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ÉLEVAGE : Le travail à la longe, une technique indispensable pour l’éleveur moderne
©Nicolas Boudrenghien Le travail à la longe
Une technique indispensable à la panoplie de l’éleveur moderne
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L’élevage est le royaume de l’observation… C’est ici qu’entre en jeu le travail à la longe qui offre, même à ceux qui ne montent pas à cheval, la possibilité d’expérimenter leur sens de l’observation. Dans la pratique, on rencontre rarement une personne capable de très bien longer. Mais quelles sont les qualités d’un bon longeur ? Et quelles sont les utilités du travail à la longe ?
On nous pose fréquemment la question très pertinente suivante : « Est-il important d’avoir monté à cheval pour devenir éleveur ? ». Evidemment, le fait d’avoir BIEN monté à cheval apporte un plus indéniable en élevage car le ressenti du cavalier fournit de précieuses informations sur les qualités et défauts du cheval. Si le fait de monter à cheval donne indéniablement un avantage à l’éleveur, il ne constitue pas une condition indispensable. On connaît d’excellents éleveurs qui ne se sont jamais assis sur un cheval, ou si peu, et qui réussissent remarquablement et durablement. Ces derniers compensent ce manque par un excellent sens de l’observation et une passion intense pour l’élevage. Certains d’entre vous connaissent déjà ma recommandation : « Si tu penses aux chevaux quand tu t’endors, si tu rêves des chevaux, si tu y penses encore quand tes yeux s’ouvrent le matin, si tu es prêt à étudier énormément et à travailler très dur pendant de longues années, alors n’hésite pas, tu possèdes les qualités requises pour devenir un bon éleveur »… L’élevage moderne ne souffre plus d’approximation, il demande connaissance et professionnalisme, loin des croyances, des « on-dit », des légendes et des sornettes dont certains raffolent dans le monde du cheval… L’élevage, c’est au contraire le royaume de l’observation, de l’intelligence, de l’expérimentation et du pragmatisme. C’est ici qu’entre en jeu le travail à la longe qui offre, même à ceux qui ne montent pas à cheval, la possibilité d’expérimenter leur sens de l’observation, leur tact équestre, en un mot ce que nos amis britanniques appellent le « horsemanship ». Lorsque l’on demande « Savez-vous longer un cheval ? », on vous répond souvent d’un air stupéfait : « Ben, évidemment ! ». Réponse interpellante car dans la pratique, on rencontre très rarement une personne capable de très bien longer… Bien longer n’a rien à voir avec l’action de faire tourner un cheval au bout d’une longe sur une courbe approximative. Les qualités que requiert le bon longeur sont : MOTIVATION, OBSERVATION, CONNEXION et CONCENTRATION. Le comble de l’horreur, c’est le longeur qui tient la longe d’une main et son smartphone de l’autre !
Les différentes utilités du travail à la longe
4 Détendre les chevaux et leur fournir une activité physique ; 4 Précéder le travail monté afin d’échauffer progressivement le cheval sans avoir le poids du cavalier sur le dos (on devrait toujours le faire !) ; 4 Travail préparatoire au saut en liberté ; 4 Mettre dans le droit chemin un garnement arrogant (les très jeunes étalons en particulier), partant du principe bien connu que « le travail, c’est la santé ! » ; 4 Redresser un cheval rétif ou présentant des défauts de dressage ; 4 Compléter le travail monté en faisant entrer le travail à la longe dans le programme de la semaine de chaque cheval ; un travail correct à la longe vaut cent fois une séance montée où le cavalier n’a pas de programme (monter pour faire des tours de piste avec un cheval est sans intérêt). A ce titre, chaque écurie bien organisée se doit de posséder un très bon longeur ; 4 Débourrer un cheval : au minimum les dix premiers jours du débourrage se passent à la longe ; 4 Construire la musculature dans le bon sens et organiser le bon fonctionnement du corps. Le travail sur cercle est la base de toute formation d’un cheval, quelle que soit la discipline, à la longe, en liberté ou sous la selle. C’est ce travail en cercle qui enclenche le mécanisme d’engagement du postérieur. Lors d’un bon travail à la longe, le postérieur intérieur s’engage fortement sous la masse en favorisant l’abaissement de la hanche, et le postérieur extérieur, qui parcourt plus de chemin, provoque l’étirement des ligaments dorsaux, le supra-épineux notamment. Il est très important de travailler autant à main droite qu’à main gauche, et en alternant le plus souvent possible. Il faut minuter les séquences afin de ne pas favoriser un côté plus que l’autre. Si aujourd’hui, on a commencé le travail à main gauche, demain il faudra commencer à main droite. Ces détails sont très, très importants.
Un banc d’observation extraordinaire
Loin du « virtuel » qui pollue tant notre spécialité, loin des « on dit », des sottes croyances et rumeurs en tout genre, le travail à la longe nous immerge dans le monde du concret et de l’observation. Il nous permet de mesurer : 4 Le SANG du cheval, qui n’a rien à voir avec les débordements d’énergie d’un cheval trop frais. La définition du sang, c’est l’aptitude d’un cheval à supporter le travail qu’on lui impose sans que l’on ait besoin de l’y forcer. Il ne faut surtout pas confondre sang et nervosité ou indiscipline. Après une semaine de travail à longe, lorsque l’euphorie des premières séances s’est dissipée, on mesure très précisément le degré exact de sang de notre élève ; 4 La SANTE : après une ou deux semaines de longe, le cheval doté d’une bonne santé se déplace de mieux en mieux et son corps s’organise. Un cheval qui n’est pas dur à l’effort montrera des allures raccourcies et de moins en moins d’ardeur au travail, et éventuellement des allures irrégulières. 4 L’EQUILIBRE : certains chevaux ont une aptitude naturelle à se mouvoir facilement et légèrement sur le cercle, même au galop, ce qui constitue un exercice difficile. Pour d’autres, il est quasiment impossible de galoper en cercle. Il ne faut surtout pas les y forcer au début et bien prendre son temps. Le travail sera beaucoup plus long avec ces derniers. 4 La SOUPLESSE : on estime vite la faculté du sujet à prendre le pli du cercle et à se mouvoir de façon élastique ; 4 La BIOMECANIQUE : il n’y a pas deux chevaux au monde qui se déplacent de façon identique ! En faisant fonctionner votre sens de l’observation, vous apprécierez vite sa capacité à « s’asseoir », c’està-dire à abaisser sa hanche dans le mouvement. Vous noterez aussi sa faculté à plier le jarret et la vitesse à laquelle il est capable de l’engager sous sa masse, en d’autres termes, la force du jarret. Le moment est arrivé de signaler que lorsqu’on longe un cheval, notre œil doit constamment
observer le mouvement du jarret, sa position et son rythme !
N’oubliez pas ce principe. 4 Le COURAGE : il est lié au sang. Le cheval courageux ne rechigne jamais au travail.
En résumé…
En longeant son cheval, on doit observer tout ce qui est observable… et même ce qui ne l’est pas ! Rappelons-nous cette phrase d’Albert Einstein : « Dans la recherche, l’important n’est pas de découvrir ce que l’on cherche, mais plutôt ce qu’on ne cherchait pas… ». Le travail à la longe fournit une mine d’informations sur un cheval et chaque séance en apporte de nouvelles. Il nous évite d’être imaginatifs et nous apprend à ne croire que ce que l’on voit. Voici posées les bases théoriques de l’exercice. Dans notre prochain numéro, nous aborderons l’aspect technique du travail à la longe, ainsi que les différents exercices qui permettent de faire progresser un cheval. A suivre…
D.B.
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