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Focus sur le syndrome de Cushing chez le cheval

LE CONSEIL VETERINAIRE

Focus sur le syndrome de Cushing chez le cheval

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Connu depuis plus de 70 ans, le syndrome de Cushing est une des maladies les plus fréquentes du cheval âgé. Ce syndrome est également appelé DPIP ou PPID pour Pituitary Pars Intermedia Dysfonction ou Dysfonctionnement de la Pars Intermedia de la Pituitaire.

Le syndrome de Cushing : qu’est-ce que c’est?

Le syndrome de Cushing équin est une maladie d’apparition spontanée et d’évolution progressive. Il s’agit d’un désordre hormonal dû à la dégénérescence de l’hypothalamus, ce qui entraîne une hyperactivité et une hyperplasie de l’hypophyse (glande pituitaire), petite glande située à la base du cerveau. In fine, le syndrome de cushing se traduit par une augmentation de la production de cortisol et d’autres neuromédiateurs; augmentation associée à de nombreuses anomalies cliniques comme la fourbure ou l’hirsutisme.

Localisation de l’hypophyse chez le cheval

Prévalence épidémiologique

À ce jour, il n’existe aucune preuve que certaines races soient plus sensibles que d’autres. Les étalons, les juments et les hongres sont affectés dans des proportions égales. Il est toutefois certain que le risque de développer la maladie augmente avec l’âge. Le syndrome de Cushing affecterait 30% des chevaux de plus de 15 ans.

Comment se développe la maladie ?

Sans rentrer dans des développements trop scientifiques, il faut savoir que l’hypothalamus et l’hypophyse, situés à la base du cerveau équin, sont le centre de commande et de contrôle de la production d’hormones de tout l’organisme. Lors du syndrome de Cushing, on assiste à une perte du contrôle de l’hypothalamus sur l’hypophyse qui s’hypertrophie. De grandes quantités d’ACTH (adrénocorticotrophine) sont alors synthétisées par l’hypophyse, ce qui induit une augmentation de la production de cortisol par les surrénales. Il est important de savoir que le cortisol a pour fonction de réguler le métabolisme des lipides, des protéines, du sucre et de l’eau. Il a aussi un rôle déterminant dans le système immunitaire.

Symptômes du syndrome de Cushing

À un stade précoce de la maladie, il n’existe pas de signe caractéristique de la maladie. Mais un ensemble de signes discrets doivent faire penser au syndrome de Cushing et amener à consulter votre vétérinaire.

La fourbure tout d’abord. 90 % des cas de fourbure sont liés à un désordre hormonal. On peut noter également un changement d’attitude, un cheval moins social, une léthargie, une mue retardée et/ou incomplète, un abdomen distendu avec fonte musculaire de la ligne du dos, des complications dentaires… À un stade avancé, on notera une absence de mue, un poil long et frisé (hypertrichose), une sudation anormale, une léthargie profonde, une fonte musculaire, un cheval qui boit et urine beaucoup, une baisse de la fertilité chez les juments… Notons également que le syndrome de Cushing diminue les défenses immunitaires et peut donc entrainer des infections chroniques tels que les abcès dentaires, les sinusites, les abcès de pied…

Comment diagnostiquer la PPID

Comme souvent, votre vétérinaire est votre interlocuteur privilégié. Il connait votre cheval et saura reconnaître les symptômes de la maladie, même précoces. Le diagnostic du syndrome de Cushing est basé sur des dosages hormonaux, plus spécifiquement le dosage de l’ACTH qui est anormalement élevé. Ce dosage se réalise par une simple prise de sang. La meilleure période pour réaliser ce test est l’automne (de août à octobre) mais il peut être pratiqué toute l’année. Attention, une fois le prélèvement sanguin effectué, le traitement de l’échantillon sanguin est délicat. Votre vétérinaire le conservera au froid et l’enverra rapidement au laboratoire. Une mauvaise conservation de l’échantillon ou une prise en charge trop lente pourrait éventuellement donner des résultats faux-négatifs.

Les traitements du syndrome de Cushing

Dans un premier temps, pensez aux mesures hygiéniques qui améliorent le confort de vie de nos chevaux. Ainsi, en cas d’hirsutisme ou de sudation anormale, il est conseillé de tondre votre cheval. Il faudra être très attentif aux soins dentaires réguliers, à la maréchalerie, aux prophylaxies vaccinales et antiparasitaires. Il faudra équilibrer son régime alimentaire en donnant du foin à volonté, en diminuant les glucides et en augmentant les lipides (huile de maïs) et en apportant des vitamines et antioxydants (vitamine E et C, zinc et sélénium).

Ensuite, en suivant les conseils de votre vétérinaire, un traitement médical pourra être mis en place. Celui-ci repose sur l’administration d’un médicament qui va freiner l’activité de l’hypophyse et donc diminuer la sécrétion de cortisol. À l’heure actuelle, le médicament le plus recommandé est un agoniste de la dopamine, le pergolide (commercialisé en Belgique sous le nom de Prascend par Boehringer Ingelheim). Ce médicament, sous forme de comprimés, est à donner quotidiennement au cheval. Le traitement permet de restaurer un «climat hormonal» normal mais il doit être pris quotidiennement et à la bonne dose, pour le reste de la vie de votre cheval.

Le suivi du cheval en traitement

Comme cette pathologie demande un traitement à vie, il est important de vérifier si la dose initiale doit être adaptée ou non. Après la mise en route du traitement, votre vétérinaire réalisera une visite de contrôle pour évaluer l’amélioration des symptômes et il fera une prise de sang afin de doser à nouveau l’ACTH. Une fois la posologie correctement adaptée, il est conseillé que votre vétérinaire fasse un suivi et un bilan tous les six mois.

Ainsi, même si ce syndrome de Cushing est une pathologie incurable, grâce à un traitement adapté et à des mesures préventives adaptées, votre cheval pourra encore vivre de longues années !

Bibliographie:

« Tout savoir sur le syndrome de Cushing chez le cheval », Boehringer Ingelheim. « Le nouveau praticien équin, hors-série 2005 : reconnaître et traiter la maladie de Cushing ». « Guide pratique de médecine équine », 2ème édition. « Current therapy in equine reproduction », par J.-C. Samper, J.-F. Pycock, A.-O. Mc Kinnon. « Maladies des Chevaux », 2ème édition, AVEF.

Illustrations aimablement fournies par Boehringer Ingelheim

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