204 tien et m o i, dans u n e m a i s o n assez spacieuse, vacante par la m o r t d u propriétaire. U n des plus intelligents d u village avait charge d e m'enseigner leur patois m a n d c h o u x , qui flatte plus leurs oreilles q u e la langue chinoise, quoiqu'ils parlent aussi bien l'une q u e l'autre. Je remarquerai à ce sujet q u e le m a n d c h o u x est presque devenu langue m o r t e dans la p r o p r e Mandchourie. L e s indigênes, e n petit n o m b r e et envahis d e tous côtés par les émigrations chinoises, se font gloire d'abandonner l'idiome d e leurs ancêtres pour celui des n o u v e a u x venus. Il n'en est pas d e m ê m e des Iüpi -ta-tze, dont le langage est a u m a n d c h o u x à p e u près c o m m e le patois provençal à la langue française o u à l'italienne. S a chant tous parler le chinois, ils n e s'en servent q u e p o u r le dehors et leurs affaires d e c o m m e r c e ; m a i s dans l'intérieur d e la famille, ils réservent exclusivem e n t leur langue. « U n e semaine s'était écoulée, lorsque, sur le m i lieu d u j o u r , o n entend sur la rivière le bruit perçant d u tam-tam. L a frayeur se peint aussitôt sur tous les visages. « C'est, m e dit-on, u n grand bateau d e Sansim, portant deux m a n d a r i n s et vingt soldats, qui e n ce m o m e n t convoquent tous les habitants d e Sou-sou. Outre la crainte ordinaire causée par l'apparition d e ces fonctionnaires, m e s gens se voyaient gravement c o m promis pas m a présence, qui devait leur attirer la colère des mandarins. Après s'être entendus avec m o i , ils m e dénoncèrent s i m p l e m e n t c o m m e u n inconnu qui n e faisait pas d e c o m m e r c e, et qui, malgré leur première résistance, avait exigé l'hospitalité. Aussitôt u n officier suivi de sept o u huit soldats se rend dans la maison o ù j'étais, et après les premiers compliments d'usage, m e d e m a n d e quelles affaires m ' a m è n e n t dans u n pays dont les lois défendent sévèrement l'entrée. « M e s affaires,