Annales de la propagation de la foi. Tome vingt-troisième

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135 j e l e u r fis r e m a r q u e r qu'elle n e contenait q u e deux sacs de riz et un peu de poisson s e c , qu'elle cal ait à peine un p i e d , et qu'après tout j e m e proposais d ' e n ­ lever le mât et la voile pour l'alléger e n c o r e . Cela posé, m e s guides m e dirent qu'elle pourrait glisser sur les rochers et r e m o n t e r la chute s a n s trop de p e i n e , et ils p a r t i r e n t avec m o i . La r a m e était désormais i n u t i l e . Mes gens s'armèrent d e p e r c h e s , à l'aide desquelles ils lut­ taient contre le c o u r a n t et n o u s faisaient éviter les écueils patents et cachés. Grâce à la limpidité d e l'eau, le danger était toujours prévu ; et si parfois notre bar­ que s'arrêtait s u r q u e l q u e r o c h e r , c o m m e nous allions à r e n c o n t r e du fleuve, elle n'échouait qu'avec l e n t e u r , ce qui nous permettait d e la remettre à flot sans trop d e difficulté, « Arrivés au pied de la c a t a r a c t e , nous trouvâmes du renfort : le m a i r e de S a m b o r avait pris le c h e m i n de terre avec u n de ses administrés et nous attendait là p o u r nous prêter secours. J e place cette c h u t e à peu près vers le douzième degré q u a r a n t e minutes de l a t i titude nord. Là, le lit du Meycon s'élargit considérable­ ment et peut avoir u n e lieue d'une rive à l'autre. Ses eaux ainsi r é p a n d u e s sur u n e plus vaste s u p e r f i c i e , offrent moins de profondeur. Tout est pittoresque en cet endroit ; u n e infinité d'îlots, couronnés de buissons verts, occupent toute la largeur du fleuve s u r u n e é t e n d u e de vingt à trente m i n u t e s . On dirait u n e forêt plantée dans des eaux. Celles-ci n'apparaissent à l'œil qu'à cer­ tains intervalles, mais le bruit des flots qui déferlent avec fracas sur les r o c h e r s , les révèle au loin. Ces îles e n ­ trecoupées par u n e multitude de c a n a u x , forment u n dédale inextricable pour quiconque n'a pas l'habitude de ces lieux. Mes gens choisirent le passage le plus profond. Nous avions devant nous u n e magnifique


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