RESEARCH
Cette édition est consacrée au travail de la délégation
Sciences Maroc et aux recherches qu 'elle a menées au cours du dernier mandat, notamment sur le terrain pendant notre séjour au Maroc.
Nous remercions les auteurs Théo Cuvillers–L'Hôte, Syrine Bennouna et Aya Bouir, ainsi que l'équipe de Sciences Maroc, pour leurs efforts dans le cadre de cette discussion sur le système éducatif au Maroc.
Dans cette édition:
Les Politiques Éducatives Marocaines à travers les voix du terrain : Comment réformer pour relever les défis éducatifs contemporains ?
Article Scientifique par Théo Cuvillers–L'Hôte, Syrine Bennouna et Aya Bouir
IIConstatdesdéfisquedoiventreleverlespolitiqueséducativesmarocaines
Leslangues:
Nousl’avionsdéjàconstatépustôtmaiscevoyagel’a confirmé:i estindspensabledeparlerdes anguesquand lsagitdespolitiqueséducativesmarocanes Les témognagesetressourcesrecueillisnouséclairentetnous apportentdenouvellesconsidérationsàcesujet.
motivepassonapprentissage,unenjeu dentitairede sauvegardedupatrimonepourtantimportant Unconstat partagéparunproviseurdunLycéepublicdeCasablanca quidéfendenplusl’mportancequesonenseignement sotétenduàtouteslesrégionsduMaroc
LES POLITIQUES ÉDUCATIVES MAROCAINES À TRAVERS LES VOIX DU TERRAIN : COMMENT RÉFORMER POUR RELEVER LES DÉFIS ÉDUCATIFS CONTEMPORAINS ?
Article Scientifique
Présenté par : Théo Cuvillers–L’Hôte, Syrine Bennouna et Aya Bouir 09/05/2025 (CourdunLycéepubicdeCasablanca)
IPrésentationintroductiveavecobjectif
Dans le cadre du partenariat entre Sciences Maroc et Babe Initiative, un voyage d’étude a été organsé au Maroc. La délégation de chercheurs de Sciences Maroc a décidé de proonger une réflexon amorcée dans un précédent article surlespolitiqueséducatives.Lopportunitéd’undéplacementsurleterrainaalorsétésaisiepourapprofondrl’anayse de ces politiques à travers une approche en triptyque : interroger les nstitutions, les acteurs des établissements scoaires, et enfn, les enfants défavorisés sortis de leurs trajectoires académiques À travers ce triptyque, l’objectif est, par une analyse se voulant la plus exhaustive possible, d’ouvrir un espace de réflexion crtique et constructive, sans prétention prescriptive n regard extérieur surplombant, mais dans une volonté découte, de mise en perspective,etd’identificationdeleviersd’actionadaptésauxdynamiques ocales.
Cettedémarcheviseàconfronterlespremièresdonnéessemi-théoriques aux données empiriques récoltées lors de cette étude de terrain Il ne s 'agit pas seulement de recueillir des témognages, mais de produire une enquêtequaltativecapabledenourrirlaréflexonsurlesdéfispersistants du système éducatf marocain, sur les réponses institutionneles qui leur sont déjà apportées, et les pistes compémentaires quil serait possible d’envsager L’enquêtes’articuledoncautourdedeuxobjectifsprincpaux: d’unepart,farelétatdetouslesdéfis(nouveauxetpersistants)auxquels les politques éducatives évoquées antérieurement doivent faire face ; d’autre part, mettre en lumière les écarts ou es résonances entre les décisions nsttutionnelles et les attentes sociaes par lobservation des solutions déjà mises en œuvre. En cela, les témoignages délèves, d’acteurs éducatifs locaux et de décideurs politiques constituent des ressources précieuses, à la fois pour ancrer l’analyse sur le réel et pour esquisser des nouvelles propositions plus en correspondance avec les singulartésduterrainmarocain.
Lorsd’uneconférenceàlamairedeMarrakech,le professeurHassanElMazouninousarappeléquela questionlnguistiqueestaucœurdespolitiques éducativesmarocainesdepuislindépendance.Dès1956, eMarocaconstruitsonsystèmescolareautourdedeux axes:lagénéralisationdelenseignementetson arabsation,perçuecommeunmoyenderompreavec ’héritagecolonal Ceprocessuss’estaccéléréàpartrde 1973,avecl’appu denseignantsarabophonesvenusdu Machrek.
Toutefois,l’enseignementauMarocnecommencepas avecleprotectorat:desinstitutionscommel’UnversitéAl QuaraouiyineàFèset ’UniversitéBenYoussefàMarrakech formaentdéàleséltesreigieusesbienavant a colonisation Sousleprotectorat(1912–1956),l’élite marocaineaétéforméedansleslycéesfrançais (Descartes,Lyautey,VictorHugo)cequiarenforcéun bilnguismemarqué.Dèslesannées1940,lesgrandes famllesencouragent ’apprentissagedeslangues,dansune ogiqued’ouvertureculturele Cettediversitélinguistique resteaujourdhuiunenjeumaeur,tantpouraffirmerune dentténationaleplurielequepourrépondreauxdéfisde amondialisation
Ainsi,leslanguesapparaissentcommeprimordiales, cependant,desprobèmespersistent Aujourdhuiles anguesenseignéessontdoncl’arabeetlefrançais, ’anglais,lespagno etlalemand Maisqu'enest-i des anguesamazighes?Deslanguesaucentrede aculture marocaineetpourtantdélaissées.
Unprofesseurd’unlycéepublicdeMarrakechnousécaire Leslanguesamazighessontenseignéesàlécoleprimaire depuislaConstitutionde2011,cependant,leurs enseignementsnesontpasdispensésauCollège;au Maroclessavoirssontprincpalementdisponiblesenarabe etenenfrançais;leprofesseurdéploreaorslemanquede production ittéraireenlanguesamazighes,cequine
Cemultilinguismeposeundéficentralauxpolitiques éducatves:commentconcilieridentiténationaleet exigencesdelamondialisation?Aujourdhui,une arabisationincomplètes’estheurtéeàlaréalitéd’un enseignementsupérieuretd’unmarchédutravailrestés largementfrancophones.En2019,uneréforme controverséearéintroduit es anguesétrangères(en pratiquelefrançais,enattendantl’anglais)commelangues d’enseignementdesmatièresscientifiquesdansle secondare Ceva-et-vientlinguistque,souventmotivépar desconsidérationsidentitairesoupolitiques,aeupour conséquenceuneincohérencepédagogiquepréudciable auxélèves Defait,ilsdoiventmaîtriserl’arabestandardet lefrançaispourréussir,surtoutdanslesfilières scientifiques.Or,seulunfaiblepourcentaged’éèvesdu publicatteintunecompétencejugée«satisfaisante»en françaisenfindecollège(environ9%,contre62%des collégensduprvé)[1]cequicreusedembléedes inégalités.Parallèlement, ’anglaisgagneduterraincomme langueperçuedouverture:lapartdesMarocains favorablesàlenseignementenanglaisapresquedoublé (22%en2023contre12%en2016),tandisquelefrançais nerecueilleplusque37%depréférences,ennetrecul[2].
Nousavonspuconstater,àtraversplusieurséchanges,un engouementmanifestedes eunespourla angueanglase Uneétudianteenlicenced’anglaisàMarrakech,témoigne decettedynamique:selonele, esélèvesdauourdhuise détournentdufrançais,perçucommeunelangueplus complexe,notammentengrammaireetenconjugaison À l’inverse,langlasleurapparaîtplusaccessible,mais surtout,pluspertinent.Eneffet,grâceàuneexposition quotidienneauxréseauxsociauxoùtoutestécrit,ces élèvesdéveloppentuneformedeconscence nternatonaleetsetournentinstinctivementverslalangue laplusparléeaumonde.Langlaisdevientainsi,pour beaucoup,lalanguedelavenir,cellequipermet d’envisagerdesétudesouunecarrièreau-delàdes frontièresmarocaines
Néanmoins, cet attrait pour langais vare seon les régions Comme nous lavions souligné dans un précédent artice, les jeunes de l’ONG Darna, rencontrés à Tanger lan dernier, affichaent un intérêt marqué pour l’espagnol, en rason de la proximité géographique et culturele avec l’Espagne À linverse, à Casablanca, le proviseur d’un établissement public note un recul notable de l’itaien et de l’espagnol au proft du franças et de l’anglais, qui devraient bientôt être enseignés dès lécole primaire Cette variation terrtoriale confirme l’importance du contexte régional pour analyser le caséducatifmarocan.
Face à cette montée de langais, la francophonie, quant à elle, continue de se maintenir au cœur des dispositifs éducatifs Agnès Humruzian et Térence Serbin, de lInstitut français de Rabat, nous ont expliqué lévoution des approches pédagogiques dans lenseignement du français au Maroc. Autrefois centré sur la littérature, lapprentissage s ’oriente désormais vers le FLE (Français Langue Étrangère), avec une visée plus fonctionnelle et concrète. Lobjectif est clair : rendre la langue française plus accessibe, plus utile, et en raviver lattrait auprès des jeunesgénérations
Le réseau des lycées français au Maroc, notamment à travers l’Agence pour lenseignement français à l’étranger (AEFE) et l’OSUI, joue un rôle central dans cette politique linguistique Parallèement, l’Institut Français propose des cours de français en dehors des établissements scolaires, en misant fortement sur le numérique comme outil pédagogique Ce virage rejoint une tendance plus large observée pus tôt dans le pays, avec des investissements soutenus dans l’intégration des technologies éducatives, notamment via le programme G E N I.E (Généralisation des Technologies de l’Information et de la Communication dans l’Enseignement), lancé en 2005 Ce programme vise à équiper les établissements en matérie numérique, à former les enseignants à lusage des TICE (Technologies de lInformation et de la Communication pour l’Enseignement), et à préparer les élèves aux exigences technologiques contemporaines.
Toutefois, malgré ces efforts, la langue française continue d’être perçue par une parte de la population comme un marqueur social, voire une langue élitiste Conscients de cet enjeu, les acteurs de la francophonie – notamment les Instituts Franças – multipient les projets culturels en collaboration avec les autorités marocaines, dans e but de démocratiserlaccèsàlalangueetà aculturefrancophone
Ainsi,cevoyagenousad’abordpermisdeconfirmerl’engouementnouveauversl’anglaisévoquéplustôtmaissurtout de percevoir réelement que se dessine une différence nette entre, dun côté, ’aspiration croissante des eunes –tous mileux confondus, quils soent scolarsés ou non, dans le privé ou dans le public – à s ’ouvrir à l’angais, et, de lautre, a volonté institutionnele de maintenir le français comme langue pivot de l’enseignement et de la culture au Maroc
Rapport contrasté de la société marocaine aux disciplines scientifiques et littéraires, révélateur de préférencesstructurellesetdedéséquilibresdansl’orientationscolaire:
Un autre constat majeur issu de notre enquête concerne la préférence marquée des Marocains pour les filières scientifiques au détriment des filières littéraires, perçues commemoinsporteusesentermesd’avenirprofessionnel. Cerapportdifférenciéàlascienceetà alittératuresancre à la fois dans des logiques dorientation institutionnelles, dans les représentations sociales et dans les réalités économiques
Tous les personnes déducation interrogés, sont euxmêmesenfantsdeprofesseurs Celasouligne ’importance delacatégoriesocio-professonnelledanslechoxde a
profession qui est donc plus une transmission intergénérationnele d’un métier de vocation quun métier par intérêt économique avec un salaire de 7000 dhugéinsuffisantparl’étudiantemarrakchi.
Un professeur de mathématiques interviewé dans un lycée public de Marrakech nous explique que, selon lui, les filières scientifques sont encore largement prvlégiées car elles sont perçues comme les plus fiables en matière d’insertion professionnele. Dans l’imaginairecollectifmarocain,lescarrièresscientifiques –médecine,ingénierie,technologies–symbolsent a
réussitesocale S ui-mêmereconnaîtl’ntérêtintellect-ueletlanoblessedes ettres,ilnousconfiequesonpropre père,professeurdefrançais,l’aorientéverslessciences,considéréescommeunchoixplusstratégique
CeconstatestcorroboréparleproviseurdunlycéepublicàCasablanca Pour ui,l’engouementpourle baccalauréatscentifiquedemeureconstant,alorsquelesfiièreslittérairessouffrentdunmanquedevaorisation Ildéplorel’absenced’informationsclairesetstructuréessurlesperspectvesoffertesparunparcourslittéraire,en particulierdanslesdomanesjuridiques,psychologiquesoucuturels Alorsquecesontdesmétiersenmanquede professionnesetdoncdesopportuntésperdues.
Cemanqued’orientation,conjuguéàunehiérarchiesociaeimpliciteentrelessavoirs,polarisedonclesystème scoairemarocain
L’éducationprivéefrançaiseauMaroc: Danslethéâtreéducatifmarocain,nousavonségalementprêtéattentionausecteurduprivéfrançaisetobservé esdéfisquildotreeverains quelesinégalitésqu’ilcreuse
1.Lamarginalisationprogressivedel’arabedansles filièresinternationales:LeBFI,unprogramme internationalambitieuxmaisendésaffection
L’OSUIproposeauMarocunparcourstrilinguedèsla maternelle–franças,arabe,anglais–dansune ogiquede doubleculture Pourtant,ledésengagementdesélèvesvisà-visdel’OptionInternationaleduBaccalauréat(OIB)est significatif.DaprèslerapportdesOrientations Stratégiques2015-2018delOSUI,seuement10%des élèvesdesecondeaulycéeMassignonontoptépourl’OIB en2014,contre25à30%auparavant Àl’échelledupays, seuls15%desbacheliersfrançaisauMarocyontsouscrit en2014,contre24%en2004[3].
Lereculdecettefilières’expliqueparsalourdeur(5à6h supplémentaireshebdomadaires),laperceptiond’unarabe ittérairepeuutiepourl’aveniracadémique,etl’absence dereconnaissanceofficelledeceparcoursdansde nombreusesunversités.Cependant,en2022,l’OIB devientBFI(BaccalauréatFrançaisInternational)et supprimenotammentl’arabelittéraire,suscitantunregain dintérêttoutefoislimité;uneélèvedu ycéeMassignon, ayantsuivilasectonBFI,nousracontequ’ilsnétaientque7 danssapromotionde300élèves.Eleexpliquequece choixnaétérendupossiblequegrâceàlencouragement dunprofesseurréférent Lamajorité,quantàelle,renonce àcettefilièrejugéetoujourstropcontraignanteetpas assezreconnueà ’inverseparexempledunBachiBac
AinsilalanguearabesemarginaliseaurythmequeleBFI estdélaisséparlesélèvesmarocainsdesétabissements étrangersfranças(représentant70%desélèves);bienque ’OIB/BFIfutcréépoureux
2.Unenvironnementscolaireparticulièrementfavorable àl’apprentissage
Lecadreoffertparcesétablissementstranchenettement avecceluidusecteurpublic,créantainsidesdisparités significatives.Eneffet,lesLycéesprivésdisposentde moyensimportants,bienqu’lssoientgratuitspourles ressortissantsfranças,les70%d’élèvesmarocainsdoivent payerauxalentoursde20000Dhs/semestre(soit2000 €).
Ainsi,lélèvedeMassignonnousdécritunenvironnement propiceàlépanouissement:unlycéelabelliséE3Dniveau 3(déveoppementdurable),équpédunepiscine chauffée,d’ungymnaseavecmurd’escalade,dune médiathèquetransforméeenCentredeCultureetde Connaissance(CCC),dunauditorumde356places,et d’unterrainmultisport(athlétisme,rugby,volley,beachvolley,handball) Ellesouligneégalementl’absencede harcèlement,laprésencedassociatonsactivesetune ambancebenveillantequiencouragelesprojets personnels Cecontextefavoriseunapprentissageseren, encadrépardesenseignantsdisponiblesetdes infrastructuresdetrèshautniveau Encomparaison,les élèvesdusystèmepubicdoiventcomposeravecdes classessurchargées,deséquipementsvétustes,etun encadrementpluslimité.
3.Uneorientationpost-bacévidenteettournéeversl’étranger
Dans ces Lycées, a poursuite détudes supérieures sembe aller de soi Lélève interviewée affirme que les choix sont variésetbienaccompagnés:silaFranceresteunedestinationclassique–notammentpourdesraisonsdelangue,de famile ou de faciité dadmission via Parcoursup – d’autres options gagnent en popularité La Suisse attire pour les écoles dingéneurs, la Belgique pour la médecne, le Canada et les États-Unis malgré des réformes restrictves récentes, lEspagne pour sa proximité culturelle et géographique. LItalie (notamment Bocconi) commence aussi à séduire Chaque année, une trentaine d’élèves de son lycée rejoignent l'EPFL de Lausanne Ainsi, les élèves poursuiventpresquetoutletemps eurtrajectoireacadémiqueaprèsl'obtentiondubaccalauréat,uneréaitédûeàun confortquin’estpasaccessibleàtouslesélèvesmarocains
Lesdisparitésentrezonesruraleseturbainessurl’accèsàl’éducation: Plusquelesdisparitésentreélèvesdupubicetduprivé,onremarquedegrandesdifférencesentreleszonesrurales eturbaines
Du côté des zones urbanes, selon les chiffres cités par le professeur El Madani Benhayoun rencontré pendant la conférence à la Mairie de Marrakech; les taux de scoarisaton à Marrakech sont très bons Pour une région de 4,8 M habitantsavecuntauxdurbanisationde62,8%etunepopulationurbainede3M,letauxd'enfantsdemoinsde15ans est une hausse : 95,1% des filles et 96,3% Toutefois, le taux de jeunes de 25 ans ayant au moins le niveau BAC est seuement de 39,1%, à titre de comparaison, le taux est d’environ 75% en France[4] Par ailleurs, 91,9% parlent la darija cequiconfirmeparailleurslinutilitédel’arabe ittéraire
D’un autre côté, les zones rurales manquent daccessiblité à l’éducation et montrent des taux danalphabétisme inquiétant. Selon le troisième intervenant de la conférence: Professeur Fatima Gebrati ce problème est devenu un des pus grands enjeux pour le Maroc - une baisse générale du taux danalphabétisme à 24,8 % en 2024, celui-ci reste nettement plus élevé en milieu rural (38 %) qu ’ en milieu urbain (17,3 %)selon le Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) 2024 du Haut-Commssariat au Plan[5] Cette fracture est particulièrement marquée chez es femmes rurales, dont 60 % sont analphabètes, et 79 % ne possèdent aucun diplômeselon le EducationForAl Morocco,ImpactReport2023-2024[6]
Entre autres, la durée moyenne de scolarsation des adultes de pus de 25 ans est de 6,3 ans à l’échelle nationae, maisseulementde3,2ansenzoneruralecontre7,9ansenmilieuurbain(RGPH2024).
Ainsi, i paraît urgent dy mobiliser plus de professeurs Pourtant, la mobilisation de professeurs pour ces territoires reste un défi L’étudiante en licence danglais à Marrakech, aspirant à devenir enseignante, nous a fait part de sa réticence à ’idée de sa première affectation en miieu rural Elle met en avant a difficulté pour une femme de se déplacerenzoneruraleparmanquedinternatsetdecontraintedesmoeurs(ellesnepeuventpashabitertouteseule laplupartdutemps)
À l’inverse, le professeur de mathématiques évoque positivement sa première expérence à Ouarzazate, et félicite ce systèmedepointscalquésurlefrançaisqu’ildécritcommeformateur
Pourtant, orsdenotrevisitedanslétablissement,lesmursétaienttapissésdetableauxstatistiquesetdeclassement des meileurs élèves par classe. Lun d’eux distinguait les meileurs élèves pour chaque niveau : dans les 12 classes observées, les filles occupaient majoritairement les premières places Ce constat rappelle à la fois le potentiel académique des jeunes filles et ’ urgence dun accès plus équitable à une éducation de qualité, quel que soit le territoireetlegenre
Lecasprécisdesménagesensituationdeprécarité:l’influencedesproblèmesfamiliauxsurlatrajectoire académiquedel’enfant:
Lesentretiensmenésauseinde ’ONGDarnarévèent combienlasituationsocioéconomqueetfamiialepeut conditionner,vorecompromettre,lacontinuitédu parcoursscolairechez es eunes Sicertainsélèves exprmentunevolontéclairedepoursuivreleursétudes,la réalitématérielleoulestensionsfamilalesagissent commedesfreinsmajeurs
(Photodegroupeavecdes eunesintervewésdeDarna)
Ayoub,24ans,n ’apasobtenusonbaccalauréat, lest aujourd’huianmateurauseindeDarnadepuis4ans Il expliqueque,danscertainesrégionsdépourvues d’établissementssupérieurs,lesbonséèvesdoivent migrerversdegrandesvilespourpoursuvreleursétudes Or,lecoûtdelavie,lesloyersélevés,labsencedesoutien financiersuffisantetparfoisl’oppositiondesparents (notammentdansleszonesrurales)rendentces déplacementsquasiimpossibles Àsesyeux,deux obstaclesprincipauxentraventl’éducationauMaroc:la pauvreté–quiempêched’acquérirlesfournitures colairesoudefinancerlestransports–etlesconflits amiliaux–séparations,décès,violences–qui déstabilisentprofondémentlesenfants.L’accèsaux étudesdevientalorsunevariabledépendantenon eulementdesressourceséconomiques,maisauss dela tabilitéémotionnelede ’environnementfamilial
Ahmad,13ans,étudieaudeuxièmenveauduCollège équivaentclassede4èmedanslesystèmefrançais),a ntégréDarnaàlasuitedudécèsdesamère Sonpère, eulavectroisenfants,neparvientpasàsubvenir pleinementàleursbesoins(enlvres,enhabits,en ourriture) Ainsi,Ahmadconsdèreaussiqueles difficultésscoairespourlenfantsontsouventliéesà nstabilitéfamiliale,maisi évoqueégalementlesrisques dedéviance(drogue)delélèveunefos«décroché» ommedesrupturesirréversiblesduparcoursscolaires nsoutienadaptén’estpasproposé.
Zakaria,17ans,aquittél’écoeà15ansaprèsavoir edoublé3foislaseptièmeannée(soitla5èmepourle ystèmefrançais).Lesconflitsviolentsentresesparents, ésnotammentàl’addictiondesonpère,ontentraînéun divorce.Samèreassumeseulelachargefamiliae.Ilavoue doncavoir«décroché»pourdeuxraisonsbienliées:avoir échouésesannées,etsesproblèmesfamiliauxsource ropgrandesdeperturbations
Cestraectoresindividuellesillustrentlesmécanismesdudécrochagescoairequelesautoritésmarocainescherchentà endiguer Seonlesdonnéesduministèredel'Éducaton,prèsde280000élèvesquittentlécolechaqueannée,dont160 000auniveauducollègeselonlhebdomadaireTelquel[7] Laprécarité,lesviolencesfamlialesoulemanque dalternativesdepriseenchargeéducativesadaptéesentretiennentuncercleviceuxd’exclusionscolare
IIISolutionsapportées
Après avoir étudé tous ces problèmes, notre enquête s ’est tournée vers l’étude des solutions qu leur sont apportées. Une étude notamment effectuée au sein du troisième pane de notre triptyque: es institutions et leurs décdeurs
Unestratégiegouvernementalefaceauxdéfiséducatifs:
Dans le cadre de notre étude, nous avons eu l’honneur de rencontrer Mme Nadia Fettah Alaoui, ministre de lÉconomie et des Finances du Royaume du Maroc Lors dune réunion avec les chercheurs, elle a souligné lengagement fort de l’État en faveur de léducation, à laquelle sont consacrés près de 6 % du PIB Ce secteur fat lobjet d’une attention constante, avec des réformes annuelles et de multipes pans, visions et programmes stratégiquesvsantàamélorerlaqualitéet ’accessibilitédel’ensegnementàl’échellenationae
Cependant, ben consciente des défis qu entravent les poltiques éducatives, la stratégie actuelle du gouvernement repose sur trois piliers fondamentaux, destinés à « nvestir en faveur des jeunes générations et donc de l’avenir du pays»etàrenforcer ’ancragedel’écoepublque
1.Revaloriserlemétierd’enseignantpourrépondreauproblèmedessalairesetdel'orientation
Pendant plus de vingt ans, la profession de professeur a souffert d’un déficit dattractivité: elle était perçue comme une option par défaut, souvent choisie faute d’autres perspectives professionnelles Pour inverser cette tendance, le gouvernement entend redonner du prestige à cette carrière en améliorant les conditions de formation initiale, en revalorisantlessalaresetenciblantdesprofilsvéritablementmotvésparlatransmissiondessavoirs
2.Améliorerl’environnementautourdel’écolepourrépondreauproblèmeextrascolaire
Un second axe porte sur l’envronnement scolaire, en particulier dans les zones rurales défavorisées Il sagt de rénover les établissements, de sécuriser les abords et d'améliorer laccès physique à ’école grâce au développement du transport scolaire Cette démarche vise à convaincre la population que lécole est la meilleure option pour les enfantsetains deleverlesfreinslogistiquesquiferaienthésiterlesfamillesàscolarserleursenfants.
3. Réformer les contenus et les méthodes pédagogiques pour dynamiser l'apprentissage par des pédagogies innovantes
Enfin, un effort substantel est engagé pour repenser les méthodes dapprentissage Laccent n ’est plus uniquement mis sur les disciplines fondamentales (mathématiques, arabe, français), mais sur une pédagogie active et innovante Inspiré de modèles internationaux, comme celui de l’Inde, le ministère expérmente depus 2024 de nouvelles approches dans 200 étabissements avec des abels pour mesurer les résultats. En 2025, c 'est plus de 600 nouvelles écoesqu serontlabelliséesafind'accompagnerlechangementéducatifàtraverstoutlepays
IVRésultatsdel’étudeetpropositionsdepistesd’amélioration
Autermedenotreétudedespolitiqueséducativesmarocanesparleursdéfisetleurssolutions,nousavonspu établirdenouvellesperspectivesdesolutions.
L'ÉducationArtistiqueetCulturelle:unepisteprometteuse: Eneffet,cetteétudenousaportéàplusieursconclusionssurlecaséducatifmarocainquinousamènetout dabordàpenserquelartpourraitêtreunedesréponsesdesplusutiles LorsdenotreentretienaveclaMinstreet àl’InstitutFrançais,l’artestapparucommeunepisteàcreuserdavantage
Laculturechezlesjeunesmarocainsestbeaucoup tournéeautourducinéma.ATanger,onobservequele cinémaestunlieucentraltrèsapprécéde ajeunesse,une fréquentationobservéeparexempledansl’emblématique CinémaRifplaceduGrandSocco(quinedisposedaucune aideétatique)
Pourtant,laprésidenteduMEFdéporelemanqued'école decnémacomparéàcetteprésencedetalentset d’ntérêts Ainsi,depuisquelquesannéesleMEFadépêché desfondspourinvestirdans acultureetlamusique notamment;en2022,unprogrammefinancéparl'Union européenne,encolaborationavecleMEF,aétélancéavec unbudgetde10millonsdeuros Ceprogrammeviseà renforcerlesecteurdesICC(industriescuturelleset créatives)auMaroc,enmettantl'accentsurlacréation d'emploispourlesjeunesetlesfemmes,ansiquesurla promotiondeladiversitéculturele[9]
L’IFdesoncôtéaffirmequ’elleentretientuneforte coopérationculturelle,etconfirmelaforteprésence d’acteursducinéma,théâtresquiformentunréseau importantmaisquidemeuresansassezd’infrastructures
Cependant,lartpourraitbenêtreundesmeilleursmoyens pouréduquer SelonleprofesseurdeMarrakech, lintégrationrenforcéedel’artdanslesprogrammes scolairesreprésenteunevoieprometteusepouraméliorer léducation Faceàunejeunesseabsorbéepar esécranset sujetteàunecertaineagressivité,ildéfendlidéequeles disciplinesartistiquespeuventcontribueràunmeilleur épanouissementpersonneletàuneouvertureaumonde. L’artyestenvisagécommeun«médicament»,unsupport éducatifcapabledetransmettredessavoirsautrement Il déplorecependantlararetédesprofesseursdemusique, dedessinoudedanse,etplaidepourunepolitique éducativequivalorisecesenseignements,aujourdhui encoretropmarginauxdans esystèmescolaire
Desoncôté, ’ancienprofesseurdartplastique(18ansde pratique)devenuprovseurdansunLycéecasablancas après2ansdeformationsoulignequel’artestcomme partieintégrantedelavied’autantquildevraitfairepartie deléducatonétantdonnélerôlequ’laàyjouer Devenu professeurpourpartagerdesémotionsetdessavoirs, l constatequelesarts(artsplastiques,théâtre,musque)ne sontplusconsidéréscommeactivitéspermanentesdans lesécoles,etcelaaunimpactsurlenvironnement éducatif:unespacepourdégagerleurénergie (s’exprimer).Cemanqueestrempacéparlesactvtés parascolairesparleprovseur(ateliersdedessins)quil considèrecomme«darouri»(oblgatoire,essentielpour l’éducation) Cependant,cesactivitésparascolaires,y comprislesateliersartistques,nesontpasobligatoires dansleprogrammescolairenational Toutefois,laFeuille deRoute2022-2026dumnistèrede 'Éducationnationale vseàdoublerlenombred'élèvesbénéficiantdeteles activités,reconnaissantleurimportancepour l'épanouissementetlacitoyennetédeséèves[10].
Ainsi,lÉducationArtistiqueetCuturelle(EAC)pourrait consttuerunepistededéveloppementinnovant prometteuse.Daileurs,ducôtéprvé,linnovation pédagogiquefaitpartiedesprioritésdesOrientations Stratégiques2022-2027delOSUI[11].Toutefois,ausein delasociété,cetteappréciationde ’artpouréduquer semble«inutilepourlemonderuraletutilepourlemonde urbain»selonM Mazouni
Deplus,lescontrantesbudgétairesposentlaquestion dunchoxpolitique:celuid’uneseconderefondation commeen2011del’Étatoudeladoptondenouvelles politiqueséducativespourmieuxrépartirlebudgetversles nouvellesprioritésmarocaines.
LaréorganisationdubudgetdansdesVisionsàuneéchelleplusprécise:
Si le budget est certes conséquent, il manque cependant dans la gestion dune meilleure répartition Selon le professeur de mathématique de l’étabissement publc de Marrakech, au Maroc, le problème n ’est pas la quantité mais la méthode, bien que lEtat nvestisse beaucoup d’argent, il faut plus de Vision précise Il mentionne également une devise marocaine : men chouia diel bezef (avec un peu d’argent, tu peux faire beaucoup de choses si tu le gères bien). En effet, il faudrait rédure ’échelle de la durée de ces programmes et Vision afn davoir une réflexion plus concrètesurleseneuxvisés
Dans l’ensegnement secondare, il réclame déà plus de bibliothèques, de gymnases, de salles de musique (des investissements qui semblent parfois des détails mais dont l’importance est pourtant capitale). Il invite également à mettre en place nombre de « petites choses » comme des options, des activités extrascolaires dans le but d’enrichir les écoles pour notamment attirer et surtout retenir les élèves dans les établssements, afin de donner les moyens aux éèves de trouver leurs voix futures L’éducation apparaît ains comme un regard vers le futur, essentiel pour les élèves et pour les décideurs. En somme, a durée des Vision à l’échelle nationale comme la Vision 2015-2030[12] est jugée trop longue; « on se perd », il serait alors préférable de créer des programmes sur 3 à 5 ans maximum avec une bonnefragmentationdesobjectifsafin,àl’issue,delesévauerpardesbilansprécis
Toutefois, à ’échelle des établissements, un système de « Projet d’établissement » à moyen termes (sur 3 à 5 ans en Franceetgénéralementsur3ansauMaroc)estmisenœuvredepuislaChartenationaledéducationetdeformation, adoptée en 1999 En collaboration avec les professeurs, les parents d’éèves et les élèves, les proviseurs organsent un caendrier qui planifie une ligne de condute avec des objectifs et ben sûr: un budget Ainsi, l serait souhatable de calquercesprojetsétablissementsàl’échellenationalebienqueparfoiscesprojetsneseconcrétisentpas
Conclusionsurlecasdespolitiqueséducativesmarocaines:
Pour reprendre la conclusion du précédent artice à lorée de cette analyse empirique ; après avoir bien distingué les défis qui demeurent, on constate que le système scolaire marocain rentre souvent en écho avec le système français Néanmoins, eMarocsedistinguepardesdynamiquesrégionalesspécifques,quiappellentdesréponsessingulières. À cet égard, l’Éducation Artistique et Culturelle (EAC) notamment, apparaît encore ,non seulement comme un levier pertinent,maiscommelarévélationdespouvoirsdelartetde aculturedansléducation.
Le Maroc pourrait devenir la démonstration que lEAC peut agir comme une véritable panacée éducative malgré des difficultésplusmarquées Encesens,cecasnationalpourraitdépassersesfrontièrespourmontrerunepossiblevoie vers la concrétisaton du 4ème Objectifs de Développement Durable de lONU : « Éducation de qualité » aux autres politiqueséducatvesdumonde
VBibliographie
Précsonsbibiographques iéesà améthodologie: La présente étude repose essentelement sur une enquête de terrain, qualtatve, menée au Maroc artculéeautourd’entretienssemi-drectifsavecdesacteurséducatifs, nsttutonnes,etdesélèves ansi que sur des observatons drectes en mi eu scoare De ce fat, la bibiographe mobiisée demeure voontarement restrente, dans a mesure où lanalyse sappuie en grande partie sur des données empirques originaes, dfficiement référencées dans a ittérature exstante Ce chox méthodologque vise à privlégier le témoignage des personnes concernées et à ancrer la réfexion danslesréaités ocalesobservées
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[8] La Cinémathèque de Tanger, un leu cuturel mythique, émission « Affaire en cours » France Culture 2023 [podcasten igne] Disponblesur:https//wwwradiofrancefr/francecuture/
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[10]MnistèredelÉducatonnationae,duPréscoareetdesSports,Feu lederoute2022-2026pour une école pubique de qualté pour tous, Rabat, novembre 2022, [en lgne] Dsponble sur https://wwwmadrastnama/pages/feuile-de-route
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[12]Conselsupérieurde Éducation,delaFormationetdelaRecherchescientfque(CSEFRS),Vsion stratégque de la réforme 2015-2030 : pour une écoe de léquté, de a qualté et de a promoton Rabat, 2015, [en igne] Dsponibe sur : https://iroumiacma/wp-content/upoads/2021/10/ODD-4A4-Vsion-strat%C3%A9gique-de-la-r%C3%A9forme-2015-2030pdf
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