Bonjour

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Musiques, Dessins et Sueurs de Tables

N째1 Juin-Juillet 2010



B

onjour, oui je vous dis bonjour. Il devient rare le magazine qui vous salue en entrée de jeu! Allez, vous vous demandez certainement ce que vous allez pouvoir découvrir dans ce merveilleux magazine sur papier glaé? et bien attention... de la poésie, de la féérie, du merveilleux, des rires, des larmes, des gens qui transpirent, des disques rouillés, des jeunes femmes nues, tout ce qui interesse le jeune public en mal d’amour. Nous vous notifions également que vous pouvez vous amuse à découper les jolies images du magazine, pour décorer votre chambre qui ne possède pas assez de poster avec autant de charisme. Je sais, nous sommes ambitieux et cela n’est pas sans vous déplaire. Prenez garde, la décéption est aussi un de nos mâitre mot! Ne fantasmez pas sur le contenu. Il a été réalisé par un etudiant qui n’est encore qu’à ses débuts...Son parcours et sa lutte ne seront pas sans difficultés, mais il vous promet de s’en sortir. Pour vous. Jugez plutôt!


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Numéro 1 Juin-Juillet 2010 Directeur de la rédaction et de la publication: Rogues Paulin Assistant: Alfred de la Fine Redacteur en Chef: Pogues Raulin Chef de rubrique: Gopues Rinlau Conception Graphique: Crayon Futé Redacteur Photo: Farcel Duchamp Correction: Super Nanny Directeur marketing & diffusion: Fred Casteer Fred@bonjourlemag.com

Developpement, gestion: Louis Dumoulin Publicité: Corialis France Inter Relations presse: Eric Maison Tel: 01 44 65 32 65 Comité éditorial: Enseigne participative de la commune de Moulon Ont collaboré à ce numéro: Léa Comte, Dorian Gaillet, Theophile Benoist, Laura Van Der Elst, Mylene Mozas, Tsunami-addiction, Gloria,

Stephane, Jean-Louis, Eric, Eric, toute la musique que j’ai pu écouter, ma mère, mon père, Sylvie, ma secretaire, Yvon, Simon, Timon, Jésus, Hervé, Virginie, Christophe, Marie, Marc Lévy, Nasfica, Quentin, Olivier, Carlos, Guillaume, Pascal, Germain, Romain, Willy, Lewis, Suzi, Sophie, Pierre, Francis, Nadine, Brigitte, Christian, Yoshiko kawakuga, Lucian, Sigmund.

Diffusion NMPP Contact pour les réassoes diffuseurs: 01 77 83 23 94 Impression: Maury SAS Books. 4, Allée Bleu, 75011 Paris Tel: 08 34 23 56 39 courrier @ bonjour.com Président: Paulin Freud Dirécteur délégué: Faulin Preud Conseillers: Jean-Sebastien


Mr. Oizo «Moustache (Half A Scissor)» 2005 - F Communications Le meilleur album de non-dance musique de tout les temps. La moustache de Oizo ne perd aucun de ses poils avec le temps. le plaisir est toujours présent. Les 17 tracks qui composent cet album sont toutes représentative au plus au point de notre époque: découpée, anarchique, violente, jazzy, et totalement speed. Jamais une telle deconstruction d’élements pop-electronique n’a été aussi symptomatique de notre monde. C’est notre humanité qui est ici dépeinte. Absurde, froide et grotesque.

Bronnt Industries Kapital «Hard For Justice» 2009 - Get Physical Music

dDamage «Radio Ape» 2004 - Planet Mu

Avant même de poser une oreille sur la musique de Bronnt Industries Kapital, un simple coup d’œil sur les quelques illustrations qui accompagnent le disque suffit à nous faire comprendre que nous ne nous engageons pas dans une franche partie de rigolade. Bien au contraire, souffrance, labeur, friches industrielles, entrailles, noirceur et même apocalypse.

Etienne Jaumet «Night Music» 2009 - Versatile Records

Les dDamage sont devenus de sérieux clients à l’exercice de l’interview. Entre leur point de vue sur la scène électronique, la genèse de chacun de leur projet, et un bouquet de conneries maison, JB et Fred ont toujours quelque chose à dire. Ça tombe bien puisqu’on les a rencontrés fin novembre à la Maroquinerie. Alors, “Aeroplanes“, leur album à sortir en ce mois d’avril.

Bot’ox «Blue Steel» 2009 - I’m a cliché

Lorsque l’on pénètre l’appartement d’Etienne Jaumet, le Français affiche la mine réjouie du gamin venant de déballer, au pied du sapin, son plus beau cadeau de Noël. Trônant au milieu du salon, son nouveau synthé, une copie du fameux Moog 55, vient en effet tout juste d’être livrée. Au mur, trois pochettes d’albums sixties signés Walter Carlos, finement encadrées, semblent confirmer que ce musicien de 38 ans.

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Bot’Ox, composés de Benjamin Bogue alias Cosmo Vitelli et Julien Briffaz, moitié de [T]ekël reviennent sur le devant de la scène cette année avec un troisième EP « Blue Steel », prenant part à une trilogie de singles sortis chez I’m A Cliché, le label de Cosmo Vitelli. Sur des douces notes électro, le duo français met en scène dans son clip, réalisé par Korner Union, une balade en voiture.



Modeselektor «Hello Mom!» 2005 - BPitch Control Hello Mom. Nein, je ne baisserai pas la musique, parce que c’est Modeselektor, ce duo dont j’ai les posters dans ma chambre. J’ai quatorze ans, je peux avoir des musiciens électroniques pour héros.Look Mom, ils ont juste un savoir-faire saisissant et des idées belles comme un laser bleu sur la petite club babe de la soirée ; avec eux, le temps n’a plus cours quand l’electronica prend son tour (Vote or Die), ni pour le dub lo-fi hérité des compatriotes de Rhythm & Sound : Fake Emotion, mon oeil. Look, Mom, les hits acrobatiques sont là. Et en premier lieu cet electro hip-hop scotché, à la plastique raturée, corrigée, annotée, je veux parler de cette Dancing Box qui exploite les singularités de TTC.

Fuck Buttons «Street Horrrsing» 2008 - ATP Recordings Ce nouvel album du duo, Tarot Sport, est tout à la fois marqué d’un changement conséquent, en terme de composition - écriture plus aboutie, absence du «chant» - et de son - rythmique plus présente, mélodie chiadée, ambiance plus posée. Mais aussi par des clins d’oeil au passé, la Weatherall Touch en quelque sorte.

Broadcast «The Noise Made By People» 2000 - Warp Records The Noise Made by People est une œuvre retrofuturiste, marquée des nappes analogiques d’un vieux synthétiseur, d’une guitare, basse, d’une batterie, le tout enjolivé par la voix de la «Chelsea girl», Trich Keenan, dont les soupirs évoque l’époque yéyé ou les chansons de Françoise Hardy. De sa voix nonchalante, elle nous emmène dans son univers psychédélique et impunément glauque. Cela est peut-être du à la structure répétitive couplet/refrain et aux nappes soporifiques qui nous content l’ivresse d’une fausse joie, de souvenirs couleur sépia que l’on retrouve dans les morceaux City in Progress et Long Was the Year.Cet album révèle que l’on peut faire de la pop mélodique, imprégnée des années 60 sans pour autant être ringarde. En un seul mot, c’est beau !

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Born Ruffians «Red, Yellow & Blue» 2009 - Warp Records Pendant quelques semaines, «Red, Yellow & Blue» a été le seul disque que je me sois autorisé à écouter dans le métro. Faut dire... Armé jusqu’aux dents contre la morosité ambiante, le trio canadien de Born Ruffians (nom en lui même assez cocasse, qu’on pourrait traduire par «brutes nées») a de quoi vous maintenir de bonne humeur.


Pivot «O Soundtrack My Heart» 2008 - Warp Records

Alter Ego «Why Not?!» 2007 - Klang Elektroniks

Non content de signer l’un des plus beaux albums de l’année 2008, Pivot nous met dans l’embarras lexical. Aucun superlatif n’est à même de rendre compte, ni justice, à l’œuvre de ce trio australien dont on ne sait pratiquement rien. Si ce n’est qu’il y a trois ans (soit dans une vie antérieure), la formation se composait de cinq membres et avait publié un premier album passé inaperçu, Make Me Love You (2005). De cette mouture désagrégée, ne reste que la fratrie Pike, soit Richard (guitariste, croisé chez Triosk) et Laurence (batteur), aidés de l’électronicien Dave Miller. Enregistré sous la houlette de John McEntire, O Soundtrack My Love établit le diktat de Pivot.

Braillard, rigolard et carrément cake parfois, Why Not? porte bien son titre. Et pourquoi pas ? L’album apporte sa part de plaisir brut et décomplexé. Danser chez soi sur Why Not?, c’est un peu comme d’écouter les pires groupes de metal au casque pour ne pas que vos voisins apprennent votre goût caché pour le gras.

Kim Hiorthøy «I’m This I’m That» 2006 - Smalltown Records Après avoir sorti deux e.p. et un l.p. cette année, l’hyper actif Hiorthøy expose actuellement à la librairie Magma de Londres une rétrospective de son œuvre graphique : pochettes, affiches dessins. Smalltown Supersound poursuit sa ligne intrigante, et après avoir sorti cette année.

Plone «For Begginer Piano» 1999 - Warp Records

Grizzly Bear «Veckatimest» 2009 - Warp Records

Sobrement intitulé, For beginner piano, est un recueil de mélodies pop à l’électronique easy listenning, Les voix ont été effacées au profit de compositions envolées et féeriques. On retrouvera, entre autres, le morceau qui les a lancé, Press A Key, et le prochain tube, Plock, autour d’un Summer plays out qui clôt un album à l’odeur sucré. Des débutants amateurs qui sont en train de devenir des professionnels dans l’art de créer de belles mélodies au synthé. A noter un très beau site sur le groupe anglais, haut en couleurs pales, bleu et rose, à l’image de leur musique totalement envoutante. Sobrement intitulé, For beginner piano, est un recueil de mélodies pop à l’électronique easy listennin.

Si Yellow House révélait un univers intimiste voire introspectif qui convoquait les fantômes de Simon & Garfunkel abonnés à un mode progressif, Veckatimest fait la part belle à des ambiances variées et solaires. Le groupe n’hésite pas à lorgner du côté de la pop (Two weeks), le jazz (I live with you), le rock, l’expérimentation… A ce titre, cet album dispose d’un son qui rappelle celui des groupes des années soixante-dix, une tendance que l’on retrouve dans bon nombre de formations actuelles. En effet, tout y est : la basse sèche et lourde, la batterie chaude et omniprésente, la distorsion de la guitare sèche. Garfunkel abonnés à un mode progressif, Veckatimest fait la part belle à des ambiances variées et solaires. Le groupe n’hésite pas à lorgner du côté de la pop.

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Davide Balula est un étudiant en arts plastiques. Comme beaucoup de ses camarades qui ont un projte musical, il aurait pu nous péter les tympans avec son G4 en envoyant pendant une heure deux sinus à haute fréquence et expliquer avec moult détails l’originalité de sa démarche. Au lieu de cela, Davide Balula a choisi de composer des ballades folk cabossées.

Bizarre...

Davide Balula est un étudiant en arts plastiques. Comme beaucoup de ses camarades qui ont un projet musical, il aurait pu nous péter les tympans avec son G4 en envoyant pendant une heure deux sinus à haute fréquence et expliquer avec moult détails l’originalité de sa démarche. Au lieu de cela, Davide Balula a choisi de composer des ballades folk cabossées de nids-de-poule. Bizarre… Et pourtant, à bien les écouter, les morceaux du jeune homme s’écartent malicieusement des canons du genre en bombardant ses accords mineurs d’accidents sonores, de sons concrets et d’inserts électroniques.

Pour une Flaque

Détournement et échantillonnage d’appareils domestiques (micro-ondes, radio-réveils…), cut-ups, guirlandes d’objets sonores…Vous avez dit musique expérimentale ? Non plus, car ici, les moissons de trames mélodiques et les irrésistibles progressions harmoniques demeurent les plus sûrs atouts d’un disque chanté (en portugais, en français et en anglais) qui ne se privera pas de charmer bien du monde. Mais les faits sont têtus : il n’est guère besoin de connaître les intentions de cet artiste transgenre pour comprendre que Pellicule, son premier album, cherche à emmener l’auditeur bien plus loin que ne le feraient dix innocentes ballades folk. Davide Balula est un étudiant en arts plastiques. Comme beaucoup de ses camarades qui ont un projet musical, il aurait pu nous péter les tympans avec son G4 en envoyant pendant

Le tourne disque, 2008.

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Echo Kicked Drum Murd Dekcik ohce, 2006

Davide Balula est un étudiant en arts plastiques. Comme beaucoup de ses camarades qui ont un projet musical, il aurait pu nous péter les tympans avec son G4 en envoyant pendant une heure deux sinus à haute fréquence et expliquer avec moult détails l’originalité de sa démarche. Au lieu de cela, Davide Balula a choisi de composer des ballades folk cabossées de nids-de-poule. Bizarre…

Pure Glace

Et pourtant, à bien les écouter, les morceaux du jeune homme s’écartent malicieusement des canons du genre en bombardant ses accords mineurs d’accidents sonores, de sons concrets et d’inserts électroniques. Détournement et échantillonnage d’appareils domestiques (micro-ondes, radio-réveils…), cut-ups, guirlandes d’objets sonores… Vous avez dit musique expérimentale

? Non plus, car ici, les moissons de trames mélodiques et les irrésistibles progressions harmoniques demeurent les plus sûrs atouts d’un disque chanté (en portugais, en français et en anglais) qui ne se privera pas de charmer bien du monde. Mais les faits sont têtus : il n’est guère besoin de connaître les intentions de cet artiste transgenre pour comprendre que Pellicule, son premier album, cherche à emmener l’auditeur bien plus loin que ne le feraient dix innocentes ballades folk. Davide Balula est un étudiant en arts plastiques. Comme beaucoup de ses camarades qui ont un projet musical, il aurait pu nous péter les tympans avec son G4 en envoyant pendant une heure deux sinus à haute fréquence et expliquer avec moult détails l’originalité de sa démarche. Au lieu de cela, Davide Balula a choisi de composer des

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ballades folk cabossées de nids-depoule. Bizarre… Et pourtant, à bien les écouter, les morceaux du jeune homme s’écartent malicieusement des canons du genre en bombardant ses accords mineurs d’accidents sonores, de sons concrets et d’inserts électroniques.

En Jet de Soude

Détournement et échantillonnage d’appareils domestiques (micro-ondes, radio-réveils…), cut-ups, guirlandes d’objets sonores…Vous avez dit musique expérimentale ? Non plus, car ici, les moissons de trames mélodiques et les irrésistibles progressions harmoniques demeurent les plus sûrs atouts d’un disque chanté (en portugais, en français et en anglais) qui ne se privera pas de charmer bien du monde. L’auditeur bien plus loin que ne le feraient dix innocentes ballades folk.


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Soixante-dix préservatifs frottés contre le sol du British Museum, un corps humain qui brûle, des balles tirées à la frontière israélo-palestinienne : autant de samples utilisés dans le nouvel album de Matthew Herbert. Avec There’s Me And There Is You, le musicien anglais renoue avec le big band pour mieux poursuivre sa quête de l’album politique On n’a tellement plus l’habitude d’entendre un discours aussi engagé qu’on se surprend à se demander si le sien n’est pas risible. Honte à nous?

Vous vouliez au départ enregistrer la totalité de ce nouvel album dans le Parlement anglais, pourquoi ? Matthew Herbert : Je voulais que cet album traite d’une institution. Au départ, je voulais que cet album soit enregistré entièrement dans la plus mauvaise école anglaise, notre pays est obsédé par les classements. Le bruit des murs, des enfants, du bâtiment. Ensuite, je me suis dit que je voulais l’enregistrer dans mon supermarché, les supermarchés étant à l’origine des plus gros désastres du monde, de par la façon dont nous créons et distribuons la nourriture. Et puis finalement, je me suis dit que si je voulais faire un album politique, le mieux serait peut-être de le faire au plus près de mon gouvernement, donc essayer de l’enregistrer dans le Parlement. J’ai donc fait la demande, mais parce que le gouvernement est le gouvernement, c’est un processus qui prend un temps infini. Et au final, ça ne s’est jamais fait, parce qu’ils étaient inquiets à l’idée que ma musique puisse causer des dégâts. Quels dégâts ? J’aimerais bien le savoir. Ils m’ont dit qu’ils craignaient que je ne discrédite l’image du Parlement. C’est dingue quand tu sais toutes les choses immorales qui se sont passées dans ce Parlement, tout ce que le gouvernement a fait, tous les gens qu’il a tués, même si, bien entendu, le gouvernement anglais a aussi fait des choses positives, mais bon… Au final, le gouvernement anglais est quand même assez dégueulasse, vraiment, presque pire que le gouvernement de Bush, parce qu’il prétend être un gouvernement de gauche et de se préoccuper des choses, alors que tout n’est que business. C’est drôle parce qu’on me soutient tout le temps que la musique ne peut rien changer, or là, le gouvernement lui-même me dit en fait que la musique peut changer les choses, puisqu’il se sent menacé par ma musique. C’est très intéressant, très excitant.

«Au final, le gouvernement anglais est quand même assez dégueulasse, vraiment, presque pire que celui mise en place par Bush.» 18



Vous avez d’ailleurs toujours affirmé que la musique pouvait changer les choses… Oui, je l’ai toujours pensé. Dans les années 60, on pensait que la musique pouvait changer les choses pour le mieux, représenter une autre voie. Peut-être que ça n’aide pas que Bob Dylan vende des Cadillac et des Starbucks… En tout cas, il est clair que la musique peut empirer les choses. Prenons l’exemple du gangsta rap, qui a contribué à rendre les flingues cool, à placer l’hétérosexualité comme la seule forme acceptable de sexualité, à augmenter la consommation de voitures et de Hennessy... Alors que quand j’ai commencé à écouter du hip hop, il y avait des messages dans ce que disait Public Enemy ou dans ce que disait NWA. Même s’ils parlaient de « culs et de seins », il y avait des messages : ils nous racontaient ce que c’était de vivre dans la pauvreté en Amérique, c’était de la poésie. Quel a été le point de départ de cet album ? Je voulais faire un album sur une institution et qui soit enregistré entièrement dans cette institution. Je voulais aussi faire un album big band. A l’image de Johnny Cash dans la prison de Saint Quentin. Je voulais ajouter des risques à la musique, me mettre en danger. C’est très facile de parler de principes artistiques tout en buvant un verre de rosé dans un café chic parisien, c’est facile de se sentir important, mais c’est beaucoup plus dur de parler à un chauffeur de taxi ou à quelqu’un qui bosse 20 heures par jour pour survivre et de lui faire comprendre ce qu’est le sampling, la musique électronique et ce que tu essaies de faire. Je voulais que ce soit inconfortable pour moi, et une partie de ça consistait à emmener la musique dans des endroits où la musique ne va pas d’habitude. Donc dans une institution. Mais face au refus du gouvernement anglais de me laisser enregistrer dans le Parlement, cet album s’est peu à peu recentré autour de la question du pouvoir : le pouvoir de la religion, de l’argent, le pouvoir du gouvernement, de la Reine, le pouvoir de l’amour…

Bio Figure polyvalente et prolifique de courant électronique, Matthew Herbert a commencé par le violon et le piano dès son plus jeune âge, intégrant par la suite des orchestres locaux. • 1986 Outre l’exigence de ses compositions, de plus en plus tournées vers l’acoustique orchestrale, ses albums appellent à réflexion, comme There’s Me and There’s . • 1998 Qui traite du discours politique. Figure polyvalente et prolifique de courant électronique, Matthew Herbert a commencé par le violon et le piano dès son plus jeune âge, intégrant par la suite

des orchestres locaux. • 2002 Outre l’exigence de ses compositions, de plus en plus tournées vers l’acoustique orchestrale, ses albums appellent à réflexion, comme There’s Me and There’s you (2008) • 2009 qui traite du discours politique. Figure polyvalente et prolifique de courant électronique, Matthew Herbert a commencé par le violon et le piano dès son plus jeune âge, intégrant par la suite des orchestres locaux. • 2010 Sortie de la très attendue trilogie «One on One» sur toute l’année.

parce que les big bands en live ont cette capacité à toucher tout le monde, des gens de trente ans comme de soixante. C’est une expérience visuelle, une expérience que l’on ressent avec le corps. Entendre et voir 17 personnes faire de la musique, c’est puissant. On a joué dans des festivals de jazz, de rock et dans des raves et on a toujours été accueillis chaleureusement, ça a toujours marché. J’aime ce côté universel du big band. Ça serait sans doute plus facile de toucher les chauffeurs de taxis si j’étais signé dans un grand label, mais je n’en ai pas envie parce que ça serait obligatoirement faire des compromis. Combien de temps cela vous prend pour faire un morceau généralement ? Ça n’est pas très long, peut-être quelques heures. Mais Plat du Jour m’a pris trois ans et demi de travail, et ce dernier album deux ans. Et j’avais fait entre un an et dix-huit mois de recherches avant de le commencer… Qu’entendez-vous par recherches ? Si j’écris un morceau sur la monarchie, comme Gina dans cet album, je veux mieux comprendre l’histoire de la monarchie pour définir plus clairement ce que je veux raconter. De même, le morceau sur Guantanamo est une histoire très précise sur une personne qui s’y est retrouvée.

Vous parliez tout à l’heure de chauffeurs de taxis et de gens qui bossent 20 heures par jour, or à mon sens, votre public est plutôt du genre à boire du rosé dans des cafés chics. C’est quelque chose que vous aimeriez : que votre musique s’adresse à monsieur tout le monde ? J’aimerais, bien entendu, mais je ne choisis pas mon public. Je ne fais pas des disques avec l’intention de les destiner à telle ou telle audience. Je les fais pour moi. Mais ceci étant, je pense que c’est pour cela que j’ai refait un disque de big band,

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Merci.

«En Angleterre, la dance music était politique parce que Margaret Thatcher essayait d’interdire la musique électronique»


Si la musique provoque en nous ce remout indescriptible d’amour et d’emballement, qu’en est-il de sa mise en image? Nous vous proposons ici une fine selection de nos meilleurs experiences audio-visuo-sensiorielles. Daft Punk’s electroma: La première réalisation du duo français a grandement divisé le public cannois. Pas étonnant : sans le moindre mot prononcé, on suit les pérégrinations de deux personnages casqués et tout de noir vêtu à travers un univers désertique, tout juste peuplé par des individus pareillement masqués. Gangpol Und Mit : Faits Divers: The introductory essay for Faits Divers from Peter Thaler and Lars Denicke builds an interesting context for the DVD, albeit in the affected language of an art exhibition. The thrust is this: “Eat technology before technology eats you.” This cultural wariness underscores much of the DVD’s contents: Chris Cunningham: Rubber Johnny + The Work Of: Depuis 15 ans, le réalisateur Chris Cunningham est le Maverick de l’obscur. Ses vidéos, comme son oeuvre de 17 minutes intitulée «Flex» commandée par la Royal Academy of Arts de Londres, sont des OVNI digitaux. Portishead, Madonna et Björk se disputent sa griffe pour réaliser leurs clips. Plus à l’aise derrière les caméras que devant les micros, l’enfant terrible du vidéoclip joue à cache à cache avec les médias depuis ses débuts. Inclassable, maniaque, Chris Cunningham refuse les compromis au point de faire signer 18 contrats à la Royal Academy of Arts pour s’assurer que «Flex» serait montré dans son intégralité. Pink Floyd: Pulse: À l’instar du «Serious Moonlight» de David Bowie, «P.U.L.S.E.» a été énormément piraté avant de paraître, enfin, en DVD. Il faut savoir que Pink Floyd ne se presse jamais, et que, les concerts à Earl’s Court (Londres) de 1994 ayant été filmés en vidéo (au format 4:3), le groupe et son équipe ont tout fait pour essayer d’en adapter l’image au format le plus confortable aujourd’hui, 16:9. En vain. Pour éviter trop de grain et un écran coupé en haut et en bas, «P.U.L.S.E.» stéréo et 5.1, et véritablement impressionnant.

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Cette nouvelle structure, dont le mot d’ordre est «le trio fait la force» vient de naître, et elle est prête à revolutionner l’univers de la mode, de la musique et de l’art contemporain. Rien que ça. Cette nouvelle structure, dont le mot d’ordre est «le trio fait la force» vient de naître, et elle est prête à revolutionner l’univers de la mode. Cette nouvelle structure, se positionne en tant que fer de lance. Peepingtom Galerie Il s’en revient donc avec ce «Drumming», qui marque l’aboutissement d’une période, dirons-nous, minimaliste à l’extrême. Les procédés qu’il appliquait aux bandes, il les applique à des instruments joués live. Ainsi, «Drumming» débute par un rythme interprété par trois petits tambours.

Sandre Berrebi

Des résonances dominantes se maintiennent, tandis que des micros changements là aussi finissent par intervenir. Des voix viennent ensuite en renfort pour ajouter certaines harmoniques ; leur timbre est si proche de celui des notes aiguës du marimba que cela crée une sorte de confusion assez fascinante (oui, mais bon, 25 minutes aussi pour la deuxième partie, c’est quand même là aussi un peu long).

Tsunami-Addiction

C’est dans la troisième partie au tour des glockenspiels (plus sifflements et piccolo). Le timbre féérique de cet instrument relance l’attention de l’auditeur. Enfin, le finale voit la réunion de tout ce qui a précédé dans un schéma contrapuntique plus complexe, avec l’arrivée successive de chaque instrument. Bon mais long.

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