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Emploi au

féminin des clichés aux avancées

JOB


préface

Priscilla Gout Mes spécialités : l’actualité de l’emploi et plus particulièrement l’emploi au féminin. Rédactrice web au sein de l’équipe éditoriale de RegionsJob, 1er site d’offres d’emploi spécialisé en région, j’alimente les contenus des sites du réseau RegionsJob et du blog Mode(s) d’Emploi. fr.twitter.com/Priscilla_RJ redaction.blog.regionsjob.com

Les contributeurs :

Rédactrice web depuis bientôt trois ans chez RegionsJob, et notamment en charge de la rubrique « L’emploi au féminin» du blog Mode(s) d’Emploi, j’ai fait un constat. Il existe de nombreuses études sur les thèmes des écarts salariaux entre hommes et femmes, de la discrimination, des inégalités de traitement au sein des entreprises. Face à cette avalanche de chiffres, il est parfois difficile d’y voir clair entre les informations qui concernent les femmes, les dirigeantes ou les cadres, les françaises ou les européennes, les écarts salariaux moyens et les écarts à poste et diplôme égaux, etc. L’idée était donc de réunir sur un même support tout le flot d’informations qui circule sur l’emploi des femmes. Mais le but n’est pas de proposer du contenu froid et statique. Les chiffres sont là, nous les connaissons pour la plupart. Chaque jour, des milliers de personnes oeuvrent en faveur de l’emploi des femmes, et des projets voient le jour. Ce qui m’importait, c’était de montrer ces évolutions, ces femmes qui bougent, leurs initiatives… Alors parlons-en et rendons-les visibles. Que l’on soit féministe militante ou pas, il faut se l’avouer, les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes problématiques, notamment au travail. Peu importe à qui la faute, le tout est de réussir à changer cela pour œuvrer en faveur d’une plus grande mixité. C’est la clef.

En aparté

Remerciements Merci à Morgane Maillard, ma collègue-graphiste chez RegionsJob pour ses idées et la mise en page ! Mes collègues Flavien le Modérateur et Fabrice Mazoir pour leurs conseils et mention spéciale à Fabrice pour les multiples relectures. Merci également à Elise Lacabarats de l’agence Eté en Hiver et Stéphane Martin de Neodialogue pour leur aide. Un grand merci à tous les illustrateurs et toutes les illustratrices pour leur enthousiasme et leurs dessins originaux : Shug, Yatuu, Klaire, Anthony Lelgouarch, Lili la Baleine Verte, Isabelle Gatzler, Fanny Bonnin. Et à tous les participants : Yves Deloison, Claire Romanet, Nathalie Cordeaux, Sylvaine Pascual, Hypathie, Flavien Chantrel, Gaëlle Picut, Fadhila Brahimi, Sophie-Antoine Dautremant, Rodolphe Helderlé, Marlène Schiappa, Emmanuelle Gagliardi, Olympe, Aurélie Collet, Laurence Roy, Marie-Sophie Pawlak, Nora Esnault, Gwenaëlle Quénaon-Hervé, Blandine Métayer.

Le contenu de cet ebook est bien sûr loin d’être exhaustif. Qu’à cela ne tienne, tout ce qui ne figure pas dans ce premier tome pourra faire l’objet d’un second plus complet. Vous y trouverez un panel d’articles de professionnel(le)s, d’expert(e)s du recrutement ou de l’emploi, de rédacteurs(trices), de blogueurs ou blogueuses… Autant de points de vue et de témoignages que j’ai trouvé intéressant de réunir. L’ebook collaboratif m’est apparu comme l’outil idéal pour cela, qui plus est lorsqu’il est richement illustré. Je remercie au passage toutes les participantes et les participants. Bonne lecture…


Chapitre 1 : Femmes et emploi : Etat des lieux • En France, la parité ne fait pas partie des priorités, par Priscilla Gout • Questions de quotas, dessin d’Isabelle Gatzler • Les limites des indicateurs de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, par Miroir Social • Où se situent les métiers du web en matière de sexisme ? par Flavien Chantrel • Hommes et femmes parfaitement égaux devant l’énergie consacrée à leur emploi, dessin de Klaire

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Chapitre 2 : Les freins à la carrière des femmes • Les recruteurs préfèrent les hommes, par Claire Romanet 16 • Discrimination des femmes enceintes, dessin de Yatuu 18 • L’informatique : toujours pas pour les femmes ? par Hypathie 19 • Les choix professionnels stéréotypés des femmes, par Yves Deloison 21 • Les tâches domestiques, dessin de Shug 23

Chapitre 3 : Les tremplins à la réussite des femmes CRÉATION D’ENTREPRISE • Zoom sur les Mompreneurs : « Les femmes ont toutes les qualités pour réussir une création d’entreprise » Entretien avec Aurélie Collet, de Mompreneur Breizh • « J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante » Entretien avec Nathalie Cordeaux, blogueuse et créatrice d’entreprise • « Pourquoi je me suis lancée dans l’entrepreneuriat… » par Sophie-Antoine Dautremant, cofondatrice de Recrutae • « Les entrepreneuses ont besoin de se mettre en réseau » - Interview de Nora Esnault d’Entrepreneuses Mag

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COACHING ET « PERSONAL BRANDING » • L’ennemi n°1 de la femme, c’est la femme ! par Fadhila Brahimi • « Le coaching permet aux femmes de se libérer » par Sylvaine Pascual • « Soyez combattante ! » dessin de Shug • L’intérêt de développer une stratégie de visibilité sur le web : « Vous n’êtes pas une femme, vous êtes un candidat ! » par Sophie-Antoine Dautremant

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FEMMES ET RÉSEAUX • Les réseaux de femmes par Emmanuelle Gagliardi • Femmes d’Energie d’Assystem : « les jeunes femmes doivent oser !» Entretien avec Laurence Roy, membre du réseau Femmes d’Energie • «Elles bougent» : promouvoir les métiers d’ingénieurs auprès des femmes Interview de Marie-Sophie Pawlak, fondatrice de l’association « Elles bougent »

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Chapitre 4 : En route vers la parité • Conciliation vie privée / vie professionnelle : des femmes témoignent, par Gaëlle Picut • Le télétravail, une solution pour les mères de famille, par Nathalie Cordeaux • «Je suis Top !» : quand le théâtre brise le plafond de verre – Entretien avec Blandine Métayer • Management au féminin : « un peu de douceur dans un monde de brute » Interview de Gwenaëlle Hervé, Directrice de la communication de RegionsJob • Zoom sur le concours d’entrepreneuses, par Marlène Schiappa

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Conclusion

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• A propos de RegionsJob SAS

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Chapitre 1 FEMMES & EMPLOI ÉTATS DES LIEUX


En France, la parité ne fait pas partie des priorités par Priscilla Gout La position de la France au classement mondial des inégalités hommes-femmes établi par le Global Gender Gap Report fait peine à voir. Après avoir été 18ème en 2009, la France se classait seulement en 46ème position en 2010. Un phénomène dévoilé lors du World Economic Forum (WEF), qui s’explique par la chute du nombre de femmes en politique et aux hautes responsabilités ainsi à l’écart salarial persistant entre hommes et femmes… Chaque année, le Global Gender Gap Report passe en revue plus de 130 pays du monde en matière d’égalité. Il mesure l’importance des inégalités entre les sexes sur quatre points : le niveau d’éducation, l’influence politique, la santé, et ce qui nous intéresse ici, la participation dans l’entreprise et les opportunités économiques. Chaque année également, les pays nordiques présentent les plus faibles disparités en termes d’égalité entre les hommes et les femmes. L’Islande est le pays leader en matière d’égalité grâce à son taux élevé de femmes en emploi et en politique, malgré des écarts de salaires malheureusement élevés eux-aussi. Norvège, Finlande, et Suède composent avec l’Islande le quatuor de tête. La Norvège a d’ailleurs depuis quelques années déjà imposé un quota de 40% de femmes dans les CA des grandes entreprises, mesure adatée récemment en France.

La mixité pourtant levier de performance Et outre le fait d’être nordiques, ces pays ont une autre chose en commun : leur performance. Pour Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial (WEF), « les faibles écarts entre hommes et femmes sont directement corrélés avec une forte compétitivité économique. » Depuis 2007, le prestigieux Cabinet Mc Kinsey conduit des recherches visant à expliquer la corrélation entre mixité et performance des entreprises. Il a depuis publié quatre rapports sur le sujet intitulés « Women Matters », qui mènent tous à la même conclusion : les entreprises ayant une plus forte représentation de femmes dans leur comité de direction ou leurs équipes de management sont aussi les plus performantes. C’est un fait, la mixité est levier de performance.

La France au 46ème au rang de la parité Mais l’argument de la performance ne semble pas encore faire recette en France. Selon le Global Gender

Gap Report, elle a perdu 28 places au rang de la parité entre 2009 et 2010 pour finalement se retrouver à la 46ème place ! Une dégringolade due en grande partie à la forte baisse du nombre de femmes aux postes ministériels et aux responsabilités des grandes entreprises durant l’année 2010, mais aussi à l’écart salarial ressenti par les femmes pour lequel le pays est en bas de classement (127ème sur 134 pays). En France, les femmes gagnent 64% du salaire des hommes et à poste égal, la différence de salaire entre eux en France est de 27%.

Les clefs de la réussite Pourtant, la France a toutes les clefs pour mettre en œuvre la parité. En termes d’éducation et de santé, elle est très bien positionnée. Durant l’année 2010, le nombre de femmes présentes au Parlement a légèrement augmenté. Un tiers des hommes et des femmes vont à l’université et les Françaises ont accès aux hautes études au même titre que les Français. Mais entre les études et l’accès aux responsabilités, les femmes « se perdent ». Pourquoi ? Certaines filières, comme les filières scientifiques, restent traditionnellement masculines et peu attractives (même si aujourd’hui, elles travaillent leur image). Et autour de la trentaine, la maternité marque souvent un coup d’arrêt dans la progression des femmes vers les hautes responsabilités. La faute, entre autres, au poids des tâches domestiques qui pèsent encore trop sur les femmes et à une absence de politique familiale dans les entreprises. La France doit s’inspirer du modèle nordique. Elle l’a déjà fait en finissant par adopter la loi sur les quotas de femmes obligatoires dans les conseils d’administrations des grandes entreprises. Ce n’est qu’un début.

En savoir - Global Gender Gap Report 2010 www3.weforum.org/docs/WEF_GenderGap_Report_2010.pdf - Étude Women Matter - Mc Kinsey www.mckinsey.com/locations/paris/home/womenmatter_french.asp - Article d’Agora Vox : «Pays nordiques et parité hommes-femmes» 11/02/2011 www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pays-nordiques-et-parite-hommes-69805

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Isabelle Gatzler Graphiste web/print depuis 6 ans, Isabelle Gatzler a créé son activité «Phénomène Graphique» en 2008 : identité visuelle, communication, édition, illustration, sites web, animation flash ou demande spécifique, pour vous servir ! Egalement illustratrice, Isabelle tient un blog BD, «Un Geek à la Maison», sur le thème des Geeks. site : www.phenomenegraphique.com - blog : www.un-geek-a-la-maison.com

Questions de Quotas - Isa Gatzler 6


Miroir Social, réseau d’information sociale La responsabilité sociale des entreprises est un beau concept, lui donner du sens ne peut pas lui nuire. Miroir Social est un média qui développe une approche journalistique classique en intégrant toutes les parties prenantes (salariés, syndicats, directions, prestataires, associations) du dialogue social dans le processus éditorial. Miroir Social est un réseau professionnel regroupant 7 000 membres. www.miroirsocial.com

Les limites des indicateurs de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes Les indicateurs permettant de comparer les évolutions professionnelles des hommes et des femmes sont essentiels pour nourrir les négociations mais ils ne sont en aucun cas suffisants. Parce que les partenaires sociaux sont souvent bien en peine de les interpréter et aussi parce que ce ne sont pas les indicateurs qui contribuent le plus à faire évoluer les mentalités... Toujours plus. Les nouveaux indicateurs du rapport de situation comparée entre les hommes et les femmes, fixés par le décret du 22 août 2008, ne suffisent pas à beaucoup de délégués syndicaux. Chez Amadeus, la centrale de réservation, la CFDT demande ainsi cinq nouveaux indicateurs hommes-femmes (salaires moyens par niveau et par type de métier, effectifs par métier et par niveau, salaires à l’embauche par niveau et par type de métier, mobilité interne par division d’arrivée, taux de remplacement des personnes en congé longue durée par niveau hiérarchique). La CFE-CFG de

En savoir

sur les indicateurs...

L’égalité professionnelle est l’un des thèmes de la négociation collective. Toute entreprise de plus de 50 salariés a l’obligation d’établir « un rapport annuel de situation comparée des conditions générales d’emploi et de formation des femmes et des hommes », fait à partir d’une analyse s’appuyant sur des indicateurs. Ceux-ci reposent sur des éléments chiffrés définis par décret, qui retracent pour chacune des catégories professionnelles, la situation respective des femmes et des hommes en matière d’embauche, de formation, de promotion professionnelle, de qualification, de classification, de conditions de travail et de rémunération effective. Ces indicateurs offrent une grille de lecture commune à toutes les entreprises comportant des statistiques exprimées en pourcentages. Source : www.travail-emploi-sante.gouv.fr

Michelin demande quant à elle l’intégration du pourcentage de femmes participant aux plans de successions. Du côté de la CGT de Thalès, on demande trois nouveaux indicateurs, par catégories professionnelles, que sont la date d’embauche, le coefficient à l’embauche et le diplôme à l’embauche.

Des indicateurs difficiles à commenter Des indicateurs qui ne font pas partie du cahier des charges du nouveau rapport de situation comparée dont Anne de Ravaran, Directrice juridique des Ressources Humaines de Thalès, a conduit le groupe de travail au début de l’année 2008. « Il faut faire attention à ne pas trop multiplier les indicateurs. On peut toujours en demander plus mais on se rend compte que cela n’aide pas forcément au diagnostic », affirme Annie Ducellier, du cabinet Isotelie. Pour Isabelle Gueguen du cabinet Perfegal, lui aussi spécialisé dans l’accompagnement des entreprises en matière d’égalité professionnelle, « les rubriques commentaires associées aux rapports de situations comparées se réduisent souvent au strict minimum. Cela démontre bien la difficulté qu’il y a d’interpréter les indicateurs déjà existants ».

30 % des entreprises d’au moins 300 salariés ne se plient pas à l’exercice théoriquement obligatoire du rapport annuel de situation comparée, ancienne version, sans craindre quoi que ce soit de la part des inspecteurs du travail. C’est bien pour cela que le rapport de situation comparée, nouvelle formule, qui s’impose à toutes les entreprises de plus de 7


300 salariés simplifie et précise avant tous des indicateurs préexistants. Seuls les indicateurs sur l’ancienneté et les durées moyennes d’interruption dans l’activité salariée sont nouveaux. Les directions seront-elles plus enclines à remplir correctement ce rapport dont l’obligation est toute théorique ? Pas certain. « Aucun système informatique ne permet de sortir automatiquement le rapport de situation comparée. Les données à traiter viennent de systèmes différents », explique Annie Ducellier. Sans compter qu’il ne faut pas attendre que le système informatique produise les commentaires, même avec l’intelligence artificielle en option. Il y a certes eu une indéniable simplification du rapport mais l’exercice pour le produire reste compliqué. Les directions se montrent donc d’autant moins enclines à aller au delà de l’obligation légale. D’autant que certains indicateurs sont considérés comme sensibles. Chez Airbus, au niveau des cadres, le rapport indique qu’en 2007, 72,2 % des femmes contre 68,7 % des hommes ont reçu une augmentation individuelle. Mais la transparence a ses limites. Ainsi, mystère sur la place des femmes dans les 9 % de cadres ayant perçu une prime annuelle supérieure à 13,5 % de la rémunération annuelle.

Des indicateurs qui nourrissent les négociations Malgré leurs limites, les indicateurs permettent toutefois de nourrir les négociations des accords sur l’égalité professionnelle. L’occasion pour les syndicats de négocier des objectifs en termes de taux de féminisation. Lors de son premier accord de 2005, Michelin ne tenait pas à s’engager sur ce type d’objectifs. Fin 2008, le taux de féminisation n’avait progressé que de 0,5 %. Ainsi, pour le nouvel accord triennal, la direction a accepté de s’engager sur une progression de ce taux de 5 % en 3 ans sur les métiers du commerce et de l’industrie. Des indicateurs qui permettent de modérer les discours de certaines directions. La direction d’Auchan France a ainsi vu « une évolution en faveur des femmes » dans son bilan sur l’égalité professionnelle, présenté en commission paritaire nationale fin 2008. La CFDT y est allée de son bémol en soulignant que : « là où il y a beaucoup de femmes, il y en a de plus en plus. Et là, il n’y en a pas beaucoup, il y a en de moins en moins... ». Au niveau hiérarchique 9, le plus élevé, le nombre de femmes a diminué par rapport à 2006 (6 femmes en moins) alors que cette population a augmenté de 80 personnes... Le pourcentage des femmes augmente en revanche au niveau 2. C’est là que l’on retrouve 70 % d’entre elles.

Les indicateurs sur les écarts de rémunération permettent quant à eux de baliser des plans d’actions. Au Crédit du Nord, la situation individuelle d’un salarié est désormais analysée dès constatation d’un écart salarial supérieur à 10 % à niveau égal de qualification et de compétence et dans des conditions semblables d’exercice d’un métier.

Priorité à la femme cadre Les accords égalité professionnelle hommes-femmes ont tendance à se focaliser sur la place des femmes au niveau des cadres. Le Crédit du Nord visait fin 2010 une représentation des femmes dans la catégorie cadre supérieure à 40 %. À la Société Générale, 40 % des salariées sont cadres (contre 35,7 %, fin 2005) avec un objectif de 42 %, fin 2011. « On peut tourner les choses différemment selon que l’indicateur va concerner le pourcentage de cadres qui sont des femmes ou le pourcentage de femmes qui sont cadres », prévient Isabelle Gueguen. Et celle-ci de mettre en garde sur le côté réducteur de l’indicateur femme cadre : « celui-ci correspond encore largement à un modèle de cadre masculin. Les hommes cadres sont très peu interrogés sur les questions d’équilibre entre vies professionnelles. La réflexion et les actions en faveur de l’égalité professionnelle doivent être globales ».

 Dans ce contexte, les indicateurs représentent des conditions nécessaires, mais en aucun cas suffisantes, pour faire évoluer les mentalités, les pratiques, la culture. Des changements qui prennent du temps. Ne serait-ce que pour faire évoluer la répartition de ceux et celles qui négocient justement des accords égalité professionnelle. Une étude conduite par Isotélie révèle que les femmes représentaient 27,5 % des signataires des accords.

La part des femmes dans l’encadrement est en stagnation totale, avec un taux de 29,5% en 2010 (contre 29,4% en 2009). Ce taux a très faiblement évolué depuis 5 ans (27, 2% en 2006). par Emmanuelle Gagliardi - Source CapitalCom, mars 2011.

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Flavien Chantrel Flavien Chantrel est Community Manager de RegionsJob depuis 4 ans et formateur sur le thème du recrutement et des réseaux sociaux. C’est également un blogueur assidu, très actif sur Twitter. Il anime le Blog du Modérateur qu’il a créé lors de son arrivée chez RegionsJob en 2007. moderateur.blog.regionsjob.com twitter.com/moderateur

Où se situent les métiers du web en matière de sexisme ? Il y a des marronniers dont on se passerait bien. Celui de la discrimination à l’embauche par exemple. Plus précisément la discrimination liée au sexe, problématique centrale de cet article. Le sujet revient tellement souvent que beaucoup n’y font même plus attention. Comme si ce constat était immuable. Pourtant, les chiffres mettent en exergue une situation inacceptable et archaïque. La France, pays des droits de l’homme, n’occupe que la 46ème place en matière de parité... Niveau salaires c’est pire, avec la 127ème place sur 134 (!). Une femme en France gagne en moyenne 64% du salaire d’un homme. A poste égal, et donc à compétences et effort égal, une femme gagne 27% de moins qu’un homme. Incompréhensible non ? Et mieux vaut ne pas être une mère de famille si vous ne souhaitez pas aggraver votre cas. Seules 36% des entreprises mondiales souhaitaient l’année dernière en recruter, un chiffre en baisse de 20%... Preuve que la situation n’évolue pas dans le bon sens. Ne parlons pas de l’obligation de mettre en place des lois pour faire monter le pourcentage de femmes dans les conseils d’administration à... 20%. On pourrait continuer encore longtemps. La discrimination liée au sexe est un délit Pourtant, la discrimination liée au sexe est bien sanctionnée par le code pénal (cf l’article 225-1). Si elle est avérée, elle est punie de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 Euros d’amende. C’est bien le problème, mais encore faut-il que la discrimination soit avérée. Le combat pour l’égalité des sexes se situe souvent ailleurs : dans la vie professionnelle au quotidien. Le sexisme s’est banalisé

et s’est installé de manière insidieuse en entreprise. Pas seulement lors de l’entretien d’embauche ou de la négociation salariale, mais dans les actes, mots et décisions de tous les jours. Mais ce sexisme ordinaire est-il présent de la même manière dans tous les corps de métiers ? Le cas du secteur du web Pour cet article, nous nous sommes intéressés à un secteur particulier : les métiers du web. Sans idées préconçues, dans un sens ou dans l’autre. La meilleure manière de faire un point sur la question était de donner la parole aux principales concernées : les femmes qui y travaillent. Suite à un appel à contributions, elles ont été plusieurs dizaines à vouloir donner leur avis. Pas suffisant pour tirer des conclusions définitives, bien sûr. Mais assez pour rendre compte d’exemples précis et des différentes réalités rencontrées par les travailleuses du web. Comme souvent, les témoignages sont hétéroclites. Tout dépend de l’entreprise et surtout des personnes qui la composent. Par souci d’anonymat, certains noms ont été changés. Voici donc les témoignages recueillis.

Des signaux positifs Pendant le processus de recrutement Emilie, Community Manager en agence, n’a jamais ressenti de discrimination lors de ses recherches d’emploi : « Jamais. De toutes les candidatures que j’ai envoyées lorsque j’étais en recherche d’emploi, je n’ai jamais eu le sentiment d’être défavorisée parce j’étais une fille. A l’inverse, en discutant avec des amis, je n’ai 9


pas non plus eu le sentiment d’être favorisée. » Cela n’empêche pas de devoir faire ses preuves, parfois plus que les hommes, comme l’explique Mademoiselle Lychee, responsable artistique et communication interne. « Lors des entretiens oui, il y a certaines questions qu’on nous pose qui sont peut être un peu plus pointues, pour savoir si vraiment vous, la ptite nana assise dans le fauteuil, vous avez bien tout fait toute seule... et que vous connaissez vraiment le milieu... Nous sommes souvent face à 2,3 voire 4 hommes en entretien dans le secteur, il faut savoir jouer le jeu et avoir du répondant! »

Des différences pas forcément négatives Toute différence n’est pas négative. Sophie, directrice conseil, pense par exemple qu’être une femme permet de se différencier en bien : « Mes clients aujourd’hui apprécient mon approche féminine des affaires, et j’ai remarqué que je travaille très bien avec des clients femmes qui se sentent probablement plus en confiance. Au niveau des prestataires que je fais intervenir, je pense qu’ils apprécient mes méthodes. Sans faire de ma condition de femme un ‘avantage’, je n’essaie pas d’agir comme un homme et cela me confère une certaine humanité. » Sophie continue : « Pour moi, être une femme change forcément la façon dont on est abordée. Comme être blond, brun, grand, petit, d’origine étrangère ou bien franchouillard :) Les relations humaines sont influencées par tout un tas de facteurs internes et externes et on ne peut pas nier qu’une relation homme-femme ne sera jamais équivalente à une relation homme-homme. Pour l’instant, je n’ai jamais ressenti en revanche de discrimination négative du fait de ma condition de femme. »

Clichés et lieux communs Le spectre de la maternité et des enfants La maternité semble toujours poser problème à certains employeurs, comme le prouve le témoignage de Catherine : « Par le passé cela a pu m’arriver notamment quand d’autres collègues femmes partaient pour des congés maternité, il y avait une crainte énoncée de voir l’équipe se vider si d’autres parmi nous tombaient enceintes.» Marie, référenceuse à son compte, se souvient d’un ancien entretien : « Durant l’entretien on m’a demandé ce que je comptais faire concernant la garde de mon fils et comment j’allais m’organiser en cas de maladie ou de maîtresse absente. Mon conjoint, qui passait aussi des entretiens d’embauche à la même période, n’a jamais eu droit à ce type de question ». La maternité inquièterait donc, mais les clichés concernant la responsabilité des enfants au sein d’un couple perdurent. Marie enfonce le clou : « J’ai parfois été mise à l’écart de certains projets ou réunions car je suis une femme et que j’ai des enfants et je dois donc m’en occuper (les papas apparemment n’ont pas ce problème...). Mais ce qui m’agace le plus c’est quand j’explique à mes clients qu’après 17h je ne suis plus disponible par téléphone car mes enfants sont à la maison et que c’est bruyant et qu’on me répond «ah moi c’est ma femme qui s’occupe des gosses»... Oui, ici c’est bien moi la femme ! ».

Parfois un avantage Certaines ressentent un avantage à être une femme lors des prises de parole en ligne, comme Céline, Community Manager pour une entreprise du secteur privé : « Il faut avouer qu’être une femme a ses avantages. Une femme sur le web c’est intrigant je trouve, on va donc peut être générer plus de trafic (c’est une hypothèse) dès lors que nous sommes des femmes. » Pour Marie, référenceuse à son compte, être une femme peut parfois donner un coup de pouce : « Je pense effectivement bénéficier d’un traitement différent du fait que je sois une femme mais ici cela va en ma faveur. On se souvient de moi car je suis une des rares femmes dans le métier de SEO. Et je pense avoir un «fan club» plus développé que mes collègues masculins et de ce fait, plus de commentaires sur mes blogs ou un traitement un peu différent ;) Je sens aussi parfois de l’indulgence à mon égard du fait que je sois une femme quand il s’agit de demander de l’aide technique par exemple. »

Anthony Legouarch - tonylotteillustration.blog.ouestjob.com

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Femmes et informatique Les clichés ont la vie dure. Celui consistant à dire que les femmes sont forcément moins qualifiées techniquement que les hommes est le plus persistant, comme l’explique Lucie : « La seule petite chose que j’ai pu remarquer c’est la relation avec les techniciens web, c’est à dire les développeurs et autres grosses têtes... Ils s’imaginent souvent qu’en tant que femme, on n’y connaît rien en technique et sont surpris quand ce n’est pas le cas. Du coup, certains d’entre eux (souvent de nature un peu prétentieuse, il faut l’avouer) se sentent touchés dans leur ego ! » Heureusement, cette barrière peut être dépassée selon Alice : « Ayant travaillé pendant 2 ans dans une petit boîte éditrice de logiciel, il est vrai que la nana est considérée un peu comme une novice qui n’y connait rien et qui de toute façon ne comprendra rien. Mais à partir du moment ou cette fameuse nana s’intéresse au travail des informaticiens, ils vont volontiers lui faire part de leur connaissance et l’aider à comprendre un peu plus. Bon parfois, il faut un peu jouer sur le fait d’être une femme et son charme naturel et le tour est joué. Mais rien de bien

Da Beez - http://www.flickr.com/photos/andoline/

grave ou méchant ! » Emilie, Community Manager en agence, met tout de même une nuance à ce propos. « J’avoue que sur des communautés ultra-spécialisées en informatique, notamment, il m’est arrivé de trouver les réactions de certains membres un peu déplacées. Mais ca reste quand même très marginal. Je ne saurais jamais si on m’a mal parlé parce que j’étais une fille ou parce que je n’étais pas informaticienne ! De toute façon, globalement, en ligne les gens ont plus tendance à se lâcher ».

Des petites cases, toujours des petites cases Un autre cliché courant concerne les centres d’intérêt. Visiblement, le fait d’être un homme ou une femme apporte de nombreux préjugés sur les passions ou les capacités à s’intéresser à tel ou tel sujet, comme

l’explique Pauline, Community Manager pour un site d’information : « Sur le plan éditorial, j’ai constaté que l’on attribue plus aux filles la charge des animations, choix de thématiques et des cadeaux/dotations mais aussi l’envoi des colis cadeaux aux internautes, tandis qu’on charge plus facilement les hommes de travailler avec les développeurs sur les possibles évolutions techniques.» C’est encore plus fort dans le choix des thématiques traitées, comme le témoigne L.A., pigiste pour un site de cinéma : « Les films les plus importants sont systématiquement confiés en priorité aux hommes de la rédaction. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il s’agit de films d’action. C’est très arriéré et machiste de penser que seuls les rédacteurs hommes pourraient rédiger des articles de qualité sur ce genre de films. En revanche les petits films ou les films d’amour, comédies musicales, Bollywood etc sont plutôt la spécialité des filles, selon le rédacteur en chef.(…) De manière générale les filles sont moins sollicitées que les garçons pour à peu près tout sur le site : critiques, news, interviews, sauf quand ça dépanne. S’il y a un bug lors de la mise en ligne, ça vient forcément des filles, et non du webmaster en charge de la bonne marche du site. » Le sexisme peut souvent se manifester sous forme de tentatives d’humour. Cela ne change pas le fond du message, comme l’explique Pauline, Community Manager pour un site d’information : « Certaines blagues sur les «incompétences» des femmes voire l’incapacité à avoir des «idées», font que oui, je me sens parfois discriminée, même si ce n’est pas de la discrimination directe ». Mais les clichés contraires existent aussi. Catherine, si elle ne s’est jamais sentie discriminée, est « toujours un peu agacée par le discours du type c’est de l’industrie donc je veux un homme ou c’est de la mode, je veux une femme. La discrimination qui conduirait à l’exclusion d’un genre ou d’un autre voilà ce qu’il faut faire tomber, pas seulement celle dont les femmes feraient l’objet. »

Quand le sexisme est (encore plus) réel Des situations injustifiables Certains témoignages font état de situations intolérables. C’est le cas de celui de Claire, chef de projet dans une agence de webmarketing : « On est deux filles (la vingtaine) pour 3 hommes, et l’agence est totalement sexiste. On monte des projets de A à Z, pour se retrouver présentées comme des secrétaires, tout juste bonnes à prendre des notes et apporter le café, en face des clients ou des prestataires, on est traitées différemment de nos collègues masculins... le sexisme 11


on le vit quotidiennement. Il s’agit d’une première expérience, et j’ai bien conscience que la personnalité de mon supérieur est à l’origine d’une partie de ce climat, mais pas entièrement. Les prestataires, eux aussi, ont tendance à être sexiste. Alors peut-être que le fait d’être en province, et jeune de surcroît, n’aide pas, mais oui, le web peut être sexiste. Et pas qu’un peu. » Ce n’est pas aussi marqué pour Marie, référenceuse à son compte, mais elle tient tout de même à souligner une différence courante : « J’ai parfois l’impression d’être moins prise au sérieux que mes homologues mâles. D’autre part, lors d’un débat ou discussion, même sur un sujet que je maîtrise totalement, je me mettrai forcément en retrait, ne pouvant couvrir la voix de ces messieurs avec la mienne, sous peine de «monter dans les aigüs» et laisser penser que je crie ou que je m’énerve (ce qui est faux ;) ) ».

Certaines annonces en cause A titre personnel, Catherine n’a jamais ressenti une forme de discrimination lors d’un entretien ou d’une candidature. Mais cela ne l’empêche pas de savoir que cela existe : « j’ai pu voir passer des offres avec un genre spécifié dans l’annonce, ce qui est, rappelonsle parfaitement illégal. Il m’est aussi arrivé d’avoir des contacts cherchant à recruter et précisant leur préférence pour un homme ou une femme en fonction du secteur d’activité du client. »

Le web, en avance sur la question ? Les valeurs du web effaceraient les différences Le web est-il en avance par rapport à d’autres secteurs d’activité ? Oui, selon Alice : « je pense que le monde du web est bien plus ouvert par rapport à l’égalité homme/femme que d’autres secteurs d’activité et j’espère que ça ne changera pas de si tôt. » Céline, Community Manager, va plus loin en affirmant que les valeurs mêmes du web en font un secteur en avance : « je pense que le monde du web est en avance, car une grande majorité des personnes travaillant dans ce secteur prônent des valeurs tels que le partage des connaissances, l’open data, le creative commons... Il n’est nul question de différence entre les sexes. » Marie, qui travaille depuis 11 ans en tant que développeuse, webmaster et technicienne et qui a connu différents types de structures (de 3 à 100 personnes), ne s’est même jamais posé la question. « Jamais je n’ai rencontré de problème de sexisme... Ça me parait bizarre, maintenant que j’y pense... Peut-être ai-je eu la chance de travailler avec des gens bien ? Ou juste avec des geeks, qui, du moment que l’on peut parler code et wow ne font pas de différence entre fille

et garçon... Récemment on m’a fait la remarque que je devais avoir en face des personnes hésitant à confier un projet à une fille. En fait non. Tout au plus on m’a dit que c’était rare de voir une femme dans ce métier (sans ton particulier, sans sous-entendu). » Mathilde, qui a 20 ans d’expérience dans l’informatique et le web (animation d’un réseau de distributeurs informatiques, encadrement d’une équipe de R&D, dirigeante d’un webservice), est catégorique : « il n’y a pas de sexisme dans le Web ni dans la High Tech en général. (...) Je n’ai jamais rencontré de problème, même de façon anecdotique, parce que j’étais une femme. Pour moi le sexisme en particulier et la discrimination en général existe sûrement plus en politique, dans les institutions financières ou les grands groupes que dans le Web où on a l’habitude de dépasser les frontières et d’être en contact avec des gens de toutes origines. » Même son de cloche chez Lucie : « En ce qui me concerne, je ne ressens pas de sexisme, travaillant dans une agence de marketing ou il y a plus de femmes que d’hommes. »

L’âge plus discriminatoire que le sexe Mais si les témoignages sont globalement positifs en matière de discrimination liée au sexe, il reste des efforts à faire dans d’autres domaines, comme le souligne Sophie, chef de projet web : « Pour ma part j’ai pu constater que la discrimination n’est pas liée au sexe mais à l’âge... Quand on cumule vaut mieux travailler dans le web, plus ouvert en effet, ça fait un critère discriminant de moins à affronter quand on cherche un poste.» Même constat pour Céline, Community Manager : « Je ne pense pas qu’être une femme soit un handicap lors d’une candidature. Je parlerai plus de la discrimination sur l’âge. Je suis une femme de caractère et sais me faire entendre, c’est peut être pour cette raison que je n’ai jamais eu de problème, ou ressenti la moindre gène. » Mais l’âge n’est pas la seule autre forme de discrimination, rappelle Sophie, Chef de projet web : « Globalement, je me suis sentie plus souvent discriminée à l’époque où j’étais obèse et où l’on m’inventait des prétextes farfelus pour justifier ne pas donner suite à mes entretiens d’embauche qu’aujourd’hui en tant que femme dans le milieu du web (mais c’est toujours pareil, je suis à des fonctions marketing qui ne sont pas connotées ‘homme’). »

Il reste du chemin à parcourir Pour Catherine, le chemin vers l’égalité des sexes est loin d’être terminé et l’origine du problème est à voir dans l’éducation. « Si on prend un peu de recul, la question du rapport aux genres est ancienne, lente à déconstruire pour faire des propositions sociétales qui 12


permettent de remettre chaque individu dans une place où l’autonomie lui permettrait d’aller dans tous les mondes possibles. Parce que c’est bien de là que vient le problème: l’éducation qui est offerte et qui permet ou non de se penser à égalité ou non, pouvant accéder ou non à certains emplois ou positions. (...) Peut-être avonsnous, femmes, une trop grande propension à ne pas avoir assez confiance en nous. » Pauline est également résignée : « Je crois qu’il y a des milieux plus machos que le web, mais comme partout malheureusement, être une femme change quelque chose. Il suffit de constater que tous les plus hauts postes sont occupés ici par des hommes, mais qu’ont-ils vraiment de plus que nous ?! » Emilie, Community Manager en agence, tient également à ne pas généraliser les bonnes ou mauvaises pratiques : « Je pense que le monde du web est assez disparate pour qu’on ne puisse pas en faire une généralité. Honnêtement, je travaille dans le monde de l’édition en ligne, et c’est un secteur assez féminisé, et je n’ai pas l’impression qu’il y ait de la discrimination. Mais je crois que ce n’est pas le cas dans tous les secteurs. » D’autres sont moins optimistes. C’est le cas de L.A., qui travaille au service communication d’un grand groupe de télécommunications. Selon elle, le web serait même en retard sur certains aspects : « Je pense que le web est en retard sur les autres entreprises du secteur de la communication. (…) Dans le monde du web, les hommes étant encore très présent, à des postes stratégiques, les petites mains féminines sont peut-être moins bien traitées qu’ailleurs. »

homme pour arriver à la même reconnaissance. Encore une fois, cet article n’a pas pour objectif de faire un point exhaustif sur la situation. Mais s’il permet déjà à certains de prendre un peu de recul et de se poser les bonnes questions sur leurs actes au quotidien, le pari sera déjà gagné. Et vous ? Comment vous sentezvous traitée sur votre lieu de travail ? Traitez-vous de la même manière vos collègues, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin ?

Le combat continue… Le mot de la fin sera pour Mademoiselle Lychee, Responsable artistique et communication interne. Pour elle, le combat continue : « Je pense que la disparité entre les sexe est plus présente dans les milieux très masculins comme l’industrie ou la publicité... Si on veut réussir en tant que femme dans ces milieux, il faut jouer des coudes, montrer sans cesse que l’on vaut autant, voire plus qu’un autre, que non, avoir un enfant ne jouera pas sur notre compétitivité, et que des fois oui nous avons raison ! C’est dur à accepter mais je pense que cela viendra au-fur-et-à-mesure que les années passent, grâce certainement à ces femmes qui ont atteint de grands postes dans les agences et qui nous font dire «oui c’est possible!!» » Le secteur du web n’est donc pas exempt de tout reproche quand on aborde la question de l’égalité Hommes/ Femmes en matière professionnelle. Les clichés ont la vie dure ! Il semblerait donc qu’à compétences égales, une femme devra déployer plus d’énergie qu’un

Lili la Baleine Verte - www.lililabaleineverte.fr 13


HOMMES ET FEMMES : ÉGAUX DEVANT L’ÉNERGIE CONSACRÉE A LEUR EMPLOI

Klaire fait «Grr» - www.klaire.fr 14


Chapitre 2 LES FREINS À LA CARRIÈRE DES FEMMES


Claire Romanet Claire Romanet dirige Elaee, cabinet de recrutement spécialisé sur les métiers de la communication, du marketing et de l’internet, basé à Paris et à Lyon. Elle possède 20 ans d’expérience dans la communication et 10 ans en «chasse de têtes». Elle anime avec son équipe le blog Elaee, un espace d’échange ouvert sur lequel on trouve des offres d’emploi, des billets d’humeur, des coups de cœur ou des coups de gueule… www.elaee.com

Les recruteurs préfèrent les hommes Force et pouvoir pour les hommes, douceur et maternage pour les femmes : les clichés ont la vie dure. Et s’il y a un monde dans lequel ce phénomène est clairement amplifié, c’est bien le monde du travail. Les enquêtes nous montrent que 70% des employeurs du secteur privé disent préférer recruter des hommes (Dares de juillet 2009). Au final et si on parle de CDI, ce sont 59% d’hommes qui sont recrutés (soit 41% de femmes). Il y aurait des raisons à cela ? Posons-nous la question « Pourquoi ? ».

Le modèle familial ancestral qui prône que « l’homme doit impérativement avoir un emploi, la femme peut toujours rester à la maison » montre qu’on n’a guère évolué sur la répartition des tâches. Ce n’est ni plus ni moins ce que nous expliquait l’éthologue Desmond Morris dans son best-seller « Le singe nu » (éditions Jonathan Cape, 1967) : à l’homme la chasse (il faut nourrir la famille et par là même affronter les dangers), à la femme la grotte (ranger la maison et élever les enfants). Morris a-t’il raison de dire qu’on est si proches des singes ?

1. Parce que les hommes ont de plus gros bras

3. Parce que les hommes aiment la vie nocturne

Dans nos sociétés évoluées, le physique est un vecteur important qui joue sur la nature du poste à pourvoir. Reste ancrée dans nos petites têtes la certitude que les métiers où les contraintes physiques sont fortes ne sont pas faits pour les femmes. Certes, porter des sacs de ciment, faire fondre de l’acier à 1200° ou bien monter dans l’arbre récupérer le chat du voisin, ne sont pas tâches aisées. Il apparaît donc que, à l’heure où le tertiaire représente 75% des emplois (Alternatives Economiques Pratique n° 023 - 2006), la force physique, la masse musculaire, la taille, etc. sont encore interprétés comme signes de vigueur et de capacité de travail.

Non, on ne parle pas ici de boîtes de nuit mais plutôt d’horaires de travail. Parce qu’en France, on continue de croire que ce sont les salariés qui quittent tard leur lieu de travail qui sont les plus efficaces. Et force est de constater que ceux qui restent accrochés à leurs bureaux sont en majorité des hommes. Pourquoi ? Parce que les femmes, elles sont déjà parties en courant dans les escaliers pour gérer la maison, les devoirs, les courses, la belle-maman…

2. Parce que les hommes ne font pas d’enfants Enfin si, bien sûr, les hommes sont aussi des pères mais bizarrement, les employeurs ne leur demandent pas, à eux, comment ils organisent le mode de garde de leur progéniture…

4. Parce que les hommes négocient mieux leurs salaires Ou plutôt « parce que les femmes coûtent moins cher ». On a beau reconnaître l’existence d’une discrimination salariale et du fameux « plafond de verre », l’objectif qui consiste à faire disparaître les écarts de rémunération devait être tenu en… 2010. Zut, on a encore du travail pour changer le taux qui correspond à 27% de moins sur la fiche de paie d’une femme par rapport à celle d’un homme (OFCE, juillet 2010). 16


5. Parce que les hommes prennent les postes les plus qualifiés Aujourd’hui, nous avons à faire face au développement de contrats de travail courts et précaires qui prennent de plus en plus le pas sur les CDI et à la progression des services à la personne (assistants maternels, personnels de ménage, aides à domicile, etc.). Ces changements favorisent un plus grand nombre d’emplois non qualifiés. La moitié des Français gagnent moins de 1500 euros (Les Echos, juillet 2009) et on est considéré comme pauvre lorsque l’on a des revenus inférieurs à 791 euros. Or, ce sont les femmes qui occupent le plus les emplois les moins qualifiés, bien que le niveau d’éducation et de formation des femmes augmente chaque année (OCDE 2008). Savez-vous que les emplois atypiques (intérim, CDD, contrats aidés, temps partiels…) sont occupés à 62% par des femmes (Insee, enquêtes emploi, 2009) ? Alors attention à vous si êtes femme, jeune, sousemployée et seule… La sociologue et chercheuse au CNRS Margaret Maruani fait un constat explicite de la féminisation du salariat dans son ouvrage « Travail et emploi des femmes » (éditions La Découverte) : « Les femmes ont conquis la liberté, il leur reste à obtenir l’égalité… / … Il faudrait un siècle, au rythme actuel, pour atteindre l’égalité des salaires ».

Vous l’aurez compris, la situation est grave pour l’emploi des femmes car les préjugés à combattre sont encore énormes. En tant que chasseuse de têtes, je témoigne ici de ce que les employeurs, nos clients, nous disent (discours d’alcôve bien sûr, puisqu’ils ne sont pas censés exiger ce genre de critère) : ils sont globalement plus satisfaits du travail fourni par les femmes. Pourquoi ? En fait, deux « vérités » au sujet des femmes au travail s’expriment le plus souvent. L’une est négative : c’est le fait que les femmes sont plus difficiles à manager. Sont souvent évoquées les petites guerres intestines qu’il faut gérer. Quelle était l’expression déjà ? Ah oui : « comme des poules dans un poulailler ». Mais cette contrainte est vite compensée par une 2e vérité, positive celle-ci. Les employeurs sont plus en confiance avec les femmes et les reconnaissent plus efficaces. Habituées à jongler avec différentes missions (tiens donc, une récurrence du travail à la maison ?), plus impliquées que leurs confrères masculins (parce que entrainées à ce qu’on leur demande de faire leurs preuves, voire de rendre des comptes ?), plus corvéables

(elles sont éduquées pour employer le « non » le moins possible), elles sont reconnues comme plus fiables et plus orientées résultats. Dernier point et non des moindres car il s’agit là d’une grande différence avec les hommes : les femmes penseraient plus à faire bien le job qu’on leur confie qu’à embellir leur plan de carrière.

Alors que faire pour que les recruteurs préfèrent les femmes ? C’est un changement des mentalités qui est à initier. Il nous faut transformer l’état d’esprit des recruteurs, des hommes, mais aussi… des femmes. En effet, par crainte de mesures de rétorsion ou de conflits, ou par atavisme, il est clair que les femmes rechignent à agir. Emmanuelle Boussard-Verrechia, avocate au barreau de Versailles (Semaine sociale Lamy, septembre 2010, n° 1457), note 2 types de femmes « agissantes » : - les femmes investies dans la représentation du personnel et qui se battent pour le collectif. Souvent employées ou techniciennes, elles ont de plus en plus le soutien des syndicats, - les femmes surdiplômées qui croyaient être à l’abri, subissant la discrimination surtout du fait de leur maternité, et qui montrent dorénavant leur colère. Francine Gomez, PDG de Waterman, résume ainsi la situation : « Pour réussir, une femme doit ressembler à une jeune fille, se comporter comme une dame, penser comme un homme et travailler comme un cheval ? » Les lois, les syndicats, les organismes et autres Halde œuvrent tous dans le même sens. Et c’est le « bon » sens. Cette métamorphose, que dis-je, cette mutation, doit être actée, dans nos vies professionnelles, par la mise en œuvre de mesures simples. Exemples : - aménager les horaires (supprimer les réunions tardives serait un 1er point), - former les décideurs pour mettre en œuvre la parité en mettant en œuvre des indicateurs, - sensibiliser les managers aux situations discriminantes (voire récompenser, par exemple en notant leur capacité à les corriger), - etc. Gageons que l’adage disant que « les recruteurs préfèrent les hommes » est aussi peu darwinien que celui qui dit que « les hommes préfèrent les blondes » (sinon, vous l’avez compris, la sélection naturelle ferait qu’on ne trouverait que des blondes sur terre). Insurgeons-nous contre ce mode de pensée qui, sociologiquement parlant, est de toute façon remis en cause aussi bien dans la vie professionnelle que dans la vie personnelle. 17


DISCRIMINATION DES FEMMES ENCEINTES

Yatuu - www.yatuu.fr 18


Hypathie Hypathie, blogueuse féministe, est également ingénieure commerciale en nouvelles technologies et consultante en ressources humaines. hypathie.blogspot.com

L’informatique : toujours pas pour les femmes ? Qui sait encore que ce sont des femmes qui ont «inventé» l’informatique ? Certainement quelques ingénieurs informaticiens qui savent que le langage ADA a été nommé d’après l’inventrice du premier algorithme en 1842 : Adélaïde Lovelace, mathématicienne ? On leur a aussi appris dans leurs écoles d’informatique que Grace Hopper , militaire au Pentagone qui amusait bien ses collègues en prétendant qu’un jour les ordinateurs parleraient le même langage que nous, a inventé le premier langage de compilation et le langage Cobol  ? Mais qui aujourd’hui dans le grand public qui le sait ? Cela n’inciterait-il pas les femmes à faire ces formations et entrer dans ces métiers «masculins» contre tout bon sens, de savoir que ce sont des femmes qui en sont les inventrices ? Pourquoi n’y a t-il pas plus de publicité sur ce fait historique ? Serait-ce destiné comme toujours à se garder un espace entre-soi masculin, pour des métiers qu’ils ont décidé unilatéralement de s’approprier ?

Depuis ces temps héroïques, où sont les femmes ? Dans les sociétés de services informatique (SSI ou SSII) française, les femmes sont employées en majorité écrasante aux postes (junior) de Chargées de recrutement ou d’assistantes. Tout se passe comme si une fois encore, elles étaient plus aptes à travailler dans l’humain, l’organisation ou l’entretien que dans la technique pure. Selon l’étude du Journal du Net de Lætitia Bardoul, « Les femmes dans les métiers de l’ingénierie en France » qui date de 2005 (backlash et récession économique oblige, cela ne s’est pas amélioré : je suis en contact régulier avec ces sociétés, je peux en témoigner !) il est clairement établi qu’elles sont sous-représentées chez les techniciens et les cadres techniques. C’est

même lamentable. D’autant que ces postes ne sont ni pénibles ni salissants, qu’on n’y subit aucun aléas climatique puisque ce sont des postes de «bureau», et qu’on y travaille assis devant un écran d’ordinateur ! L’argument du travail dur, donc masculin, ne tient pas. Dans les pays asiatiques, notamment la Malaisie, les femmes ont bien compris les avantages de travailler assise, sans se salir, en utilisant sa tête plutôt que sa force physique devant un écran d’ordinateur : elles sont 65 % dans les universités d’informatique et de technologie. Évidemment, le discours en France est toujours dramatiquement différent des actes : on s’arrache les cheveux devant un tel gap, on se fait des promesses, et.... Rien ne change. Il suffit d’ailleurs d’envoyer sa candidature de femme dans une SSII pour se rendre compte du traitement qu’on lui réserve : au mieux, elle n’est pas traitée, au pire, elle est écrasée ou rangée... les assistantes ! Ce sont en général des femmes, puisqu’elles sont cantonnées aux ressources humaines, qui discriminent mais c’est vrai qu’elles n’ont en général pas de pouvoir décisionnaire ! Rien n’est plus triste que ces SSI et ces bureaux d’études où il n’y a que des hommes sortant tous des mêmes écoles de prêt-à-penser : c’est sinistre, poussiéreux et ça sent le renfermé ! On peut aussi se demander si les ordinateurs, les machines à commandes numériques et toutes leurs applications logicielles ne seraient pas plus humaines ou user friendly si des femmes les concevaient, et si les chiffres d’affaires de ces sociétés ne s’en poteraient pas mieux, tellement elles ont l’habitude de confier leur commercial à des ingénieurs qui ont furieusement tendance à prendre le péon qui sarcle la haie pour le décideur - conséquence désastreuse d’une navrante monoculture. 19


L’argument de la totale disponibilité (non souhaitable par ailleurs) ne tient absolument plus : avec les moyens actuels de la mobilité (téléphone cellulaire, visio-conférence, ordinateurs portables connectés au haut débit rendant possible l’ubiquité, transmission d’information à la vitesse de la lumière...) comme les magistrates, les enseignantes ou les pharmaciennes, les femmes informaticiennes peuvent travailler de chez elles. Je rencontre de plus en plus de développeurs hommes en home office, utilisant toutes ces technologies. Pour des raisons culturelles, les femmes sont mieux organisées et plus efficaces que les hommes. Il faut donc qu’elles choisissent ces formations porteuses d’emploi, aux postes aménageables et flexibles : la sous-traitance permet d’essayer différents types d’entreprises et de se faire une expérience. Et si les garçons y arrivent, il n’y a aucune raison pour que les filles qui sont meilleures à l’école, ne soient pas à la hauteur. Historiquement, les magistrates qui peuvent emporter des dossiers chez elles et rédiger leurs attendus de la maison sont nettement majoritaires à la Justice, de même que les enseignantes à l’Education nationale pour les mêmes raisons. Ou encore les pharmaciennes officinales à cause de l’appartement attenant ou au-dessus de la pharmacie ; on se demande donc ce que font les entreprises d’informatique ? Elles attendent de se fabriquer une image désastreuse de dinosaures ? Article publié le 3 juin 2010 sur le blog Hypathie L’informatique : toujours pas pour les femmes ?

Isa Gatzler - www.un-geek-a-la-maison.com 20


Yves Deloison Spécialiste des questions liées au changement, journaliste pour Courrier Cadres, Le groupe L’Etudiant puis Rédacteur en chef du magazine Changer tout et fondateur de la plate-forme Toutpourchanger.com, Yves Deloison est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages. Le dernier en date, « Je veux changer de job ! » est édité par Hachette Pratique. www.toutpourchanger.com

Permettre aux femmes de nouveaux choix professionnels moins stéréotypés Rémunérations plus faibles, retraites moindres, postes moins qualifiés, contrats précaires, temps partiels… La situation des femmes au travail est loin d’être idyllique. En cause, les stéréotypes qui conditionnent leur place dans la société et leurs choix professionnels. Et si cela changeait ? Nul n’ignore les bénéfices que procure le travail. Il garantit un salaire, l’autonomie, la stabilité. Composante clé de notre identité, il est vecteur d’insertion sociale et d’épanouissement. Autant dire qu’il occupe une place majeure chez l’individu. C’est pourquoi les inégalités professionnelles qui subsistent pénalisent durement les femmes. Quelques illustrations : à travail égal, le salaire horaire est largement inférieur à celui des hommes ; plus nombreuses à travailler à temps partiel non choisi, elles sont par ailleurs bien plus souvent soumises aux contrats précaires. Cerise sur le gâteau, leur taux de chômage est plus élevé que celui des hommes, 7,9 % contre 6,9 % en 2008. Conséquence, la durée moyenne de travail des femmes est inférieure à celle des hommes, leur revenu moyen aussi. Tous ces aspects engendrent pour les femmes une plus grande précarité et l’angoisse du lendemain. Revenir une énième fois sur ce sombre constat ne suffit pas, il faut surtout souligner l’origine de ces nombreux maux.

La double journée des femmes Rien ne change dans la sphère privée. Certes depuis les années 1970, l’aspiration à l’indépendance financière des femmes vis-à-vis de leur conjoint a produit ses effets. Une meilleure répartition des rôles au sein de la famille et de la société a favorisé l’accroissement de leur taux d’activité. En revanche, elles restent chargées de

l’essentiel des tâches domestiques. La plupart d’entre elles vivent la double journée de travail. A propos de la place des femmes, Claude Chabrol déclarait lors d’une interview réalisée en 2002 : « La montrer dans son activité quotidienne correspond aux douze travaux d’Hercule pour un homme. Je pense que le con qui a fabriqué l’être humain devait être légèrement misogyne  ». Je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes ces petites filles auxquelles on offre toujours mini cuisine équipée ou aspirateur afin de les préparer à leur sort. « Elles aiment ça », me rétorque-t-on. Peut-on vraiment parler d’envie quand les modèles que les jeunes filles imitent sont leur mère ou les femmes aperçues dans les séries, les pubs ou les dessins animés un plumeau à la main ? Récemment, j’écrivais sur Toutpourchanger.com, « Regardez comme aujourd’hui encore, les publicitaires continuent à ne s’adresser qu’aux femmes pour présenter leurs produits miracle qui briquent la maison du sol au plafond. Hormis le débit de parole plus rapide, les images plus colorées et le montage plus rythmé, le message ressemble à s’y méprendre à celui des premiers spots de l’ORTF. Et quand, par miracle, un homme apparaît sur les écrans pour donner un coup de main, cela fait plus d’effet que lorsque la Mer Rouge s’est écartée pour laisser passer Moïse ». Les dernières enquêtes menées à ce sujet indiquent clairement que rien ne bouge de ce côté là. A quand le partage des tâches ? Comment dans ces conditions pourraient-elles consacrer plus de temps à leur carrière professionnelle  ?

L’orientation professionnelle des femmes Rien ne change non plus en ce qui concerne l’orientation. Là aussi, le rôle stéréotypé dévolu aux femmes a un réel impact sur les choix professionnels et explique 21


une grande part de l’inégalité qui se perpétue entre les deux sexes. Cette situation provient essentiellement des représentations que chacun porte en soi, en particulier en ce qui concerne les métiers. Car ces représentations conditionnent fondamentalement l’orientation professionnelle des individus. Premières et principales victimes, les femmes qui limitent leur recherche à un nombre restreint de secteurs et ferment la porte à de nombreuses opportunités. Sur les 86 familles professionnelles recensées, tandis que les hommes se répartissent de façon plutôt équilibrée, la moitié des femmes actives françaises se concentrent dans seulement une douzaine de ces familles : le sanitaire et social, les services aux particuliers, l’éducation… Cliché or not cliché ? Un choix qui regroupe justement les secteurs les moins porteurs en termes d’emplois et bien moins rémunérateurs que d’autres. De leur côté, les hommes s’engouffrent dans presque tous les secteurs d’activité avec à la clé, plus de places disponibles et des pistes d’emploi plus prometteuses en matière d’évolution ou de responsabilités.

Combattre les idées reçues Pour que les femmes investissent de nouvelles voies professionnelles, il faut donc les inciter à mener ce travail de découverte, à s’informer sur l’ensemble des secteurs existants, des postes à pourvoir, des conditions d’accès, des spécificités, etc. Des actions concrètes doivent être proposées afin de les aider à se débarrasser des représentations stéréotypées et sexuées des métiers. C’est le meilleur moyen pour elles de s’autoriser ensuite à élargir leur champ de prospection. Une évolution indispensable. Toute idée préconçue est à combattre afin de favoriser l’ouverture vers des choix bien plus larges, vers d’autres professions, souvent méconnues. Aujourd’hui, il est possible de changer d’orientation quel que soit son âge, de bâtir un nouveau projet et de se donner les moyens pour y parvenir grâce à la formation ou la validation des acquis de l’expérience notamment. Les femmes ont le droit de bénéficier de ces opportunités. Qu’elles en profitent ! Elles ont aussi le devoir d’ôter leurs œillères pour rompre avec les vieux schémas qui les desservent tant.

Plus de travail, une meilleure rémunération Nombre de secteurs recrutent et offrent des débouchés en masse que les femmes, par peur ou par méconnaissance, s’interdisent d’explorer. Victimes de préjugés qu’elles ont consciencieusement intégrés, nombre d’entre elles s’imaginent que les activités industrielles, le transport, la logistique, la maintenance informatique, électrique, électronique, le bâtiment et les travaux publics ne sont pas pour elles. Et cette liste n’est pas exhaustive. C’est pourquoi il faut inciter les femmes en démarche d’orientation à vérifier que l’image qu’elles ont de ces métiers ou secteurs correspond bien à la réalité. Ainsi, évoluer sur un chantier, utiliser des machines ou conduire des équipements lourds ne pose aucun problème aux femmes. On peut s’en rendre facilement compte au Canada par exemple. Sur les routes, dans les chantiers, elles bitument, donnent des instructions, portent du matériel. Alors qu’en France, on explique la faible présence des femmes à ces missions par un manque de motivation ou une inadaptation aux tâches à réaliser, les actions menées de longue date de l’autre côté de l’Atlantique en faveur de l’accès des femmes aux métiers physiques ou techniques, ouvre à de nombreux débouchés, à une meilleure évolution professionnelle, à la formation et à des rémunérations supérieures.

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LES TĂ‚CHES DOMESTIQUES

par Shug : enpleintravail.blogspot.com

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Chapitre 3 LES TREMPLINS À LA RÉUSSITE DES FEMMES


Création d’entreprise


Aurélie Collet Aurélie Collet est responsable de Mompreneur Breizh. Après 15 ans dans le tourisme à occuper des postes de responsable commerciale, il était temps pour Aurélie de se lancer à son compte ! Sa société existe depuis 3 ans maintenant, avec le lancement en février 2010 de la marque et du site Perles de Voyages, agence de voyages sur mesure. www.perles-de-voyages.com

Zoom sur les Mompreneurs : « Les femmes ont toutes les qualités pour réussir une création d’entreprise » par Priscilla Gout Vous avez sans doute déjà entendu parler des « Mompreneurs » ? Le mouvement vient des EtatsUnis. Là-bas, les mamans entrepreneuses ont décidé de se regrouper pour partager leur expérience et se soutenir. En France, on les appelle les mampreneurs. Certaines se sont regroupées au sein de l’association Mampreneurs France, un réseau créé par Céline Fénié, créatrice du site Maman Shopping. Il compte aujourd’hui 400 adhérentes en France. Aurélie Collet, créatrice d’une agence de voyage et responsable de l’antenne bretonne Mompreneurs Breizh, a bien voulu répondre à quelques questions…

Que cherchent les femmes en intégrant un réseau comme celui des Mompreneurs ? Certaines femmes ont déjà le projet de créer et qui ont déjà lancé leur activité. Elles viennent pour bénéficier de partages d’expérience, se faire des contacts ou établir des partenariats. Tout ceci dans une optique de réseau d’affaires, non pas au sens pur mais pour sortir de l’isolement. Faire partie des Mompreneurs permet d’échanger avec d’autres femmes qui ont les mêmes problématiques. Nous accueillons également une autre population de femmes : celles qui sont en phase de création, au début de leur projet et qui ne savent pas encore trop le faire évoluer. Ainsi, elles peuvent bénéficier de l’expérience de celles qui ont déjà créé leur entreprise.

Et que trouvent-elles ? Très concrètement, cela consiste à échanger des informations sur comment créer sa boite, à quelles portes frapper, obtenir des contacts en CCI, auprès des banques, des astuces pour faire une demande de prêts, trouver des financements, créer son site, établir un business -plan, etc. Nous essayons également de rapprocher les porteuses de projet et les créatrices des organismes spécialisés qui peuvent leur apporter de l’aide.

« Les femmes comme les hommes ont toutes les qualités pour réussir une création d’entreprise. C’est juste leur approche qui est différente.»

Pourquoi les femmes créent moins que les hommes selon toi ? Le problème est qu’une femme ne réagit pas du tout de la même manière qu’un homme. Effectivement, certaines femmes n’ont pas cette confiance en elles pour le faire. Mais il faut savoir que beaucoup de femmes sont vite découragées face aux obstacles qu’elles peuvent rencontrer car leur crédibilité est remise en cause par beaucoup de leurs interlocuteurs comme les banques ou les investisseurs. Une femme doit montrer deux fois plus patte blanche pour demander quelque chose. 26


Je schématise, mais une femme fonctionne beaucoup plus à « l’émotionnel » qu’un homme. Les femmes craignent plus de mal faire, comme par exemple, d’imposer leur prix pour un service ou ce genre de choses. Et les clichés femme faible/homme fort persistent. On pense souvent que la femme sera moins investie dans son business parce qu’elle a ou aura des enfants.

Quels conseils peux-tu donner aux femmes qui souhaitent se lancer dans la création d’entreprise ? Il faut savoir bien s’entourer déjà, bien travailler son projet. Il ne faut pas se lancer sur un coup de tête. Il faut se faire accompagner, c’est très important. Beaucoup d’associations existent pour cela. Après, en tant que femme, il ne faut pas avoir peur de vendre, de dire les choses, d’être soi-même et de croire en ce qu’on fait, même face aux difficultés. Il faut être forte pour soi et face aux interlocuteurs que l’on peut avoir. Il ne faut surtout pas baisser les bras à la première difficulté, et c’est là où intervient un réseau comme les mompreneurs ! Je parle par expérience pour le réseau Bretagne, mais notre force, c’est de ne pas avoir peur de s’appeler les unes et les autres en admettant : « ça ne va pas, je n’y arrive pas ». On créé seule, mais parallèlement nous sommes plus fortes ensemble pour affronter certaines situations.

A propos des Mompreneurs… En France, le réseau des Mompreneurs créé par Céline Fénié, créatrice du site Maman Shopping, compte 2000 membres dans toute la France. Le mouvement vient des Etats-Unis. Les mères de famille américaines pour qui il est beaucoup plus difficile de faire garder les enfants qu’en France, ont décidé de se regrouper. Aujourd’hui, elles sont là-bas plus de 7 millions de mompreneurs. www.les-mompreneurs.com

MamCafé Breizh à la Cantine Numérique de Rennes - 10 janvier 2011 27


Nathalie Cordeaux Communicante depuis plus 15 ans, Nathalie Cordeaux-Dulac est une bloggeuse avertie mais également créatrice d’entreprise. Passionnée par le Web, les réseaux sociaux et les mots, elle a fondé Corpor@tement Vôtre en 2009, et s’est spécialisée dans la création de blogs corporate et l’accompagnement des entreprises sur les réseaux sociaux. www.corporatementvotre.com

« J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante » Entretien avec Nathalie, blogueuse et créatrice d’entreprise par Priscilla Gout Nathalie, tu as créé ton entreprise en 2011, quelles ont été les étapes de cette création ? En fait mon entreprise a été officiellement immatriculée le 2 janvier de cette année mais elle existe réellement depuis octobre 2009… Licenciée fin 2008, j’ai bénéficié d’une CRP (Convention de Reclassement Personnalisé). 8 mois d’un programme personnalisé pour tenter de me recaser qui, au final, ont abouti sur un parcours de création d’entreprise. J’ai eu la chance d’avoir une référente compétente qui m’a dirigée vers un parcours accompagné dans le cadre du NACRE (Nouvel Accompagnement pour la Création et la Reprise d’Entreprises). Mon choix de l’organisme pour cet accompagnement s’est porté sur une Couveuse d’Entreprises pour deux raisons : la formation dispensée et la possibilité de tester en conditions réelles mon activité. Aujourd’hui, j’ai officiellement immatriculé Corpor@ tement Vôtre ou plutôt non… Je me suis immatriculée comme Auto-Entrepreneur, Corpor@tement Vôtre n’existe que pour l’INPI. Je suis donc Conseillère en Communication Numérique Interactive et j’exerce en profession libérale.

Pourquoi t’être reconvertie et avoir voulu créer ta propre entreprise ? Je ne me suis pas reconvertie à proprement dit, je travaille depuis plus de 15 ans dans la communication et le Web est une passion de toujours. Ma reconversion vient véritablement de mon statut de salarié vers celui de chef d’entreprise. J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante mais je n’ai jamais osé franchir le pas. Pas la bonne idée, pas

les moyens, pas le bon moment, pas assez de soutien… Et soyons honnête, créer sa boite, ça fiche la trouille ! Et puis, à 45 ans, j’ai décidé qu’il était temps de ne plus faire que ce que j’aime. Convertir ma passion pour la communication et le Web en fil rouge professionnel s’est imposé rapidement. Ceci combiné à de nombreux changements dans ma vie perso, toutes les conditions se trouvaient rassemblées pour me lancer…

Avoir créé ta boite a-t-il changé la donne sur le plan de la conciliation vie pro/vie perso ? Oui beaucoup ! Côté organisation vie pro/vie perso c’est idéalement ce que je recherchais. Pouvoir gérer les impondérables familiaux, régler les urgences d’intendance, s’absenter et rattraper quand on veut. Cette liberté m’est très chère mais elle a ses revers… Je ne sais pas si c’est parce que je démarre que je donne plus pour mettre toutes les chances de mon côté mais toujours est-il que je travaille plus que de raison. Et cette situation est à mon avis très largement « aggravée » par le fait que je travaille depuis la maison et en couple ! Certes plus libre donc, mais je ne laisse pas mes responsabilités au bureau, je ne les transmets pas à ma hiérarchie. Mes responsabilités, mes obligations, mes peurs me suivent toute la journée.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans ton parcours de création ? Sans aucun doute, le sentiment lancinant d’incertitude et de danger. Le parcours de création en lui-même s’est techniquement bien déroulé, j’ai été accompagnée, 28


soutenue, conseillée. J’ai évité des écueils, j’ai trouvé des réponses, j’ai posé les bases et les bonnes… Mais tout cela n’enlève pas les incertitudes qui reviennent de façon récurrente. On a beau être sûre de soi, de son projet, de ses capacités, le fait d’être seule avec un enfant fragilise la motivation parfois… Je reste persuadée qu’une femme seule avec un enfant doit doubler ses capacités pour entreprendre. Mais au cours de mon parcours, j’ai eu le bonheur de rencontrer mon conjoint qui est devenu mon partenaire professionnel. Depuis lors je me sens un peu plus en sécurité, il y en aura toujours un des deux pour rebondir, pour rassurer et soutenir l’autre, pour équilibrer…

Même la plus dure des féministes ne peut nier qu’il a des domaines plus féminins que d’autres. Maintenant je ne m’arrête pas au sexe du blogueur (drôle d’expression tiens !) A titre perso, je lis ce qui me touche, m’intéresse, me questionne, peu importe que cela soit une femme ou un homme. Côté pro… tant que les compétences sont là…

Parlons « réseautage », tu es présente sur les réseaux sociaux, tu tiens cinq blogs… Est-ce important pour se faire connaître ? Sur le plan personnel, et dans le cadre du projet de création, cela pallie évidemment à la solitude et au manque de motivation. Côté professionnel, les échanges sont enrichissants et peuvent aboutir sur d’autres projets, des associations ou des partenariats. Je réseaute personnellement de deux façons différentes : en virtuel via Twitter, Facebook, Viadeo, Linkedin et d’autres… Et en réel via des Clubs professionnels, des conférences ou des rencontres entre Twitterriens… Et je pense que les deux sont nécessaires. Le réseau m’aide indéniablement à améliorer mon référencement personnel sur les moteurs de recherche. Aujourd’hui, tous mes clients viennent de mes réseaux Twitter et Viadeo sans que je n’aie eu à prospecter. Le réseau est donc une formidable vitrine de compétences !

« Le réseau est nécessaire pour un entrepreneur homme comme femme.»

Plus généralement, quel est ton regard sur la blogosphère féminine ? Car vous êtes finalement peu nombreuses à parler « web »… Pour moi, si on se lance dans un blog c’est qu’on a une passion à partager, une histoire à raconter. Quoi de plus naturel que des femmes partageant des passions comme la mode, la cuisine, les enfants ? Rares sont celles qui ont une passion pour la F1 ;-). 29


Sophie-Antoine Dautremant D’abord consultante chez Cap Gemini, Sophie-Antoine Dautremant a co-fondé Recrutae en 2003 avec Xavier Grangier. Elle est aujourd’hui responsable des contenus et de la gestion commerciale de cette société qui développe et édite des services web de recrutement en ligne. Parmi leurs réalisations, on trouve : easy-CV.com, BuroRH.com, TweetEmploi.com et leurs applications respectives sur Facebook et iPhone. Sophie-Antoine est également très active sur les réseaux sociaux comme Viadeo et LinkedIn et sur Twitter. www.recrutae.com

« Pourquoi je me suis lancée dans l’entrepreneuriat… » par Sophie-Antoine Dautremant, cofondatrice de Recrutae De manière générale je considère que l’on doit être chacun “entrepreneur de sa vie”. L’entreprise peut être aussi bien sa propre société qu’une société tierce, il faut avant tout que le projet soit engageant et motivant, et qu’il permette de déployer ses forces vers un objectif dont les conséquences pourront apporter de la satisfaction. C’est parce que l’on place trop souvent l’entreprenariat dans un modèle assez masculin de conquête qui peut effrayer beaucoup de femmes, car elles ne s’y identifient pas. Entreprendre c’est aussi, et avant tout à mon sens, se réaliser. Par ailleurs ce n’est pas une fin en soi, un but ultime, c’est uniquement un moyen.

« On place trop souvent l’entreprenariat dans un modèle assez masculin de conquête qui peut effrayer beaucoup de femmes »

le sentiment d’être seul... Mais après tout, ces aspects sont communs à bien des projets et à bien des femmes de nos jours quand on voit le nombre d’entre elles qui mènent de front vie professionnelle et vie familiale ! L’entreprenariat est donc à la portée de toutes si l’idée et l’envie sont là (la validation de la viabilité du projet est bien entendu un pré requis). Des différences existent cependant pour l’entreprenariat « au féminin » : des sacrifices sont à envisager et le temps peut être long avant de transformer ses efforts en réussite. Pour beaucoup de femmes, il peut donc paraître plus confortable d’être salariée pour le quotidien familial. Mais c’est la passion qui mène la danse et c’est la passion qui anime tout entrepreneur. Si elle est là, on a alors les moyens de franchir le cap de l’entreprenariat, et si elle n’est pas là, ce n’est pas grave, il y a bien d’autres moyens de s’épanouir dans sa vie professionnelle, fort heureusement !

J’ai créé Recrutae avec des idées de services différents de ceux qui existaient. Par conséquent à ce moment-là l’entreprenariat était le moyen de faire avancer ces idées. Mais pour autant on peut avoir des idées et entreprendre en entreprise, sans avoir le titre d’“entrepreneur” (en fonction des cultures des entreprises) et on peut alterner dans sa vie professionnelle “pur entreprenariat” et “projets en entreprise”. Il est vrai que l’entreprenariat est un peu un parcours de combattant, où il faut savoir s’adapter, convaincre, avoir plusieurs casquettes et où l’on peut avoir par moment 30


Nora Esnault Nora Esnault, 30 ans et maman de deux jeunes enfants, a fondé en mars 2009 « Entrepreneuses Mag », le 1er média de l’entrepreneuriat féminin ainsi que le Prix de l’Entrepreneuse, 1ère distinction nationale pour les créatrices d’entreprises. Elle adhère également aux réseaux « Mompreneurs » et « Maman travaille ». Actuellement, elle travaille sur de nouveaux projets de création d’entreprise et sur la 3ème édition du Prix de l’Entrepreneuse. entrepreneusesmag.typepad.com

« Les entrepreneuses ont besoin de se mettre en réseau » par Priscilla Gout Comment avez-vous été amenée à créer le blog entrepreneusesmag.typepad.com ?

Créer son entreprise est-elle une solution sur mesure pour l’emploi des femmes ?

D’abord assistante de direction dans une grande entreprise pendant 10 ans, j’ai par la suite créé un site de e-commerce. Grâce à cette dernière expérience, j’ai pu réaliser mon rêve mais aussi prendre conscience des difficultés de la création d’entreprise. Le manque d’informations, notamment sur les aides spécifiques pour les femmes, sur les nombreux réseaux qui existent, mais aussi sur le manque de « modèles » d’expériences, m’ont donné envie de développer un média sur l’entrepreneuriat dédié aux femmes. J’ai souhaité utiliser cette tribune pour mettre en avant des expériences d’entrepreneuses et annoncer les événements qui leurs sont consacrés ou qui peuvent fortement les intéresser pour développer leur business. Les femmes ne sont pas assez médiatisées, alors plutôt que d’attendre la presse, j’ai préféré créer un outil de communication sur-mesure.

La création d’entreprise est une aventure passionnante et les femmes y trouvent beaucoup d’avantages, notamment en termes de souplesse dans l’organisation ou encore parce que leur carrière tourne au ralenti. Toutefois, il faut être réaliste et bien intégrer le fait que cela demande un travail important, qui contraint à ne plus compter son temps (travail le soir, le week-end, en vacances…) pour permettre justement d’être davantage disponible à d’autres moments pour sa famille. La création d’entreprise est aussi un risque financier qu’il faut être prêt à affronter. Il ne faut pas se lancer tête baissée mais plutôt étudier les plus et les moins pour éviter les déconvenues.

Quelles sont les principales préoccupations des porteuses de projet et des créatrices ? Les entrepreneuses ont besoin d’être informées, formées, de communiquer et de se mettre en réseau : de nombreux besoins qui ne sont pas forcément prioritaires au premier abord, et qui sont pourtant indispensables pour s’épanouir et développer ses affaires. Il faut prendre en compte ces aspects et y consacrer du temps, ce qui n’est pas toujours évident dans l’organisation de sa vie professionnelle et privée.

« En France, 30% des créateurs sont des femmes, alors qu’aux Etats-Unis ou au Canada, elles représentent 50% des créateurs »

Pourquoi est-il nécessaire de promouvoir l’entrepreneuriat féminin ? L’entrepreneuriat féminin français est bien moins représentatif que dans d’autres pays. C’est pourquoi il est nécessaire de s’intéresser de plus près à ce phénomène et d’encourager celles qui en auraient l’envie, de créer leur entreprise. Cette activité économique ne doit pas rester un sujet inconnu et si peu investi par les femmes car elles peuvent y trouver leur place et réaliser de beaux succès. 31


Coaching et ÂŤpersonal brandingÂť


Fadhila Brahimi Fadhila Brahimi a fondé et dirige la société FB-Associés spécialisée dans l’accompagnement en stratégie de présence. Elle est aussi Responsable éditoriale du Blog Personal Branding. Son métier est d’accompagner les personnalités publiques, les entreprises et leurs organisations en mutation, plus précisément dans l’utilisation stratégique du Web pour gérer leur notoriété et leur réputation. www.blogpersonalbranding.com twitter.com/FBRAHIMI

L’ennemi n°1 de la femme, c’est la femme ! Comment peut-elle devenir sa meilleure amie et affirmer sa personnalité ? “Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ?” 1 Ce n’est pas un constat biologique ou neurologique mais le conditionnement culturel et éducatif que la société alimente depuis qu’il nous est offert de penser. En somme, si les filles jouaient aux gendarmes et aux voleurs dans la cour de récréation ; elles seraient probablement plus combatives et plus en confiance dans les arènes politico-économiques. Les femmes luttent pour abolir les inégalités sans avoir les mêmes aspirations. Elles ont autant de luttes à mener dans la société qu’auprès de leur environnement proche, pour elles-mêmes voire entre-elles. Et si ces inégalités ne se trouvaient pas seulement au niveau de la parité mais aussi dans la vision que les femmes ont de la réussite ? Et vous, quelle serait votre vision de la réussite ? C’est en répondant à cette question que vous pourrez affirmer votre identité, prendre des décisions et bâtir un projet de vie en adéquation avec votre personnalité… Toutes les femmes n’aspirent pas ou ne seront pas des femmes d’exception primées aux Women’s Awards ou bien des travailleuses à mi-temps ou encore mère au foyer à plein temps. Aujourd’hui, les dispositions sociales (crèche d’entreprise, télétravail, valorisation du temps partiel, etc.) ne favorisent pas le choix délibéré. La configuration familiale a changé mais les pressions sociales sont encore très fortes. Cependant, les contraintes ne sont pas qu’externes à notre volonté. Elles résident aussi dans ce que nous nous autorisations à rêver, à agir, à porter et à assumer 366 jours par an !

Gandhi disait : « Vous devez être le changement que vous voulez voir dans le monde »… Et si vous commenciez à oser et à vous révéler pour vous mêmes ?

1. Libérez-vous des « dragons » : idées reçues, préjugés, auto-censure... La littérature sur les différences entre les hommes et les femmes est extrêmement dense. Elle tend à décrypter les excellences de la femme en les comparant à celles des hommes. Ainsi, la femme serait douée pour la communication et la persuasion, elle serait intuitive et influençable, portée par l’épanouissement… Selon, Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice de recherche à l’institut Pasteur2 , toutes les études sur le cerveau démontrent que ce sont la culture et l’éducation qui dictent les aptitudes mentales des femmes. Rien d’acquis donc ! Les femmes auraient autant de capacité que les hommes. Jung3 affirmait même que les femmes comme les hommes avaient en eux une part féminine, « l’anima » et, une part masculine, « l’animus ». La structure et le fonctionnement du cerveau se constitue en fonction de l’histoire de chacun. Estime de soi, création d’un environnement favorable et travail sur soi sont des clefs indispensables pour se construire ses propres potentiels. Mais les idées reçues et les stéréotypes de genres constituent un frein. L’éducation nous dicte notre rôle dans la société Les femmes occidentales ont d’abord connu l’éducation religieuse avant de flirter avec l’art. Et même lorsqu’il fut question de se préoccuper de leurs éducations au XVIIème siècle, le Traité de l’éducation des filles de Fénelon révélait que l’éducation des filles était

Titre du livre “Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ? “[Broché] d’ Allan Pease et de Barbara Pease http://www.tedxparis.com/catherine-vidal-le-cerveau-a-t-il-un-sexe 3 Carl Gustav Jung est un médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse né le 26 juillet 1875 mort le 6 juin 1961 1 2

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« Jeunes Filles, prenez-en de la graine ! » - Extraits d’un manuel scolaire de 1960 une priorité publique car elles influençaient les moeurs, les vertus et le mode de vie des garçons. Cette fonction est ancrée dans la conscience collective au point que les femmes culpabilisent lorsqu’elles reprennent le chemin du travail aux lendemains d’un accouchement ou qu’elles occupent leurs RTT à « se taper journée de fille ». De plus, « la société porte un regard sceptique ou amusant »4 sur les hommes au foyer …. La culture guide nos décisions et nos trajectoires Au XXIème, on pense qu’une femme mariée qui porte son nom de jeune fille comme nom de famille, rejette les us admis comme obligatoires. Que celle qui opte pour une sexualité différente des codes dits de « normalité » ou celle qui n’alimente pas en simultanée son livret de famille et son CV est une femme sans ambition, carriériste ou rebelle. Les femmes sont prises en étau 4 5

entre l’image idéale dictée par la société, celle qu’elles refusent d’être et celle qu’elles veulent être pour être appréciées ou encore celles qu’elles n’osent pas être. Les femmes sont « pluralité » Alors que nous luttons fermement pour la parité dans les plus hautes instances (politiques, économiques, institutionnelles, etc.) et pour l’égalité professionnelle dans l’emploi (accès à la formation et l’emploi, à la promotion, à une rémunération égale…), seules 60% des femmes accepteraient d’avoir plus de responsabilité au travail5 . 6 femmes sur 10 refusent d’avoir plus de responsabilités professionnelles parce qu’elles éprouvent des difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle. Les trois quarts d’entres-elles travaillent en premier, pour bénéficier d’une indépendance financière et, en second, pour réaliser des projets.

“Le Père est une mère comme les autres” de Damien Lorton Observatoire Cegos sur les femmes au travail, étude menée en sept.2010 qui croise les avis de 900 femmes et 166 directeurs des ressources humaines (dont 47% de femmes)

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2. Oser être audacieuse ! Le 8 novembre 2010 à la cérémonie de remise de la 1ère édition de La Tribune Women’s Awards au Théâtre Marigny (Paris), les 7 lauréates affirmaient qu’elles devaient leur réussite à trois actions : Cultiver sa part de féminité Si la biologie et les neurosciences ne font pas de distinction entre les capacités des hommes et celles des femmes, on peut attribuer à « féminité » le qualificatif « féminin ». Dans ce cadre, on reconnait comme féminines les qualités qui permettent d’accueillir ce qui est et ce qui vient, à la manière d’une coupe largement ouverte sur l’univers. Ces traits ne sont pas exclusifs à un sexe, mais seulement prédominants.…. Les attributs plus spécifiques de la femme seraient : l’accueil, la réceptivité, l’altruisme, la tendresse, l’empathie, la sensibilité, la délicatesse, la patience, la compréhension et la collaboration… Les qualités du féminin sont amour, union, fusion, générosité, tendresse, compassion”6.

développer une vie familiale épanouissante ». La femme 2010 veut être partout. Le défi majeur de la femme aujourd’hui est de pouvoir concilier sa maternité et sa carrière. Elle ne veut plus choisir mais aménager son temps de travail et ses priorités. Mais à quel moment s’interroge-t-elle sur le temps qu’elle accorde à son propre épanouissement ? A la Tribune Women’s Awards, les femmes affirmaient toutes qu’elles devaient leur succès à la mise en place de rendez-vous réguliers avec un coach, un mentor... Des pauses qui leur permettaient de sortir du cadre de femme-mère-amante pour être un instant qu’un être humain ayant besoin de se régénérer loin des responsabilités et de la to do list journalière.

Affirmez votre personnalité ! Après le succès de la pièce « Célibattante », Blandine Métayer, a décidé d’interroger une quarantaine de femmes cadres. Sur la base de ces interviews, elle joue depuis septembre dernier « Je Suis Top », une pièce de théâtre qui met en scène une femme, cadre, mère de famille. En apportant un « regard acerbe, amusé, tendre mais sans concessions sur les rouages de notre société, et de la vie en entreprise », elle dévoile comment elle a percé le plafond de verre en 7 points :

Dépasser les préjugés En août 2010, le journal Les Echos a publié un dossier exceptionnel retraçant le parcours de femmes7 qui ont osé braver les idées préconçues et des environnements austères jusqu’à impacter l’économie. Oprah Winfrey, Jeanne lanvin, Marthe Hanau, Marguerite Boucicaut, Ruth Handler, La Montpansier... Des femmes qui n’ont pas été épargnées par les obstacles. Elles se sont pas toutes nées avec « une cuillère d’argent dans la bouche mais avec un panier de linge sur la tête » dixit, Maggie Lena Walker, la première femme à fonder et à diriger un établissement bancaire aux Etats-Unis. Divorcée, vivant chez sa mère avec son jeune fils, Brownie Wise a crée les fameuses réunions Tupperware alors qu’elle était en quête de revenus supplémentaires. Même si sa tentative entrepreneuriale a échoué, elle a révolutionné les pratiques commerciales aux Etats-Unis alors qu’elle venait d’un milieu modeste. En ce moment, on attribue aux femmes tunisiennes et égyptiennes un rôle prépondérant dans le déclenchement des événements et dans la construction de l’avenir dans ces pays alors qu’elles n’occupent pas ou peu de hautes fonctions. S’offrir des rendez-vous avec soi En mars 2010, le magazine AuFeminin.com publiait le résultat d’une étude8 qui visait à définir le profil type de la femme des années 2010. D’après cette enquête la femme 2010 est une femme « active, fortement impliquée dans la vie professionnelle, désireuse de

- Mettre en avant ses points forts : la femme doit s’appuyer sur ses qualités et ses talents et cesser de s’attribuer des défis plus importants qu’à ceux des hommes. - Parler de ses réussites et éviter que croire que leurs existences seules suffisent à les valoriser. - Affuter son sens politique, c’est-à-dire, développer son propre lobbying, avoir une approche structurée et organisée, décoder les cercles d’influence... - S’accepter telle que l’on est avec ses forces, ses faiblesses, ses rêves et ses contraintes. - S’impliquer dans des réseaux (vie physique et vie virtuelle) et accroître son cercle d’influence. - Travailler son image : apprendre à valoriser son apparence physique et à avoir une attitude assurée en fonction de sa personnalité. - Établir une stratégie globale pour réaliser ses projets de vie personnelle et professionnelle, sociale et familiale.

Définition Wikipédia de “Féminité” http://fr.wikipedia.org/wiki F%C3%A9minit%C3%A9

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http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/020662333222-cesfemmes-qui-ont-change-l-economie.htm

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http://www.aufeminin.com/debats-de-societes/enquete-femme-active2010-d12106.html

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Conclusion : le web, nouveau challenge des femmes ! Pour une femme, construire une marque personnelle afin de se différencier et créer une empreinte singulière et personnelle, passe indéniablement par l’acceptation de ses particularités. En août 2010, Comscore a rédigé un « livre blanc» 9 sur la question de l’usage du web par les femmes intitulé « How Women are Shaping the Internet ». D’après le magazine «Regards sur le Numérique», l’étude révèle plusieurs tendances que voici : - les femmes sont devenues la norme numérique : les publicitaires pensent que les sites de magazines féminins sont les meilleurs endroits pour toucher les femmes en ligne. - les femmes sont plus engagées que les hommes sur Internet. Elles y écrivent leur propre histoire sur les réseaux sociaux (16,3% du temps passé en ligne), sur les messageries instantanées et les sites communautaires. - les réseaux sociaux au coeur de la pratique féminine. Les femmes s’approprient les réseaux sociaux d’une manière différente des hommes notamment en y passant significativement plus de temps. - l’explosion des réseaux sociaux a favorisé l’émergence de nouvelles pratiques et de nouvelles activités chez des femmes de tout âge : principalement le partage de photos, les jeux, la vidéo et la messagerie instantanée. - les femmes achètent plus que les hommes en ligne. Les femmes utilisent plus Internet que les hommes pour leurs transactions et elles dépensent significativement plus. - les stéréotypes s’atténuent. Les femmes gèrent autant leurs comptes en ligne et s’engagent dans les « services en ligne » comme les hommes. Les rédactrices de cette étude concluent : « Une fois que les femmes se connectent, elles s’engagent ; une fois qu’elles s’engagent, elles étreignent ; une fois qu’elles étreignent, elles pilotent. Et c’est le futur. Internet : c’est l’œuvre des femmes. »

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http://www.rslnmag.fr/blog/2010/8/24/les-femmes_ces-internautes-un-peu-plus-en-avance-que-les-autres

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Sylvaine Pascual Coach en développement personnel, spécialiste de la reconversion professionnelle. Sylvaine Pascual aborde les questions professionnelles sous un triple angle relationnel : relation à soi (estime de soi, confiance en soi), relation à l’autre et relation au travail. www.ithaquecoaching.com

Le coaching permet aux femmes de se libérer En dehors de ce que le coaching apporte à tout un chacun dans le cadre personnel ou professionnel, il peut aussi permettre aux femmes de se libérer d’un certain nombre de clichés qui brident leurs ambitions et entravent leur évolution au sein de l’entreprise. Si l’on déplore le peu de femmes engagées en politique ou à la tête des entreprises, c’est sans doute le manque d’envie engendré par les idées reçues sur le rôle de la femme qui en est le principal responsable. Car une femme qui a envie est un être humain comme les autres : elle trouve alors des moyens de parvenir à ses fins.

Déculpabiliser L’image moderne de la super woman à la fois mère parfaite et infatigable, épouse dévouée, sexuellement épanouie et libérée, qui entretient son corps et son look, professionnelle irréprochable (souvent limitée à la working girl quand même, trop de responsabilités, ça nuirait à son engagement familial) est ultra culpabilisante. Il est à l’évidence impossible de répondre à de telles exigences, et privilégier l’une revient à négliger l’autre. Ce qui à son tour contribue à entretenir une vision très ancrée dans l’inconscient collectif : on associe encore souvent une femme avec un poste à responsabilité avec une égoïste qui a sacrifié ses enfants sur l’autel de la réussite professionnelle. Ca fait beaucoup d’idées reçues et se schémas étriqués dans lesquels il est impossible de caser ses limites et imperfections en même temps que ses désirs et aspirations. Et le sentiment de culpabilité généré est souvent un frein à l’évolution professionnelle car il s’en prend directement aux seconds pour privilégier le dépassement obligatoire des premiers.

Se réapproprier ses désirs

dans les habits de leurs moufflets, on se dit que bien des clichés anté-ferroviaires ne sont pas près de mourir, ni même de leur laisser la liberté de faire leurs propres choix. Pour nombre d’entre elles, il s’agit donc de commencer par s’autoriser et se réapproprier leurs désirs, sans complexes, en fonction de leurs aspirations, de leurs valeurs et de leurs envies, plutôt qu’en fonction de l’increvable image d’Epinal version mère-dévouée-fée-du-logis.

Créer une identité professionnelle propre Lorsque ces désirs sont de l’ordre de l’ambition professionnelle, l’étape suivante consiste à développer ou renforcer en chacune la capacité à s’affirmer, à affirmer ses choix, ses désirs, ses opinions, son autorité si besoin. Et le tout en tant que personne avec ses caractéristiques propres, plutôt qu’en tant que femme, car cela reviendrait à continuer de perpétuer des généralisations abusives qui nient l’unicité de chacun et sont davantage le fait d’héritages sociaux-culturels que des vérités naturelles. Disons-le tout net : hommes et femmes viennent tous de la Terre et chacun a pris ce qu’il a trouvé sur son passage. C’est cette capacité à être soi qui permettra de construire une identité professionnelle propre, en fonction de ses convictions et de sa personnalité, et de trouver sa place au sein de l’entreprise avec confiance et assurance.

Développer les compétences Restent ensuite tous les apports habituels du coaching, qui concernent autant les femmes que les hommes  : le développement des compétences relationnelles, managériales, communicationnelles, organisationnelles etc. Ce qui inclue bien entendu la conciliation vie professionnelle et vie privée.

Quand les médias et au fond toute la société renvoient aux femmes l’idée que leur rôle consiste à « mettre du doux » 37


SOYEZ COMBATTANTE ! par Shug

par Shug : enpleintravail.blogspot.com

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L’intérêt de développer une stratégie de visibilité sur le web : «Vous n’êtes pas une femme, vous êtes un candidat !» par Sophie-Antoine Dautremant Au risque de choquer, voici quelques conseils pour créer et gérer son CV ou profil en ligne lorsqu’on est une femme. Le but n’est pas tant de gommer sa féminité que de mettre en avant ses compétences et ainsi, de maximiser les chances d’être trouvée via les moteurs de recherche, objectif n°1 de toute présence en ligne...

Oublier la féminisation des postes Ceci par exemple si vous êtes « pharmacien ». La pharmacienne étant plutôt considérée comme l’épouse du pharmacien… Il faut savoir qu’un recruteur cherche plus souvent les mots « directeur marketing » que « directrice » et tous les moteurs ne prennent malheureusement pas bien en compte les variations féminin/masculin, même s’ils sont de plus en plus performants (en fonction des sites).

Clarté et pureté plutôt que fantaisie On peut être originale sans être fantaisiste, utiliser des couleurs pour mettre en avant des titres ou points importants, sans publier pour autant un CV rose bonbon parce que c’est la couleur que l’on aime. Sauf à rechercher un poste dans un secteur qui s’y prête, on évitera donc de transformer sa mise en page en magazine de mode. Par ailleurs c’est aussi une tendance générale que de préférer des présentations épurées à des pages surchargées d’informations (ex : site d’Apple, de 37signals.com...).

Préférer les verbes ou les mots d’actions aux adjectifs Cela évite d’avoir à accorder les adjectifs. Il est toujours plus impactant de dire que vous savez « organiser, conseiller, communiquer... » ou que vous avez des expériences en « organisation, communication, conseil... » plutôt que de dire que vous êtes « une personne organisée, conseillère, communicante... ». Et là encore l’orientation « moteurs de recherche » prend du sens, puisque l’on y cherche des mots-clés.

Avoir des centres d’intérêts et non des loisirs Cette partie est à exploiter uniquement si elle peut apporter de la valeur à vos compétences. Bien entendu les voyages vont pouvoir souligner des capacités linguistiques, mais seulement s’il ne s’agit pas de séjours au Club Med. Lecture, natation, danse sont très bien pour votre équilibre personnel mais est-ce que cela vous permet de façon déterminante d’être meilleure dans votre travail ?

Fotolia.com ©Yuri Arcurs

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Femmes et rĂŠseaux


Emmanuelle Gagliardi Co-auteure du Guide des Clubs et Réseaux au féminin (édition du Cherche Midi, 2007), Emmanuelle est aussi la fondatrice du site interdit-aux-hommes.net dédié au networking féminin. Elle a lancé en avril 2009, L/ONTOP, le premier mensuel business féminin. Emmanuelle travaille également avec les entreprises « women friendly » auxquelles elle propose des outils d’accompagnement de la mixité. Elle organise régulièrement des rencontres et colloques de femmes au top et participe à de nombreux débats et tables rondes. www.l-ontop.com

Les réseaux de femmes Historique des réseaux féminins S’ils sont aujourd’hui très largement médiatisés, leur apparition ne date pas d’hier. Très tôt, les femmes, maintenues à l’écart des grands réseaux comme le Rotary Club jusqu’en 1987, ont du s’organiser. Ainsi, le Soroptimist Club est-il apparu en France dès 1924 et fut l’un des premiers club d’entraide au féminin de l’hexagone, fortement investi sur des thématiques solidaires et culturelles, et regroupant à l’époque de nombreuses artistes. En 1929, c’est l’Union Féminine des Carrières Libérales et Commerciales qui est créé, peut après sa grande sœur américaine. Yvonne Foinant, première femme élue à la chambre de commerce de Paris, lance à son tour le réseau des Femmes Chef d’Entreprise en 1945. Progressivement, les femmes s’organisent par profession, toujours en réaction à des situations d’inégalité. Les architectes interdites de concours se regroupent, les médecins font de même et aujourd’hui, même les femmes business angels, toisées par leurs homologues masculins, s’unissent afin d’investir dans les starts up de leur choix. En 2000, les femmes actives de 35-40 ans, réalisant la difficulté de l’ascension professionnelle au féminin, comparé au parcours linéaire de leurs collègues masculins, se regroupent au travers des réseaux d’écoles et d’entreprises. Internet et l’explosion des réseaux sociaux formera la dernière vague de cette déferlante qui n’épargne maintenant plus aucun secteur.

Pourquoi intégrer un réseau féminin ? Les réseaux féminins sont les seuls à répondre aux problématiques spécifiques des carrières au féminin et à leur rythme cyclique. Ils permettent aux femmes de sortir

de l’isolement, d’exposer leurs doutes et difficultés dans un univers bienveillant, tout en créant des liens business forts. Alors qu’ils portent parfois l’image de réunions Tupperware, ou Tea parties, ils sont de véritables accélérateurs de carrière.

Les différents types de réseaux Les réseaux « d’anciennes » : HEC, Polytechnique, Dauphine, Sciences Po… Beaucoup de grandes écoles et universités possèdent des réseaux Alumni au féminin créés par des anciennes soucieuses d’avertir les jeunes générations de l’existence du plafond de verre. On s’y rencontre par thématique de travail, ou autour de femmes brillantes venues témoigner de leurs parcours. Les réseaux d’entreprise : réseaux lobbyistes internes aux entreprises, ils agissent sur les strates de résistances qui persistent dans ces structures, par le biais de sensibilisation sur les stéréotypes hommes/femmes et de formation/coaching, mise en place du mentoring... Ex : Accent sur Elles pour Accenture, InterpElles chez EDF, WE chez Areva… Les réseaux par métiers : (juristes, directrices de communication, ingénieures, architectes) ou par secteur (automobile, banque, immobilier, bâtiment…) sont d’une aide précieuse au quotidien, pour toutes questions techniques précises se rapportant à leur domaine d’activité. Ex : Les Elles de l’Auto, Union internationale des Femmes architectes, Femmes et Finance, Association française des femmes ingénieures… A noter, la percée récente des réseaux de femmes du net. A coté de Cyber Elles sont ainsi apparus : Girls inTech, Girlzinweb, Women & Mozilla, témoignant de l’intense activité des femmes sur la toile. 41


Les réseaux transversaux de femmes cadres : ils regroupent des membres de tout secteur et de toute fonction. Ils font réfléchir à la gestion de carrière au féminin et sollicitent de nombreux coachs pour intervenir lors d’ateliers pratiques. Ex : EPWN, HRM Women… Les réseaux d’entrepreneuses et de femmes dirigeantes : ils sont de plus en plus nombreux et font profiter à leurs membres de conseils clés concernant le passage de l’idée au projet, la structuration du business plan, la croissance de l’entreprise. Ex : Action’Elles, Cop’s&Co, Femmes chef d’entreprise, Les Mompreneurs… Les réseaux lobbyistes : ils poussent les instances nationales à légiférer, notamment sur la mixité, et à créer des outils de mesures. Certains d’entre eux participent également aux débats européens sur le genre. Ex : Action de Femmes, Arborus, BPW… Les réseaux de loisirs : sous couvert de rencontres autour d’une passion, ils constituent de réels réseaux d’entraide et d’échange de cartes de visite. Ex : Ladies Only pour le Golf, le Club des Amatrices de Cigares… Les fédérations de réseaux : les réseaux ont aujourd’hui de plus en plus tendance à tendre des passerelles entre eux. L’idée : mutualiser les énergies et créer des synergies. Pour accompagner cette dynamique, une plate forme inter-réseaux a même été lancée : www.connecting-women.net

Quelques groupements de réseaux Grandes écoles au féminin (GEF) organise régulièrement des petits déjeuners avec les patrons du CAC40, et sort des études largement médiatisées sur la réussite de ses diplômées. Du Rose dans le Gris, groupe accélérateur de mixité créé en 2005 par 6 réseaux de femmes cadres supérieures : Accent sur elle, Action de femmes, Administration moderne, Arborus, EPWN, et HRM Women. Son site épingle souvent le sexisme ordinaire des grandes entreprises et des médias. Interelles se réunit une fois par an, à l’occasion du 8 mars, pour faire le point sur l’avancée de la mixité dans chacune des 9 entreprises technologiques membres de son cercle. Financielles, lancé par MixCity de BNP Paribas, et Féminin by Société Générale, souhaite rendre visible les réseaux de femmes salariées de grandes banques et des assurances. Et … 43 réseaux de femmes cadres ont participé en 2009, au baromètre de confiance lancé par

Brigitte Grésy préalable au rapport sur l’égalité professionnelle, ce qui montre l’extraordinaire cohésion dont font preuve parfois les réseaux sur des sujets sensibles.

Le fonctionnement des réseaux Le mode de fonctionnement est globalement le même pour toutes les catégories de réseaux avec des réunions mensuelles sur une thématique donnée ou avec un invité extérieur qui intervient sur un sujet précis. Les thématiques de prédilection sont : articulation des temps de vie, inégalités des salaires, travail sur le leadership féminin, gestion d’équipes masculines, exercices sur la confiance en soi... Comment devenir membre ? Chaque réseau a sa propre politique d’intégration. Certaines sont inhérentes au type de réseau : sortir de telle école pour adhérer à son réseau, rejoindre celui de son entreprise, d’autres sont plus spécifiques, marrainage ou examen des candidatures libres. La plupart des adhésions sont payantes. Cela va de 30 et 300 euros par an. Choisir son réseau Il est intéressant de faire partie d’au moins trois réseaux. Un en lien avec ses études, un second en lien avec son entreprise ou son secteur, et un troisième plus transversal, qui permet d’élargir son champ d’action. Les colloques, conférences ou portes ouvertes sont de bonnes occasions pour discuter avec les membres et trouver réseau à son pied ! Cultiver le networking La plupart des femmes, même celles ayant obtenu des postes de direction, regrettent de n’avoir pas pu consacrer au cours de leurs carrières un temps de networking. Aujourd’hui, la prise de conscience survient à deux périodes clés : - à 35-40 ans, quand elles se retrouvent au pied du mur, avec des prises de décisions importantes à prendre par rapport à leur carrière et leur vie privée, - à 50-55 ans, lorsqu’elles ont atteint des postes à responsabilité et réalisent qu’en dehors de l’entreprise dans laquelle elles évoluent, leur carnet d’adresse transversal est peu fourni.

« Le réseau est une communauté d’entraide forte. De véritables amitiés peuvent se nouer.»

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Apprendre à réseauter Pour se faire repérer rapidement dans un réseau, il faut être capable de décliner son expertise en 2 phrases. Cela permet de se différencier et de faire en sorte que les autres membres se souviennent aisément de vous et vous recommandent à leurs propres contacts. Devenir membre d’un réseau en apportant spontanément son expertise aux autres adhérents leur donne envie de vous aider en retour. Il faut prévoir son stock de cartes de visite avant chaque rencontre. Et bien noter, sur celles que l’on vous transmet, les pour-actions qui en découlent. Enfin, surtout donnez votre feed-back sur les actions que vous avez pu engager suite aux conseils avisés. Par Emmanuelle Gagliardi – Directrice L/ONTOP, co-auteure du Guide des Clubs et Réseaux au féminin cherche midi 2007). Plus d’informations tous les mois dans L/ONTOP, sur www.interdit-aux-hommes.net et dans le Guide des Clubs et Réseaux au féminin (Cherche Midi Editeur).

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Laurence Roy Laurence Roy est Directeur technique ingénierie nucléaire chez Assystem. Elle fait également partie du réseau Femmes d’Energie créé il y a un an par le groupe. Pour elle, évoluer dans un milieu masculin n’a jamais été un problème. Mais, le métier d’ingénieur n’attire pas les jeunes femmes. C’est pour cela qu’il faut agir, et c’est la mission du réseau Femmes d’Energie dont elle fait partie. www.assystemrecrute.com/assystem/reseau.html

Femmes d’Energie d’Assystem : « les jeunes femmes doivent oser ! » par Priscilla Gout Laurence, revenons sur votre parcours professionnel… Je suis issue d’une formation d’ingénieur généraliste et j’ai commencé à travailler en 1996. Après une première expérience en tant que chef de projet pour une entreprise d’ingénierie suisse, j’ai rejoint Assystem, société pour laquelle je travaille depuis 10 ans. J’ai aujourd’hui une longue expérience en management d’équipe et gestion de projet pour le compte de clients industriels. J’ai donc l’habitude d’évoluer de façon permanente dans un milieu très masculin. Aujourd’hui je suis Directeur Technique sur une entité dédiée à l’ingénierie dans l’environnement Nucléaire : je suis en charge du soutien opérationnel technique sur l’ensemble des projets d’ingénierie en France et à l’international.

Évoluer dans ce milieu masculin dès l’école vous a-t-il posé problème ? Non, pas forcément… Masculin ne veut pas dire misogyne. Par contre, avec le recul et en travaillant sur la thématique des femmes en entreprise, je me suis rendue compte qu’il y a des aspects à prendre en compte quand on est une femme au milieu de nombreux hommes. C’est ce que nous essayons d’évoquer au sein du réseau. Pour ma part, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes pour qui être une femme est un élément positif et non un frein.

Le nombre d’étudiantes dans les écoles d’ingénieurs plafonne depuis 5-6 ans aux alentours de 27 %. Comment expliquer ce phénomène ?

Au sein du réseau, nous sommes justement partis de ce constat : aujourd’hui, les métiers d’ingénieurs ou à forte technicité présentent à priori peu d’intérêt pour les femmes, et même plus globalement pour les jeunes, ce qui est encore plus problématique ! Historiquement et culturellement, les postes techniques n’attirent pas les femmes. Elles ne sont ni attirées par ce côté qu’elles estiment «austère» ni par les responsabilités liées aux postes d’opérationnels ou de chefs de projets.

Comment est né le réseau Femmes d’Energie d’Assystem ? Nous faisons le constat tous les jours que la mixité de nos équipes apporte vraiment quelque chose de positif, une richesse. Le deuxième point est que nous sommes aujourd’hui face à de très forts besoins en recrutement dans le domaine du nucléaire, de l’automobile ou encore de l’aéronautique. Et l’ensemble des jeunes qui vont nous aider à pourvoir ces postes là ne peut résolument par être exclusivement masculin. Nous avons monté ce réseau il y a un an avec le soutien de la Direction Ressources Humaines, avec des personnes de différents âges et avec de différentes expériences, comme Martine Griffon-Fouco, membre du Directoire, qui fut la première femme à la tête d’une centrale nucléaire en France, ou moi-même et mes collègues qui avons une quinzaine d’années d’expérience.

Quels sont les objectifs du réseau Femmes d’Energie d’Assystem ? Premier objectif : il s’agit de développer une action volontariste pour recruter plus de femmes. Même si 44


aujourd’hui, le pourcentage d’effectif féminin d’Assystem se situe autour de 18%, et est donc relativement cohérent par rapport au taux de femmes dans les écoles. Deuxième objectif : augmenter le nombre de femmes aux postes à responsabilités, notamment dans les filières projet, technique et de management. Pour cela, nous favorisons l’échange entre les femmes au sein d’Assystem et encourageons les liens avec l’extérieur, que ce soit par le recrutement de profils féminins, en valorisant les parcours existants en interne ou encore en se connectant à d’autres réseaux. La mission du réseau est de «faire rayonner» les femmes déjà en poste chez nous.

« Il faut faire reprendre conscience aux femmes que les métiers d’ingénieurs techniques et de projet sont passionnants »

Pourquoi l’avez-vous intégré personnellement ? Lorsqu’Assystem est venu vers moi, j’ai vraiment eu un moment d’hésitation. J’ai évolué dans ce monde très masculin sans avoir vécu de problème majeur et je ne voulais pas être cataloguée. Je ne me reconnaissais pas dans une image, comment dire, trop «féministe». C’est surtout la mixité qui m’intéressait. En revanche, cela m’a permis de me rendre compte qu’effectivement, il faut mener des actions réelles et concrètes pour que des femmes nous rejoignent et accèdent à des postes à responsabilités, cela ne se fait pas naturellement.

Que diriez-vous à la jeune génération de femmes qui hésitent à se diriger vers les métiers techniques ? Déjà, il faut leur faire « reprendre » conscience que les métiers d’ingénieurs techniques et de projet sont passionnants ! Nous avons donc un rôle à jouer dans la valorisation de ces métiers qui sont très riches et qui correspondent bien aux femmes, car elles ont cette capacité à gérer ET des contraintes techniques ET des enjeux de management humain. L’autre point, c’est que les jeunes femmes doivent «oser». Franchement, quel est le risque ?

A propos du réseau : Les Femmes d’Energie, le réseau des femmes du Groupe Assystem est né en 2010 de la volonté de faire avancer la problématique de l’égalité, dans tous les métiers et secteurs du Groupe. Cette politique volontariste a trois objectifs majeurs : 1 - Valoriser les métiers de l’ingénierie auprès des femmes dans les écoles 2 - Recruter plus de femmes à des postes d’ingénieurs 3 - Augmenter le nombre de femmes à des postes à responsabilités Des rencontres sont organisées entre les femmes d’Assystem et la jeune génération d’ingénieurs. En interne, des référentes ont été désignées dans chaque pôle du groupe afin de porter et animer les actions sur le terrain tant en interne qu’en externe, accompagner, répondre aux questions des collaboratrices et les conseiller en matière d’orientation dans leur carrière.

Qu’est ce qui entrave la montée en compétences des femmes aujourd’hui selon vous ? Au sein de réseau Femmes d’Energie, nous nous sommes rendu compte que les grandes périodes positives professionnellement ont eu lieu à des moments également très forts personnellement (arrivée d’un enfant par exemple). Je n’idéalise pas, mais je dis souvent aux jeunes femmes qu’en acceptant un poste à responsabilités, on a aussi plus de latitude pour gérer son investissement au lieu de le subir. Et qu’on soit femme ou homme, occuper un poste à responsabilités est certes exigeant, mais très gratifiant. Il ne faut pas voir uniquement le possible stress lié à ce type de postes. La nécessité de s’engager existe déjà pour les postes situés «au bas de l’échelle». 45


Marie-Sophie Pawlak Ingénieure aujourd’hui Directrice des relations industrielles et internationales à l’Institut Supérieur de Mécanique de Paris Supméca, Marie-Sophie Pawlak a fondée l’association «Elles Bougent» en 2005. L’objectif : informer et sensibiliser les jeunes filles sur le métier d’ingénieur dans des secteurs traditionnellement masculins comme l’automobile, le ferroviaire, le spatial et la défense. La deuxième mission de l’association est de fédérer les marraines au sein d’un réseau inter-entreprise et de faire de l’échange de bonnes pratiques. www.ellesbougent.com

«Elles bougent» : promouvoir les métiers d’ingénieurs auprès des femmes par Priscilla Gout En France, plusieurs structures agissent pour féminiser les secteurs traditionnellement masculins. C’est le cas de l’association « Elles bougent », dont l’objectif est de faire découvrir aux jeunes filles les métiers d’ingénieures et techniciennes de l’automobile, de l’aéronautique, du spatial, du transport ferroviaire, du maritime et de l’énergie. En effet, malgré une relative parité entre filles et garçons en classe de terminale scientifique, seulement 17% des diplômes d’ingénieurs sont délivrés à des femmes aujourd’hui. Pour féminiser les équipes dans les entreprises, MarieSophie Pawlak, ingénieure et Directrice des relations industrielles et internationales à Supméca, a eu l’idée de fonder «Elles bougent»…

Quelle est la mission d’Elles bougent ?

L’idée de départ était de créer un club dans lequel les jeunes filles pourraient être en contact direct avec les femmes ingénieures de tous âges. A travers les témoignages de ces femmes, il s’agit de donner envie et de susciter des vocations chez des jeunes filles dans des métiers ou des secteurs dans lesquels elles ne penseraient pas faire carrière. L’association fonctionne grâce à des membres bienfaiteurs, qui sont des entreprises engagées en faveur de la mixité, ainsi que des établissements de l’enseignement supérieur. Elle se pose en trait d’union entre l’entreprise et le lycée. L’entreprise n’est pas présente dans les lycées, l’idée était donc de faire venir les filles en entreprise afin qu’elles découvrent concrètement ce qu’est le métier d’ingénieur.

En France, il semblerait que l’on n’oriente pas ou peu les filles vers les filières scientifiques... Pour moi, il y a deux sortes de freins à la présence des filles dans les métiers techniques. Nous sommes encore dans une société patriarcale, où le bricolage, la technique, les voitures sont l’affaire des garçons. Et cela se vérifie dans les magasins de jouets si vous comparez

les rayons filles et les rayons garçons… Il y a aussi le problème de l’orientation sexuée, de la part des parents comme des conseillers d’orientation. On conseille rarement à une fille de travailler dans le secteur automobile ou ce genre de choses, sauf si soi-même on y travaille. Et encore !

Entre le lycée et les postes d’ingénieurs, les filles semblent « se perdre en route ». Pourquoi ? En terminale S, on peut dire qu’il y a une quasi-parité. Mais seulement 10% des filles en terminales S se dirigent vers des études d’ingénieurs, que ce soit immédiatement après le Bac ou après Maths Sup et Maths Spé. 60% de ces lycéennes vont plutôt vers médecine ou vers des études en maths, en physique, en sciences ou du secteur paramédical. 30% se dirigent vers HEC ou le commerce et management. C’est pourquoi, si l’on veut avoir plus de femmes dans certains secteurs comme l’automobile par exemple, il faut agir en amont, c’est-à-dire dès l’orientation ! Car malgré tout ce qu’elles pourront faire, les filières techniques ne pourront de toute façon pas embaucher plus de femmes qu’il y en a dans les écoles.

Pourquoi aujourd’hui est-ce indispensable que le secteur se féminise ? Plusieurs études en ont fait le constat : plus l’entreprise est mixte, plus elle est performante. Elle est plus performante parce qu’elle réunira des approches techniques et des formes de management différentes. Une femme veillera plus à l’harmonie de l’équipe et aura tendance à arrondir un peu plus les angles tout en gardant en tête l’objectif, alors qu’un homme ira plutôt droit au but. Ce sont deux formes de management complémentaires. Une entreprise a besoin des deux. 46


Chapitre 4 En route vers la paritĂŠ...


Gaëlle Picut Journaliste et blogueuse, Gaëlle Picut, 37 ans, a 14 ans d’expérience en journalisme et en communication, 12 ans d’expérience maritale, 10 ans d’expérience parentale (x3) ! Depuis 2008, elle écrit sur son blog En Aparté, sur les thèmes de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle et des valeurs du travail. Elle travaille également comme pigiste spécialisée dans les thématiques emploi/économie et social pour différents médias nationaux ou régionaux (Entreprise & Carrières, Courrier Cadres, www.maviepro.fr, etc.) en-aparte.over-blog.com

Conciliation vie privée / vie professionnelle : des femmes témoignent Sur mon blog En aparté, je recueille régulièrement des témoignages de femmes actives sur la thématique de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Leurs parcours sont très différents. Certaines sont salariées à plein temps, d’autres à temps partiel, certaines exercent des professions libérales, d’autres ont créé leur propre activité, certaines ont des enfants (un, deux, trois, voire cinq !), d’autres non… Bref, les choix sont aussi multiples que le sont les priorités, les désirs, les personnalités de chacune. Mais pour toutes, l’équilibre entre vie personnelle et travail est un sujet qui leur tient à cœur et sur lequel elles s’interrogent. C’est avec beaucoup de sincérité et de générosité qu’elles ont accepté d’évoquer leurs parcours, leurs joies et leurs difficultés. Malgré cette très grande diversité, on note un certain nombre de constantes qui aident les femmes à mieux vivre cette difficile et souvent périlleuse articulation entre vie professionnelle et vie personnelle. Quelques éléments récurrents favorisent et facilitent une meilleure conciliation.

Les conditions à une bonne conciliation : - Un métier intéressant, choisi, qu’elles aiment et qui fasse sens, dont elles tirent fierté, valorisation et épanouissement personnel. - Lorsqu’elles sont salariées, elles signalent l’importance de la culture d’entreprise. Lorsqu’elles sont à temps partiel, elles apprécient lorsque leur manager ne les pénalise pas trop (mais cela n’est pas toujours le cas, loin de là…). - L’instauration d’une organisation «béton», la présence de relais familiaux, la capacité à déléguer certaines

tâches sans culpabilité. - Un conjoint qui participe aux tâches ménagères et familiales, et qui les soutient dans leurs choix, et une répartition dans le couple des contraintes liées au rôle de parent. - Elles soulignent l’importance de prendre les décisions à deux, d’en discuter dans le couple, afin que chacun cautionne et soutienne le plus possible les choix de l’autre. - Le fait d’accepter qu’il est impossible d’atteindre la perfection mais l’importance d’avoir le sentiment de faire au mieux, de bien vivre ses choix, ses décisions. Il s’agit d’assumer le mieux possible les concessions qu’elles ont faites, que ce soit dans leur vie personnelle ou professionnelle. - L’importance de définir ses priorités et d’être claire avec soi-même.

Une meilleure qualité de vie Les femmes que j’ai pu interviewer retirent en général une certaine fierté de cette conciliation, plutôt que de la culpabilité ou un sentiment de confrontation. Elles admettent qu’il s’agit d’un équilibre mouvant, fragile et qui peut et doit évoluer avec l’âge, celui des enfants, les opportunités professionnelles, etc. Celles qui ont fait le choix de l’indépendance expliquent avoir une plus grande charge de travail mais parallèlement une meilleure qualité de vie car elles ont plus de souplesse et de flexibilité dans leur emploi du temps. Mais j’ai pu constater qu’elles semblent davantage intéressées par le qualitatif que le quantitatif, que ce soit dans la sphère personnelle ou professionnelle. 48


Une part variable importante

Des axes d’amélioration… Une constatation assez générale exprimée par ces femmes : le peu de temps qu’elles ont pour elles-mêmes ! En général, c’est vis-à-vis d’elles-mêmes qu’elles font le plus de concessions ! Mais toutes disent accorder de l’importance à quelques moments rien qu’à elles ou à leur couple. Parmi les éléments sur lesquels elles aimeraient que les choses évoluent ou progressent, on peut citer : les problèmes de garde d’enfants, la souplesse dans les horaires, la compréhension de la part du management, le développement et la reconnaissance du travail à domicile et du télétravail, la flexibilité dans l’organisation du travail, la confiance de la hiérarchie, l’autonomie, etc. Pour les salariées, les éléments les plus handicapants sont les horaires à rallonge : certains managers peu compréhensifs, les déplacements, la mobilité géographique. Le présentéisme est très discriminant pour les femmes, la maternité encore trop souvent considérée comme un handicap...

Les femmes que j’ai interrogées parlent également de choses plus difficiles à quantifier, à faire évoluer telle que la charge mentale (qu’elles portent encore très largement), la disponibilité temporelle mais également psychologique, les temporalités différentes de la vie professionnelle et de la vie personnelle, notamment avec des enfants. Ce sont des femmes qui doutent souvent au moment d’une promotion ou d’un virage professionnel important, de crainte de bousculer l’équilibre mis en place. Des femmes qui évoquent rarement leur attrait pour le pouvoir en lui-même et qui ont parfois du mal à formuler leurs ambitions professionnelles. Mais ce sont aussi des femmes qui aiment que leur travail ait du sens et soit utile, qui souhaitent faire progresser leurs équipes, qui apprécient d’évoluer dans une bonne ambiance de travail, à la fois exigeantes et lucides. Des femmes qui veulent continuer à concilier les deux mais qui reconnaissent que cela n’est pas toujours facile au quotidien…

Lili la Baleine Verte - www.lililabaleineverte.fr 49


Le télétravail, une solution pour les mères de famille Chronique d’une télétravailleuse : Nathalie Cordeaux Nathalie, blogueuse et créatrice d’entreprise, a une longue expérience du télétravail. Une méthode de travail qui lui a beaucoup apporté en tant que mère de famille notamment et dont elle apprécie la souplesse. Mais télétravailler nécessite quelques ajustements. Non, le télétravail n’est pas fait pour toutes. Mais il peut s’avérer être une solution idéale pour les femmes en recherche d’une meilleure conciliation vie pro/vie perso, qui plus est lorsque l’on créé son entreprise. Avis à toutes les femmes qui rêvent d’être « autonomes, indépendantes et libres »…

Bénéfique pour tous Le télétravail est une méthode de travail encore relativement méconnue et donc inévitablement inexploitée alors qu’elle pourrait l’être si facilement. Prenons le premier de ses bienfaits avec la réduction des dépenses dues aux transports et donc la participation à la protection de l’environnement grâce à la diminution des émissions de CO2 (sans compter le stress des heures d’embouteillage, l’absentéisme dû aux grèves, les retards…). Ce à quoi vient s’ajouter l’équilibre rural/ urbain avec le maintien des emplois en campagnes ou en provinces (télétravailler depuis son bourg provincial pour une grosse boite parisienne sans devoir déménager par exemple) et nous voilà déjà avec deux belles raisons de développer la méthode…

Le culte de la présence physique du bureau Malheureusement freinées par l’omniprésence du salarié au bureau qui reste dans les esprits comme une condition de travail essentielle, synonyme de travail bien fait, de contrôle, de pouvoir hiérarchique. Et pourtant… A-t-on toujours besoin de nos jours d’être présent physiquement pour exercer son activité ? Pour certains jobs, la réponse est oui sans aucun doute, mais Internet et le NetWorking ont changé la donne. Il me semble évident que salariés et employeurs gagneraient à adopter le télétravail pour tant et tant de raisons, dont la productivité et la compétitivité forcément améliorées par un salarié épanoui… Et c’est encore plus valable quand il s’agit d’une salariée.

Une qualité de vie appréciable

Le télétravail et moi nous nous sommes fréquentés de 1998 à 2008. Une découverte pour moi. Une méthode vite devenue indispensable à mon épanouissement, à une qualité de vie autrement plus appréciable. J’ai connu le télétravail par hasard, c’est un ami qui nous a présenté et je crois pouvoir dire que c’est une majorité des cas : les annonces passent rarement par les réseaux classiques d’offres d’emploi. Aux premiers abords, cela peut être attirant de se dire que l’on ne passera plus des heures dans les bouchons, que les rumeurs et ragots resteront dans les couloirs. Mais télétravailler n’est pas si simple et nécessite quelques adaptations…

Quelques adaptations nécessaires De son home sweet home d’abord : pas question de travailler sur le coin de la table de la cuisine ou d’envahir la chambre à coucher ! Un bureau dédié est nécessaire et il est certain que si je n’avais pas eu un coin réservé à mon travail, je n’aurais pas tenu longtemps car le télétravail est envahissant ! Parfois je me faisais l’effet d’un gendarme vivant dans sa caserne, d’une institutrice logée dans son école... Il faut être capable d’accepter qu’une partie de son chez soi devienne une annexe de son travail. Voir les papiers envahir les étagères, entendre le crissement du fax après 19h n’est pas chose facile pour ceux qui vivent avec vous. Ne jamais oublier que le télétravail se vit en famille et doit être compris et accepté par toute la tribu, sinon il va droit à l’échec. Côté cadre de travail, mon bureau était agréable, à mon image, calme et silencieux (la musique ne compte pas comme un bruit). Appréciable de ne pas entendre de claquement de portes, les grands cris patronnesques, les soupirs collégiaux, de ne pas supporter de queue à la cafetière, et de profiter de toilettes toujours propres... En été, je transportais une annexe de mon bureau sur ma terrasse, même si la cohabitation avec les cigales était parfois tendue tant elles troublaient les émissions hertziennes de mon (insu)portable.

Surveiller son image de «néo-travailleuse» Côté image, ce fut une autre histoire… Passer soudain bizarrement du statut de working girl à celui de femme au foyer fut quelque peu agaçant ! Nathalie ne prenait 50


plus l’ascenseur à 7h et à 20h pile, on croisait Nathalie à la boite aux lettres ou chez le boulanger plus souvent, on pouvait joindre Nathalie au téléphone tous les jours et à toute heure... bref Nathalie ne bossait plus, Nathalie était au chômage, Nathalie était malade, Nathalie profitait du système... J’ai heureusement échappé à Nathalie bat en part à la retraite !! Parfois je me demande ce que j’aurais récolté si j’avais été un homme… Le tout était de faire comprendre à tout ce petit observatoire curieux qu’une femme qui prend sa voiture ce n’est pas que pour aller faire les soldes mais aussi pour voir des clients ; que le soir, tandis qu’eux se reposaient d’une journée d’embouteillage, d’autres font des rapports et des devis... J’avoue que le regard des autres au départ fut assez lourd. Passer pour une feignasse, alors que vous bossez plus que de raison est assez énervant... Mais pour la petite revanche anecdote, quand vous êtes au chômage pour de bon... et bien... personne ne remarque rien !!

Télétravailler rend-il asocial ? Autre questionnement, autre sujet : télétravailler rend-il asocial ? Peu de salariés peuvent se passer du contact social quotidien et sont capable de travailler en solo. Le sentiment d’isolement peut être très rapide, un manque de communication « instantanée », en période de crise par exemple, peut induire ce sentiment également. L’idéal est de garder le contact par téléphone ou d’instaurer des visites régulières au siège social et des réunions avec tous les télétravailleurs, ce qui renforcera la notion d’équipe. Pour ma part, déjà très responsable, je développais un sens aigu de l’autonomie et je pense aussi que ma maîtrise des NTIC ou des réseaux sociaux ont joué en ma faveur. Ils m’ont permis de m’adapter plus vite et de ne jamais me sentir isolée. Question organisation, si vous ne supportez pas les pointeuses, les hiérarchies hiérarchiques hiérarchisées, le télétravail est fait pour vous ! Quelques ingrédients sont toutefois nécessaires : une relation avec son employeur empreinte de confiance, de liberté d’action, de réciprocité. Côté salarié, autonomie, responsabilité, organisation sont indispensables !

Repenser sa façon de travailler Télétravailler, c’est aussi évaluer son travail non plus en heures de présence, mais en tâches effectuées, revoir sa stratégie de travail sur une organisation projets/résultats et non plus sur le flicage, repenser ses relations avec l’extérieur non plus en accolades mais en virtuel. Et franchement, cela me convenait très bien, non pas que je sois un ours, mais je me retrouvais dans la productivité non parasitée par les aléas de la vie d’entreprise.

Savoir profiter de la flexibilité de son temps de travail sans en abuser, savoir équilibrer vie familiale et vie professionnelle, n’est pas évident et surtout à double tranchant : il est très facile de tomber dans les extrêmes… Pendant que « monsieur » regarde le foot, on a tendance à boucler un dernier dossier. Un weekend pluvieux et on met le nez dans l’administratif. En période de solde, on travaille le soir à la fermeture des magasins. On démarre la journée à 7h, un café dans une main, la souris dans l’autre, on emmène le fiston à l’école, on rentre travailler et on oublie de déjeuner jusqu’à la sortie de l’école... La Sécurité Sociale quant à elle devrait également remercier les télétravailleurs car il est évident que les arrêts maladie sont bien moindres quand vous travaillez chez vous, un paquet de Kleenex dans une main, la boite de Doliprane dans l’autre.

De l’épanouissement au rendez-vous Côté épanouissement, je dirais qu’il est évident mais encore faut-il maitriser la méthode : travailler chez soi est au début très prenant et il est impératif de prendre du recul et l’inverse est également vrai, ne pas laisser nos deux vies privées et professionnelles se marcher l’une sur l’autre s’apprend. Mon plus bel exemple d’épanouissement a été ma maternité : travailler enceinte sans les inconvénients habituels que beaucoup subissent ou redoutent, pas d’arrêt maladie, la satisfaction de mener à bien les deux «missions» du moment, j’envoyais même encore des fax la vielle de mon accouchement ! En même temps, aucun scrupule à me reposer quand la fatigue se faisait sentir. Retour à la maison : m’occuper de ma Graine d’ADN en travaillant, pas de crèche, pas de nounou... me permettant ainsi d’allaiter mon bébé jusqu’à 8 mois ! J’ai très certainement également changé : encore plus responsable, plus organisée, basant plus que jamais mes relations professionnelles sur la confiance réciproque; avec un regard nouveau sur l’entreprise, voir son employeur de l’extérieur donne un recul nécessaire et salutaire en cas de conflit, de crise. Le petit bémol sera pour la fin d’un poste en télétravail… Pas facile de se dire qu’on va reprendre un job à plein temps dans un open space bruyant avec des gens pas toujours agréables… Trouver une nounou, un centre aéré pour son enfant… Retourner faire les courses le samedi matin, reprendre des RTT pour les RDV docteurs, prendre des jours enfants malades… J’avais été si loin de cet environnement que je n’envisageais pas du tout d’y replonger. C’est pourquoi j’ai décidé de fonder mon entreprise. Toujours autonome, indépendante et libre ! 51


Blandine Métayer Comédienne et auteure de talent, Blandine Métayer est également directrice artistique de la société « Changement de Décor » qu’elle co-dirige avec David Riquet. Depuis plus de 15 ans, elle a conçu, écrit, mis en scène et interprété de nombreux spectacles pour les entreprises. Après le succès de « Célibattante », elle est de nouveau à l’affiche avec « Je suis top », un spectacle qui relate le parcours d’une femme « top manager » dans une grande entreprise. www.changementdedecor.com

« Je suis Top ! » :

quand le théâtre brise le plafond de verre par Priscilla Gout Pour réussir à être une femme manager en France, il faut être vraiment « top », au sens propre comme au figuré. Catherine Boissard l’est. Mais pour atteindre les hautes sphères de son entreprise, il lui a fallu une volonté de fer. Un parcours plein de rebondissements raconté et interprété par Blandine Métayer dans «Je suis Top». Pour écrire la pièce, la comédienne s’est inspirée des témoignages d’une quarantaine de femmes. Loin de stigmatiser les hommes, elle met en exergue les travers de notre société, tantôt avec humour tantôt avec émotion. Et la pièce plaît aux femmes comme aux hommes. Entretien avec Blandine Métayer…

D’abord, quelles sont les réactions à la pièce ? Les femmes rient beaucoup. Les hommes eux rient moins. Ils sont surpris, voire émus, de constater que les inégalités en entreprise persistent. Cela dit, les spectatrices rient parfois amèrement car l’effet miroir de la pièce est assez puissant, et elles ont tout un vécu derrière elles… Mais les rires sont libérateurs, ils interviennent beaucoup lors des blagues sexistes, que j’ai concentré sur un personnage en particulier. Un prototype de vilain, et évidemment les hommes ne se reconnaissent pas du tout en lui !

Quel est votre sentiment personnel sur les inégalités hommes-femmes ? Les femmes seront d’abord attaquées sur leur physique, alors que les hommes le seront sur leurs idées. Et qu’on soit qualifiée de belle ou moche, le résultat est le même. Pourtant elles sont compétentes, brillantes dans leurs études, et sont en général tenaces et courageuses. Mais il y des progrès à faire. Et il y aura véritablement une égalité hommes-femmes quand « le poids » des enfants

ne pèsera plus seulement sur les épaules des femmes. Il y aurait aussi des aménagements faire comme des congés de paternité, mais des vrais ! Si un homme est susceptible de prendre autant de congés qu’une femme, cela les mettra au même niveau. Il faut aller jusque là pour que cela change. Et je suis sure que beaucoup d’hommes aimeraient s’occuper de leurs enfants autant que certaines femmes. Il faut agir à la fois au niveau des lois mais également des mentalités.

Selon vous, quels sont les risques pour les femmes si ces inégalités persistent ? Il y a un passage dans la pièce, où à force de lutter, mon personnage s’endurcit. Il se créé une armure, et finit par être une espèce de monstre de travail. Ce passage fait beaucoup rire les hommes, car ce phénomène existe. Mais ils en sont en partie responsables… J’évoque également la rivalité féminine, ce qui existe aussi. Je ne voulais pas que mon personnage soit une sainte. Je voulais qu’elle tombe justement dans tous les pièges qui l’amènent à une sorte de révolution interne puis à la maturité. Mais avant cela, elle est malheureusement passée par des comportements extrêmes… « Je suis Top ! », une pièce écrite, mise en scène et interprétée par Blandine Métayer. Actuellement tous les lundis et mardis au théâtre de Dix Heures mais aussi en représentation privée pour les entreprises et les réseaux » www.jesuistop.fr 52


Gwenaëlle Quénaon-Hervé Gwenaëlle Hervé fait partie des fondateurs de la société RegionsJob. Titulaire d’une Maîtrise en Droit des affaires et Droit fiscal, elle se destinait au métier d’avocat. Mais elle a finalement débuté sa carrière au sein d’une agence de recrutement. Forte de sa longue expérience, elle possède aujourd’hui une double compétence web et emploi. www.regionsjob.com

Management au féminin : « un peu de douceur dans un monde de brutes » par Priscilla Gout Gwenaëlle Quénaon-Hervé est Directrice de la Communication chez RegionsJob depuis un peu plus de 10 ans maintenant. Titulaire d’une Maîtrise en Droit des affaires et Droit fiscal, elle se destinait à devenir avocate. Mais son intérêt pour les RH et le management l’a amené à travailler pendant un an au sein d’une agence de recrutement, puis elle a saisi l’occasion de participer au lancement de RegionsJob. Aujourd’hui Directrice des services Communication et Production de RegionsJob, elle a bien voulu nous donner sa vision sur «le management au féminin», si tant est qu’il existe, et nous faire part de sa propre expérience à un poste à responsabilités…

Selon toi, en quoi «le management au féminin» est-il différent du masculin ? Le management est avant tout très personnel selon moi ; il existe cependant des différences assez caractéristiques entre les hommes et les femmes dans la motivation à devenir manager. Finalement un peu à l’image de l’engagement politique où les hommes ont tendance à considérer le pouvoir comme une fin alors que les femmes l’envisagent comme un moyen - de faire évoluer les choses. Ainsi, les managers « hommes » se valorisent par ce qu’ils parviennent à faire faire à leur équipe, alors que les managers « femmes » auront tendance à mettre davantage en avant la réussite de leur équipe. Elles ont peut être moins l’impression que sans elles «rien ne serait possible !» Côté masculin, l’approche du management me semble plus manichéenne : plus de confrontation, d’opposition directe, plus tranché. C’est utile et cela peut être très

efficace, mais poussé à l’extrême, cela peut aussi être destructeur. Côté féminin, l’approche se fait davantage dans le partage : plus d’écoute, de dialogue, d’échanges. Comme l’arrivée des femmes à des postes de management est finalement assez récente, elles sont parfois moins légitimes qu’un homme aux yeux des autres (et pas seulement des hommes, certaines femmes aussi entretiennent ces clichés). Par conséquent, les femmes managers sont obligées de se conformer aux codes assez masculins de l’entreprise tout en apportant leurs qualités propres. En résumé, pour reprendre une vieille pub, c’est « un peu de douceur dans un monde de brutes » ! Et cela fait du bien à l’entreprise !

Quels sont ses atouts ? Aujourd’hui le management old school est de plus en plus mal supporté par les collaborateurs, notamment par les nouvelles générations de travailleurs. Le travail est une obligation certes, mais les salariés veulent se sentir bien dans leur job. Comment le management joue un rôle essentiel ? Le fait d’écouter ses équipes, de dialoguer, de les impliquer, de valoriser leur travail dans un projet collectif change beaucoup la considération qu’ils ont d’eux-mêmes et de l’entreprise. Ceci dit, comme toujours la vérité se trouve entre les deux. Pour moi, un bon manager empruntera aux deux attitudes : à lui ou elle de connaître suffisamment ses collaborateurs pour savoir quand il faut se montrer plus ferme ou au contraire plus tolérant… Ce n’est pas simple, mais tout l’intérêt et la richesse de la conduite des hommes et des femmes réside ici ! 53


En tant que femme, as-tu rencontré des difficultés particulières au cours de ta carrière ? Ma carrière s’est déroulée quasi exclusivement au sein d’une entreprise dans laquelle je suis à la direction. De ce fait, je n’ai globalement pas subi de difficultés réelles liées à ma condition de femme. Bon, je n’ai pas échappé à quelques remarques sexistes, mais je leur pardonne, ces messieurs avaient déjà un certain âge… Plus sérieusement, l’entreprise étant un monde masculin à la base, je m’efforce de gommer tous les clichés liés à la femme et à la mère, car c’est ce que l’on reproche le plus aux femmes en général. Aussi, je ne termine pas plus tôt, je ne refuse pas les réunions tardives ou les déplacements, ni ne m’arrête pas dès que mon enfant est malade, etc. (Non, non, non, je ne suis pas une mauvaise mère !) Bref, je fais en sorte que l’on ne puisse pas me reprocher quoi que ce soit vis à vis de ma vie privée. Je trouverais cela insupportable. Finalement, les seuls moments plus compliqués ont été les congés maternité : là, pas d’autre solution que de s’arrêter. Et la gestion de l’intérim reste ardue même si elle est organisée.

Avoir des responsabilités dans une entreprise rend-t-elle la conciliation vie pro/vie perso plus difficile selon toi ?

pas avec les enfants quand on doit rester au bureau ou pour le dossier que l’on n’a pas bouclé quand on est en famille le week-end par exemple. Il est indispensable de bien isoler les temps de vie : être à 100% au travail ou avec sa famille, mais pas entre les deux. Ce n’est pas simple mais c’est assez essentiel. S’avouer (à soi et aux autres) que l’on ne peut pas tout faire (bien j’entends) et se faire aider, là encore sans culpabiliser. Pour améliorer la gestion quotidienne des tâches domestiques et afin de favoriser ainsi une vie de famille plus sereine. Dans ce cadre, il ne faut pas oublier de mettre à contribution son homme : pour avoir une femme ultra-épanouie, à la fois heureuse dans son job et dans sa vie perso, il y a quelques efforts à faire ! Enfin, LE conseil ultime : être égoïste et se réserver des moments « rien-que-pour-soi »… Shopping, sport, ballade, spa, virée entre copines, peu importe, mais se faire plaisir à soi ! Comment ? Il faut convenir avec son conjoint d’une demi-journée le week-end où vous n’êtes pas disponible par principe. Ou encore poser de temps en temps un jour de congé et le consacrer à sa petite personne. Et non, on n’en profite pas pour garder les enfants ce jour-là et c’est très bien comme cela ! Voire même partir en week-end entre copines ? Le bénéfice est instantané pour soi, profite à toute la famille et finalement aux collaborateurs…

Sans hésiter, oui. Mais c’est aussi vital pour moi, je ne veux pas choisir, alors, il faut bien composer ! La difficulté essentielle est basiquement temporelle : avoir des responsabilités implique d’être présent. Mais avoir des enfants aussi ! Alors assurer une écoute qualitative, se montrer disponible (et positive) aussi bien pour ses collaborateurs que pour ses enfants demande beaucoup d’énergie et d’organisation. Et il ne faut pas oublier les autres personnes de notre vie : conjoint, famille et amis… Malgré tout, je considère que c’est un vrai luxe de conjuguer job intéressant, enfants et vie sociale. Et je sais que le luxe a un prix !

Finalement, quels conseils donnerais-tu aux femmes qui souhaitent mener de front un poste de dirigeante et une vie de mère de famille ? « Acheter » des nerfs d’acier, s’organiser au maximum pour ne rien oublier, ne pas être parasitée par les événements mineurs et être efficace sur tous les fronts… Un autre point très important est de ne pas se culpabiliser inutilement : pour le temps que l’on ne passe 54


Marlène Schiappa Marlène est directrice éditoriale de l’agence Pampa Presse, qui produit du contenu pour le web : Yahoo! pour Elles, Yahoo! Finances, Monnaie Time, MSN Finances, Amaury, etc. Blogueuse, formatrice web, entrepreneuse, elle est également fondatrice du réseau de mères actives « Maman travaille », membre des Mompreneurs françaises, des Vigilantes, des Etats généraux de la femme ELLE, et de plusieurs jurys liés à l’entreprenariat féminin sur le web. Marlène est aussi auteure et scénariste. www.mamantravaille.fr

Zoom sur les concours d’entrepreneuses Les femmes sont nombreuses à entreprendre. Envie de liberté, conviction que l’entreprenariat permet de percer le plafond de verre, volonté de mieux concilier vie familiale et carrière… Les motivations sont nombreuses, et les freins aussi. En témoigne le phénomène des Mompreneurs, ces mères entrepreneuses, ont le nombre toujours croissant fascine – à tort ou à raison – les médias. Mais trop souvent, les concours liés à l’entreprise et l’entreprenariat sont trustés par les messieurs. Il suffit de jeter un œil à la page « candidats » de la fameuse BFM Académie… Désirs inconscients ou non de se coopter entre soi, plus grande facilité d’accès ou meilleur culture du concours, les raisons de cette sur-affection et de cette surreprésentation de nos collègues masculins sont multiples et difficilement analysables à une telle échelle sans se lancer dans une discussion sur les stéréotypes de genre. Lors du 3ème Forum des Femmes de Suresnes le 8 mars dernier, une adjointe au Maire amorçait une tentative d’explication, et expliquait « Quand il s’agit d’être bénévole ou volontaire, les filles sont là. Dès qu’il s’agit d’un concours, d’une élection ou de se mettre en parallèle à d’autres, les filles se retirent de la course. »

Etats-Unis, depuis des années, des prix récompensent les meilleurs entrepreneuses, comme Valérie Orsoni, CEO de LeBootCamp, « Prix de la femme d’affaires 2007 » et « Prix Artémis de l’éthique dans les affaires ». Toutefois, être une femme n’est pas suffisant pour remporter un de ces concours, et pour cause. Comme le disait François Giroud (fréquemment citée en ce mois de la Journée de la Femme) « Être une femme n’est pas une incompétence, ce n’est pas une compétence non plus. » Anne-Laure Vincent, cofondatrice du Prix de la Mompreneur, l’affirmait en conférence : « Le jury du Prix de la Mompreneur regarde le côté business… pas le côté maman. » Comme dans tout concours, un solide business plan est la locomotive qui fait avancer le reste du train.

Les femmes ont-elles besoin de concours « genrés » ? Les femmes ont-elles besoin de concours spécifiques à leur sexe ? Oui, si l’on en croit le nombre exponentiel de candidatures reçues par les organisatrices : « 500 dossiers complets » expliquait récemment Nora Esnault, fondatrice du Prix de l’Entrepreneuse. Alors les sousdossiers « femmes », « woman », « au féminin » se multiplient. Oxatis décerne par exemple un prix catégorie « business woman » aux meilleures entrepreneuses. Aux

Focus sur trois concours d’entrepreneuses : Power Starter Cyber Elles Le concours « Power Starter » s’adresse aux entrepreneuses venues de quartiers dits « sensibles » (ZUS, ZFU ou villes difficiles). Il a été créé en 2010 sous l’impulsion 55


de Séverine Smadja, Présidente d’honneur du réseau Cyber Elles. Impliquée dans ce réseau « des femmes qui font le web » pendant dix ans, elle a ressenti le besoin de se tourner vers des femmes qui avaient moins accès aux concours, aux réseaux ou aux prix. Marrainée par Nathalie Kosciusko-Morizet la première année, il fédère une dizaine de professionnels au sein de son jury dont je fais partie et dont Maman travaille est partenaire. Les lots sont aussi variés qu’impressionnants (services de coaching privé, relations presse, prestations…) Plus d’infos : mamantravaille.typepad.fr/maman_travaille/2009/11/power-startercyberelles-lance-un-grand-concours-pour-les-entrepreneuses-web-des-quartiers. html

Prix de l’Entrepreneuse Nora Esnault, à la tête du portail « Entrepreneuses Mag », a organisé en 2010 la cérémonie du « Prix de l’Entrepreneuse » pour la deuxième année consécutive. Son jury, présidé par Catherine Barba (CEO de Malinéa, qui a démarré avec Marc Simoncini) décerne des prix dans plusieurs catégories dont l’auto-entrepreneuse de l’année ou l’étudiante entrepreneuse de l’année. Ce prix a été marrainé par Hapsathou Sy d’Ethnicia, puis par Sandra Le Grand.

Prix de la Mompreneur de l’année Remis pour la première fois au Salon des Micro-entreprises par Hervé Novelli (le « père » du controversé statut d’auto-entrepreneur), ce prix récompense la meilleure entreprise montée par une mère. Le prix de la Mompreneur est organisé par l’association Mompreneurs France (à ne pas confondre avec les Mompreneurs françaises) et propose de remporter entre autres des espaces de publicité sur le site Auféminin.com et des prestations offertes par PayPal. La marraine de cette année était également Sandra La Grand, preuve que les entrepreneuses ne sont pas (encore) si nombreuses ! Alors Mesdames, on sort du bois ? Plus d’infos : concours.mompreneurs.fr/index.php/blog/articles/4/lancement-de-la2eme-edition-du-Prix-de-la-mompreneur-de-lannee-avec-PayPal-et-auFeminin.com

Inspirées par ces prix prestigieux, les régions, collectivités locales et organisent de plus en plus de prix dédiés aux entrepreneuses. N’hésitez pas à vous renseigner… Et à candidater !

Plus d’infos : yahoo.mamantravaille.fr/maman_travaille/2010/11/prix-delentrepreneuse-2010-cest-parti-.html

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Conclusion La prise en compte de la mixité est aujourd’hui plus que jamais un véritable enjeu sociétal et économique. Et c’est sans doute cela le plus frustrant. La France a tout pour mettre pleinement en œuvre l’égalité. Contrairement à d’autres pays, les femmes bénéficient d’un système de santé avantageux, ont accès à l’éducation, aux hautes études… L’égalité professionnelle fait partie des négociations collectives en entreprise et rappelons-le encore une fois, « toute entreprise de plus de 50 salariés a l’obligation d’établir un rapport annuel de situation comparée des conditions générales d’emploi et de formation des femmes et des hommes ». Mais même avec tout cela, il aura fallu imposer un quota obligatoire de femmes dans les administrations des grandes entreprises françaises pour que la mixité soit effective. Plutôt décevant non ? Pour autant, les femmes ne se laissent pas abattre, et elles ont bien raison ! Elles créent, sont coachées, investissent les secteurs traditionnellement masculins tout comme la toile, réseautent, rient parfois aussi d’elles mêmes… Tout cela sans finalement trop stigmatiser les hommes, et c’est tout à leur honneur. Et toujours, avec cette volonté de tout concilier. Mais la femme parfaite n’existe pas. Tout comme l’homme parfait n’existe pas. Hommes et femmes sont complémentaires. Suffit que les entreprises et leurs dirigeants s’en rendent enfin compte. Mais pour cela, il faudra être patiente. Et les femmes ont, malgré elles, appris à l’être. En attendant, réjouissons-nous de l’incroyable dynamisme des femmes, regroupées en réseaux ou non, dirigeantes, salariées ou indépendantes. Et pourvu qu’elles « rayonnent» pour ouvrir la voie aux autres. Priscilla Gout, rédactrice web

contact : pgout@regionsjob.com - Tél. 02 23 44 84 21

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A PROPOS DE REGIONSJOB SAS Réseau national leader de l’emploi et de la formation sur Internet, RegionsJob.com accompagne les candidats tout au long de leur vie professionnelle (emploi, formation), les entreprises dans leur quotidien RH (recrutement, formation) et les centres de formation (référencement de stages, alternance). Véritables généralistes, les 8 sites RegionsJob.com s’adressent à tous les candidats de niveau Bac à Bac +5, jeunes diplômés ou expérimentés, dans tous les secteurs d’activité. Les candidats accèdent gratuitement à des services simples, complets et efficaces pour faire évoluer leur carrière dans la région de leur choix et ainsi trouver un équilibre entre vie professionnelle et privée. Aujourd’hui plus de 25 000 offres d’emploi, de stage et de formation sont proposées en ligne et disponibles sur les applications iPhone et Android. Atypique sur le marché des JobBoards, RegionsJob est en fait bien plus qu’un site emploi ! Précurseur en matière de web 2.0 appliqué au monde du travail, RegionsJob scrute, décrypte et innove pour ses utilisateurs en leur proposant des solutions vraiment utiles pour booster sa recherche d’emploi, de formation ou ses recrutements. Avec plus de 4,9 millions de visites et 2,7 millions visiteurs uniques chaque mois, RegionsJob.com est le 1er réseau de gestion de carrière et de parcours professionnel en France*. Partenaire privilégié de l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines), RegionsJob s’implique auprès des professionnels des RH et s’engage envers les candidats. RegionsJob est aussi signataire de la Charte « A Compétence Egale » pour le respect de l’éthique professionnelle dans le recrutement. RegionsJob SAS a comme actionnaires Le Télégramme, Le Monde et Le Nouvel Observateur. En septembre 2007, la société s’est associée avec le Groupe Amaury pour créer ParisJob SAS - éditeur du site ParisJob.com. (* sources : Xiti – Sept. 2010 - OJD Janvier 2011).

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