrouvé une autre et devinez où. Au-dessus d'un bar de danseuses! De plus, j'ai trouvé un emploi dans le domaine des portes et fenêtres. Si vous voulez avoir une estimation gratuite, venez me voir et vous serez bien servi. En outre, j'ai fait une chute et je me suis blessé à l'épaule et au bras droit. Et cerise sur le sundae, le 31 mars, j'ai été victime d'un enlèvement par une personne de sexe féminin qui m'a kidnappé chez elle. Et savez-vous quoi? C'est une de mes clientes de L'Itinéraire. Avouez une chose : je ne suis pas seulement capable de vendre mes revues, mais aussi de vendre mon corps. Haha! Donc, j'ai dû prendre un recul à cause de toutes ces raisons, afin de me gaver de bonnes résolutions pour refaire surface.

Texte de : EFFE ELLE, Pierrette, Jocelyne Bourgeois, Josée Cardinal, Guylaine Franchin, Louise Hébert, Johanne Besner, Célias Rojas-Viger, et France Lapointe

Le 23 octobre dernier, une belle rencontre a eu lieu entre le comité femme de L'Itinéraire et les femmes du journal L'Expressive du Centre d'Éducation et d'Action des Femmes de Montréal (CÉAF). Le CÉAF est un organisme communautaire pour femme situé dans le quartier Ste-Marie et qui fût fondé en 1972. La mission de l'organisme est de briser l'isolement des femmes, de leur donner la chance d'entreprendre des démarches visant l'autonomie et la prise de pouvoir sur soi. De plus, le CÉAF encourage et soutien les femmes pour leurs implications dans leurs milieux et milite pour la défense des droits des femmes. La rencontre entre le comité femme de L'Itinéraire et le CÉAF avait pour but de créer un écrit collectif sur le thème de l'anticonformisme. Ce thème est aussi le sujet principal de la présente édition du journal L'Expressive du CÉAF. Il faut mentionner que cet acrostiche a été créé sans contraintes et donc il reflète la vision de l'anticonformisme vécu par ces femmes. En tout, neuf femmes ont participé à la rencontre en travaillant en équipe afin de pouvoir vous présenter cet acrostiche qui sonne comme une tonne de briques!

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Arriver à briser le pouvoir destructeur néolibéral, arrêter le corrompu qui pue Non à la normalisation et l'humain unique; la différence est une richesse de l'humanité, augmentons le nombre de femmes combatives! Tenir en tête la possibilité de changement sociopolitique positive Insurgeons-nous face à l'inconfort de l'injustice ! Contre le pouvoir néolibéral, cherchons le concept de la nouvelle pensée. Comment les femmes vont-elles être entendues? Ouvrir la place aux gens de la marge. Organisons-nous avec notre énergie positive ! Nourrir le combat des femmes pour arrêter l'injustice, nous devons briser le conformisme Femme et féministe on nous dit folles... Faim, feu, force et fortes, Originales, ovules, ouvertes, orages, organisation, orgies, opposées, Reflet, révolution, rythme, rigodon, rue, rustre, regard, Maladie, manifestation, mélodie, maux, mots, malaise, misère, mourir, masque, masse, manière, Isolées, immigrées, informées, interrogées, incomprises, insoumises, indignées, inégalité, itinérantes, Seules, sortir, souffrir, surconsommation, société, satiété, sexiste, Misère, mixité, minorité, monter, malversation, mur, mouvement, Explosion, élection, énergie, évincer, ensemble, exploitation, égalité et ériger.


chemin faisant

La peur d'en manger toute une PAR PIERRETTE | Chroniqueuse de rue

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a violence envers les enfants est un désastre qui règle qui ne laissent pas de marques sur les bras de sa bousille leur vie. Je traite ici de la violence des pa­ fille, mais celle-ci sent la plus grande charge de violence rents vis-à-vis de leur progéniture. Pour les agres- provenant de sa mère ainsi qu'un grand rejet. La violence seurs, tous les prétextes sont bons pour agir ainsi, pour verbale et psychologique laisse des bleus au cœur, car ce eux c'est la faute de la victime. Exemple : au repas, le sont des mots qui tuent la vie intérieure de l'enfant. jeune assis à la table regarde son père, celui-ci lui crie Les conséquences de ces violences sont nombreuses et «Qu'est-ce que tu as à faire cela, arrête sivarient d'un enfant à l'autre. Ça peut être non...», et il étend son bras en le menaau niveau de ce qu'il ressent. L'image de La violence çant de le frapper. lui-même est négative, car il a intégré Les tensions sont présentes conti­ celle que ses parents lui ont donnée. Il verbale et nuellement à l'intérieur de l'enfant, n'a pas confiance en lui ni aux autres. Il psychologique car il ne sait pas à quel moment la vioest anxieux, il sursaute au moindre petit lence peut éclater. Exemple : le jeune bruit dans son environnement. laisse des bleus a peur lorsque son parent est dans la Ça l'influence au niveau de ses commême pièce que lui, car il ignore si portements. Un enfant effacé qui est au cœur, car ce c'est aujourd'hui ou demain qu'il va en la victime des autres à l'école, ou au sont des mots manger tout une. L'enfant est comme contraire c'est celui qui veut toujours une éponge, il n'a pas de filtre prose battre ou imposer ses volontés aux qui tuent la vie tecteur, alors il se voit selon l'image autres. Il a des difficultés scolaires à que ses parents lui reflètent. Le jeune cause de problèmes de concentraintérieure de préfère croire qu'il est nul, qu'il mérite tion ou de manque de motivation. l'enfant. la violence, plutôt que de penser que Il est perfectionniste par peur de se son parent ne l'aime pas, car cela est faire chicaner, cela pouvant le mener inacceptable. Il peut souhaiter en manger toute une, à ressentir des anxiétés très fortes par crainte de ne malgré son immense peur, car il espère que son parent pas réussir. Vers l'adolescence et parfois même auen faisant cela se décharge de toute sa violence, et que paravant, certains vont trouver refuge dans l'alcool ou par la suite il l'aime. les drogues pour se couper des douleurs intérieures La violence peut être physique (coups, rentrer dans ressenties. un mur, attacher), verbale (cris, changer de ton, injures, Les violences répétitives s'accumulent de jour en jour menaces, ordres) ou psychologique : dénigrer, critiquer, et viennent se loger dans la personne, car c'est comme renvoyer à l'enfant une image d'incompétence, etc. Il d'inscrire en elle qu'elle ne vaut pas la peine d'exister. La y a souvent plus qu'une seule sorte de violence présente. violence laisse des séquelles négatives chez l'enfant et Peu importe l'intensité de la violence physique, elle cela a même des conséquences devenu adulte. Alors si vous soupçonnez qu'un enfant est violenté, apporte tout de même des répercussions négatives. Exemple : une mère donne des claques et des coups de intervenez!

15 janvier 2014 | ITINERAIRE.CA

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MOTS dE CAMELOTS

La fête de l'amour

La vente et moi

LUC TANGUAy Camelot, marché Maisonneuve

GAéTAN VAILLANCOURT Camelot, angle Sanguinet/Sainte-Catherine

Qu'est-ce qui se passe avec moi pour la Saint-Valentin? Cette année, cela tombe un vendredi. Donc, je serai au marché Maisonneuve à travailler comme d'habitude. J'en profiterai pour souhaiter une bonne fête à ma clientèle et lui dire que je l'apprécie. Pour moi, ce jour est surtout la fête de l'amour : l'amour de ma famille, de mes amis et des gens que je côtoie en général. C'est important de dire aux gens qu'on les aime, car sans l'estime de mes clients et clientes, je ne survivrai pas. Quand quelqu'un me dit que mon sourire lui donne de la joie pour toute la journée, cela fait ma journée aussi. Certaines personnes n'ont que moi à qui parler et je me dois donc d'être aimable avec elles. En cette journée, pensez à faire plaisir à quelqu'un près de vous et bonne SaintValentin à tous et à toutes.

Bonjour, chers amis. Je vais vous parler du quotidien des camelots. Enfin, le premier du mois arrive! Voilà l'occasion de faire des sous avec L'Itinéraire. Une fois, j'ai vendu 39 magazines en cinq heures. Je n'en avais que 40 avec moi, mais j'aurais pu en vendre encore cinq autres si j'en avais eu plus! J'ai fait 120 $ de profit. Par contre, la plupart des camelots en vendent environ 25 par jour. Certains endroits sont plus populaires que d'autres et certains camelots peuvent donc vendre jusqu'à 50 à 60 magazines par jour. Ça fait bientôt deux ans que je vends L'Itinéraire six jours par semaine, cinq heures par jour. Avec les sous que je gagne, je m'achète une passe d'autobus de 124 $, RiveSud et Grand Montréal. En général, ça me prend cinq jours pour la payer. Et aussi, puisque je suis camelot, je mange souvent au café de L'Itinéraire. Souvent, je mange un déjeuner à 3 $. Ce n'est vraiment pas cher et c'est bon. Grâce à ça, je sauve un repas par jour.

20e anniversaire BENOÎT ChARTIER Camelot, métros Frontenac et Radisson

Le 20e anniversaire du magazine L'Itinéraire s'en vient à grands pas. Ça passe vite! Camelot depuis six ans, j'étais là pour le numéro spécial du 15e. J'avais un texte dedans. Que de souvenirs! L'Itinéraire a changé, non, a sauvé ma vie. Il a permis de briser ma solitude, m'a permis de me faire des amis. C'est un magazine pour aider et être aidé. Et le nouveau rédacteur en chef et la nouvelle équipe font un travail exceptionnel : on vend un magazine encore plus beau, de plus en plus professionnel. On a vu aussi beaucoup de changements : l'augmentation du nombre de camelots, même si certains sont peu actifs, et la diminution du nombre d'employés. Cela fait en sorte qu'on mise de plus en plus sur les camelots, ce qui nous force à nous autodiscipliner davantage. Personnellement, je pense que c'est excellent! En terminant, je rends hommage aux camelots qui ne sont plus de ce monde, et qui m'ont formé à la vente. Merci.

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itineraire.ca | 15 janvier 2014

Le confort du foyer MAThIEU LALIBERTé Camelot, angle Bernard/Bloomfield

Ça fait déjà plus d'un an que je vends L'Itinéraire dans Outremont. Dans ma vie, j'ai habité dans plus de 25 logements dans différents quartiers, mais, étrangement, jamais dans Outremont. Disons que les secteurs où j'ai vécu seraient certainement qualifiés de plus… heu… modestes. Outremont m'offre chaque jour l'occasion de méditer sur les marquages des classes sociales. Au détour d'un comédien, d'une journaliste ou d'un politicien bien connus, les différences d'origine et de condition se remarquent à une foule de détails. Les façons dont les gens marchent, ce qu'ils portent, les voitures qu'ils conduisent, le teint de leur peau et leur bien-être physique apparent, ce qu'ils achètent à l'épicerie (j'en sais quelque chose, je vends face au marché local) sont autant de signes qui ne mentent pas. Un simple exemple, les gens achètent des bûches pour le foyer à la tonne, alors qu'on n'en vend même pas à l'épicerie de mon quartier. Comme quoi on n'a pas tous la chance d'avoir un foyer au sein de son foyer.


hORS pISTE

Ma vision du hockey pAR LINdA pELLETIER | Chroniqueuse de rue

D

'emblée, je dois vous dire que je finis les bâtons. Pour seul équipement, n'aime pas le hockey et que je les joueurs auraient une paire de gants Finies les n'y connais rien. Ce que je sais, de boxe. Pas même de casques, comme rondelles, finis les ça on entendrait mieux les insultes qu'ils c'est que deux équipes adverses doivent rentrer une minuscule rondelle crient en se battant sur la patinoire. Ils bâtons. Pour seul se dans le filet de l'adversaire ; mais j'ai auraient le droit de se donner des coups l'impression qu'ils font tout sauf essayer équipement, les partout, sauf au visage et sur la tête. Les de la rentrer dedans. J'ai travaillé au spectateurs aiment la violence, mais ne joueurs auraient souhaitent pas qu'ils s'entretuent! Du restaurant de Butch Bouchard, mais personne n'y jouait au hockey, nous moins, je l'espère. une paire de y servions plutôt des steaks et des Je rebaptiserais l'équipe « les Canahomards. Je connais Maurice Richard, dienboxe de Montréal ». Et le sport gants de boxe. j'en ai entendu parler en tant que légense nommerait : La soirée de boxede, comme René Lévesque, sauf que hockey. Ce serait violent, tout lui fumait beaucoup moins. Je sais aussi que les joueurs le monde serait content. Au lieu d'avoir des se battent à grands coups de commotions cérébrales. commotions cérébrales, leur espérance Pour ma part, je n'en voudrais pas de leurs millions de vie pourrait augmenter de deux à si c'est pour devenir un légume. trois ans, car je suis certaine que par Il y a deux semaines, j'ai dû aller à l'hôpital. habitude, il y en aurait des joueurs Je suis arrivée vers dix heures et fut libérée qui en donneraient et en manà dix-huit heures trente. C'est pour vous geraient des coups sur la tête dire qu'à dix-huit heures une partie de ... sauf qu'ils seraient expulsés hockey commençait. N'ayant rien pour toujours. de mieux à faire que d'attendre J'ai pensé à une autre solution. Les après mon médecin, j'ai re- joueurs auraient de grosses rondelles gardé la partie. Hé bien, dix en caoutchouc mousse, de la grosseur secondes de jeu, crac! Un d'un ballon de football, mais ronde. Le footjoueur reçoit un coup de bâ- ball, ç'en est un autre sport que je ne connais ton sur le tibia. On le retire de la pas, sauf qu'il me fait rire : une gang de gars très patinoire, le commentateur dit à peu charpentés, tous accroupis, encastrés les uns dans près ceci : «Tel joueur a une fracture au les autres, pour attraper un ballon, plutôt petit comtibia, nous ne savons pas quand il pourra paré à la façon dont ils sont bâtis, je trouve ça drôle, mais revenir au jeu.» Et le jeu continue. un peu équivoque. Donc, la grosse rondelle et un gros Je me demande pourquoi la population aime bâton en caoutchouc mousse. tant les Canadiens. Un, ça fait longtemps que ce ne Dès leur première bataille, ils seraient si ridicules qu'ils sont plus des « Canadiens » et deux, on voit plus de ne se battraient plus jamais. Hum ...mauvaise idée. Les batailles que de jeu. Le banc des punitions est toujours spectateurs veulent du sanglant, de la violence. Non, ça plein. On dirait qu'ils sont plus souvent en pénitence que serait drôle, mais ce n'est pas ce que recherchent les fersur la glace. De vrais enfants! vents du hockey. S'ils veulent rire, ils iront plutôt voir un Si c'était moi qui dirigeais la Ligue nationale de hockey, show d'humour. Car le hockey, ici, c'est une religion et on je modifierais les règles allègrement. Finies les rondelles, ne se moque pas du Bon Dieu!

15 janvier 2014 | itineraire.ca

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ILS HABITENT

NOS RUES.

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C’EST HABITER

LEUR VIE.

En appuyant L’Itinéraire, vous nous aidez à leur offrir les outils nécessaires pour reconstruire leur vie, trouver un logement, se nourrir sainement et briser leur isolement.

Vous êtes partie prenante de la solution. Yvon Massicotte Camelot, métro Côte-des-Neiges

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Dons et abonnement disponibles en ligne au www.itineraire.ca


L'ITINÉRAIRE A 20 ANS

Du plaisir de lire, au désir d'agir Voilà deux décennies, naissait à Montréal un petit journal de rue dont le but était d'offrir modestement une alternative à la mendicité. Aujourd'hui, c'est un magazine de qualité, qui informe et qui inspire, que vous tenez entre vos mains. Un magazine qui jouit d'une excellente notoriété, qui a su se faire une place de choix dans la pluralité des médias montréalais et qui, 20 ans plus tard, souligne plus que jamais l'histoire d'amour de dizaines de milliers de lecteurs qui vont régulièrement à la rencontre de personnes vulnérables pour les encourager dans leur cheminement vers une vie meilleure. Le 4 février, la comédienne Maude Guérin, porte-parole des célébrations du 20e anniversaire du magazine, se joindra à une vingtaine de célébrités et de personnalités d'affaires sur 20 emplacements du centre-ville, pour vendre le magazine avec nos camelots et ainsi souligner par une action solidaire le courage et la détermination dont ceux-ci font preuve jour après jour. Ce projet coïncidera avec la semaine internationale des camelots de journaux de rue, célébrée dans 40 pays à travers le monde. Le même événement se tiendra à Glasgow en Écosse, où se situe le siège social du Réseau international des journaux de rue (INSP). Vous, chers lecteurs, êtes au cœur de L'Itinéraire. C'est pourquoi nous vous invitons à participer à cet évènement et à répandre la bonne nouvelle autour de vous. Ainsi, vous appuierez ce vaste mouvement de compréhension

PHOTO  PASCAL DUMONT

PAR DORIAN KELLER

La comédienne Maude Guérin, porte-parole du 20e anniversaire.

et de solidarité, qui permettra de montrer au grand public l'évolution de notre organisme durant toutes ces années, du rayonnement de nos projets et surtout de notre volonté, toujours plus forte, d'aider les plus démunis.

CARTES-REPAS

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Camelots

Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web www.itineraire.ca

soutien aux Les besoins sont toujours grandissants. Faites un don maintenant et aidez-nous à soutenir nos Camelots et à appuyer notre mission. Pour les modalités, consultez notre formulaire dans le magazine ou sur notre site web :

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Telus s'engage pour aider les jeunes Le soutien financier accordé par TELUS à notre organisme pour venir en aide aux jeunes décrocheurs de 16 à 30 ans a comme objectif de permettre aux jeunes d'acquérir un premier succès de réalisation, de reprendre leur vie en main et, ultimement, de retourner aux études ou au travail. En 2014, le soutien de Telus permettra à L'Itinéraire de former une équipe qui encadrera les jeunes pour les aider à s'intégrer dans la société et à développer leurs capacités personnelles. Grâce au soutien financier de 20 000 $ de Telus, L'Itinéraire offrira des ateliers d'apprentissage en communication événementielle et en insertion sociale. Nos intervenants sociaux seront en mesure de les accueillir dans le but de leur fournir une expérience concrète auprès d'autres jeunes de la rue qu'ils pourront guider vers des services communautaires appropriés. De plus, par le biais de kiosques d'information sur l'itinérance et la pauvreté, dans les quartiers ciblés de Montréal, ils pourront sensibiliser le grand public. Un plan de vie dont ils seront les instigateurs exercera une grande différence auprès des jeunes en difficulté, voire même dans certain cas, changera le cours de leurs vies de façon positive. Cela permet de donner une place aux jeunes, de développer leurs talents dans le cadre de nos services et ainsi de développer des outils favorisant une plus grande

autonomie. Au cours du stage, les jeunes s'exerceront à se respecter, se valoriser et à se faire confiance. C'est grâce à des partenaires corporatifs engagés socialement comme Telus ces jeunes peuvent entrevoir, à la fin de leur formation, un avenir plus harmonieux. L'Itinéraire est extrêmement reconnaissant de la générosité de TELUS que dans sa lutte contre le décrochage scolaire et pour l'amélioration des conditions de vie des jeunes décrocheurs.

Sylvie Bouchard, directrice du financement et des partenariats à L'Itinéraire et Lucie Brodeur, directrice principale Affaires communautaires chez TELUS Communications Inc.

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ITINERAIRE.CA | 15 janvier 2014

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«Je vais t'attacher après le poteau pendant une heure» INfO RApSIM

Le 2 janvier, une vidéo a provoqué une onde de choc. Un policier intervenant auprès d'un sans-abri quêtant au métro Jean-Talon, à peine habillé par un froid de – 25ºC, a menacé celui-ci de l'attacher dehors après un poteau pendant une heure. pAR pIERRE GAUdREAU | Coordonnateur du RAPSIM

L

a vidéo a fait l'objet de milliers d'articles dans les médias et de commentaires sur les réseaux sociaux au Québec et ailleurs. Déjà, des actions ont suivi cet incident et d'autres restent à faire pour éviter de telles erreurs et répondre aux besoins des personnes dans la rue. Retour en trois points.

Agir autrement

Cette intervention policière a rapidement été déclarée inacceptable par la direction du SPVM et par le maire Denis Coderre. Cela aurait pu difficilement être le contraire avec le Plan d'action contre le profilage social rendu public il y a deux ans par le maire et par le directeur du SPVM. Ce plan annonçait une tolérance zéro envers le profilage effectué par les agents du SPVM envers les sans-abri. Exceptionnellement sollicité par les médias, le RAPSIM a fortement critiqué l'intervention policière, soulignant que certains progrès ont été faits, mais que bien du travail reste à faire pour contrer le profilage social dans la police. Il a aussi demandé que ce geste ne reste pas impuni. Le policier aurait été sanctionné, rétrogradé dans ses fonctions, mais la décision demeure secrète comme toujours. Dans une virulente chronique Le flic, le sans-abri et le poteau le chroniqueur de La Presse Vincent Marissal dénonçait cette «méthode classique du SPVM : un de ses agents se retrouve dans l'embarras, on condamne publiquement son geste ou ses paroles très rapidement, on s'excuse, on affirme que c'est inacceptable, on promet une suite et puis, plus rien, on règle l'affaire derrière des portes closes.»1 Marissal en rajoutait en soulignant l'impunité des agentEs du SPVM avec l'absence de sanction importante suite aux décès de Freddy Villanueva, de Mario Hamel et de Farshad Mohammadi. Soulignons aussi pour triste mémoire celle du camelot de L'Itinéraire, Jean-Pierre Lizotte.

pas tous malades

Les jugements ont été rapides et les clichés nombreux suite à la vidéo. «Il faudrait les soigner pas les réprimer» en a même appelé le militant ayant tourné la scène. Oui, des services importants sont nécessaires pour aider les personnes en situation d'itinérance, mais tous et toutes n'ont pas de problèmes importants de santé mentale, ou sont issues de la désinstitutionalisation ou sont à institutionnaliser. La spécialisation de services en psychiatrie pour personnes itinérantes à l'Hôpital Notre-Dame, plutôt que la garde tournante entre hôpitaux à la grandeur de la ville pourra aider au suivi et améliorer l'accès aux services pour les sans-abri. Il faudra quand même que des services soient apportés dans d'autres hôpitaux, conformément à l'approche populationnelle chère au réseau de la santé. Le profil des personnes qui se retrouvent en situation d'itinérance n'est pas unique, au contraire il est très varié. Outre la santé mentale, les autres causes de l'itinérance sont multiples. Parmi elles, la pauvreté, les problèmes de logement, le vécu de violence, la désaffiliation et la toxicomanie.

pour une réponse globale

L'itinérance est en croissance à Montréal. On le voit dans la rue et pas uniquement au centre-ville. La fréquentation des organismes le démontre aussi, les refuges pour hommes ont compté 207 682 nuitées, en hausse de 5 % en 2013, alors que les ressources pour femmes sans-abri ont continué à effectuer des refus, faute de places. La Politique nationale en itinérance du gouvernement du Québec avec sa vision globale pour prévenir et contrer le phénomène est plus que nécessaire. Pour faire de la question une priorité, celle-ci doit refuser de voir le phénomène se développer comme une fatalité et rendre imputable tous les ministères dans leurs actions à corriger et développer. 1

La Presse, 8 janvier 2014

15 janvier 2014 | itineraire.ca

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Nomination à L'Itinéraire

JUSTICE

Abus pAR ME dOMINIQUE RATELLE

Q

Je suis née en 1982 et aujourd'hui, j'ai 30 ans. En 1990, alors que mon oncle paternel me gardait, j'ai été abusée par lui. Ces abus se sont intensifiés et je les ai subis pendant plus de 10 ans. Pendant les années qui ont suivies, je me sentais honteuse et responsable de tout ce qui c'était passé. En juin 2010, ne pouvant plus vivre avec mon secret et la honte, j'en ai parlé à mon psychologue qui me suivait déjà depuis plusieurs années. Ce dernier m'a conseillée de porter plainte auprès de la police sans aucun délai. Aujourd'hui, mon oncle est en prison. Ai-je le droit d'être compensée pour les dommages qu'il m'a causés ?

R

L'article 2925 du Code civil du Québec, prévoit qu'en responsabilité délictuelle, la poursuite doit être prise dans les trois (3) ans. Puisque les agressions ont cessé en 2000, votre recours se serait éteint en 2003, soit trois (3) ans après le dernier abus. Cependant, la jurisprudence a établi que dans ce cas particulier, la prescription ne commence à courir qu'au moment où la victime est capable psychologiquement d'en discuter et de prendre conscience du dommage qui lui a été causé. Puisque vous semblez avoir été en état d'en discuter et que vous avez pris connaissance du dommage qui vous a été causé en juin 2010, la prescription sera probablement acquise en juin 2013. Votre recours ne serait pas prescrit. Vous devez rencontrer un avocat sans aucun délai. Vous devrez également tenir compte de la solvabilité de votre agresseur car s'il n'a rien, vous serez dans l'impossibilité d'exécuter votre jugement.

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itineraire.ca | 1er janvier 2014

Le Groupe L'itinéraire est fier d'annoncer la nomination de Mme Sylvie Bouchard au poste de Directrice du financement et des partenariats. Mme Bouchard possède une dizaine d'années d'expérience de gestion en milieu philanthropique québécois et montréalais. Depuis 2007, elle a œuvré en éducation à l'Université du Québec à Montréal, comme directrice des Dons majeurs et planifiés à la Fondation de cette université. Auparavant, elle a consacré ses énergies au domaine de la santé, précisément à la Fondation du Centre de cancérologie Charles-Bruneau, où elle était directrice générale. Plus tôt dans sa carrière, elle a percé le milieu sociocommunautaire avec un poste de présidente et directrice générale du Centre Immaculée-Conception et de la Fondation du Père Marcel de la Sablonnière, à Montréal, et a également occupé la fonction de directrice générale du YMCA de Saint-Laurent, toujours dans la grande région de Montréal. «Le Groupe communautaire L'Itinéraire représente pour moi, le plus sympathique regroupement de camelots, de bénévoles et d'employés solidaires que j'ai rencontré, a exprimé Mme Bouchard. C'est une grande famille avec laquelle s'investir et qui m'inspire. L'Itinéraire est aussi un magazine exceptionnel, qui nous révèle des personnes formidables à chaque parution et qui compte une mine d'informations sur les bons coups de la communauté. L'Itinéraire mérite d'être connu encore davantage et d'être plus soutenu.» Mme Sylvie Bouchard assurera les campagnes de financement propices au maintien et au développement des services d'insertion sociale du Groupe L'Itinéraire.


photo: kim auclair

L'élan vers l'autre Depuis plusieurs années, j'utilise souvent l'expression «l'élan vers l'autre» pour décrire mon idéal de vie en commun. Comment édifier une société juste et solidaire s'il n'y a pas, de la part de chacun, une volonté de comprendre l'autre dans ses souffrances et ses rêves ?

ianik marcil

PAR IANIK MARCIL | Économiste idépendant

Si nous ne faisons pas d'effort pour dialoguer avec l'autre, comment peut-on prétendre le comprendre ? Voilà l'élan vers l'autre : un désir profond et sincère d'empathie et de dialogue qui cherche à solidifier les liens sociaux nous unissant. La vie en commun nécessite parfois de grands efforts pour jeter des ponts afin de dépasser les clivages nous divisant. Les récents débats au Québec démontrent bien ces difficultés : de l'indépendance à la charte des valeurs en passant par la grève étudiante ou l'exploitation du pétrole, il n'est pas simple de dialoguer entre tenants d'opinions opposées. Paradoxalement, dans une époque où l'individualisme semble triompher, où tout un chacun se concentre à écrire le scénario de sa petite vie, on n'en oublie que son voisin, son concitoyen cherche à réali­ ser la même chose. L'élan vers l'autre tient la promesse de rompre avec cet isolement volontaire et individualiste en en faisant un idéal universel. C'est-à-dire : nous reconnaître comme partageant toutes et tous ce désir d'empathie et de dialogue. Sans nier nos différences, nos désirs et nos rêves individuels, il me paraît impératif de retrouver cette volonté universelle du lien commun. Mais, cela demande un effort bien plus grand que de se bricoler une vie

confortable chacun chez soi. Il faut, toutefois, se garder de jouer les moralistes. De retour à la course du boulot, après le souper, les devoirs des enfants, le ménage et la lessive, peu d'entre nous ont le luxe de lire, de réfléchir et d'échanger sur les enjeux politiques, sociaux et économiques complexes de notre époque. Cet effort de l'élan vers l'autre est effectivement un luxe dans une société au rythme épuisant. En revanche, je suis de ceux qui croient que la vie économique peut et doit servir à cet élan vers l'autre. Travailleurs, chômeurs, étudiants, retraités – tous, peu importe notre condition sociale, participons à l'économie, ne serait-ce que par notre consommation. La vie économique n'est pas une sphère séparée du reste de notre vie. Elle en fait partie intégrante. Votre marchand de fruits et légumes a un accent qui vous intrigue ? Pourquoi ne pas en profiter pour qu'il vous raconte son histoire ? Votre pharmacienne porte le hijab ? Voilà l'occasion d'en apprendre davantage sur sa réalité. Bien sûr, ces petits échanges ne changeront pas du jour au lendemain notre vie en commun. Mais ils sont autant d'élans vers l'autre permettant de tisser un peu plus le lien social.

15 janvier 2014 | ITINERAIRE.CA

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PAR sylvain-claude filion

panorama

50 nuances de rouge ? Si le Printemps érable de 2012 a suscité plusieurs analyses et opuscules, il a aussi inspiré l'artiste-peintre Francine Guay de Montréal-Nord. En intégrant des symboles identitaires à ses ta­ bleaux, elle s'engage dans une exploration des possibilités géoCarouge, Francine Guay. métriques reliées à la forme carrée, en utilisant toute la gamme des rouges. Certaines des 24 œuvres recourent à des techniques mixtes incluant la broderie et le tissage. Des pièces à regarder d'un œil citoyen, et qui ont le pouvoir de générer d'intéressantes interrogations.

CARRÉ ROUGE

Jusqu'au 16 février Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord (12004, boulevard Rolland; ville.montreal.qc.ca/mtlnord)

Frères de sang

J'ai souvenir d'une longue discussion avec une collègue de travail qui ne croyait pas à la bisexualité. Ou bien il fallait avoir une préférence pour l'une ou un net penchant pour l'autre. Mais entre les deux, ça ne se pouvait pas selon elle. Cette zone grise de la sexualité, le britannique Mark Bartlett l'explore crûment sans lésiner sur le vocabulaire croustillant - sa pièce ne s'intitule pas Cock pour rien… L'argument : un gai en couple depuis longtemps avec son homme voit ce dernier s'enticher d'une femme rencontrée par hasard. Triangle explosif en vue. Le viril comédien Alexandre Goyette s'est intéressé à l'œuvre au point d'en faire la traduction et l'adaptation québécoise, d'y jouer et d'en assurer la mise en scène, sa première. Avec également Michel-Maxime Legault, Geneviève Côté et Daniel Gadouas.

COCK

Jusqu'au 15 février Espace 4001 (4001, rue Berri, 514 282-3900)

PHOTO : SARAH DEL

Parlons sexe

Du sang autochtone coulerait dans les veines de la moitié des Canadiens français . On entretient néanmoins des rapports confus avec les Amérindiens. Dans ce troisième documentaire des cinéastes à vélo Mélanie Carrier et Olivier Higgins, deux passionnés d'anthropologie qui ont écumé la Côte-Nord pour capter leurs images, on suit aussi la quête d'un innu parti à la recherche de ses ancêtres en Normandie et l'incroyable destin de Francine Lemay, la sœur du caporal Lemay tué lors de la crise d'Oka en 1990. Primé au RIDM en novembre dernier, le film qui comporte aussi les propos de Serge Bouchard et de Pierrot Ross-Tremblay, a pris l'affiche il y a quelques jours.

QUÉBÉKOISIE

Cinéma Beaubien (cinemabeaubien.com)

15 janvier 2014 | ITINERAIRE.CA

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JEAN-MARIE LApOINTE

Beau gosse, belle âme Depuis une dizaine d'années, il accompagne des jeunes en fin de vie. L'éternel beau gosse, dans une forme athlétique, a 48 ans mais on lui en donnerait facilement vingt de moins. Une flamme ardente adoucit ses yeux d'un bleu profond lorsqu'il parle de son parcours des quinze dernières années, qu'il relate dans son plus récent livre Je ne t'oublierai pas. Jean-Marie Lapointe est posé, zen, tout au long de l'entretien enregistré dans son condo dépouillé mais extrêmement chaleureux.

«Le grand défi de la vie, c'est de vivre comme si on se savait atteint d'une maladie mortelle et que notre temps était compté»

pAR SyLVAIN-CLAUdE fILION PHOTOS : MARIO LANGLOIS

C

'est clair que ça a changé ma vie», dit-il d'emblée lorsqu'on lui demande si accompagner de jeunes mourants l'a transformé. «Ça ma permis d'être en paix avec la mort de ma mère. Maintenant, les moments où je me sens le plus heureux, utile, vivant et vrai, c'est quand je suis en compagnie de personnes qui vont mourir ou qui ont des limitations, un handicap, qui sont dans la rue.» Il sent qu'il a trouvé sa mission sur Terre, trouvé la voix du cœur «

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depuis qu'il a accepté sa fragilité. «Quand tu accueilles ta vulnérabilité, tes plus grandes peurs, ton cœur s'ouvre.» Dans son livre, il raconte notamment, avec force détails, comment il a assisté au dernier souffle de l'un de ses jeunes protégés, à la demande de la famille. «Ça m'a permis de boucler une boucle assez importante avec la mort de ma mère», qu'il dit avoir mal vécue parce sa colère, sa propre peine l'aveuglaient et l'empêchaient de voir


l'impuissance et la tristesse qui avaient envahi son père. «Parce que j'ai su reconnaître cette sorte de panique autour du lit, et l'accompagner au lieu de m'enfuir à toute vitesse comme je l'avais fait avec ma mère, j'ai compris que les gens qui travaillent en soins palliatifs sont extrêmement vivants. En côtoyant la mort, tu deviens très conscient du précieux de la vie. En accompagnement de fin de vie, tu célèbres la vie en même temps que tu vois la mort.» Ce tournant de la vie, qui coïncide avec les débuts de sa pratique du bouddhisme, lui permet aussi d'envisager sa propre finitude d'un œil nouveau. «Dans notre société, on est en rébellion contre le vieillissement, on est dans la négation de la mort. Mais la mort est inévitable. Je ne sais pas si je suis maintenant mieux préparé à faire face à ma propre mort, mais je suis plus proche d'être prêt que je ne l'étais il y a 20 ans. Quand j'écoute les témoignages de personnes qui se savent atteintes d'une maladie terminale, souvent ils me disent que c'est la période la plus intense de leur vie. Je pense que le grand défi de la vie, c'est de vivre comme si on se savait atteint d'une maladie mortelle et que notre temps était compté.»

jeunes en fin de vie l'ont profondément transformé. «Avoir une conscience altruiste, ça te permet de sortir de ton petit nombril et de tes besoins égocentriques.» Cette sensibilité à l'égard de la souffrance dans le monde, cet équilibre qu'il a longtemps cherché, il les résume avec des mots que lui a appris la psychologue Johanne De Montigny, une sommité de l'accompagnement en fin de vie, qui est aussi son maître à penser. «L'être humain, pour être heureux, doit être capable d'accueillir de façon inconditionnelle un paradoxe : qu'on peut être heureux et qu'on peut être malheureux en même temps. L'un n'annule pas l'autre. Tu peux être heureux au travail, mais dans ta vie de couple ça chie ou t'as un enfant malade. Le bonheur, c'est tout ça en même temps. Les moments de grande joie ne devraient pas effacer les moments de peine. Et le contraire aussi. Il faut être capable d'accepter ces deux polarités, et accepter que la vie, être heureux, c'est pas juste gagner à la 6/49 tout le temps. Le bonheur ultime c'est être capable d'accueillir les deux pôles.»

Donner et recevoir

«Je devais aussi parler de ma dépendance, pour casser cette image du Jean-Marie parfait».

Son autre maître à penser est le moine bouddhiste tibétain Matthieu Ricard, dont le plus récent livre Plaidoyer Lancé très tôt dans le métier d'acteur avec des rôles dans pour l'altruisme l'accompagne présentement. «Je me suis Lance et compte et Chambres en ville, il s'est éloigné des mis à changer parce que j'ai dit oui au bénévolat. Donner, projecteurs depuis la télésérie Le 7e round et le spectacle c'est un gain». Face à farces qu'il a donné une centaine Pour Jean-Marie, accompagner les jeunes de fois avec son père au milieu des anen fin de vie et soutenir la cause des iti«Quand tu nées 2000. «Le bénévolat m'a donné une nérants vont de pair. «La fin de vie qui nous accueilles ta touche tous, c'est inévitable, la seule chose twist professionnelle inattendue», dit-il pour décrire sa nouvelle passion pour le docune sait pas, c'est quand on va mourir. vulnérabilité, qu'on mentaire. Il en a tourné plusieurs, notamCa fait partie de nos plus grandes peurs, comment sur des personnes en fin de vie. Ces me perdre l'usage d'un membre, d'un sens, tes plus dernières années, il s'est aussi investi dans d'être handicapé. Je mets ça sur le même le sport de haut niveau, le kayak de vitesse grandes peurs, pied que l'itinérance, parce que le rejet et et le bateau dragon. Il a aussi animé Des l'abandon font peur. L'itinérant nous enseigne ton cœur gens comme les autres à l'antenne de radio la patience, la générosité, le non-jugement, la Ville-Marie. tolérance, mais tu ne peux pas s'ouvre». Dans son livre, c'est avec une étonnante avoir accès à ces enseignements franchise qu'il confesse un comportement malsain qui si tu passes devant lui sans le voir. Même si t'a aurait pu le mener dans un bas-fond spirituel. Pour com- pas une pièce de monnaie, tends la main, offre bler la perte de l'amour maternel, il s'était lancé à corps un câlin, dit bonjour, ça va faire du bien à tous perdu dans une enfilade de relations où il s'enivrait de les deux.» son propre pouvoir de séduction. «Il y en a qui ont des Pour appuyer ses dires, il cite une étude dépendances à l'alcool, à la drogue ou au jeu, moi j'avais un qu'il a lue récemment : «la personne qui problème de consommation de femmes», dit-il en citant sa donne ressent le même bienfait au niveau des vie sexuelle débridée. Dans son livre il raconte comment neurotransmetteurs. Donc quand tu donnes, il a réalisé qu'il fonçait droit vers un mur lorsqu'une fille, tu te fais du bien, c'est une réaction chimique qu'il avait mise enceinte, a dû se faire avorter. «Il fallait du cerveau. Ça te fait du bien, ça fait du bien que j'en parle, pour une question d'éthique. Si je devais par­ à la personne qui reçoit et l'étude dit aussi tager mon côté humain dans le livre, je devais aussi parler qu'une troisième personne témoin de ce geste de ma dépendance, pour casser cette image du Jean-Marie de bonté, le ressent aussi. Alors tout le monde parfait qui fait du sport et du bénévolat.» est gagnant.» Je ne t'oublierai pas La pratique du bouddhisme et l'accompagnement de LibreExpression, 208 pages.

Secret dévoilé

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VIVRE

pAR dENySE MONTé

iJardinage pour oublieux par ici le cayenne! Mal à la gorge ? Besoin d'un remontant ? Essayez cette recette : dissoudre dans une tasse d'eau bouillante deux cuillerées de miel. Ajouter le jus d'un citron et saupoudrer d'une bonne pincée de cayenne. Cette potion à la fois douce et piquante produit immédiatement un effet bienfaisant. Le piment de Cayenne jouit d'une réputation enviable pour ses vertus digestives et thérapeutiques. Pour sa part, un professeur de nutrition de l'Université de Hong-Kong, Zhen-Yu Chen, a déjà démontré les bénéfices du piment et de sa capsaïcine pour l'amélioration de la santé cardiaque.

Le mois de l'amour, l'amour du moi En février, un autoexamen du cœur s'impose. Rappelons une règle de base : l'amour de soi, condition indispensable pour aimer autrui. Et aimer les autres, partager, c'est l'une des clés du bonheur, selon Leo Bormans, auteur de Love — Le grand livre de l'amour. L'amour de soi consiste d'abord à s'accepter, mais comment? Les spécialistes recommandent de cesser de se dénigrer et de se culpabiliser, mettre en valeur nos bons et beaux côtés; multiplier les phrases et les situations qui amènent du positif dans notre quotidien. Autre méthode : reconnaître l'existence de notre enfant intérieur et en prendre soin; lui parler en toute douceur, l'encourager, le guider, le respecter. Bref, chérir l'enfant en nous.

En plus de purifier l'air, les plantes transpirent et nous sont d'un grand secours, l'hiver, dans nos appartements craquants de sécheresse. Retournant pratiquement la totalité de leur eau d'arrosage dans l'air, elles augmentent l'humidité des pièces... pour peu que l'on pense à les arroser! Oso Technologies propose une toute nouvelle application à installer sur le téléphone intelligent et un capteur à insérer dans le terreau, le Plant Link. Quand la plante a soif, une alerte est envoyée sur le téléphone mobile. L'utilisateur peut aussi récupérer l'information sur le Web, par courriel ou texto sur sa tablette. Ne reste plus qu'à se porter au secours de la plante ou à déclencher l'arrosage à distance. (Source : buzzecolo.com)

L'arbre du bien S'adosser à un arbre en position assise, sur une chaise fictive, les bras en l'air. Rien de plus simple comme exercice, en apparence. Mais essayez de garder cette position pendant 5 fois 10 secondes. Vous saurez si vous êtes en forme... Tenez bon! Il faut contracter vos abdominaux et maintenir vos jambes fléchies, le dos bien collé à l'arbre. Une gymnastique hautement énergisante.

Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux? Les antidépresseurs ne rendent pas les gens plus heureux, ils ne font que diminuer les émotions négatives, selon la psychologue et auteure Sonja Lyubomirsky. Environ 40% de notre bonheur dépendrait donc de nous-mêmes. Il s'agit de décider, chaque jour, quelles pensées et actions peuvent nous rendre heureux. Exemples : se donner de petits plaisirs; penser aux autres; se fixer des objectifs; noter nos moments de bonheur; éviter de trop penser. Et si l'on en croit l'étude néozélandaise Many Apples a Day Keep the Blues at Bay publiée l'an dernier, la consommation quotidienne de fruits et légumes rendrait heureux, plus calme et plus énergique! À d'autres aliments-bonheur tels smoothie, chocolat, saumon, pamplemousse, pomme, noix du Brésil, café, ajoutons la santé physique et financière en prime!

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L'ITINÉRAIRE RECOMMANdE

pAR NAfI ALIBERT, SIMON CORdEAU ET MARIE-LISE ROUSSEAU

LIVRES

Comme une claque sur la gueule

Pour leur deuxième PARTY PYJAMA LITTÉRAIRE de l'année, Kim Thúy, Claudia Larochelle et Alain Labonté seront entourés de Mara Tremblay, Winston McQuade, Janick Belleau et Coral Egan, dans une mise en scène de Céline Lamontagne. Les profits iront à l'Auberge du cœur Le Tournant. Vendredi 7 février, au cabaret Le Lion d'Or (cabaretliondor.com).

Les raisons de s'indigner ne manquent pas au Québec : corruption, collusion, concentration médiatique, salaires et primes de départ élevées des hauts dirigeants… Pourtant, les Québécois se mobilisent très peu pour plus de solidarité sociale. Ce petit ouvrage divisé par thèmes (environnement, santé, éducation, etc.) se donne la mission de raviver la flamme de l'indignation québécoise en énonçant 115 faits, sources à l'appui, qui ont de quoi révolter. Le hic : voulant trop brasser la cage, son ton radical peut avoir l'air condescendant, voire méprisant pour les Québécois, qui sont ici traités de peureux, de mous, d'indifférents et de manipulables. (MLR)

Peuple à genoux, 115 raisons de s'indigner

Collectif d'auteurs, Poètes de brousse, 110 pages.

Vieillir dans la dignité

L'HOMME ATLANTIQUE et La maladie de la mort de Marguerite Duras, spectacle créé le printemps dernier au Festival TransAmériques. Christian Lapointe met en scène Marie-Thérèse Fortin, Anne-Marie Cadieux et Jean Alibert. Du 12 au 15 février à l'Usine C (usine-c.com). Lire LES MOITIÉS D'ALICE, c'est entendre la voix d'une enfant qui, à travers de nombreuses épreuves, cherche à recoller les morceaux. Un livre d'une lucidité rafraîchissante, offrant un regard nouveau et sensible sur la vie, les épreuves, la différence, la résilience. Par Judith Itzi (Stanké, 180 pages). En pleine tournée québécoise, LE CHANT DE SAINTE CARMEN DE LA MAIN (livret et mise en scène : René Richard Cyr; musique : Daniel Bélanger), avec Maude Guérin dans le rôle-titre, s'arrête pour deux représentations les 14 et 15 février à L'Étoile Banque Nationale à Brossard (saintecarmen.ca).

Vieux, aînés, fossiles, doyens : on traite les personnes âgées de tous les noms, mais on en parle peu. Harold Gagné leur donne la parole en rapportant des témoignages d'aînés connus ou anonymes, de leur famille et de gens œuvrant auprès d'eux. Ces récits abordent l'isolement et l'abandon, la maladie et la perte d'autonomie, la mort, mais aussi la dignité. L'auteur humanise un sujet délicat et négligé. Il y apporte une touche très personnelle, incluant ses propres expériences. Bémol : la critique des systèmes en place aurait pu proposer des pistes de solution concrètes à un problème bien réel. Très bien pour amorcer la réflexion, moins pour l'approfondir. (SC)

Laissez-nous vieillir!

Par Harold Gagné, Libre Expression, 262 pages.

La deuxième vie de Christiane f. Christiane F., cette héroïne tragique, symbole d'une génération désabusée, revient sur la scène littéraire avec la publication de Moi, Christiane F., la vie malgré tout. Aujourd'hui âgée de 51 ans, elle porte un regard lucide sur le parcours chaotique qu'elle a connu depuis le succès du livre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée. Christiane reprend ses confessions là où elle les avait laissées pour nous confier le meilleur, mais surtout le pire de son existence. Tout y passe : la célébrité et les rencontres avec ses idoles, sa vie en prison, ses multiples idylles, la naissance de son fils et les rechutes inéluctables dans l'enfer de la drogue. Cette autobiographie touchante laisse peu de place à l'espoir pour une Christiane F., «junkie-star».

Christiane F., la vie malgré tout

Par Christiane V. Felscherinow, avec Sonja Vukovic, Flammarion, 295 pages.

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À pROpOS dE...

L'AMOUR

SOLIdARITé dANS LE MéTRO

Une place pour les vieux Quand on est vieux, c'est fatigant de se promener en transport en commun. Il y a bien des escaliers, ça brasse, on se bouscule. Moi ce que je veux simplement dire, c'est que jamais on ne me laisse debout! Les gens sont très aimables à Montréal et il y a toujours quelqu'un pour me laisser sa place quand je suis dans l'autobus ou le métro. Mais j'ai remarqué que les femmes sont plus rapides que les hommes pour céder leur place! Ce n'était pas comme cela dans mon temps. Les plus jeunes ne sont pas non plus pressés de se lever, mais ils le font souvent avec politesse. Et puis il y a toujours ces gentlemen plus vieux que moi, au moins 80 ans, qui veulent se lever pour me donner leur place. Ils ont dix ans de plus vieux que moi, je trouve ça gênant et je regarde toujours pour que de plus jeunes se proposent. Nous sommes bien chanceux que les gens soient encore polis à Montréal. Merci à tous.

Jacqueline, Anjou

Envoyez-nous vos propres histoires de solidarité ou de beaux gestes dont vous avez été témoin ou partie prenante dans le métro et les autobus de Montréal à : courrier@itineraire.ca

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HORIZONTALEMENT 1. Sorties de la Comédie humaine ?

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Sorties de la Comédie humaine? Prennent pour moitié - Sot. toile - Gagnante au tic-tac-toe. En ménage - Courbe. Façon d'être - Souvent avec la Vilaine - Bosse en haut. Spectacle - Baguenauder. Victime de vol - Surface. Ne pas admettre - Mis sur le feu. Dans la Mayenne - Exprimez. Vent - Petite patronne. Une bonne partie de la Bretagne. C'est le plus loin - Vieux débordement. Porteraient aux nues. Flûte! - Bien fixée. terre jaune - Bout de carotte - Précède la matière. Ont de la bouteille. Morceau de Chopin - Quartier de Valleyfield - Roi de France. Castor - Numéro 1 en France. travaillait au bloc. Le Saint des Saints - Joyeux éclats. Préposition - Conquis en 1953. Partie de partie - Pas loin.

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2. Prennent pour moitié - Sot.

3. Toile - Gagnante au tic-tac-toe.

SOLUTIONS DU 15 JANVIER 2014

NIVEAU DE DIFFICULTÉ: FACILE

4. En ménage - Courbe.

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Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans un colonne et dans une boîte 3x3.

2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 5. Façon d'être - Souvent avec la Villaine - Bosse en haut.

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1. Une bonne partie de la Bretagne.

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2. C'est le plus loin - Vieux débordement. 3. Porteraient aux nues.

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4. Flûte! - Bien fixée. 5. Terre jaune - Bout de carotte - Précède la matière. 6. Ont de la bouteille.

Vous trouverez la solution dans l'édition du 1er février 2014

Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 7. Morceau de Chopin - Quartier de Valleyfield - Roi de France.

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fEU VERT À…

fRédéRIC BACk

La destinée du monde est entre nos mains UN TExTE INédIT

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onjour, je suis heureux de vous rencontrer en cette Journée symbolique consacrée à la Terre. J'ai demandé de vous présenter, en introduction, le film Tout-rien, réalisé il y a trente ans, moins connu que de plus récents, mais il résume en 11 minutes et demie la splendeur du monde, l'humilité des animaux et la prétention humaine à la conquête du pouvoir et du bonheur. Nous brûlons des feux rouges depuis trop longtemps et notre puissance centuplée nous fait croire que nous sommes les maîtres du monde. En un siècle, nous avons dévalisé les richesses naturelles d'une planète soumise à des lois d'une logique rigoureuse. En équilibre depuis des millénaires, la beauté et la diversité des espèces sont en train de disparaître; à chaque minute, à chaque seconde, à cause de notre course au profit, notre course au plaisir, sans tenir compte des conséquences. Nous nous conduisons comme si nous étions la dernière génération, et vite, il faut tout prendre! Des faits inquiétants, des images fortes nous mettent devant le fait accompli, à un moment où il reste du temps pour réfléchir, changer nos manières de vivre égoïstes, laisser un meilleur sort aux générations qui nous succèderont. Chaque mot, chaque geste a une portée dont nous ignorons les conséquences. C'est encore plus vrai à Télé-Québec, car notre responsabilité est en proportion de notre pouvoir. La cote d'écoute ne devrait jamais être un élément déterminant, car c'est la minorité informée, motivée, qui joue le rôle du levain dans la pâte inerte, sans vision d'avenir. Merci de m'avoir invité à vous rencontrer et de me permettre de vous dire, et redire, ces vérités de La Palice que l'on ne veut pas entendre, mais qui s'imposent. J'encourage à stimuler matériellement et moralement la mise en œuvre de solutions tentantes qui vous incitent toutes et tous à poser des gestes exemplaires, indispensables, salutaires. C'est aussi une prière – ainsi soit-il.

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illustration de Frédéric Back

La prière de frédéric Back À l'occasion du Jour de la Terre 2008, Frédéric Back avait écrit de sa main, sur deux cartes postales illustrées de ses dessins, les grandes lignes d'une conférence qu'il avait accepté de prononcer devant des employés de Télé-Québec. Pour raviver le merveilleux souvenir de L'homme qui plantait des arbres, décédé le 24 décembre dernier, et pour rendre hommage à son inlassable ferveur consacrée à la sauvegarde de la planète, L'Itinéraire est heureux de reproduire ici ce texte inédit.



Dignité Pauvreté

Plus de six millions de personnes à travers le monde votent pour la dignité en achetant un journal de rue. En agissant ainsi, ils participent à changer la vie de 27000 camelots dans 40 pays, représentant plus de 120 journaux de rue différents. En retour, les lecteurs profitent d’un journalisme indépendant de qualité, tout en sachant qu’ils ont fait une différence.

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