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DESCRIPTION
DES INDES OCCIDENTALES, LIVRE SIXIEME.
NOUVELLE GALICE. CHAP.
I.
Description de la Nouuelle Galice, Prouinces, qualités de l'aïr & de la terre, & fruicts d'icelle. A NOVVELLE GALICE, laquelle les Espagnols appellent aussi Guadalaiara de sa capitale ville, & quelquesfois Xalisco de sa principale Prouince,constitue auiourd’hui vn ressort iuridique à part soi selon la partition nouuelle des Efpagnols : elle est li- 20 mitee vers l'Est & Nord-est du port de la Nauidad & du marais de Chiapala , qui la diuise de la Nouuelle Espagne ; vers l’Ouest du golfe de Californie, (bien quelle enferme les terres qui sont situees plus outre Vers l’Ouest) & vers le Nord-ouest & le Nord, elle s’estend parmi de grands païs peu cognus, vers lesquels ses limites sont indeterminés. Ce qui est en quelque façon cultiué des Espagnols, a de large, comme on dit, plus de cent lieuës, & du port de la Nauidad selon la fuite de la coste de la mer enuiron trois cents. Ce gouuernement embrasse plusieurs Prouinces particulieres, les principales des- 30 quelles sont, Guadalaiara, Xalisco, los Zacatecas, Chiametla, Culuacan, Cinaloa, Neuua Bi-scaya : & les frontieres California, Cibola, Quiuira, Neuuo Mexico : desquelles nous traiterons en son lieu & selon l’ordre requis. En toutes ces Prouinces l’aïr y est plus temperé que froid: en Iuin, Iulliet & Aoust il fort souuent des tremblements de terre, grandement y a force pluy es & tonneres à craindre pour les grands & solides edifices. Autrement elle iouït d’vn ciel ferain & rarement couuert de nuees hors les mois de pluyes ; La terre apres les pluyes y est fort seiche & nullement boüeuse : les vents y fouillent le plus souuent auec violence principalement du Sud ; les pluyes y tombent ordinairement fort dru & par ondees. La rosee du matin y est grande ; autour la feste de la Natiuité, il y fait des frimats & legeres 40 gelees : au refie toutes ces Prouinces sont fort faines, & conseruatrices de la santé de leurs habitans iusques en vne longue vieillesse, & nullement fuiettes à la peste. Elles ont toutesfois leur peste, vne grande abondance de moucherons & punaises, qu’on dit y estre aussi grosses que des febues, & esleuent par leurs piqueure veneneuse des pustules aussi grosses que des noix ; elles ne sont pas aussi fans scorpions, mais leur piqueure n'est pas mortelle, combien qu’elle excite degriefues douleurs yingt quatre heures de long,que l’on guerit auec du suc de pommes de coing. La terre y est plus montueuse que plate, sablonneuse en sa plus grande partie, quelquesfois argilleuse : il y a force pierres, toutesfois nous n'auons leu qu’on y ait iusques ici trouué du marbre,ou des pierres de quelques prix : les murailles des maisons y sont 50 le plus souuent de mortier ou d’argile. A quatre lieues de la ville Guadalaiara,le long du chemin qui va à Zacatecas, il y a vne montagne fort haute, de laquelle la montee & descente est d’vne lieuë, inaccessible aux cheuaux & autres belles de charge : les autres montagnes en tout ce quartier y sont fort aspres & bocageuses, où il y a de grands pins & de fort hauts chesnes, & grande abondance de loups. Il s'y