D'UN
NATURALISTE.
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me présenta chez M . Lelievre, commandant anciennement les bâtimens de son p è r e , q u i nous reçut avec affabilité. I l nous fit voir avant le souper ses m e l o n n i è r e s , desquelles i l fait une assez belle spéculation par sa correspondance avec la Capitale. Nous repartîmes le vendredi matin, après avoir pris plusieurs vues de Honfleur (I). Nous e û m e s à notre retour à d î n e r la famille Poulet, à q u i nous m é n a g i o n s le coup d'œil d'une joûte q u i eut lieu sous nos fenêtres. A u m i l i e u de frégates couvertes d ' u n peuple immense, on ouvrit dans le bassin une joûte entre six bateaux destinés à
rivaliser
entr'eux
de vîtesse dans un trajet à parcourir. Les nacelles deux par deux, et é l é g a m m e n t o r n é e s , voguoient sous l'effort de six vaillans rameurs vêtus de b l a n c , et ceints d'écharpes de laine écarlate. Le
but de la joûte étoit de d o u b l e r , dans
l'impétuosité de la course, un arc de triomphe posé au milieu du bassin, sur deux bateaux. Les aspirans étoient e n c o u r a g é s par une musique g u e r r i è r e q u i stimuloit leur ardeur. L e signal du d é p a r t étoit a n n o n c é par un coup de canon. L a colonne d'air à peine é b r a n l é e , on voyoit dans chaque nacelle six rameurs brusquer à l'envi (I) Je ne puis les ajouter à ce recueil; elles ont été brûlées à Saint-Domingue.