Government Report on Barter

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prospective

Potentiel et perspectives de dĂƠveloppement des plates-formes dñ€™ĂƠchanges interentreprises


Date de parution : janvier 2013 Couverture : Nathalie Palous, Brigitte Baroin, HĂ©lĂšne Allias-Denis Édition : Nicole Merle-Lamoot, Gilles Pannetier


Potentiel et perspectives de dĂƠveloppement des plates-formes dñ€™ĂƠchanges interentreprises



Le pĂŽle interministĂ©riel de prospective et d’anticipation des mutations Ă©conomiques (Pipame) a pour objectif d’apporter, en coordonnant l’action des dĂ©partements ministĂ©riels, un Ă©clairage de l’évolution des principaux acteurs et secteurs Ă©conomiques en mutation, en s’attachant Ă  faire ressortir les menaces et les opportunitĂ©s pour les entreprises, l’emploi et les territoires. Des changements majeurs, issus de la mondialisation de l’économie et des prĂ©occupations montantes comme celles liĂ©es au dĂ©veloppement durable, dĂ©terminent pour le long terme la compĂ©titivitĂ© et l’emploi, et affectent en profondeur le comportement des entreprises. Face Ă  ces changements, dont certains sont porteurs d’inflexions fortes ou de ruptures, il est nĂ©cessaire de renforcer les capacitĂ©s de veille et d’anticipation des diffĂ©rents acteurs de ces changements : l’État, notamment au niveau interministĂ©riel, les acteurs socio-Ă©conomiques et le tissu d’entreprises, notamment les PME. Dans ce contexte, le Pipame favorise les convergences entre les Ă©lĂ©ments microĂ©conomiques et les modalitĂ©s d’action de l’État. C’est exactement lĂ  que se situe en premier l’action du Pipame : offrir des diagnostics, des outils d’animation et de crĂ©ation de valeur aux acteurs Ă©conomiques, grandes entreprises et rĂ©seaux de PME/PMI, avec pour objectif principal le dĂ©veloppement d’emplois Ă  haute valeur ajoutĂ©e sur le territoire national. Le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du Pipame est assurĂ© par la sous-direction de la Prospective, des Études Ă©conomiques et de l’Évaluation (P3E) de la direction gĂ©nĂ©rale de la CompĂ©titivitĂ©, de l’Industrie et des Services (DGCIS).

Les dĂ©partements ministĂ©riels participant au PIPAME sont : - le ministĂšre du Redressement productif/Direction gĂ©nĂ©rale de la CompĂ©titivitĂ©, de l’Industrie et des Services ; - le ministĂšre de l’Écologie, du DĂ©veloppement durable et de l’Énergie : - le ministĂšre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la ForĂȘt ; - le ministĂšre de la DĂ©fense/Direction gĂ©nĂ©rale de l’Armement ; - le ministĂšre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social/DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  l’Emploi et Ă  la Formation professionnelle ; - le ministĂšre des Affaires sociales et de la SantĂ©/Direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ© ; - le ministĂšre de la Culture et de la Communication/DĂ©partement des Études, de la Prospective et des Statistiques ; - le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche ; - la dĂ©lĂ©gation interministĂ©rielle Ă  l’AmĂ©nagement du Territoire et Ă  l’AttractivitĂ© RĂ©gionale (DATAR), rattachĂ©e au Premier ministre ; - le centre d’analyse stratĂ©gique (CAS), rattachĂ© au Premier ministre.



Avertissement La mĂ©thodologie de cette Ă©tude ainsi que les rĂ©sultats obtenus et les conclusions qui en sont tirĂ©es sont de la seule responsabilitĂ© du groupement CeSAAr Sofred-Consultants et n’engagent ni le Pipame, ni la direction gĂ©nĂ©rale de la CompĂ©titivitĂ© de l’Industrie et des Services (DGCIS) qui ont commandĂ© cette Ă©tude. Les parties intĂ©ressĂ©es sont invitĂ©es, le cas Ă©chĂ©ant, Ă  faire part de leurs commentaires Ă  la DGCIS.


PIPAME

Sofred Consultants - Groupement CeSAAr

Membres du comité de suivi DGCIS/SDP3E

Noël

LE SCOUARNEC

Chef du bureau de la Prospective

DGCIS/SDP3E

Jean-François

CROLA

Adjoint au chef du bureau de la Prospective

DGCIS/SDP3E

Muriel

GRISOT

Chargée d'études Commerce artisanat services

DGCIS/STCAS

Florian

AYMONIN-ROUX

Chargé de mission Professions de conseil

DGCIS/SDPME

Yves

JOUOT

DGCIS/STIC

Benjamin

LEPERCHEY

Adjoint chef du bureau de la Compétitivité des entreprises Chef du bureau des Usages des TIC

DGCIS/AJDE

Stéphane

FERRON

Chargé de mission Fiscalité et comptabilité des PME

DGCIS/AJDE

Nathalie

WEYD

DATAR

Édouard

MATHIEU

Chargée de mission Droit des Affaires et questions européennes Chargé de mission Veille et analyse économique

MAAPRAT/CEP

Jo

CADILHON

Chargé de mission Gouvernance et filiÚres

MEDDTL/CGDD

SĂ©bastien

MAUJEAN

Chargé de mission Veille et analyse économique

ORDRE DES EXPERTSCOMPTABLES ORDRE DES EXPERTSCOMPTABLES ACFCI

Serge

BOTTOLI

Responsable commission Évolution des marchĂ©s

Patrick

BORDAS

Commission organisation des missions et innovation

Vincent

MARTIN

Chef de projet –à la direction des Politiques territoriales

Ainsi que Jean-Paul PLATTIER, DGCIS/AJDE, chargĂ© de mission Bureau du Droit Social et de l’Environnement fiscal. La conduite de l’étude a Ă©tĂ© confiĂ©e par la DGCIS au cabinet de conseil :

Groupement CeSAAr Sofred Consultants 114, avenue Charles de Gaulle 92522 Neuilly-sur-Seine TĂ©l. : +33 (0)1 79 62 02 00 Fax : +33 (0)1 79 62 02 10 http://www.sofred.fr

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Représentés par : Alain Canus Laurent Bastian Thomas Cluzel Mathieu Payre (Groupement CeSAAr/Adit)

Le prĂ©sent document a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© conjointement par le cabinet CeSAAr - Sofred Consultants et la DGCIS. ___________ Remerciements L’équipe de Sofred Consultants tient Ă  remercier l’intĂ©gralitĂ© des interlocuteurs rencontrĂ©s : institutionnels, reprĂ©sentants d’organisations professionnelles et courtiers pour leur temps et leur disponibilitĂ©. Nous tenons Ă©galement Ă  remercier spĂ©cifiquement les professionnels qui nous ont accordĂ© du temps et mis Ă  disposition leurs connaissances au service de l’étude, lors des ateliers de travail : Arthur Bard (E-Barter) Samuel Cohen (B2B En Trade) Pierre Morelle (B&T Barter and Trade) Pierre Traska (RES) Maximilien Urso (IRTA) Chantal Deschamps (Cluster de la mer, nutrition et santĂ©) Katia Gorsen (RhĂŽne-Alpes Packaging) Khoudia Gueye (Hydreos) Jean-Pierre Morali (Ecosol/Groupe ChĂšque DĂ©jeuner) Vincent MarcĂ© (Nekoe) Xavier Roy (France Cluster) Pascal Bolo, Adjoint au Maire de la Ville de Nantes Patrick Forgeau, Conseiller du Maire de la Ville de Nantes Jacques Stern, Directeur GĂ©nĂ©ral du CrĂ©dit Municipal de Nantes Marie-ThĂ©rĂšse PanhĂ©leux, CrĂ©dit Municipal de Nantes Massimo Amato, Conseiller scientifique CNAM Pays de la Loire, dĂ©tachĂ© de l’UniversitĂ© de Bocconi de Milan François Lefebvre, DĂ©lĂ©guĂ© GĂ©nĂ©ral Cluster Neopolia Josiane Addessi, Adjointe Ă  la directrice rĂ©gionale Banque de France des Pays de la Loire Sophie Picot, ChargĂ©e de Mission DĂ©veloppement Economique, DIRECCTE Pays de la Loire

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Sommaire RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE .....................................................................................................12 1

INTRODUCTION ........................................................................................................15

1.1

les Ă©changes interentreprises : de quoi parle-t-on ? ..........................................................15

1.2

Historique..............................................................................................................................16

2

OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE .....................................................18

2.1

Objectifs de l’étude...............................................................................................................18

2.2

MĂ©thodologie.........................................................................................................................18

3 LE MARCHÉ DES ÉCHANGES INTERENTREPRISES À L’INTERNATIONAL, EN EUROPE ET EN FRANCE ................................................................................................24 3.1

Les Ă©changes interentreprises au plan international.........................................................24

3.2

Les Ă©changes interentreprises en Europe...........................................................................36

3.3

Les Ă©changes interentreprises en Italie...............................................................................42

3.4

Les Ă©changes interentreprises en France............................................................................43

4 PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT ET MODÈLES ÉCONOMIQUES DES PLATES-FORMES D’ÉCHANGES INTERENTREPRISES ......................................... - 52 4.1

Les échanges médias........................................................................................................- 52 -

4.2

Les Ă©changes de biens et de services ..............................................................................- 56 -

5

APPROCHE MICRO ÉCONOMIQUE DES ÉCHANGES INTERENTREPRISES . - 62 -

5.1

Bénéfices et limites des échanges interentreprises........................................................- 62 -

5.2

conditions de mise en Ɠuvre des Ă©changes interentreprises ........................................- 65 -

6

CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ........................................................ - 71 -

6.1

Conclusions ......................................................................................................................- 71 -

6.2

Recommandations ...........................................................................................................- 73 -

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ANNEXES ............................................................................................................. - 81 -

7.1

Annexe 1 : Le marché des échanges interentreprises en chiffres................................- 81 -

7.2

Annexe 2 : code Ă©thique de l'International Reciprocal Trade Association (irta) ......- 82 -

7.3

Annexe 3 : Textes européens et échanges interentreprises.........................................- 85 -

7.4

annexe 4 : Le renouveau des Ă©changes interentreprises en france .............................- 91 -

7.5

Annexe 5 : La monnaie locale et complémentaire Nantes ..........................................- 92 -

7.6

Annexe 6 : Ă©criture comptable d’une opĂ©ration d’échanges interentreprises ...........- 93 -

7.7

Annexe 7 : Le prĂȘt de main-d’Ɠuvre dans le cadre des Ă©changes interentreprises...- 94 -

7.8 Annexe 8 : Survenance d’une procĂ©dure collective À l’encontre d’un membre d’un rĂ©seau d’échanges interentreprises............................................................................................- 96 7.9

Annexe 9 : tĂ©moignages d’entreprises utilisatrices ......................................................- 99 -

7.10

Annexe 10 : Bibliographie ............................................................................................- 100 -

7.11

Annexe 11 : « guide pratique des échanges interentreprises »..................................- 102 -

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RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE

La pratique du troc interentreprises ou « barter », pour ancienne soit-elle, connaĂźt un renouveau depuis une vingtaine d’annĂ©es, renouveau qui s’accĂ©lĂšre avec le dĂ©veloppement d’Internet et de plates-formes Ă©lectroniques d’échanges interentreprises. Ce marchĂ©, recouvrant Ă  la fois de l’échange mĂ©dia (« corporate barter »), centrĂ© sur l’échange d’espaces publicitaires, plutĂŽt rĂ©servĂ© Ă  de grands groupes et l’échange de biens et de services (« retail barter »), plus largement ouvert aux petites entreprises, reprĂ©senterait aujourd’hui au niveau mondial plus de 12 milliards de dollars de transactions avec un potentiel de croissance de vingt fois supĂ©rieur. Sans se substituer Ă  l’activitĂ© traditionnelle des entreprises, les experts considĂšrent qu’il pourrait leur apporter, sur pĂ©riode longue un gain d’activitĂ© de 3 Ă  5 %. TrĂšs rĂ©pandue dans les pays anglo-saxons et en essor dans les pays Ă©mergents, l’échange interentreprises Ă©merge Ă  peine sur le marchĂ© français, malgrĂ© des exemples florissants chez nos voisins belges et suisses. Pourtant, il semble acquis, Ă  travers les nombreuses expĂ©riences Ă©trangĂšres, que ce mode de transaction peut constituer une source complĂ©mentaire de richesse pour les entreprises en leur permettant de valoriser des actifs inutiles ou inutilisĂ©s et de tisser des liens avec des partenaires qui peuvent devenir Ă  terme des clients, des fournisseurs ou des associĂ©s. D’ailleurs, une fois informĂ©es, on peut estimer que deux entreprises sur trois se dĂ©clarent intĂ©ressĂ©es par cette pratique. L’intĂ©rĂȘt de celles qui ont participĂ© Ă  la rĂ©alisation de cette Ă©tude confirme largement cet intĂ©rĂȘt. Mais ces derniĂšres annĂ©es, le contexte a Ă©voluĂ©. Trois Ă©lĂ©ments, aujourd’hui rĂ©unis, expliqueraient l’apparition rĂ©cente en France d’une offre et d’une demande en matiĂšre d’échanges interentreprises : -

Le contexte de crise Ă©conomique internationale, qui se traduit par une baisse de la croissance, des difficultĂ©s d’accĂšs au crĂ©dit et le renchĂ©rissement des matiĂšres premiĂšres et de l’énergie. Elle incite les entreprises Ă  trouver de nouveaux modĂšles de dĂ©veloppement et les collectivitĂ©s territoriales Ă  encourager une Ă©conomie de proximitĂ© ;

-

L’existence d’un Ă©cosystĂšme de grappes, clusters et autres rĂ©seaux d’entreprises propices Ă  crĂ©er de la confiance et une culture de la collaboration entre leurs membres ;

-

Une maturitĂ© des outils technologiques Internet et mobiles qui permettent Ă  prĂ©sent de fluidifier les transactions d’échanges sur de gros volumes, parfois en mode diffĂ©rĂ©, et de les rentabiliser ainsi pour tous les acteurs, mĂȘme sur de petits montants, en ouvrant de ce fait de nouvelles possibilitĂ©s d’échanges entre entreprises de trĂšs petite taille.

Paradoxalement, le principe des Ă©changes interentreprises reste encore largement mĂ©connu des entreprises françaises et de leurs rĂ©seaux d’accompagnement. Connu, il suscite souvent de nombreuses questions pratiques et surtout des doutes infondĂ©s. En effet, l’opĂ©ration d’échange de biens et de services entre deux entreprises n’a rien d’illĂ©gal en France, que ce soit sur le plan Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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juridique, fiscal ou comptable. Il s’assimile Ă  une transaction commerciale courante, mais faite par « compensation ». Celle-ci peut donc ĂȘtre dĂ©crite dans un contrat, entrĂ©e en comptabilitĂ© et dĂ©clarĂ©e Ă  l’administration comme telle. De mĂȘme, l’offre d’opĂ©rateurs de courtage en Ă©changes interentreprises, qui animent sur le territoire des plates-formes Ă©lectroniques d’échanges, est encore embryonnaire. Moins d’une dizaine d’acteurs sont prĂ©sents en France, avec une expĂ©rience et des outils trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes. Les Ă©carts en matiĂšre de taille, d’expĂ©rience et de services proposĂ©s sont grands entre les filiales de courtiers Ă©trangers et les start-up, entre ceux qui bĂ©nĂ©ficient de licences d’outils de gestion de plate-forme sophistiquĂ©s et ceux qui les dĂ©veloppent, entre ceux qui gĂšrent des relations uniquement bilatĂ©rales et ceux qui proposent des services de crĂ©dit ou de caution. Pour ĂȘtre plus visible et emporter la confiance des entreprises clientes, cette offre gagnerait Ă  ĂȘtre consolidĂ©e et clarifiĂ©e. Dans un tel contexte, l’échange interentreprises apparaĂźt comme un relais de croissance pour les entreprises françaises, en particulier les plus petites, que les pouvoirs publics et la DGCIS pourraient utilement accompagner afin d’en permettre la diffusion au plan national.

À cet effet, quatre axes d’intervention peuvent leur ĂȘtre recommandĂ©s : Axe 1 : L’information des entreprises, des rĂ©seaux d’accompagnement et des rĂ©seaux d’experts sur le principe et la mise en oeuvre des Ă©changes interentreprises. D’un point de vue opĂ©rationnel, cette information passerait par la publication de la prĂ©sente Ă©tude et par la promotion et la diffusion d’un guide pratique des Ă©changes interentreprises, annexe du prĂ©sent rapport, sur le site du ministĂšre, via le rĂ©seau des DIRECCTE, celui des chambres consulaires, de France cluster et des fĂ©dĂ©rations professionnelles concernĂ©es.

Axe 2 : La structuration de l’offre. La DGCIS pourrait engager un dialogue avec les prestataires animateurs de plates-formes d’échanges interentreprises afin de les amener Ă  crĂ©er un organe de reprĂ©sentation de leur profession et Ă  mettre en place une charte de bonnes pratiques comme il en existe dĂ©jĂ  Ă  l’étranger. Le lancement d’appels Ă  projet et les exigences fixĂ©es par leurs cahiers des charges pourraient amĂ©liorer la qualitĂ© de l’offre et participer Ă  la montĂ©e en compĂ©tences et en qualitĂ© d’offre des courtiers en Ă©changes interentreprises.

Axe 3 : La conduite d’une sĂ©rie d’expĂ©riences pilotes visant Ă  la fois Ă  valider les concepts de base de mise en Ɠuvre des Ă©changes interentreprises, Ă  les adapter le cas Ă©chĂ©ant au contexte des entreprises françaises et Ă  structurer le marchĂ©. Ces expĂ©riences pourraient ĂȘtre menĂ©es au sein de clusters d’ores et dĂ©jĂ  volontaires au sein du rĂ©seau France cluster (produits de la mer santĂ© nutrition, RhĂŽne-Alpes packaging, Nekoe...) et dans le cadre de l’expĂ©rience de crĂ©ation d’une monnaie complĂ©mentaire par l’agglomĂ©ration nantaise. Cette monnaie « Ă©conomique » avant que d’ĂȘtre solidaire vise, en premier lieu Ă  dynamiser l’activitĂ© des entreprises locales, sa mise en place est prĂ©vue pour le courant de l’annĂ©e 2013 avec le support du CrĂ©dit municipal nantais. Le pĂŽle NĂ©opolia participerait Ă  ce projet.

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Axe 4 : L’observation, le recueil et la mesure des effets Ă©conomiques des Ă©changes interentreprises. Cette phase viendrait compenser, le manque de donnĂ©es statistiques sur les effets micro et macroĂ©conomique des Ă©changes interentreprises au plan national et international. PrĂ©vue dĂšs l’amont des diffĂ©rentes expĂ©rimentations avec la construction et le suivi d’indicateurs de performance, elle permettrait d’en objectiver les rĂ©sultats d’un point de vue comptable et extracomptable. Ces observations auraient vocation Ă  enrichir le guide pratique des Ă©changes interentreprises et surtout Ă  encourager le dĂ©veloppement Ă  l’échelon national de plates-formes d’échanges, avec le concours des rĂ©seaux d’accompagnement publics et privĂ©s.

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INTRODUCTION

1.1 LES ECHANGES INTERENTREPRISES : DE QUOI PARLE-T-ON ? L’échange interentreprises, autre appellation du troc (ou plus communĂ©ment appelĂ© par sa dĂ©nomination anglo-saxonne « barter »), est l’opĂ©ration Ă©conomique par laquelle une entreprise cĂšde la propriĂ©tĂ© d'un bien ou dĂ©livre un service Ă  une autre entreprise et reçoit en retour un autre bien ou un service de valeur Ă©gale, sans passer par une transaction en monnaie lĂ©gale. Lorsque la transaction ne peut ĂȘtre totalement « compensĂ©e » par l’échange, elle est Ă©quilibrĂ©e par l’utilisation d’unitĂ©s de comptes spĂ©cifiques au rĂ©seau d’échanges (appelĂ©es unitĂ©s de compte rĂ©seau ou unitĂ©s de compte internes), qui jouent le rĂŽle de monnaie alternative, le plus souvent virtuelle, et qui fonctionnent chacune selon des rĂšgles spĂ©cifiques. Ces Ă©changes peuvent s’organiser de grĂ© a grĂ©, entre des entreprises qui se connaissent au sein d’un mĂȘme secteur, d’une mĂȘme zone gĂ©ographique, d’une filiĂšre et qui entretiennent dĂ©jĂ  des relations commerciales traditionnelles entre elles ou au sein de rĂ©seaux d’échanges ou « plates-formes d’échanges », animĂ©s par des intermĂ©diaires professionnels, qui agissent comme des courtiers en intervenant en interface entre « cĂ©dants » et « prenants » potentiels. L’intĂ©rĂȘt Ă©conomique de ces courtiers est de rĂ©unir Ă  l’intĂ©rieur de leur rĂ©seau le plus grand nombre possible d’entreprises aux activitĂ©s les plus variĂ©es pour multiplier les opportunitĂ©s d’échanges entre adhĂ©rents. Ils rĂ©munĂšrent ce service en prĂ©levant gĂ©nĂ©ralement une commission sur le montant des transactions rĂ©alisĂ©es, Ă  la fois sur les cessions et sur les acquisitions de biens et de services. Traditionnellement on distingue le « corporate barter » ou Ă©change entre grandes firmes ou grands comptes, qui est nĂ© et se concentre sur les pays anglo-saxons, et concerne principalement des opĂ©rations mĂ©dias, avec des opĂ©rations sophistiquĂ©es, des volumes d’échanges importants et une large couverture gĂ©ographique. Il reprĂ©sente 80 % des Ă©changes interentreprises. Dans ce systĂšme, on trouve d’une part l’annonceur, qui a des besoins en espace publicitaire et qui propose d’échanger contre cet espace ses produits ou ses services (chambres d’hĂŽtels, billets d’avion, Ă©lectromĂ©nager,...) et d’autre part un mĂ©dia. Le mĂ©dia utilise ses produits et ses services pour rĂ©munĂ©rer ses collaborateurs, amĂ©liorer ses relations publiques ou en dotation de jeux et/ou concours qu’il organise. Ce type d’échange peut concerner tout ou partie du coĂ»t de l’espace publicitaire qu’il propose. À cĂŽtĂ© on trouve le « retail barter » que nous appellerons Ă©change de « biens et services » qui concerne majoritairement une clientĂšle de TPE-PME/PMI et porte sur une palette plus diversifiĂ©e de produits et services, avec des tickets moyens d’échanges bien plus faibles, mais plus frĂ©quents. Aujourd’hui le « retail barter » se rĂ©alise de plus en plus frĂ©quemment par l’intermĂ©diaire de sites plates-formes sur Internet, qui troquent des produits et services plus diversifiĂ©s, oĂč le mĂ©dia est tout au plus un produit d’appel. La prĂ©sente Ă©tude traite plus particuliĂšrement de ce second type d’échanges qui sera par la suite appelĂ© plus simplement « Ă©changes de biens et services » par opposition aux Ă©changes « mĂ©dias ». Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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1.2 HISTORIQUE Dans le contexte de la crise de 1929, un des prĂ©curseurs sur le marchĂ© des Ă©changes interentreprises fut la banque suisse coopĂ©rative WIR, fondĂ©e en 1934 par Werner Zimmermann, Paul Enz et quatorze autres personnes, afin de faire face Ă  la pĂ©nurie dÂŽargent liquide en circulation due Ă  la thĂ©saurisation d'alors. Cette banque de type coopĂ©ratif existe toujours. Elle reste essentiellement composĂ©e de PME qui, ainsi regroupĂ©es, ont crĂ©Ă© entre elles un marchĂ© privilĂ©giĂ© qui leur permet d’ĂȘtre plus compĂ©titives face aux grands groupes internationaux. Le rĂ©seau utilise une unitĂ© de compte rĂ©seau, le WIR, comme moyen de valorisation des Ă©changes. À la mĂȘme Ă©poque, aux États-Unis, des lessiviers utilisaient les Ă©changes interentreprises pour produire des feuilletons radiophoniques en Ă©change d’espaces publicitaires, engendrant ainsi la production de « soap opera », adaptĂ©s pour la tĂ©lĂ©vision Ă  partir des annĂ©es 50 (The Young and the Restless, Guiding Light
). Ce modĂšle Ă©tait prĂ©curseur des Ă©changes mĂ©dias. La fin de la seconde guerre mondiale et l’édification du rideau de fer avec l’URSS ont favorisĂ© l’émergence de systĂšmes de troc dans les Ă©changes internationaux. En effet, en l’absence de devises convertibles, la seule façon de faire du commerce avec l’Occident rĂ©sidait alors dans l’échange direct de biens. Depuis le milieu des annĂ©es 2000, avec la gĂ©nĂ©ralisation d’Internet dans les entreprises, les Ă©changes interentreprises prennent un nouvel essor grĂące Ă  l’émergence de plates-formes d’intermĂ©diation dĂ©matĂ©rialisĂ©es. Celles-ci facilitent et accĂ©lĂšrent les Ă©changes, mĂȘme d’un faible montant, et les rendent accessibles Ă  des entreprises de tailles diverses et pas nĂ©cessairement proches gĂ©ographiquement. Leurs gestionnaires, qui agissent comme des courtiers, y proposent des prestations techniques et commerciales qui ont pour objet :

soit de rapprocher des entreprises dans le cadre d’échanges importants en valeur, mais limitĂ©s en termes de nombre d’acteurs (Ă©changes bilatĂ©raux ou trilatĂ©raux, typiquement dans le cas des Ă©changes de marchĂ© publicitaires) ;

soit de constituer une communautĂ© d’intĂ©rĂȘt entre un nombre important de petites entreprises aux moyens et besoins plus limitĂ©s (auquel cas, la rĂ©alisation d’une plate-forme informatique partagĂ©e s’avĂšre indispensable).

Avec la mondialisation de l’économie, une partie des Ă©changes internationaux avec les pays Ă©mergents repose sur des accords d’échanges bilatĂ©raux ne nĂ©cessitant pas de sortie financiĂšre, par exemple lorsqu’en Ă©change de l’achat d’une usine, le vendeur s’engage Ă  acquĂ©rir une partie de la production sur une pĂ©riode donnĂ©e ou, comme dans le cas de Renault, qui a en partie financĂ© son implantation Ă  Medellin (Colombie) par l’importation, via sa filiale suisse Sorimex, de produits automobiles, mais Ă©galement en complĂ©ment de denrĂ©es diverses : cafĂ©, coton, textiles, vĂȘtements. Certains États sont mĂȘme Ă  l’origine d’une politique mobilisant un systĂšme de compensation. Ainsi, la ThaĂŻlande a abrogĂ© en 2007 une politique relative aux opĂ©rations de compensation, selon laquelle tous les marchĂ©s adjugĂ©s par les organismes publics et les entreprises d'État, qui impliquaient des importations d'un montant supĂ©rieur Ă  300 millions de baht, devaient comprendre une opĂ©ration de Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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compensation reprĂ©sentant au moins la moitiĂ© de la valeur du marchĂ© ou 20 Ă  50 % du prix des marchandises importĂ©es. Sous ses diverses formes, le troc reste une pratique commerciale courante, y compris dans des sociĂ©tĂ©s extrĂȘmement monĂ©tarisĂ©es qui, selon l’Organisation Mondiale du Commerce reprĂ©senterait prĂšs de 15 % des Ă©changes internationaux (soit 8,43 milliards de dollars US). En France, le marchĂ© des Ă©changes interentreprises reprĂ©senterait 400 millions d’euros en 2009, effectuĂ©s principalement en Ă©changes mĂ©dias rĂ©alisĂ©s par un petit nombre d’acteurs tels que Tec la Solution, Marketing Buying bartering ou Barter Medias. Cependant, selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par la junior entreprise EDC Consulting, 65 % des entreprises françaises se dĂ©clarent ĂȘtre intĂ©ressĂ©es par ce l’échange de biens et de services (mĂȘme si cette Ă©tude de marchĂ© rĂ©vĂšle Ă©galement que peu de PME aujourd’hui connaissent encore ce mode de commerce). A priori, Ă  cĂŽtĂ© des transactions traditionnelles, tout semble aujourd’hui rĂ©uni pour que l’échange devienne une modalitĂ© courante de gestion pour les entreprises. Dans un contexte Ă©conomique difficile et une pĂ©riode de restriction budgĂ©taire pour les rĂ©seaux traditionnels d’accompagnement des entreprises (Europe, État, collectivitĂ©s locales, financeurs publics et privĂ©s
), l’échange pourrait ĂȘtre un des relais de croissance pour les PME. Il apporte notamment une solution aux problĂšmes ponctuels de trĂ©sorerie et de liquiditĂ©s des entreprises, leur permet d’optimiser leurs actifs dormants et surtout crĂ©e ou redynamise des relations commerciales. C’est dans ce contexte que le PĂŽle interministĂ©riel de Prospective et d’Anticipation des Mutations Économiques a dĂ©cidĂ© de mener la prĂ©sente Ă©tude : « Potentiel et perspectives de dĂ©veloppement des plates-formes d’échanges interentreprises. »

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OBJECTIFS ET MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE

2.1 OBJECTIFS DE L’ETUDE L’objectif de cette Ă©tude, confiĂ©e au cabinet Sofred Consultants, du groupement CeSAAr, est d’analyser le fonctionnement des systĂšmes d’échanges interentreprises, en particulier les platesformes d’échanges de biens ou services destinĂ©es aux PME, d’en Ă©valuer l’intĂ©rĂȘt pour les entreprises et le bĂ©nĂ©fice qu’elles pourraient tirer du dĂ©veloppement de cette pratique. Au regard des conditions de dĂ©veloppement de ces plates-formes et de leurs limites d’utilisation, l’étude doit permettre de dĂ©finir les leviers Ă©ventuels que les pouvoirs publics pourraient mettre en Ɠuvre pour accompagner le dĂ©veloppement de ce type de transactions. À cet effet l’étude doit produire : 1) Un Ă©tat des lieux et potentiel sur le marchĂ© français ; -

Un état des lieux quantitatif et qualitatif du marché des échanges interentreprises au niveau mondial et européen ;

-

Une projection de ce marchĂ© Ă  l’horizon 2020.

2) Une analyse de l’impact des Ă©changes interentreprises sur la compĂ©titivitĂ© des entreprises, en identifiant autant les opportunitĂ©s, que les limites et/ou les risques de cette pratique ; 3) Une analyse des freins et leviers au dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises notamment en France ; 4) Des prĂ©conisations aux pouvoirs publics sur les orientations et les modalitĂ©s d’un accompagnement du dĂ©veloppement de plates-formes interentreprises en France, tant en ce qui concerne l’offre que la demande de service ; 5) Un guide pratique d’information sur les Ă©changes interentreprises Ă  destination des entreprises.

2.2 METHODOLOGIE Pour répondre à ces objectifs, le groupement CeSAAr a mis en place une méthodologie fondée sur : -

La rĂ©alisation d’une vingtaine d’entretiens avec la reprĂ©sentation professionnelle du secteur au niveau mondial, avec des acteurs clĂ©s et des gĂ©rants de plates-formes ;

-

L’analyse des pratiques sur bases documentaires et recherches sur les sites Internet des entreprises leaders ;

La rĂ©alisation d’une dizaine de fiches de synthĂšse concernant des pratiques innovantes ou exemplaires engagĂ©es par des acteurs internationaux soit individuellement, soit collectivement pour soutenir le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises ;

L’analyse des donnĂ©es comptables et financiĂšres disponibles ou transmises par les entreprises ; Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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L’étude du cadre rĂ©glementaire, juridique et fiscal des Ă©changes interentreprises ;

La conduite d’une vingtaine d’entretiens avec des entreprises membres de plates-formes d’échanges ;

Dix entretiens avec des experts et des utilisateurs potentiels de ces plates-formes.

Ont ainsi été entendus : Tableau 1 : Liste des interlocuteurs contactés Structure Avocat

Interlocuteur

Cabinet Deprez Guignot & Associés

Jean-Loup Guyot

Fonction Avocat - droit Ă©conomique Direction juridique

Banque

Banque de France

Yvan Bazouni

Banque

Banque de France

Mathieu Vileyn

ACP, service de réglementation financiÚre

Cluster

France Cluster

Xavier Roy

Directeur

Cluster

Cluster Produits de la mer, Chantal Deschamps Nutrition, Santé

Directrice

Cluster

RhĂŽne Alpes Packaging

Katia Gorsen

Chargée de mission

Cluster

Hydreos

Khoudia Gueye

ChargĂ©e d’études

Cluster

Nekoe

Vincent Marcé

Chargé de mission, études prospectives

Courtier corporate

Groupe TEC

Pascal Alexandre

Directeur général

Courtier corporate

Active International

Martine Pelier

Managing director

Courtier corporate

Marketing Buying Bartering (MBB)

Boris Gimond

Responsable développement

Courtier corporate

Orion Trading

Chif Lee

Directeur général

Autorité prudentiel

de

contrĂŽle la

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Courtier corporate

Sofred Consultants - Groupement CeSAAr

Efficio France(Cobarter),

Maximilien Urso

Directeur général

B2B EN-TRADE

Samuel Cohen

Fondateur

E-barter

Arthur Bard

Fondateur

RES

Pierre Traska

Dirigeant France

RES

Walther Smets

Président fondateur

Courtier forme

plate-

Courtier forme

plate-

Courtier forme

plate-

Courtier forme

plate-

Courtier forme

plate- B & T Trade

Courtier forme

plate- Community way Comox Valley

Courtier forme

plate- IRTA Europe GlobalXchange

Courtier forme

plate-

Courtier forme

plate-

Courtier forme

plate-

and Pierre Morelle

Barter

– Michael Linton & Dorottya Szabo

Président directeur général Fondateur du concept de LETS Directeur général

BarterCard

Tim Sparks

Directeur général

CTB

Sirri Simsek

Directeur général

Ormita

Daniel Evans

Directeur général

Roland Canonica

Directeur régional

Hervé Dubois

Responsable de la communication

Expert

Commission européenne

Olivier Guersent

Directeur de cabinet du commissaire européen au marché intérieur

Expert

Cabinet Euraegis

Nicolas Ravailhe

Consultant européen

Expert

Université Bocconi de Massimo Amato Milan

Courtier plateBanque WIR forme et banque

Historien et professeur, spécialiste des monnaies

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Chargée de mission, Experts comptables

Conseil supérieur de l'Ordre Anne-Laure Jutier des Experts-Comptables

coordination service marchés, Observatoire Entreprises

Organisation professionnelle

IRTA

Ron Whitney

Directeur exécutif

Organisation professionnelle

NATE

Gary Oshry

Directeur général

Entreprise utilisatrice

Here We Com

Damien Manias

GĂ©rant

Entreprise utilisatrice

Mangnin Gecors

Marc Begiora

Président

Entreprise utilisatrice

Zzimo Concept

Nazim Benemanssour

GĂ©rant

Entreprise utilisatrice

HĂŽtel des princes

Jasmine Perenez

GĂ©rante

Entreprise utilisatrice 1

Agencement de bureaux et Laurent Mercier commerces

du des

GĂ©rant

Ces entretiens, qui ont durĂ© entre 1h30 et 4h, nous ont permis de recueillir un certain nombre d’informations que nous dĂ©taillerons et exploiterons par la suite. À la lumiĂšre de ces entretiens, il est cependant apparu un certain nombre de limites pour notre Ă©tude : Ÿ Volume du marchĂ© : pas de consolidation possible, et ce pour plusieurs raisons :

Des chiffres trĂšs divergents sur le volume des transactions, avancĂ©s par les divers acteurs, du fait de modĂšles Ă©conomiques trĂšs diffĂ©rents selon les opĂ©rateurs et des mĂ©thodes d’estimation plus ou moins empiriques : par la rĂ©munĂ©ration rĂ©trocĂ©dĂ©e (confidentielle gĂ©nĂ©ralement), par les dĂ©clarations des chiffres d’affaires, selon que les entreprises restent ou non propriĂ©taires des stocks, par les commissions uniquement, aux dires des apporteurs d’affaires,

1

D’autres entreprises entendues ont par ailleurs souhaitĂ© garder l’anonymat. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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L’intĂ©gration des transactions d’échange Ă  une autre activitĂ© (Agence de publicitĂ© pour Orion Trading et MBB - Agence de voyage pour TEC et MBB, 
). Il est alors difficile de dĂ©terminer la part des Ă©changes interentreprises dans le chiffre d’affaires des courtiers. Ÿ OpacitĂ© des Ă©changes interentreprises, notamment entre grandes firmes, car :

Les associations professionnelles amĂ©ricaines (IRTA/NATE) ne connaissent pas le chiffre d’affaires de leurs membres, malgrĂ© un code Ă©thique adoptĂ© en septembre 2011, qui invite pourtant les membres Ă  publier leurs chiffres ;

Il existe une forte concurrence de la profession, oĂč demeure la crainte de livrer ses « secrets de fabrication » ;

De grands opĂ©rateurs sont domiciliĂ©s Ă  l’étranger (Belgique notamment), avec des contraintes de publication de leurs comptes sociaux plus souples qu’en France ;

Il est trĂšs difficile, pour des raisons de confidentialitĂ©, d’avoir accĂšs aux contrats d’échanges et de courtage, hormis les documents « pro-forma » mis en ligne par les plates-formes d’échanges ;

Certaines entreprises utilisatrices ne souhaitent pas communiquer sur leur pratique des Ă©changes interentreprises dans certains secteurs trĂšs concurrentiels ou trĂšs exposĂ©s mĂ©diatiquement, dans lesquels l’appartenance Ă  un rĂ©seau d’échanges pourrait ĂȘtre perçu comme dĂ©valorisant pour l’image de l’entreprise (notamment pour les entreprises du luxe) et comme concurrentiel Ă  l’écoulement des produits ou des services de l’entreprise sur le marchĂ© traditionnel (dĂ©prĂ©ciation de la valeur marchande).

Ÿ Hormis les courtiers, les acteurs des Ă©changes interentreprises (utilisateurs, rĂ©gies, soldeurs) sont difficiles Ă  rencontrer : Les courtiers se sont en grande majoritĂ© dĂ©placĂ©s dans nos bureaux, aprĂšs une pĂ©riode de rĂ©flexion et de prudence : la lettre de mission de la DGCIS a permis de cautionner notre intervention, avec pourtant certaines rĂ©serves : -

La crainte initiale d’une intervention de l’État, notamment au plan comptable et fiscal ;

-

Le souci de prĂ©server l’anonymat de leurs clients qui, pour la plupart, ne souhaitent pas communiquer sur l’existence et la valeur des stocks auprĂšs des concurrents, des clients et des rĂ©seaux de distribution classique ;

-

Le manque de recul pour analyser des systÚmes en cours de développement.

Pour toutes ces raisons, l’équipe, avec l’accord du comitĂ© de pilotage a adaptĂ© sa mĂ©thodologie initiale. Pour approfondir et explorer certains thĂšmes de l’étude, notamment pour connaĂźtre les interrogations des entreprises potentiellement utilisatrices des Ă©changes interentreprises, SOFRED consultants a animĂ© deux ateliers de travail : ‱ ‐

Atelier 1 Participants : - Les reprĂ©sentants des plates-formes d’intermĂ©diation B to B RES, E-Barter et Barter and Trade, - Les clusters Nekoe, RhĂŽne-Alpes Packaging et Cluster de la mer, nutrition et santĂ©, Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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- Le pĂŽle de compĂ©titivitĂ© HydrĂ©os, - Une organisation coopĂ©rative : Ecosol, - Des membres du comitĂ© de suivi de l’étude. ‐

ThĂ©matiques abordĂ©es : - IntĂ©rĂȘts des Ă©changes interentreprises pour les PME, - Leviers/freins des Ă©changes interentreprises pour les PME, - Quels dispositifs et outils Ă  mettre en place pour favoriser le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises, en particulier par les pouvoirs publics ? - Le contenu d’un futur guide pratique d’information sur les Ă©changes interentreprises. ‱

Atelier 2

‐

Participants : - Les clusters Nekoe, Hydreos, RhĂŽne-Alpes Packaging et Cluster de la mer, nutrition et santĂ© ; - Des membres du comitĂ© de suivi de l’étude.

‐

ThĂ©matiques abordĂ©es : - Bilan de l’atelier ; 1 - Échange sur le contenu du projet de guide de communication sur les Ă©changes interentreprises Ă  destination des entreprises potentiellement intĂ©ressĂ©es.

En complĂ©ment de l’organisation de ces deux ateliers, deux dĂ©placements ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur Nantes. Le premier dĂ©placement a permis de participer Ă  la journĂ©e du 10 mai 2012 - " Par ici la monnaie ! " organisĂ©e par l’École des Mines. Le second dĂ©placement a eu lieu au CrĂ©dit Municipal de Nantes (CMN) le 14 mai 2012, dans une perspective d’enrichissement mutuel sur la thĂ©matique des Ă©changes interentreprises avec les reprĂ©sentants de la Ville de Nantes. La municipalitĂ© de Nantes s’est en effet lancĂ©e dans un projet de dĂ©veloppement sur l’agglomĂ©ration nantaise d’un systĂšme d’échanges locaux ouverts aux entreprises et aux particuliers et utilisant une monnaie complĂ©mentaire Ă  l’horizon 2013. Elle a dĂ©signĂ© le CMN pour gĂ©rer les compensations, en partenariat avec un courtier spĂ©cialisĂ© sur une plate-forme dĂ©diĂ©e, qui sera dĂ©veloppĂ©e Ă  cet effet. Les contacts avec les interlocuteurs nantaise se sont poursuivis jusqu’à la fin de la prĂ©sente mission. Le CrĂ©dit Municipal de Nantes a par ailleurs indiquĂ© Ă  la DGCIS sa disponibilitĂ© pour poursuivre ces Ă©changes pour faire Ă©voluer et Ă©valuer le modĂšle Ă©conomique de monnaie nantaise et d’ĂȘtre associĂ© aux projets d’accompagnement des entreprises que la DGCIS pourrait dĂ©velopper Ă  la suite de cette Ă©tude.

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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LE MARCHÉ DES ÉCHANGES INTERENTREPRISES À L’INTERNATIONAL, EN EUROPE ET EN FRANCE

3.1 LES ECHANGES INTERENTREPRISES AU PLAN INTERNATIONAL 3.1.1

Cadrage international

Ÿ Volumes d’affaires Selon des chiffres de l’Organisation Mondiale du Commerce, 15 % des Ă©changes mondiaux s’effectuent sans recourir Ă  une monnaie nationale rĂ©galienne. Cela inclut les Ă©changes directs, les Ă©changes interentreprises, les accords internationaux multilatĂ©raux et les Ă©changes effectuĂ©s avec des monnaies complĂ©mentaires. En 2004, la Banque mondiale estimait que les Ă©changes sans utilisation de monnaie nationale (Ă©changes directs, barter, accords internationaux multilatĂ©raux et Ă©changes effectuĂ©s avec des monnaies complĂ©mentaires) reprĂ©sentaient 2 790 milliards de dollars sur les 18 600 milliards de dollars du commerce mondial. Selon l’International Reciprocal Trade Association (IRTA), organisation professionnelle internationale des entreprises d’échanges interentreprises, 12 milliards de dollars ont Ă©tĂ© Ă©changĂ©s entre des entreprises dans le monde en 2011 : plus de 6 milliards en AmĂ©rique, 2 milliards en Europe et au Moyen-Orient et 2 milliards en Asie et OcĂ©anie respectivement. Ce mode de transaction est donc particuliĂšrement dĂ©veloppĂ© aux États-Unis, oĂč la majoritĂ© des entreprises affirment avoir recours au troc. Parmi elles, des multinationales telles que General Electric, Hughes Aircraft, General Motors, Goodyear, Coca-Cola, Levi Strauss, Westinghouse ou Northrop. Ce phĂ©nomĂšne est Ă©galement trĂšs important en Australie. L’IRTA estime qu’à l’avenir 4 % des dĂ©penses des entreprises pourraient se rĂ©aliser en Ă©changes interentreprises, en sachant que les dĂ©penses des entreprises reprĂ©sentent moins de 10 % de l’économie mondiale. Sur la base de ce raisonnement, si l’on prend les derniers chiffres du PIB mondial, soit 58 000 milliards (FMI 2009), cela reprĂ©senterait 230 milliards de dollars.

A priori, sur un marchĂ© mature, le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises serait contrecyclique, avec des pointes de croissance de 8 Ă  10 % par an en temps de crise. En effet, les entreprises qui pratiquent dĂ©jĂ  les systĂšmes d’échanges interentreprises, ont tendance Ă  augmenter leurs Ă©changes par compensation, qui leur permettent notamment de valoriser leurs actifs dĂ©prĂ©ciĂ©s ou en excĂ©dent, en Ă©change de biens et services, sans mobiliser leur trĂ©sorerie. Il serait, selon certains observateurs, une des clĂ©s de la lĂ©gendaire stabilitĂ© Ă©conomique helvĂ©tique, avec la crĂ©ation du Wir, monnaie complĂ©mentaire interentreprises suisse louĂ©e pour ses vertus anticycliques, il y a prĂšs de 80 ans, en pleine crise Ă©conomique. Pour autant, durant la crise de 2008-2009, les entreprises françaises qui n’avaient pas encore pratiquĂ© les Ă©changes interentreprises, sont restĂ©es rĂ©fractaires Ă  la pratique de cette activitĂ©. Les Ă©lĂ©ments de cadrage chiffrĂ©s, recueillis lors des investigations, sont synthĂ©tisĂ©s en annexe n°1. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Ÿ Acteurs Une base de donnĂ©es, constituĂ©e par la sociĂ©tĂ© Ormita, pour une Ă©tude sur les Ă©changes interentreprises au Royaume-Uni 2, recense dans le monde 700 entreprises ayant pour activitĂ© principale les Ă©changes interentreprises. Le principal enseignement rĂ©side dans leur rĂ©partition mondiale : prĂšs de 75 % de ces entreprises sont situĂ©es en AmĂ©rique du Nord et principalement aux États-Unis (61 %). Graphique 1 : RĂ©partition des courtiers en Ă©changes interentreprises par pays

Note : graphique transmis par l'entreprise Ormita (28/11/2011) représentant la répartition des courtiers en échanges interentreprises par pays, selon le recensement effectué par l'entreprise (Source : Ormita).

Plus globalement, on peut estimer qu’un encours de 1 200 Ă  2 000 entreprises proposeraient des systĂšmes d’échanges interentreprises Ă  travers le monde, pour partie ou totalitĂ© de leur chiffre d’affaires, dont certaines plus particuliĂšrement sur le B to C. Il faut cependant prĂ©ciser qu’à cĂŽtĂ© de ces professionnels existent, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-ZĂ©lande ou encore au Japon, des centaines de systĂšmes communautaires

2

Capacity Trade and credit : emerging architectures for commerce and money, City of London Corporation, ESRC et Recipco par Z/Yen, décembre 2011.

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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s’inscrivant dans l’économie sociale et solidaire (Local Exchange Trading System - LETS, Time Bank,...) ou cohabitent des entreprises et des particuliers, la grande majoritĂ© de taille modeste. Au Royaume-Uni, il y a principalement des systĂšmes communautaires (Time Banks notamment), mais qui ont peu d’impact sur l’économie nationale. À l’inverse, il existe une douzaine de courtiers en Ă©changes interentreprises en Turquie, mais aucun systĂšme communautaire de type LETS. Enfin, certains États, comme les États fĂ©dĂ©raux amĂ©ricains ou la Chine, rĂ©flĂ©chiraient Ă  la constitution d’organismes publics d’échanges interentreprises, qui pourraient avoir un rĂŽle d’accĂ©lĂ©rateur pour le dĂ©veloppement du marchĂ©. 3.1.2

DĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises aux États-Unis

Pour quantifier le marchĂ© amĂ©ricain, les principales difficultĂ©s reposent sur le manque de statistiques consolidĂ©es. L’IRTA et la National Association of Trade Exchange (NATE), le syndicat professionnel des entreprises amĂ©ricaines d’échanges interentreprises, ne disposent pas de ces donnĂ©es, leurs membres n’étant pas contraints de publier leur chiffre d’affaires. Cependant, l’IRTA estime que le marchĂ© amĂ©ricain des Ă©changes interentreprises est d’environ 6 milliards de dollars. ParallĂšlement, l’IRTA et la NATE estiment qu’entre 1 et 2 % des dĂ©penses des entreprises amĂ©ricaines sont effectuĂ©es sous forme d’échanges interentreprises, soit un marchĂ© allant de 1,5 Ă  3 milliards de dollars3. Le marchĂ© des Ă©changes interentreprises amĂ©ricain se situerait donc dans cette fourchette large, allant de 1,5 Ă  6 milliards de dollars. Le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises aux États-Unis a Ă©tĂ© stimulĂ© par la lĂ©gitimitĂ© que lui a donnĂ©e le gouvernement amĂ©ricain. En effet, la loi Tax Equity and Fiscal Responsibility Act (TEFRA), adoptĂ©e par le congrĂšs amĂ©ricain en 1982, reconnaĂźt expressĂ©ment les Ă©changes interentreprises comme un mode de transaction qui doit ĂȘtre dĂ©clarĂ© Ă  l’administration fiscale, dans le formulaire 1099B remis par l’Internal Revenue Service (IRS), tout comme des ventes traditionnelles monĂ©tarisĂ©es. Avant 1982 et l’adoption de la loi TEFRA, des entreprises recouraient dĂ©jĂ  aux Ă©changes interentreprises, mais de façon confidentielle. Ainsi, si cette loi n’a pas levĂ© une rĂ©elle difficultĂ© fiscale, elle a cependant permis de donner une plus grande visibilitĂ© aux Ă©changes interentreprises. AprĂšs 1982, de nombreux opĂ©rateurs en Ă©changes interentreprises se sont dĂ©veloppĂ©s. Il s’agissait souvent de courtiers opĂ©rant trĂšs localement, avec un nombre restreint de membres. Beaucoup d’entre eux ont fait faillite, faute d’atteindre une taille critique et de proposer des biens et services suffisamment diversifiĂ©s pour ĂȘtre rentables. Le systĂšme Internet a donnĂ© un second souffle aux Ă©changes interentreprises, en permettant de dĂ©velopper des plates-formes d’échanges dĂ©matĂ©rialisĂ©es. NĂ©anmoins, si l’on compte aujourd’hui prĂšs de 800 entreprises d’échanges interentreprises aux États-Unis, Ă  peine une centaine a plus de deux annĂ©es d’existence. En outre, Ă  l’exception de quelques sociĂ©tĂ©s importantes (Bizxchange Ă  Seattle et San Francisco, OrangeBee et Floridabarter en Floride ou Nubarter), la plupart des sociĂ©tĂ©s

3

À mettre toutefois en perspective avec un Produit IntĂ©rieur Brut amĂ©ricain en 2010 estimĂ© Ă  14 624 milliards de dollars.

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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de troc sont constituĂ©es de moins de 500 clients actifs, avec un volume d’échanges qui se situe en moyenne autour de 20 millions de dollars par an. Cette faible durĂ©e de vie des opĂ©rateurs en Ă©changes interentreprises s’explique principalement par quatre facteurs :

leur incapacitĂ© Ă  atteindre une masse critique de membres et d’offres. Pour assurer le fonctionnement du systĂšme, celui-ci doit offrir des produits divers de qualitĂ© et en quantitĂ© afin d’éviter que les participants soient fidĂ©lisĂ©s et n’accumulent pas des dettes ou des crĂ©dits impossibles Ă  compenser. Or, on constate que pour les plus petits courtiers en Ă©changes interentreprises, trĂšs localisĂ©s, le nombre de membres et les produits proposĂ©s (principalement des services) ne permettent pas aux participants ayant accumulĂ© des nombreux crĂ©dits d’échange de les dĂ©penser. Cela entraĂźne une forte inflation qui favorise l’effondrement du systĂšme ;

l’inflation des crĂ©dits non compensĂ©s par les entreprises membres du rĂ©seau, dĂ©sĂ©quilibrant le systĂšme ;

la fragilitĂ© des opĂ©rateurs, leur manque d’expĂ©rience et parfois de transparence vis-Ă -vis de leurs clients et de l’administration, peu propice Ă  crĂ©er la confiance dans le systĂšme ;

le doute sur l’intĂ©rĂȘt Ă©conomique des Ă©changes interentreprises et sur la fiabilitĂ© des opĂ©rateurs (du fait des nombreuses dĂ©faillances dans la profession).

Pour y remĂ©dier l’IRTA a adoptĂ© en septembre 2011 un code Ă©thique (Cf. annexe n° 2). Ce code porte notamment sur le rappel des obligations lĂ©gales de dĂ©claration aux services fiscaux, la communication des opĂ©rateurs en Ă©changes interentreprises (obligation de dĂ©clarer le nombre de membres actifs, les volumes et la nature des produits Ă©changĂ©s,
), les rĂšgles de concurrence saine, et celles concernant la mise en place de franchises ou s’appliquant lors d’acquisitions d’entreprises de courtage en Ă©changes.

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Les États-Unis comptent un certain nombre d’initiatives intĂ©ressantes : Fiche n° 1

Cas exemplaire aux États-Unis :

CrĂ©Ă©e en 1997 par l’International Reciprocal Trade Association (IRTA), l’UC compte actuellement 100 entreprises membres dont 86 sont membres de l’IRTA. L’ensemble de ces courtiers en Ă©changes interentreprises reprĂ©sentent ainsi prĂšs de 100 000 membres utilisateurs, principalement implantĂ©s aux ÉtatsUnis (Ă  noter cependant que la plate-forme UC revendique des membres Ă  l’international rĂ©partis dans 15 pays diffĂ©rents). La plate-forme est supervisĂ©e par un comitĂ© formĂ© de huit membres qui se rĂ©unissent rĂ©guliĂšrement pour examiner les demandes d’adhĂ©sion, les demandes de crĂ©dit, les comptes des membres et les actions commerciales. L’UC a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour faciliter les transactions entre les diffĂ©rents courtiers. Si certains courtiers amĂ©ricains ont signĂ© des accords mutuels de collaboration pour permettre Ă  leurs membres respectifs de rĂ©aliser des transactions entre eux, l’UC permet de gĂ©nĂ©raliser ces Ă©changes commerciaux rĂ©ciproques et multilatĂ©raux en agissant comme « une troisiĂšme partie comptable centrale pour les entreprises participantes, lors de chaque transaction d’échanges interentreprises.

Les frais d’inscription s’élĂšvent Ă  50 $ amĂ©ricains et les frais de participation Ă  50 $ par mois (100 $ pour les non-adhĂ©rents Ă  l’IRTA). En outre, les participants Ă  la transaction sont chacun taxĂ©s en dollars amĂ©ricains Ă  hauteur de 0,25 % de la valeur brute de chaque vente.

La mise en place d’une telle « meta-plate-forme » nĂ©cessite une interopĂ©rabilitĂ© entre les diffĂ©rents courtiers et donc une certaine standardisation des modĂšles.

Atouts et/ou inconvénients

ModĂšle Ă©conomique

Pour participer au systĂšme UC, il faut ouvrir un compte virtuel utilisant l’unitĂ© de compte du rĂ©seau. Cette ouverture nĂ©cessite de rencontrer un courtier de l’UC pour dĂ©finir avec lui des produits que l’entreprise est susceptible d’échanger. Chaque transaction rĂ©alisĂ©e donne lieu Ă  un Ă©change compensatoire en unitĂ©s de compte, en dĂ©bit pour l’acheteur et crĂ©dit pour le vendeur.

Facteurs clés de succÚs

Organisation et fonctionnement

UNIVERSAL CURRENCY Universal Currency (UC) est une plate-forme d’échanges de biens et services destinĂ©e Ă  faciliter les Ă©changes intercourtiers. Elle utilise une unitĂ© de compte Ă©lectronique servant Ă  la compensation d’échanges multilatĂ©raux.

Pour éviter que les membres ne contractent des dettes trop importantes, un fonds de réserve est constitué par une taxe prélevée mensuellement auprÚs des débiteurs. Cette taxe représente 0,5 % de leur solde en déficit à la fin de chaque mois.

L’avantage principal pour le courtier en Ă©changes interentreprises est de pouvoir augmenter son portefeuille client et atteindre plus facilement une masse critique pour proposer Ă  ses clients des biens et services suffisamment diversifiĂ©s. ParallĂšlement, les membres des diffĂ©rents rĂ©seaux d’échanges interentreprises se voient proposer plus d’opportunitĂ©s d’échanges et recourent donc plus frĂ©quemment au service. L’objectif affichĂ© de l’UC est transformer son systĂšme d’unitĂ©s de compte virtuel en un vĂ©ritable systĂšme de monnaie complĂ©mentaire universelle. Celle-ci serait utilisĂ©e pour faciliter les transactions entre les entreprises d’échanges interentreprises.

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Fiche n° 2

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Cas exemplaire aux États-Unis : ATLANTIQUE BARTER

Organisation et fonctionnement

CrĂ©Ă©e en 1993 Ă  Wilmington, Atlantique Barter est l’entreprise de courtage en Ă©changes interentreprises la plus dĂ©veloppĂ©e dans le Delaware, la Pennsylvanie et le New Jersey avec plus de 1 000 membres actifs. La sociĂ©tĂ© est membre de l'Association internationale du commerce rĂ©ciproque, (IRTA), et de l'Association nationale des Ă©changes commerciaux (NATE). La sociĂ©tĂ© a conclu plus de vingt accords de rĂ©ciprocitĂ© avec d'autres courtiers Ă  travers tout le pays, afin de permettre l'accĂšs de ses membres aux biens et services en dehors de la rĂ©gion des trois États citĂ©s prĂ©cĂ©demment.

ModĂšle Ă©conomique

Atlantique Barter compte 8 salariĂ©s, dont 4 pour soutenir le rĂ©seau d’échanges. La sociĂ©tĂ© rĂ©alise entre 500 Ă  750 transactions par mois avec une valeur moyenne des Ă©changes de 300 $ Ă  500 $.

Pour adhĂ©rer au rĂ©seau de l’Atlantique Barter, il faut payer un droit d’adhĂ©sion de 495 $, ainsi que des frais d’amorçage des Ă©changes de 100 $, qui seront dĂ©bitĂ©s du compte barter de l’entreprise. Cela signifie que l’entreprise adhĂ©rente accepte de fournir 100 $ de liquiditĂ©s aux autres membres du rĂ©seau, ce qui permet de fluidifier les Ă©changes. Chaque membre dispose d'un compte. Chaque fois qu’une entreprise conclut une transaction, Atlantique Barter crĂ©dite ce compte de la valeur totale de l’opĂ©ration. Lorsque l’entreprise acquiert un bien ou un service provenant d’un autre membre du rĂ©seau, Atlantique Barter dĂ©bite le compte de l’entreprise du montant correspondant. Des frais de commission de 12,5% sont facturĂ©s uniquement pour les produits et services que l’entreprise acquiert.

Atouts et/ou inconvénients

Facteurs clés de succÚs

Des frais mensuels de 20 $, permettant de couvrir les coûts administratifs de la plate-forme, sont également prélevés.

Deux facteurs intimement liĂ©s sont indispensables : - La capacitĂ© Ă  dĂ©marcher et fidĂ©liser un rĂ©seau d’entreprises ; - La multiplication du nombre de membres qui permet de dĂ©cupler les possibilitĂ©s d’échanges interentreprises.

L’avantage est de permettre aux membres d'utiliser, en tant que de besoin, des dollars pour solder les opĂ©rations d’échanges au sein du rĂ©seau. Cela donne la possibilitĂ© d'obtenir ce dont on a besoin Ă  un prix compĂ©titif. Une entreprise n’est Ă©galement pas tenue d’acquĂ©rir un produit Ă  l’entreprise Ă  laquelle elle a fourni par voie d’échange, un produit et service. Cela encourage les membres Ă  chercher la meilleure valeur d’échange. Les membres d’Atlantique Barter peuvent ainsi vendre des produits pĂ©rissables, des stocks Ă  rotation lente, des capacitĂ©s invendues Ă  leur valeur commerciale. Ce systĂšme permet de prĂ©server pour les entreprises leur trĂ©sorerie.

Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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3.1.3

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DĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises au Canada

Le gouvernement fĂ©dĂ©ral du Canada estime que le troc est une forme viable de commerce. L’adhĂ©sion d’une entreprise Ă  un rĂ©seau d’échanges de biens et services sans passer par l’argent est lĂ©galement reconnue. La loi « Barter Income Tax Act » adoptĂ©e en 1982, accorde aux opĂ©rateurs Barter un statut similaire aux banques (http://www.thinkbarter.com/barter/barter-and-taxes.html). Un des exemples les plus intĂ©ressants de systĂšme reposant sur les Ă©changes est un rĂ©seau d’économie solidaire « ouvert », fonctionnant entres particuliers, entreprises et organismes caritatifs. Fiche n° 3

Cas exemplaire au Canada : EXCHANGE TRADING SYSTEM DE COMOX VALLEY

Organisation et fonctionnement

InspirĂ© par un systĂšme d’échanges communautaires (Community Exchange), mis en place par David Weston oĂč la mesure des Ă©changes est fondĂ©e sur le temps, Michael Linton dĂ©marre en 1983 un systĂšme d’échanges fondĂ©, non plus sur l’unitĂ© de temps, mais sur le Green Dollar (Ă©quivalent au dollar canadien). À destination des acteurs de l’üle de Vancouver, ce systĂšme est appelĂ© Local Exchange Trading System de Comox Valley (LETS ou systĂšme d’échanges et de commerce local) pour lequel il dĂ©veloppe un logiciel informatique de gestion des Ă©changes. Afin de mettre en place un systĂšme expĂ©rimental et de diffuser ses idĂ©es, il crĂ©e une entreprise, Landsman Limited. Le LETS de Comox Valley se dĂ©veloppe trĂšs vite et de nombreuses entreprises locales y participent. NĂ©anmoins, deux ans et demi plus tard, le systĂšme s’effondre, des participants ayant accumulĂ© des dettes trop importantes en Green Dollars (14 000 Greens Dollars). En 2009, une nouvelle expĂ©rience est lancĂ©e sous le nom de Community Way de Comox Valley, sur un modĂšle de monnaie complĂ©mentaire appelĂ©e Comox Valley dollars (CW$). BasĂ©e sur l’économie sociale et solidaire, celle-ci a pour but de relier des PME, des particuliers Ă  des projets ou associations caritatives, au sein d’une communautĂ© d’échanges (Community Way). À ce jour, la communautĂ© de Comox Valley rĂ©unie plus de 70 PME et commerçants autour d’une quarantaine d’associations et projets caritatifs (association contre la faim, centre d’éducation pour adulte, centre de santĂ©, 
), touts utilisant une unitĂ© de compte interne, le CW$. PrĂšs de 150 000 CW$ circulent dans cette communautĂ© avec plus de 81 000 CW$ de crĂ©dits. En stimulant l’économie locale, cet argent complĂ©mentaire favorise les entreprises de la communautĂ©, tout en soutenant des projets caritatifs Ă  destination de cette mĂȘme communautĂ©. C’est pourquoi ce systĂšme se veut positif Ă  la fois pour l’économie locale et pour le bien-ĂȘtre d’une communautĂ© (« Community way, good for community, good for business »).

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Cadre juridique

ModĂšle Ă©conomique

La communautĂ© de Comox Valley est basĂ©e sur le modĂšle des monnaies ouvertes (open money). Le principe gĂ©nĂ©ral peut ĂȘtre dĂ©crit en 6 principes gĂ©nĂ©raux : 1. Le principe de communautĂ©s (Community Way - CW) permet de connecter des PME et des particuliers Ă  des groupes caritatifs (associations, projets, 
). 2. Dans un premier temps, les entreprises font des dons Ă  la communautĂ© en monnaie communautaire (CW$). DĂšs lors, les comptes des entreprises sont crĂ©diteurs en CW$ et inversement, les comptes des associations ou projets soutenus sont dĂ©biteurs. 3. Les associations peuvent utiliser cette nouvelle monnaie auprĂšs d’entreprises ou auprĂšs de particuliers (ex : augmenter le salaire ou encourager des bĂ©nĂ©voles en CW$, monĂ©tiser en US$ les CW$ auprĂšs de particuliers, 
). 4. Les particuliers ont un moyen de payer en CW$, auprĂšs des entreprises adhĂ©rentes au systĂšme et de les faire circuler. Jusqu’ici, le systĂšme a permis aux associations d’amasser des fonds, tout en permettant aux entreprises de fidĂ©liser des clients. Pour les transactions (B to B ou B to C), les entreprises fixent le pourcentage maximum de CW$ acceptĂ©s. 5. Les entreprises peuvent dĂ©penser leurs CW$ de diffĂ©rentes façons : soit en Ă©changeant avec les PME membres de la communautĂ©, soit en augmentant ses salariĂ©s en CW$, soit en faisant de nouveaux dons aux associations. 6. Ces Ă©changes sont basĂ©s sur une notion de biens communs et d’échanges gagnant-gagnant : les entreprises soutiennent les communautĂ©s tout en fidĂ©lisant une clientĂšle, tandis que les particuliers peuvent appuyer leur communautĂ© en augmentant leur pouvoir d’achat. Une charte a Ă©tĂ© Ă©tablie et acceptĂ©e par tous les participants au systĂšme : 1. Les participants Ă©valuent eux-mĂȘmes les transactions. 2. Il n'y a pas d'obligation d'accomplir des transactions. 3. Le systĂšme LETS tient la comptabilitĂ© des Ă©changes en termes de dĂ©bit et de crĂ©dit, Ă©valuĂ©s selon une "unitĂ© de compte" dĂ©finie localement. 4. Seules ces unitĂ©s entrent dans la comptabilitĂ©, mais un complĂ©ment monĂ©taire peut ĂȘtre convenu lors d'une transaction, dans le cas notamment oĂč le service entraĂźne un coĂ»t monĂ©taire (essence, achat de matĂ©riel...). 5. Le systĂšme central diffuse via une plate-forme les offres de services Ă©manant des participants, mais n'est pas responsable de la qualitĂ© de ces services, de la compĂ©tence de ceux qui les proposent ou de leurs problĂšmes vis-Ă -vis des autoritĂ©s fiscales. 6. L'Ă©tat du compte de chacun peut ĂȘtre communiquĂ© Ă  d'autres, et la situation de tous les comptes peut ĂȘtre pĂ©riodiquement communiquĂ©e Ă  tous. 7. Les comptes en crĂ©dit ou en dĂ©bit ne donnent lieu Ă  aucun intĂ©rĂȘt, et les membres ne sont pas tenus Ă  avoir un compte positif pour accĂ©der Ă  un service. 8. L'accent est mis sur la convivialitĂ©, la transparence et la participation de tous aux problĂšmes de fonctionnement. 9. Un comitĂ© est constituĂ© pour repĂ©rer en temps utile les comptes "dĂ©viants" (dont le dĂ©bit devient trop Ă©levĂ©), et cherche avec leurs dĂ©tenteurs, les moyens de les rĂ©Ă©quilibrer.

Il s’agit d’une association.

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Facteurs clés de succÚs

Pour Michael Linton, un des aspects primordiaux est l’adhĂ©sion des particuliers Ă  travers une vĂ©ritable culture de l’échange. C’est ce qui permet de faire circuler de la façon la plus fluide possible la monnaie complĂ©mentaire, tout en permettant de diversifier les Ă©changes possibles entre membres d’une communautĂ©. NĂ©anmoins, le modĂšle n’est pas figĂ© et diffĂ©rents cas de figure sont envisageables. Michael Linton a rĂ©alisĂ© de nombreux sĂ©minaires et sĂ©ances d’information (y compris auprĂšs de dĂ©cideurs, de petites entreprises ou de grands groupes français du CAC 40), sans que cela n’ait donnĂ© de rĂ©sultats probants, Ă  l’inverse d’autres pays (Allemagne, Europe du Nord, États-Unis, 
). Pour lui, cela s’explique par une acceptation culturellement difficile de ce genre de systĂšme.

Atouts et /ou inconvénients

Pour pĂ©renniser le systĂšme de LETS, les diffĂ©rentes communautĂ©s doivent, en outre, pouvoir s’interconnecter entre elles, puisque fonctionnant sur le mĂȘme modĂšle. Il existe ainsi d’autres Community Way fonctionnant sur ce principe au Canada et qui pourraient se connecter pour crĂ©er un rĂ©seau de communautĂ©s (Kimberley en Colombie britannique – Ca, Dunbar en Ontario – Ca).

Un systĂšme qui allie particuliers, entreprises et projets caritatifs pour stimuler l’économie locale au sein d’une communautĂ©, mais il nĂ©cessite des membres actifs, qui proposent des produits diversifiĂ©s, pour que le systĂšme s’entretienne.

3.1.4

DĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises en Australie

Le marchĂ© australien des Ă©changes interentreprises s’est dĂ©veloppĂ© Ă  partir des annĂ©es 1990. Il a rapidement connu une trĂšs forte croissance au milieu des annĂ©es 1990, jusqu’à compter une trentaine de courtiers actifs de tailles diffĂ©rentes. Par la suite, une forte concentration de ces entreprises s’est opĂ©rĂ©e pour rĂ©aliser des Ă©conomies d’échelle sur les frais de fonctionnement et d’infrastructures et sur le nombre de membres actifs. À la fin des annĂ©es 2000, seulement deux entreprises d’échanges interentreprises de taille importante coexistaient, BarterCard et Business Barter Exchange (BBX), toutes deux issues des absorptions consĂ©cutives suivantes. Tableau 2 : Absorptions successives de courtiers en Ă©changes interentreprises par les deux acteurs australiens BBX et BarterCard

1989

BBX Barter Trading Group

2000

BarterCard Itex Australia

2002

Network barter Company

2001

Ibex Australia

2003

Tradebank International

2002

Trade Limited

2005

Universal Courtiers Exchange

2006

Tradebart

2007

Tradex Pacific

Note : tableau issu de l'analyse du marché australien et représentant la concentration des acteurs australiens. Source : Daniel Evans, Australian barter Exchange Market Analysis, 2009.

Aujourd’hui BarterCard et ses filiales sont prĂ©sents dans six pays (Australie, Chypre, NouvelleZĂ©lande, ThaĂŻlande, Royaume-Uni, Émirats arabes unis). L’entreprise possĂšde par ailleurs 120 bureaux dans le reste du monde en collaboration avec des partenaires. Le rĂ©seau compte prĂšs de Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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55 000 membres Ă  l’échelle mondiale, dont 22 000 en Australie et rĂ©alise un chiffre d’affaires de 200 millions de dollars US par an. BBX compte 3 600 membres en Australie et 4 500 dans le reste du monde par le biais de partenariats. Selon ses dirigeants, ses membres Ă©changeraient chaque annĂ©e une moyenne de 33 000 dollars australiens et 23 000 dollars pour BarterCard. Les autres entreprises d’échanges interentreprises australiennes sont beaucoup plus localisĂ©es. On citera principalement :

Contrabart (1990)

Active International (1994)

Empire Trade (fondée en 2000)

A2Z barter (2001)

Barter Network (2005)

TalentCard

Sur le plan rĂ©glementaire, il n’existe en Australie aucune loi ou rĂšglement encadrant spĂ©cifiquement les transactions rĂ©alisĂ©es en Ă©changes interentreprises. Ainsi, pour l’Australian Government Taxation Office, les opĂ©rations d’échanges interentreprises sont Ă©valuables et dĂ©ductibles des impĂŽts, comme toutes autres opĂ©rations en liquide ou de crĂ©dit (NAT 9748 de 2011).

Fiche n° 4

Cas exemplaire en Australie :

Organisation et fonctionnement

BARTERCARD En 1991, trois australiens Wayne Sharpe, Andrew Federowsky et Brian Hall fondent l’entreprise BarterCard en Australie. L’entreprise grossit rapidement, notamment en mettant en place une stratĂ©gie Ă  l’international. Ainsi en 1996, une filiale anglaise est crĂ©Ă©e. Aujourd’hui, BarterCard rassemble 55 000 membres dans le monde dont 22 000 en Australie et 5 000 au Royaume-Uni. Ces membres actifs rĂ©alisent chaque annĂ©e une moyenne de 23 636 dollars en transaction barter. Tous types de produits et services (services juridiques, location de voiture,...) peuvent ĂȘtre Ă©changĂ©s et le volume de ces transactions est de 4 millions de livres par mois (4,7 millions d'euros) pour BarterCard UK et environ 2 milliards de dollars australiens Ă©changĂ©s Ă  l'Ă©chelle du monde (1,5 milliard d'euros). BarterCard possĂšde des filiales dans six pays (Australie, Chypre, Nouvelle-ZĂ©lande, ThaĂŻlande, Royaume-Uni, Émirats arabes unis). Elle est aussi prĂ©sente dans sept autres pays, grĂące Ă  des partenariats.

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ModĂšle Ă©conomique

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Le rĂ©seau s’adresse exclusivement aux entreprises et le marchĂ© visĂ© est plus particuliĂšrement celui des PME. Pour les dirigeants, il s’agit du secteur le plus pertinent pour les Ă©changes interentreprises puisque, Ă  l’inverse des grands groupes, la chaĂźne de dĂ©cision est courte et rĂ©active, ce qui est primordial pour fluidifier les transactions. Les membres du rĂ©seau sont sĂ©lectionnĂ©s pour assurer de bonnes pratiques et sĂ©curiser les Ă©changes. Avant d'ĂȘtre acceptĂ© comme membre, une enquĂȘte de rĂ©putation et un audit financier sont menĂ©s, suivis d'un entretien avec un « Business Developer » de BarterCard, pour comprendre l'activitĂ© de l'entreprise et les biens ou services potentiellement Ă©changeables dans le rĂ©seau.

Cadre juridique

BarterCard Uk est une filiale à 100 % BarterCard International (domiciliée aux Bermudes).

Facteurs clés de succÚs

Dans chaque pays dans lequel BarterCard est présent, la convertibilité avec la monnaie nationale est complÚte (1 crédit barter = 1 unité de monnaie locale).

Deux principaux facteurs : - Un rĂ©seau large et diversifiĂ© localement et Ă  l’étranger. Le systĂšme BarterCard permet de s’affranchir des distances et de trouver les meilleures opportunitĂ©s oĂč elles se trouvent. - Sa cible de PME, entreprises plus rĂ©actives, ce qui est primordial pour effectuer des Ă©changes interentreprises.

Atouts et/ou inconvénients

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Dans un systĂšme constituĂ© d’entreprises sĂ©lectionnĂ©es, les membres ont une plus grande capacitĂ© de s’adresser Ă  une nouvelle catĂ©gorie d'entreprises, quelquefois en termes de secteurs d'activitĂ©, mais plus souvent en termes gĂ©ographiques. En effet, les Ă©changes effectuĂ©s via BarterCard s'effectuent sur la plate-forme via Internet, ce qui dĂ©matĂ©rialise la relation commerciale tout en la facilitant. Avec les systĂšmes de transports performants qu'offrent la majoritĂ© des pays et la plate-forme BarterCard, la distance n'est plus discriminante. L'autre point extrĂȘmement positif porte sur l'aspect financier : ces Ă©changes effectuĂ©s favorisent des Ă©conomies en trĂ©sorerie, notamment lors de baisse d’activitĂ©. La force du rĂ©seau BarterCard tient au systĂšme des filiales Ă  travers le monde, mĂȘme si des Ă©changes entre les diffĂ©rentes filiales sont parfois difficiles (les taux de change entre les diffĂ©rentes devises influent beaucoup sur les transactions).

3.1.5 DĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises en AmĂ©rique du Sud En AmĂ©rique du Sud, le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises est Ă©troitement liĂ© Ă  celui des monnaies Ă  dimension sociale qui sont apparues au dĂ©but des annĂ©es 1990, successivement en Argentine, au BrĂ©sil, puis au Venezuela et au Paraguay et qui mettaient d’abord les consommateurs au centre des systĂšmes, pour qu’ils s’implantent ensuite dans les entreprises. Ainsi, l’expĂ©rience de mise en circulation d’une monnaie locale, le Palma, menĂ©e Ă  Buenos Aires privilĂ©giait Ă  l’origine la production par les usagers eux-mĂȘmes, qui devenaient « prosommateurs ». Ils Ă©taient producteurs de biens et services rĂ©munĂ©rĂ©s en monnaie locale et consommateurs, dĂ©pensant cette monnaie dans les entreprises membres du rĂ©seau. Mais le systĂšme s’est Ă©tendu avec la crĂ©ation d’une banque communautaire, dont la finalitĂ© premiĂšre Ă©tait de fournir des microcrĂ©dits pour crĂ©er des entreprises. Le succĂšs du systĂšme a Ă©tĂ© validĂ© par un partenariat avec le Banco do Brasil, qui y a trouvĂ© un moyen d’appliquer une politique de dĂ©veloppement du microcrĂ©dit aux populations trĂšs pauvres, et Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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enfin en 2009, par le soutien formel du rĂ©seau et de ses principes par le SecrĂ©tariat national Ă  l’économie solidaire. Partant de ces expĂ©riences rĂ©ussies Ă  l’origine majoritairement en C to C, l’AmĂ©rique du Sud s’oriente maintenant vers la crĂ©ation de rĂ©seaux en B to C, parfois avec un Ă©largissement au B to B, mais sur une cible de PME. Le C3 dĂ©veloppĂ© en Uruguay semble ĂȘtre Ă  ce titre le systĂšme le plus abouti Ă  ce jour.

Fiche n° 5

Cas exemplaire en Uruguay

Facteurs clés de succÚs

ModĂšle Ă©conomique

Organisation et fonctionnement

Circuit de Crédit Commercial (C3)

Il s’agit d’un moyen de paiement en unitĂ© de compte rĂ©seau, sous forme de carte de crĂ©dit qui gĂ©nĂšre des liquiditĂ©s supplĂ©mentaires pour des entreprises en rĂ©seau utilisant le C3 comme systĂšme d'Ă©change mutuel : celles-ci rĂ©alisent des transactions ensemble sur la base d'une promesse de rĂšglement, formulĂ©e sur un avenir proche, et en monnaie interne C3. Ces futurs rĂšglements sont garantis en externe. Les entreprises qui fournissent les produits en Ă©change de futurs paiements peuvent utiliser ces crĂ©ances ainsi assurĂ©es (garanties) afin d’acheter des biens et des services Ă  l’intĂ©rieur du rĂ©seau. Au final, lorsque la facture sera rĂ©glĂ©e par le client initial, l'argent sera rendu disponible pour toutes les personnes qui possĂšdent des droits allouĂ©s. Un systĂšme informatique assure la traçabilitĂ© de toutes ces transactions et attribue les sommes aux personnes y ayant droit. Le C3 a donc essentiellement comme objectif de gĂ©nĂ©rer des transactions Ă©conomiques, lĂ  oĂč advient un manque de liquiditĂ©s sur le marchĂ©. Les PME sont la cible du C3 mais les grandes entreprises peuvent aussi participer au rĂ©seau, ainsi que toute personne ayant une activitĂ© Ă©conomique (les particuliers, les entreprises coopĂ©ratives, les collectivitĂ©s territoriales, les administrations
). Le gouvernement d’Uruguay a dĂ©cidĂ© d’étendre ce systĂšme local au plan national.

GrĂące Ă  ce modĂšle, les coopĂ©ratives pour le crĂ©dit (qui disposent d'un rĂ©seau trĂšs dĂ©veloppĂ© et bien implantĂ© en Uruguay) vont attribuer des liquiditĂ©s en unitĂ© de compte rĂ©seau C3, Ă  travers trois canaux : Internet, les tĂ©lĂ©phones cellulaires et les cartes magnĂ©tiques. Le gouvernement s’engage Ă  accepter ces moyens de paiement virtuels pour tous les services qu’il fournit. En Uruguay, le gouvernement fournit encore l’eau, l’électricitĂ©, les liaisons tĂ©lĂ©phoniques, le transport, l’essence. Pour tous ces rĂšglements, l’utilisateur paie avec les moyens de paiement virtuels. Dans ces conditions, un particulier peut solliciter un crĂ©dit en unitĂ©s de compte C3 pour dĂ©marrer une microentreprise et convaincre trĂšs facilement ses fournisseurs d’accepter ce systĂšme de paiement virtuel pour rĂ©gler ses factures, avant mĂȘme d’avoir gĂ©nĂ©rĂ© du chiffre d’affaires en monnaie officielle.

Les titres de crĂ©dit sont garantis Ă  100% par la CND (National Development Corporation) et la banque BROU (Banco de la Republica Oriental del Uruguay). La NDA (National Development Corporation) est chargĂ©e de gĂ©rer le portefeuille de titres. La CND permet la mise en Ɠuvre des politiques publiques pour le dĂ©veloppement. Sept ministĂšres, municipalitĂ©s, autoritĂ©s et entreprises publiques sont mobilisĂ©s pour atteindre les objectifs de dĂ©veloppement du pays par l'excellence de la gestion axĂ©e sur les citoyens et la responsabilitĂ©.

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Atouts et inconvénients

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La fiabilité du systÚme, qui remplace l'utilisation de l'argent par des moyens de paiement de transactions électroniques sécurisées, enregistrées en temps réel et un logiciel certifié développé par la Social Trade Organisation (STRO). http://www.stro.org.uy/ Garanties du systÚme par des institutionnels.

3.2 LES ECHANGES INTERENTREPRISES EN EUROPE À l’inverse des pays Ă©mergents d’AmĂ©rique du Sud, le phĂ©nomĂšne des Ă©changes interentreprises s’est dĂ©veloppĂ© en Europe Ă  partir du B to B. Pour des raisons historiques, d’abord internationalement puis localement, avant mĂȘme de s’élargir Ă  une cible B to C et ceci indĂ©pendamment de toute approche sociale et solidaire. Ceci pour deux raisons : - Dans les annĂ©es 1980, les Ă©changes interentreprises se sont imposĂ©s comme un mode de transactions bilatĂ©rales entre les pays dĂ©veloppĂ©s europĂ©ens et des pays Ă©mergents ou soumis Ă  des bouleversements politiques, comme le bloc des pays de l’Est, qui n’avaient pas suffisamment de devises ou bien des devises non convertibles pour commercer. Les Ă©changes se faisaient principalement entre biens d’équipements et matiĂšres premiĂšres ou denrĂ©es alimentaires ; - L’arrivĂ©e de la pratique des Ă©changes interentreprises en Europe via le secteur des mĂ©dias, et qui s’est rĂ©pandue en prioritĂ© dans les pays oĂč ce marchĂ© est le plus sophistiquĂ© : au Royaume-Uni, puis dans une moindre mesure en France, en Belgique et loin derriĂšre en Allemagne. Dans les pays europĂ©ens, les Ă©changes de niveau national n’ont vĂ©ritablement pris leur essor qu’au dĂ©but des annĂ©es 1980, avec quelques annĂ©es de dĂ©calage avec l’observation d’un phĂ©nomĂšne similaire aux États-Unis, mais essentiellement dans le champ des Ă©changes mĂ©dias impliquant de grandes entreprises, et pour de gros volumes d’affaires. Le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises en Europe est trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne en fonction des pays et des Ă©conomies. En outre, les donnĂ©es consolidĂ©es sur cette activitĂ© sont trĂšs difficiles Ă  obtenir, les professionnels n’étant encore que peu organisĂ©s, malgrĂ© la constitution en mai 2010 d’une antenne europĂ©enne de l’IRTA. Celle-ci estime que le marchĂ© europĂ©en reprĂ©senterait aujourd’hui environ 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires. À l’échelle communautaire, il est intĂ©ressant de remarquer que, contrairement aux États-Unis oĂč la loi TEFRA a permis de lĂ©gitimer les Ă©changes interentreprises, la Commission europĂ©enne n’a jamais publiĂ© de travaux sur le sujet. La seule prise de position de la Commission fait suite Ă  une sollicitation du bureau de l’IRTA Europe en juillet 2010, pour que soient clarifiĂ©es des dispositions communautaires, qui mal interprĂ©tĂ©es, auraient pu nuire au dĂ©veloppement des entreprises d’échanges interentreprises au sein de l’Union. Sa principale demande portait sur deux points :

Que les entreprises européennes organisant des échanges interentreprises (Trade clearinghouses) soient exemptées des rÚgles de régulation concernant les chambres de compensations financiÚres (Financial clearinghouses) ;

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Que les directives et rÚglements européens distinguent les chambres de compensations financiÚres des chambres de compensations commerciales, pour éviter tout amalgame ou ambiguïté, lors de leur transposition en droit national.

En rĂ©ponse, le Commissaire europĂ©en au marchĂ© intĂ©rieur, le Français Michel Barnier, a dĂ©clarĂ© dans une lettre que le rĂšglement sur les contrats dĂ©rivĂ©s de grĂ© Ă  grĂ© (over-the-counter – OTC, adoptĂ© le 15 septembre 2010) ne concernait pas les entreprises d’échanges interentreprises, mais seulement les « chambres de compensations qui interagissent sur les marchĂ©s financiers entre les diffĂ©rentes parties de contrats nĂ©gociĂ©s en devenant acheteur vis-Ă -vis du vendeur et vendeur vis-Ă vis de l’acheteur ». Concernant les ambiguĂŻtĂ©s liĂ©es Ă  l’utilisation de « trade » et « financial clearinghouses », notamment dans la directive sur le caractĂšre dĂ©finitif du rĂšglement (Settlement Finality Directive SFD - Directive 2009/44/CE), il a prĂ©cisĂ© que cette clarification Ă©tait de la responsabilitĂ© des États membres lors de la retranscription de la directive (Cf. annexe n° 3). Actuellement, la volontĂ© de l’IRTA est d’aller plus loin pour promouvoir les Ă©changes interentreprises dans les pays membres par l’adoption de dispositions identiques Ă  celles contenues dans la loi TEFRA qui reconnaissent, en les citant, les Ă©changes interentreprises comme un mode de transaction commerciale lĂ©gal aux yeux de l’administration fiscale. 3.2.1

Le développement des échanges interentreprises au Royaume-Uni

Hormis l’implantation du courtier australien BarterCard, dĂ©diĂ© aux entreprises et au commerce B to B, qui rĂ©unit environ 5000 entreprises au Royaume-Uni, les rĂ©seaux d’échanges semblent plutĂŽt concentrĂ©s sur des Ă©changes en C to C, avec une tendance Ă  Ă©voluer vers le C to B. Au Royaume-Uni, il existe une quinzaine d’acteurs, parmi lesquels une majoritĂ© de courtiers qui exercent dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, en animant des systĂšmes de Local Exchange Trade System (Reading LETS, LETS UK, Caister Frog LETS,
) ou en gĂ©rant des banques de temps (sur le modĂšle de Time Banks aux États-Unis : London Time Bank et Time LETS au Royaume-Uni,
). Le Royaume-Uni n’a pas Ă©laborĂ© de lĂ©gislation particuliĂšre aux transactions rĂ©alisĂ©es via l’échange. Un guide publiĂ© par HMRC (guidance on VAT treatment of barter transaction) spĂ©cifie simplement que le paiement de la TVA, dans le cadre d’échanges interentreprises, fonctionne sur le mĂȘme principe que les « part-exchanges », Ă  savoir les transactions incluant la reprise d’un bien d’occasion. Ainsi, la TVA doit ĂȘtre comptabilisĂ©e au regard des montants qui auraient dĂ» ĂȘtre payĂ©s, si la transaction avait Ă©tĂ© monĂ©tarisĂ©e. 3.2.2

Le développement des échanges interentreprises en Belgique

La Belgique et plus gĂ©nĂ©ralement le Benelux, semble avoir Ă©tĂ© le premier espace europĂ©en oĂč les Ă©changes interentreprises se soient dĂ©veloppĂ©es avec succĂšs dans les annĂ©es 1990, alors qu’ils stagnaient en France. Or la Belgique est probablement le pays d’Europe, hors Scandinavie, qui

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s’apparente le plus Ă  un mode de fonctionnement en rĂ©seaux d’affaires de type anglo-saxon, ce qui pourrait justifier le bon fonctionnement de rĂ©seaux d’échanges.

Fiche n° 6

Cas exemplaire en Belgique : Le RES

Organisation et fonctionnement

CrĂ©e en 1995 par Walter Smets, le rĂ©seau d’échanges RES regroupe aujourd’hui 5 000 entreprises et plus de 100 000 particuliers qui disposent d’une carte de crĂ©dit en unitĂ©s de compte RES pour effectuer des achats chez les membres du rĂ©seau. Fin 2010, une convention de dĂ©veloppement a Ă©tĂ© signĂ©e avec un partenaire pour le dĂ©veloppement d’un rĂ©seau RES en France. En 2012, une autre convention a Ă©tĂ© signĂ©e avec la ville de Girona, en Catalogne. En 2011, les transactions en B to B se sont Ă©levĂ©es Ă  environ 32 millions d’euros. En B to C, elles ont Ă©tĂ© d’environ 1,3 million d’euros RES. DĂšs qu’une PME ouvre un compte auprĂšs du rĂ©seau RES, elle devient le fournisseur privilĂ©giĂ© des autres entreprises du rĂ©seau. Ils paient ce qu’ils s’achĂštent entre eux en totalitĂ© ou pour partie en une unitĂ© de compte interne appelĂ©e euros RES. Le paiement s’effectue soit via un terminal, soit par tĂ©lĂ©phone ou par virement Ă©lectronique. Pour permettre les premiers achats en RES, une entreprise bĂ©nĂ©ficie d’une ligne de crĂ©dit en euros RES au moment de l’affiliation (pas plus de 10 % du CA de l’entreprise). Pour chaque Ă©change, chacun des participants paie une commission au rĂ©seau. Les factures sont Ă©tablies en euros. Chaque entreprise doit s’acquitter de ses charges et de la TVA au mĂȘme titre que pour les paiements en euros. En outre, les comptes bancaires RES doivent ĂȘtre intĂ©grĂ©s Ă  la comptabilitĂ©. Comme pour le systĂšme suisse WIR (cf. infra), les euros RES ne sont pas transformables en Euros. Ainsi, les responsables du rĂ©seau RES recommandent de ne pas dĂ©passer un encours de10 % du chiffre d’affaires en euros RES. Un commerçant qui accumule des RES peut ĂȘtre conseillĂ© pour les dĂ©penser par son conseiller personnel RES. Par ailleurs, les particuliers ont accĂšs au rĂ©seau RES par l’intermĂ©diaire d’une carte de crĂ©dit/paiement en euros RES. Le chiffre d’affaires supplĂ©mentaire gĂ©nĂ©rĂ© par ces cartes est estimĂ© pour les entreprises de 3 Ă  5 %. Pour les entreprises, les coĂ»ts de participation au systĂšme RES reviennent Ă  :

ModĂšle Ă©conomique

-

500 euros HT pour l’affiliation au rĂ©seau (500 euros HT) puis 150 euros HT (dont 50 % en Euros RES) Ă  partir de la seconde annĂ©e d’adhĂ©sion ; 3,5 % de commission sur chaque Ă©change (2,5 % en €, 1 % en euros RES).

Le rĂ©seau RES est basĂ© sur une plate-forme d’échanges Ă©lectroniques. Un important investissement technologique Ă©tĂ© consenti a cet effet par son fondateur. Le logiciel, d’un coĂ»t initial de 250 000 € est aujourd’hui valorisĂ© Ă  environ 1,5 million d’euros. La Banque Centrale Belge a donnĂ© une autorisation de fonctionnement Ă  RES, en fonction de la rĂ©glementation europĂ©enne sur les monnaies Ă©lectroniques. En outre, la Banque centrale europĂ©enne a accordĂ© Ă  RES Belgique un agrĂ©ment europĂ©en permettant un droit de crĂ©ation monĂ©taire. la centrale bancaire fournissant les engagements et les prĂȘts en Belgique.

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Facteurs clés de succÚs

Cadre juridique

PIPAME

Le rĂ©seau RES emploie une vingtaine de collaborateurs. Il est composĂ© de trois sociĂ©tĂ©s juridiques distinctes : 1. La sociĂ©tĂ© coopĂ©rative RES SCRL (SociĂ©tĂ© CoopĂ©rative Ă  ResponsabilitĂ© LimitĂ©e). C’est la sociĂ©tĂ© organisatrice du systĂšme RES. La coopĂ©rative est donc le « club » des entreprises, le rĂ©seau des PME et commerçants locaux. Les chaĂźnes de magasins sont exclues de fait. La sociĂ©tĂ© responsable de tous les comptes RES est donc la scrl RES. 2. La sociĂ©tĂ© « SPRL Admin Leuven » (Sprl - SociĂ©tĂ© PrivĂ©e Ă  ResponsabilitĂ© LimitĂ©e). Elle suit les directives de la coopĂ©rative RES, et est chargĂ©e de : ‱ l’organisation d’une Ă©quipe commerciale pour le recrutement de nouveaux membres et de partenaires RES Plus (via le rĂ©seau des agents RES), la communication (site, courriels, newsletter, Ă©vĂ©nement
), le marketing ; ‱ la gestion administrative des comptes RES. 3. La sociĂ©tĂ© « SPRL Walth », qui dĂ©veloppe principalement des logiciels et des systĂšmes spĂ©cialisĂ©s, est un des fournisseurs de la « SPRL Admin Leuven ». ‱ RĂ©partition du risque sur plusieurs structures juridiques et financiĂšres, avec la caution des autoritĂ©s bancaires belges et europĂ©ennes qui favorise la confiance, fondement essentiel du bon fonctionnement du systĂšme d’échange. ‱ Forte prĂ©sence commerciale pour conseiller et accompagner le client.

1. 2. Atouts et inconvénients

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3. 4.

Comme pour le systĂšme WIR, la crĂ©ation de monnaie a lieu par le biais des transactions interentreprises et le systĂšme de prĂȘt est le moteur qui sous-tend ces Ă©changes. Le RES a obtenu au cours de ses 15 ans d’existence une reconnaissance lĂ©gale certaine. Walther Smets a rĂ©ussi Ă  nĂ©gocier des accords avec le gouvernement belge et avec l’Europe, ce qui assoit la lĂ©gitimitĂ© du RES. Le RES est un trĂšs bon outil de marketing, pour faire de la publicitĂ©, se faire connaĂźtre au sein du rĂ©seau. Une stratĂ©gie claire : « RES est une coopĂ©rative d’aide aux PME qui a crĂ©Ă© une monnaie complĂ©mentaire (1RES=1€) valable dans le rĂ©seau adhĂ©rent, pour leur permettre de rĂ©aliser un CA supplĂ©mentaire de 3 Ă  5 %. Le consommateur augmente son pouvoir d’achat, grĂące Ă  l’avantage de 10 % octroyĂ© en RES Ă  chaque achat de monnaie complĂ©mentaire ».

Cependant RES peine Ă  se dĂ©velopper au-delĂ  de sa zone gĂ©ographique d’origine. Ainsi 80 % des membres sont flamands et l’entreprise est peu dĂ©veloppĂ©e dans la partie wallonne de la Belgique. Son dĂ©veloppement en France est trop rĂ©cent pour ĂȘtre significatif.

3.2.3

Le développement des échanges interentreprises en Suisse

La Suisse, a depuis toujours a une culture de neutralitĂ© et d’économie locale, façonnĂ©e par son relief gĂ©ographique. Chaque vallĂ©e, chaque canton vit presque en autarcie, oĂč l’entraide Ă©conomique prime. C’est sans doute ce qui explique le succĂšs du rĂ©seau d’échanges WIR. Le cercle de coopĂ©ration Ă©conomique WIR est nĂ©, en Suisse, en 1934, afin de lutter contre les effets de la dĂ©pression sur les petites et moyennes entreprises (PME) faisant suite Ă  la crise Ă©conomique et monĂ©taire des annĂ©es 1930. Son objectif est ainsi de promouvoir et de soutenir l’activitĂ© des PME. Actuellement en Suisse, une PME sur 5, soit plus de 60 000 entreprises utilisent le WIR.

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MalgrĂ© sa grande antĂ©rioritĂ© et son ampleur, le systĂšme WIR ne s’est pas Ă©tendu Ă  une zone transfrontaliĂšre ni mĂȘme exportĂ© sous forme de franchise 4, d’une part parce qu’il repose sur la confiance et la solidaritĂ© communautaire des Suisses, d’autre part parce qu’il est arrivĂ© Ă  un point d’équilibre satisfaisant pour ses adhĂ©rents et acceptable Ă©conomiquement pour les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales car il reste complĂ©mentaire Ă  l’activitĂ© monĂ©tarisĂ©e des entreprises.

Fiche n° 7

Cas exemplaire en en Suisse : LA BANQUE WIR

Organisation et fonctionnement

À l’origine, organisation d’entraide, la sociĂ©tĂ© coopĂ©rative WIR a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1934 par Werner Zimmermann, Paul Enz et quatorze autres personnes pour faire face Ă  la dĂ©pression Ă©conomique qui frappait durement les petites et moyennes entreprises de l’époque. Se basant sur les thĂ©ories du libĂ©ralisme Ă©conomique, et notamment la thĂ©orie de la monnaie franche de Silvio Gesell voulant que l’argent ne produise pas d’intĂ©rĂȘts, un systĂšme de troc (appelĂ© argent gratuit) avait alors Ă©tĂ© mis en place. Le systĂšme WIR, utilise une unitĂ© de compte interne qui circule parmi ses associĂ©s. Comme une banque centrale, elle Ă©met sa propre monnaie, Ă  titre de moyen de paiement et elle octroie des crĂ©dits. La valeur du WIR est liĂ©e au franc suisse (1 WIR = 1 CHF) sans ĂȘtre pour autant convertible en monnaie lĂ©gale. Une caractĂ©ristique principale est l’absence de taux d’intĂ©rĂȘt. Les avoirs en compte ne sont pas rĂ©munĂ©rĂ©s. C’est une incitation Ă  dĂ©penser l’argent et Ă  accroĂźtre ainsi le chiffre d’affaires entre participants. À l’origine, les avoirs n’étaient pas seulement non rĂ©munĂ©rĂ©s : un droit de rĂ©tention Ă©tait perçu. Cela devait inciter encore davantage Ă  remettre l’argent rapidement en circulation. En 1998, la sociĂ©tĂ© coopĂ©rative s’est rebaptisĂ©e Banque WIR. Elle a offert Ă  ses membres des comptes de placement en francs suisses aux intĂ©rĂȘts attractifs, sans pour autant cesser l’activitĂ© WIR. En 2000, elle s’est ouverte au public. Ainsi les entreprises et les particuliers peuvent aujourd’hui recourir Ă  ses services et devenir membre de la coopĂ©rative. Des comptes d’épargne, de gestion, de placement en francs suisses font partie de l’offre, ainsi que des crĂ©dits hypothĂ©caires et commerciaux en francs suisses, en WIR ou mixtes. Depuis, un taux d’intĂ©rĂȘt a Ă©tĂ© mis en place pour couvrir les frais de fonctionnement (de l’ordre de 0,8 %, bien infĂ©rieur aux taux habituels). InstitutionnalisĂ©e en banque coopĂ©rative, elle regroupe plus de 60 000 entreprises suisses, soit 1/5 de l’économie du pays et le WIR est une monnaie officiellement reconnue sur la liste ISO 4217 des monnaies et types de fonds. Elle emploie un peu plus de 200 collaboratrices et collaborateurs, Ă  son siĂšge de BĂąle et dans ses 8 agences, rĂ©parties dans toute la Suisse.

4

Cependant, le rĂ©seau RES en Belgique, s’est largement inspirĂ© du systĂšme WIR en en dupliquant un certain nombre d’outils de dĂ©veloppement et d’animation (fonds de garantie, unitĂ©s de comptes, cartes de crĂ©dit,
) .

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Atouts et inconvénients

Cadre juridique

ModĂšle Ă©conomique

La monnaie WIR est couverte par des biens. DerriĂšre chaque paiement effectuĂ© avec de la monnaie WIR, il y a un Ă©change de biens et de services. Quand l'entreprise A achĂšte quelque chose Ă  B, A reçoit un crĂ©dit et B enregistre le dĂ©bit correspondant. Le dĂ©bit en WIR sera compensĂ© par les ventes de B Ă  un participant C, ou rĂ©glĂ© en francs suisses, avec lesquels la convertibilitĂ© est totale. La sociĂ©tĂ© coopĂ©rative propose Ă  ses membres une plate-forme, pour s’offrir les uns aux autres des biens et des services. Le systĂšme exige que les participants planifient leurs besoins en francs WIR et dressent un budget. Les francs suisses peuvent ĂȘtre Ă©changĂ©s Ă  tout moment contre des WIR. En revanche, les francs WIR ne peuvent ĂȘtre dĂ©pensĂ©s que chez d’autres coopĂ©rateurs contre des produits ou des services, ou peuvent servir au remboursement d’un crĂ©dit. Chaque membre a l'obligation d'accepter le paiement par chĂšque WIR Ă  hauteur minimale de 30 % de la transaction, mais seulement sur les 2 000 premiers francs. Ainsi, que la facture s'Ă©lĂšve Ă  2 000 ou 30 000 francs, le vendeur doit accepter 600 francs WIR au minimum. NĂ©anmoins, si les deux parties le souhaitent, une transaction peut ĂȘtre payĂ©e intĂ©gralement en francs WIR. Ce systĂšme a pour avantage de favoriser le commerce entre membres. Pour le favoriser, quatre fois par an, des foires sont organisĂ©es Ă  l'attention des coopĂ©rateurs oĂč exposants et clients proposent leurs marchandises. Forme juridique : organisme sans but lucratif. Institution bancaire suisse, la Banque WIR Ă©met sa propre monnaie ; elle est soumise aux strictes prescriptions de la Commission fĂ©dĂ©rale des banques. La loi sur les banques prĂ©voit un certain rapport entre les fonds propres et les actifs. Le volume du crĂ©dit n’est donc pas illimitĂ©. Étant un organisme Ă  but non lucratif, elle est moins soumise aux Ă©volutions de la finance mondiale, contrairement au systĂšme bancaire habituel. Chaque prĂȘt est soumis Ă  une garantie bancaire ou entraĂźne la souscription Ă  une assurance-crĂ©dit obligatoire.

1. La crĂ©ation de monnaie a lieu exclusivement par le biais des transactions interentreprises. Les soldes nĂ©gatifs sont strictement compensĂ©s par les soldes positifs des autres. Le systĂšme prĂȘt WIR permet de contrĂŽler les moyens de paiement disponibles en WIR des participants. 2. Ce mĂ©canisme de contrĂŽle permet la crĂ©ation d'un volume Ă©conomiquement significatif de monnaie WIR et donc de liquiditĂ©s, nĂ©cessaires Ă  un niveau important d’échanges interentreprises. 3. La faiblesse des taux d’intĂ©rĂȘt (0,8 %) avantage les entreprises et stimule l’investissement ou les Ă©changes. 4. Le systĂšme de prĂȘt est le moteur qui sous-tend les Ă©changes interentreprises. En effet, l’expĂ©rience a montrĂ© que pour les systĂšmes d’échanges interentreprises classiques, l'activitĂ© des membres diminue fortement ou cesse aprĂšs une pĂ©riode initiale enthousiaste. Avec le systĂšme WIR, cela est impossible puisque le client qui a empruntĂ© en WIR rembourse son crĂ©dit par des dĂ©pĂŽts rĂ©guliers en WIR, s’engageant ainsi Ă  rĂ©aliser des transactions d’échanges en WIR. 5. Les risques de dĂ©fauts sont limitĂ©s par la garantie bancaire ou l’assurance-crĂ©dit obligatoire. En rĂ©sumĂ©, la monnaie WIR est un moyen de paiement polyvalent et souple, utilisĂ© par un groupe restreint d’entreprises d’un mĂȘme pays agissant dans la sphĂšre Ă©conomique privĂ©e et qui permet de stimuler les Ă©changes interentreprises. La sociĂ©tĂ© coopĂ©rative WIR a vĂ©cu une grave crise dans la dĂ©cennie 1960-1970. Plusieurs membres ont vu dans le systĂšme WIR une occasion bienvenue de vendre de la marchandise de moindre qualitĂ© Ă  des prix excessifs. La sociĂ©tĂ© coopĂ©rative risquait de voir sa rĂ©putation compromise, tout en faisant face Ă  une forte inflation mettant Ă  mal le systĂšme. Il Ă©tait nĂ©cessaire de lutter rĂ©solument contre les abus. Pour y remĂ©dier, le commerce des crĂ©ances WIR a notamment Ă©tĂ© interdit par la sociĂ©tĂ© coopĂ©rative.

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3.3 LES ECHANGES INTERENTREPRISES EN ITALIE Les rĂ©seaux d’échanges de biens et services italiens relĂšvent principalement du segment C to C. Les Ă©changes interentreprises concernent surtout les mĂ©dias. Au niveau des Ă©changes de biens et services en B to B, seul l’exemple du rĂ©seau SARDEX.net est significatif. Son champ initial de dĂ©veloppement est le B to B mais le rĂ©seau vient de franchir une nouvelle Ă©tape, en s’ouvrant Ă©galement au B to C. Si la solidaritĂ© et la territorialitĂ© restent le fondement de cette plate-forme de compensation interentreprises, la situation Ă©conomique structurellement fragile de l’üle a Ă©tĂ© pour beaucoup dans l’émergence de ce rĂ©seau. À l’heure actuelle, le modĂšle sarde, quoique extrĂȘmement rĂ©cent, connaĂźt un rĂ©el succĂšs et sa rĂ©plication sur plusieurs rĂ©gions italiennes est en cours de dĂ©veloppement, avec l’appui des Ă©lus.

Fiche n° 8

Cas exemplaire en Italie

Organisation et fonctionnement

Sardex net

Ce systĂšme d’échanges commerciaux, d’initiative privĂ©e, crĂ©Ă© en 2009, est un outil de dĂ©veloppement Ă©conomique, en rĂ©action Ă  la crise structurelle de l’économie sarde, Ă  l’instar du systĂšme Wir suisse. Il doit permettre aux entreprises sardes de rĂ©soudre leur problĂšme de liquiditĂ©s. Il repose sur la confiance et le crĂ©dit sans intĂ©rĂȘt parmi les entreprises, qui coopĂšrent les unes avec les autres en Ă©changeant des biens et services sans avoir besoin de recourir Ă  la monnaie lĂ©gale. L’unitĂ© de compte virtuelle qui sert de support aux Ă©changes est le Sardex., d’une contrevaleur de 1 €. Il est dĂ©matĂ©rialisĂ© et gĂ©rĂ© via Internet. Quand une entreprise entre dans le circuit, elle doit proposer un bien ou un service. En contrepartie, un plafond de dĂ©penses en Sardex lui est attribuĂ©e, semblable Ă  un fonds en fiducie, avant de faire rĂ©ellement une transaction. AprĂšs une acquisition, l'entreprise dispose de 12 mois pour rembourser le rĂ©seau. S’ils ne sont pas dĂ©pensĂ©s, les crĂ©dits en Sardex ne sont pas convertibles en euros.

ModĂšle Ă©conomique

À terme il est prĂ©vu que les entreprises puissent payer les primes, les remboursements de frais ou une partie de la rĂ©munĂ©ration de leurs salariĂ©s en sardex, que les travailleurs pourraient utiliser pour acheter des biens essentiels dans le rĂ©seau. Les entreprises doivent acquitter un droit d’entrĂ©e, plus une cotisation annuelle indexĂ©e sur le CA prĂ©visionnel. En revanche, le courtier a supprimĂ© les commissions sur les Ă©changes, ce qui a entraĂźnĂ© une multiplication des transactions.

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Atouts et inconvénients

Facteurs clés de succÚs

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- Une monnaie virtuelle : le « Sardex » monnaie complĂ©mentaire, unitĂ© de compte et moyen de paiement. - Une technologie : une plate-forme Web, oĂč les entreprises font leur dĂ©claration en ligne et un marchĂ© qui facilite la rencontre entre l'offre et la demande. - Une marque. Avantages classiques des Ă©changes interentreprises : 1. La rĂ©duction des dĂ©penses de trĂ©sorerie (plus de dĂ©lais de rĂšglement des crĂ©ances) ; 2. L’augmentation du chiffre d’affaires et la prospection facilitĂ©e de nouveaux clients (Un exemple souvent citĂ© d’effet levier : 2 500 unitĂ©s Sardex dĂ©pensĂ©es auraient fait gagner 160 000 euros Ă  une sociĂ©tĂ© d’enseignement de l’anglais) ; 3. L’accĂ©lĂ©ration de la rotation des stocks. Le systĂšme repose sur la confiance entre les membres, mais beaucoup sur les qualitĂ©s du gestionnaire du rĂ©seau.

3.4 LES ECHANGES INTERENTREPRISES EN FRANCE En France, les rĂ©seaux d’échanges interentreprises sont peu dĂ©veloppĂ©s. La pratique mĂȘme du troc entre entreprises est inconnue des entreprises et des dĂ©veloppeurs et un certain nombre d’idĂ©es fausses ou de prĂ©jugĂ©s circulent, notamment sur leur caractĂšre lĂ©gal ou non en France.

3.4.1

ÉlĂ©ments de cadrage

En l’absence de donnĂ©es publiĂ©es disponibles sur les volumes et la nature des transactions d’échanges interentreprises rĂ©alisĂ©es en France, nous avons tentĂ© de rassembler des Ă©lĂ©ments de cadrage, fondĂ©s sur le recoupement des diffĂ©rentes informations collectĂ©es lors de nos Ă©changes avec les courtiers. On peut, par comparaison avec d’autres pays plus avancĂ©s dans ces pratiques, estimer globalement le volume maximal que pourraient reprĂ©senter les Ă©changes interentreprises en France : - Échanges mĂ©dias : le volume total des dĂ©penses mĂ©dias en France est environ 10 Md€. Partant de l’hypothĂšse communĂ©ment avancĂ©e par les experts, selon laquelle les Ă©changes media interentreprises reprĂ©sentent au maximum 3 Ă  5 % de ces dĂ©penses, le marchĂ© des Ă©changes mĂ©dias en France se situerait entre 300 et 500 millions d’euros. - Échanges marchandises : le volume peut ĂȘtre extrapolĂ© Ă  partir du modĂšle WIR en Suisse qui est parvenu Ă  maturitĂ©. En Suisse, 20 % des PME utilisent les Ă©changes interentreprises pour un montant moyen de 28 K€ par an. Sur ce fondement, 540 000 entreprises pourraient devenir membres d’un rĂ©seau d’échanges pour un volume de transactions d’environ 15 milliards d’euros.

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3.4.2

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État des lieux et Ă©volution du marchĂ© existant

Le marchĂ© des Ă©changes interentreprises en France date d’une trentaine d’annĂ©es, avec la crĂ©ation en 1983 de l’entreprise CIE (Compensations Interentreprises). Dans les annĂ©es 1980, le marchĂ© français reste confidentiel et se concentre sur les Ă©changes mĂ©dias exclusivement, en bi ou tri latĂ©ral. Les espaces publicitaires sont Ă©changĂ©s contre des produits et services de luxe (Ă  faible coĂ»t marginal). De ce fait, l’éclosion des mĂ©dias a contribuĂ© Ă  faire dĂ©coller le marchĂ© et Ă  multiplier les opĂ©rateurs dans la dĂ©cennie 1980-1990, opĂ©rateurs souvent issus des mĂ©dias (agences ou gros annonceurs). Entre le milieu des annĂ©es 1990 et le dĂ©but des annĂ©es 2000, de nombreux courtiers d’échanges interentreprises se crĂ©ent, mais la plupart de ces nouveaux entrants disparaissent rapidement, pour diverses raisons : ‐ Leur modĂšle Ă©conomique est mal dĂ©fini (petite taille, absence d’outils de gestion performants ; Ă©quipe commerciale insuffisamment dimensionnĂ©e) ; ‐ On est dans une pĂ©riode d’essor trĂšs rapide des mĂ©dias, liĂ© Ă  la dĂ©rĂ©gulation, avec des phĂ©nomĂšnes de disparition ou de concentration d’acteurs ; ‐ Cet essor attire des entrepreneurs opportunistes souhaitant profiter de la « bulle mĂ©dias » sans volontĂ© de dĂ©velopper leurs entreprises sur le long terme. Graphique 2 : Courbes d’évolution des transactions d’échanges interentreprises en France

Source : schémas réalisé par Sofred Consultants.

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Au dĂ©but des annĂ©es 2000, Internet et les technologies informatiques ont donnĂ© un second souffle au marchĂ©, dans une courbe globalement en progression malgrĂ© un nouvel inflĂ©chissement au milieu des annĂ©es 2000, avec l’arrivĂ©e de courtiers positionnĂ©s sur les Ă©changes de marchandises, au moyen d’offres Ă  forte composante technologique (plates-formes Ă©lectroniques). Aujourd’hui encore, en France, 80 Ă  90 % des Ă©changes interentreprises concernent l’espace publicitaire dans les mĂ©dias. Sur un marchĂ© national de 2 000 annonceurs principaux, 1 500 sont des clients potentiels (les banques, les assurances, les collectivitĂ©s locales et l’État ne pratiquent pas les Ă©changes de biens et de services). Ceci s’explique par le fait que la France est le pays de l’Union europĂ©enne possĂ©dant le marchĂ© des mĂ©dias le plus sophistiquĂ© et le plus comparable Ă  celui des pays anglo-saxons. Il reste encore dominĂ© par les filiales des leaders mondiaux (Active International et Orion Trading), suivi du leader français historique TEC et MBB. Le marchĂ© des Ă©changes mĂ©dias semble parvenu Ă  maturitĂ© sur le territoire français. Il Ă©volue marginalement, Ă  la hausse comme Ă  la baisse. Si les volumes Ă©changĂ©s sont importants, ils se concentrent sur de grands comptes et cette activitĂ© demeure confidentielle, avec une communication trĂšs limitĂ©e. C’est un « business » d’initiĂ©s. Toutefois, depuis 2010, on constate un renouveau des Ă©changes interentreprises en France (cf. annexe n° 4). D’abord au niveau des courtiers en Ă©change mĂ©dias avec la crĂ©ation de la filiale d’Orion Trading en France ou encore le changement Ă  la direction d’Active International, et probablement des concentrations Ă  venir, puis avec l’apparition de plates-formes d’échanges de biens et de services. Entre mi-2010 et dĂ©but 2011, trois courtiers en Ă©changes de biens et services ont fait leur entrĂ©e en France, soit en crĂ©ation propre (B2B-en-Trade), soit par dĂ©veloppement externe depuis la Belgique (e-barter et RES). L’échange de biens et services interentreprises apparaĂźt comme un marchĂ© en pleine Ă©mergence. Il bĂ©nĂ©ficie en effet d’une conjonction de facteurs favorables Ă  son dĂ©veloppement : La situation de crise entraĂźne une contraction de la demande et des difficultĂ©s d’accĂšs aux liquiditĂ©s pour les entreprises. Les dĂ©rives du systĂšme financier et de la mondialisation se traduisent par une dĂ©fiance des entreprises et des consommateurs vis-Ă -vis du systĂšme Ă©conomique contemporain, propice Ă  l’économie sociale et solidaire ; La diffusion des derniĂšres gĂ©nĂ©rations d’outils de communication (trĂšs haut dĂ©bit, web 2.0, moteurs de recherche, smartphones
) qui permettent l’accĂšs quasi instantanĂ© Ă  l’information sur les opportunitĂ©s d’échanges disponibles sur les plates-formes. La pratique de l’échange peut ainsi se dĂ©velopper auprĂšs d’une cible de PME (B to B), mais aussi de particuliers (B to C), sur des tickets d’échanges beaucoup plus restreints, mais sur une gamme de produits et services beaucoup plus larges. L’échange devient un « business » de masse ; L’émergence en France, sous l’impulsion des pouvoirs publics, de grappes d’entreprises, de pĂŽles de compĂ©titivitĂ© et de clusters qui, pour faire face Ă  la situation Ă©conomique difficile fonctionnent en mode rĂ©seau et collaboratif, ce qui est nouveau dans la culture entrepreneuriale française ; Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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L’intĂ©rĂȘt des collectivitĂ©s territoriales, pour les initiatives privĂ©es de rĂ©seaux d’entraide et d’échanges locaux entre particuliers (SEL), qu’elles reprennent Ă  leur compte et/ou soutiennent par la crĂ©ation de monnaies complĂ©mentaires 5 ou d’offres de microcrĂ©dits. Souvent conçus comme des systĂšmes tirĂ©s par la demande des consommateurs, ces rĂ©seaux d’échanges parallĂšles commencent Ă  ĂȘtre pensĂ©s par l’amont. Le rĂ©seau d’échanges est conçu d’abord comme un outil de gestion et de mise en relation des entreprises sur un territoire, pour leurs Ă©changes en B to B puis, grĂące Ă  la distribution aux particuliers d’unitĂ©s de comptes qui ne peuvent ĂȘtre dĂ©pensĂ©es que localement, comme un moyen de relancer l’économie locale en B to C. Le CrĂ©dit Mutuel de Bretagne et ArkĂ©a sont ainsi en train d'expĂ©rimenter une monnaie locale autour du rĂ©seau « Produit de Bretagne », fĂ©dĂ©rant 230 entreprises dont 3 chaĂźnes d'hypermarchĂ©s, reprĂ©sentant un volume total de 15 milliards d'euros. Ce systĂšme ne fait pas intervenir les collectivitĂ©s, et ce n'est pas un systĂšme Ă©thique. La Banque EuropĂ©enne d'Investissement s'intĂ©resse Ă  de tels projets et souhaite les appuyer financiĂšrement via le projet JEREMI. La municipalitĂ© de Nantes conduit un projet de dĂ©veloppement d’un rĂ©seau d’échanges local avec le CrĂ©dit municipal de Nantes (CMN), d’abord Ă  destination des entreprises, mais fondĂ© sur la mise en circulation d’une monnaie locale via les comitĂ©s d’entreprises et la municipalitĂ© et qui servirait Ă  rĂ©gler les transactions sur le territoire de l’agglomĂ©ration comme les transports en commun, l’accĂšs aux Ă©quipements publics, les achats auprĂšs des commerçants et entreprises adhĂ©rentes (cf. annexe n° 5). Cependant, comme nous avons pu le constater, Ă  maintes reprises, le principe des Ă©changes interentreprises et l’existence de rĂ©seaux d’échanges pĂ©rennes et actifs Ă  nos frontiĂšres (RES et WIR) reste encore largement mĂ©connu non seulement des entreprises, mais aussi des rĂ©seaux d’accompagnement publics et privĂ©s. Pour les courtiers rencontrĂ©s, la France, reste Ă  cet Ă©gard « cartĂ©sienne », le doute l’emporte a priori sur l’analyse objective du concept. Le dĂ©ficit de culture collaborative dans l’entreprise et de fonctionnement en mode projet font apparaĂźtre les systĂšmes d’échanges d’abord comme folkloriques ou Ă©phĂ©mĂšres avant que l’on y voit un relais de croissance potentielle. Toutefois, une fois levĂ© ce doute, comme pour bien d’autres innovations, le dĂ©collage des Ă©changes interentreprises pourrait ĂȘtre bien plus rapide en France que dans d’autres pays europĂ©ens qui le dĂ©couvriraient aujourd’hui. 3.4.3

Les opérateurs sur le territoire français

Au cours de cette Ă©tude, huit opĂ©rateurs ont pu ĂȘtre approchĂ©s et constituent la seule offre de courtage en Ă©changes interentreprises connue Ă  ce jour. Deux typologies de courtiers se dĂ©gagent, qui s’expliquent par leur positionnement sur le marchĂ© des Ă©changes. Soit on est courtier en Ă©changes mĂ©dias, soit en Ă©changes de biens et services. Les tentatives de consolidation n’ont pas Ă  ce jour abouti. Le tableau ci-dessous prĂ©cise les principales caractĂ©ristiques des opĂ©rateurs recensĂ©s :

5

initiatives également soutnues grùce aux crédit du FEDER . Voir le site sol France- www.sol-reseau.coop.

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Tableau 3 : Caractéristiques des entreprises de courtage en échanges interentreprises implantées sur le marché français

ECHANGES MEDIAS

Source : tableau réalisé par Sofred Consultants. Courtier

Caractéristiques

Active International Orion Trading

PrĂ©sence internationale (18 pays) 25 ans d’expĂ©rience Un rĂ©seau international appartenant Ă  un groupe mĂ©dias (Interpublic avec $ 6.5 Mds de chiffre d’affaires et 41 800 employĂ©s) : caution du groupe et marchĂ© en interne pour Ă©couler les stocks À l’origine une agence de communication Dispose d’une agence de voyages en interne Le dirigeant est au board de l’IRTA : une vision globale du marchĂ© Des bureaux en propre dans 6 pays et un partenariat en Espagne Une agence de voyages en interne

MBB

Efficio

PLATES-FORMES D’ECHANGES

TEC B2B-en-trade

RES

E-barter

Type d’opĂ©rations

800 entreprises inscrites en France

Un rĂ©seau trĂšs fort en Belgique (5 000 entreprises) qui dispose de l’agrĂ©ment de la BCE : €RES est ISO 4217 Fonds de garantie SĂ©lection des entreprises Ă  l’inscription Outil Internet puissant qui a fait ses preuves (une licence)

Des opérations trilatérales au maximum et finalisées en un an, avec des accords cadres sur trois ans

Achat en cash des prestations pour le média Partenariat avec le soldeur vente-privée.com, pour coter et écouler les stocks Fournit des prestations de services/conseils aux médias Des opérations avec 3-4 étapes, mais finalisées sur une année fiscale : pas de décalage de TVA

Des Ă©changes bilatĂ©raux ponctuels avec dĂ©lĂ©gation de paiement : sĂ©curitĂ© et transparence Échanges bilatĂ©raux et trilatĂ©raux ponctuels : pas de problĂšme d’utilisation des crĂ©dits barter Anonymat des entreprises prĂ©sentes Une offre en direction des clusters/groupements : entraide communities Un systĂšme fondĂ© sur la trĂšs forte confiance (achat des produits/services des membres par le courtier pour encourager le dĂ©veloppement) et une forte sĂ©lection des membres Une monnaie virtuelle avec des moyens de paiement Ă©lectronique

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Le positionnement des diffĂ©rents opĂ©rateurs est trĂšs diffĂ©renciĂ©. Les cinq courtiers en Ă©changes mĂ©dias se positionnent majoritairement sur les grands comptes et les produits Ă  faible coĂ»t marginal de production. Le marchĂ© est plus ouvert sur le marchĂ© trĂšs rĂ©cent de l’échange de biens et services oĂč le potentiel de croissance semble ĂȘtre bien plus fort. Les courtiers d’échanges marchandises, qui se situent principalement sur une clientĂšle de PME/Professionnels/Particuliers, disposent d’une population de clients et d’une palette de produits beaucoup plus diversifiĂ©s, oĂč le mĂ©dia n’est tout au plus qu’un produit d’appel. Graphique 3 : Positionnement marchĂ© des acteurs des Ă©changes interentreprises en France (avec, Ă  titre d’élĂ©ment de cadrage, le positionnement du rĂ©seau Wir en Suisse)

Source : schéma réalisé par Sofred Consultants.

Cependant, ce tissu reste encore jeune et fragile. Les positions des opĂ©rateurs ne sont pas stabilisĂ©es et l’approche des entreprises clientes reste encore artisanale ; or ce point est particuliĂšrement critique. Seule une « industrialisation » du systĂšme semble permettre de gagner en efficacitĂ©. Elle requiert des moyens dont les entreprises ne disposent pas toujours. 3.4.4

Le contexte juridique

L’examen du contexte rĂ©glementaire et juridique dans lequel s’inscrivent les Ă©changes interentreprises n’a pas mis en Ă©vidence d’obstacles juridiques majeurs Ă  leur pratique. Sur le plan juridique, comptable et fiscal, les Ă©changes interentreprises sont parfaitement lĂ©gaux en France. Ils sont considĂ©rĂ©s comme des ventes de biens et de services « compensĂ©es » par un achat de valeur Ă©quivalente et qui ne gĂ©nĂšrent donc pas de mouvement de trĂ©sorerie. Toutes les rĂšgles commerciales et toutes les obligations s’imposant Ă  l’entreprise (responsabilitĂ© des produits Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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dĂ©fectueux, respect du code du travail, de l’environnement etc.) s’appliquent aux Ă©changes comme au reste de son activitĂ©. Sur le plan comptable, la dĂ©livrance d’une facture portant les mentions lĂ©gales et l’inscription en comptabilitĂ© de l’opĂ©ration sont obligatoires pour chaque opĂ©ration d’échange. La facture doit porter la mention « en compensation » afin d’amĂ©liorer les modalitĂ©s de son enregistrement et de son rĂšglement, mĂȘme si la contrepartie n’est pas immĂ©diate. En cas de soulte versĂ©e en numĂ©raire, celle-ci fait l’objet d’une facture et d’un rĂšglement « classiques ». L’enregistrement comptable des factures de vente par compensation rĂ©pond Ă©galement aux rĂšgles d’usage, en faisant varier les comptes de classe 4 (411 – Clients et 401– Fournisseurs) (cf. annexe n° 6). Fiscalement, la TVA collectĂ©e par le biais de factures en compensation doit ĂȘtre reversĂ©e au mĂȘme titre que la TVA figurant sur des factures « classiques ». L’exercice du droit Ă  dĂ©duction de la TVA (sur les immobilisations ou les autres biens) suit Ă©galement les rĂšgles en vigueur, sur la forme et sur le fond. Ainsi, la dĂ©duction ne peut ĂȘtre opĂ©rĂ©e que si le redevable est en possession de la facture correspondante au moment oĂč il opĂšre la dĂ©duction. Le droit Ă  dĂ©duction prend naissance lorsque la taxe « d’amont » affĂ©rente Ă  l’opĂ©ration motivant la dĂ©duction devient exigible chez le redevable de cette taxe (fournisseur). Qu’il s’agisse de biens constituant des immobilisations, de biens autres que des immobilisations ou de services, la dĂ©duction de la taxe ayant grevĂ© l’opĂ©ration est rĂ©alisĂ©e par imputation sur la taxe due par le redevable, au titre du mois pendant lequel le droit Ă  dĂ©duction a pris naissance. DĂšs lors, si la TVA collectĂ©e et la TVA dĂ©ductible se compensent en cas d’échanges de mĂȘme montant, un reliquat peut exister dans l’hypothĂšse d’une transaction asymĂ©trique. Enfin, en prĂ©sence d’une option sur les dĂ©bits, le fait gĂ©nĂ©rateur de la rĂ©cupĂ©ration ou du paiement correspond Ă  la date de la facture. En matiĂšre d’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, l’imposition des opĂ©rations d’échanges interentreprises est neutre. En effet, la comptabilisation des produits et des charges correspondant Ă  un Ă©change de mĂȘme montant n’a d’incidence ni sur le rĂ©sultat, ni sur le montant de l’impĂŽt dĂ», sauf si l’un des deux termes de la compensation entraĂźne la comptabilisation d’un Ă©lĂ©ment de l’actif (variation d’un compte de produits non compensĂ©e par une charge, puisque le bien sera enregistrĂ© dans un compte d’actif de classe 2). De mĂȘme, une compensation asymĂ©trique aurait une incidence sur le rĂ©sultat. Juridiquement, si une entreprise dĂ©livre par Ă©change un produit ou un service Ă  une autre entreprise, elle engage sa responsabilitĂ© de « producteur » au sens du code de la consommation (article 1386-1 du code civil). Dans le cas d’une prestation de service, elle endosse la responsabilitĂ© du travail que ses salariĂ©s effectuent dans le cadre de l’échange. Ceci reste valable en particulier lorsqu’elle Ă©change une compĂ©tence spĂ©cifique d’un de ses salariĂ©s quand bien mĂȘme celui-ci n’exercerait pas un emploi correspondant Ă  cette compĂ©tence dans son entreprise d’origine (ex : traduction de documents techniques ou commerciaux dans la langue native d’un des salariĂ©s). De la mĂȘme façon, en cas d’échanges de main-d’Ɠuvre ou de compĂ©tences, ceux-ci restent encadrĂ©s par l’article L. 125-3 du code du travail. Pour ne pas ĂȘtre requalifiĂ© de « marchandage » de maind’Ɠuvre, l’échange doit notamment se faire au coĂ»t de revient total de la main-d’Ɠuvre employĂ©e. Il ne peut avoir pour objet de contourner certaines obligations conventionnelles de l’employeur, et

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doit recevoir l’accord des personnels concernĂ©s si les conditions initiales de leur contrat de travail en sont modifiĂ©es (cf. annexe n° 7). En cas de prononcĂ© d’un jugement de redressement ou de liquidation judiciaire Ă  l’encontre de l’un des partenaires d’une opĂ©ration d’échange en cours sur la plate-forme, le tribunal fixe la date de cessation des paiements du dĂ©biteur sans que cette date puisse ĂȘtre antĂ©rieure de plus de dix-huit mois Ă  la date du jugement d’ouverture de la procĂ©dure (article L. 631-8 du code de commerce). Si l’échange d’un bien est intervenu avant le redressement ou la liquidation judiciaire du coĂ©changiste, mais pendant la pĂ©riode suspecte (c’est-Ă -dire entre la date de cessation des paiements et la date du prononcĂ© du jugement), il existerait cependant un risque que l’échange soit annulĂ© par le juge sauf Ă  dĂ©montrer que l’échange constitue un mode de paiement communĂ©ment admis dans le secteur considĂ©rĂ©, compte tenu des usages de la profession, ce qui n’est pas Ă©vident tant que cette pratique reste confidentielle sur le territoire (cf. annexe n° 8). Enfin, bien entendu, le fait que des transactions soient faites par la voie de l’échange n’exonĂšrent pas les partenaires de leurs obligations lorsque celles-ci sont rĂ©glementĂ©es du fait de la nature des biens, des services ou du secteur concernĂ©. Pour les Ă©changes mĂ©dias, la Loi dite « Sapin » n° 93122 du 29 janvier 1993 relative Ă  la prĂ©vention de la corruption et Ă  la transparence de la vie Ă©conomique et des procĂ©dures publiques rĂ©glemente les procĂ©dures d’achat d’espaces publicitaires dans le cadre d’une loi plus gĂ©nĂ©rale anticorruption. Cette loi est apparue dans un contexte oĂč certains abus financiers Ă©taient monnaie courante dans le secteur de la publicitĂ©, tels que des facturations excessives ou fictives ou encore des doubles facturations de la part de l’intermĂ©diaire. Finalement, la loi a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e essentiellement pour trois acteurs : les annonceurs, les intermĂ©diaires (agences de publicitĂ©) et les supports. Son but est d’encadrer au mieux leurs responsabilitĂ©s, leurs intĂ©rĂȘts et leurs rĂ©munĂ©rations. Mais la Loi Sapin ne vise que l’échange marchandise ou Ă©change bilatĂ©ral contre de l’espace mĂ©dias, alors que l’échange mĂ©dias, tel qu’il se pratique actuellement, est le plus souvent multilatĂ©ral.

3.4.5

La perception des Ă©changes interentreprises par les utilisateurs

Comme nous avons pu le constater, le principe et la pratique des Ă©changes interentreprises restent trĂšs peu connus en France, tant du cĂŽtĂ© des entreprises que des rĂ©seaux d’accompagnement, y compris au sein des services de la DGCIS. Pour autant, selon une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par la junior entreprise EDC Consulting pour le compte de l’entreprise B2B En Trade, 65 % des entreprises françaises se dĂ©clarent ĂȘtre intĂ©ressĂ©es par l’échange de biens et de services. Les contacts pris lors de cette Ă©tude le confirment. Des tĂ©moignages d’utilisateurs de plates-formes d’échanges satisfaits nous ont Ă©tĂ© transmis (cf. annexe n° 9). Pour autant, ne pouvant accĂ©der Ă  des entreprises utilisatrices de plates-formes d’échanges sans l’intermĂ©diaire des courtiers, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© d’approcher celles qui rĂ©unissaient des conditions propices Ă  la mise en Ɠuvre d’un systĂšme d’échanges. Les entreprises des clusters, engagĂ©es dans des dĂ©marches collaboratives locales et opĂ©rationnelles, ont semblĂ© une cible particuliĂšrement intĂ©ressante Ă  interroger. Tous les animateurs des clusters que nous avons eu l’occasion de rencontrer lors des ateliers de travail (cluster de la mer, nutrition et santĂ© ; RhĂŽneProspective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Alpes Packaging ; Nekoe) et lors de notre dĂ©placement Ă  Nantes (Neopolia), de mĂȘme que le prĂ©sident de France Cluster, Xavier Roy, interrogĂ© en entretien individuel, se sont montrĂ©s unaninement intĂ©ressĂ©s par le concept et prĂȘts Ă  participer Ă  une expĂ©rience de mise en Ɠuvre auprĂšs des entreprises de leur rĂ©seau. Mutualisation des achats, optimisation des ressources, Ă©changes de prestations de sous-traitance, partenariats locaux, chacun a proposĂ© une vision personnelle et diffĂ©rente de l’intĂ©rĂȘt d’un tel systĂšme pour les entreprises qu’il accompagne. Xavier Roy a confirmĂ© cet intĂ©rĂȘt et proposĂ©, si de telles expĂ©riences s’avĂ©raient positives, d’inscrire alors la mise en place de plates-formes d’échanges interentreprises dans la feuille de route des animateurs de ses clusters adhĂ©rents au niveau national. Pour autant, tous ont prĂ©cisĂ© que de telles expĂ©riences ne pouvaient se faire sans une formation prĂ©alable et un accompagnement par les pouvoirs publics des entreprises participantes. En premier lieu pour les informer sur les Ă©changes interentreprises et, en second lieu, pour les accompagner dans une dĂ©marche stratĂ©gique d’utilisation des opportunitĂ©s d’affaires offertes par les platesformes d’échanges. En rĂ©sumĂ©, la situation française du marchĂ© des Ă©changes interentreprises peut ĂȘtre synthĂ©tisĂ©e comme suit : Graphique 4 : Matrice AFOM des Ă©changes interentreprises de biens et de services en France

Dynamiques de dĂ©veloppement/forces Une offre adaptĂ©e Ă  la crise Un principe qui a fait ses preuves Ă  l’étranger Des courtiers trĂšs actifs Un potentiel thĂ©orique de dĂ©veloppement illimitĂ© Des outils technologiques mis au point Ă  l’étranger

Freins au dĂ©veloppement/faiblesses Un principe encore mĂ©connu en France, un manque de formation des rĂ©seaux d’accompagnement Un manque de structuration du secteur, avec notamment pas de taille critique pour les acteurs français Des capacitĂ©s de diagnostic Ă  renforcer Des outils technologiques onĂ©reux Des incertitudes sur la couverture des risques de dĂ©faillance des entreprises adhĂ©rentes aux rĂ©seaux d’échanges

OpportunitĂ©s de l’environnement d’affaires

Menaces au dĂ©veloppement d’affaires

Un environnement de crise, avec un manque de liquiditĂ©s pour les entreprises et de dĂ©bouchĂ©s pour les entreprises Pas d’obstacles juridiques et rĂ©glementaires majeurs Ă  la pratique des Ă©changes interentreprises Un terreau d’entreprises travaillant dĂ©jĂ  en rĂ©seau Des expĂ©riences en cours avec le dĂ©veloppement de systĂšmes d’échanges et de monnaies locales

Une confiance Ă  crĂ©er dans le caractĂšre vertueux du systĂšme Une rĂ©sistance aux changements et Ă  l’innovation forts en France Pas de cautionnement par les autoritĂ©s bancaires et l’administration fiscale La difficultĂ© Ă  atteindre la taille critique pour les rĂ©seaux qui se crĂ©ent

Source : schéma réalisé par Sofred Consultants.

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PRINCIPES DE FONCTIONNEMENT ET MODÈLES ÉCONOMIQUES DES PLATES-FORMES D’ÉCHANGES INTERENTREPRISES

4.1 LES ECHANGES MEDIAS L’échange mĂ©dias reste aujourd’hui dominant sur le marchĂ© des Ă©changes interentreprises. Il reprĂ©sente environ 80 % en montant des transactions d’échanges rĂ©alisĂ©es dans le monde comme en France. S’il a consistĂ© initialement Ă  Ă©changer de façon bilatĂ©rale des marchandises contre de l’espace publicitaire, il a aujourd’hui Ă©voluĂ© vers des Ă©changes multilatĂ©raux utilisant des unitĂ©s de compte-rĂ©seau. 4.1.1

Le principe de fonctionnement

Une opĂ©ration d’échange mĂ©dias se rĂ©alise avec 4 intervenants : un annonceur, un courtier en Ă©changes interentreprises, un soldeur et l’agence mĂ©dias de l’annonceur. Une entreprise qui dispose d’un stock d’invendus le cĂšde Ă  un courtier en Ă©changes mĂ©dias qui le rĂ©munĂšre, soit intĂ©gralement en crĂ©dits de surfaces d’annonces dans les mĂ©dias, crĂ©dit valorisĂ© en unitĂ©s de compte-rĂ©seau (full exchange), soit partiellement en unitĂ©s de compte, en gĂ©nĂ©ral 20 % Ă  30 % de la transaction et le solde Ă©tant versĂ© en numĂ©raire. Avec tout ou partie de ce crĂ©dit, l’entreprise peut acheter de l’espace publicitaire auprĂšs de mĂ©dias avec lesquels le courtier a nouĂ© des accords. Le courtier Ă©coule les stocks d’invendus directement auprĂšs d’entreprises clients, sur des sites de vente en ligne aux particuliers ou par l’intermĂ©diaire de soldeurs professionnels spĂ©cialistes de l’achat/revente de stocks sur un marchĂ© secondaire. Les soldeurs interviennent, soit en partenariat avec le courtier pour Ă©valuer la valeur rĂ©siduelle des stocks et les Ă©couler, voire parfois les racheter transitoirement, selon l’intĂ©rĂȘt Ă©conomique de l’opĂ©ration. Graphique 5 : Principe de fonctionnement d’un Ă©change mĂ©dias

Source courtier MBB.

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4.1.2

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Le modĂšle Ă©conomique

Comme toute opĂ©ration de courtage, l’échange mĂ©dias repose sur une professionnalisation et une optimisation des opĂ©rations par les volumes traitĂ©s. Mais elle repose Ă©galement ici sur la valorisation des actifs « dormants » de l’entreprise, qui ont perdu ou risquent de perdre Ă  court terme tout ou partie de leur valeur sur le marchĂ© classique. L’échange est donc en principe gagnantgagnant pour tous les partenaires. Pour l’entreprise les stocks sont Ă©coulĂ©s (baisse des frais gĂ©nĂ©raux et CAHT supplĂ©mentaire) et revalorisĂ©s. Ils sont en effet rachetĂ©s a minima Ă  la valeur rĂ©siduelle que l’entreprise aurait obtenue, si elle avait vendu directement son stock au soldeur, sans recourir Ă  un intermĂ©diaire. En Ă©change, elle obtient un crĂ©dit qui, en quelque sorte, revalorise ce stock et lui permet de financer des opĂ©rations publicitaires Ă  moindre coĂ»t. Le courtier lui garantit que ces stocks seront rapidement vendus par le soldeur qui maĂźtrise son marchĂ© dans des circuits en adĂ©quation avec la politique commerciale du client, ce qui est parfois trĂšs important pour des entreprises qui ne tiennent pas Ă  dĂ©prĂ©cier leur image ou celle de leurs produits par des opĂ©rations affichĂ©es de soldes. Le soldeur, quant Ă  lui, a accĂšs Ă  moindre frais Ă  des produits qu’il ne pourrait pas obtenir par ailleurs. En contrepartie du paiement en numĂ©raire par le soldeur, le courtier va nĂ©gocier de l’espace mĂ©dias Ă  un meilleur prix que ne pourrait le faire l’annonceur en direct, en raison des volumes et de son expertise. Les mĂ©dias, dont le produit est « pĂ©rissable », arrivent ainsi Ă  rentabiliser des espaces publicitaires invendus qui constituent aussi pour eux des stocks dormants. Ils s’assurent Ă©galement un volant rĂ©current de clients pour des espaces mĂ©dias moins prisĂ©s. Au final, l’effet levier double ou triple pour tous les intervenants. Cependant, pour garantir la rentabilitĂ© du systĂšme et la qualitĂ© des Ă©changes, les courtiers appliquent certaines rĂšgles, avec plus ou moins de souplesse selon les rĂ©seaux : - La plupart du temps, le montant minimum du stock qui doit ĂȘtre cĂ©dĂ© au courtier est souvent de l’ordre de quelques centaines de milliers d’euros. En effet, l’effet levier de 2 Ă  3 n’est possible que sur des nĂ©gociations portant sur de gros volumes d’échanges, Ă  l’instar des centrales d’achat qui ne margent que sur la nĂ©gociation de gros montants. Les transactions peuvent ainsi reprĂ©senter de plusieurs dizaines de milliers d’euros Ă  plusieurs millions d’euros pour les trĂšs gros contrats internationaux ; - Le courtier applique un coefficient multiplicateur Ă  la valeur du stock Ă©changĂ©, coefficient compris en gĂ©nĂ©ral entre 1,5 Ă  3 et offre d’autant plus d’espaces d’annonces Ă  l’entreprise. Ce bĂ©nĂ©fice s’ajoute aux remises sur volume obtenues par ailleurs par le courtier auprĂšs des mĂ©dias ; - Cette ligne de crĂ©dit est valable sur plusieurs annĂ©es (en gĂ©nĂ©ral trois ans). En contrepartie, c’est l’entreprise qui assume le risque final de non-compensation au terme prĂ©vu. Le courtier n’offre pas de garantie, il interdit le plus souvent les reventes de crĂ©dit entre membres du rĂ©seau. À titre exceptionnel, certains courtiers dĂ©clarent racheter la crĂ©ance rĂ©siduelle au terme de leur dĂ©lai de validitĂ©, mais ce n’est pas la rĂšgle d’usage dans ce systĂšme. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Dans le dĂ©tail, un systĂšme d’échange mĂ©dias fonctionne en pratique comme ci-dessous, les coefficients multiplicateurs utilisĂ©s variant selon les rĂ©seaux. Graphique 6 : Fonctionnement d’une opĂ©ration d’échange mĂ©dias pour l’annonceur

Source: schéma réalisé par Sofred Consultants.

Dans ce modĂšle, le courtier Ă©change les stocks et/ou les prestations disponibles d’une entreprise A (annonceur) pour un montant de crĂ©dits d’espace mĂ©dias de trois fois leur valeur de revente, cette valeur lui Ă©tant donnĂ©e par un soldeur professionnel. Avec ce crĂ©dit, l’entreprise A acquiert des prestations mĂ©dias, sur la base de leurs conditions commerciales nettes, mais en utilisant une combinaison de numĂ©raire et de crĂ©dit d’échange.

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Graphique 6 bis : Fonctionnement d’une opĂ©ration d’échange mĂ©dias : pour le mĂ©dia

Source: schéma réalisé par Sofred Consultants.

Le courtier cĂšde tout ou partie des stocks acquis auprĂšs de l’entreprise A au support mĂ©dia pour 200 K€ (que celle-ci utilisera comme cadeaux d’entreprise ou comme lots pour un jeu-concours..). En Ă©change, le support mĂ©dia lui ouvre une ligne de crĂ©dit d’échange de 400 K€ Ă  600 K€. Graphique 6 ter : Fonctionnement d’une opĂ©ration d’échange mĂ©dias : finalisation

Source: schéma réalisé par Sofred Consultants.

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Le plan mĂ©dias de l’entreprise A nĂ©cessite l’achat d’espaces publicitaires pour un montant de 600 K€. Dans le mĂȘme temps, le courtier revalorise ces stocks Ă  hauteur de 600 K€. La revalorisation se fait par la capacitĂ© de nĂ©gociation d’achat d’espaces du courtier, qui achĂšte beaucoup plus d’espaces qu’un annonceur classique. Au final, l’entreprise A a financĂ© son plan mĂ©dia par 400 K€ d’échange et 200 K€ de numĂ©raire. Les 200 K€ qui lui restent (rachat de son stock par le courtier) lui serviront Ă  amorcer une nouvelle transaction avec le courtier. Cette opĂ©ration lui permet, Ă  iso budget avec ses concurrents, d’accĂ©der Ă  de meilleurs supports de communication pour se faire connaĂźtre. Mais, il a toujours toute latitude de ne pas boucler l’opĂ©ration si elle ne lui convient pas, au mĂȘme titre d’ailleurs que le courtier. À terme, il devra cependant, s’il veut sortir du rĂ©seau, payer totalement en numĂ©raire son dernier achat d’espaces. Enfin, dans ce modĂšle Ă©conomique, les frais de fonctionnement sont rĂ©duits Ă  leur minimum. Il s’agit d’un marchĂ© de niche, entre les mains d’experts, le plus souvent issus des mĂ©dias (TEC, MBB, Orion
.) qui emploient des Ă©quipes restreintes, composĂ©es de collaborateurs formĂ©s dans l’univers des mĂ©dias et/ou chez les concurrents par turn-over ou essaimage. La force de vente est d’autant plus rĂ©duite que certains courtiers ont Ă©galement leur propre agence mĂ©dias, ce qui leur permet d’optimiser les ressources commerciales et marketing. Enfin, les dirigeants, qui ont pour la plupart entre 50 et 60 ans, utilisent peu l’outil informatique dans leurs nĂ©gociations. D’une part parce qu’ils n’y sont pas habituĂ©s, d’autre part parce que la taille du portefeuille client moyen ne s’y prĂȘte pas (entre 35 et 80 clients). Enfin, le risque systĂ©mique est essentiellement liĂ© au montant unitaire des opĂ©rations qui se chiffre en centaines de milliers d’euros et Ă  la nĂ©cessitĂ© de conclure rapidement les nĂ©gociations, car de part et d’autre les offres et les besoins sont « pĂ©rissables » (ex : stock de chambres d’hĂŽtel sur une pĂ©riode donnĂ©e, places de concerts ou besoin d’annonce avant travaux ou pĂ©riode de soldes). Y prime une logique d’opportunitĂ©s, de « business one shot » avec un risque systĂ©mique liĂ© au montant des opĂ©rations, mais minimisĂ© par le caractĂšre captif des clients.

4.2 LES ECHANGES DE BIENS ET DE SERVICES L’échange de biens et de services reprĂ©sente 20 % du volume des transactions d’échanges dans le monde. Il est aujourd’hui principalement rĂ©alisĂ© via des plates-formes d’échanges Ă©lectroniques sur internet. Dans ces transactions, l’échange d’espaces mĂ©dias est tout au plus un produit d’appel. 4.2.1

Le principe de fonctionnement

On peut distinguer deux types de plates-formes d’échanges interentreprises : celles qui fonctionnent sans unitĂ©s de compte et celles qui reposent sur des unitĂ©s de comptes-rĂ©seau pour fluidifier les transactions. Sur le premier type de plates-formes (Cf. graphique 7), les entreprises expriment anonymement leurs offres et leurs besoins. Si une offre satisfait un besoin ou est susceptible de le faire (c’est le « match » dans le jargon mĂ©tier du courtage), le systĂšme Ă©met une alerte. Le courtier, en position de Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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nĂ©gociateur final, intervient pour finaliser la transaction par un contrat d’échange. Avant d’ĂȘtre mises en relation pour la dĂ©livrance rĂ©ciproque des produits, les entreprises versent la commission due au courtier, qui les met en relation, pour la livraison des produits ou services. Il est Ă©galement possible sur ces plates-formes d’arrĂȘter sans frais l’échange Ă  tout moment. Graphique7 : Fonctionnement des plates-formes d’échanges sans unitĂ© de compte-rĂ©seau

Source: schéma réalisé par Sofred Consultants ;

La difficultĂ© de l’exercice consiste Ă  rĂ©unir sur la plate-forme, au mĂȘme moment, des offres et des besoins qui se complĂštent. Un tel systĂšme constitue un point de dĂ©part dans la construction d’un rĂ©seau d’échanges de biens et de services, mais il offre peu de perspectives de dĂ©veloppement, car il limite la circulation des flux et exige une forte implication du courtier. Sur le second type de plates-formes (cf. graphique 8), le recours Ă  une unitĂ© de compte-rĂ©seau, virtuelle ou rĂ©elle, permet de dĂ©multiplier les transactions. L’unitĂ© de compte-rĂ©seau donne une valeur objectivĂ©e des biens et services proposĂ©s dans le rĂ©seau qui est parfois diffĂ©rente du prix de marchĂ© ordinaire et sert de variable d’ajustement aux Ă©changes d’inĂ©gale valeur. C’est le modĂšle Ă©conomique le plus rĂ©pandu et le plus rentable Ă  long terme pour les adhĂ©rents comme pour le courtier, autant en B to B qu’en B to C. Selon la soliditĂ© financiĂšre des entreprises adhĂ©rentes et leur implication dans le rĂ©seau, le courtier peut parfois accorder Ă  certaines une ligne de dĂ©couvert pour pouvoir continuer Ă  Ă©changer, mĂȘme si elles n’ont provisoirement pas de produits Ă  proposer Ă  leurs partenaires. Enfin, il peut exister une limite temporelle Ă  l’utilisation des crĂ©dits d’unitĂ©s de compte-rĂ©seau (qui ne rapportent pas d’intĂ©rĂȘts) ou des systĂšmes incitant Ă  leur rapide compensation (coefficient de dĂ©valorisation en fonction de la durĂ©e de dĂ©tention).

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Graphique 8 : Fonctionnement des plates-formes avec crĂ©ation d’unitĂ©s de compte-rĂ©seau

Source: schéma réalisé par Sofred Consultants

En rĂ©sumĂ©, on peut distinguer quatre niveaux de mise en Ɠuvre des rĂ©seaux d’échanges de biens et de services : 1) Niveau 1 : Le systĂšme fonctionne exclusivement en B to B. Les Ă©changes sont mis en Ɠuvre de façon bilatĂ©rale, entre entreprises qui compensent strictement leurs Ă©changes Ă  l’instant « t » de la transaction. À ce niveau, il faut que l’offre rencontre strictement la demande pour rĂ©aliser l’échange. Ce type d’échanges peut rester trĂšs artisanal, ponctuel, directement entre opĂ©rateurs qui agissent sans intermĂ©diaire. 2) Niveau 2 : Le systĂšme fonctionne en B to B. Les Ă©changes se font de façon multilatĂ©rale. L’équilibre peut se faire sur des transactions simultanĂ©es ou dĂ©calĂ©es dans le temps. La gestion de ce type de transactions « Ă  plusieurs bandes » peut se rĂ©vĂ©ler trĂšs rapidement complexe. L’intervention d’un intermĂ©diaire et l’utilisation d’outils technologiques sur une plate-forme Ă©lectronique d’échanges sont indispensables pour faciliter la rencontre de l’offre et de la demande. L’introduction d’un systĂšme de valorisation des produits ou services proposĂ©s Ă  l’échange, comprĂ©hensible par tous les membres du rĂ©seau 6, sous forme d’une unitĂ© de compte propre au rĂ©seau (appelĂ©e UCR ou UCI) facilite les Ă©changes, en permettant au systĂšme de mettre en regard les biens et services Ă  Ă©changer. 3) Niveau 3 : Le systĂšme fonctionne toujours en B to B. Au-delĂ  d’une valorisation des biens et services proposĂ©s Ă  l’échange, l’introduction d’une unitĂ© de compte-rĂ©seau avec des rĂšgles de gestion spĂ©cifiques et de possibilitĂ© de crĂ©dits permet de fluidifier les Ă©changes et de rĂ©guler le systĂšme. Les transactions peuvent se faire, mĂȘme si elles ne sont pas strictement compensĂ©es entre elles Ă  l’instant « t ». Le solde est compensĂ© sous forme d’unitĂ©s de compte portĂ©es au dĂ©bit ou crĂ©dit du compte des entreprises. Elles peuvent ensuite ĂȘtre utilisĂ©es par les entreprises pour de futures transactions. Selon les experts entendus, les unitĂ©s de compte permettraient de multiplier par 7 les Ă©changes. 6

D’oĂč souvent le choix d’une paritĂ© de 1 UCr pour une unitĂ© de la monnaie lĂ©gale, mĂȘme si la convertibilitĂ© n’est pas possible.

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4) Niveau 4 : Le systĂšme s’ouvre au B to C. Les entreprises cĂšdent leurs biens et services Ă  des consommateurs finaux en contrepartie d’unitĂ©s de compte-rĂ©seau 7. Dans ce cas, l’entrĂ©e des consommateurs dans le systĂšme est « artificielle ». Un crĂ©dit d’échanges en unitĂ©s de compterĂ©seau est allouĂ© au futur client (restitution de monnaie en unitĂ©s de compte-rĂ©seau ; allocation d’unitĂ©s de compte-rĂ©seau en bonus Ă  un volume d’achat – principe des smile’s - prestations sociales ou avantages en nature versĂ©s par des comitĂ©s d’entreprise, des collectivitĂ©s, des associations ou des collectivitĂ©s territoriales Ă  leurs bĂ©nĂ©ficiaires). L’arrivĂ©e des consommateurs finaux est alors un facteur d’accĂ©lĂ©ration des transactions, elle donne une visibilitĂ© au rĂ©seau et constitue une incitation Ă  l’entrĂ©e dans le systĂšme de nouvelles entreprises. Selon nos observations, l’équilibre d’un tel systĂšme se rĂ©alise en gĂ©nĂ©ral avec une proportion de 20 % d’entreprises qui rĂ©alisent entre elles, en valeur, 80 % des transactions du rĂ©seau. Actuellement, les courtiers prĂ©sents en France et dans les pays limitrophes sur le marchĂ© des platesformes d’échanges de biens et de services se positionnent essentiellement sur les niveaux 3 et 4. Les initiatives portĂ©es par les collectivitĂ©s territoriales relĂšvent toutes du niveau 4 et placent l’unitĂ© de compte-rĂ©seau, rebaptisĂ©e « monnaie locale », au cƓur du systĂšme. C’est elle qui, en donnant une identitĂ© forte au systĂšme, vĂ©hicule l’image positive du rĂ©seau comme outil de dĂ©veloppement local. Cependant, il ressort de nos Ă©changes avec le professeur AMATO et les initiateurs du projet de monnaie locale sur Nantes que les systĂšmes d’échanges utilisant des monnaies complĂ©mentaires qui ne bĂ©nĂ©ficient pas d’un effet de masse restent peu structurants pour le tissu local et s’essoufflent assez rapidement (l’exemple du « sol violette » Ă  Toulouse Ă©tait citĂ© avec moins de 1 000 adhĂ©rents dont 70 entreprises et 70 000 sols en circulation). C’est pour cette raison que la ville de Nantes envisage d’impliquer fortement les entreprises et le rĂ©seau consulaire local dĂšs le dĂ©marrage du projet et de s’appuyer sur des organismes existants pour diffuser rapidement ce mode de rĂšglement alternatif sur l’agglomĂ©ration nantaise. Pour autant cette approche reste novatrice car, sur environ 4 000 monnaies complĂ©mentaires recensĂ©es dans le monde, seules 500 sont utilisĂ©es pour des transactions B to B. 4.2.2

Le modĂšle Ă©conomique

Le modĂšle Ă©conomique des courtiers d’échanges de biens et services interentreprises diffĂšre sensiblement de celui des Ă©changes mĂ©dias. Il est en premier lieu fondĂ© sur de la compensation de masse qui porte sur des tickets moyens bien plus faibles (quelques centaines/milliers d’euros) et sur une diversitĂ© des produits et services proposĂ©s. Les marges sont faibles et, pour bien fonctionner et devenir rentable, le rĂ©seau doit atteindre une taille critique se situant au-delĂ  de 1 000 Ă  1 500 clients. Par ailleurs, dans les rĂ©seaux performants, les opĂ©rations sont multilatĂ©rales et parfois complexes avec utilisation d’unitĂ©s de compte-rĂ©seau et d’autorisations de dĂ©bit/crĂ©dit parfois sur plusieurs exercices comptables. L’investissement technologique en matĂ©riels et dĂ©veloppements informatiques est indispensable pour gĂ©rer la masse d’informations du rĂ©seau, en particulier les comptes-clients et le stock d’offres 7

C’est le cas le plus frĂ©quent, mais en thĂ©orie des entreprises pourraient Ă©galement faire du troc de biens et services avec des particuliers. Aucun systĂšme de ce type n’a cependant Ă©tĂ© rencontrĂ© au cours de cette Ă©tude, si ce n’est le projet qu’ambitionne de mettre en place la Ville de Nantes en 2013.

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et pour proposer des algorithmes de rapprochement de l’offre et de la demande qui soient rĂ©ellement diffĂ©renciants en contribuant efficacement Ă  l’équilibre du rĂ©seau. Cet investissement peut ĂȘtre financiĂšrement trĂšs lourd ; Ă  titre d’exemple, le logiciel du rĂ©seau RES est estimĂ© Ă  1,5 M €. Certains opĂ©rateurs, Ă  l’instar des courtiers belges RES, Barter and Trade et B2B En Trade, dĂ©veloppent leur propre logiciel. D’autres, comme E-Barter, ont acquis leur logiciel dans le cadre d’un contrat de franchise (en l’espĂšce, B&T Barter and Trade est le franchiseur d’E-Barter). Il existe enfin sur le marchĂ© des logiciels open source qui permettent de dĂ©velopper ce type de plateforme (ex : sourceforge.net), mais qui nĂ©cessitent malgrĂ© tout des heures d’ajustement, sans rĂ©elle garantie de fonctionnalitĂ© et de sĂ©curisation des donnĂ©es. Quel qu’en soit le mode d’acquisition, l’outil doit ensuite ĂȘtre administrĂ©, mis Ă  jour et implantĂ© sur des machines performantes, ce qui reprĂ©sente Ă©galement des coĂ»ts de fonctionnement rĂ©currents. L’investissement humain est Ă©galement important. Pour rĂ©unir et animer un rĂ©seau de plus de mille clients actifs, le courtier doit disposer d’une Ă©quipe marketing et d’une force de vente de proximitĂ© pour la recherche de nouveaux adhĂ©rents, l’analyse de leurs offres et de leurs besoins et le suivi pĂ©riodique de leur compte. En outre, plus le rĂ©seau est important, plus s’impose l’organisation d’évĂšnements de motivation des entreprises (publication de newsletters, blogs, relances personnalisĂ©es, rencontres
), organisation rendue complexe par la dispersion gĂ©ographique des adhĂ©rents. Au travers des entretiens avec les diffĂ©rents responsables de plates-formes d’échanges, quelques rĂšgles de gestion apparaissent incontournables pour faire vivre le modĂšle : 1) La plate-forme doit intĂ©grer plusieurs mĂ©canismes de rĂ©gulation et de dynamisation des Ă©changes, mais ceux-ci doivent aussi apporter un confort d’usage aux entreprises clientes et les fidĂ©liser : rĂšglement partiel en numĂ©raire, rachat temporaire des stocks par le courtier, scoring des entreprises pour dĂ©terminer les volumes d’échanges autorisĂ©s, bonus/ malus de crĂ©dit, modulation des frais d’adhĂ©sion en fonction du volume des transactions rĂ©alisĂ©es etc. ; 2) Le systĂšme d’échanges doit contrer les effets de l’inflation, pour que les crĂ©dits conservent une rĂ©elle valeur. Pour cela, les produits Ă©changeables doivent mĂȘler des produits de base et des biens et services moins essentiels, pour assurer une fluiditĂ© des Ă©changes ; 3) La structure tarifaire doit ĂȘtre claire et donner une information prĂ©cise sur le coĂ»t complet des Ă©changes pour l’entreprise (droit d’entrĂ©e + commission sur transactions + frais de cotisation pĂ©riodique, 
) ; 4) L’apprĂ©ciation du montant des Ă©changes que les entreprises peuvent faire via la plateforme (Ă  l’unitĂ© ou globalement) doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e au regard de leur activitĂ© dans le marchĂ© rĂ©el. De la mĂȘme façon, les volumes de crĂ©dits d’échange qui peuvent ĂȘtre accordĂ©s aux membres doivent ĂȘtre estimĂ©s sur la base de ce que l'emprunteur peut produire et proposer sur la plate-forme ; 5) Les transactions doivent pouvoir se rĂ©aliser aussi simplement que dans l’économie rĂ©elle ;

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6) Les participants doivent pouvoir effectuer des transactions Ă  des frĂ©quences pas nĂ©cessairement rĂ©guliĂšres, mais qui permettent de maintenir l’équilibre entre les flux acheteurs et vendeurs sur la plate-forme durant l’annĂ©e fiscale ; 7) Dans un systĂšme optimisĂ©, il faudrait tendre Ă  ce que les transactions restent dans le prix du marchĂ© ; 8) Le pourcentage d’entreprises dĂ©bitrices et crĂ©ditrices doit ĂȘtre minimal et le montant des crĂ©dits/dĂ©bits tendre vers zĂ©ro, en particulier en fin d’exercice fiscal, par compensation globale des volumes de dĂ©bit ou de crĂ©dit 8 durant l’annĂ©e. La recherche de cet Ă©quilibre doit en particulier sous-tendre tous les dĂ©veloppements logiciels visant Ă  organiser les transactions et Ă  informer les courtiers sur les dĂ©rives possibles du systĂšme. Enfin, quel que soit son succĂšs, un rĂ©seau d’échanges interentreprises, au-delĂ  de l’atteinte de son point d’équilibre et quels que soient son intĂ©rĂȘt et son succĂšs auprĂšs des entreprises, doit trouver sa place dans l’écosystĂšme national et rester « acceptable » pour les autoritĂ©s. Cette caractĂ©ristique fondamentale est soulignĂ©e par de nombreux acteurs et Ă©conomistes, spĂ©cialisĂ©s dans ce domaine (Silvio Gesell, Bernard Lietaer, Margrit Kennedy, JĂ©rĂŽme Blanc, Massimo Amato, Philippe Derudder, Marie Fare,
). Les Ă©changes interentreprises et les plates-formes d’échanges aboutissent en effet naturellement Ă  la crĂ©ation d’unitĂ©s de compte pour suivre les Ă©changes. Ces unitĂ©s de compte fonctionnent comme des monnaies conventionnelles complĂ©mentaires, tout en Ă©tant exclusivement tournĂ©es vers l’économie rĂ©elle. En Ă©vitant les phĂ©nomĂšnes de thĂ©saurisation et de spĂ©culation, elles recrĂ©ent de la confiance entre les utilisateurs et crĂ©ent de la richesse en circulant localement et plus rapidement que l’argent traditionnel. Cependant, les Ă©conomies « officielles » sont construites autour du dogme « never touch the money system ». Ainsi, les États imposent tous un systĂšme central autour d’une banque centrale et d’une monnaie unique, comme moyen monopolistique de paiement. La plupart des banques et les autoritĂ©s publiques craignent le dĂ©veloppement de circuits Ă©conomiques parallĂšles qui pourraient devenir difficiles Ă  contrĂŽler et ĂȘtre sources de dĂ©rives (Ă©vasion fiscale, blanchiment d’argent
). Selon les praticiens et experts des monnaies complĂ©mentaires et des rĂ©seaux solidaires d’échanges, les autoritĂ©s auraient donc tendance Ă  limiter directement ou indirectement le dĂ©veloppement des monnaies complĂ©mentaires, par crainte de perdre de facto le pouvoir rĂ©galien de crĂ©ation de la principale monnaie circulant sur leur territoire et par souci d’éviter la crĂ©ation de « bulles Ă©conomiques » oĂč des entreprises non viables continueraient d’exister et de marchĂ©s parallĂšles non rĂ©gulĂ©s oĂč s’écouleraient des produits ne rĂ©pondant pas aux rĂšgles du marchĂ© classique. À titre d’exemple, le WIR, crĂ©Ă© en 1934, semble aujourd’hui dĂ©veloppĂ© Ă  son maximum. Au-delĂ  du seuil actuel d’entreprises adhĂ©rentes (20 % des PME suisses), non comptĂ©s les particuliers utilisateurs du WIR, le WIR aurait un poids trop important et, selon les spĂ©cialistes, ne serait plus « tolĂ©rĂ© » par les institutions financiĂšres nationales.

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Dans les rĂ©seaux d’échanges en B to C, on constate un fort taux de dĂ©faillances de courtiers. À deux ans aux États-Unis ou 5 ans pour les systĂšmes. Ces faillites interviennent le plus souvent lorsqu’il y a inflation de crĂ©dits, crĂ©dits pouvant notamment rĂ©sulter de crĂ©ances et d’épargnes trop importantes accumulĂ©es par des membres.

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Au niveau de leur gouvernance, la plupart des gĂ©rants de sociĂ©tĂ©s de courtage en Ă©changes interentreprises ont un profil technologique et sont pour la plupart issus des services aux entreprises. Ceux que nous avons rencontrĂ©s ont tous entre 25 et 40 ans, Ă  l’exception du courtier RES. Ils sont donc trĂšs familiers des technologies de l’information et de la communication et maĂźtrisent parfaitement la culture « rĂ©seau » Ă  la base des systĂšmes d’échanges interentreprises. En revanche, on peut s’interroger sur leur capacitĂ© Ă  auditer des entreprises industrielles et Ă  les conseiller pour mettre en place une dĂ©marche d’approche stratĂ©gique des Ă©changes interentreprises dans leur entreprise et dans leur cadre d’activitĂ© (secteurs, marchĂ©s de concurrence, marges etc,
). Le rĂ©gime juridique des entreprises qui animent les rĂ©seaux d’échanges interentreprises varie en fonction du type de compensation proposĂ©. Il peut s’agir :

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d’une sociĂ©tĂ© de courtage classique, lorsque les Ă©changes se limitent Ă  des compensations immĂ©diates en bilatĂ©ral ou trilatĂ©ral (B2b-en-trade) ;

-

d’un Ă©tablissement ayant un statut juridique similaire Ă  celui d’une banque lorsque le courtier joue le rĂŽle de chambre de compensation (B&T/RES/e-barter) ;

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d’une banque coopĂ©rative, qui possĂšde alors le rĂ©seau d’échanges, dont chaque membre est actionnaire. Elle assure la sĂ©curitĂ© juridique des comptes barter et fonctionne en gĂ©nĂ©ral en association avec une sociĂ©tĂ© de gestion, qui assure l’animation du rĂ©seau et la maintenance de l’outil technologique support de la plate-forme. Elle garantit la compensation en cas de dĂ©faillance ponctuelle ou dĂ©finitive de la sociĂ©tĂ© de gestion.

APPROCHE MICRO ÉCONOMIQUE DES ÉCHANGES INTERENTREPRISES 9

5.1 BENEFICES ET LIMITES DES ECHANGES INTERENTREPRISES Globalement, la mise en Ɠuvre d’une dĂ©marche d’échanges interentreprises apporte au dirigeant un regard neuf sur son entreprise. Elle l’incite Ă  prendre conscience de son patrimoine cachĂ© ou insuffisamment exploitĂ© et Ă  mettre en place une gestion dynamique de ces actifs. Elle le conduit Ă  anticiper les opportunitĂ©s de partenariats avec ses homologues et Ă  dĂ©velopper une culture de rĂ©seau. Au quotidien, les Ă©changes interentreprises ont un effet de levier important. Ils permettent Ă  l’entreprise :

De valoriser ses actifs non utilisĂ©s ou dĂ©prĂ©ciĂ©s : les Ă©changes interentreprises sont un moyen d’exploiter des machines sous-employĂ©es ou devenues inutiles, de la main-d’Ɠuvre

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Tous les thĂšmes abordĂ©s dans ce chapitre ont Ă©tĂ© repris et dĂ©veloppĂ©s dans le « guide pratique des Ă©changes interentreprises » rĂ©alisĂ© par SOFRED Ă  la demande de la DGCIS et Ă  l’attention des entreprises et des rĂ©seaux d’accompagnement. Ce guide est disponible sur le site http://www.industrie.gouv.fr/guides/guides-pratiques.php.

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en sous-charge ou des stocks dormants, notamment en rĂ©duisant le coĂ»t de l'entreposage. Les actifs sont alors Ă©changĂ©s contre des produits ou des services utiles Ă  l’entreprise et qui permettent eux-mĂȘmes de gĂ©nĂ©rer un surcroĂźt d’activitĂ© et donc de recette potentielle. Ainsi, selon les spĂ©cialistes, les perspectives de dĂ©veloppement par la pratique des Ă©changes interentreprises, qui agissent comme un « booster » de l’économie rĂ©elle, peuvent optimiser les actifs non utilisĂ©s (3 Ă  10 %) avec un objectif de croissance supplĂ©mentaire pour les entreprises de 3 Ă  5 % ; De prĂ©server de la trĂ©sorerie 10 : l’échange est un levier financier complĂ©mentaire, qui offre de la liquiditĂ© Ă  l’entreprise pour certaines opĂ©rations qui nĂ©cessitent le renforcement de ses fonds propres ; l’échange permet par exemple Ă  l’entreprise de financer une part plus importante de ses investissements ou de ses achats courants. Par l’échange, elle Ă©conomise sur ses frais de fonctionnement (entretien d’une force commerciale) et sur ses charges d’emprunt ou de facilitĂ©s de caisse ; De se faire connaĂźtre de nouveaux partenaires : la pratique des Ă©changes interentreprises permet de nouer des relations avec des entreprises qui, a priori, ne seraient entre elles ni fournisseurs, ni clientes, autour d’opĂ©rations « gagnant-gagnant » et de les faire dialoguer au sein d’un rĂ©seau, d’un territoire ou d’une communautĂ© d’intĂ©rĂȘts. Ce type de relations peut, en favorisant l'entrepreneuriat local, crĂ©er des dynamiques de long terme entre les participants. C’est d’autant plus vrai lorsque le courtier anime activement le rĂ©seau et favorise la mise en relation directe entre les membres ; De dĂ©velopper et de fidĂ©liser sa clientĂšle : l’échange permet Ă  l’entreprise de se faire connaĂźtre et d’écouler ses produits ou ses services vers de nouveaux clients en bĂ©nĂ©ficiant de l’équivalent d’une force commerciale supplĂ©mentaire et sans engager de frais de publicitĂ©, via l’accĂšs Ă  la plate-forme d’échanges ; D’élargir sa gamme de produits et/ou de services : si le rĂ©seau permet l’accĂšs de l’entreprise Ă  une nouvelle clientĂšle, il donne aussi l’opportunitĂ© de mettre sur ce marchĂ© des compĂ©tences qu’elle ne commercialise pas par ailleurs (notamment du conseil et/ou de l’ingĂ©nierie dans son cƓur de mĂ©tier), de trouver des dĂ©bouchĂ©s pour des produits qui n’auraient pas reçu l’accueil attendu sur des rĂ©seaux commerciaux traditionnels, ou de tester des prototypes, lui permettant ainsi de se lancer dans l’innovation ; De pratiquer une politique de ressources humaines diffĂ©rente : l’échange interentreprises peut permettre aux entreprises de proposer Ă  moindre coĂ»t Ă  leurs collaborateurs, Ă  titre de rĂ©munĂ©ration accessoire ou d’élĂ©ment de motivation, des biens et services qu’elle n’aurait pas pu leur proposer autrement. Par ailleurs, l’adhĂ©sion Ă  une plate-forme d’échanges, fortement mobilisatrice par son caractĂšre novateur et ses bĂ©nĂ©fices attendus, peut Ă©galement permettre de souder les Ă©quipes et de faire se distinguer de nouveaux collaborateurs dans la mise en Ɠuvre de cette activitĂ©. Cependant, le recours Ă  l’échange interentreprises, indĂ©pendamment de sa bonne mise en Ɠuvre, a aussi des limites intrinsĂšques : 10

Une rĂ©flexion thĂ©orique a Ă©tĂ© menĂ©e sur l’intĂ©rĂȘt de la pratique des Ă©changes pour les opĂ©rations de haut de bilan sous forme de participation en unitĂ©s de compte-rĂ©seau, mais Ă  notre connaissance aucune expĂ©rimentation n’a eu lieu pour le moment.

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L’échange interentreprises ne doit pas masquer les faiblesses structurelles de l’entreprise :

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Si la pratique des Ă©changes interentreprises permet de prĂ©server la trĂ©sorerie, ou de pallier des difficultĂ©s momentanĂ©es d’accĂšs aux liquiditĂ©s, elle n’est pas pertinente pour les entreprises n’accĂ©dant pas au crĂ©dit. L’entreprise utilisatrice doit ĂȘtre « in bonis », c’est-Ă -dire saine sur le plan financier.

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De ce fait, les Ă©changes interentreprises doivent donc ĂȘtre utilisĂ©s de façon complĂ©mentaire Ă  l’échange classique et non s’y substituer, mĂȘme partiellement ;

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La rĂ©sorption d’une sous-charge rĂ©currente ou l’écoulement de stocks d’invendus par l’échange ne doit pas dissimuler une inadĂ©quation de l’offre produits/services de l’entreprise sur son marchĂ© et pĂ©renniser des erreurs de stratĂ©gie ou de positionnement (obsolescence technologique des machines, surcapacitĂ© de production, politique tarifaire inadĂ©quate, prix, etc.).

L’échange peut ĂȘtre utilisĂ© comme une pratique de « window-dressing » qui consiste pour une entreprise Ă  recourir en fin d’annĂ©e Ă  la compensation pour toiletter un bilan comptable qui comporte des stocks dĂ©prĂ©ciĂ©s. Cette pratique ne prĂ©sente aucune incidence dans l’échange ou pour l’acheteur du stock, tant que celui-ci reste de qualitĂ© 11, mais elle est contraire Ă  l’esprit coopĂ©ratif du systĂšme. Les rĂ©seaux d’échanges ne faisant pas encore l’objet d’une quelconque labellisation par des organismes tiers, il convient d’ĂȘtre vigilant sur de telles pratiques qui peuvent fausser l’apprĂ©ciation d’un rĂ©seau. Les Ă©changes peuvent s’avĂ©rer plus coĂ»teux que des relations commerciales classiques : c’est le cas notamment si les produits Ă©changĂ©s (invendus sur le marchĂ© classique) sont de mauvaise qualitĂ© et impropres Ă  l’usage ou s’ils coĂ»tent plus cher en droits d’entrĂ©e et commissions incluses que s’ils avaient Ă©tĂ© achetĂ©s au prix de gros avec remises auprĂšs d’un de leurs fournisseurs. Les Ă©changes restent encore une pratique localisĂ©e, au mieux sur le territoire national : bien qu’il existe un potentiel de dĂ©veloppement pour les Ă©changes de biens et de services Ă  l’international, celui-ci reste encore thĂ©orique. Seuls les courtiers Active International et Orion Trading les pratiquent ponctuellement pour les Ă©changes mĂ©dias. MalgrĂ© la tentative de crĂ©er des plates-formes internationales (BANC par la NATE, UC par l’IRTA), les rĂ©seaux d’échanges de biens et services n’arrivent pas Ă  proposer des Ă©changes internationaux, faute de standardisation des diffĂ©rents systĂšmes, ce qui en limite l’intĂ©rĂȘt pour les grosses PME et les entreprises de taille intermĂ©diaire. Un risque systĂ©mique existe : individuellement, l’entreprise doit veiller Ă  ne pas dĂ©tenir un stock de crĂ©dit d’échange trop important. GĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  l’échelle du rĂ©seau, une telle 11

En revanche, cette pratique peut contribuer Ă  fausser l’apprĂ©ciation d’organismes financiers sur la rotation des stocks et la santĂ© de l’entreprise. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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situation peut provoquer sa faillite par l’effet domino, personne ne pouvant plus Ă©changer par dĂ©faut d’offre. Le tableau suivant synthĂ©tise l’intĂ©rĂȘt et les limites des Ă©changes de biens et de services pour les entreprises qui les pratiquent : Tableau 4 : IntĂ©rĂȘts et limites du Retail barter pour l’entreprise utilisatrice IntĂ©rĂȘt et limites du Retail barter pour l’entreprise utilisatrice IntĂ©rĂȘt Limites

Optimiser ses capacitĂ©s de production AmĂ©liorer la rotation des stocks Valoriser les stocks dĂ©prĂ©ciĂ©s AmĂ©liorer la trĂ©sorerie Obtenir une ligne de crĂ©dit sans intĂ©rĂȘt DĂ©velopper de nouvelles collaborations DĂ©velopper un rĂ©seau de fournisseurs et de partenaires privilĂ©giĂ©s DĂ©velopper des parts de marchĂ© en atteignant de nouveaux clients FidĂ©liser ses clients sur le rĂ©seau AccĂ©der de façon privilĂ©giĂ©e Ă  de l’information d’affaires, Ă  un rĂ©seau d’affaires Avoir accĂšs Ă  de nouveaux produits et services DĂ©velopper une politique avantageuse pour ses employĂ©s (avantages en nature par exemple)

Des problĂšmes possibles sur la qualitĂ© des services ou des produits (stocks dĂ©prĂ©ciĂ©s/invendus) Des produits et services payĂ©s au prix fort, sans remise Des commissions souvent Ă©levĂ©es, Ă  la vente comme Ă  l’achat, des frais annuels et/ou mensuels Un choix limitĂ© de fournisseurs DifficultĂ© Ă  autoentretenir le rĂ©seau pour le faire vivre dans la durĂ©e Un risque de cannibalisation de ses canaux de vente habituels Un taux d’inflation des crĂ©dits barter important : crĂ©ances et Ă©pargnes trop importantes des entreprises Un manque d’information sur les membres Un taux de faillite important des courtiers

5.2 CONDITIONS DE MISE EN ƒUVRE DES ECHANGES INTERENTREPRISES La rĂ©ussite d’une dĂ©marche d’échanges interentreprises rĂ©sulte Ă  la fois d’un engagement individuel et d’une solidaritĂ© collective entre les membres du rĂ©seau, ainsi que d’une bonne architecture du systĂšme et du pilotage actif par le courtier. L’entreprise utilisatrice, pour ce qui la concerne, doit avoir une approche stratĂ©gique de l’échange et bien choisir son opĂ©rateur si elle souhaite en retirer un bĂ©nĂ©fice maximal. 5.2.1

L’approche stratĂ©gique

Pour que les Ă©changes fonctionnent, un climat de confiance et d’adaptabilitĂ©, oĂč prĂ©vaut l’esprit coopĂ©ratif, doit exister entre les partenaires. L’échange ponctuel peut ainsi ĂȘtre le premier pas de Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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relations partenariales de plus long terme. Pour cela, il est intĂ©ressant de ne pas le mener comme une simple opĂ©ration commerciale « spot », non rĂ©currente et en « one to one », mais d’engager en amont une rĂ©flexion stratĂ©gique sur son intĂ©rĂȘt et son meilleur usage pour l’entreprise. Dans cet esprit, la capacitĂ© de proposition de biens ou de services dans un esprit « gagnantgagnant » est la prioritĂ© pour s’engager dans des pratiques d’échanges interentreprises. Celle-ci ne doit pas se limiter Ă  la recherche de la « bonne affaire » ou Ă  la volontĂ© de pallier par l’échange une incapacitĂ© Ă  se fournir en biens et services sur les circuits d’approvisionnement traditionnels. Pour autant, l’entreprise doit garder en tĂȘte une contrepartie d’achat Ă  rĂ©aliser et identifier les besoins qu’elle peut satisfaire par l’échange. Elle ne doit utiliser les Ă©changes interentreprises que pour acheter des produits ou services qui lui sont indispensables. Si l’entreprise est contrainte, pour se dĂ©barrasser d’un actif inutilisĂ©, de l’échanger avec un produit ou service dont elle n’a pas l’utilitĂ©, l’échange n’est pas compensĂ© de maniĂšre satisfaisante, ce qui entame la rentabilitĂ© de l’opĂ©ration. Il ne faut pas, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, « Ă©changer de l’actif dormant contre de l’actif qui va dormir sans crĂ©er de la valeur pour l’entreprise ». L’échange doit faciliter l’accĂšs Ă  des moyens qui accĂ©lĂšrent son dĂ©veloppement, comme par exemple un rĂ©fĂ©rencement, la crĂ©ation d’un document commercial, ou encore de la publicitĂ© ou qu’elle n’aurait pas pu acheter aux conditions du marchĂ©. Il est important que l’entreprise ne devienne pas dĂ©pendante des Ă©changes pour son processus de crĂ©ation de valeur, en particulier si les Ă©changes envisagĂ©s portent sur des biens ou services participant au processus de crĂ©ation de valeur de l’entreprise (machines, matiĂšres premiĂšres, produits semi-finis
) et qui risqueraient de lui faire dĂ©faut ou de lui crĂ©er une nouvelle concurrence. Elle doit aussi ĂȘtre prudente sur l’échange d’actifs stratĂ©giques, notamment ceux qui constituent le capital immatĂ©riel de l’entreprise, souvent mal estimĂ©s et mal identifiĂ©s en comptabilitĂ© (fichiers clients, compĂ©tences, hommes-clĂ©s
), mais qui demeurent une part essentielle de la valeur patrimoniale de l’entreprise. De mĂȘme, le systĂšme n’a de valeur qu’en tant qu’outil de richesse additionnelle pour l’entreprise et ne doit pas se substituer aux transactions classiques. Il est important d’éviter ou de limiter les Ă©changes avec un client acquis, ou mĂȘme avec un prospect lorsque celui-ci porte sur le cƓur de marchĂ© de l’entreprise. Il peut permettre, notamment, de conquĂ©rir de nouvelles niches de marchĂ© ou de nouvelles zones gĂ©ographiques de chalandise, sans que l’entreprise ait Ă  investir dans une nouvelle force de vente 12. A contrario, si l’échange de marchandises s’opĂšre au dĂ©triment des circuits classiques de vente, il y a un risque que le partenaire de l’échange, client ou futur client, n’accepte plus ultĂ©rieurement de retour en arriĂšre. L’entreprise fournisseur risquerait alors de voir fondre son chiffre d’affaires, sans pouvoir compenser ce manque Ă  gagner par une rĂ©duction Ă©quivalente de ses dĂ©penses. Par ailleurs, une telle attitude dĂ©motiverait, Ă  juste titre, la force de vente du fournisseur, qui perdrait son client ou prospect stratĂ©gique, ce dernier achetant via les Ă©changes interentreprises et non plus via le circuit classique. Cependant, Ă  titre accessoire et ponctuellement, l’échange de biens ou de services peut avoir un intĂ©rĂȘt avec un client, Ă  titre de geste commercial, s’il permet de le fidĂ©liser. Il peut Ă©galement permettre de nĂ©gocier un volume supplĂ©mentaire, alors que le client s’était fixĂ© un plafond en sortie de trĂ©sorerie.

12

Actuellement dans des limites nationales, comme il a Ă©tĂ© prĂ©cisĂ© plus haut (cf. 5.1) Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Enfin, au quotidien, pour que les Ă©changes soient profitables, il faut que l’entreprise nĂ©gocie le plus souvent possible des valeurs d’échange des biens et des services proches des prix de marchĂ©, en tenant compte de la marge attendue et donc des frais annexes Ă  l’échange (frais de stockage et d’acheminement de ce que qui est dĂ©livrĂ© ou reçu, commission Ă©ventuelle du courtier
) et pilote finement ses encours de dĂ©bit/crĂ©dit d’échanges dans le rĂ©seau afin de ne pas accumuler des crĂ©dits qu’elle ne pourrait Ă©couler ultĂ©rieurement.

5.2.2

Le choix du rĂ©seau d’échanges et/ou du courtier

L’entreprise qui souhaite pratiquer l’échange interentreprises a deux solutions : -

RĂ©aliser des Ă©changes ponctuels de biens et de services avec ses partenaires habituels. Cette pratique reste limitĂ©e, car ceux-ci n’ont pas toujours et au bon moment, les biens ou service dont elle a besoin. La recherche des opportunitĂ©s d’échanges incombe au chef d’entreprise, elle est consommatrice de temps et fait courir le risque de garder trĂšs longtemps les actifs inutiles Ă  Ă©changer ;

-

S’inscrire sur une plate-forme d’échanges interentreprises animĂ©e par un courtier spĂ©cialisĂ© qui va optimiser les Ă©changes et lui permettre d’utiliser cette pratique comme un vĂ©ritable outil de gestion de ses actifs. Le courtier assure plusieurs fonctions :

Le courtier a un rĂŽle de conseil, intervenant auprĂšs des entreprises en amont des Ă©changes, dans une dĂ©marche d’anticipation stratĂ©gique. Par un audit des actifs inutilisĂ©s et de la stratĂ©gie habituelle d’achat de l’entreprise, le courtier peut dĂ©terminer les besoins et les offres de biens et services qui peuvent ĂȘtre acquis en compensation, en maximisant les bĂ©nĂ©fices directs et indirects qui peuvent en ĂȘtre obtenus. Il aide le chef d’entreprise Ă  fixer le montant moyen des encours qu’il va mettre en compensation sur la plate-forme et, au coup par coup, la valeur d’échange des biens et services proposĂ©s. Il lui offre souvent des services annexes comme une scĂ©narisation de ses offres ou des analyses pĂ©riodiques de son activitĂ© sur le rĂ©seau. Le courtier crĂ©e la confiance, l’existence du rĂ©seau sĂ©lectif, animĂ© par le courtier, permettant une quasi-auto-rĂ©gulation des Ă©changes, car tous les membres du rĂ©seau, courtier compris, sont interdĂ©pendants d’un systĂšme dont chaque membre est tributaire du bon comportement de l’autre. Par ailleurs, c’est un interlocuteur unique qui garantit la traçabilitĂ© des Ă©changes Ă  chaque phase de l’opĂ©ration : signature des contrats et bons de commande, vĂ©rification des livraisons, suivi administratif des opĂ©rations, comptabilitĂ©. Le courtier facilite le rapprochement entre l’offre et la demande, dans un rĂŽle de facilitateur, il rĂ©pond aux besoins rĂ©ciproques des entreprises (offres/demandes) Ă  un moment donnĂ©, par la sĂ©lection, la diversification et l’accroissement du nombre d’entreprises de son rĂ©seau, en fonction de leurs performances et de l’offre qu’elles peuvent proposer sur la plate-forme, puis, au coup par coup, par l’aide Ă  la recherche du partenaire le mieux placĂ© pour rĂ©pondre Ă  des besoins spĂ©cifiques. Outre ce rĂŽle de rapprochement et de Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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nĂ©gociation, l’action du courtier peut ĂȘtre dĂ©terminante dans la conclusion des transactions. C’est notamment le cas lorsqu’il devient partie prenante des Ă©changes par l’octroi de crĂ©dits ou de dĂ©couverts temporaire des comptes clients, le rachat temporaire des biens qui n’ont pas trouvĂ© preneur 13 ou la mise en circulation d’une unitĂ© de compte (« monnaie complĂ©mentaire ») interne au rĂ©seau. Dans ces conditions, le choix du courtier doit s’appuyer sur une analyse de son offre dans au moins quatre domaines : 1. La performance du rĂ©seau Plus le rĂ©seau est performant, plus les possibilitĂ©s d’échanges sont intĂ©ressantes. Mais au-delĂ  de sa performance globale, l’entreprise doit vĂ©rifier si les produits et les services qui y sont proposĂ©s rĂ©pondent Ă  ses besoins. Tableau 6 : Analyser la performance du rĂ©seau d’échanges Analyser la performance du rĂ©seau d’échanges Les questions-clĂ©s Quelle est la taille du rĂ©seau ? son anciennetĂ© ? sa couverture gĂ©ographique ? Quels en sont les membres (taille des entreprises ? secteur d’activitĂ© ? anciennetĂ© ? nationalitĂ© ?) ; Quel est le mode de sĂ©lection des membres du rĂ©seau ? (recommandation, cooptation, agrĂ©ment ou critĂšres objectifs liĂ©s Ă  la taille, au secteur ou au potentiel d’échange de l’entreprise ?) ; À l’instar de rĂ©seaux sociaux ou de grandes enseignes commerciales prĂ©sentes sur le net, est-ce que le courtier dispose d’un systĂšme de cotation par les membres de son rĂ©seau ? Le courtier dispose-t-il d’un systĂšme indĂ©pendant et extĂ©rieur de cotation de son rĂ©seau d’adhĂ©rents (label, certification..) ?

Le catalogue du courtier contient-il bien des produits et services utiles à l’entreprise ?

2. La gestion des comptes clients Le courtier doit offrir une gestion personnalisĂ©e et prĂ©visionnelle des comptes des membres de son rĂ©seau afin de les aider Ă  optimiser leurs transactions. Tableau 7 : Analyser la gestion des comptes clients du rĂ©seau d’échanges Analyser la gestion des comptes clients du rĂ©seau d’échanges 13

À noter que cette pratique est plus dĂ©veloppĂ©e dans le cadre des Ă©changes entre grands comptes dont une contrepartie est de l’espace media.

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Les questions-clĂ©s Existe-t-il un systĂšme de veille qui informe rĂ©guliĂšrement les entreprises de l’état de leur solde d’échanges (crĂ©diteur/dĂ©biteur) ? Existe-t-il un systĂšme d’alerte automatisĂ© sur les nouvelles opportunitĂ©s d’échanges ? Une veille personnalisĂ©e ? Le courtier a-t-il mis en place des bonus/malus sur les crĂ©dits accumulĂ©s pour inciter les membres Ă  ĂȘtre actifs dans le rĂ©seau ? Le courtier Ă©dite-il une newsletter Ă  l’attention des membres de son rĂ©seau ? Organise-t-il des Ă©vĂšnements permettant aux membres du rĂ©seau de se rencontrer et d’échanger en face Ă  face ?

3. La sĂ©curisation des Ă©changes La confiance Ă©tant le fondement du dĂ©veloppement des transactions d’échanges entre les entreprises, le courtier doit apporter des garanties objectives sur la sĂ©curitĂ© et la pĂ©rennitĂ© de son rĂ©seau. Ses garanties doivent ĂȘtre de nature juridique, Ă©conomique et technologique.

Tableau 8 : Analyser la sĂ©curisation des Ă©changes Analyser la sĂ©curisation des Ă©changes Les questions-clĂ©s Le courtier est-il membre d’un groupement professionnel ou de l’International Reciprocal Trade Association (cf. note de bas de page 6) ? Le courtier a-t-il mis en place une charte de « bonne conduite « pour les membres de son rĂ©seau ? Existe-t-il une valeur maximum d’échange par opĂ©ration ? Le courtier dispose-t-il de garanties financiĂšres ? -

Dispose-t-il d’une assurance-crĂ©dit ?

-

Si un des membres du rĂ©seau ne peut honorer ses engagements vis-Ă -vis de vous (cession ou acquisition) le courtier s’y substitue-t-il d’une façon ou d’une autre (ouverture de ligne de crĂ©dit, achat temporaire
) ?

Quelles sont les garanties liées au bon fonctionnement de la plate-forme ? -

En cas de défaillance de la plate-forme, quel dispositif de secours est mis en place pour assurer la fluidité des informations et des opérations ?

-

Quelle garantie technologique est apportée aux adhérents ?

-

Est-ce que le courtier est propriĂ©taire de l’outil ?

-

Comment les donnĂ©es des membres du rĂ©seau sont-elles sĂ©curisĂ©es ? Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Quelle prĂ©vention pour garantir l’absence d’intrusion dans les systĂšmes d’information des entreprises utilisatrices du rĂ©seau ? Comment le courtier sĂ©curise-t-il les flux physiques de produits Ă©changĂ©s ? -

Qui assure l’acheminement des biens Ă©changĂ©s ?

-

Quelle est la responsabilité du courtier dans ces transferts ?

-

En cas de perte ou de dĂ©tĂ©rioration des produits Ă©changĂ©s ceux-ci sont-ils assurĂ©s ? Pour quelle valeur ? Le coĂ»t de cette assurance est-il compris dans la rĂ©munĂ©ration du courtier ? À dĂ©faut comment et Ă  quel prix peuvent-ils ĂȘtre assurĂ©s ?

-

Si le courtier devient temporairement propriĂ©taire de stocks de produits dĂ©tenus chez un des membres, qui en est l’assureur ?

4. Les relations contractuelles avec le courtier L’entreprise qui adhĂšre Ă  une plate-forme d’échanges signe un contrat avec le courtier. Les conditions de ce contrat doivent ĂȘtre examinĂ©es avec soin car elles conditionnent la rentabilitĂ© Ă©conomique de l’adhĂ©sion. AcceptĂ©es par tous les membres, elles sont un Ă©lĂ©ment important dans la crĂ©ation de la confiance. Pour autant, elles doivent ĂȘtre assez souples pour permettre Ă  l’entreprise de sortir du rĂ©seau quand elle le souhaite, Ă  moindres frais, en fonction de ses choix stratĂ©giques ou de l’évolution de son environnement.

Tableau 9 : Les relations contractuelles avec le courtier Analyser Les relations contractuelles avec le courtier Les questions-clĂ© Quel est le mode de rĂ©munĂ©ration du courtier (droit d’entrĂ©e et/ou commission sur les opĂ©rations) ? Le taux de commission est-il fixe ou variable selon le montant de l’opĂ©ration, le nombre et/ou le montant global des transactions sur une pĂ©riode donnĂ©e, l’anciennetĂ© dans le rĂ©seau, etc.? Au-delĂ  d’une certaine valeur Ă©changĂ©e, le courtier demande-t-il des sĂ©curitĂ©s (abondement Ă  un fonds de garantie, cautions rĂ©elles ou personnelles 
) ? Les conditions d’accĂšs et de sortie du rĂ©seau sont-elles clairement explicitĂ©es ? Quelles en sont les incidences financiĂšres pour les membres (perte des Ă©ventuels crĂ©dits ou rachat par le courtier, frais de sortie etc,) ?

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CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

6.1 CONCLUSIONS Au terme de cette Ă©tude, malgrĂ© la difficultĂ© de disposer de chiffres consolidĂ©s et objectivĂ©s pour estimer les impacts prĂ©cis de la pratique des Ă©changes interentreprises au niveau international et de la France et, au cas par cas, pour les entreprises qui la pratiquent, on peut raisonnablement affirmer que l’échange interentreprises de biens et de services peut contribuer Ă  dynamiser l’activitĂ© des entreprises. En l’état actuel du marchĂ©, les phases de preuve de concept et de prototypage semblent franchies avec succĂšs et confirmer que les Ă©changes interentreprises peuvent accroĂźtre la compĂ©titivitĂ© par les transferts croisĂ©s de produits entre entreprises partenaires, les Ă©conomies de fonctionnement et les relations collaboratives qu’ils gĂ©nĂšrent. Au plan mondial et national cet impact reste – et devra rester – limitĂ©, de l’ordre de 3 Ă  10 % du CAHT des entreprises, sa croissance en volume Ă©tant assurĂ©e par le nombre de ses pratiquants, en particulier les PME et les ETI car il n’apparaĂźt pas souhaitable que l’échange se substitue aux mĂ©canismes ordinaires de marchĂ©. Mais l’apport des Ă©changes interentreprises est aussi d’ordre qualitatif, il introduit la culture de rĂ©seau dans l’entreprise et constitue un formidable terreau d’expĂ©rimentations et un gisement de collaborations futures avec de nouveaux partenaires, Ă©galement porteurs de croissance commerciale. Sa mise en Ɠuvre nĂ©cessite cependant en amont une information et une rĂ©flexion stratĂ©gique des chefs d’entreprise et le dĂ©veloppement d’une offre de qualitĂ© tant sur le plan des services proposĂ©s que de la taille des rĂ©seaux. En effet, dans un domaine oĂč l’effet masse est essentiel, seule une offre performante pourra garantir l’intĂ©rĂȘt des transactions et donc la fidĂ©lisation des clients. Le contexte Ă©conomique et technologique est aujourd’hui favorable au dĂ©veloppement de la pratique des Ă©changes interentreprises en France. Paradoxalement, le principe en est largement mĂ©connu des entreprises et sa mise en Ɠuvre par les rĂ©seaux d’accompagnement encore balbutiante, essentiellement par le biais du dĂ©veloppement des monnaies locales. Une offre existe, elle reste Ă  consolider, et il existe bel et bien un intĂ©rĂȘt des entreprises – du moins celles que nous avons rencontrĂ©es – et de l’État au dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises, en particulier par le biais des outils de nouvelle gĂ©nĂ©ration que sont les plates-formes Ă©lectroniques d’échanges.

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Tableau 10 : Conditions de développement et leviers accélérateurs du développement des échanges interentreprises Items

Conditions de développement particuliÚres

de

Culturel

Technologique

Fonctionnement

Fiscal

Juridique

Pas de conditions développement

Leviers accĂ©lĂ©rateurs du dĂ©veloppement AgrĂ©ment de la Banque Centrale ou nationale : sĂ©curitĂ© des transactions, obligation de commissaires aux comptes bancaires CrĂ©ation de monnaie complĂ©mentaire Ă  la monnaie rĂ©galienne, garantie par la Banque Nationale La loi TEFRA au États-Unis : dĂ©claration spĂ©cifique de ces Ă©changes ; lĂ©gitimitĂ© et reconnaissance officielle par l’État, qui a permis le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises Une information Ă  faire auprĂšs des comptables et entreprises, pour en expliquer le fonctionnement Une structure tarifaire claire Des transactions simples Ă  rĂ©aliser pour faciliter la rĂ©gularitĂ© des Ă©changes Un fonds de garantie qui couvre les dĂ©fauts potentiels des membres

Pas de prĂ©requis : il est dĂ©jĂ  possible de faire des Ă©changes sans dĂ©bourser de monnaie Un Ă©change donne lieu normalement Ă  une facture et donc au paiement de la TVA Cependant, des dĂ©rives existent avec des Ă©changes « hors circuit », sans dĂ©claration de TVA pour certains courtiers Des dĂ©calages de TVA possibles, dans le cas d’accord sur plusieurs annĂ©es Une masse critique de la plate-forme : au-delĂ  de 1 000 membres. Plus d’entreprises = plus de produits/services = plus de diversitĂ© = plus de fluiditĂ© Des Ă©changes rapides, fluides et rĂ©guliers ParitĂ© 1 barter = 1 unitĂ© de monnaie nationale : lutter contre les effets de l’inflation, pour garder une rĂ©elle valeur Fixer une limite de crĂ©dit : l’entreprise doit pouvoir dĂ©penser ses crĂ©dits barter sur la base de ses ventes/achats normaux Les crĂ©dits et dĂ©bits sont Ă©quilibrĂ©s Un outil puissant pour faciliter la mise en Un site de e-commerce : la platerelation forme achĂšte directement les Des moyens de paiement modernes (cartes, produits/services des membres et internet
) les propose en vente sur un site de Un accĂšs direct au catalogue et Ă  ses comptes e-commerce : cela permet de mettre sur internet ou par tĂ©lĂ©phone en marche le processus Les Ă©changes interentreprises fonctionnent, si les membres acceptent de coopĂ©rer pour former un rĂ©el rĂ©seau : un environnement fortement concurrentiel peut ĂȘtre un frein au dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises

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Courtier

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Un engagement actif du courtier pour faire vivre le réseau et multiplier les échanges ; il est déterminant pour développer la plate-forme notamment au début

Source : tableau réalisé par Sofred Consultants.

6.2 RECOMMANDATIONS Profitant de ces opportunitĂ©s, les pouvoirs publics et la DGCIS en particulier ont un rĂŽle Ă  jouer pour accompagner le dĂ©veloppement des rĂ©seaux d’échanges interentreprises en France. À cet effet quatre axes d’intervention peuvent leur ĂȘtre recommandĂ©s :

Axe 1 : L’information des entreprises, des rĂ©seaux d’accompagnement et des rĂ©seaux d’experts sur le principe et la mise en Ɠuvre des rĂ©seaux d’échanges interentreprises ;

Axe 2 : La structuration de l’offre ;

Axe 3 : La conduite d’une sĂ©rie d’expĂ©riences pilotes visant Ă  la fois Ă  valider les concepts, Ă  les adapter au contexte des entreprises françaises et Ă  structurer le marchĂ© ;

Axe 4 : L’observation, le recueil et la mesure des effets Ă©conomiques des Ă©changes interentreprises, en vue de leur dĂ©veloppement au niveau national.

6.2.1

Axe 1 : L’information des entreprises, des rĂ©seaux d’accompagnement sur le principe et la mise en oeuvre des rĂ©seaux d’échanges interentreprises

Objectifs

Contexte

Information des entreprises, des rĂ©seaux d’accompagnement et des rĂ©seaux d’experts sur le principe et la mise en Ɠuvre des rĂ©seaux d’échanges interentreprises Il existe un dĂ©ficit d’information sur le principe des Ă©changes interentreprises, leur mise en Ɠuvre, leur impact sur les entreprises et l’offre existante, tant de la part des entreprises et de leurs reprĂ©sentants que des rĂ©seaux d’accompagnement et des pouvoirs publics Il existe une demande de formation de la part des animateurs de rĂ©seaux (clusters) dĂšs lors qu’ils sont amenĂ©s Ă  diffuser des informations ou mettre en place une expĂ©rience de plate-forme auprĂšs des entreprises qu’ils accompagnent.

Informer l’ensemble des parties concernĂ©es CrĂ©er une demande CrĂ©dibiliser la dĂ©marche via un relais de confiance Mieux cibler les entreprises intĂ©ressĂ©es et leurs besoins

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Planning

cibles

Types d’actions

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RĂ©alisation et diffusion d’un guide d’information sur la pratique des Ă©changes interentreprises Ă  l’attention des chefs d’entreprise 14 Organisation de rĂ©unions d’information Interventions lors d’évĂšnements Ă  l’échelon local ou national (salons professionnels, manifestations des chambres consulaires, des fĂ©dĂ©rations professionnelles
.)

Les services centraux de la DGCIS et ses services déconcentrés en région

France Cluster et les clusters adhérents

Les organisations professionnelles et clubs d’entreprises (CGPME, Medef, UIMM, Asmep, FFB, FFSA, Centres de Liaisons des Interprofessions Agricoles et Alimentaires, Association Nationale des Industries Alimentaires, Croissance Plus, CJD, RĂ©seau Entreprendre, France Initiative RĂ©seau, 
)

UGEF : Union des Groupements d’Employeurs de France

Les rĂ©seaux Consulaires (ACFCI, CCIR, CMA rĂ©gionales, Chambres d’agriculture..)

Les collectivités territoriales et leurs agences chargées de développement économique (Association des Maires de France, Assemblée des départements de France, Association des Régions de France, Confédération des agences de développement économique
)

Les institutionnels publics (Ordre des experts comptables, centres de gestion agrĂ©Ă©s, centres d’économie rurale, APCE
)

Banques mutualistes (Banques Populaires, dont la BFCC, CrĂ©dit Agricole, Caisses d’Epargne, CrĂ©dit Mutuel, 
), Family Offices, France Angels 


Assureurs mutualistes (Macif, Groupama
), assureurs crédit (Euler HermÚs/Sfac, Namur Gerling, Coface, 
) etc


Mise en Ɠuvre Ă  trĂšs court terme DĂ©veloppement sur trois Ă  six mois RĂ©sultats attendus sur le court et moyen terme

14

Cette action est d’ores et dĂ©jĂ  mise en Ɠuvre puisqu’outre le prĂ©sent rapport la DGCIS a commandĂ© Ă  SOFRED un guide sur les Ă©changes interentreprises destinĂ© Ă  servir de support d’information.

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6.2.2

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Axe 2 : La structuration de l’offre

Contexte

La structuration de l’offre Au-delĂ  du manque d’information, il existe un certain nombre d’interrogations sur la pratique des Ă©changes interentreprises et sur les services rendus par les plates-formes de courtage Il manque des Ă©lĂ©ments tangibles propres Ă  rassurer les entreprises et les rĂ©seaux d’accompagnement sur la qualitĂ© de l’offre de courtage en Ă©changes interentreprises

Objectifs

CrĂ©er de la confiance en favorisant le dĂ©veloppement d’une dĂ©ontologie, de bonnes pratiques et d’instruments renforçant la confiance dans le systĂšme d’échange de biens et services Structurer l’offre NĂ©gocier un socle de pratiques minimales pour tous les opĂ©rateurs exerçant sur le territoire français Obtenir un positionnement des autoritĂ©s et rĂ©seaux d’experts sur les Ă©changes interentreprises au plan juridique, comptable et fiscal

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cibles

Types d’actions

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NĂ©gocier avec les professionnels la crĂ©ation d’un organe de reprĂ©sentation de la profession de courtier en Ă©changes interentreprises au niveau national et une charte dĂ©ontologique de ses adhĂ©rents

Demander la reconnaissance expresse et officielle de la pratique des échanges interentreprises par certaines autorités (DGFIP, Ordre des experts-comptables, la Banque de France,
)

Inciter Ă  la labellisation des courtiers par des autoritĂ©s reconnues (ex : agrĂ©ment de la Banque de France et/ou de l’AutoritĂ© de ContrĂŽle Prudentiel)

Susciter la mise en place de systÚmes de cotation/notation des courtiers par des organismes indépendants

Structurer l’offre Ă  travers la rĂ©daction des cahiers des charges d’appels Ă  projets en exigeant des professionnels :

Planning

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-

la souscription à des fonds de garantie ou des assurances pour couvrir leur risque de défaillance ou celui des coéchangeurs

-

la transparence sur les performances de leur réseau, leur systÚme de rémunération et de commissionnement

-

des outils performants d’animation du rĂ©seau et de suivi et d’alerte du portefeuille clients

-

la mise en place de mécanismes de sortie de la plate-forme à moindre frais

-

la mise en place d’outils de rĂ©gulation etc,


Les opérateurs en courtage interentreprises Les autorités financiÚres et comptables La DGFIP

Mise en Ɠuvre Ă  trĂšs court terme DĂ©veloppement sur trois Ă  six mois RĂ©sultats attendus sur le court et moyen terme

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Objectifs

Contexte

6.2.3

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Axe 3 : La conduite d’une sĂ©rie d’expĂ©riences pilotes visant Ă  la fois Ă  valider les concepts, Ă  les adapter au contexte des entreprises françaises et Ă  structurer le marchĂ© Conduite d’une sĂ©rie d’expĂ©riences pilotes de mise en place de rĂ©seaux d’échanges interentreprises Existence d’une offre de service en matiĂšre d’échanges interentreprises IntĂ©rĂȘt des entreprises informĂ©es et dĂ©veloppement d’initiatives locales de systĂšmes d’échanges B to B et B to C Absence de donnĂ©es sur les conditions de succĂšs et les effets Ă  attendre de cette pratique Valider concrĂštement le principe et les concepts de mise en Ɠuvre des Ă©changes interentreprises, que l’analyse de l’existant n’a pu dĂ©montrer, faute de chiffres et de recul (rĂ©sultats, facteurs clĂ©s de succĂšs, meilleures pratiques de mise en Ɠuvre, etc,
) Par l’impulsion et l’engagement des pouvoirs publics, crĂ©er de la confiance autour des plates-formes d’échanges interentreprises pour favoriser leur dĂ©veloppement ‱ Par l’expĂ©rience, amener les entreprises Ă  percevoir les effets immĂ©diats des Ă©changes interentreprises et en apprĂ©hender le potentiel sur des opĂ©rations plus innovantes AccĂ©lĂ©rer la montĂ©e en compĂ©tences des opĂ©rateurs, le dĂ©veloppement d’offres nouvelles et l’adaptation des plates-formes Ă©trangĂšres performantes au contexte des entreprises françaises Amener les courtiers Ă  dĂ©velopper des bonnes pratiques et Ă  monter en compĂ©tences, notamment sur l’analyse stratĂ©gique du recours aux Ă©changes interentreprises Enrichir le guide d’information sur les Ă©changes interentreprises Ă  destination des PME

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Types d’actions

En s’appuyant sur les clusters rencontrĂ©s lors de l’étude et prĂȘts Ă  s’engager dans la mise en place de plates-formes d’échanges interentreprises, mise en place d’expĂ©riences pilotes d’accompagnement d’entreprises vers des rĂ©seaux de niveaux 1 et 2 (supra Section 4.1.2). Ces expĂ©riences s’articuleraient autour de plusieurs logiques (proximitĂ© gĂ©ographique rĂ©gionale/ filiĂšre/transfrontaliĂšre) pouvant apporter chacune des enseignements complĂ©mentaires : Ÿ Une expĂ©rience « transverse » Ă  l’échelon d’une rĂ©gion auprĂšs d’une cible d’entreprises multisectorielles appartenant Ă  diffĂ©rents clusters et ayant une habitude de travail collaboratif et d’échanges mĂ©thodologiques mais Ă©galement susceptibles d’échanger des biens stratĂ©giques et qui cherchent Ă  se dĂ©cloisonner Ÿ Une expĂ©rience « verticale » sur l’ensemble de la filiĂšre emballage, entre cinq clusters (soit environ 500 entreprises) travaillant en amont et en aval de la filiĂšre, dans le but d’augmenter leur offre de services. Ÿ Une expĂ©rience « d’intĂ©gration » d’une grappe d’entreprises Ă  un rĂ©seau existant, par exemple la Wallonie et le Nord - Pas-de-Calais, pour favoriser et dĂ©multiplier les Ă©changes Ă  l’international, en venant greffer un groupe d’entreprises françaises sur un systĂšme en fonctionnement. Ÿ Une expĂ©rience « territoriale et solidaire » sur un champ B to B et B to C en rejoignant une initiative locale s’appuyant sur des rĂ©seaux d’entreprises, de particuliers et de services publics partenaires, ce type d’expĂ©rience supposant, dĂšs son dĂ©marrage, la crĂ©ation d’une monnaie complĂ©mentaire fĂ©dĂ©ratrice et donnant une visibilitĂ© Ă  l’initiative.

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Les systĂšmes d’échanges interentreprises fonctionnent dans une dynamique de rĂ©seau oĂč les membres acceptent de coopĂ©rer. C’est pourquoi, il apparaĂźt intĂ©ressant, pour ces expĂ©rimentations, de s’appuyer sur des rĂ©seaux existants dont les membres, au-delĂ  des clivages concurrentiels, ont compris l’intĂ©rĂȘt du travail collaboratif

cibles

En l’espĂšce, les expĂ©riences transverses et verticales pourraient ĂȘtre menĂ©es sur la rĂ©gion Bretagne avec le cluster de la mer, nutrition et santĂ©, avec RhĂŽne-Alpes Packaging, ou NekoĂ© en rĂ©gion Centre L’expĂ©rience transfrontaliĂšre pourrait ĂȘtre menĂ©e avec le rĂ©seau Ă©changes interentreprises & Trade (cĂŽtĂ© wallon) ou le rĂ©seau RES (cĂŽtĂ© flamand), en raison notamment de l’existence de programmes Inter-reg dans le Pas-de-Calais et, de façon gĂ©nĂ©rale, d’une expertise locale du montage de dossiers au niveau europĂ©en

Planning

ModalitĂ©s de mis en Ɠuvre

L’expĂ©rience territoriale et solidaire pourrait ĂȘtre menĂ©e avec l’agglomĂ©ration nantaise, qui vient de lancer un projet de crĂ©ation d’une monnaie territoriale, pour amplifier l’activitĂ© Ă©conomique et les Ă©changes monĂ©taires ou encore avec d’autres mĂ©tropoles qui s’intĂ©ressent Ă  ce type de projet comme Rennes ou l’agglomĂ©ration lyonnaise Phase 1 : RĂ©alisation de diagnostics visant Ă  identifier les actifs dormants des entreprises volontaires et d’élaborer avec elles une stratĂ©gie individualisĂ©e de mise en Ɠuvre des Ă©changes interentreprises, sur le fondement d’une dĂ©marche structurĂ©e (questionnaire type : quoi Ă©changer ? pour quoi faire ? avec quels objectifs ? avec quelles limites ? pour quel investissement initial ?
) Phase 2 : Appel Ă  projets ; sur la base des diagnostics rĂ©alisĂ©s et dans la perspective d’une montĂ©e en compĂ©tences des opĂ©rateurs (cf. axe 2), d’un ou plusieurs courtiers susceptibles d’intervenir pour mettre en Ɠuvre et animer des plates-formes d’échanges au niveau des clusters et Ă  destination des entreprises volontaires Phase 3 : Suivi et accompagnement des expĂ©riences Phase 4 : Évaluation (cf. axe 4). Dans cette phase d’évaluation, les critĂšres d’analyse des rĂ©sultats et les indicateurs de mesure de la performance des actions devront ĂȘtre explicitement prĂ©vus dans les cahiers des charges comme condition sine qua none du bĂ©nĂ©fice des aides accordĂ©es aux entreprises et, par voie de consĂ©quence, aux opĂ©rateurs retenus Mise en place sous un an aprĂšs la phase de sensibilisation (cf. axe 1) Les projets seront soutenus et suivis sur une durĂ©e d’un an Ă  18 mois, a minima suffisante pour que le rĂ©seau ait atteint un point d’équilibre et/ou que des enseignements puissent en ĂȘtre tirĂ©s

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6.2.4

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Axe 4 : L’observation, le recueil et la mesure des effets Ă©conomiques des Ă©changes interentreprises

Contexte

Évaluation qualitative, estimation ou mesure d’impact sur la compĂ©titivitĂ© (prix et hors prix) des Ă©changes interentreprises GĂ©nĂ©ralisation au plan national ou non de l’accompagnement des entreprises sur les rĂ©seaux d’échanges interentreprises IntĂ©gration de la dĂ©marche dans la boĂźte Ă  outils des rĂ©seaux d’accompagnement des entreprises AmĂ©lioration de l’offre

Bilan qualitatif et quantitatif pour chacune des expĂ©riences menĂ©es avec l’appui de la DGCIS. Cette Ă©valuation se fera sur le fondement des spĂ©cifications prĂ©vues dans les CCTP des appels Ă  projets (cf. supra)

cibles

Bilan consolidĂ© des expĂ©riences (dont les enseignements en termes d’usages tirĂ©s des technologies supportant les plates-formes d’échanges)

La DGCIS Les entreprises et leurs reprĂ©sentants Les rĂ©seaux d’accompagnement (en particulier France cluster)

Planning

Types d’actions

Il n’existe pas de mesure objective de l’impact des Ă©changes interentreprises sur la compĂ©titivitĂ© des entreprises

Objectifs

L’observation, le recueil et la mesure des effets Ă©conomiques des rĂ©seaux d’échanges interentreprises

En continu durant la mise en Ɠuvre des expĂ©riences pilotes Au terme de la pĂ©riode test de 18 mois

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ANNEXES

7.1 ANNEXE 1 : LE MARCHE DES ECHANGES INTERENTREPRISES EN CHIFFRES International Monde : OMC 15 % des Ă©changes mondiaux sans Ă©change de monnaie Pour l’IRTA 11,5 Mds $ dans le monde d’échanges en 2010 1.200 Ă  2.000 courtiers en Ă©changes entrepris dans le monde Évaluation du marchĂ©

France

Entre 200 millions et 500 USA : entre 1 % et 2 % des dĂ©penses d’entreprises, soit entre millions de volume 1,5 et 3 mMds $. Pour l’IRTA les Ă©changes interentreprises d’échanges pour le reprĂ©sentent 6 Mds $ aux États-Unis Corporate Europe : pour l’IRTA 2 Mds $ en Europe et Moyen-Orient Suisse : le WIR reprĂ©sente 3 Ă  5 % de la croissance Une plate-forme de 5 000 clients reprĂ©sente entre 20M et 30M de CA Suisse : 28 000 € Belgique RES : 7 000 € RES

Panier moyen

Part d’entreprises utilisant les Ă©changes interentrepris es

Perspectives

Trop rĂ©cent pour le dĂ©terminer Belgique B&T : limitation recommandĂ©e Ă  1 500 € par e-barter : 1 200 € Ă©change Australie : 33 k$/an pour BBX et 24 k$/an pour Bartercard Suisse : 25 % des PME (60 000 entreprises) Plus de 250 000 entreprises utilisent les Ă©changes e-barter : 80 membres interentreprises (NATE) actifs 5 000 entreprises pour RES Belgique (36 M€ d’échanges) b2b : 800 entreprises inscrites B&T Belgique : (26 M€ d’échanges) RES : grands comptes pour le moment Australie : au moins 26 000 entreprises (22 000 membres pour Bartercard) Monde : Ă  terme, l’IRTA estime que 4 % des dĂ©penses des entreprises pourraient se rĂ©aliser via l’échange soit 136 Mds $ (en considĂ©rant que les dĂ©penses des entreprises reprĂ©sentent 10 % du PIB mondial) Monde : des systĂšmes d’échanges interentreprises publics comme en Chine ou dans certains Ă©tats amĂ©ricains sur le modĂšle de l’Argentine, durant la crise de 2001

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7.2 ANNEXE 2 : CODE ETHIQUE DE L'INTERNATIONAL RECIPROCAL TRADE ASSOCIATION (IRTA) 15 L'International Reciprocal Trade Association (IRTA) est une organisation Ă  but non lucratif, composĂ©e de courtiers professionnels, qui bĂ©nĂ©ficient d’une bonne rĂ©putation auprĂšs des entreprises utilisatrices de ce mode d’échange de biens et services. L’IRTA s’engage Ă  promouvoir et faire respecter des normes justes et Ă©quitables pour la pratique et le fonctionnement des Ă©changes interentreprises auprĂšs de la communautĂ© mondiale des opĂ©rateurs en Ă©changes interentreprises. L’IRTA a pour missions de : ‱ ‱ ‱ ‱ ‱ ‱ ‱

Contribuer au commerce mondial moderne par l’instauration d’un cadre universel de normes, de rĂšglements et d'un code de dĂ©ontologie ; Promouvoir les Ă©changes interentreprises comme une forme responsable de commerce auprĂšs du public, des mĂ©dias et des instances gouvernementales ; Participer Ă  toute action lĂ©gislative et politique qui favorise le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises ; Partager les meilleures pratiques pour amĂ©liorer la croissance et la rentabilitĂ© des entreprises utilisatrices des rĂ©seaux des Ă©changes interentreprises ; AmĂ©liorer les exigences de formation professionnelle des opĂ©rateurs ; Adapter les Ă©changes interentreprises, en anticipant les Ă©volutions des lois et rĂšglements gouvernementaux qui impactent les Ă©changes interentreprises ; Encourager l'expansion mondiale du commerce moderne et du troc par un soutien mutuel et l'Ă©change libre d'idĂ©es et d'informations entre membres du rĂ©seau.

Le code de dĂ©ontologie de l'IRTA est la pierre angulaire sur laquelle repose l'association depuis 32 ans. Il a fait l’objet d’une actualisation, approuvĂ©e par le conseil mondial de l’IRTA le 19 septembre 201, lors du 32Ăšme congrĂšs annuel de l’IRTA au Mexique. Ce nouveau code aborde les questions pratiques que se posent les participants Ă  cette forme de commerce et propose une sĂ©rie de recommandations pour les membres de l’IRTA. Il prĂ©voit un dispositif de sanctions disciplinaires Ă©chelonnĂ©es, pour les entreprises qui ne respecteraient pas les dispositions prĂ©vues. I - Principes gĂ©nĂ©raux Les opĂ©rateurs d’échanges interentreprises : - doivent respecter les lois et rĂšglements mis en place dans leur pays de rĂ©sidence ; - doivent mettre en place des procĂ©dures internes pour servir au mieux l’intĂ©rĂȘt de leurs clients. II - DĂ©claration de revenus 15 Ce texte est une traduction de la version http://www.irta.com/images/newethicsconductcode.pdf

originale

en

anglais

disponible

Ă 

l’adresse

suivante :

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- les membres amĂ©ricains dĂ©clarent leurs revenus auprĂšs de l’IRS, comme dĂ©fini par la TEFRA (notamment le 1099B form) ; - les membres amĂ©ricains dĂ©clarent, dans le cadre de la TEFRA, leurs dĂ©penses marketing (site internet,
) ; - les autres membres hors US respectent les dispositions dĂ©finies par leur pays de rĂ©sidence. III - PublicitĂ© et marketing Les Ă©changes interentreprises doivent ĂȘtre clairs et honnĂȘtes dans leur communication et au minimum : -

dĂ©clarer le nombre de membres actifs (ayant effectuĂ© une transaction depuis moins de 12 mois) sur leur plate-forme d’échanges ; annoncer le type de services et produits Ă©changeables ; publier les volumes Ă©changĂ©s ; annoncer toutes les restrictions Ă©ventuellement instaurĂ©es.

IV - Concurrence dĂ©loyale Les cadeaux en dollars ne sont pas autorisĂ©s pour les nouveaux clients d’une plate-forme d’échanges interentreprises. Les soldes excĂ©dentaires d’opĂ©rations d’échanges ne peuvent ĂȘtre compensĂ©s par d’autres excĂ©dents, sauf pour les opĂ©rations business to business. Les Ă©changes ne peuvent pas compenser une ligne de crĂ©dit ouverte sur un autre Ă©change. Le transfert de tout ou une partie du solde d’échanges entre membres est interdit. Il n’est pas autorisĂ© d’offrir Ă  un nouveau client un abonnement gratuit ou la rĂ©duction des frais d’entrĂ©e sur le rĂ©seau pour pousser un client Ă  Ă©changer, Ă  moins qu’une adhĂ©sion libre ou une politique de tarifs rĂ©duits soit une pratique habituelle de l’opĂ©rateur pour l’ensemble de ses clients. V - Discrimination Les membres ne doivent pas se livrer Ă  une quelconque forme de discrimination. VI - Marques et domaines Les entreprises s’engagent Ă  ne pas utiliser la marque, le slogan ou le domaine internet d’une autre entreprise. VII - Franchise Lorsque des membres de l’IRTA crĂ©ent une franchise, ceux-ci s’assurent de respecter les rĂšgles fĂ©dĂ©rales et locales liĂ©es Ă  ce type d’entreprises. La sociĂ©tĂ© mĂšre est responsable des dettes du franchisĂ© en cas de cessation d’activitĂ©, et ce mĂȘme si le franchisĂ© est une entitĂ© juridique distincte. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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VIII - Acquisition Si un membre de l’IRTA rachĂšte une autre entreprise d’échanges interentreprises, celle-ci mettra tout en Ɠuvre pour honorer les soldes positifs et nĂ©gatifs de tous les comptes, y compris les comptes rĂ©ciproques. IX - Sollicitation directe Les membres de l’IRTA ne sont pas autorisĂ©s Ă  prendre contact directement avec les clients d’une plate-forme d’échanges concurrente, que ce soit par un dĂ©marchage direct, une sollicitation tĂ©lĂ©phonique, par courriel ou par internet. Si de telles actions Ă©taient portĂ©es Ă  la connaissance de l'IRTA, il incomberait au plaignant d’apporter la charge de la preuve, hors de tout doute raisonnable. X - Pouvoir d’investigation Lors d’investigation dans le cadre du non-respect de la prĂ©sente charte, l’IRTA peut interroger les employĂ©s, clients et fournisseurs ainsi qu’inspecter le courrier, les messageries Ă©lectroniques et autres sources internet utiles. XI - DurĂ©e dans le temps Cette prĂ©sente charte est valable 2 ans. XII - Sanctions disciplinaires -

1Ăšre infraction : une lettre d’avertissement est envoyĂ©e aux protagonistes et un avis est mis en ligne sur le site internet de l’IRTA ; 2Ăšme infraction : suspension de 180 jours annoncĂ©e sur le site ; 3Ăšme infraction : exclusion de l’IRTA pour 5 ans.

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7.3 ANNEXE 3 : TEXTES EUROPEENS ET ECHANGES INTERENTREPRISES En juillet 2012, l’IRTA est intervenue auprĂšs de la Commission europĂ©enne pour que lui soit prĂ©cisĂ©e la portĂ©e de deux textes pouvant avoir un impact sur le dĂ©veloppement des Ă©changes interentreprises. Le premier, parce qu’il impose la compensation de certains types de titres de crĂ©dit par des chambres de compensation autorisĂ©es, le second parce qu’il exige la constitution de garanties pour certaines opĂ©rations de crĂ©dit. ‱

RÚglement sur les dérivés de gré à gré

Un contrat dĂ©rivĂ© de grĂ© Ă  grĂ© est un contrat dĂ©rivĂ© qui, au lieu d'ĂȘtre nĂ©gociĂ© sur un marchĂ©, se nĂ©gocie en privĂ© entre deux contreparties. Dans le cadre de ses travaux visant Ă  mettre en place un systĂšme financier plus sĂ»r, la Commission europĂ©enne a adoptĂ©, le 4 juillet 2012, le rĂšglement n° 648/2012 du Parlement europĂ©en et du Conseil sur les produits dĂ©rivĂ©s de grĂ© Ă  grĂ© (OTC), les contreparties centrales et les rĂ©fĂ©rentiels centraux (EMIR pour European Market Infrastructure Regulation). Le rĂšglement, publiĂ© au Journal Officiel de l’Union europĂ©enne le 27 juillet 2012, est entrĂ© en vigueur le 16 aoĂ»t 2012 et sera complĂ©tĂ© par des standards techniques, aprĂšs consultation publique de l’AutoritĂ© europĂ©enne des marchĂ©s financiers (ESMA). Le rĂšglement EMIR relatif aux infrastructures de marchĂ© des produits dĂ©rivĂ©s de grĂ© Ă  grĂ© (OTC) est la traduction europĂ©enne des engagements pris lors du sommet du G20 de septembre 2009 pour faire dĂ©croĂźtre le risque systĂ©mique liĂ© Ă  l’utilisation massive des marchĂ©s dĂ©rivĂ©s OTC. Les dĂ©rivĂ©s de grĂ© Ă  grĂ© ont Ă©tĂ© des facteurs de la crise financiĂšre du fait notamment de l'absence de transparence sur les positions dĂ©tenues par les acteurs financiers sur ces instruments. L’EMIR vise en particulier Ă  assurer : -

la transparence accrue des marchés OTC via la création de référentiels centraux (trade repositories) ;

-

la rĂ©duction du risque de contrepartie via l’obligation de compensation par le biais de chambres de compensation autorisĂ©es Ă  cet effet pour les dĂ©rivĂ©s Ă©ligibles standardisables.

Directive sur le caractÚre définitif du RÚglement (DCDR) La Commission a présenté une proposition visant à modifier la directive sur le caractÚre définitif du rÚglement, afin de renforcer la protection des systÚmes de rÚglement et des contrats de garantie financiÚre. La directive 98/26/CE concernant le caractÚre définitif du rÚglement dans les systÚmes de paiement et de rÚglement des opérations sur titres (DCDR) est un instrument communautaire en matiÚre de compensation et de rÚglement en matiÚre de garantie financiÚre. La DCDR assure la protection des

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systĂšmes de paiement et des systĂšmes de rĂšglement des opĂ©rations sur titres en cas de dĂ©faillance d'un participant Ă  ces systĂšmes et vise donc Ă  minimiser le risque systĂ©mique. Les principales modifications proposĂ©es consistent, premiĂšrement, Ă  Ă©tendre la protection explicite de la DCDR au rĂšglement en pĂ©riode nocturne et aux systĂšmes liĂ©s. La directive 2004/39/CE concernant les marchĂ©s d'instruments financiers (la «MiFID») et le code de conduite europĂ©en en matiĂšre de compensation et de rĂšglement-livraison, financĂ© par l'industrie, laissent prĂ©voir le renforcement continu des liens entre les systĂšmes. DeuxiĂšmement, la proposition vise Ă  Ă©tendre la portĂ©e de la protection assurĂ©e par la directive aux crĂ©ances privĂ©es admissibles pour la constitution de garanties pour les opĂ©rations de crĂ©dit des banques centrales, afin de faciliter leur utilisation dans l'ensemble de la CommunautĂ©. Enfin, la proposition doit permettre de simplifier et de clarifier un certain nombre d'autres Ă©lĂ©ments destinĂ©s Ă  faciliter l'application de la DCDR ; par exemple l'Ă©tablissement d'un cadre juridique harmonisĂ© pour l'utilisation des crĂ©ances privĂ©es, Ă  titre de garantie dans les transactions transfrontaliĂšres, permettrait d'amĂ©liorer la liquiditĂ© du marchĂ©. Sur ces deux points, le commissaire europĂ©en au marchĂ© intĂ©rieur et aux services a confirmĂ© que les opĂ©rateurs sur le marchĂ© des Ă©changes interentreprises n’entraient pas dans le champ d’application de ces deux textes.

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Lettre de l’IRTA Ă  la Commission EuropĂ©enne demandant l’exemption des sociĂ©tĂ©s de barter des contraintes juridiques applicables aux chambres de compensation financiĂšre

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RĂ©ponse de principe positive de la Commission europĂ©enne Ă  l’IRTA

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7.4 ANNEXE 4 : LE RENOUVEAU DES ECHANGES INTERENTREPRISES EN FFRANCE

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7.5 ANNEXE 5 : LA MONNAIE LOCALE ET COMPLEMENTAIRE NANTES

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7.6 ANNEXE 6 : ECRITURE COMPTABLE D’UNE OPERATION D’ECHANGES INTERENTREPRISES

1. Pour une vente 100 % Ă©change TTC L’entreprise A Ă©change 1 000 € HT de marchandises avec l’entreprise B via le courtier C, soit une valeur de 1 196 € TTC (TVA 19,6 %). Elles s’envoient l’une Ă  l’autre une facture libellĂ©e comme suit : ‱ MONTANT HT : ‱ TVA (19,6 %) : ‱ NET À PAYER :

1 196 € 196 € 1 196 €

Quelle que soit l’opĂ©ration (achat ou vente), les factures Ă©mises sont identiques Ă  celles de ventes classiques. Écritures comptables : Ÿ Dans les livres de l’entreprise A N° cpte 70

intitulé

débit

Chiffre d’affaires

4457

TVA collectée

411

Entreprise B

crĂ©dit 1 000 € 196 €

1 196 €

Ÿ Dans les livres de l’entreprise B intitulĂ©

N° cpte 60 11566 401

Achats

débit

crédit

1 000 €

TVA déductible Entreprise A

196 € 1 196 €

2. Pour une vente 50 % Ă©change TTC – 50 % unitĂ©s de compte (UCR) L’entreprise A Ă©change 1 000 € HT de marchandises avec l’entreprise B via le courtier C, soit une valeur de 1 196 € TTC (TVA 19,6 %). La moitiĂ© de la transaction est soldĂ©e en unitĂ©s de compterĂ©seau. Elles s’envoient l’une Ă  l’autre une facture libellĂ©e comme suit :

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‱ ‱ ‱ ‱

NET À PAYER : PAYABLE EN NUMÉRAIRE PAYABLE VIA LE COURTIER C PAYABLE VIA LE COURTIER C :

1 196 € 598 € 598 € 1 196 €

Écritures comptables : Un compte 5XXX sert Ă  comptabiliser les crĂ©ances/dettes que les entreprises possĂšdent vis-Ă -vis du rĂ©seau du courtier C qui Ă©met des UCR pour Ă©quilibrer les transactions. Une vente augmente le crĂ©dit disponible en UCR, un achat diminue le solde de crĂ©dits disponibles. Le compte 5XXX RĂ©seau du courtier C apparaĂźt dans le bilan comme un compte bancaire complĂ©mentaire. Ÿ Dans les livres de l’entreprise A

N° cpte 70

intitulé

débit

Chiffre d’affaires

1 000 €

4457

TVA collectée

411

Entreprise B

598 €

RĂ©seau du courtier C

598 €

5XXX

crĂ©dit 196 €

Ÿ Dans les livres de l’entreprise B N° cpte 60 44566 401 5XXX

intitulé Achats

débit

crédit

1 000 €

TVA déductible

196 €

Entreprise A

598 €

RĂ©seau du courtier C

598 €

7.7 ANNEXE 7 : LE PRET DE MAIN-D’ƒUVRE 16 DANS LE CADRE DES ECHANGES INTERENTREPRISES

La question des Ă©changes de main-d’Ɠuvre ne semble pas poser de problĂšme spĂ©cifique, qu’elle soit abordĂ©e par le droit du travail ou par le droit commun des contrats. En l’occurrence, la comptabilitĂ© de l’échange n’est pas prise en compte pour qualifier ces Ă©changes. 16

Source : DGCIS / SCDPME/SDAJDE/ Bureau du droit social et de l’environnement fiscal (AJDE1). Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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On peut considĂ©rer que l’échange peut prendre deux formes : 1) La prestation de service qui consiste pour une entreprise Ă  rĂ©aliser avec son personnel une prestation pour le compte d’une entreprise partenaire dans le cadre d’un Ă©change. Cette prestation peut ĂȘtre exĂ©cutĂ©e dans les locaux du partenaire. Le salariĂ© garde son lien de subordination avec son employeur et n’est pas aux ordres directs de l’entreprise cliente. Le lieu d’exĂ©cution de la prestation reste sur un point annexe de qualification du contrat par le juge. Le prestataire est responsable du travail effectuĂ©. La prestation de service ne peut ĂȘtre qualifiĂ©e de marchandage de main-d’Ɠuvre. L’entreprise endosse la responsabilitĂ© du travail que ses salariĂ©s effectuent dans le cadre de l’échange. Ainsi si elle propose d’échanger une compĂ©tence spĂ©cifique d’un de ses salariĂ©s (ex : traduction d’un contrat dans la langue spĂ©cifique d’un de ses salariĂ©s, mĂȘme si celui-ci n’exerce pas un emploi de traducteur dans son entreprise d’origine), elle est responsable.

2) Le prĂȘt de main-d’Ɠuvre ou mise Ă  disposition de compĂ©tence, lorsque l’échange ne porte pas sur une prestation qui doit ĂȘtre rĂ©alisĂ©e pour le compte de l’entreprise d’accueil, mais dans la mise Ă  disposition d’une force de travail aux ordres de l’entreprise d’accueil. Le prĂȘt ne constitue pas un marchandage au sens de l’article l.125-3 du code du travail lorsqu’il n’y a pas de bĂ©nĂ©fice rĂ©alisĂ© (c’est-Ă -dire quand il est strictement compensĂ© par un Ă©change d’une valeur Ă©quivalente au coĂ»t salarial des personnes concernĂ©es). Ce prĂȘt ne doit pas avoir pour objet de contourner certaines obligations de l’employeur, notamment le bĂ©nĂ©fice, pour les salariĂ©s, de conditions d’emploi fixĂ©es par convention collective (durĂ©e de travail, Ă©moluments, avantages conventionnels divers
). À noter que le secteur du bĂątiment pratique rĂ©guliĂšrement ce type d’échange, admis par les inspecteurs du travail dĂšs lors qu’il est utilisĂ© dans l’intĂ©rĂȘt des entreprises partenaires et de leurs employĂ©s. À noter que le salariĂ© peut refuser cette mise Ă  disposition si elle amĂšne une modification substantielle de son contrat de travail (horaires, Ă©loignement gĂ©ographique
), sauf Ă  faire signer un avenant au contrat de travail du salariĂ© et/ou Ă  le dĂ©dommager des contraintes Ă©ventuelles liĂ©es Ă  ce prĂȘt. Le contenu du poste doit Ă©galement correspondre aux compĂ©tences et Ă  la qualification du salariĂ© dans son entreprise d’origine. Tout ceci renvoie au droit commun des contrats de travail.

Sur les conditions de mise en Ɠuvre des Ă©changes de main-d’Ɠuvre, en particulier pour les prestations de service, il est rappelĂ© qu’en matiĂšre de droit du travail la charge de la preuve est contradictoire. Aussi, pour Ă©viter toute ambiguĂŻtĂ© sur la nature de l’échange, il est recommandĂ© de ne jamais valoriser les contrats uniquement au temps passĂ©. L’entreprise doit Ă©changer un rĂ©sultat et valoriser des objectifs Ă  rĂ©aliser. Il paraĂźtrait intĂ©ressant de proposer des contrats « gĂ©nĂ©riques » aux entreprises pour ce type d’échanges et de mettre en place des grilles de valorisation des compĂ©tences Ă©changeables au sein d’un rĂ©seau d’échanges.

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7.8 ANNEXE 8 : SURVENANCE D’UNE PROCEDURE COLLECTIVE 17 À L’ENCONTRE D’UN MEMBRE D’UN RESEAU D’ECHANGES INTERENTREPRISES L’objet de la prĂ©sente annexe est d’identifier les consĂ©quences d’une procĂ©dure collective (sauvegarde, redressement ou liquidation judiciaire) affectant l’un des coĂ©changistes. Les cas de dĂ©faut d’un coĂ©changiste in bonis, c’est-Ă -dire d’une entreprise solvable ne faisant pas l’objet d’une procĂ©dure collective, ne sont pas Ă©voquĂ©s. Ce sont en effet les clauses contractuelles qui s’appliquent dans cette hypothĂšse pour faire exĂ©cuter les obligations de la contrepartie dĂ©faillante. I - Rappel des principes 1 - L’échange de biens selon le code civil Selon l’article 1702 du code civil, « l’échange est un contrat par lequel les parties se donnent respectivement une chose pour une autre ». À la diffĂ©rence de la vente, qui s’analyse en une convention par laquelle une partie s’oblige Ă  livrer une chose et l’autre Ă  la payer, le contrat d’échange s’exĂ©cute sans obligation de paiement en numĂ©raire. Toutefois, une soulte peut ĂȘtre versĂ©e si les biens Ă©changĂ©s ne sont pas de valeur Ă©gale. Lorsque le montant de la soulte est bien supĂ©rieur Ă  celui du bien donnĂ©, les juges peuvent alors requalifier l’opĂ©ration en vente. Le rĂ©gime juridique de l’échange reprend par ailleurs sur deux points le dispositif protecteur du contrat de vente : -

le coĂ©changiste bĂ©nĂ©ficie d’une garantie d’éviction sur les biens, c’est-Ă -dire qu’il a droit Ă  la possession paisible des biens reçus (articles 1704 et 1705 du code civil),

-

le coĂ©changiste bĂ©nĂ©ficie Ă©galement de la garantie des vices cachĂ©s (par renvoi de l’article 1707 du code civil aux rĂšgles prescrites pour la vente).

En dĂ©pit de la dĂ©finition Ă©troite de l’échange dans le code civil (relations bilatĂ©rales), il semble possible de conclure un Ă©change triangulaire selon lequel : -

une partie A transfĂšre, Ă  titre d’échange, un bien Ă  une partie B,

-

la mĂȘme partie B recevant ce bien, Ă  titre d’échange, transfĂšre un autre bien Ă  une partie C,

-

la partie C recevant de la partie B, Ă  titre d’échange, le bien susvisĂ©, consent Ă  transfĂ©rer un bien Ă  la premiĂšre partie, la partie A,

et ce à condition que les trois obligations portent sur des biens et que la « ronde » ne soit pas interrompue par une obligation en monnaie.

17

Sources : DGCIS/SCDPME/SDADJE/ Bureau du droit social et de l’environnement fiscal (AJDE1) et Bureau du droit des affaires (AJDE2).

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2- Un traitement fiscal qui s’écarte de l’analyse juridique L’administration fiscale s’écarte de l’analyse juridique en considĂ©rant l’échange comme une double vente dont le prix est payĂ© en nature, en dĂ©pit de l’absence de contrepartie monĂ©taire. Le paiement s’effectue par compensation entre les crĂ©ances rĂ©ciproques jusqu’à concurrence de la plus faible des deux. Le cas Ă©chĂ©ant, la crĂ©ance rĂ©siduelle fait l’objet d’un rĂšglement dans les conditions prĂ©vues par l’accord signĂ© entre les parties (mode et date de paiement). Le traitement de la TVA n’appelle pas de remarque particuliĂšre par rapport Ă  une vente classique. Chacun des coĂ©changistes doit Ă©mettre une facture, sur laquelle figure la mention « vente par compensation » et fixer la valeur des biens ou des services fournis Ă  leur valeur de marchĂ© . La base d’imposition de la TVA est constituĂ©e par la valeur des biens ou services reçus en contrepartie, majorĂ©e de la soulte (article 76 annexe III du CGI). II- L’échange et les procĂ©dures collectives 1 – Les nullitĂ©s de la pĂ©riode suspecte En cas de prononcĂ© d’un jugement de redressement ou de liquidation judiciaire Ă  l’encontre de l’un des coĂ©changistes, le tribunal fixe la date de cessation des paiements du dĂ©biteur sans que cette date puisse ĂȘtre antĂ©rieure de plus de dix-huit mois Ă  la date du jugement d’ouverture de la procĂ©dure (article L. 631-8 du code de commerce). Si l’échange d’un bien est intervenu avant le redressement ou la liquidation judiciaire du coĂ©changiste, mais pendant la pĂ©riode suspecte (c’est-Ă -dire entre la date de cessation des paiements et la date du prononcĂ© du jugement), il existe un risque que l’échange soit annulĂ© par le juge sauf Ă  dĂ©montrer que l’échange constitue un mode de paiement communĂ©ment admis dans le secteur considĂ©rĂ© compte tenu des usages de la profession. En effet, le 4° de l’article L. 632-1 du code de commerce dispose : « Sont nuls, lorsqu’ils sont intervenus depuis la date de cessation des paiements, les actes suivants : 
. 4°) Tout paiement pour dettes Ă©chues, fait autrement qu’en espĂšces, effets de commerce, virements, bordereaux de cession
 ou tout autre mode de paiement communĂ©ment admis dans les relations d’affaires ». 2 - Les pratiques d’échange, les risques de requalification et les procĂ©dures collectives Dans la pratique, les usages dĂ©bordent du strict cadre juridique de l’échange tel que prĂ©vu par le code civil. De nombreux montages sont ainsi qualifiĂ©s d’échanges alors mĂȘme que les critĂšres permettant cette qualification font dĂ©faut. À titre d’exemple, la pratique du barter qui fait intervenir un courtier dans l’opĂ©ration d’échange suscite des interrogations en termes de qualification : s’agit-il d’un Ă©change tripartite, voire multilatĂ©ral, ou bien d’une opĂ©ration consistant en des achats et des ventes successifs ? Les parties Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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peuvent en effet amĂ©nager leurs relations en prĂ©voyant une exĂ©cution successive dans le temps, une dissociation de leurs obligations ou encore une multiplicitĂ© de contreparties. DĂšs lors, on ne peut exclure que le juge requalifie certaines pratiques d’échange en opĂ©rations d’achats et ventes successifs, sans mouvement monĂ©taire, avec une extinction des dettes et des crĂ©ances rĂ©ciproques par voie de compensation. Si cette qualification venait Ă  ĂȘtre retenue, la compensation pourrait alors ĂȘtre invoquĂ©e par le crĂ©ancier Ă©galement dĂ©biteur de la contrepartie ayant fait l’objet d’un jugement de sauvegarde, de redressement ou de liquidation judiciaire, dans les conditions suivantes : - la compensation lĂ©gale prĂ©vue par le code civil peut ĂȘtre invoquĂ©e par le crĂ©ancier pour procĂ©der Ă  l’extinction de son obligation, lorsque les conditions des articles 1289 et suivants du code civil sont rĂ©unies pour chacun des contrats: -

rĂ©ciprocitĂ© des dettes entre deux personnes dĂ©bitrices l’une envers l’autre (la compensation plurilatĂ©rale n’est pas admise), - les deux dettes ont Ă©galement pour objet une somme d’argent, ou une certaine quantitĂ© de choses fongibles de la mĂȘme espĂšce et qui sont Ă©galement liquides et exigibles. En cas d’échange de biens de diffĂ©rentes espĂšces, la fongibilitĂ© et la liquiditĂ© des dettes pourraient nĂ©anmoins donner lieu Ă  discussion devant le juge. - au cas oĂč les conditions prĂ©citĂ©es de la compensation lĂ©gale ne seraient pas rĂ©unies, le paiement par compensation de crĂ©ances connexes pourrait nĂ©anmoins intervenir en application du I de l’article L. 622-7 du code de commerce. La jurisprudence apprĂ©cie la condition de connexitĂ© de maniĂšre assez souple : c’est ainsi que la compensation a Ă©tĂ© admise pour les obligations issues de pluralitĂ© de contrats lorsqu’elles constituent les Ă©lĂ©ments d’un mĂȘme ensemble contractuel et d’une seule opĂ©ration Ă©conomique globale conçue comme telle par les parties dĂšs l’origine. À dĂ©faut de respect des conditions susvisĂ©es, la compensation serait refusĂ©e. En outre, les compensations survenues pendant la pĂ©riode suspecte pourraient tomber sous le coup des nullitĂ©s visĂ©es au 4° de l’article L. 632-1 du code de commerce en tant que mode de paiement non communĂ©ment admis dans les relations d’affaires (voir II-1 ci-dessus).

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7.9 ANNEXE 9 : TEMOIGNAGES D’ENTREPRISES UTILISATRICES

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7.10 ANNEXE 10 : BIBLIOGRAPHIE

“An Underused Marketing Tool That Reaps Financial Gain”, Sean Hennessey, Chief Executive Officer, Lodging Advisors, LLC, octobre 2009. « Les monnaies sociales en tant que dispositifs innovants : une Ă©valuation », JĂ©rĂŽme Blanc et Marie Fare, "Xe Rencontres du rĂ©seau inter-universitaire de l'Ă©conomie sociale et solidaire, septembre 2010. Argent Trading Acquires International Operations, Atwood Richards, PR Newswire, janvier 2001. « 76 % des entreprises ne connaissent pas le systĂšme d’échanges interentreprises, elles sont 65 % Ă  ĂȘtre intĂ©ressĂ©es Ă  essayer », CFO News, mai 2010. Les Ă©changes interentreprises ou barter, DGCIS/SDP3E3, avril 2011. L’échange-marchandises : financer ses achats, dynamiser ses ventes, rĂ©duire ses stocks grĂące Ă  l’échange-marchandises, P. Alexandre et P. Fontaine, Maxima Laurent du Mesnil, mai 1993. Monnaies rĂ©gionales : de nouvelles voies vers une prospĂ©ritĂ© durable, Bernard Lietaer et Margrit Kennedy, Ă©d. Charles Leopol Mayer, novembre 2008. L’imaginaire multilatĂ©ral : systĂšme d’interinformation et reliance multilatĂ©rale - Profils sĂ©mantiques de LETS, SEL, TR, BdT, SRI - ThĂšse de Doctorat de sociologie - Pantaleo RIZZO – 2000 – UniversitĂ© Pierre MendĂšs-France (Grenoble II). « Alerte sur la banque de dĂ©tail », Raffa Elhafi, L’expansion Management Review, novembre 2007. Monnaies complĂ©mentaires pour le dĂ©veloppement durable : thĂ©ories et pratiques, “Miguel” Yasuyuki Hirota, http://www.olccjp.net, juin 2008. Dossier « L’enjeu des monnaies plurielles », Philippe Merlant – Transversales Sciences et Culture, 22 dĂ©cembre 2007 « L’argent est-il devenu obsolĂšte ? », Anselm Jappe, Le Monde, octobre 2011. La crise, crĂ©atrice d'Ă©nergie (l'exemple des rĂ©seaux d'Ă©change), Carlo Jelmini et Christine Schoeb, Editions IES. bartering, Jean-Luc Alberti et Vincent Marty, journalisme on-line, novembre 2007. On the liquidity constraint and Russian non-monetary trade, Vlad Ivanenko, mai 2002. Barter, Liquidity and Market Segmentation, Canice Pendergast, Lars Stole, university of Chicago, octobre 1997. Bartering in the US Market, EMBA 51, janvier 2009. Bartering Expands in the Internet Age, James Flanigan, Entrepreunarial Edge, juillet 2008. La compensation, nouvelle voie de dĂ©veloppement des relations industrielles Nord/Sud, Thierry Sauvin, PersĂ©e, 1988. Troc et transactions interentreprises en Russie : vers une normalisation des Ă©changes aprĂšs la crise du rouble de 1998, Caroline Dufy, Les Études du CERI, septembre 2003. Échanges interentreprises en Russie : la persistance des transactions non monĂ©taires, StĂ©phane Justeau et Christophe Raison, le courrier des pays de l’Est, novembre 2003. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Interpublic lance sa filiale de troc dans les mĂ©dias, Sonia Devillers, Le Figaro Économie, janvier 2010. Achat d’espace : les Ă©changes interentreprises suscitent des vocations, Alain Delcayre, StratĂ©gies, mai 2010. Le troc en Russie : un problĂšme de liquiditĂ© ou de solvabilitĂ© ?, Sophie Brana et Mathilde Maurel, Revue Ă©conomique, Vol. 51, No. 3, DĂ©veloppements rĂ©cents de l'analyse Ă©conomique : XLVIIIe congrĂšs annuel de l'Association française de science Ă©conomique 1999, mai 2000. Relations interentreprises et nouveaux modĂšles d'affaires, Pierre-Jean Benghozi, Revue Ă©conomique, 2001.

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7.11 ANNEXE 11 : « GUIDE PRATIQUE DES ECHANGES INTERENTREPRISES » Ÿ Sommaire

1) À qui s’adresse ce guide ? 2) Les Ă©changes interentreprises, qu’est-ce que c’est ? 3) Les Ă©changes interentreprises, d’oĂč ça vient ? 4) Pourquoi Ă©changer entre entreprises ? 5) Les huit rĂšgles d’or des Ă©changes interentreprises 6) Quel est le cadre juridique et fiscal des Ă©changes interentreprises ? 7) Comment mettre en place des Ă©changes interentreprises dans votre entreprise ? 8) Comment choisir son courtier ? 9) Aller plus loin dans les Ă©changes interentreprises : l’utilisation des unitĂ©s de compterĂ©seau

Ÿ Annexe

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Écriture comptable d’un Ă©change de marchandises

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1) À qui s’adresse ce guide ? À tout dirigeant d’entreprise, en particulier ceux des TPE et des PME, Ă  la recherche d’un complĂ©ment de croissance par l’échange de biens et services, et souhaitant avoir recours Ă  une plate-forme d’échanges interentreprises Business to Business. Ce guide doit permettre au dirigeant d’entreprise de : ‐ ‐ ‐

mieux comprendre cette pratique commerciale, ses intĂ©rĂȘts et ses limites ; savoir l’utiliser pour dĂ©velopper son activitĂ© et accroĂźtre la compĂ©titivitĂ© de son entreprise ; poser les bonnes questions Ă  un professionnel des Ă©changes interentreprises, afin de choisir celui qui lui rendra le meilleur service par rapport Ă  ses besoins, dans une relation de confiance qui favorise la sĂ©curitĂ© des transactions et la qualitĂ© des contacts avec les membres du rĂ©seau d’échanges.

2) Les Ă©changes interentreprises, qu’est-ce que c’est ? L’échange interentreprises, autre appellation du troc (ou « barter » en anglais), est l’opĂ©ration Ă©conomique par laquelle une entreprise cĂšde la propriĂ©tĂ© d'un bien, d’un groupe de biens ou dĂ©livre un service Ă  une autre entreprise et reçoit en retour un autre bien ou un service. Cet Ă©change ne passe pas par une transaction monĂ©taire en numĂ©raire, mais peut, dans certains cas, ĂȘtre nĂ©anmoins valorisĂ© via une unitĂ© de compte spĂ©cifique au rĂ©seau d’échanges (ici dĂ©nommĂ©e unitĂ© de compterĂ©seau ou UCR), qui facilite la multiplicitĂ© et la diversitĂ© des Ă©changes. Les Ă©changes interentreprises ne sont donc rien d’autre que du troc organisĂ© entre entreprises, le plus souvent au sein d’un rĂ©seau ou d’une communautĂ© d’entreprises prĂ©existantes. Ces Ă©changes peuvent s’organiser de grĂ© a grĂ©, entre des entreprises qui se connaissent au sein d’un mĂȘme secteur, d’une mĂȘme zone gĂ©ographique, d’une filiĂšre, ou qui entretiennent dĂ©jĂ  des relations commerciales traditionnelles entre elles. Les entreprises intĂ©ressĂ©es par cette pratique, mais qui ne trouvent pas dans leur environnement des partenaires pour Ă©changer leurs produits ou leurs actifs inemployĂ©s, peuvent faire appel Ă  des intermĂ©diaires professionnels, qui, par l’intermĂ©diaire de plates-formes d’échanges dĂ©matĂ©rialisĂ©es, agissent en tant que courtiers et qui font l’interface entre membres de leur rĂ©seau « cĂ©dants » et « prenants » potentiels. L’intĂ©rĂȘt Ă©conomique de ces courtiers est de rĂ©unir Ă  l’intĂ©rieur de leur rĂ©seau le plus grand nombre possible d’entreprises aux activitĂ©s les plus variĂ©es pour multiplier les opportunitĂ©s d’échanges entre adhĂ©rents. Ils rĂ©munĂšrent ce service en partie par un droit d’entrĂ©e dans le rĂ©seau et/ou en prĂ©levant une commission sur le montant des transactions rĂ©alisĂ©es, Ă  la fois sur les cessions et les rĂ©ceptions de biens et services.

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3) Les Ă©changes interentreprises, d’oĂč ça vient ? NĂ©s aux États-Unis dans les annĂ©es 1930, les Ă©changes interentreprises ne concernent Ă  l’origine que le financement d’émissions radio ou tĂ©lĂ© (les « soap opera ») contre de l’espace publicitaire. Ils se sont petit Ă  petit Ă©tendus Ă  l’ensemble des biens et des services produits par les entreprises, quels que soient leur taille, leur structure ou leur secteur d’activitĂ©. Ils sont aujourd’hui pratiquĂ©s dans le monde entier, Ă  la fois sur les marchĂ©s domestiques et dans les Ă©changes internationaux, et prennent depuis les annĂ©es 2000 un nouvel essor grĂące Ă  Internet. Internet permet en effet aux entreprises d’échanger plus rapidement et plus aisĂ©ment en facilitant la rencontre de l’offre et de la demande. En minimisant les coĂ»ts de gestion, Internet rentabilise des opĂ©rations de faible valeur nominale et ouvre le systĂšme Ă  des entreprises de plus petite taille. En 2010, des biens et services d’une valeur Ă©quivalente Ă  11,5 milliards de dollars ont Ă©tĂ© Ă©changĂ©s entre des entreprises dans le monde 18 . En Suisse, une PME sur cinq recourrait rĂ©guliĂšrement aux Ă©changes interentreprises dans le rĂ©seau Wir 19. Les Ă©changes interentreprises existent en France depuis maintenant plus de 30 ans, mais leur dĂ©veloppement a Ă©tĂ© trĂšs alĂ©atoire (freins culturels, rĂšglementaires, fiscaux). Aujourd’hui, les perspectives de dĂ©veloppement de ces Ă©changes sont importantes : 65 % de PME françaises seraient intĂ©ressĂ©es par ce mode de transaction (Ă©tude rĂ©alisĂ©e par EDC Consulting). 4) Pourquoi Ă©changer entre entreprises ? Les raisons et les intĂ©rĂȘts Ă  pratiquer les Ă©changes de biens et de services entre entreprises sont nombreux. Ÿ Valoriser ses actifs non utilisĂ©s ou dĂ©prĂ©ciĂ©s Les Ă©changes interentreprises sont un moyen de valoriser des machines sous-employĂ©es ou devenues inutiles, de la main-d’Ɠuvre en sous-charge ou des stocks dormants, contre des produits ou des services utiles Ă  l’entreprise et qui permettent eux-mĂȘmes de gĂ©nĂ©rer un surcroĂźt d’activitĂ© et donc de recette potentielle. Selon les spĂ©cialistes, la pratique des Ă©changes interentreprises, qui agissent comme un « booster » de l’économie rĂ©elle, peut permettre d’optimiser les actifs non utilisĂ©s (3 Ă  10 %) et gĂ©nĂ©rer entre 3 et 5 % de CAHT complĂ©mentaires. 18

Source : International Reciprocal Trade Association (IRTA). L’IRTA est une association crĂ©Ă©e il y a plus de trente ans, qui regroupe des entreprises de courtage en Ă©changes interentreprises. L’adhĂ©sion au code d’éthique de l’IRTA est le fondement de ce groupement qui compte aujourd’hui prĂšs de 90 adhĂ©rents dans le monde entier. 19

La Banque WIR (abrĂ©viation allemande «Cercle Ă©conomique sociĂ©tĂ© coopĂ©rative ») est un organisme sans but lucratif suisse qui facilite les Ă©changes Ă©conomiques entre ses membres par l’intermĂ©diaire d’une monnaie spĂ©cifique. FondĂ©e en 1934, elle regroupe dĂ©sormais plus de 60 000 PME. 3

Étude rĂ©alisĂ©e par EDC Consulting, Junior Entreprise de l’École des Dirigeants et CrĂ©ateurs d’Entreprises, pour le site b2b En-Trade© en mai 2010. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Ÿ PrĂ©server la trĂ©sorerie

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L’échange est un levier financier complĂ©mentaire, qui offre de la liquiditĂ© Ă  l’entreprise et peut aller jusqu’à renforcer ses fonds propres. En effet, chaque fois qu’un achat est substituĂ© par un Ă©change, l’entreprise prĂ©serve sa trĂ©sorerie et gagne le montant de sa marge brute sur la transaction. Cette liquiditĂ© supplĂ©mentaire peut faciliter le financement des achats courants ou d’un investissement grĂące Ă  une enveloppe budgĂ©taire qu’elle maĂźtrise mieux et une comptabilitĂ© mieux Ă©quilibrĂ©e. Une agence web souhaite renouveler son mobilier pour un montant de 10 000 euros. PlutĂŽt que d’acheter ce mobilier en numĂ©raire, elle passe par une plate-forme d’échanges interentreprises et troque la rĂ©alisation de deux sites Web, d’une valeur marchande unitaire de 5 000 €, contre ce mobilier. Au final, pour produire ces deux sites d’une valeur de 10 000 €, l’agence web a eu un coĂ»t de production de 5 000 € (partant du principe d’une marge Ă  50 %). Elle a donc gagnĂ© sa marge brute sur l’échange. L’acquisition de ce mobilier Ă  10 000 € lui aura coĂ»tĂ© 5 000 € de trĂ©sorerie via un Ă©change, contre 10 000 € de liquiditĂ©s si elle l’avait payĂ© en numĂ©raire.

Un groupe de restauration disposant de plusieurs enseignes cherche un prestataire logistique avec solution de transport rĂ©frigĂ©rĂ©, pour acheminer une fois par semaine du stock dans ses restaurants. Le courtier va le mettre en relation avec une sociĂ©tĂ© de transport, rĂ©ciproquement intĂ©ressĂ©e pour avoir des repas pour ses collaborateurs. L’avantage de cette opĂ©ration est pour la sociĂ©tĂ© de transport un bĂ©nĂ©ficie direct Ă  destination de ses salariĂ©s et pour la chaĂźne de restaurant d’avoir un nouveau prestataire sans sortie de trĂ©sorerie (financĂ© par son stock de repas).

Ÿ Se faire connaĂźtre de nouveaux partenaires La pratique des Ă©changes interentreprises permet de nouer des relations avec des entreprises qui, a priori, ne seraient ni fournisseurs, ni clientes, autour d’opĂ©rations « gagnant-gagnant » et de les faire dialoguer au sein d’un rĂ©seau, d’un territoire ou d’une communautĂ© d’intĂ©rĂȘts. Ce type de relations peut, Ă  terme, aboutir sur des collaborations partenariales aux formes diverses (ventes classiques, sous-traitance, groupement d’entreprises
).

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Ÿ DĂ©velopper sa clientĂšle

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L’échange permet Ă  l’entreprise de se faire connaĂźtre et d’écouler ses produits ou ses services vers de nouveaux partenaires et futurs clients potentiels. L’accĂšs Ă  une plate-forme d’échanges interentreprises lui permet de bĂ©nĂ©ficier d’une force commerciale supplĂ©mentaire, pour doper son chiffre d’affaires.

Une jeune sociĂ©tĂ© innovante, ayant mis en place une technologie qui comptabilise la frĂ©quentation d’un site ou d’un magasin par stĂ©rĂ©ovision (camĂ©ras 3D), souhaite se dĂ©velopper et gagner en visibilitĂ©. Le courtier va mettre cette sociĂ©tĂ© en relation avec une sociĂ©tĂ© organisant des salons professionnels, qui souhaite dĂ©velopper son activitĂ© et propose en Ă©change un stand sur plusieurs de ses salons regroupant des dirigeants d’entreprises. Cette collaboration basĂ©e sur du « gagnant-gagnant » permet Ă  la sociĂ©tĂ© innovante de gagner en visibilitĂ© et de trouver de nouveaux clients sans pour autant avancer les frais de location d’un stand sur un salon.

5) Les huit rĂšgles d’or des Ă©changes interentreprises Pour ĂȘtre pleinement efficace et bĂ©nĂ©fique, la pratique des Ă©changes interentreprises nĂ©cessite cependant le respect de certaines rĂšgles de base : Ÿ RĂšgle n° 1 : adopter un esprit coopĂ©ratif Pour que les Ă©changes fonctionnent, un climat de confiance et d’adaptabilitĂ©, oĂč prĂ©vaut l’esprit coopĂ©ratif, doit exister entre les partenaires. L’échange ponctuel peut ainsi ĂȘtre le premier pas de relations partenariales de plus long terme. Pour cela, il est intĂ©ressant de ne pas le mener comme une simple opĂ©ration commerciale « spot », non rĂ©currente et en « one to one » mais d’engager en amont une rĂ©flexion stratĂ©gique sur son intĂ©rĂȘt et son meilleur usage pour l’entreprise. Dans cet esprit, la capacitĂ© de proposition de biens ou de services dans un esprit « gagnantgagnant » est la prioritĂ© pour s’engager dans des pratiques d’échanges interentreprises. Celle-ci ne doit pas se limiter Ă  la recherche de la « bonne affaire » ou Ă  la volontĂ© de pallier par l’échange une incapacitĂ© Ă  se fournir en biens et services sur les circuits d’approvisionnement traditionnels. Pour autant, l’entreprise doit garder en tĂȘte une contrepartie d’achat Ă  rĂ©aliser et identifier les besoins qu’elle peut satisfaire par l’échange. Ÿ RĂšgle n° 2 : analyser ses besoins autant que ses offres N’utiliser les Ă©changes interentreprises que pour acheter des produits ou services indispensables. Si l’entreprise est contrainte, pour se dĂ©barrasser d’un actif inutilisĂ©, de l’échanger Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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avec un produit ou service dont elle n’a pas l’utilitĂ©, l’échange n’est pas compensĂ© de maniĂšre satisfaisante, ce qui entame la rentabilitĂ© de l’opĂ©ration. Il ne faut pas, en rĂšgle gĂ©nĂ©rale, « Ă©changer de l’actif dormant contre de l’actif qui va dormir sans crĂ©er de la valeur pour l’entreprise ». En revanche, l’échange doit faciliter l’accĂšs Ă  des moyens qui accĂ©lĂšrent son dĂ©veloppement, comme par exemple un rĂ©fĂ©rencement, la crĂ©ation d’un document commercial, ou encore de la publicitĂ© ou qu’elle n’aurait pas pu acheter aux conditions du marchĂ©. Ÿ RĂšgle n° 3 : Ă©changer Ă  titre complĂ©mentaire et non principal Les Ă©changes interentreprises ne sont pas une substitution Ă  l’activitĂ© monĂ©tarisĂ©e de l’entreprise, mais viennent en complĂ©ment de ses transactions classiques. Ils doivent rester un gisement de ressources accessoires (compensĂ©es) pour l’entreprise. À l’inverse, faute de la trĂ©sorerie gĂ©nĂ©rĂ©e par des ventes, elle ne pourrait plus faire face au paiement de ses charges courantes (taxes, salaires, charges sociales et frais gĂ©nĂ©raux). De la mĂȘme maniĂšre, si la pratique des Ă©changes interentreprises permet de prĂ©server la trĂ©sorerie, ou de pallier des difficultĂ©s momentanĂ©es d’accĂšs aux liquiditĂ©s, elle n’est pas pertinente pour les entreprises n’accĂ©dant pas au crĂ©dit. L’entreprise utilisatrice doit ĂȘtre « in bonis », c’est-Ă -dire saine sur le plan financier. Ÿ RĂšgle n° 4 : ne pas devenir dĂ©pendant des Ă©changes pour le processus de crĂ©ation de valeur de l’entreprise Bien analyser les avantages et les inconvĂ©nients de chaque Ă©change envisagĂ©, par comparaison Ă  une transaction classique. Être notamment particuliĂšrement attentif au risque de dĂ©pendance lorsque ces Ă©changes concernent des biens ou services participant au processus de crĂ©ation de valeur de l’entreprise (machines, matiĂšres premiĂšres, produits semi-finis
). Ÿ RĂšgle n° 5 : Ă©viter de crĂ©er sa propre concurrence Éviter ou limiter les Ă©changes avec un client acquis, ou mĂȘme avec un prospect lorsque celui-ci porte sur le cƓur de marchĂ© de l’entreprise. En effet, le systĂšme n’a de valeur qu’en tant qu’outil de richesse additionnelle pour l’entreprise et ne doit pas se substituer aux transactions classiques. Il peut permettre, notamment, de conquĂ©rir de nouvelles niches de marchĂ© ou de nouvelles zones gĂ©ographiques de chalandise, sans que l’entreprise ait Ă  investir dans une nouvelle force de vente. A contrario, si l’échange de marchandises s’opĂšre au dĂ©triment des circuits classiques de vente, il y a un risque que le partenaire de l’échange, client ou futur client, n’accepte plus ultĂ©rieurement de retour en arriĂšre. L’entreprise fournisseur risquerait alors de voir fondre son chiffre d’affaires, sans pouvoir compenser ce manque Ă  gagner par une rĂ©duction Ă©quivalente de ses dĂ©penses. Par ailleurs, une telle attitude dĂ©motiverait, Ă  juste titre, la force de vente du fournisseur, qui perdrait son client ou prospect stratĂ©gique, ce dernier achetant via les Ă©changes interentreprises et non plus via le circuit classique.

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Dans le secteur automobile, les constructeurs ayant recours aux Ă©changes interentreprises pour rĂ©duire leurs stocks livrent les clĂ©s des vĂ©hicules chez le concessionnaire de la zone de chalandise concernĂ©e, afin d’éviter Ă  leur rĂ©seau de se sentir lĂ©sĂ© et de leur permettre de rĂ©cupĂ©rer le service aprĂšs-vente des vĂ©hicules.

Cependant, Ă  titre accessoire et ponctuellement, l’échange de biens ou de services peut avoir un intĂ©rĂȘt avec un client, Ă  titre de geste commercial, s’il permet de le fidĂ©liser. Il peut Ă©galement permettre de nĂ©gocier un volume supplĂ©mentaire, alors que le client s’était fixĂ© un plafond en sortie de trĂ©sorerie. Ÿ RĂšgle n° 6 : prĂ©server les actifs stratĂ©giques Il faut rester prudent sur l’échange d’actifs stratĂ©giques pour l’entreprise, notamment ceux qui constituent le capital immatĂ©riel de l’entreprise, souvent mal estimĂ©s et mal identifiĂ©s en comptabilitĂ© (fichiers clients, compĂ©tences, hommes clĂ©s
), mais qui demeurent une part essentielle de la valeur patrimoniale de l’entreprise. Ÿ RĂšgle n° 7 : compenser pour revenir Ă  l’équilibre rapidement Veiller Ă  l’équilibre des transactions avec les partenaires, dans un dĂ©lai maĂźtrisĂ©. Si l’entreprise membre d’un rĂ©seau d’échanges ne compense pas rapidement ses transactions (en accumulant des crĂ©dits d’échange), elle peut se trouver dans l’impossibilitĂ© de dĂ©penser ces crĂ©dits, si vous n’y trouvez pas les biens et les services qui vous conviennent ou si leur montant est trop important. Ÿ RĂšgle n° 8 : Ă©changer au bon prix Pour rĂ©aliser une bonne opĂ©ration de troc entre entreprises, il faut nĂ©gocier une valeur d’échange des biens et services, qui tienne compte de la marge attendue et donc des frais annexes (frais de stockage et d’acheminement de ce que qui est dĂ©livrĂ© ou reçu, commission Ă©ventuelle du courtier incluse). Mieux vaut, la plupart du temps, ne pas s’éloigner des prix de marchĂ©.

6) Quel est le cadre juridique, comptable et fiscal des Ă©changes interentreprises ? Sur le plan juridique, comptable et fiscal, les Ă©changes interentreprises sont parfaitement lĂ©gaux en France. Ils sont considĂ©rĂ©es comme ventes de biens et de services « compensĂ©es » par un achat de valeur Ă©quivalente et qui ne gĂ©nĂšrent donc pas de mouvement de trĂ©sorerie. Toutes les rĂšgles commerciales et toutes les obligations s’imposant aux entreprises (responsabilitĂ© des produits dĂ©fectueux, respect du code du travail, de l’environnement etc.,) s’appliquent aux Ă©changes comme au reste de l’activitĂ© de l’entreprise.

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Exemple

Exemple

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Si l’entreprise dĂ©livre par Ă©change un produit ou un service Ă  une autre entreprise, elle engage sa responsabilitĂ© de « producteur » au sens du code de la consommation (article 1386-1 du code civil). Dans le cas d’une prestation de service, elle endosse la responsabilitĂ© du travail que ses salariĂ©s effectuent dans le cadre de l’échange. Ceci reste valable en particulier lorsqu’elle Ă©change une compĂ©tence spĂ©cifique d’un de ses salariĂ©s comme la traduction d’un contrat dans la langue maternelle de l’un de ses salariĂ©s, mĂȘme si celui-ci n’exerce pas un emploi de traducteur dans son entreprise d’origine.

En cas d’échanges de main-d’Ɠuvre ou de compĂ©tences, ceux-ci restent encadrĂ©s par l’article L. 125-3 du code du travail. Pour ne pas ĂȘtre requalifiĂ© de « marchandage » de main-d’Ɠuvre, l’échange doit notamment se faire au coĂ»t de revient ; il ne doit pas avoir pour objet de contourner certaines obligations conventionnelles de l’employeur, et doit recevoir l’accord des personnels concernĂ©s si les conditions initiales de leur contrat de travail en sont modifiĂ©es.

Ÿ Comment Ă©tablir une facture ? La dĂ©livrance d'une facture est obligatoire pour chaque opĂ©ration d’échange. Ce document doit faire apparaĂźtre les renseignements lĂ©gaux (montant hors taxes, taux et montant de TVA, montant TTC). Pour les factures d’acquisition d’un bien (facture « fournisseur »), le montant HT est comptabilisĂ© dans les charges ou les immobilisations de l’entreprise, tandis que le montant d’une facture de cession (facture « client ») d’un bien ou d’un service est portĂ© dans les produits comptabilisĂ©s. La facture doit ĂȘtre rĂ©digĂ©e comme une facture classique mais doit prĂ©senter la mention « en compensation » afin d’amĂ©liorer les modalitĂ©s de son enregistrement et de son rĂšglement, mĂȘme si la contrepartie n’est pas immĂ©diate. En gĂ©nĂ©ral, l’échange se solde sans contrepartie monĂ©taire. Toutefois, s’il existe un diffĂ©rentiel de valeur entre les produits Ă©changĂ©s, le paiement d’une soulte monĂ©taire peut ĂȘtre prĂ©vu entre les partenaires. Dans ce cas, celle-ci fait l’objet d’une facture et d’un rĂšglement « classique ». Ÿ Comment inscrire un Ă©change en comptabilitĂ© ? L’enregistrement comptable des factures de vente par compensation rĂ©pond aux mĂȘmes obligations que celles qui s’imposent aux transactions classiques, en faisant varier les comptes de classe 4 (411 – Clients et 401– Fournisseurs). Toutefois, et afin d’amĂ©liorer l’information au regard de ce type de transaction, il est recommandĂ© d’utiliser des sous-comptes spĂ©cifiques : « Client X Ă  compenser » et « Fournisseur X Ă  compenser » (infra : annexe n°1). Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Ÿ Comment gĂ©rer la TVA ? Le traitement de la TVA n’appelle pas de remarque particuliĂšre par rapport Ă  un Ă©change classique. La TVA collectĂ©e par le biais de factures en compensation doit ĂȘtre reversĂ©e au mĂȘme titre que la TVA figurant sur des factures « classiques ». L’exercice du droit Ă  dĂ©duction de la TVA (sur les immobilisations ou les autres biens) suit Ă©galement les rĂšgles en vigueur, sur la forme et sur le fond. Notamment, la dĂ©duction ne peut ĂȘtre opĂ©rĂ©e que si le redevable est en possession de la facture correspondante au moment oĂč il opĂšre la dĂ©duction. Le droit Ă  dĂ©duction prend naissance lorsque la taxe « d’amont » affĂ©rente Ă  l’opĂ©ration motivant la dĂ©duction devient exigible chez le redevable de cette taxe (fournisseur). Qu’il s’agisse de biens constituant des immobilisations, de biens autres que des immobilisations ou de services, la dĂ©duction de la taxe ayant grevĂ© l’opĂ©ration est rĂ©alisĂ©e par imputation sur la taxe due par le redevable, au titre du mois pendant lequel le droit Ă  dĂ©duction a pris naissance. DĂšs lors, si la TVA collectĂ©e et la TVA dĂ©ductible se compensent en cas d’échanges de mĂȘme montant, un reliquat peut exister dans l’hypothĂšse d’une transaction asymĂ©trique. En prĂ©sence d’une option sur les dĂ©bits, le fait gĂ©nĂ©rateur de la rĂ©cupĂ©ration ou du paiement correspond Ă  la date de la facture. Ÿ L’imposition des opĂ©rations d’échanges interentreprises La comptabilisation des produits et des charges correspondant Ă  un Ă©change de mĂȘme montant n’a d’incidence ni sur le rĂ©sultat, ni sur le montant de l’impĂŽt dĂ», sauf si l’un des deux termes de la compensation entraĂźne la comptabilisation d’un Ă©lĂ©ment de l’actif (variation d’un compte de produits non compensĂ©e par une charge, puisque le bien sera enregistrĂ© dans un compte d’actif de classe 2). De mĂȘme, une compensation asymĂ©trique aurait une incidence sur le rĂ©sultat. 7) Comment mettre en place des Ă©changes interentreprises dans votre entreprise ? L’entreprise qui souhaite pratiquer l’échange interentreprises a deux solutions : ‐

Elle peut Ă©changer de façon ponctuelle et informelle avec ses partenaires habituels et se constituer peu Ă  peu un rĂ©seau de partenaires. Cette pratique reste limitĂ©e, car ceux-ci n’auront pas toujours, et au bon moment, les biens ou services dont elle a besoin. La recherche des opportunitĂ©s d’échanges incombera au chef d’entreprise ; or elle est consommatrice de temps et fait courir le risque de garder trĂšs longtemps les actifs inutilisĂ©s et difficiles Ă  Ă©changer.

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Elle peut recourir Ă  un courtier qui a dĂ©jĂ  mis en place son propre rĂ©seau d’échanges, ce qui permet d’optimiser les transactions. En effet, le courtier en Ă©changes interentreprises joue trois rĂŽles principaux :

Ÿ Le courtier a un rĂŽle de conseil Le courtier intervient en amont des Ă©changes, dans une dĂ©marche d’anticipation stratĂ©gique. Par un audit des actifs inutilisĂ©s et de la stratĂ©gie habituelle d’achat de l’entreprise, le courtier peut dĂ©terminer les besoins et les offres de biens et services qui peuvent ĂȘtre acquis en compensation, en maximisant les bĂ©nĂ©fices directs et indirects qui peuvent en ĂȘtre obtenus. Il aide Ă  fixer la valeur d’échange des biens et services. Il propose souvent Ă  l’entreprise une capacitĂ© Ă  scĂ©nariser ses offres et Ă  trouver la bonne complĂ©mentaritĂ©, trĂšs utile notamment pour les PME, qui ne disposent pas de compĂ©tences internes et/ou de temps pour le faire. Ÿ Le courtier crĂ©e la confiance L’existence d’un rĂ©seau sĂ©lectif, organisĂ© par le courtier, permet une quasi auto-rĂ©gulation des Ă©changes, car tous les membres du rĂ©seau, courtier compris, sont interdĂ©pendants d’un systĂšme dont chaque membre est tributaire du bon comportement de l’autre. C’est un interlocuteur unique qui garantit la traçabilitĂ© des Ă©changes Ă  chaque phase de l’opĂ©ration : signature des contrats et bons de commande, vĂ©rification des livraisons, suivi administratif des opĂ©rations, comptabilitĂ©. Ÿ Le courtier facilite le rapprochement entre l’offre et la demande Le courtier est un facilitateur, qui rĂ©pond aux besoins rĂ©ciproques des entreprises Ă  un moment donnĂ© par la sĂ©lection, la diversification et l’accroissement du nombre d’entreprises de son rĂ©seau puis, au coup par coup, par la recherche du partenaire le mieux placĂ©. En effet, il sait au jour le jour dans quel secteur d’activitĂ© et pour quel client identifier les offres et les besoins. Le temps de rĂ©ponse Ă  une demande est ainsi raccourci et permet parfois au demandeur de connaĂźtre quasiment en temps rĂ©el la possibilitĂ© d’effectuer un Ă©change. Outre ce rĂŽle de rapprochement et de nĂ©gociation, qui peut aller jusqu’à la conclusion de l’opĂ©ration, le courtier lui-mĂȘme peut devenir partie prenante des Ă©changes. Pour fluidifier les Ă©changes, il peut garder en « stock » sur la plate-forme Ă©lectronique ou acheter temporairement les biens qui n’ont pas trouvĂ© preneur 20.

20

Cette pratique concerne le plus souvent des Ă©changes entre grands comptes dont une contrepartie est de l’espace mĂ©dia. Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Exemple

Un imprimeur souhaite se procurer du mobilier de bureau. Il s’adresse Ă  un courtier en Ă©changes interentreprises, dont le catalogue contient une offre de ce type. Il propose d’échanger immĂ©diatement les tables et les chaises d’un des fabricants de mobilier, membre du rĂ©seau, contre des capacitĂ©s machines inutilisĂ©es, sous forme de futures prestations d’impression et valorisĂ©es en heures-machine. DĂšs lors, le compte de l’imprimeur dans le rĂ©seau est « dĂ©biteur », puisqu’il a rĂ©ceptionnĂ© une marchandise, mais qu’il n’a pas encore fourni le service correspondant. DĂšs que d’autres membres du rĂ©seau commanderont tout ou partie des travaux d’impression proposĂ©s, son compte se rĂ©Ă©quilibrera.

8) Comment choisir son courtier ? Le choix d’un courtier doit ĂȘtre guidĂ© par les rĂ©ponses que ce dernier apporte Ă  un certain nombre de questions de base. Ses rĂ©ponses conditionneront les perspectives d’échanges et les bĂ©nĂ©fices que l’entreprise pourra en retirer.

Ÿ Plus le rĂ©seau est performant, plus les possibilitĂ©s d’échanges sont intĂ©ressantes : quelle est la valeur du rĂ©seau que propose le courtier ? son adĂ©quation aux besoins de l’entreprise ? ‐ ‐ ‐ ‐ ‐ ‐

Quelle est la taille du rĂ©seau ? son anciennetĂ© ? sa couverture gĂ©ographique ? Quels en sont les membres (taille des entreprises ? secteur d’activitĂ© ? anciennetĂ© ? nationalitĂ© ?) ; Quel est le mode de sĂ©lection des membres du rĂ©seau ? (recommandation, cooptation, agrĂ©ment ou critĂšres objectifs liĂ©s Ă  la taille, au secteur ou au potentiel d’échanges de l’entreprise ?) ; À l’instar de rĂ©seaux sociaux ou de grandes enseignes commerciales prĂ©sentes sur le net, estce que le courtier dispose d’un systĂšme de cotation par les membres de son rĂ©seau ? Le courtier dispose-t-il d’un systĂšme indĂ©pendant et extĂ©rieur de cotation de son rĂ©seau d’adhĂ©rents (label, certification..) ? Le catalogue du courtier contient-il bien des produits et services utiles Ă  l’entreprise ?

Ÿ Le courtier doit mettre en place une gestion personnalisĂ©e des comptes des membres de son rĂ©seau : quels sont les outils d’alerte et de dynamisation des Ă©changes ? -

Existe-t-il un systĂšme de veille qui informe rĂ©guliĂšrement les entreprises de l’état de leur solde d’échanges (crĂ©diteur/dĂ©biteur) ? Existe-t-il un systĂšme d’alerte automatisĂ© sur les nouvelles opportunitĂ©s d’échanges ? Une veille personnalisĂ©e ? Le courtier a-t-il mis en place des bonus/malus sur les crĂ©dits accumulĂ©s pour inciter les membres Ă  ĂȘtre actifs dans le rĂ©seau ?

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Certains courtiers pratiquent la fonte progressive des crĂ©dits : plus un crĂ©dit valorisĂ© en unitĂ©s de compte-rĂ©seau est conservĂ© longtemps, plus il perd de sa valeur d’échange

-

Le courtier Ă©dite-il une newsletter Ă  l’attention des membres de son rĂ©seau ? Organise-t-il des Ă©vĂšnements permettant aux membres du rĂ©seau de se rencontrer et d’échanger en face Ă  face ?

Ÿ La confiance est Ă  la base des transactions d’échanges interentreprises : quelles sont les garanties qu’apporte le courtier et/ou le rĂ©seau pour sĂ©curiser les Ă©changes ? ‐ ‐ ‐ ‐

Le courtier est-il membre d’un groupement professionnel ou de l’International Reciprocal Trade Association (cf. note de bas de la page 6) ? Le courtier a-t-il mis en place une charte de « bonne conduite »pour les membres de son rĂ©seau ? Existe-t-il une valeur maximum d’échange par opĂ©ration ? Le courtier dispose-t-il de garanties financiĂšres ? ‱ Dispose-t-il d’une assurance-crĂ©dit ? ‱ Si un des membres du rĂ©seau ne peut honorer des engagements vis-Ă -vis de vous (cession ou acquisition), le courtier s’y substitue-t-il d’une façon ou d’une autre (ouverture de ligne de crĂ©dit, achat temporaire
) ?

‐

Quelles sont les garanties liĂ©es au bon fonctionnement de la plate-forme ? ‱ En cas de dĂ©faillance de la plate-forme, quel dispositif de secours est mis en place pour assurer la fluiditĂ© des informations et des opĂ©rations ? ‱ Quelle garantie technologique est apportĂ©e aux adhĂ©rents ? ‱ Est-ce que le courtier est propriĂ©taire de l’outil ? ‱ Comment les donnĂ©es des membres du rĂ©seau sont-elles sĂ©curisĂ©es ? Quelle prĂ©vention pour garantir l’absence d’intrusion dans les systĂšmes d’information des entreprises utilisatrices du rĂ©seau ?

-

Comment le courtier sĂ©curise-t-il les flux physiques de produits Ă©changĂ©s ? ‱ Qui assure l’acheminement des biens Ă©changĂ©s ? ‱ Quelle est la responsabilitĂ© du courtier dans ces transferts ? ‱ En cas de perte ou de dĂ©tĂ©rioration des produits Ă©changĂ©s ceux-ci sont-ils assurĂ©s ? Pour quelle valeur ? Le coĂ»t de cette assurance est-il compris dans la rĂ©munĂ©ration du courtier ? À dĂ©faut comment et Ă  quel prix peuvent-ils ĂȘtre assurĂ©s ? ‱ Si le courtier devient temporairement propriĂ©taire de stocks de produits dĂ©tenus chez un des membres, qui en est l’assureur ?

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Ÿ L’échange doit gĂ©nĂ©rer un surplus de chiffre d’affaires : quelles sont les conditions financiĂšres du contrat proposĂ© par le courtier ? ‐

‐ ‐

Quel est le mode de rĂ©munĂ©ration du courtier (droit d’entrĂ©e et/ou commission sur les opĂ©rations) ? Le taux de commission est-il fixe ou variable selon le montant de l’opĂ©ration, le nombre et/ou le montant global des transactions sur une pĂ©riode donnĂ©e, l’anciennetĂ© dans le rĂ©seau, etc.? Au delĂ  d’une certaine valeur Ă©changĂ©e, le courtier demande-t-il des sĂ©curitĂ©s (abondement Ă  un fonds de garantie, cautions rĂ©elles ou personnelles 
) ? Les conditions d’accĂšs et de sortie du rĂ©seau sont-elles clairement explicitĂ©es ? Quelles en sont les incidences financiĂšres pour les membres (perte des Ă©ventuels crĂ©dits ou rachat par le courtier, frais de sortie etc,) ?

9) Aller plus loin dans les Ă©changes interentreprises : l’utilisation des unitĂ©s de compte-rĂ©seau Le cas oĂč les Ă©changes interentreprises se font immĂ©diatement et simultanĂ©ment, avec une compensation Ă©gale (Ă©changes de biens et/ou services Ă©changĂ©s de mĂȘme valeur) reprĂ©sente un optimum du systĂšme, mais qui limite considĂ©rablement les possibilitĂ©s d’échanges au sein d’un rĂ©seau et en fixe des limites souvent trĂšs vite atteintes mĂȘme avec l’intervention d’un courtier comme rĂ©gulateur. C’est pourquoi la plupart des rĂ©seaux de courtiers ou de communautĂ©s pratiquant l’échange utilisent des UCR (unitĂ©s de compte-rĂ©seau) 21. Celles-ci se caractĂ©risent par un usage limitĂ©, en principe, aux seuls rĂ©seaux ou communautĂ©s qui les Ă©mettent, parfois avec des rĂšgles spĂ©cifiques d’usage, et qui se dĂ©nomment diffĂ©remment selon les systĂšmes. En gĂ©nĂ©ral, l’unitĂ© de compte-rĂ©seau a la valeur de la monnaie lĂ©gale, ce qui ne veut pas dire qu’elle puisse ĂȘtre dans tous les rĂ©seaux changĂ©e pour de la monnaie lĂ©gale. Ÿ Comment utiliser les unitĂ©s de compte-rĂ©seau ? Une entreprise B a cĂ©dĂ© un produit d’une valeur de 5 000 UCR Ă  l'entreprise A qui, en retour, ne propose aucun produit d’échange l’intĂ©ressant. Elle dispose alors d’un « crĂ©dit » d’échange d’une valeur de 5 000 UCR dans le rĂ©seau, inscrit en crĂ©dit Ă  son compte. Elle peut utiliser ce crĂ©dit pour acquĂ©rir des biens ou services proposĂ©s par un autre membre du rĂ©seau, immĂ©diatement ou ultĂ©rieurement.

21

Parfois aussi appelĂ©es UnitĂ©s de compte internes (UCI). Prospective sur le dĂ©veloppement de plates-formes d’échanges interentreprises

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Exemple

Un imprimeur rejoint le rĂ©seau en dĂ©but de mois, plusieurs commandes lui sont transmises mais il ne sera techniquement compensĂ© par Ă©change qu’à la livraison de ces commandes 15 jours plus tard. DĂšs son adhĂ©sion, l’imprimeur souhaite louer un vĂ©hicule pour un de ces commerciaux mais n’a pas encore d’unitĂ© de compte Ă  disposition. Le courtier peut lui permettre de recevoir la prestation demandĂ©e, en passant Ă  dĂ©couvert sur son compte client dans le rĂ©seau, et de payer cet achat dans un second temps en fournissant les clients du rĂ©seau en impression.

En fin d’exercice comptable, les UCR dĂ©tenues par l’entreprise dans le rĂ©seau sont comptabilisĂ©s comme une crĂ©ance client dans le bilan comptable. Ÿ Quel est le statut des unitĂ©s de compte-rĂ©seau ? Les unitĂ©s de compte-rĂ©seau se distinguent des monnaies lĂ©gales car elles n'en prĂ©sentent pas toutes les caractĂ©ristiques : -

Il s’agit d’une monnaie virtuelle, qui ne circule pas sous forme de piùces ou de billets ;

-

les UCR ne sont pas utilisables hors du réseau ;

-

les UCR ont une contrepartie dans le rĂ©seau : lorsque le membre d’un rĂ©seau achĂšte un bien ou un service avec des UCR, il s’engage par cet acte vis-Ă -vis des membres du rĂ©seau Ă  crĂ©er et mettre Ă  leur disposition la valeur Ă©quivalente de biens ou services relevant de sa compĂ©tence ; c’est l’esprit « rĂ©seau » ;

-

les UCR ne sont pas une monnaie de thĂ©saurisation, ni une monnaie spĂ©culative ; en gĂ©nĂ©ral la possession d’un montant trop important d’UCR ou leur dĂ©tention sur une trop longue pĂ©riode sont pĂ©nalisĂ©es.

Ÿ Quel est l’intĂ©rĂȘt des unitĂ©s de compte-rĂ©seau ? Sans UCR, l’échange ne peut se faire qu’entre deux entreprises (Ă©change bilatĂ©ral) et si au moins quatre conditions sont rĂ©unies : 1) 2) 3) 4)

Qu’elles aient une offre d’échange rĂ©pondant au besoin de chacune, Que cette offre soit simultanĂ©e dans le temps, Que la valeur de ces offres se compense financiĂšrement, Que la situation gĂ©ographique des entreprises permette cet Ă©change.

L’utilisation d’unitĂ©s de compte-rĂ©seau permet de mettre en place des transactions plus complexes, tri voire multilatĂ©rales, de les diffĂ©rer dans le temps et de les compenser quelle que soit leur valeur.

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Annexe n° 1

Exemple d’écriture comptable d’un Ă©change de marchandises entre entreprises 1) Pour une vente 100 % Ă©change TTC L’entreprise A Ă©change 1 000 € HT de marchandises avec l’entreprise B via le courtier C,soit une valeur de 1 196 € TTC (TVA 19,6 %). Elles s’envoient l’une Ă  l’autre une facture libellĂ©e comme suit :

‱ MONTANT HT : ‱ TVA (19,6 %) : ‱ NET A PAYER :

1 000 € 196 € 1 196 €

Quelle que soit l’opĂ©ration (achat ou vente), les factures Ă©mises sont identiques Ă  celles de ventes classiques. Écritures comptables : Ÿ Dans les livres de l’entreprise A intitulĂ©

N° cpte 70

débit

Chiffre d’affaires

4457

TVA collectée

411

Entreprise B

crĂ©dit 1 000 € 196 €

1 196 €

Ÿ Dans les livres de l’entreprise B intitulĂ©

N° cpte 60 11566 401

Achats

débit

crédit

1 000 €

TVA déductible Entreprise A

196 € 1 196 €

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2) Pour une vente 50 % Ă©change TTC – 50 % unitĂ©s de compte (UCR) L’entreprise A Ă©change 1 000 € HT de marchandises avec l’entreprise B via le courtier C, soit une valeur de 1 196 € TTC (TVA 19,6 %). La moitiĂ© de la transaction est soldĂ©e en unitĂ©s de compte rĂ©seau. Elles s’envoient l’une Ă  l’autre une facture libellĂ©e comme suit :

‱ NET A PAYER : ‱ PAYABLE EN NUMERAIRE ‱ PAYABLE VIA LE COURTIER C

1 196 € 598 € 598 €

Écritures comptables : Un compte 5XXX sert Ă  comptabiliser les crĂ©ances/dettes que les entreprises possĂšdent vis-Ă -vis du rĂ©seau du courtier C qui Ă©met des UCR pour Ă©quilibrer les transactions. Une vente augmente le crĂ©dit disponible en UCR, un achat diminue le solde de crĂ©dits disponibles. Le compte 5XXX RĂ©seau du courtier C apparaĂźt dans le bilan comme un compte bancaire complĂ©mentaire. Ÿ Dans les livres de l’entreprise A

N° cpte 70

intitulé

débit

Chiffre d’affaires

1 000 €

4457

TVA collectée

411

Entreprise B

598 €

RĂ©seau du courtier C

598 €

5XXX

crĂ©dit 196 €

Ÿ Dans les livres de l’entreprise B N° cpte 60 44566 401 5XXX

intitulé Achats

débit

crédit

1 000 €

TVA déductible

196 €

Entreprise A

598 €

RĂ©seau du courtier C

598 €

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Les rapports Pipame déjà parus

- Diffusion des nouvelles technologies de l’énergie (NTE) dans le bĂątiment, juin 2009 - Étude de la chaĂźne de valeur dans l’industrie aĂ©ronautique, septembre 2009 - La logistique en France : indicateurs territoriaux, septembre 2009 - Logistique mutualisĂ©e : la filiĂšre « fruits et lĂ©gumes » du marchĂ© d’intĂ©rĂȘt national de Rungis, octobre 2009 - Logistique et distribution urbaine, novembre 2009 - Logistique : compĂ©tences Ă  dĂ©velopper dans les relations « donneur d’ordre – prestataire », novembre 2009 - L’impact des technologies de l’information sur la logistique, novembre 2009 - Dimension Ă©conomique et industrielle des cartes Ă  puces, novembre 2009 - Le commerce du futur, novembre 2009 - Mutations Ă©conomiques pour les industries de la santĂ©, novembre 2009 - RĂ©flexions prospectives autour des biomarqueurs, dĂ©cembre 2009 - Mutations Ă©conomiques dans le domaine de la chimie, fĂ©vrier 2010 - Mutations Ă©conomiques dans le domaine de la chimie – volet compĂ©tences, fĂ©vrier 2010 - Mutations Ă©conomiques dans le domaine automobile, avril 2010 - Maintenance et rĂ©paration aĂ©ronautiques : base de connaissances et Ă©volution, juin 2010 - Pratiques de logistique collaborative : quelles opportunitĂ©s pour les PME/ETI, fĂ©vrier 2011 - Dispositifs mĂ©dicaux : diagnostic et potentialitĂ©s de dĂ©veloppement de la filiĂšre française dans la concurrence internationale, juin 2011 - Étude prospective des bassins automobiles : Haute-Normandie, Lorraine et FrancheComtĂ©, novembre 2011 - M-tourisme, dĂ©cembre 2011 - MarchĂ© actuel des nouveaux produits issus du bois et Ă©volutions Ă  Ă©chĂ©ance 2020, fĂ©vrier 2012 - La gestion des actifs immatĂ©riels dans les industries culturelles et crĂ©atives, mars 2012 - Le dĂ©veloppement industriel futur de la robotique personnelle et de service en France, avril 2012 - Enjeux et perspectives des industries agroalimentaires face Ă  la volatilitĂ© du prix des matiĂšres premiĂšres, octobre 2012 - Étude sur la location de biens et services innovants : nouvelles offres, nouveaux opĂ©rateurs, nouveaux modĂšles Ă©conomiques ?, janvier 2013



La pratique du troc interentreprises ou « barter », pour ancienne soitelle, connaĂźt un renouveau depuis une vingtaine d’annĂ©es, renouveau qui s’accĂ©lĂšre avec le dĂ©veloppement d’Internet et de plates-formes Ă©lectroniques d’échanges interentreprises. Ce marchĂ©, recouvrant Ă  la fois de l’échange mĂ©dia (« corporate barter »), centrĂ© sur l’échange d’espaces publicitaires, plutĂŽt rĂ©servĂ© Ă  de grands groupes et l’échange de biens et de services (« retail barter »), plus largement ouvert aux petites entreprises, reprĂ©senterait aujourd’hui au niveau mondial plus de 12 milliards de dollars de transactions, avec un potentiel de croissance vingt fois supĂ©rieur. Sans se substituer Ă  l’activitĂ© traditionnelle des entreprises, les experts considĂšrent qu’il pourrait leur apporter, sur pĂ©riode longue, un gain d’activitĂ© de 3 Ă  5 %. Essentiellement centrĂ©e sur les transactions entre entreprises (consommation B2B), l’étude confiĂ©e dans le cadre du Pipame par la DGCIS au cabinet Sofred Consultants a pour objectif d’analyser le phĂ©nomĂšne des Ă©changes interentreprises, c’est-Ă -dire du troc de biens et de services entre entreprises par l’intermĂ©diaire de plates-formes collaboratives sur Internet. Elle en mesure l’intĂ©rĂȘt pour les entreprises (offreurs et utilisateurs) et le potentiel de dĂ©veloppement de ce type d’échanges. Le phĂ©nomĂšne est analysĂ© en France, en Europe (Suisse, Belgique) et plus largement Ă  l’étranger (Canada, États-Unis, Australie, AmĂ©rique du Sud).

oc

prospective

L’étude propose des recommandations Ă  destination des pouvoirs publics et des entreprises, et la mise en Ɠuvre d’expĂ©rimentations auprĂšs de clusters dĂ©jĂ  identifiĂ©s et intĂ©ressĂ©s.


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