Le Général de Sonis, d'après ses papiers et sa correspondance

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L’ARMÉE DE LA LOIRE — BROU ET LOIGNY

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appuierait mon mouvement. Je ne doutais pas non plus que cette poignée de braves ne ramenât au feu les troupes qui battaient en retraite. Arrivé à la hauteur du 51e : « Soldats ! dis-je à ces hommes, voilà le drapeau de l’hon« neur, suivez-le, en avant! » Mais rien, rien. Secouant mon képi de la main gauche, et brandissant mon épée de la main droite, je leur criai : « N’avez-vous plus de cœur ? « Marchez ! » Ils ne marchèrent pas. « Et nos zouaves avançaient toujours. J’avais à ma droite le colonel de Charette, à ma gauche le commandant de Troussures. Ce dernier se jetant à mon cou : « Mon général, me dit-il, que vous êtes bon de nous « mener à pareille fête ! » Noble cœur ! ce devait être sa dernière parole. Charette avait fait déployer son monde en tirailleurs. Les mobiles des Côtes-du-Nord prennent sa droite, les francs-tireurs de Tours et de Blidah se placent à sa gauche ; derrière la ligne marchent à cheval le général, le colonel, le chef de bataillon, l’adjudant-major et les officiers d’ordonnance. « Dans ce moment, dit Sonis, il y avait un tel entrain dans cette troupe, qu’elle décida même un mouvement en avant de la part de mes lignes restées jusqu’alors immobiles, ce qui me rendit l’espoir. Devant cette fusillade, les Allemands, qui occupaient depuis le matin la ferme de Villours, l’abandonnèrent et se sauvèrent. Mais arrivés en face du petit bouquet de bois, ou buisson des acacias, à deux ou trois cents mètres du village, nous fûmes accueillis à bout portant par un feu de mousqueterie très violent, et beaucoup des nôtres tombèrent pour ne plus se relever. Le 51e, que j’avais un instant ramené au combat, ne soutint pas cette épreuve ; il nous quitta pour ne plus reparaître. « Je restai à la tête des zouaves pontificaux, qui fai-


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