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Ialta Sitte a tiré sa révérence

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Tenir le cap

Tenir le cap

IALTA SITTE

a tiré sa révérence

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La petite-fille de l’olympique Gute Sitte (E. Wauters) est devenue, après sa brillante carrière sportive sous la selle d’Yves Simon, un monument de l’élevage qui a propulsé la famille Boudrenghien au sommet de l’élite mondiale du cheval de sport. Qui donc mieux que Daniel pouvait raconter la fabuleuse aventure sportive et la carrière de reproductrice de cette jument d’anthologie qui a tellement contribué à la notoriété du Studbook SBS. Merci pour tout, Ialta, et laissons la parole à Daniel Boudrenghien…

©Photos Evenement

Le mardi 17 novembre 2020 fut pour notre famille une journée peu agréable.

Cette journée a en effet sonné la fin de vie d’une jument qui a changé notre vie à de nombreux points de vue: sportif, affectif, financier. Avec la naissance de

Ialta en 1992 commençait pour nous la grande aventure de l’explosion de la souche de l’olympique Gute Sitte... mais nous ne le savions pas encore !

Nous avions acquis sa mère Insel Sitte (Major de la cour), fille du monument mondial Gute Sitte (Grande) et l’avions montée en cycle classique à 4, 5 et 6 ans où elle fut très brillante. Le transfert d’embryon n’existait pas à cette époque, nous avons arrêté la carrière d’Insel

Sitte à 7 ans afin de la mettre à la reproduction ; IALTA SITTE (Avontuur) fut son premier produit.

Tout lui réussissait

La caractéristique de Ialta est que tout lui réussissait à quelque âge que ce fut. À 4 ans, elle remportait de façon magistrale le championnat d’Europe de saut en liberté au Heysel dans le cadre du salon international de l’agriculture AGRIBEX. C’était une manifestation magnifique pour laquelle chaque stud-book d’Europe sélectionnait ses quatre meilleurs

IALTA SITTE (E.O.) (L.S.)

AVONTUUR X MAJOR DE LA COUR

sauteurs. Le niveau était impressionnant et le public nombreux. Nombreux sont ceux qui, encore aujourd’hui, nous rappellent la prestation magistrale de Ialta que, disent-ils, ils n’oublieront jamais. Dans les années qui suivirent, elle fut très brillante dans le cycle classique où elle avait son fan-club. À 5 ans, elle fut gagnante du cycle classique, seul cheval à réaliser 10 doubles sans fautes sur 10 ! (à l’époque on sautait un barrage intégré dans le cycle des 5 ans). La même année, elle m’emmenait en finale du Championnat du Monde des jeunes chevaux à Lanaken. J’avais déjà monté quelques bons chevaux auparavant mais, avec Ialta, je découvrais un autre monde…

À l’âge de 7 ans, elle fut louée pour quatre saisons à la société HorseSelect de M. et Mme Willems qui l’ont confiée à Yves Simon. Sous la selle d’Yves, Ialta a connu quatre années de succès ininterrompus, totalisant 72 victoires et classements à haut niveau. C’était une compétitrice pur-sang ; quand elle entrait en piste, c’était pour faire un sans-faute. Elle était en outre très, très rapide. Dans le cadre du fort réputé concours de San Patrignano (ITA), elle a remporté le vendredi la qualification pour le Grand Prix, le samedi le Derby et le dimanche le Grand Prix. Il n’y avait qu’elle pour faire de telles choses !

Des milliers de descendants dans le monde

Tout en poursuivant cette carrière, nous prélevions des embryons et là aussi, Ialta ne ratait rien… Au total, 13 produits sont nés par transfert et les 13 ont tous connu une carrière internationale. Évidemment les plus connus sont les étalons OGANO SITTE (Darco) et UGANO SITTE (Clinton).

Via ces deux étalons à succès, les gènes de Ialta se sont disséminés dans le monde entier, ce qui fait qu’elle possède aujourd’hui des milliers de descendants. Nombreux sont ceux qui font honneur à leur grand-mère sur toutes les pistes de la planète, ce qui amène OGANO SITTE à la 30ème place du ranking mondial de la WBFSH et son demi-frère UGANO SITTE à la 39ème place malgré sa disparition prématurée à l’âge de 8 ans ! Je crois pouvoir dire que c’est un cas unique dans les annales de l’élevage qu’une jument possède deux produits à ce niveau dans le classement mondial. Leur frère BOSTON SITTE (Argentinus) avait le même genre de qualité et fut vite exporté en Chine. Au total Ialta a engendré 6 fils étalons approuvés. Nous possédons dans notre écurie une centaine de chevaux et 97% possèdent la génétique de Ialta, parfois à plusieurs niveaux. À la fin de sa grande carrière internationale, sa précieuse complicité permit à notre fils Nicolas de faire ses premières armes en concours, où il fut vainqueur entre autres des grands prix juniors de Ghlin et Durbuy. Le plus important, c’est le plaisir que Ialta nous a procuré tout au long de sa vie, elle a illuminé notre vie ! À ses 18 ans, nous avons décidé de lui donner une retraite bien méritée et de ne plus l’embêter avec les transferts d’embryons. Nous aurions évidemment pu faire beaucoup d’embryons par ICSI mais nous ne voulions pas lui imposer ces contraintes. Il y a six mois, elle avait 28 ans mais elle était encore jeune ! Elle possédait une énergie hors norme et trottait comme une 3 ans.

Ialta avait vingt ans d’avance. Dans la compétition actuelle, elle serait encore plus compétitive qu’à son époque. Même si nous avons bien géré les carrières d’élevage et sportive de Ialta, il y a des jours où je me demande si nous fûmes vraiment à la hauteur de cette grande dame... La réponse est sans doute négative. Quoiqu’il en soit, je souhaite à tous mes amis éleveurs de posséder un jour une jument telle que IALTA SITTE ! RIP Ialta.

 Daniel Boudrenghien

©Picture JM Gillard

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