Yessod 3

n° 3

DÉCEMBRE

www.keren-hayessod.fr

2015

LE RÊVE ISRAÉLIEN DOIT RESTER VIVANT

URGENCE

FIGURE D’ISRAËL

VICTIMES D’ATTENTATS :

LUCY AHARICH

ET APRÈS ?

À TRAVERS LE MONDE

JOURNAL D’UKRAINE

POUR LE VIVRE ENSEMBLE

DOSSIER

CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

carven-parfums.com

n° 3 DÉCEMBRE

CONTRIBUTEURS

2015

Yessod Yosh Amishav

10, place de Catalogne 75014 Paris Tél. : 01 77 37 70 80 www.keren-hayessod.fr Facebook

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Alain Belhassen RÉDACTRICE EN CHEF Sophie Atlan Tél. : 01 77 37 70 85 Sophie.atlan@kh-aui.fr DIRECTRICE ARTISTIQUE / GRAPHISME Joëlle Paris jparis@free.fr PHOTOS ET ILLUSTRATIONS © Tous droits réservés : Adfinity Group Miriam Alster/Flash90 Autopress BE Caroll Azoulay Cédric Bettach Keren Hayessod C. Hélie / Gallimard Nellu Kohn Gilbert Lazard Mark Neyman/Flash 90 Tomer Neuberg/Flash90 Hadas Perush/Flash 90 Nati Shohat/ Flash 90

Caroll Azoulay

Journaliste franco-israélienne, installée en Israël depuis 17 ans, Caroll a collaboré entre autres au Jerusalem Post et à la chaîne d’information Guysen TV. Elle écrit aujourd’hui pour Actualité Juive tout en menant des missions de consulting et relations publiques pour des institutions israéliennes.

Carole Ouaknine

Responsable de la communication du Keren Hayessod en Israël pour l’Europe, depuis plus de 20 ans, elle travaille pour toutes les campagnes du Keren Hayessod, en six langues. Originaire d’Antibes, elle a fait son alyah en 1983. Elle est passionnée par Israël, ses enfants… son travail et les olim !

Ygal Palmor

Ancien diplomate, il a été notamment le porteparole du ministère des Affaires étrangères.

Intervenant souvent dans les médias internationaux, il est aujourd’hui Directeur de la communication de l’Agence juive à Jérusalem, sa ville natale.

PUBLICITÉ Magda Rychlik 01 77 37 70 88 Magda.rychlik@kh-aui.fr

PRÉPRESSE / IMPRESSION / FABRICATION Imprimerie ART GRAPHIQUE 02 38 43 46 60

Virginie Guedj-Bellaïche

Télé, presse, radio : à Paris, elle a tâté de tous les médias avant de se reconvertir dans les réseaux sociaux. Aujourd’hui, journaliste et blogueuse, Virginie Guedj-Bellaïche vit en Israël depuis juillet 2013. Entre son intégration et ses deux filles, elle continue de trouver le temps d’écrire et d’intervenir sur i24news.

Photo de Une : © Miriam Alster/Flash90

ADMINISTRATION / COMPTABILITÉ Maurice Benamou 01 77 37 70 82 maurice.benamou@kh-aui.fr

Notre correspondant à Jérusalem. D’origine belge, il a fait son alyah en 1975. Ancien diplomate, il a également été le porte-parole de feu le Président Haïm Herzog, ainsi que de plusieurs ministères.

Il s’occupe du département chargé de la reconnaissance due aux donateurs du Keren Hayessod.

Richard Prasquier

Depuis septembre 2013, Richard Prasquier est président du Keren Hayessod France.

Cardiologue de formation, il a été président du CRIF de 2007 à 2013. Il a également été président du Comité français pour Yad Vashem et est un acteur majeur du renforcement des relations judéo-chrétiennes.

Meïr Waintrater

Conseiller éditorial de Yessod. Meïr Waintrater a été, entre 1992 et 2011, le directeur de la rédaction de la revue L’Arche - le mensuel du judaïsme français.

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

3

SOMMAIRE

12/2015

n° 3 DÉCEMBRE

2015

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ÉDITORIAL

6

REGARD SUR ISRAËL JÉRUSALEM : LE CASHER PROVIDENTIEL Par Ygal Palmor

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DU DÉNI DE LA RÉALITÉ !

Par Richard Prasquier

LE RÊVE ISRAÉLIEN DOIT RESTER VIVANT

LES CHIFFRES : DÉMOGRAPHIE

DOSSIER : AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

8 PAR CAROLL AZOULAY ET CÉLINE LEVY

BIEN : LES NOUS VEULENT DU I QU S IF JU NNO 10 / CES AMIS CAUX / PASTEURS A CACHÉ DES RADI ND GE L’A / 12 / ES ÉVANGÉLIQU MUSÉE DES AMIS DE UPLE JUIF ! / 13 / PE AU ON RD PA : UR L’AMOUR IRANIENS T ISRAËL / 15 / PO EN ND FE DÉ I QU YS SION / 14 / CES GO 20 / MICHEL / FRÈRE OLIVIER / 19 / S VE TI IA IT IN D’ISRAËL / 16 / DE VIE !

T UN VRAI APPÉTIT ON NS IE ÉL RA IS S FUGAIN : LE

URGENCE

22

VICTIMES D’ATTENTATS : ET APRÈS ? par Anita Cohen

FIGURES D’ISRAËL

25

LUCY AHARISH : POUR LE VIVRE ENSEMBLE par Carole Ouaknine et Caroll Azoulay

À TRAVERS LE MONDE

27

JOURNAL D’UKRAINE par Gilbert Lazard et Jacob (Yekele) Snir

L’ÉCHO DES RÉGIONS

29

MARSEILLE - JEAN-PIERRE BENAYM « L’ACTION SOCIALE EST L’AFFAIRE DE TOUS » par Céline Levy LYON - PHILIPPE KARSENTY À LA POINTE DU COMBAT POUR LA VÉRITÉ

BLOG MASSA

33

EXPÉRIENCE ISRAÉLIENNE, EXPÉRIENCE DE VIE ORY SITRUK / 37 / GABRIEL GROSSMAN

36

RICHARD PRASQUIER : LAURÉAT DU PRIX DE L’AMITIÉ JUDEO-CHRÉTIENNE

RETOUR EN IMAGES : HISTOIRE

40

38 & 39

QUAND LES TÉNORS DE LA POLITIQUE FRANÇAISE SOUTENAIENT LE SIONISME par Yosh Amishav

CULTURE

46

4

LIVRE : BOUALEM SANSAL « 2084 » par Céline Levy 46 / LINGUISTIQUE : LE « GENTIL » GOY par Richard Prasquier

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

© GILBERT LAZARD

HOMMAGE

ÉDITO DU DÉNI DE LA RÉALITÉ !

Retour brutal à la réalité. L’attaque terroriste qui a provoqué 130 morts et plus encore de blessés, dont certains marqués à vie, aurait pu entraîner un carnage pire encore si les opérateurs au Stade de France avaient été plus « compétents ». La possibilité d’une récidive est dans tous les esprits car l’autorisation divine de tuer les mécréants ne saurait s’accompagner de ce sentiment qu’on prétend humain de compassion. Puis il y eut l’attentat de San Bernardino, qui a exposé de façon caricaturale qu’il n’était pas politiquement correct dans l’administration américaine d’incriminer l’islamisme. Recette imparable pour que les assassins puissent se victimiser, et pour que les victimes désignées se repentent.

Les conséquences du déni ne se sont pas fait attendre : la montée du Front National en France, celle de Donald Trump aux USA ont beaucoup à voir avec la responsabilité des faiseurs d’opinion dont le goût pour les explications sociologisantes leur fait systématiquement sous-estimer l’importance des émotions dans le comportement humain et ignorer l’endoctrinement à la violence dans les discours religieux. La haine brute mène aujourd’hui le bal.

L’État islamique a bien des admirateurs dans nos pays qui n’ont pas encore osé passer à l’acte et envers qui nos démocraties semblent désarmées, quel que soit leur engagement militaire extérieur. Elles se rassurent en renouvelant leurs critiques envers Israël, comme un mantra pathétique et pervers.

É DI TO PAR RICHARD PRASQUIER PRÉSIDENT DU KEREN HAYESSOD FRANCE

En France, le gouvernement a eu une attitude de fermeté exemplaire après les attentats de novembre, et nous ne pouvons que soutenir les efforts contre la radicalisation. Mais, plus de dix ans après qu’un livre prophétique, les « Territoires perdus de la République », a été vilipendé parce qu’il exposait la vérité et non pas une confortable fiction, la situation s’est bien dégradée et peu de gens osent des prédictions optimistes. Les Français juifs le ressentent tous les jours.

L’Alyah n’est pas là pour trouver un pays de cocagne, où dès l’arrivée le lait et le miel couleront en abondance. Elle nécessite réflexion et préparation.

Mais pour qui ne supporte plus l’antisémitisme qui se développe sous le masque de l’israélophobie élégante ou d’une haine des Juifs désinhibée, pour qui tient pour fondamental son rapport avec Israël, l’Alyah est porteuse de sens et de réalisation personnelle. Ce pays d’Israël, plus petit que la plus petite des treize régions françaises, ce pays où la malaria au centre, l’aridité des sols au sud, semblaient interdire tout développement humain, est devenu un pilier incontournable du développement scientifique et technique mondial, tout en restant une démocratie toujours vibrante.

Cet Israël-là, qui vit aussi dans la difficulté, nous sommes fiers, au Keren Hayessod France, de le soutenir de tout notre enthousiasme.

DÉCEMBRE 2015 NUMÉRO 3 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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REG RD JÉRUSALEM : LE CASHER PROVIDENTIEL

Je vous racontais la dernière fois comment les choses bougent à Jérusalem, et comment les changements arrivent par le bas.

C’est également le cas des restos cashers.

Nombreux sont ceux qui souhaitent manger casher dans notre ville, mais ils sont de moins en moins nombreux à accepter la mainmise du Grand Rabbinat sur l’alimentation et la restauration. Délivrer une certification de casherout est, nul ne l’ignore, une occupation de grande responsabilité. Et avec tout le respect que l’on doit au Grand Rabbinat, les Israéliens trouvent de plus en plus illisible sa politique de monopole sur des objets d’ordre matériel. D’autant que ce monopole n’est imposé que d’un seul côté – c’est-à-dire sur le public religieux, traditionnel et laïque, mais pas sur le public Haredi. En effet, la casherout du Grand Rabbinat n’est pas vraiment reconnue au sein des communautés ultra-orthodoxes, où on lui préfère la supervision des rabbins qui dirigent ces courants. © DR

PAR YGAL PALMOR PORTE-PAROLE DE L’AGENCE JUIVE POUR ISRAËL

Or, voilà qu’un petit restaurant près du marché Mahané CEUX QUI ONT Yehouda renonce au certificat de casherout du Grand CONFIANCE Rabbinat, et cesse de payer les surveillants officiels de S’ATTABLENT SANS l’institution. Le propriétaire trouve qu’il peut faire mieux que les fonctionnaires du Rabbinat en matière de casherout, RÉSERVE, CEUX tout en faisant des économies sur un service qu’il sent QUI PRÉFÈRENT défaillant. Ce restaurant est néanmoins casher selon la LE CERTIFICAT DU tradition orthodoxe, tous ses clients le savent bien. Et pour les rassurer, le terme « casher » est affiché à l’enseigne. RABBINAT VONT Entrent en jeu les avocats du Grand Rabbinat, qui poursuivent AILLEURS. en justice le petit restaurateur indépendant. La cause ?

Le Rabbinat détiendrait le monopole de l’usage commercial du terme « casher ».

Evidemment, ils gagnent le procès. Il faut respecter la loi. Mais se déclenche alors une véritable rébellion chez nombre de petits restaurateurs de la ville. Ils s’organisent pour monter leur propre système de surveillance de casherout, basé sur la confiance et non sur le certificat officiel.

On leur interdit d’afficher « casher » ? Qu’à cela ne tienne : ils affichent le terme « Hashgaha Pratit ». Très joli jeu de mots destiné aux initiés : la traduction littérale de cette phrase signifie : « surveillance privée ». Voilà, le terme tabou – « casher » - n’apparaît pas, mais tout le monde aura compris. La beauté de la phrase réside dans son sens littéraire, bien connue par tous ceux qui ont suivi un enseignement juif ou qui connaissent l’Hébreu mishnaïque : elle signifie simplement « providence divine ».

Le Rabbinat n’y peut rien, ce terme n’est pas prévu par les dispositions de la loi, et le clin d’œil aux initiés attire les clients. Ceux qui ont confiance s’attablent sans réserve, ceux qui préfèrent le certificat du Rabbinat vont ailleurs. Il y a de la place pour tout le monde, et le casher est bien servi.

Ce mouvement commence à s’étendre aux autres villes du pays : Tel Aviv, Herzliya… vous trouverez la liste des restaurants participant à ce « renouveau casher » sur le site de ce mouvement. La liberté dans la tradition, voilà un message qui sort de Jérusalem, et qui nous en dit long sur la capacité d’évoluer tout en restant fidèle à des valeurs de base. La prochaine fois, je vous raconterai sur quel autre domaine traditionnel porte ce vent nouveau qui souffle de Jérusalem.

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 2 OCTOBRE 2015

DÉMOGRAPHIE MONDIALE : • La population juive du monde reste inférieure à son niveau d’avant la Shoah.

1939 2015 14 310 000

16 600 000

En 1939, il y avait 16,6 millions de Juifs dans le monde.

En 2015, il y a 14,31 millions de Juifs dans le monde.

• 43

% des Juifs vivent aujourd’hui en Israël qui devient le pays où vivent le plus de Juifs dans le monde.

183 000

386 000 GRANDE-BRETAGNE

CANADA

ALLEMAGNE

290 000

5 700 000

FRANCE

467 000

ÉTATS UNIS

RUSSIE

118 000

6 251 000 ISRAËL

La population juive dans le monde a chuté d’environ 20 % entre 1939 et 2015

181 000

(La Shoah puis l’immigration vers Israël et l’assimilation en sont les trois principales raisons) tandis que celle d’Israël a plus que doublé.

113 000

ARGENTINE

L’ŒIL SUR LES CHIFFRES

Démographie

AUSTRALIE

NATALITÉ : • Taux de natalité en Israël En 2014, les femmes juives avaient 3,11 enfants contre 3,17 pour les femmes arabes israéliennes (4 enfants pour les femmes palestiniennes de Cisjordanie).

3,11

3,17

4

nombre d’enfants par femme • Composition de la population

Population israélienne en 2015 : 8 345 0000 habitants dont :

364 000 Chrétiens et sans religion 1 730 000

Arabes israéliens

4,4% 20,7%

6 251 000 Juifs

74,9% de la population

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

Grande parade de milliers d’évangéliques ve

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

© NATI SHOHAT / FLASH90

CES AMIS

NON-JUIFS D’ISRAËL PAR CAROLL AZOULAY

À l’heure de la détestation d’Israël, nous avons voulu dans un élan résolument optimiste montrer qu’Israël a de vrais amis aux quatre coins du monde.

Leurs motivations sont diverses : religieuses - c’est le cas des évangéliques personnelles, politiques, artistiques, etc. Il existe de bonnes raisons d’aimer Israël quand on n’est pas juif.

Quelles sont-elles ? Comment se manifestent-elles ? Qui sont ces « Amis d’Israël » ?

Enquête sur un phénomène méconnu et multiforme.

© NATI SHOHAT/FLASH90

enus du monde entier qui défilent dans le centre de Jérusalem, à l’occasion de la fête de souccot, en 2014

DÉCEMBRE 2015 NUMÉRO 3 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

CES AMIS NON-JUIFS QUI NOUS VEULENT DU BIEN :

LES ÉVANGÉLIQUES

Si vous vous levez à 3 heures du matin en croyant entendre « Juif, la France n’est pas à toi ! », si vous souffrez de paranoïa aiguë au point de voir un représentant du BDS à chaque coin de rue…, il est temps d’employer les grands moyens : un bain de foule parmi les milliers de nonJuifs, amis d’Israël, qui paradent chaque année dans Jérusalem ! En une après-midi, sans avoir consulté de psy, votre taux « d’estime de soi » sera soudain au top. « Nous vous aimons », « vous êtes le peuple choisi par Dieu », « quelle chance vous avez d’être juif ! » crient et chantent ces 20 000 amis venus de 180 pays pour témoigner, pendant près de deux semaines, de leur soutien inconditionnel à Israël et au peuple juif.

Mais alors, qui sont-ils ? Pourquoi soutiennent-ils Israël idéologiquement et financièrement ? Smoulik Fried, responsable du département des « Amis d’Israël » au Keren Hayessod, les connaît particulièrement bien. Nous l’avons rencontré.

LAY

LL AZOU

© CARO

Se revendiquant principalement du mouvement évan­ gélique, et estimés à un demi-milliard d’individus répartis dans le monde entier, c’est en Amérique du Nord et du Sud que les chrétiens amis d’Israël sont les plus nombreux, sans oublier le continent asiatique (Malaisie, Indonésie, Philippines, Singapour, Hong-Kong).

Depuis son bureau de Jérusalem, Shmoulik Fried prépare d’ailleurs son prochain voyage pour Singapour. « Il faut savoir qu’en Malaisie et en Indonésie, les chrétiens amis d’Israël sont particulièrement proches du peuple juif. Bien plus que partout ailleurs dans le monde ».

Les chrétiens qui vivent dans ces pays sont particulièrement menacés par les populations musulmanes locales majoritaires. Et l’Islam radical persécutant aujourd’hui tout ce qui ne lui ressemble pas, « les chrétiens de ces pays se sentent une communauté de destin avec le peuple juif » précise-t-il. « Singapour est un petit pays qui ressemble à de nombreux égards à Israël, et avec lequel nous entretenons les meilleures relations diplomatiques au monde.

C’est la raison pour laquelle nous avons un important département sur place, qui nous permet d’organiser de grands évènements auxquels nos amis originaires de pays avec lesquels nous n’avons pas de liens diplomatiques peuvent participer », poursuit Shmoulik.

Les non-Juifs avec lesquels le département des Amis d’Israël du Keren Hayessod est en contact sont majoritairement des chrétiens issus du mouvement évangélique. « Nous partageons avec eux des valeurs communes fondées sur l’Ancien Testament dont un des leitmotiv est le retour du peuple juif à Sion. Un thème central véhiculé par nos prophètes (Samuel, Jérémie, Zacharie, etc.) qui ont prédit, il y a 2500 ans, que le peuple juif reviendrait après un long exil sur sa terre.

Aujourd’hui, Israël est le pays où vit où vit la plus grande population juive. Une réalité rendue possible par les différentes vagues d’alyah. Pour les chrétiens et les Juifs croyants, il s’agit d’une sorte de manifestation de l’ère messianique telle que décrite dans les textes de l’Ancien Testament. Evidemment, il existe des polémiques entre les chrétiens et les Juifs sur l’aspect final et définitif de ce à quoi ressemblera l’ère messianique et qui sera le Messie. Mais une chose est sûre, nous sommes d’accord sur le processus intermédiaire qui est celui que nous

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

vivons en ce moment. Le Keren Hayessod, qui est la plus grande institution philanthropique d’Israël et qui place l’alyah et la klita (l’intégration) au sommet de ses priorités, avec la santé, la construction du pays ou l’égalité des chances, représente le partenaire idéal pour ce monde chrétien qui souhaite prendre part à ce processus unique », explique Shmoulik.

Une vision idyllique certes, mais après tout, nos amis chrétiens n’auraient-ils tout de même pas une idée derrière la tête ? « En Israël aussi, on ne sait pas trop comment recevoir cet amour. Il se peut que chez certains chrétiens il y ait un agenda religieux caché, mais je suis persuadé que chez la plupart d’entre eux, le soutien à Israël répond à la simple volonté d’être associé au peuple juif, parce que nous partagerons des valeurs éthiques communes. Cette adhésion fait désormais partie de leur culture, au même titre que leur conviction selon laquelle le peuple juif est le peuple élu », affirme Shmoulik qui nous révèle que contre toute attente, l’alyah est l’un des thèmes qui fédèrent le plus le monde chrétien. « Les chrétiens amis d’Israël sont très sensibles à l’antisémitisme qui grandit en Europe, notamment. Ils ont à cœur de ne pas passer à côté de l’événement, comme cela fut le cas pendant la Shoah. Une page de l’Histoire qui représente pour eux une grande blessure et une source de culpabilité. Soutenir l’alyah, surtout en ces temps où l’on enregistre une hausse significative des nouveaux immigrants venus d’Ukraine et de France pour des raisons liées à un contexte tendu, leur tient donc très à cœur. En outre, selon les prophètes Isaïe et Ezechiel, il est dit que "les nations du monde aideront le peuple juif à revenir sur sa terre à la fin des temps".

En aidant les Juifs du monde à revenir sur leur terre, les chrétiens contribuent à réaliser cette prophétie ».

LES CHRÉTIENS AMIS D’ISRAËL FIGURENT PARMI LES PLUS FIDÈLES VISITEURS D’ISRAËL, PUISQU’ILS NE VIENNENT PAS SEULEMENT POUR DES RAISONS TOURISTIQUES, MAIS PAR CONVICTION RELIGIEUSE.

Et que dire du passif légué par des siècles de pogroms, Inquisition et autres bûchers dressés au nom de la Croix ? « Le monde évangélique est conscient au plus haut point de l’implication du monde chrétien dans la persécution des Juifs. C’est une tache dans leur histoire et ils ne cachent pas leur culpabilité sur ce sujet. Bien au contraire », indique Shmoulik.

Pour lui, la ferveur du monde chrétien évangélique © DR KE REN HAY ESSOD ainsi que l’ampleur prise par ce mouvement pourraient s’expliquer par la réussite d’Israël dans de nombreux domaines.

Le département des « Amis d’Israël » du Keren Hayessod récolte de nombreux dons auprès des amis d’Israël, dons qui sont offerts sans condition. « Mais donner de l’argent n’est pas la seule manifestation de soutien qu’ils témoignent à Israël », souligne Shmoulik. « Prier pour le peuple juif et visiter notre pays sont deux autres actions très importantes pour les chrétiens amis d’Israël. Ils figurent parmi les plus fidèles visiteurs d’Israël, puisqu’ils ne viennent pas seulement pour des raisons touristiques en Israël, mais également par conviction religieuse.

Peu leur importent donc la guerre et le terrorisme. »

Un demi-milliard d’évangéliques répartis dans le monde entier, y compris sur le continent asiatique

© NATI SHOHAT/FLASH90

Une motivation et un soutien inconditionnel particulièrement précieux en ces temps actuels.

Défilé d’évangéliques, octobre 2015 DÉCEMBRE 2015 NUMÉRO 3 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

L’AGENDA CACHÉ DES ÉVANGÉLIQUES RADICAUX Evangéliques que j’ai entendus croient qu’Israël a une place importante dans le plan de Dieu et que les Juifs sont le peuple élu de Dieu. Mais c’est pour eux une toile de fond, un contexte théologique qui leur permet de voir le malheur des Juifs sous une lumière sympathique.» Pour autant, précise Goldberg, « la plupart de ceux que j’entends sont beaucoup plus prompts à parler d’Israël comme d’une démocratie, ou d’un allié - que comme d’un détonateur du piège d’Armageddon. » Ouf. Mais dans un article daté de 2001, intitulé "La Fin des Temps : fondamentalisme et lutte pour le Mont du Temple", Daniel Pipes mettait en garde Israël face aux dangers que pouvaient représenter une ferveur chrétienne mal dosée laquelle pouvait conduire à un « changement d’humeur.» Et Pipes de prendre pour exemple le mouvement britannique

[British-Israelism], « mouvement chrétien pro-sioniste avant la naissance de l’État d’Israël et devenu antisioniste quand il ne s’est pas vu associé à la construction du nouveau pays.

Le mouvement "British-Israël" a, par la suite, donné naissance au mouvement de "l’Identité chrétienne", également connu sous le nom de "Nation aryenne", qui est peut-être le mouvement chrétien le plus violemment raciste et antisémite qui existe aujourd’hui. » À méditer.

PASTEURS IRANIENS :

PARDON

AU PEUPLE JUIF Le 11 novembre dernier, une mission de 40 pasteurs iraniens en exil a demandé pardon au peuple juif.

Cette rencontre s’est tenue à Jérusalem entre des pasteurs du Canada d’origine iranienne et les dirigeants du Keren Hayessod. À gauche et en premier plan, Moody Sandberg, président mondial du Keren Hayessod avec les pasteurs iraniens.

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

© MIRIAM ALSTER / FLASH90

Si la plupart des amis chrétiens d’Israël portent un amour désintéressé au peuple juif et à Israël, certains cachent sous cet engouement bon enfant un plan bien plus sombre.

Selon la foi évangélique, le Christ ne reviendra que lorsque les Juifs récupéreront Israël dans son entier. Alors se déclenchera la bataille finale de la fin des temps (« Gog et Magog »). « Selon [l’interprétation] chrétienne de la prophétie biblique, deux tiers des Juifs mourront au cours de la bataille finale d’Armageddon, et le tiers restant se convertira au christianisme en acceptant Jésus, lors de son retour.

Ce sera le commencement du règne millénaire du Christ » [...] expliquait Jonah Goldberg, fameux journaliste américain dans un article intitulé "Le débat évangélique à propos d’Israël." « Oui, les

CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

© ZION MUSEUM IN JERUSALEM

LE MUSÉE DES AMIS DE SION : UN HOMMAGE BIEN MÉRITÉ AUX AMIS D’ISRAËL À TRAVERS LE MONDE

Un musée ultra-moderne qui rend hommage aux héros juifs et non juifs d’Israël.

Le 8 septembre dernier, l’inauguration à Jérusalem d’un musée entièrement dédié aux amis du peuple juif venait rendre hommage à celles et ceux qui à travers les âges « parsemèrent d’étoiles les cieux sombres de la Diaspora », pour reprendre les paroles de l’ancien président Shimon Perès présent pour l’occasion.

Le musée des amis de Sion, situé dans le quartier de Nahalat Shiva, a pour objectif de rendre hommage aux milliers de non-Juifs qui assistèrent le peuple juif au cours des dernières générations, que ce soit pendant le Mandat britannique, la Shoah ou encore lors des premiers jours de la création du jeune Etat juif moderne.

Sur cinq étages et 600 m2, une technologie ultra avancée en 3D, ainsi que des moyens audio et vidéo interactifs originaux, ont été mis au service de l’histoire de centaines de familles

non juives, ayant risqué leur vie parfois, pour sauver et soutenir le peuple d’Israël.

Parmi eux, Harry Truman, Winston Churchill, Oskar Schindler, Raoul Wallenberg ou encore la famille Ten Boom.

Derrière ce projet, le célèbre pasteur Mike Evans, pionnier du rapprochement et du soutien chrétien effectif à Israël, qui souhaitait qu’en ressortant de ce musée, les visiteurs juifs du musée puissent se dire : « Nous ne sommes pas seuls ».

Ils ont demandé pardon au peuple juif pour la haine véhiculée à son encontre par l’Iran et ses chefs religieux, ainsi que pour son impact au Moyen-Orient et dans le monde entier. Les pasteurs ont offert un présent à Israël via le Keren Hayessod, faisant un lien entre le retour à Sion et les événements actuels.

Eliezer (Moodi) Sandberg, président mondial du Keren Hayessod, a déclaré : « Je m’appelle Eliezer comme mon grand-père qui a été tué pendant la Shoa.

Mon grand-père, comme ses ancêtres avant lui depuis 2000 ans, ont prié pour retourner à Sion. Le Keren Hayessod, en collaboration avec l’Agence Juive, offre aujourd’hui la possibilité à chaque Juif du monde entier de venir s’installer en Israël.»

Les chefs de la délégation, le pasteur Thomas Campbell et Afshin Javid, ont fait un don de 20 000 dollars à l’État d’Israël à travers le Keren Hayessod.

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

CES GOYS QUI DÉFENDENT ISRAËL Leur devise est claire : « Parce qu’il n’y a pas que des Juifs qui aiment et défendent Israël ! ». Leur objectif est clair : « Défendre Israël et les Juifs contre la propagande antisioniste haineuse du nationalisme arabe et du fondamentalisme islamique associée à toutes les autres formes d’antisémitisme et de haine d’Israël ». Timothée Larribau est à l’origine du site et de la page Facebook « Ces Goys qui défendent Israël », une initiative, qui, on ne va pas se mentir, fait du bien. Nous l’avons rencontré.

Propos recueillis par Virginie Guedj-Bellaïche

Yessod : Comment est née l’idée de cette page Facebook et de ce site ?

T.L : Nous étions le 15 juillet 2015, en pleine opération « Bordure Protectrice ». J’ai publié sous mon nom une chronique sur le site jssnews. Nous avons eu envie de prolonger l’écho de ce billet avec cette page. J’ajoute d’ailleurs que nous assumons parfaitement le terme de « goy » dans toute sa dimension, même péjorative. Ce nom, c’est aussi une façon de participer à une repentance mémorielle assumée.

Yessod : D’où vous vient cette sympathie pour Israël ?

T.L : Je suis issue d’une famille protestante. J’ai découvert l’Ancien Testament sur les bancs de l’école. Sa lecture m’a passionné. Vous y trouvez de l’amour, de la haine, de la politique, des intrigues de guerre. En 2008, j’ai été frappé par les images du rapatriement en Israël des corps d’Ehud Goldwasser et d’Eldad Regev. Je me souviens avoir été profondément ému par la dignité des Israéliens, qui tranchait radicalement avec la liesse morbide qui accueillait les terroristes libanais libérés par Israël en échange des corps des deux soldats.

Yessod : Aujourd’hui, cette page Facebook compte plus de 20 000 fans.

Quelle est la prochaine étape ?

T.L : Nous sommes passés à 20 200 fans et nous touchons 250 000 internautes chaque mois.

Notre but est de dire aux Israéliens : « vous n’êtes pas seuls. » Yessod : Que répondez-vous à ceux qui vous prêtent des intentions moins louables ?

T.L : Je reçois très régulièrement des messages sceptiques, mais je réponds la même chose à chaque fois. Nous ne roulons pour personne. Nous ne recrutons pas d’électeurs juifs pour le FN. Nous ne sommes pas juifs. Nous voulons juste faire porter une voix, la nôtre.

Yessod : Vous avez découvert Israël il y a quelques semaines. Que retenez-vous de ce voyage ?

T.L : J’ai découvert un pays magnifique. Une population qui veut se défendre, mais qui ne vit pas dans la haine. J’ai rencontré des Israéliens qui continuent de vivre, de travailler, de sortir malgré la tension. Nous avons visité le pays accompagnés de journalistes français. Au cours de ce voyage, nous avons vu des villes et des panoramas époustouflants. J’ai vu des photographes ne sortir leur appareil qu’aux abords de la barrière de sécurité qui sépare Israël et les territoires. Leur vision est tronquée. C’est désolant.

Retrouvez le site : www.cesgoysquidefendentisrael.com et la page facebook

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL POUR L’AMOUR D’ISRAËL !

© DR KEREN HAYESSOD FRANCE

Elles s’appellent, Martine, Annie… Elles n’appartiennent à aucun mouvement et aiment Israël. Tout simplement. Dons, voyages… leur engagement aux côtés d’Israël revêt différentes formes, mais est unique en son genre. Toutes deux faisaient partie de la dernière mission de solidarité, organisée par le Keren Hayessod en novembre 2015.

Marine Coujard au centre d’intégration des Ethiopiens durant la mission du Keren Hayessod en novembre 2015

« Mon lien avec Israël ? », tente de se souvenir Martine. « Mes lectures probablement, Anne Frank et d’autres, et puis aussi des amis et des rencontres sur mon chemin, qui ont forgé dans mon esprit un sentiment amical à l’égard du peuple juif et d’Israël. C’est notamment ce dentiste à qui je confiais un enfant de Tchernobyl dont je m’occupais après la catastrophe nucléaire pour d’importants soins dentaires, et qui me répondit presque indigné que je veuille le payer : "Mais voyons, c’est ma participation !" Et puis ça a continué comme cela… » Pourtant, la seconde Intifada marque un tournant pour Martine. « Quand j’ai vu la manière dont les médias parlaient d’Israël, j’ai eu envie de partir. C’est de l’amour, voilà, tout simplement, ce que j’éprouve. » Une belle déclaration qui s’exprime contre vents et marées, au risque de se voir tourner le dos par des proches. Venue en Israël une bonne dizaine de fois, parfois accompagnée de son fils, Martine dit son « bonheur dès que l’avion survole Tel Aviv, puis quand il se pose à Ben Gourion ». Et de préciser que son amour d’Israël est vite devenu communicatif : « Quand on m’a donné à choisir le nom de mon petit-fils, c’est tout naturellement que j’ai choisi un nom biblique : Benjamin ! » Annie Huitol, originaire de Saint-Brieuc, a une attirance et une « curiosité pour le peuple juif » pas banale dans cette Bretagne « où il n’y avait pas de communauté juive et où on ne connaissait aucun juif.» Annie se rend régulièrement en Israël entre 1980 et 1996 car elle souhaite apprendre l’hébreu moderne. À son retour, faute de mieux, elle s’inscrit à des cours d’hébreu biblique ! « J’ai très vite sympathisé avec la professeure, une Israélienne avec qui je suis devenue amie ». Elle étudie cette nouvelle matière qui « lui paraît proche » et passe des heures entières à comprendre la grammaire hébraïque. Un effort qui paye. Lors de son dernier voyage en Israël avec le Keren Hayessod, Annie est fière de pouvoir comprendre « au moins 70 % de la conversation ». Le ton devient plus sérieux quand on interroge Annie sur la manière dont elle vit cette affection particulière dans © DR KEREN HAYESSOD FRANCE sa vie de tous les jours. « C’est difficile. Surtout en Bretagne. On se trouve Annie Huitol, tout le temps en milieu presque hostile. Ou bien indifférent. ». Elle doit déployer des pendant la mission du Keren Hayessod arguments très concrets pour expliquer les difficultés d’un pays aussi étroit qu’Israël à en novembre 2015 se défendre : « Entre Hadera et la "Ligne verte", il n’y a que 15 km ! C’est plus étroit que la plus grande largeur du département des Côtes d’Amor ! ». Elle poursuit sur un sujet encore plus douloureux. « On n’imagine pas à quel point les préjugés ont la vie dure.

2000 ans d’antisémitisme chrétien ont laissé des traces profondes... Je me souviens que lorsque j’étais adolescente, j’avais l’impression que le mot "juif" était une insulte ! On "n’en" parlait jamais, il ne fallait pas "en" parler, "ça" ne nous concernait pas etc. On ne pouvait donc pas dire de quelqu’un qu’il était juif, car c’était l’insulter. »

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

INITIATIVES

ET SI VOUS VENIEZ AVEC NOUS EN ISRAËL ?

Depuis plusieurs années, deux fois par an et par groupes de 3 à 5 personnes, nous faisons partager notre amour d’Israël à des amis non-juifs. C’est un plaisir sans cesse renouvelé que de faire découvrir, comprendre, apprécier ce pays. Avec chaque groupe, le programme est différent, pour tenir compte des sensibilités et des attentes, parfois précises, souvent floues…

Nous avons même maintenant une « liste d’attente », le bouche à oreille faisant son effet !

Par Florence et Francis Kaufmann

Premier temps : la décision de partir

Attirance et crainte mêlées. La conjoncture politique et le matraquage des médias, même si les gens ne sont pas dupes, attisent bien sûr une inquiétude compréhensible. Surtout ne pas chercher à convaincre, mais à rassurer. La règle du jeu indispensable : nous faire confiance et partir avec l’esprit ouvert, faire preuve de bienveillance, laisser dans la mesure du possible certains préjugés au vestiaire ! (Nous hésitons encore à amener certains amis qui ne nous semblent pas dans cet état d’esprit).

Deuxième temps : la préparation

Elle part d’une bonne connaissance des amis à accompagner et d’un questionnement sur leurs centres d’intérêts : quel Israël découvrir ? L’Israël moderne, plein de vie et hautement technologique ? Tel Aviv et Haïfa… Les lieux d’histoire, la Mer Morte et Masada ?

Césarée et Acco, Safed ? Les lieux saints, Jérusalem, Abu Gosh et Tibériade ? L’imbroglio politique, avec Ramallah et Bethléem, la vieille ville ? Les randonnées dans le désert, Mitzpé Ramon et Timna ?

La Mer Rouge, la plongée et les dauphins (très prisés par les ados !), la vie en kibboutz, la conquête du désert, Sdé Boker ? Et aussi parfois une incursion en Jordanie, passage à Jérash, Amman, Pétra et Wadi Rum…

Troisième temps : la découverte

Il y a bien sûr pour nous des incontournables : Tel Aviv qui est notre attache, avec nos quartiers fétiches, le Bauhaus et la place de l’ancienne mairie, la jetée jusqu’à Yafo, les danses le samedi matin sur la plage, les musées et la maison Ben Gourion, la maison d’Ilana Gour et les quartiers branchés de Yafo, le souk et nos restaurants préférés ; Jérusalem, l’ancienne et la nouvelle, le Kotel, Yad Vashem et le Mont Herzl, Mea Shearim, Hadassah et les vitraux de Chagall, le Musée d’Israël et toute l’effervescence de cette ville magique ; souvent, la Mer Morte et le kibboutz Ein Gedi « le plus beau lieu du monde… » Ensuite, tout est adaptation, émotions partagées, échanges improvisés. Chaque fois, nous organisons des échanges avec des amis israéliens, jeunes couples et moins jeunes, aptes à parler de leurs préoccupations de citoyens et de leur vie au quotidien.

Chaque voyage se construit au fur et à mesure, au gré des intérêts manifestés. Chacun est une aventure, chaque fois différente et toujours aussi enrichissante et chaleureuse, pour nous et j’espère pour les amis qui ont eu la faiblesse de partager notre passion pour ce pays, à la fois si fragile et si fort, au cœur de la compréhension du monde dans lequel nous vivons.

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

LES AMIS DE FLORENCE ET FRANCIS

ils ont fait le voyage…

AGNÈS

Arrivée à Tel Aviv un jour de Kippour.

La nuit tombée, marche dans les rues sans voitures, avec une foule fraternelle et chaleureuse. Envie de retrouver l’énergie créative de la ville, les restaurants de Jaffa où Juifs et Arabes mangent côte à côte avec plaisir.

J’ai senti dans ce pays de la force, de la volonté, une énergie positive très forte.

Mon vœu le plus sincère : refaire un jour ce voyage.

Nous avons tout de suite été confrontés à Jérusalem à la coexistence des trois mondes, juif, musulman et, dans une moindre mesure, chrétien. Nous avons été surpris de la relative sérénité, alors que chacun garde ses spécificités , quelquefois jusqu’à l’outrance.

Fin avril 2015, un rêve s’est réalisé, un court séjour en famille, avec notre guide Francis, une semaine seulement en Israël, mais qui marque à vie, un endroit où vraiment on a envie de retourner...

C’est très impressionnant, je n’avais jamais connu un tel mélange !

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é Tel Aviv, ville qui transpire la créativit elle, laqu à chaque coin de rue et dans contrairement à ce qu’on dit en Europe, on se sent en totale sécurité sans voir un seul soldat ou policier.

DELPHINE ET GUY

PHILIPPE

MARTINE

MARTINE

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ZUM Un endroit aussi mythique à visiter avec des amis chaleureux et accueillants, qui aiment et connaissent si bien ce pays, cela a été une vraie découverte et un souvenir de voyage inoubliable.

FANNY La première fois, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison, en Israël.

Les lieux et les noms m’étaient familiers, ils m’ont for gée et me pénètrent, je me sens de cette Terre… Et je suis reven ue encore et encore.

CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL FRÈRE OLIVIER : « ON N’A JAMAIS LE DROIT DE DÉSESPÉRER DU CŒUR DE L’HOMME. » Il vient tout juste de fêter 66 ans et entame sa 39e année en Israël où il est connu comme le loup blanc. Il porte sur la vie un regard serein, à l’image de l’abbaye d’Abu Gosh où il est arrivé un certain 10 juillet 1977.

Rencontre.

Comment caractériseriez-vous aujourd’hui les relations judéo-chrétiennes ?

Depuis le Concile Vatican 2, les chrétiens ont peu à peu redonné la place et le respect qui revient au peuple juif.

Les chrétiens ont redécouvert leurs racines juives et l’héritage que nous avons en commun à travers la Bible.

Aujourd’hui, il me semble important que Chrétiens et Juifs se retrouvent pour combattre les radicalismes de tous bords, y compris ceux présents dans nos propres religions. Tout chrétien devrait éprouver de la tendresse à l’égard des racines de la foi chrétienne matérialisées au travers du peuple juif.

Constatez-vous ce rapprochement lors des nombreuses rencontres que vous faites, à Abu Gosh ?

Des milliers de jeunes Juifs, Arabes, israéliens et étrangers, viennent nous rendre visite pour découvrir un autre mode de vie, une autre foi... Nous ouvrons nos portes à de nombreux jeunes écoliers israéliens. Chaque année, une école de l’ORT nous rend ainsi visite accompagnée par Shimon, un enseignant juif religieux. Shimon tient à me donner l’accolade pour conclure notre rencontre. Je ne sais pas si les enfants se souviendront de mes explications sur les différences entre moines bénédictins et franciscains. Mais une chose est sûre, cette accolade entre un juif et un chrétien dans un village musulman, ils ne l’oublieront pas. Ceci, tout comme ce jour où j’ai été invité à chanter des psaumes de David en hébreu, habillé de ma robe blanche, aux côtés d’un « hazan » portant une kippa dans une école israélienne, face à des enfants stupéfaits - représentent le chemin menant vers la lumière de la paix. Je crois en l’éducation et c’est aussi comme cela qu’elle se transmet.

IL ME SEMBLE On assiste parallèlement à une résurgence de l’antisémitisme.

IMPORTANT Comment lutter contre cela ?

Encore une fois par l’éducation. Je rappelle à chaque groupe de pèlerins que QUE CHRÉTIENS je reçois cette tendresse que le monde chrétien se doit d’éprouver à ET JUIFS SE l’égard du peuple d’Israël. Et cela n’a rien à voir avec la politique.

Malheureusement, les choses glissent souvent dangereusement, RETROUVENT POUR s’amalgament pour conduire à l’antisémitisme.

COMBATTRE LES Vous avez passé plus de temps en Israël qu’en RADICALISMES France. Vous sentez-vous israélien ?

Je suis totalement israélien et j’ai ma carte d’identité DE TOUS BORDS, israélienne. J’ai reçu ma citoyenneté israélienne avec Y COMPRIS CEUX beaucoup d’honneur.

PRÉSENTS DANS Vous n’hésitez pas à parler d’une histoire d’amour entre NOS PROPRES vous et ce pays…

RELIGIONS. C’est vrai. J’ai toujours voulu y vivre. A 22 ans, quand on m’a appelé pour venir compléter la communauté des trois Frères déjà présents à Abu Gosh, le Père Abbé m’a demandé : « Il me semble que vous m’aviez parlé de votre désir de venir vivre en Israël. Y pensez-vous toujours ? ». « Mais je ne pense qu’à ça ! » ai-jerépondu en faisant immédiatement mes valises.

Un mot sur la souffrance des chrétiens d’Orient ?

Des milliers de chrétiens assyro-chaldéens d’Irak, de Syrie et de Turquie se sont expatriés pour fuir les extrémistes et leur incapacité à recevoir l’autre dans sa différence. C’est exactement ce que nous combattons ici ! En Israël nous sommes aujourd’hui quasiment les seuls chrétiens d’Orient à pouvoir jouir de cette liberté d’expression et de vie.

Et sur la situation difficile actuelle en Israël ?

On n’a jamais le droit de désespérer du cœur de l’Homme. Le plus grand danger consistant probablement à ne plus essayer, ou ne plus vouloir, tenter de s’y frayer un chemin.

© NELLU COHN

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CES AMIS NON-JUIFS D’ISRAËL

MICHEL FUGAIN :

« LES ISRAÉLIENS ONT UN VRAI APPÉTIT DE VIE ! »

© AUTOPRESSE.BE

Michel Fugain est parti à la découverte des merveilles d’Israël, dans le cadre du nouveau programme télévisé « The Perfect Vacation », coproduit par TelFrance et Adfinity, société israélienne, et diffusé en novembre dernier sur NT1 et TMC. Un périple qui l’a laissé, lui, le troubadour amoureux d’histoire, de culture et de musique, sans voix !

Entretien...

Propos recueillis par Céline Levy

Vous avez, pour un nouveau programme télévisé, parcouru Israël de long en large. Quelles impressions en rapportez-vous ?

J’en suis revenu bouche bée ! Ce pays regorge de merveilles naturelles, de sites incroyables ! J’avais préparé ce voyage, avec ma blonde (son épouse, Sanda – NDLR), j’étais surtout en quête d’histoire sacrée, un sujet qui me passionne. Je voulais partir à la découverte des racines de la chrétienté. Je suis fasciné par les légendes et les récits autour des Croisades et des Templiers. Ce qui m’a le plus frappé, d’ailleurs, à ce sujet, c’est que Daesh s’est installé exactement là où Saladin, meneur du Djihad contre les Francs, s’était établi. L’histoire bégaye souvent et partir à sa (re) découverte est une nécessité en ces temps troublés.

Quels sont les lieux qui vous ont le plus marqué ?

Je n’oublierai pas le merveilleux port de Saint-Jean d’Acre. Césarée aussi, ses ruines antiques, un lieu tellement chargé d’histoire !

J’ai été frappé par Massada, par la beauté et la majesté des lieux d’abord, avec cette vue à couper le souffle, mais aussi par le récit du siège de la forteresse. Une histoire tragique qui illustre le courage et l’esprit de résistance d’un peuple. Ein Guedi, petite oasis fleurie au milieu du désert, était un contraste saisissant juste après. Israël est un monde en soi. Une petite nation toute neuve, qui résume l’histoire de l’Humanité.

Etait-ce votre premier séjour en Israël ?

Non, j’avais déjà donné plusieurs concerts il y a quelques années et j’avais été accueilli avec tellement de chaleur que cela restait pour moi une expérience inoubliable. Cette fois-ci, je suis allé à la rencontre de ce peuple et j’en reviens bouleversé ! Il ne s’est pas passé une journée, une visite, sans que l’on m’ait remercié de venir, en ces temps difficiles ! C’est vrai, Israël, comme nous en Europe d’ailleurs, traverse une période marquée par des attentats. Mais la réaction des habitants est complètement différente. Les Israéliens ont un vrai appétit de vie : ils aiment danser, chanter, boire, faire la fête ! Ils ont compris qu’être un vrai combattant, c’est aimer la vie ! J’ai eu l’occasion cette fois-ci de découvrir la société israélienne et j’aime ce que j’en ai vu…

C’est-à-dire ?

Les jeunes Israéliens sont très différents de nos jeunes. Ils passent leur bac, partent deux ou trois ans à l’armée, prennent une année sabbatique pour se « laver la tête », disent-ils, puis reviennent pour débuter leurs études. Plutôt que des gamins paumés qui entrent à l’université sans être très sûrs de ce qu’ils vont faire ou devenir, ce sont de vrais adultes, mûrs et sûrs de

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leurs projets, qui intègrent les universités israéliennes. Ils savent exactement ce à quoi ils se destinent, comment ils peuvent être utiles à la collectivité – et j’ai le sentiment que tout cela, même si cela doit coûter très cher à l’État, participe activement à la vitalité économique et culturelle de la société israélienne.

© ADFINITY GROUP

Le boycott des produits israéliens et des élites scientifiques et culturelles israéliennes fait beaucoup de tort à l’Etat d’Israël. Nombre d’artistes refusent d’ailleurs de s’y produire, contrairement à vous. Que pensez-vous de cette démarche ?

Je ne savais pas que ça existait, je l’ai découvert avec ce voyage. Je me dis : quel est le connard qui a pu inventer une idée pareille ! Et surtout je me pose une question, essentielle : « À qui profite le crime ? » Certainement pas aux Palestiniens, certainement pas à ceux qui souffrent, au contraire, parce que les économies israéliennes et palestiniennes sont imbriquées et qu’ajouter du trouble à une situation de conflit déstabilise encore plus !

Vous êtes-vous senti mal à l’aise ou en danger en Israël ?

Non ! J’ai vu et compris au bout de quelques jours que, malgré l’insouciance apparente, l’armée, la police, les civils, en somme tout le monde est en état de vigilance ! On m’a posé la même question lorsque j’ai décidé de m’installer en Corse. Les gens me disaient : « En Corse ! Mais vous n’avez pas peur ? » C’est ridicule. Je ne connais pas un peuple plus accueillant et chaleureux que les Corses. Lorsque les Corses vous adoptent, vous faites partie de la famille et on ne laisse jamais un membre de la famille dans le besoin ou dans la peine. J’ai ressenti la même chose en Israël. D’ailleurs un quart de la population corse est d’origine juive…

Vous avez toujours dit que vous étiez « Le Goy le plus juif de Paris ». Pourquoi ?

(Il rit). C’est vrai ! J’ai hérité de ce qualificatif dans ma jeunesse, parce que j’ai vécu dans une famille juive lorsque j’avais une vingtaine d’années. Leur fils, George, est pour moi un frère de cœur. Ces gens m’ont accueilli chez eux comme si j’étais l’un des leurs. Avec eux, j’ai vécu au rythme des fêtes juives, des traditions. J’ai pu apprécier leur gentillesse extrême, leur sens de l’hospitalité, leur générosité… Ma première fée dans le monde de la musique s’appelait Rolande Bismuth, les Marouani, vieille famille de l’industrie musicale, m’ont aussi mis le pied à l’étrier. Alors oui, je crois qu’on peut dire que j’étais le Goy le plus juif de Paris. Quoique je ne sois même pas sûr d’être goy… J’ai la conviction que mes parents descendent des Marranes. Le deuxième prénom de ma mère était Esther, vous savez…

© ADFINITY GROUP

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VICTIMES D’ATTENTATS :

ET APRÈS ?

Le 15 octobre dernier, alors que les attentats au couteau se multiplient, le Keren Hayessod de France, lance un appel aux dons, pour aider les victimes de ce nouveau terrorisme barbare. Il le fait afin de soutenir le Fonds d’aide aux victimes du terrorisme, créé en 2002 par l’Agence Juive. Rencontre avec Hila Malamud, responsable de ce Fonds.

Propos recueillis par Anita Cohen

photo gauche : Attaque à la voiture bélier à Jérusalem, puis au poignard. 5 blessés et 1 mort , le 13 octobre 2015.

Créé en 2002, par l’Agence juive, dans le sillage d’une nouvelle vague d’attentats terroristes, le « Fonds d’aide aux victimes du terrorisme » a permis de soutenir plus de 6 500 familles en distribuant près de 30 millions de dollars. Face à la multiplication du nombre de victimes des attentats au couteau et face à la détresse des familles, une aide immédiate de 4 000 shekels (soit l’équivalent d’un peu moins de 1000 euros), obtenue dans les 24 heures, est désormais versée aux familles, afin de répondre aux besoins les plus urgents. Outre cette aide d’urgence, le Fonds accordera à chaque famille reconnue « victime du terrorisme », par l’Institut israélien d’assurance nationale, une aide supplémentaire d’un montant déterminé au cas par cas, dans les trois ans qui suivront.

photo droite : Le Président de l’État d’Israël, Reuven Rivlin rend visite aux victimes d’attentats, à l’hôpital de Shaarai Tzedek, le 14 octobre 2015.

UNE FOIS LES GROS TITRES OUBLIÉS, RESTENT DES GENS BLESSÉS, MEURTRIS ET ATTEINTS AU PLUS PROFOND DE LEUR ÊTRE.

Alors, pourquoi ces aides ? N’est-ce pas quelque peu prosaïque de parler d’argent alors que les enjeux du terrorisme touchent à l’existence même d’Israël ? « Passés le choc, la douleur, l’affolement, l’exposition médiatique, un long et difficile chemin s’ouvre aux victimes d’un attentat, ainsi qu’à leurs proches. Ce chemin est pavé d’embûches matérielles et psychologiques quotidiennes », nous confie Hila Malamud, dont le travail consiste notamment à s’enquérir des besoins et du bien-être de ceux qui ont été confrontés au terrorisme. Car lorsqu’un proche est touché, c’est toute une famille qui est mobilisée. « Achat de matériel médical, dépenses pendant l’hospitalisation qui est souvent très longue, frais d’hébergement, soins des enfants restés à la maison, frais de parking ! Dans les cas douloureux de décès, il faut aussi penser aux frais d’enterrement ou à ceux liés à la semaine de deuil…

Ce sont des détails immédiats auxquels il faut faire face et que l’État ne peut assurer sur le moment, le processus de prise en charge des victimes d’attentat étant long et bureaucratique.

C’est là que nous intervenons, en offrant une aide complémentaire précieuse », précise Hila.

Et puis, il y a les traumatismes provoqués par les actes terroristes, souvent les plus longs à guérir. « Des témoins ayant assisté à des attentats au couteau ont été extrêmement choqués.

Ils ne dorment plus, n’arrivent plus à reprendre le travail. Dans ce type de cas, nous intervenons

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ssod.fr ww. keren-haye w : e m is or rr imes du te Aider les vict

en offrant un éventail d’aides adaptées au cas par cas. Massages, zoothérapie, arthérapie, groupes de parole, soutien scolaire, bref tout ce qui peut participer à la guérison de la victime », indique Hila qui précise que le chemin vers une guérison physique et psychologique est souvent très long. « Nous sommes là pour l’accompagner », conclut-elle.

L’effondrement des familles à la suite d’un attentat est également une constante qui revient inexorablement dans les récits des victimes et des soignants. « Avoir une mère ou un père de famille blessés ou traumatisés est une situation qui peut entraîner la chute de la famille tout entière.

Incapacité de travailler, de se concentrer, d’apporter le soutien nécessaire aux études des enfants ou à leur éducation, troubles de l’humeur, insomnie, les conséquences sont lourdes pour la cellule familiale qui, sans une aide appropriée, peut imploser », explique Hila, régulièrement confrontée à ce type de situation, et assistante sociale de formation. Afin de minimiser les dégâts, le Fonds fait appel à des psychologues, conseillers économiques, sociaux, etc. qui construisent ensemble un accompagnement sur mesure adapté à chaque cellule familiale confrontée au terrorisme. « Pour le moment, et depuis la vague de terreur qui a démarré à Roch Hachana, nous avons pris en charge 25 familles dans le cadre de l’aide d’urgence accordée par le Fonds. Parmi elles, des victimes d’attentat au couteau, à la voiture-bélier, de jets de pierres et d’autres projectiles incendiaires.

Malheureusement, ce n’est pas terminé », affirme Hila.

Selon elle, une personne victime d’une attaque directement dirigée contre elle a davantage de chances de développer des symptômes post-traumatiques. La capacité de confiance en l’autre est très endommagée. « La vague d’attentats actuelle a placé les gens dans un sentiment d’insécurité extrême », souligne-t-elle.

Une fois les gros titres oubliés, restent des gens blessés, meurtris et atteints au plus profond de leur être. « Notre devoir est de les aider et d’offrir ainsi l’aide complémentaire à celle dispensée par l’État, qui ne peut pas tout faire sur le terrain », explique Hila qui, interrogée sur son ressenti personnel, confie qu’il s’agit d’un travail éprouvant, qui demande une implication de chaque instant. « Même si l’on se fixe des limites de temps et d’énergie, il est difficile de les respecter car il s’agit ici d’histoires humaines incroyables, de personnes dotées d’un courage formidable. Le jour où je ne serai plus émue par ces rencontres, alors sera venu pour moi le moment d’arrêter.»

TAMAR : MES ANGOISSES QUI NE ME QUITTENT QUASIMENT PLUS DEPUIS 8 ANS… Pour Tamar, l’accompagnement du Fonds s’est notamment traduit par un financement de ses études, et plus généralement par la conscience d’avoir une adresse vers laquelle se tourner en cas de déprime ou de coup dur. « Nous étions tous à l’intérieur de la maison quand la roquette nous a touchés. L’alarme nous a prévenus et, puisque nous n’avions pas de chambre blindée, nous nous sommes réfugiés dans le couloir. Mais ma mère n’a pas eu le temps de nous rejoindre. La déflagration l’a donc fait littéralement voler dans la pièce. Ensuite je ne me souviens plus nettement de ce qu’il s’est passé, à part d’avoir crié : "Maman, Maman" ! Nous avons été hospitalisés. Grâce à Dieu, nous sommes restés vivants, sans blessures graves », raconte Tamar. Apparemment du moins, car sur le plan psychologique, les quatre membres de la famille sont lourdement atteints, jusqu’à présent. « J’ai décidé de lutter et de me battre contre moi-même pour parvenir à maîtriser ma panique, mes peurs, mes angoisses qui ne me

quittent quasiment plus depuis 8 ans. Mes parents et ma sœur ont été lourdement traités par médicaments et ont été reconnus comme "handicapés" par l’État. Mais moi je ne voulais pas en passer par là. J’ai donc choisi une autre voie pour guérir, car je ne voulais pas être considérée comme une "pauvre victime" pour laquelle on n’éprouverait que de la pitié. Le Fonds d’aide aux victimes du terrorisme m’a soutenue dans cette démarche en m’aidant à financer des études et des formations qui m’ont permis de devenir thérapeute et en portant un regard attentif à mes réussites, mes efforts et mes difficultés en chemin.

Aujourd’hui, je suis mariée et j’ai deux enfants à qui je dois apporter le sentiment de sécurité et de bien-être nécessaire à leur épanouissement. L’an dernier, pendant la guerre à Gaza, j’ai eu de graves crises de panique, mais j’ai réussi à surmonter mes peurs quand l’alarme retentissait. Ce sont de petits succès pour moi et j’espère les transformer en grandes victoires ».

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FIGURES D’ISRAËL

LUCY AHARISH

POUR LE VIVRE

ENSEMBLE

LUCY AHARISH EST JOURNALISTE ARABE ISRAÉLIENNE, NÉE EN 1981 À DIMONA. DIPLÔMÉE DE L’UNIVERSITÉ DE JERUSALEM OÙ ELLE A ÉTUDIÉ LES SCIENCES POLITIQUES ET LE THÉÂTRE, LUCY EST LA PREMIÈRE FEMME ARABE ISRAÉLIENNE À AVOIR PRÉSENTÉ UN JOURNAL D’INFORMATION EN HÉBREU SUR UNE CHAÎNE DE TÉLÉVISION ISRAÉLIENNE. ELLE EST AUJOURD’HUI L’UNE DES PRÉSENTATRICES PHARE DE LA CHAÎNE D’INFORMATION i24NEWS. RENCONTRE AVEC UNE FEMME PAS COMME LES AUTRES.

Le Président Reuven Rivlin interviewé par Lucy Aharish à une conférence entièrement dédiée au racisme, à l’Université de Tel Aviv, le 23 novembre 2015.

© TOMER NEUBERG/FLASH90.

Par Carole Ouaknine et Caroll Azoulay

Lucy Aharish, en quoi croyez-vous ? Et quelles sont vos convictions à l’heure actuelle ?

Je crois que nous devons revenir aux valeurs fondamentales et universelles de l’être humain, en apprenant notamment à regarder l’autre avant de regarder ses différences, qu’il soit juif, chrétien, musulman ou bédouin. Je crois que nous devons nous considérer comme une création à part entière, c’est-à-dire des individus ayant chacun leurs convictions, leurs idéaux, leurs influences, leurs rêves et leurs désirs. Regarder l’autre sans préjugés et ne pas penser que – parce qu’il est juif, arabe, français, israélien ou américain – il va réagir de telle ou telle façon. C’est ma profession de foi.

La dernière vague de terrorisme en Israël met-elle, selon vous, en danger les réalisations accomplies au cours des vingt dernières années ?

Je pense que nous sommes arrivés au point où chaque camp a perdu l’espoir. Ce ne sont plus seulement nos dirigeants qui ont perdu confiance les uns envers les autres, mais nos deux peuples qui ne veulent plus croire l’un en l’autre. Les plus grands perdants ne sont ni moi ni vous, mais nos enfants. Les dirigeants ont perdu leur capacité à diriger. Ce qui les intéresse, ce n’est plus de diriger, mais leur propre position de dirigeants.

« NOS DEUX PEUPLES NE VEULENT PLUS CROIRE L’UN DANS L’AUTRE. LES PLUS GRANDS PERDANTS NE SONT NI MOI NI VOUS, MAIS NOS ENFANTS.»

Se seraient-ils perdus en chemin ?

Oui, d’une certaine façon, et c’est nous qui sommes les plus égarés au final. Celui qui n’habite pas en Israël ne peut pas comprendre ce que nous vivons au quotidien et combien c’est compliqué et difficile. Combien en 2015, la société juive israélienne est déchirée. Combien elle est divisée entre sépharades et ashkénazes, entre noirs et blancs, entre droite et gauche, entre laïcs et religieux. Et tant qu’elle ne sera pas en paix avec elle-même, elle ne pourra pas être en paix avec ses voisins. D’un autre côté, je vois une société arabe qui se complaît dans son rôle de victime du racisme, notamment. Car on ne peut pas se voiler la face. Le racisme contre les Arabes israéliens existe dans la société israélienne. Mais, et c’est un grand « MAIS », nous devons choisir entre deux attitudes : répliquer au racisme par la violence et la victimisation ou bien par l’éducation, la connaissance et l’intégration, et prouver ainsi à celui qui pense que je lui suis inférieure, qu’en fait je suis son égale.

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FIGURES D’ISRAËL

Dans la société israélienne - et j’inclus dans cette terminologie les Juifs et les Arabes israéliens – il est désormais plus facile de se détester les uns et les autres. Il est plus facile de haïr, car cela implique moins d’efforts, de remises en question et de discussions.

Que pensez-vous que l’on puisse faire pour renforcer les plus modérés dans les deux camps, c’est-à-dire la majorité ?

Cela me ramène à mon propos précédent : ce n’est souvent pas la majorité qui fait l’histoire. Vous savez, la majorité du peuple allemand était contre les atrocités perpétrées par le régime nazi. Pourtant, cette même majorité n’a pas pu empêcher la Shoah. On n’achète pas le courage à l’épicerie, malheureusement. Mais il faut du courage pour se lever et dire la vérité.

IL EST PLUS FACILE DE HAÏR, CAR CELA IMPLIQUE MOINS D’EFFORTS, DE REMISES EN QUESTION ET DE DISCUSSIONS.

Vous prônez la coexistence entre Arabes et Juifs. Vous sentez-vous isolée dans ce combat ?

Non, absolument pas. Nous sommes une majorité à tenir ce discours. La plupart des Arabes israéliens ne justifient pas le terrorisme. Je fais juste partie de ceux dont la voix est entendue. Tous les Arabes israéliens ne pensent pas pareil. Et tous n’ont, par exemple, pas voté en faveur de la « Liste Arabe Unie ». Certains ont voté pour Moshe Kahlon, d’autres pour le parti Shass et d’autres encore pour Buji Herzog. Les opinions politiques au sein de la population arabe israélienne sont aussi variées que celles de la population juive en Israël. Enfin, les douze ou treize mandats remportés par la « Liste Arabe Unie » ne témoignent pas d’une prétendue cohésion des Arabes israéliens, contrairement à ce que l’on veut laisser croire.

Avez-vous de l’espoir ?

Je suis une personne optimiste. Je ne suis pas prête à accepter l’idée que ce que nous vivons est notre nouvelle réalité, un nouveau statu-quo. Je ne veux pas accepter l’idée que nous sommes, mes amis arabes et juifs, des marionnettes dans les mains de nos dirigeants.

Que faire ?

On se lève et on change les choses, on crie pour les faire changer jusqu’à ce qu’elles changent. On ne se tait pas. Et on ne rend la vie facile à personne. Ni aux Israéliens ni aux Palestiniens, ni aux juifs ni aux Arabes. Refuser que des innocents soient assassinés relève uniquement des droits de l’homme et n’a rien à voir avec les Arabes et les juifs. Cela a juste à voir avec la manière d’être un Homme dans son sens le plus noble. Ce sont les Arabes israéliens qui payent la note des attentats perpétrés par les terroristes palestiniens. Une fois que tout est fini, que les choses se calment, les Israéliens considèrent les Arabes israéliens comme des terroristes potentiels et c’est nous qui devons « déguster le dessert »… Et je m’insurge contre cela. Car c’est ici ma maison, c’est ici mon pays. Et je refuse que mon nom soit sali.

Qu’est-ce qui dans votre vie a façonné la personnalité que vous êtes ?

Tout. Si je n’avais pas été une femme, arabe, musulmane, israélienne ayant grandi à Dimona, je n’aurais pas été la personne que je suis. J’ai grandi dans un immeuble où le Likoud avait son QG, j’ai étudié dans une école juive, dans une ville juive, j’ai échappé avec ma famille à un attentat à l’âge de 5 ans. Si je n’avais pas vécu toutes ces expériences, je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Chacune d’entre elles m’a construite.

Vous avez été désignée pour allumer un des douze flambeaux lors de la cérémonie officielle de Yom Haatsmaout au Mont Herzl, cette année. Un mot sur ce moment exceptionnel…

Allumer l’un de ces flambeaux, c’est voir ses parents dans son champ de vision et se dire, tout ça c’est vous, vous devez être très fière de ce que vous êtes. C’est leur amour, leur soutien, leur éducation, leur patience… Mon cœur allait exploser de fierté d’avoir rendu mes parents si heureux, ce jour-là.

Nous sommes si semblables au fond…

Oui, nous partageons de si nombreuses valeurs, liées à la famille, l’hospitalité, la morale, la foi, que nous devons trouver une voie de partage ! Apprendre à se respecter et à vivre ensemble est un choix.

Il faut juste décider de faire ce choix. Ce n’est pas la voie de la facilité. Mais c’est la seule voie possible pour offrir un avenir acceptable à nos enfants.

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À TRAVERS LE MONDE

JOURNAL D’UKRAINE Jacob (Yankele) Snir, délégué du Keren Hayessod en Allemagne, s’est rendu en Ukraine avec un groupe de militants du Keren Hayessod, du 1er au 7 juin 2015. Parmi eux, des représentants d’associations chrétiennes d’amis d’Israël ainsi qu’un militant du Keren Hayessod France : Gilbert Lazard. Ils sont allés à la rencontre d’une communauté juive très marquée par une réalité de guerre et de misère, juste aux portes de l’Europe de l’Ouest. Son journal de route nous raconte une veille histoire toujours actuelle : l’an prochain à Jérusalem.

<< ODESSA << KIEV

Jacob Snir et Gilbert Lazard

KIEV

Le 1er juin, nous rencontrons à Kiev des membres du Keren Hayessod et d’organisations chrétiennes européennes. Durant la plus grande partie de notre voyage, nous avons choisi d’être accompagnés par Igor et Lena de Donetsk, de véritables héros qui font évacuer des Juifs de leurs maisons bombardées pour les mettre en sécurité en Ukraine occidentale, et par Natalia K., la « mère » de nombreux réfugiés, qui travaille ici à la promotion de l’alyah depuis plus de 20 ans et dont la maison est devenue aujourd’hui un abri pour les réfugiés.

ODESSA

Le lendemain, nous nous envolons pour Odessa afin de rencontrer les candidats à Selah et Naaleh ainsi que leurs parents. J’essaie d’imaginer à quoi ressembleront ces jeunes dans deux ans, mangeant du houmous et jurant dans un hébreu fleuri. Certains seront d’entre eux seront en uniforme et porteront un fusil.

Au cours d’une visite au Musée de la Shoah, je découvre qu’en octobre 1941, en quelques semaines, 25 000 Juifs ont été tués à Odessa, dont beaucoup brûlés vifs, par les Roumains qui gouvernaient la Transnistrie. Quelque 65 000 autres furent déportés et moururent de froid ou de faim.

DNIEPROPETROVSK

Après une courte nuit, nous partons pour Dniepropetrovsk. Dans les bureaux de l’Agence juive, on nous explique que l’alyah a progressé à la suite de l’incertitude et du désespoir qui se sont abattus sur de grandes parties de l’Ukraine. Nous rencontrons, là aussi, des jeunes qui espèrent se joindre bientôt aux programmes Naaleh et Selah de l’Agence juive, soutenus par le Keren Hayessod.

Nous rencontrons le rabbin Kaminetsky, un homme d’un grand charisme, qui nous fait part de ses sincères remerciements à l’Agence juive et au Keren Hayessod pour le travail qu’ils accomplissent.

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J’ai eu l’occasion de vivre intensément pendant 6 jours.

J’ai eu l’occasion d’échanger des points de vue avec des participants d’horizons différents, d’Allemagne, de Hollande, de Norvège, de Suède…

Tous de vrais Amis d’Israël et du Peuple juif.

Après la Pologne au mois de mai, j’ai pu me rendre compte du renouveau des communautés juives dans les ex-pays du bloc soviétique. Ces visites m’ont finalement amené à me demander : qu’est-ce qu’un juif ?

Uniquement quelqu’un né de mère juive ? Comment faut-il considérer ces hommes et ces femmes qui veulent revenir au judaïsme après tous les événements tragiques ? Ils sont même prêts à revêtir l’uniforme de Tsahal pour défendre l’existence de l’Etat d’Israël.

Ils ont fait des études, ils sont diplômés de grandes universités et contribuent au développement de l’économie israélienne.

J’ai vibré toute une semaine pour Israël et j’ai beaucoup pensé à l’immense travail accompli par l’Agence juive et le Keren Hayessod. Voilà des expériences à partager, des amis à emmener sur place pour qu’ils se rendent compte par eux-mêmes de la diversité du peuple juif !

Lors de ce voyage, Gilbert a réalisé quelque 1 800 photos et vidéos. Son témoignage et ses clichés seront prochainement diffusés sur www.keren-hayessod.fr

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<< KIEV << DNIEPROPETROVSK <<

GILBERT LAZARD : SE RENDRE COMPTE DE LA DIVERSITÉ DU PEUPLE JUIF

Tôt le lendemain matin, nous partons pour le camp de réfugiés de Mayak, créé par l’Agence juive pour accueillir les réfugiés de l’Est. Il héberge actuellement 130 personnes et, depuis octobre de l’an dernier, 800 réfugiés y sont passés sur leur route pour Israël. Nous entendons d’effrayantes histoires sur des roquettes tombant de toutes parts et des maisons détruites. Une femme nous décrit la mort de sa fille qui s’est vidée de son sang dans ses bras. Un prof de maths nous raconte stoïquement comment il a verrouillé la porte de son grand appartement de Donetsk et jeté les clés dans les buissons. Quelques heures plus tard, nous le rencontrerons à l’aéroport, en train de faire son alyah. Ils supportent tous leur souffrance dans le calme et la dignité. Dans cette partie de l’Ukraine, nous bénéficions de la magnifique coopération d’organisations non-juives comme Ebenezer Hambourg et CVI (Chrétiens pour Israël, Pays-Bas), qui portent littéralement les olim dans leurs bras jusqu’à leur point de départ.

Plus tard dans l’après-midi, nous nous rendons à l’aéroport pour prendre congé d’un groupe de nouveaux immigrants qui partent ce soir pour Israël.

Trois vols pour Israël quittent Dniepropetrovsk chaque semaine.

KIEV

Une heure plus tard, nous embarquons dans un vol pour Kiev. Nous sommes tous submergés par l’émotion, mais ce n’est pas fini. Le matin, nous nous rendons à l’ambassade d’Israël. L’ambassadeur exprime sa gratitude pour le merveilleux travail accompli en Ukraine par les organisations chrétiennes.

Coen Carlier du CVI est avec nous aujourd’hui. Il travaille avec son équipe à Vinnitsa, une zone immense où ils distribuent des colis de nourriture et du fioul domestique durant les glaciales journées d’hiver, fournissent des médicaments aux handicapés, conduisent les gens à leurs rendez-vous à l’ambassade et viennent prendre congé d’eux lorsqu’ils partent.

Puis nous nous rendons à Babi Yar. Notre guide nous décrit heure par heure le terrible massacre de septembre 1941, quand les Allemands et leurs complices ukrainiens tuèrent dans ce lieu marqué à jamais, en une semaine, plus de 30 000 Juifs. Nous arrivons à la Menorah qui sert de monument commémoratif. Le président de l’Association locale des survivants nous parle du fond de son cœur torturé. Une femme chrétienne allemande et un homme juif, dont la famille a été anéantie pendant la Shoah, grimpent ensemble sur le monument.

Le lundi, nous nous retrouvons au « Salon de l’emploi et de l’intégration » de l’Agence juive, au stade olympique de Kiev. Plus de mille Juifs de Kiev et des environs sont venus à cette manifestation pour chercher des informations sur les emplois, les carrières, les possibilités de logement, les options éducatives, etc. en Israël.

Nous arrivons au terme de sept journées exigeantes, au cours desquelles nous avons pu rencontrer de nombreuses personnes et qui nous ont permis de mieux comprendre combien le travail accompli en Ukraine par l’Agence juive, avec le soutien du Keren Hayessod, est complexe et décisif pour tant de vies humaines. Mes amis sont ébahis par la coopération extrêmement fine existant entre tous ceux qui sont impliqués la création du produit que nous appelons alyah. Ils ont compris que, dans de nombreux cas, le processus de « production » prend des années et que le travail qu’ils ont pu découvrir est d’abord et avant tout un travail d’amour.

QUELQUES CHIFFRES :

6143 nouveaux immigrants d’Ukraine ont fait leur alyah en 2014, soit plus du double de 2013.

Plus de 200 000 personnes habilitées à faire leur alyah vivent encore en Ukraine.

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FOCUS SUR

LE KEREN HAYESSOD EN

RÉGIONS PAR CÉLINE LÉVY

L’action en régions se poursuit.

Théâtre à Marseille, Nice et Montpellier, avec une magnifique pièce de théâtre écrite par André Djaoui et Philippe Grimbert et jouée par Jean-Pierre Benaym.

Conférence à Lyon avec Philippe Karsenty qui mène depuis de nombreuses années un combat contre la désinformation.

La rentrée a été très active. Retour sur ces événements réussis et fédérateurs.

Retrouvez ces événements en photos sur sur keren-hayessod.fr et facebook © ARTENS / SHUTTERSTOCK

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L’ÉCHO DES RÉGIONS

JEAN-PIERRE BENAYM :

Au cours de l’été et de l’automne 2015, Jean-Pierre Benaym, figure bien connue de la communauté niçoise, a joué la pièce d’André Djaoui « Retour », dans plusieurs villes de France et en Israël, au profit du Keren Hayessod.

Très acclamée, la pièce a conquis tous les publics, par les thèmes qu’elle aborde et la façon très originale qu’elle a de les mettre en lumière. Pour « Yessod », Jean-Pierre Benaym revient sur cette belle aventure culturelle et caritative.

Un cabinet médical, à Jérusalem, quelques heures avant l’entrée de shabbat. Nous sommes dans les années 1990 et Jacob, praticien sexagénaire, marié à Sarah et père de famille, voit débarquer un dernier patient qu’on lui annonce comme une urgence. Et quelle urgence : « Monsieur , lui dit cet étrange patient américain, je viens vous prendre Sarah… » Commence alors un huis-clos au cours duquel ces deux sexagénaires vont batailler ferme pour savoir lequel des deux a le plus de droits sur le cœur de Sarah. L’un l’a connue durant la seconde guerre mondiale et l’a perdue de vue au sortir des camps, l’autre l’a épousée lorsqu’elle est arrivée en Israël. « Cette pièce, écrite par mon ami André Djaoui, frappe par son thème insolite autant que par la façon dont il est traité, explique Jean-Pierre Benaym, qui l’a jouée une cinquantaine de fois au cours de l’année 2015. On s’attend à une atmosphère pesante et c’est sur un rythme enlevé, au fil d’un texte à l’ironie mordante, que se déroule la confrontation. » Ce que Jean-Pierre Benaym ne dit pas d’emblée, c’est que plusieurs représentations à Nice, Marseille, Montpellier, mais aussi en Israël, ont été données à titre complètement gracieux, au profit des programmes du Keren Hayessod pour l’enfance défavorisée. Une cause qui touche particulièrement cet ex-homme d’affaires, fondateur de la célèbre marque Façonnable, passionné de beaux textes et très investi dans le tissu associatif communautaire. « L’action sociale est l’affaire de tous, explique-t-il. Aider, s’investir, surtout pour que les enfants d’Israël aient un avenir, est une cause plus que noble. » La troupe menée par JeanPierre Benaym a donc pris totalement en charge les coûts techniques de chaque représentation donnée au profit du Keren Hayessod. Et compte bien recommencer : « La suite est en écriture, tant la pièce a plu, souligne Jean-Pierre Benaym. Et pour en avoir lu la première ébauche, je peux vous dire qu’on est surpris et qu’on rit tout autant ! » ANCE

© DR KH FR

naym,

i, Jean-Pierre Be ite : Andre Djaou De gauche à dro pe Grimbert. ilip Ph et la Vil el Gabri

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MARTINE SEBAOUNE, PRÉSIDENTE DU KEREN HAYESSOD MARSEILLE : « UN GRAND ÉLAN DE SOLIDARITÉ ET DE PATRIOTISME.»

Jouée le 31 octobre à Marseille, la pièce « Retour » a remporté un franc succès auprès des 400 sympathisants du Keren Hayessod venus assister à la représentation.

© DR KH FRANCE

« L’action sociale est l’affaire de tous »

« C’était très émouvant », souligne Martine Sebaoune, à l’origine de cet événement culturel. Très sensibilisé par les attentats qui éprouvent la population israélienne, le public s’est mobilisé. « Et c’est dans un grand élan de solidarité et de patriotisme que s’est conclue cette soirée puisque le public, ému, a chanté a cappella la Hatikvah puis la Marseillaise, debout », se souvient encore Martine. « Cette soirée a permis de faire venir à nous de nouvelles personnes et de développer l’empreinte du Keren Hayessod dans la ville et sa région. Ce fut donc, à tous les niveaux, un très grand moment ! »

L’ÉCHO DES RÉGIONS

LE KEREN HAYESSOD, À LA POINTE DU

COMBAT POUR LA VÉRITÉ ENTRETIEN AVEC

PHILIPPE KARSENTY

© DR KH FRANCE

LE 14 OCTOBRE 2015, LE KEREN HAYESSOD RHÔNE-ALPES RECEVAIT PHILIPPE KARSENTY À LYON POUR UNE CONFÉRENCE À LAQUELLE ÉTAIENT ASSOCIÉS LE CRIF, LE CONSISTOIRE ET LE B’NAI BRITH. 120 PERSONNES ÉTAIENT RÉUNIES POUR DÉCOUVRIR LES DÉTAILS DE LA PLUS GRANDE MANIPULATION MÉDIATIQUE DES TEMPS MODERNES, L’AFFAIRE AL DURA, MAIS AUSSI PRENDRE POSSESSION DES PREMIERS EXEMPLAIRES DU LIVRE DE DEUX JOURNALISTES ALLEMANDS, ESTHER SCHAPIRA ET GEORG HAFNER - « L’ENFANT, LA MORT ET LA VÉRITÉ » - L’OUVRAGE TRADUIT EN FRANÇAIS QUI RETRACE LEUR ENQUÊTE SUR CETTE TRISTE AFFAIRE.

MON OBJECTIF EST DE DIFFUSER DES LIVRES DE COMBAT. PUISQUE LES MOTS SONT DES ARMES UTILISÉES POUR NOUS DÉTRUIRE, RETOURNONS LES CONTRE NOS ADVERSAIRES. ACHETER DES LIVRES, OFFREZLES AUTOUR DE VOUS. C’EST UN ACTE POLITIQUE QUI FAIT PLAISIR À CELUI QUI L’OFFRE ET À CELUI QUI LE REÇOIT.

Vous avez effectué une présentation audiovisuelle à Lyon autour de l’affaire al Dura.

120 personnes présentes, 75 livres écoulés, comment expliquez-vous cet engouement ?

PK : En effet, nous avons eu un franc succès, tant au niveau de la soirée que du livre. Cela s’explique par la permanence du problème que soulève l’affaire al Dura : les manipulations médiatiques à l’encontre d’Israël et du peuple juif. Cela fait plus de 2000 ans que ça dure, des accusations de peuple déicide aux Protocoles des Sages de Sion en passant par les accusations de crimes rituels auxquels l‘affaire al Dura se rattache.

Pensez-vous qu’un jour la vérité sur cette affaire sera connue de tous ?

PK : Les faits sont établis et confirmés par tous les experts – balistiques et médico-légaux – qui se sont penchés sur cette affaire : le reportage diffusé par France 2 pose problème.

Pour que cette information soit connue, nous avons besoin que le gouvernement français contraigne la chaîne publique à le reconnaître.

Nous observons aujourd’hui une forte mobilisation des autorités pour protéger physiquement la communauté.

PK : C’est vrai. D’un point de vue général, les violences physiques anti-juives ne frappent –heureusement – qu’une infime partie de la communauté juive. En revanche, les violences médiatiques que nous subissons sont quotidiennes et permanentes. Et ces agressions médiatiques quant à elles touchent 100% des Juifs. C’est ce lynchage médiatique qui fait fuir les Juifs.

Pourquoi avez-vous décidé de lancer une maison d’édition ?

PK : Il est important de diffuser les idées et de soutenir les auteurs qui se mobilisent et donnent des clefs pour comprendre la situation et essayer de résoudre les problèmes. Ces auteurs écrivent mais, malheureusement, peu de gens achètent leurs livres. Je souhaite agir pour changer cela et augmenter la diffusion des auteurs engagés. Mon objectif est de diffuser des livres de combat. Puisque les mots sont des armes utilisées pour nous détruire, retournons les contre nos adversaires. Pour lutter contre les mensonges, montrons la réalité. Achetez des livres, offrez-les autour de vous. C’est un acte politique qui fait plaisir à celui qui l’offre et à celui qui le reçoit.

Quelle est la prochaine étape de votre bataille pour la vérité ?

PK : Sur le front al Dura, j’ai acquis les droits du livre de Schapira et Hafner en anglais afin de diffuser la vérité aux États-Unis et ailleurs dans le monde anglophone. Ainsi, France 2

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L’ÉCHO DES RÉGIONS

ne pourra pas continuer à couvrir ce mensonge impunément. Sur la bataille des idées, en général, je compte publier d’autres livres et les diffuser le plus largement possible pour faire progresser nos idées.

La France vient d’être durement frappée par le terrorisme.

Que vous inspire cette situation ?

PK : Cette nouvelle attaque terroriste islamiste nous a stupéfaits par son ampleur mais elle était malheureusement prévisible. Nos médias et nos politiciens ont du mal à comprendre qu’un terroriste islamiste est le même, quelle que soit sa cible. C’est cette idéologie mortifère qui doit être combattue en osant affronter et nommer ses sponsors que sont notamment l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Iran et les Frères Musulmans. Cette vague d’attaques change quelque peu les choses. Jusqu’en janvier 2015, il fallait être juif ou dessinateur pour risquer d’être assassiné par ces barbares. Maintenant, nous sommes tous dans le même bateau. Il suffit de se trouver sur le sol français pour risquer de mourir. Espérons que cela éveillera les consciences et nous libèrera du politiquement correct qui nous interdit de nommer les choses.

L’ENFANT, LA MORT ET LA VÉRITÉ DISPONIBLE EXCLUSIVEMENT SUR HTTPS://WWW.LAMAISONDEDITION.COM

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BLOG MASSA MASSA, UNE

EXPÉRIENCE ISRAÉLIENNE, UNE

EXPÉRIENCE DE VIE Massa a encore fait le plein à la rentrée.

Cette fois-ci nous avons rencontré Ory Sitruk, de l’Expérience Israélienne, qui a mis en place des programmes Massa pour les francophones.

Parmi eux, Massa prépa et Stagérim.

Ory nous explique.

© DR KH FRANCE

Gabriel, jeune stagaire dans une entreprise, témoigne.

Plus d’infos sur Massa et les autres programmes sur keren-hayessod.fr et facebook

Les jeunes de la prépa Massa du Technion de Haïfa

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© CÉDRIC BETTACH

BLOG MASSA

JEUNES… UN VÉRITABLE ENGAGEMENT ORY SITRUK : ACCOMPAGNER DES

Filiale de l’Agence juive, « l’Expérience israélienne » propose depuis 1958 des séjours éducatifs en Israël, notamment des programmes Massa. Ory Sitruk, responsable des programmes post-bac francophones au sein de cet organisme, nous offre un regard éclairé sur les programmes Massa qui connaissent un franc succès auprès des jeunes Français. Interview.

Il y a des centaines de manières de faire un programme Massa…

Pouvez-vous nous expliquer ce qui caractérise les programmes de l’Expérience Israélienne ?

L’Expérience Israélienne est le plus grand organisateur de programmes Massa francophones, en nombre tout d’abord (800 participants dans les programmes de longue durée chaque année) et de par son expérience riche de plusieurs dizaines d’années, son réseau de partenaires éducatifs et culturels, etc.

Il existe une très grande variété de programmes et chaque jeune qui souhaite venir en Israël avec Massa trouve son compte dans ce panel de possibilités.

Quels sont les programmes phares qui fonctionnent bien auprès de la jeunesse de France ?

Question difficile… Je dirais que dans la catégorie des programmes post-bac, l’Expérience Israélienne a relevé un défi inédit il y a 8 ans maintenant : créer un programme de Prépa, en Israël, dans le style des classes préparatoires aux Grandes Ecoles françaises, ayant pour objectif de former les élèves avec un excellent niveau au bac, à entrer dans les plus grandes universités israéliennes. Le programme se situe à Haïfa et présente un partenariat exclusif avec l’Université du Technion. En 8 ans, le programme Prépa a formé plus de 160 jeunes francophones à l’entrée aux diplômes les plus sélectifs dans les domaines de l’Ingénierie, de la médecine et de la recherche scientifique.

Pour ce qui est des programmes Post-College, qui s’adressent à une population plus âgée et plus diplômée (21-30 ans, niveau BTS ou Licence requis), nous avons deux programmes phares.

Le premier est Stagérim, qui est le programme de stages numéro 1 en Israël. Il propose à ses candidats un stage de qualité, qui s’appuie sur une base de données d’un millier de postes dans tous les domaines : high-tech, mode, associations internationales et locales, cabinets d’avocats et centres de recherches universitaires à la pointe de la technologie. Stagérim, c’est également la possibilité de vivre 5 mois au rythme de la société israélienne, à travers des rencontres avec des Israéliens, des étudiants, des chefs d’entreprises mais aussi des excursions et des sorties culturelles.

Le deuxième programme phare est situé à Jérusalem et à Haïfa. C’est l’Oulpan Etzion. À destination des étudiants et des jeunes diplômés, cet oulpan intensif garantit une certaine homogénéité dans l’apprentissage. Le programme « Etzion » permet également de rencontrer des jeunes Juifs du monde entier et de participer durant 5 mois à des activités éducatives et culturelles.

Quel est le profil type des jeunes qui fréquentent vos programmes ?

Il est difficile d’établir un tel profil. Le dénominateur commun reste la volonté des jeunes de vivre une expérience israélienne enrichissante, dans les meilleures conditions. Nos participants vont du jeune de 18 ans qui veut apprendre l’hébreu pour rentrer à l’université, à l’étudiant des Telecom Paris qui fait un stage chez Intel durant une année de césure, en passant par la jeune bachelière qui veut étudier le droit ou l’opticien qui veut obtenir ses équivalences… Et bien d’autres encore !

Que deviennent les jeunes qui partent dans vos programmes ?

Dans mon domaine, celui des programmes post-bac, entre 85 et 90% des jeunes décident de rester en Israël. Certains vont à l’armée et d’autres se partagent entre les études supérieures et le service civil (sherout leoumi) pour les jeunes filles religieuses, qui sont alors exemptées d’armée. Pour ceux qui rentrent en France, il reste un lien très fort avec Israël et le groupe en particulier.

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BLOG MASSA

GABRIEL :

UN STAGE MASSA

POUR RÉFLÉCHIR À

Gabriel a 20 ans.

Après un Baccalauréat ES, il entreprend un BTS en commerce international, essentiellement parce qu’il aime les langues étrangères. À l’issue de son BTS, il décide de prendre une année sabbatique pour réfléchir à son avenir.

Quand il entend parler du programme MASSA Stagérim qui propose des stages dans des domaines très variés, il n’hésite pas une seconde et postule pour un stage de 5 mois à Tel Aviv.

Bingo ! Il y est en ce moment et il a accepté de livrer son témoignage à Yessod.

© CÉDRIC BETTACH

SON AVENIR

Je me suis toujours senti proche d’Israël, de par ma religion bien sûr, mais également de par ma famille. Ma mère est Israélienne et la quasi-totalité de sa famille vit actuellement ici. Israël pour moi c’était les vacances, l’été à la plage et au bord de la piscine à manger des « Bamba » et des fallafels tout en regardant mes grands-parents jouer au Sheshbesh.

Et il était grand temps d’approcher ce pays différemment.

Un stage en Israël… quoi de mieux pour démarrer sa vie professionnelle et réfléchir à son avenir ? © CÉDRIC BETTACH Après l’obtention de mon BTS, je souhaitais vivre une nouvelle expérience et Massa Stagérim m’a semblé être le choix le plus évident, de par son large panel de stages et son professionnalisme. Toutes mes questions ont trouvé une réponse et l’aide à la recherche de stage a été plus qu’efficace.

J’effectue actuellement un stage trouvé par Massa dans l’entreprise high-tech « Checkmarx », dans le domaine du marketing et tout se passe à merveille.

Ce qui m’a tout de suite plu dans cette entreprise, c’est la confiance qu’on m’a accordée.

Après deux semaines j’étais déjà en contact avec des fournisseurs, clients et prospects, sans compter le fait que j’étais aussi responsable du traitement des bugs du site. Je devais contacter les techniciens en Inde afin de leur expliquer le problème, leur demander une cotation et m’assurer du bon fonctionnement du site internet. J’avais déjà effectué des stages en France et au Canada. La différence avec Israël est flagrante. En plus des tâches attribuées, tout est mis en œuvre ici afin que l’employé se sente à l’aise dans son élément de travail, peut-être même un peu trop…

Plus qu’une expérience professionnelle, Massa m’a apporté ce que je voulais à la base, c’està-dire connaître la vie israélienne, la vraie vie avec tout ce que cela comporte : le logement, les courses, le shabbat, les jours de fêtes et bien sûr la vie professionnelle. La vie en vacances et la vie courante sont très différentes, mais peut-être davantage encore en Israël, avec tout ce qui la rend si particulière.

Je parle bien sûr du temps, 30 degrés le 10 novembre, la possibilité de passer le vendredi après les courses de shabbat à la plage afin de se reposer, et peut-être même se baigner. Et puis à Tel Aviv il y a toujours du monde dans les rues. À l’heure du café, l’heure du brunch, l’heure du déjeuner, l’heure du goûter, l’heure du dîner et évidemment l’heure de l’apéro !

Je suis arrivé le 7 septembre, en même temps que 15 autres personnes, en plein pendant la période des fêtes. Les journées étaient cool, toutes les semaines je travaillais en moyenne 3 jours, le reste c’était fête. Après les fêtes, les excursions ont commencé à s’enchaîner. Toutes les semaines nous étions de sortie, une fois au musée, une fois un shabbat dans le Nord, une fois à des réunions avec Tsahal, des Israéliens… Nos madrihot (animatrices) s’occupaient très bien de nous. Le 5 décembre, un week-end est prévu à Eilat ! Vraiment top. En plus de tout cela, des cours d’hébreu sont proposés : 5 heures par semaine au minimum avec la possibilité d’en faire plus avec nos madrihot... Encore faut-il avoir le temps ! 24 heures dans une journée en Israël, ce n’est vraiment pas suffisant.

Mon programme se termine le 7 février. Je compte partir début mars, 5 mois en Australie à faire du bénévolat afin d’enrichir mon CV et réaliser un rêve : partir à l’autre bout du monde !

Après avoir fait 5 mois de stage en Israël et 5 mois de bénévolat en Australie, je pourrai dire que j’ai eu une année bien pleine.

Si j’hésitais à faire mon Alyah avant de commencer le programme, il ne fait maintenant aucun doute que je vais passer ma vie dans ce pays.

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HOMMAGE

L’AMITIÉ JUDÉO-CHRÉTIENNE

PRIX 2015 DE

© EK POUR L’AMITIÉ JUDÉO-CHRÉTIENNE DE FRANCE

DÉCERNÉ À RICHARD PRASQUIER

Le Docteur Richard Prasquier s’est vu remettre le prix 2015 de l’Amitié judéo-chrétienne de France, le 15 octobre 2015, au Collège des Bernardins, à Paris. Nous reproduisons cidessous un extrait de son magnifique discours, prononcé lors de la cérémonie de remise du prix. Nous mettons volontairement l’accent sur les conclusions qui sont tournées vers l’action pour faire avancer un dialogue qui doit se poursuivre, en toute franchise.

QUEL EST AU FOND NOTRE TRAVAIL COMMUN ?

Réparer le monde Le grand Rabbin de France, à propos des migrants, a rappelé le Tikoun Olam, la réparation du monde, c’est-à-dire le devoir d’humanité : oui, nous devons être au premier rang de l’accueil, quelles que soient par ailleurs des inquiétudes justifiées. Notre société court, dit-il, le risque d’implosion. Je dirais qu’elle court aussi le risque de tribalisation, d’un entre-soi qui nous fermerait à qui ne fait pas partie de notre groupe. Une action commune judéo-chrétienne fait sens, car les injonctions dont nous sommes le plus fiers, celles qui fondent notre patrimoine éthique, sont des injonctions universelles.

Explorer nos racines Il nous faut explorer nos racines, par exemple nous instruire sur les premiers siècles du christianisme, quand la structuration en camps opposés par des -ismes, par des calendriers différents (le moyen le plus efficace pour perpétuer les conflits), n’avait pas encore durci les oppositions entre juifs et chrétiens. Le père Marc Rastoin, commentant la traduction par sa mère du livre de Daniel Boyarin, écrit ces belles phrases : « On peut désormais penser la première christologie chrétienne comme essentiellement compatible avec certaines interprétations de certains Juifs. Une guerre des Écritures où chacun prétend que l’autre lit mal ou a tordu le sens peut s’achever. Un dialogue peut commencer, où chacun est assez sûr de sa propre lecture et assez curieux de celle de l’autre pour poser des questions et cheminer vers la paix. Car finalement Dieu n’est pas celui qui donne des réponses mais qui pose des questions, et nous sommes appelés à être à l’image de Dieu… » (…)

Lutter contre l’antisémitisme chrétien C’est notre mission historique car nous sommes les disciples de Jules Isaac. Le monde a changé. L’antisémitisme qui, il y a une génération, semblait destiné à disparaître, en dehors des histrionnades vociférantes d’un ex-président d’un parti d’extrême-droite, a repris une actualité inquiétante. Nous devons nous demander si et comment le dialogue judéo-chrétien peut aider à lutter contre cette nouvelle vague, étant entendu que ce n’est évidemment pas le christianisme qui la véhicule. On a pris la mauvaise habitude d’accoler systématiquement à antisémitisme le mot nouveau d’« islamophobie » : associer les deux termes est le moyen le plus sûr de ne comprendre ni l’antisémitisme, ni le racisme anti-musulman. Mais il existe bien aujourd’hui une christianophobie, et les Juifs, qui n’ont heureusement rien à y voir, doivent soutenir les chrétiens. Le Pape, devant une délégation du Congrès Juif Mondial, nous disait l’an dernier : « Les Juifs peuvent mieux que d’autres comprendre les drames qui frappent les chrétiens d’Orient du seul fait qu’ils sont chrétiens ». Il a ajouté : « On ne s’en rend pas compte, mais une troisième guerre mondiale a probablement commencé ». (…)

Le mécanisme du bouc émissaire juif a trouvé en terre d’Islam un terrain extraordinairement fertile, d’autant qu’il explique tous les échecs et toutes les humiliations. Internet lui a offert des potentialités illimitées. Il peut y avoir une généralisation des coupables, les ennemis d‘Allah et pas seulement les Juifs. Dans cette optique destructrice, il n’y a pas un seul événement grave dans le monde qu’on ne puisse « expliquer » par une conspiration juive ou israélienne – car l’Israélien est l’avatar du Juif. Ainsi, on vous dira que le tsunami de 2004 a été provoqué par une usine sousmarine construite par les Israéliens pour créer des vagues dans le but de noyer l’île musulmane de Sumatra ! Tout peut y passer.

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

HOMMAGE

QUE POUVONS-NOUS DONC DEMANDER À UN CHRÉTIEN DANS CE CONTEXTE QUI DÉBORDE DU CADRE RELIGIEUX ET QUI FRÔLE UN CONFLIT POLITIQUE INCLUANT ISRAËL, DANS LEQUEL IL NE DÉSIRE PAS PRENDRE POSITION ?

© EK POUR L’AMITIÉ JUDÉO-CHRÉTIENNE DE FRANCE

La prudence frileuse nous pousserait à écarter ce sujet de notre dialogue, car les chrétiens n’y sont pas directement impliqués et les positions sont conflictuelles. Mais c’est aujourd’hui l’éléphant dans le magasin de porcelaine. Nous avons entre nous un devoir de franchise et une exigence de vérité. Et il est possible, il est nécessaire de garder ces valeurs, sans se laisser emporter par une argumentation politique, alors que le qualificatif de « sioniste » a été tellement détourné en épouvantail.

À cet ami chrétien on peut demander : • de traquer la vérité des faits, une traque qui demande du temps mais qui est souvent possible sur Internet • de comprendre que faire d’Israël le responsable de tous les crimes de l’islamisme est une opinion idiote ou antisémite • de s’étonner qu’Israël soit continuellement condamné par le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, alors que l’Arabie Saoudite y est honorée par une position de prestige • de refuser les amalgames entre le génocide de la Shoah qui a assassiné 6 millions de Juifs sans défense et un conflit qui, guerres et attentats, soldats et civils, Israéliens et Palestiniens confondus, a provoqué environ 20 000 victimes, en 70 ans, à comparer aux 240 000 morts en Syrie en 4 ans pour lequel on n’a pas vu d’attroupements, ni entendu d’appels au meurtre dans les rues de Paris • de vérifier si les images disent bien ce qu’on leur fait dire et si, derrière l’image d’un enfant palestinien tué, on ne lui présente pas la version moderne du crime rituel • de déceler que derrière les discours rassurants, il peut y avoir des idéologies putrides, et que derrière les discours putrides, il n’y a jamais d’idéologie rassurante • de se résigner au fait que nous avons parfois des ennemis parce qu’ils veulent être nos ennemis, et pas seulement des ennemis qui deviendront nos amis une fois que nous leur aurons manifesté notre volonté d’amitié • de se rappeler enfin que les pires régimes ont eu pour les soutenir des « compagnons de route » émus par le combat des masses opprimées ; ces hommes d’illusions ou de compromissions étaient appelés les « idiots utiles ».

On peut lui demander en conclusion, maintenant qu’il a cessé de diaboliser les Juifs et qu’il sait que ce sont des hommes comme les autres, de lutter contre la diabolisation d’Israël, un État comme un autre, pour ne pas le transformer en Juif des Nations.

Il ne s’agit pas d’adhérer à une politique, il s’agit d’ouvrir les yeux, ce qui n’est pas interdit à un homme de paix et de foi. Il s’agit de comprendre ce qu’est l’endoctrinement mental, fléau du XXe et du XXIe siècle, celui qui déchaine les passions, qui forge les mensonges et qui exploite les malheurs, les jalousies et les difficultés sociales.

Les Juifs ont appris à leurs dépens que la lucidité est une hygiène de survie. (…)

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RETOUR EN IMAAGES

David Kochinsky, Aliza Bin

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-Noun

et Richard Prasquier

Aliza Bin-Noun Ambassadrice d’Israël en France

En présence du Ministre de l’intérieur israelien Silvan Shalom et du député Meyer Habib

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Keren Hayess Aliza Bin-Noun entourée de militants du Recette du rouleau de

Printemps

e Atelier cuisine 2 édition Rebecca Jacquin et Yoni Saada

de Yoni Saada ur to au ur me La bonne hu

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

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LE RÊVE ISRAÉLIEN DOIT RESTER VIVANT

LE VOYAGE DE SOLIDARITÉ DU KEREN HAYESSOD EN IMAGES

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(Novembre 2015) 1 - Visite de Sky Sapience, société de High Tech à Yocknean 2 - Dîner avec Jérémie Berrebi, serial entrepreneur, à Zichron Yaakov

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3 et 7 - Visite du centre d’intégration pour olim éthiopiens à Safed 4, 6 et 9 - À la base du Mishmar Hagevoul (gardefrontières) 5 - Avec les enfants du programme Avenir des jeunes à Hatzor Haglilit 8 et 10 - Au village de jeunes, Ramat Hadassah DÉCEMBRE 2015 NUMÉRO 3 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

© Photos : DR - KH France

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HISTOIRE

QUAND LES TÉNORS DE LA

POLITIQUE FRANÇAISE SOUTENAIENT LE SIONISME Par Yosh Amishav

Henri DUNANT

ALORS MÊME QUE THÉODORE HERZL N’ÉTAIT ENCORE QU’UN PETIT GARÇON JUIF COMME LES AUTRES À BUDAPEST, DE GRANDES VOIX NON-JUIVES S’ÉTAIENT DÉJÀ ÉLEVÉES POUR SOUTENIR LE PRINCIPE DU RETOUR DES JUIFS SUR LEUR TERRE ANCESTRALE. Pour n’en mentionner qu’une, citons le Suisse HENRI DUNANT (1828-1910), fondateur de la Convention de Genève et de la Croix-Rouge, qui constitua la Société Nationale Universelle pour le Renouvellement de l’Orient et prôna le soutien aux localités juives naissantes en Palestine (comme Mikve Israël, fondée par l’Alliance Israélite Universelle en 1870). Il fut l’hôte de Herzl au premier Congrès sioniste, à Bâle, en 1897.

1925 : LES PLUS GRANDS NOMS DE LA POLITIQUE FRANÇAISE SOUTIENNENT OUVERTEMENT LE MOUVEMENT SIONISTE ET LE KEREN HAYESSOD

Ce soutien idéologique et souvent aussi concret de personnalités nonjuives à travers tout le monde occidental au sionisme ne s’est jamais démenti. En France, l’un des fondateurs du Keren Hayessod dans notre pays, FERNAND CORCOS, avocat à la Cour et membre du Comité Central de la Ligue des Droits de l’Homme, allait devenir très rapidement le « pont » entre le mouvement sioniste et les plus éminentes personnalités politiques de l’époque. Dans son livre « À travers la Palestine juive », sous-titré « Le sionisme au travail », et publié à Paris en 1925 chez Jouve & Cie, Corcos relate son voyage en Eretz-Israël, et donne de nombreux exemples de l’action déjà cruciale du Keren Hayessod, qui n’existe pourtant que depuis moins de cinq ans. Pour rester dans le thème de cet article, ce qui frappe le lecteur est aussi le nombre important de lettres et déclarations de personnalités politiques de premier plan publiées comme autant de préfaces au livre.

L’ancien Président de la République, RAYMOND POINCARÉ, alors sénateur et membre de l’Académie française, écrit : « J’ai eu plusieurs fois l’occasion de marquer ma sympathie pour l’action sioniste (…). La création du Foyer National Juif ne pouvait qu’être accueillie avec ferveur par un pays de liberté comme la France ». PAUL PAINLEVÉ, alors Premier ministre en exercice : « Personnellement, j’ai toujours pensé que la reconstitution palestinienne par les immigrants juifs est un fait heureux dans l’intérêt même de la civilisation générale ».

Au Comité « France-Palestine » (quel fantastique retournement sémantique depuis lors !), fondé en 1925, adhéreront, outre Poincaré et Painlevé, des « pointures » comme ÉDOUARD HERRIOT, ARISTIDE BRIAND et le diplomate JULES CAMBON, qui, précédant Lord Balfour de cinq mois, avait, en sa qualité de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, exprimé en juin 1917 le soutien du gouvernement français au projet sioniste. Le Président de la République en exercice, GASTON DOUMERGUE, en acceptera la Présidence d’Honneur.

La lettre de confirmation de cette acceptation, adressée le 14 novembre 1925 par le secrétaire général de la Présidence de la République à Justin Godart, alors député, ancien ministre et Président du Comité, ou sous son nom entier « Comité Français des Amis du Sionisme France-Palestine », met en lumière la figure un peu oubliée mais si importante et si intimement liée au mouvement sioniste en France de Godart (1871-1956).

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

HISTOIRE

Raymond POINCARÉ

Paul PAINLEVÉ

Édouard HERRIOT

Aristide BRIAND

Jules CAMBON

Gaston DOUMERGUE

Élu député en 1906, le Lyonnais JUSTIN GODART fera une longue carrière politique qui le mènera par deux fois à des fonctions ministérielles. Il lutte toute sa vie contre la xénophobie, l’antisémitisme et le racisme. Le 10 juillet 1940, il est l’un des 80 parlementaires qui refusent de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Il s’engage alors dans la Résistance. Retiré dans le Beaujolais, il organise un réseau actif de résistance, diffuse deux journaux clandestins et préside le comité directeur de la zone sud du Front national de Libération, organisation de résistance de gauche. Maire provisoire de Lyon à la libération de la ville en septembre 1944, c’est lui qui accueille le général de Gaulle le 14 septembre 1944 à l’Hôtel de Ville de cette « Capitale des Gaules » que le chef de la France libre proclamera « Capitale de la Résistance ».

Pour ce qui nous concerne plus particulièrement ici, il sauvera plusieurs Juifs de la déportation. Plus précisément encore, c’est dans sa maison de Pommiers, près de Villefranche-sur-Saône (Rhône), qu’avec son épouse Louise, il cache des Juifs traqués et… enterre dans son jardin des sommes d’argent collectées par le Keren Hayessod et le KKL et « libérées » en diverses occasions pour financer les activités et missions de la résistance juive. Le directeur du Keren Hayessod de France à l’époque, NAHUM HERMANN, manifeste un courage exceptionnel dans la clandestinité. Il sera arrêté par la Milice de sinistre mémoire le 19 janvier 1944, lors d’une visite au local clandestin de l’OSE (« Œuvre de Secours aux Enfants ») à Limoges, où il était venu apporter de l’argent pour l’habillement des enfants cachés.

Il est interné à Drancy, puis déporté à Auschwitz où il est assassiné dès son arrivée, le 7 mars 1944.

Quant à Godart, il maintiendra intact, jusqu’à son dernier jour, son attachement à la cause juive et sioniste. À la naissance d’Israël, il est nommé conseiller spécial du gouvernement israélien et visite l’État juif en 1951 (c’est son troisième voyage), où il est reçu par Ben Gourion. Par la suite, il préside le comité de rédaction des « Amitiés France-Israël », publication créée en 1953 par le Keren Hayessod. Il sera reconnu « Juste des Nations » à titre posthume par Yad Vashem en 2003 ; une rue de la Croix-Rousse à Lyon et une place à Paris portent son nom. Député, sénateur, ministre, Justin Godart, injustement oublié, on l’a dit, a été pendant des décennies un grand serviteur de la République, notamment dans les domaines de la santé et de l’hygiène publiques, et l’un des plus fidèles et dévoués amis du sionisme et du Keren Hayessod en France. Cet article, forcément rapide et incomplet, évoque son engagement et celui de nombreuses autres personnalités non-juives de premier plan en faveur du projet sioniste, et est une invitation à en découvrir plus sur tous ces hommes et femmes qui épousèrent à un moment crucial la juste cause d’un peuple alors en lutte pour sa survie-même.

Justin GODART

Nahum HERMANN Directeur du Keren Hayessod France pendant la seconde guerre mondiale

Cet article se base très largement sur une étude de l’historien Philippe Boukara : « Justin Godart et le sionisme, autour de France-Palestine », dans « Justin Godart, Un homme dans son siècle (1871-1956) », sous la direction d’Annette Wieworka, Editions du CNRS, 2005, pp. 209-218 et sur la base de données « Millénaire 3 – Centre Ressources du Grand Lyon » http://www.millenaire3.com

Dans le dernier numéro de la revue des Archives juives, un chapitre entier est consacré à Rachel Hermann (1887-1979), veuve de Nehum Hermann. Il relate la vie d’une militante de l’hébreu et du sionisme depuis la Russie tsariste jusqu’à Paris. « Les femmes juives en France : parcours d’émancipation (XIXe-XXe siècles) ».

Archives Juives N°48/2

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CULTURE

BOUALEM SANSAL

© C. HELIE / GALLIMARD

JE SAIS QUE JE PEUX

ÊTRE MENACÉ, JE VIS EN CONSÉQUENCE Propos recueillis par Céline Lévy

Son roman « 2084, la fin du monde » a fait grand bruit. Autant auprès du public, qui se l’arrache, et de ses détracteurs, qui dénoncent un thème provocateur, que dans le microcosme littéraire où il a connu la consécration avec l’attribution du Grand Prix du Roman de l’Académie française. La tête froide, le triomphe modeste, Boualem Sansal n’en reste pas moins un homme fidèle à ses idées. Et s’il utilise la fiction littéraire pour les faire passer, il n’a pas l’intention de se taire. Interview.

Votre histoire est un roman, mais elle jette, vous le savez, un pavé dans la mare.

Vous, écrivain algérien, vivant toujours en Algérie, vous osez vous en prendre plus ou moins directement à l’islamisme et à l’islamisation de nos sociétés…

Ai-je le choix ? A-t-on encore le choix, après les attentats de janvier 2015, en France ? Quels que soient les risques je ne peux ni me dédire, ni me renier. Je sais que cette dénonciation qui est un fil conducteur dans mon œuvre peut me valoir d’être menacé. Je vis en conséquence.

« 2084, la fin du monde » est une fiction littéraire dont la référence à « 1984 », de George Orwell est clairement assumée. Comment vous est venue l’idée de ce livre ?

Cette idée chemine en moi depuis longtemps. Il y a une trentaine d’années, j’ai lu l’ouvrage de George Orwell. Alors qu’elle avait conquis son indépendance, j’ai vu l’Algérie plonger dans la dictature et ce que décrivait ce roman, pour moi, se concrétisait. C’était un sentiment étrange. Big Brother, le Président, la Révolution… Le peuple qui, loin de se révolter, apprend docilement à vivre en dictature. J’avais découvert un auteur qui expliquait, dans une œuvre de fiction, ce qu’il advenait de mon pays ! Et puis les années ont passé. De nouvelles dictatures sont nées, les sociétés se sont islamisées, aucune n’y échappe.

Aujourd’hui, en 2015, on peut décapiter impunément, dans un monde où les frontières entre les bons et les méchants sont devenues floues. C’est ce qu’on a connu en Algérie dans les années 90, où l’on avait le choix, si je puis dire, entre un pouvoir militaire d’une grande violence qui commettait nombre d’horreurs et des rebelles dont les atrocités et les actes étaient au diapason. Comme en Syrie aujourd’hui, cette omniprésence du mal, avec un choix qui forcément, ne peut être le bon, est philosophiquement très perturbante, à l’échelle de l’individu, mais aussi à l’échelle des États qui nous gouvernent : quel parti prendre ? Dans quel camp se ranger ?

Vous pensez qu’en 2084, on en sera là, que le monde sera cet univers totalitaire que vous décrivez dans le roman ?

Mais nous en sommes déjà là ! En Syrie, en Somalie, au Soudan, au Nigéria, en Arabie Saoudite, et même en Occident… Les valeurs de l’humanisme, la culture, la liberté sont des concepts mis à mal tous les jours par la progression de l’islamisme.

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LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

CULTURE

On fait souvent reposer la montée des tensions au Moyen-Orient et la frustration des populations musulmanes sur Israël et sur le conflit israélo-palestinien. Quel est votre sentiment sur cette question ?

Je pense que ce discours est ridicule. L’islamisme ne doit rien, ou alors très marginalement, au conflit israélo-palestinien. Ce qu’il se passe dans le monde musulman vient de très loin, cela date de plusieurs siècles. Au Moyen-âge, on a vu apparaître un courant de renaissance, de refondation de l’Islam : ce courant, qui portait des valeurs de raison, de progrès, de culture et de tolérance s’est effondré et c’est le salafisme, dont l’objectif premier était un retour à l’Islam premier, à l’Islam des origines, qui a pris le relais. Hélas, le salafisme s’est incarné, entre autres, dans le mouvement des Frères musulmans qui ont voulu prendre le pouvoir. Aujourd’hui, dans le monde entier, c’est un Islam extrême qui s’installe et trouve sa place par la force. Ce qui m’effraie le plus, c’est que cette idéologie morbide, basée sur la célébration de la mort et de l’horreur, trouve un tel écho chez les jeunes musulmans, mais pas seulement, car les guerriers du Djihad sont parfois des jeunes issus de toutes autres religions. La simplicité extrême du credo, fait recette : tuer, pour aller au paradis. Ce détournement de l’Islam est, à mon sens et à mon grand regret à imputer aux musulmans : ils n’ont pas su protéger leur religion et ont refusé la rénovation du message coranique. Or, laisser les femmes à la maison, considérer les non-musulmans comme des chiens, ce n’est pas compatible avec notre époque.

Au-delà des polémiques qu’il a pu susciter, ce roman connaît un véritable succès auprès du public comme au sein de l’intelligentsia. Vous attendiez-vous à un tel engouement ?

Oui, mais en toute modestie. Je me doutais que ce livre allait faire tiquer. Plusieurs éditeurs dans le monde, d’ailleurs, l’ont refusé, par prudence, y compris des éditeurs qui avaient accepté tous mes précédents livres. Même en Israël, un de mes éditeurs a préféré se désister. Idem en Espagne. Cela dit, le roman est déjà traduit dans 22 langues et tiré à 185 000 exemplaires. C’est dire s’il répond, par le biais de la fiction, à une angoisse. Aujourd’hui, les individus, les peuples vivent dans l’angoisse, avec des questions sur l’absurdité et l’extrême violence de notre monde sans que quiconque y apporte de réponse. Quiconque à part le Front National ! On ne peut laisser un parti d’extrême-droite être le seul à prendre en compte cette angoisse et y apporter de mauvaises réponses, c’est terrifiant. J’espère que d’ici 6 mois, un an, une fois le temps de lecture et de diffusion passé, ce livre permettra d’ouvrir des débats, de susciter des prises de conscience. Il faut que les politiques se réapproprient un discours de vérité sur ces sujets et prennent en compte les angoisses légitimes des gens. Le politiquement correct a vécu !

Précisons que cet entretien a été réalisé quelques jours à peine avant les attentats du 13 novembre qui ont ensanglanté Paris. Les propos de Boualem Sansal n’en sont que plus pertinents et visionnaires, à la lumière de cette tragédie…

Dormez tranquilles, bonnes gens…

BOUALEM SANSAL 2084, LA FIN DU MONDE EDITIONS GALLIMARD - 320 PAGES GRAND PRIX DU ROMAN 2015 DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE

L’Abistan, immense empire, tire son nom du prophète Abi, « délégué » de Yölah sur terre. Son système est fondé sur l’amnésie et la soumission au dieu unique. Toute pensée personnelle est bannie, un système de surveillance omniprésent permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, le peuple unanime vit dans le bonheur de la foi sans questions. Une dictature de la pensée à laquelle Ati, utopiste forcené, ne peut se soumettre. Il se lance dans une enquête sur l’existence d’un peuple de renégats, qui vit dans des ghettos, sans le recours de la religion…

Dans cette fable ironique pleine d’autant d’humour que de désespérance, Boualem Sansal promène son héros dans un monde fictif qui, pour lui, est le reflet de ce qui attend notre civilisation si elle ne répond pas au défi du siècle : ne pas laisser l’obscurantisme des fondamentalismes religieux envahir le monde. S’inscrivant dans la filiation d’Orwell et de son célèbre « 1984 », il nous livre un récit fictif qui, à la lumière de la tragédie parisienne de novembre 2015, prend tout son sens. « Dormez tranquilles, bonnes gens, tout est parfaitement faux et le reste est sous contrôle », prévient-il, d’une plume mi-cynique, mi-inquiète en guise d’avertissement au lecteur. On mesure, hélas, à quel point il avait raison…

DÉCEMBRE 2015 NUMÉRO 3 • LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE

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CULTURE

GOY « GENTIL » GOY !

Par Richard Prasquier Il y a peu de termes hébreux qui soient plus connus que celui-ci, il n’y en probablement pas qui suscitent autant d’hostilité.

Qu’est-ce qu’un goy ? Il n’a pas d’étymologie claire, il n’a pas d’analogue phonétique dans les autres langues sémites.

Dans la Torah, c’est un peuple, n’importe quel peuple (il est traduit dans les Évangiles grecs par le mot « ethnos », qui n’est pas spécifique) et en particulier le peuple juif qui deviendrait dans la promesse faite à Abraham un « goy gadol », un grand peuple. Puis le terme est utilisé pour décrire n’importe quel peuple, sauf le peuple juif. Enfin, dans le Talmud, le mot goy s’applique non seulement à un peuple non-juif, mais à un individu de ce peuple.

Le Talmud de Babylone est devenu connu dans le monde chrétien du XIIe siècle comme « le livre des Juifs », et certains convertis ont attiré l’attention sur des passages où le terme goy semblait particulièrement insultant. On ne sera pas étonné de leur succès dans les « disputations », dont la plus connue, celle de Paris sous Louis IX, aboutit en 1242 au « brûlement » de charretées de Talmuds en Place de Grève et, de fait, à la disparition de la communauté juive parisienne.

Une disputation. Gravure sur bois de Johannes von Armssheim – 1483

Nicolas Donin et ses émules prétendaient qu’il y avait dans le Talmud des centaines d’attaques violentes et d’insultes contre les chrétiens, que les goyim étaient exclus du genre humain et traités d’animaux, qu’il était interdit de leur enseigner le Talmud et que les Juifs rendaient grâce tous les matins de ne pas être des goyim (cette troisième remarque est vraie, et n’est pas particulièrement insultante, si on admet que le judaïsme n’a pas toujours été un chemin parsemé de roses…).

Quant aux premières accusations, encore souvent reprises dans les milieux antisémites, elles reposent en particulier sur deux passages talmudiques, Baba Metzia 114b et Keritot 6b, où le terme de « ben adam » (être humain) semble refusé aux non-Juifs. N’ayant pas les connaissances adéquates, je réfère le lecteur par exemple à Gil Student, rabbin orthodoxe américain réputé dans la blogosphère, qui explique que ces textes se réfèrent à des rituels de pureté imposés aux Juifs, mais pas aux non-Juifs, alors que d’autres textes à connotations non cultuelles du Talmud montrent (notamment dans le domaine juridique) que Juifs et goyim ont les mêmes droits. Par ailleurs le fait pour un non-juif d’entreprendre l’étude du Talmud est considéré par le Rav Meir comme une action parmi les plus méritoires.

La « disputation » de Paris, sous Louis IX, aboutit en 1242 au « brûlement » de charretées de Talmuds en Place de Grève.

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Il est important de ne pas laisser courir cette notion fausse que le Talmud dit des nonJuifs des choses terribles, car on sait ce à quoi cette assertion peut servir aujourd’hui alors que nous essayons d’attirer l’attention sur la haine des Juifs dans l’idéologie islamiste.

LA REVUE DU KEREN HAYESSOD FRANCE • NUMÉRO 3 DÉCEMBRE 2015

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GOY

CULTURE

Il n’en reste pas moins que le mot goy, particulièrement utilisé dans le yiddish d’Europe centrale, marqué par des relations en général hostiles avec l’environnement chrétien, a une charge émotionnelle particulièrement lourde. On peut certes remarquer que cet aspect dépréciatif se retrouve presque chaque fois que des groupes humains se définissent eux-mêmes par rapport à d’autres groupes humains : il y a « nous » et « eux ». « Nous » sommes des « hommes » ; quant à « eux... » ? Beaucoup de noms de peuples signifiaient primitivement pour eux-mêmes les « hommes »… On sait par ailleurs que lorsque les Grecs parlaient des peuples qui ne s’exprimaient pas en grec, ils disaient les « barbares ». Mais il n’empêche, un mot ne pèse pas uniquement par son sens, mais par l’usage historique qui en a été fait, et de ce point de vue le mot goy doit être utilisé avec beaucoup de précautions, quelle que soit sa signification de base.

On utilise parfois, surtout en anglais, le terme « Gentils » : il sonne de façon ambiguë dans notre langue. Il provient d’un mot latin qui se référait à une « gens » venue d’ailleurs. Le terme de « non-Juif » reste le plus simple, et nous ne devons pas oublier que les non-Juifs participent au plan divin et que les sept lois noachides leur sont destinées.

Et puis il arrivera peut-être que le terme goy perde sa connotation hostile et qu’il revienne dans une langue descriptive et non polémique. En tout cas, pour nous qui voyons le beau travail effectué par des associations comme celles des « Goys qui aiment Israël », nous ne pouvons que le souhaiter.

AVANT-PREMIÈRE

Ce n’est pas un rêve la vie de Theodor Herzl

(Film documentaire en V.O. sous-titré français )

Mercredi 13 janvier

projection à 20 h précises (ouverture des portes à 19h15) Sous le haut patronage d’Anne Hidalgo, Maire de Paris Prix d’entrée : 50 euros / Etudiants : 20 euros Inscription obligatoire et paiement en ligne sur : keren-hayessod.fr ou tél : 01 47 23 76 37 csweurope@gmail.com

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300 mm

IL ARRIVERA PEUT-ÊTRE QUE LE TERME GOY PERDE SA CONNOTATION HOSTILE ET QU’IL REVIENNE DANS UNE LANGUE DESCRIPTIVE ET NON POLÉMIQUE.